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    La  7eme  édition de « Polar à Drap » arrive ! C’est ce week-end à l’espace Ferrat.  Des moments culturels et conviviaux à partager avec une équipe rodée d’organisateurs à l’écoute de tous. C’est la rencontre entre passionnés de  littérature noire, qu’ils soient lecteurs ou auteurs.<o:p></o:p>

    La marraine du Salon est Dominique Manotti. Née à Paris en 1942 agrégée d’histoire, spécialiste de l’histoire économique du XIXème siècle, elle enseigne d’abord cette discipline en lycée. Après 1968, elle rejoint l’Université, au Centre expérimental de Vincennes, puis en tant que maitre de conférences à Paris VII St Denis. Auteure, elle applique les outils de la recherche historique à l’écriture de romans noirs à forte connotation économico-politique et sociale.<o:p></o:p>

    De nombreux auteurs seront présents et leurs biographies figurent sur le site du Salon de Drap. Pour y accéder cliquer ICI. Le polar corse sera représenté par deux auteurs insulaires : Jean-Pierre Orsi et Jean-Paul Ceccaldi. <o:p></o:p>

    Des débats et tables rondes font partie du programme avec le concours de Corinne Naidet de l’association « La noir ‘Rôde ».<o:p></o:p>

    Table ronde « Part d’ombre », 1ere partie samedi 1er février 14h30, avec Dominique Manotti, Marin Ledun, Michaël Mention et Romain Slocombe. 2eme partie dimanche 2 février à 14h30 avec Michel Embareck, Cédric Fabre, Thierry Crouzet, Ludo Sterman et François Médeline.<o:p></o:p>

    Dimanche 2 février à 11h : Face à face « Manipulations » avec Sylvie Granotier et Sandrine Collette.<o:p></o:p>

    Des projections de films commenceront le vendredi 31 janvier à 20h30, en ouverture Une affaire d’état, réalisé par Eric Valette, avec André Dussolier, Thierry Frémont…) adapté du roman de Dominique Manotti, Nos fantastiques années fric. Présentation de Dominique Manotti par Hervé Delouche, président de l’association 813 (813 : les amis de la littérature policière, association française créée en 1980 et qui regroupe les amateurs de littérature policière, publie dès ses débuts une revue consacrée au genre.)<o:p></o:p>

    Samedi 1er févier à 19h30 un concert littéraire autour du livre Les harmoniques, de Marcus Malte. L’auteur lira des extraits de son livre accompagné par les musiciens Virginie Teychené et Gérard Maurin.<o:p></o:p>

    Dans le cadre de son partenariat avec la SNCF, le salon de Drap diffusera la sélection des courts métrages du prix SNCF du polar, samedi premier février à 16h30, suivie à 18h30 du cocktail de bienvenue.  La sélection des courts métrages du prix SNCF du polar repassera le dimanche 2 février à 15h30. A 16h45, diffusion du court métrage « La curée », réalisé par Emmanuel Fricero.<o:p></o:p>

    Autres animations Samedi et dimanche :<o:p></o:p>

    - Exposition Pol’@rt<o:p></o:p>

    - Exposition d’affiches « Noir et blanc » créées par les élèves de l’école de Drap-Condamine.<o:p></o:p>

    - Diffusion du reportage avec Michel Tourcher réalisé par les élèves de l’école de Drap-Condamine.<o:p></o:p>

    -Scène de crime avec recherches d’indices animés par un membre de la police scientifique.<o:p></o:p>

    « Ripo le CaricaTouriste » proposera aux auteurs et au public de réalisés, sur le vif et en quelques minutes, leur portrait de caractère.<o:p></o:p>

    Venez nombreux comme chaque année ! Le seul regret que l’on peut avoir c’est de rater ce rendez-vous culturel sympathique. <o:p></o:p>

    Le programme officiel :<o:p></o:p>

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    De Sébastien Rutès, j’avais déjà lu les deux premiers romans publiés aux Editions L’Atinoir et  j’ai pu apprécier l’originalité des récits. Son  premier était historique : « Le linceul du vieux monde »  met en scène des personnalités ayant existé avec des personnages de fiction dans le milieu anarchiste.  Le deuxième « La loi de l’Ouest » est un hommage au western imbriqué dans une fiction contemporaine.  Les deux ont pour théâtre Paris comme son dernier roman « La mélancolie des corbeaux » (publié chez Actes Sud) dans lequel il quitte le monde des humains et donne une âme notamment à un corbeau mais aussi à tout un monde animalier  qui forme une société, de tous poils et de toutes plumes, parallèle à celle des hommes. Son éditeur présente l’ouvrage comme « une variation étrange et envoûtante sur le roman d’investigation, à mi-chemin entre la fable animalière et le conte philosophique ». C’est aussi un regard distancié, puisqu’animalier, sur la société humaine et sur la vie urbaine. Les rapports entre les êtres vivants vus à tire d’ailes change la perspective et peut interroger le  lecteur sur sa part d’animalité. Il n’est pas exclu que le héros à plumes de son roman ait quelques points communs avec l’auteur.

    Que nous dit la 4ème page de couverture : « Au parc Montsouris, le long des pentes de la voie ferrée désaffectée, Karka le Corbeau freux vit en ermite dans un arbre. Dédaigneux des Pies bavardes et des Canards cancaniers, ses voisins, il coule des jours mélancoliques à contempler le passage des nuages et la vie sur les rives du bassin, depuis qu'autrefois son aile fut brisée par un Epervier. Aux questions amères que lui inspire son destin il ne trouve pas d'autres réponses que celles que lui dicte l'instinct, dont il ne se satisfait guère. Animal marginal, il ressasse en solitaire sa nostalgie des forêts jusqu'au jour où les Mouettes colportent au parc la rumeur de la disparition des bêtes du bois de Boulogne et que Krarok, le Grand Corbeau du Conseil des animaux de Paris, se résout enfin à le faire mander, après toutes ces années. Dans la charpente de Notre-Dame, où Krarok tient audience sous l'Aigle mystique de saint Jean, ont lieu les retrouvailles et la révélation : des Lions rôderaient dans les bois de Paris ! Avant qu'ils ne s'en prennent aux Humains, Karka, l'ancien messager oublié des conseillers, doit mener l'enquête avec une Tourterelle imbue de sa blancheur, une séduisante Corneille et un fantasque Toucan qu'il a libéré de sa cage... »

    Avec ce roman bien écrit, l’auteur pourrait passer pour un ornithologue alors qu’il est un littéraire passionné de littérature et plus particulièrement de la noire latino-américaine. Pour cause, la matière littéraire est celle de ce professeur à double titre puisqu’il l’enseigne en faculté et qu’il écrit. Il s’est  certainement documenté mais ce roman, comme les deux premiers, est une œuvre de l’esprit, c’est-à-dire d’une belle imagination aidée par un bagage littéraire bien garni, romanesque mais aussi poétique. Le résultat est un récit bien construit autour d’une énigme, des descriptions évocatrices, des clins d’œil littéraires et une langue française revisitée qui devient celle d’un corbeau perché sur son févier. Son ramage est conforme à la fine plume de l’écrivain.  Le corbeau parle. Bien sûr, on y croit.. Quoi de plus normal ? Ne nous arrive-t-il pas, à nous humains, de gazouiller, de cancaner, de piailler, de caqueter, de ramager… et même de croasser comme le corbeau.

    En me promenant à Paris, notamment dans les parcs publics, j’ai remarqué le nombre important de ces emplumés noirs qui y ont élu domicile. Je n’y aurais pas fait attention avant de lire l’opus de Sébastien Rutès. Je me suis surpris à chercher un de ces volatiles ayant une aile cassée comme Karka, ce corbeau feux qui rêve, cauchemarde, s’interroge sans cesse, se pose des questions existentielles et compare son monde à celui des humains pour se convaincre des bienfaits de l’animalité. Il est nostalgique. Il regrette son passé sauvage au milieu de la nature. Il sait que la ville l’a corrompu en le poussant à trop penser, trop s’interroger. La raison bride un instinct qui auparavant lui suffisait pour être heureux.  Sébastien Rutès a certainement mis par clin d’œil,  dans ce corbeau, le cliché du détective de la littérature noire, solitaire, usé,  blessé par la vie qui lui a cassé métaphoriquement les ailes. Comme les SDF, le héros freux subit le milieu urbain, la violence, l’individualisme, la paranoïa…  Toutefois Karka vit surtout mal sa vie de corbeau citadin. Il reste un corbeau avec une vision critique d’une humanité qu’il ne comprend pas. Il nous lance des formules « Le savoir, c’est le pouvoir », «  L’ignorance entraîne l’ignorance », «  A quoi bon se souvenir s’il n’est pas possible de comprendre ? », « Trop d’animaux se côtoient à Paris pour s’intéresser les uns aux autres », « Nombreux sont les animaux qui ne rêvent pas et assimilent le rêve à la folie, ou pire à l’humanité »…  Evidemment Karka est de nature solitaire mais il n’est pas seul dans cette cour animalière des miracles qui a son grand Conseil et ses élites. Il a même une généalogie avec le corbeau de la fable de La Fontaine. Il n’apparaît pas comme l’oiseau noir des romantiques…

    De tous temps, traiter de « Vautours, rats, belettes, chacals, dogues, taupes, requins, pourceaux, hiboux, vipères, singes, corbeaux, couleuvres… » un humain, c’est le mettre « hors humanité ». C’est le vocabulaire zoologique utilisé par Victor Hugo à l’égard de Napoléon III et de « ses imposteurs ». Plus près de nous, l’actualité a fourni l’exemple d’une utilisation raciste de ce vocabulaire contre Christiane Taubira traitée de guenon et de singe.

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    Cela nous amène dans « Le zoo des philosophes », un essai qui porte le sous-titre « De la bestialité à l’exclusion ». Il a été écrit par Armelle Le Bras-Chopard éditée chez Plon. Parmi les animaux de ce bestiaire philosophique, nous y avons trouvé une référence à l’ouvrage « Traité des animaux » écrit en son temps par Ambroise Paré  qui s’efforce de montrer l’imperfection, le caractère limité, parfois uniforme, du chant des oiseaux par rapport aux chœurs que peuvent former les voix humaines « plus harmonieuses sans comparaison que celles de tous les oiseaux réunis ». Dans son traité des songes, les oiseaux assemblés piaillent : ils représentent « discorde, iraconde et nuysance »( en vieux français). Certes il ajoute dans le traité des animaux : « les corbeaux et les pies ou quelques autres oiseaux apprennent certaines phrases du langage humain » mais « ils ne peuvent pas en retenir beaucoup : ils restent des animaux dépourvus de raison ». Il faut dire qu’Ambroise Paré a écrit un autre ouvrage au titre significatif «  L’animalité et l’excellence humaine ».

    Alors laissons le corbeau freux Karka lui répondre : « Les chats devinent, les corbeaux savent : aucun n’a finalement besoin de parler, cette mauvaise habitude imitée des humains. Parois elle permet de gagner du temps ; plus souvent, elle en fait perdre. » J’ai pris le parti de suivre sa grande sagesse et de ne pas vous faire perdre votre temps. C’est pour cela que je n’en dirai pas davantage. 

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    Même pas morte ! Le titre interpelle et renvoie à l’enfance : le fameux «  Même pas mal ! » qui cache la douleur pour paraître fort et insensible dans une cour de récréation ou lors d’une fessée paternelle. C’est une bravade. Même pas morte ! L’expression amuse et intrigue. Le lecteur ne sera pas déçu par l’héroïne Minette Galandeau, une vielle dame au lourd passé délinquant. Elle vit avec les souvenirs de Maurice ( le mari) , Etienne (le Corse) et les autres membres de son gang décimé. Pour ce qui est du passé récent, sa mémoire est défaillante, conséquence de la maladie d’Alzheimer. A quatre-vingt huit  ans, sur les conseils de son médecin,  elle ouvre un pense-bête qui devient son  journal intime dans lequel elle met des pensées pas bêtes. Minette n’est pas franchement odieuse, mesquine ou menteuse… Elle l’a été voleuse de façon professionnelle : une sorte de Bonnie devenue Ma Dalton sans les enfants. Non, elle n’est pas une sorte de Tatie Danielle, héroïne d’un film  réalisé par  Etienne Chatiliez (sorti en 1990). Elle est Minette avec sa personnalité hors du commun et se comporte parfois comme un mec, jusqu’à lorgner sur une belle paire de nibards. Elle n’est pas antipathique et son neveu n’a rien à voir avec le gentil Jean-Pierre, celui de Tatie Danielle. Edouard se présente à elle comme le fils de son unique sœur morte aux Amériques. On comprend que la famille de Minette était  un nœud de vipères.

    Alors que Tatie Minette a projeté de quitter le Périgord et d’aller mourir au soleil avec un mojito à la main, son neveu  lui écrit, se pointe et s’installe chez elle. C’est le début du suspens. Qui est-il vraiment ? Son vrai neveu ou un imposteur mal intentionné ? Un flic ou un voyou ? Que veut-Il ? Est-il sincère ? Dit-il la vérité ? Même pas vrai ! pense-t-elle. Malgré ses soupçons et ses doutes, la vieille s’amuse de la situation. Même pas peur ! Elle en joue et ça l’émoustille. Toutes les supputations restent possibles et donc nous vous laissons supputer à partir de la page 11, d’autant plus que la maladie d’Alzheimer provoque parfois des crises de paranoïa. Cela peut perturber Minette mais aussi le lecteur inquiet du danger qu’elle court ou qu’elle imagine.  

    Le titre « Même pas morte ! » reste en filigrane de la lecture et participe au suspens dans ce récit où, même si la mort rode,  l’humour de bon aloi est toujours sous-jacent avec ses bouffées d’hilarité qui remontent souvent et activent les zygomatiques. Les vrais sujets sérieux sont la maladie d’Alzheimer et la vieillesse. L’auteur a choisi un point de vue qui laisse toute sa dignité humaine à son héroïne. Minette pose un regard lucide sur elle-même jusqu’à l’autodérision. La maladie d’Alzheimer n’atteint que sa mémoire et laisse intactes ses facultés mentales. Elle peut ainsi se montrer calculatrice et retorse. La dérision sans outrance fait de cette lecture un vrai plaisir. Sans aucun doute, Minette offre un témoignage humain et vaillamment combattif contre la vieillesse et la maladie d’Alzheimer.

    Nous nous associons à l’avis d’Hervé Sard sur le site « Polarmania » :

    Ce roman est remarquable, avec un humour omniprésent, des "petites phrases" à toutes les pages, des personnages tous attachants. Entre le neveu d'Amérique qui vient s'installer et le voisin bougon qui cache bien son jeu, Minette Galandeau brûle ses dernières cartouches à la manière d'un feu d'artifice et le spectacle est un régal. Un seul mot pour résumer ce premier roman tout juste sorti d'imprimerie (publié en Corse, il ne sera disponible "sur le continent" qu'à la rentrée) : formidable. Un festival d'humour et une écriture comme j'en trouve rarement, sorte de mélange de Donald Westlake, de Pierre Siniac et de Tito Topin. Un conseil, si je peux en glisser un : oublier les sempiternelles platitudes commerciales de la "rentrée littéraire" et se précipiter sur ce livre exceptionnel, c'est un bonheur de lecture.

    langaney

    Anouk Langaney aime lire et écouter de la bonne musique Elle est montée sur les planches pour des représentations de Macbeth avec la troupe ajaccienne de l’atelier théâtral « Le Thé à Trois »  (Paul Grenier).

    Son éditeur "Editions Albiana" écrit, sur la 4ème page de couverture, qu’elle s’est pas mal promenée en parlant des livres des autres. Elle est enseignante. « Même pas morte ! » est sa première publication dont elle parle elle-même dans une vidéo d’Alta-Frequenza … 


    2013.08.01 Anouk Langaney par ALTA-FREQUENZA

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  • altaï

     

    En 1878, aux pieds du gouverneur Léopold de Prizbuer, le chef coutumier Altaï avait vidé deux sacs l'un rempli de bonne terre caldoche et l'autre de cailloux : "voilà ce que nous avions, voici ce que tu nous laisses", avait-il lancé. Contre la rébellion, l'armée française avait enrôlé des supplétifs kanaks de Canala dans l'est. Le 1er septembre 1878, l'un d'eux aurait tué Ataï, qui fut ensuite décapité avant que son crâne conservé dans de l’alcool phénique ne soit expédié en France où il a été confié au  Musée de l'Homme à Paris depuis la fin du XIXème siècle. Egaré puis r(etrouvé en 2011, le crâne d'Ataï, chef de l’insurrection de 1878 contre les colons français, va être restitué au peuple kanak. C’est l’engagement pris par le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault en visite en Nouvelle-Calédonie.

    canibales

    Cette décision renvoie à deux romans écrits par Didier Daeninckx. « Le retour d’Ataï » est la suite donnée par l’auteur à son excellent roman " Cannibale". On y retrouve Gocéné, trois quarts de siècle plus tard, qui revient en France sur les traces d’un kanak tué 124 ans plus tôt en Nouvelle Calédonie. De quoi sortir du formol des spectres historiques et parler aussi de la culture des kanaks, de leur humanité. La piste du repentir passe par le musée de l’homme, dans cet opus de 114 pages. Après avoir lu « Cannibale » et le « retour d’Ataï », la chanson de Michel Sardou « le temps béni des colonies » apparaît dans toute sa monstruosité.

    Le chanteur l’a-t-il voulu ainsi ? Rien de moins sûr lorsque, en écho, son ami Sarkozy a parlé des bienfaits de la colonisation. Cela renvoie à la Françafrique et cette Corsafrique qui a généré des truands d’origine insulaire qui se sont rapidement enrichis.

    Dans le retour d’Ataï, l’action se situe en 1931… coïncidence des dates et des mots ? Sans doute. Didier Daeninckx revient dans son dernier roman « Têtes de Maures » sur cette période mais dans une autre île : la Corse. Seule l’attitude de la France coloniale est une constante de l’époque.  Si nous avons un lien à trouver entre la répression en Nouvelle Calédonie et le débarquement d’une armada militaire en Corse pour éliminer quelques bandits dans le maquis, on peut penser à l’expédition des gendarmes en Nouvelle Calédonie  et à la tuerie de la grotte d’Ouvéa en 1988.

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    Mathieu Kassovitz a réalisé  un film « l’Ordre et la Morale », sur la base d’un livre de Philippe Legorjus (alors patron du GIGN), « La morale et l’action » et sur l'ouvrage collectif Enquête sur Ouvéa. Le sujet est toujours sensible. Les «plaies» de la société néo-calédonienne ne sont pas autant cicatrisées. La droite et l’extrême-droite locales préfèrent le silence et a empêché la diffusion du film dans ce lointain territoire français. 

    Didier Daeninckx revient sur des dénis historiques,  notamment la répression sanglante du 17 octobre 1961 et la politique colonialiste de la France au début du XXème siècle.  L’arpenteur du réel Didier Daeninckx fait resurgir dans le présent les ombres noires de l’histoire de la France et notamment son passé colonial. Pour cela, il imbrique dans ses récits le présent et le passé, la réalité et la fiction. Tel un archéologue, il fait resurgir les dessous de l’histoire pour éclairer le présent à la lumière de ce passé  mis un temps sous l’éteignoir.

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    Dans « Têtes de Maures », il dresse un tableau de la Corse d’aujourd’hui tout en faisant revivre l’expédition gouvernementale sur l’île de 1931qui avait pour cibles les bandits d’honneur notamment Bartoli, Caviglioli et Spada. L’intrigue a pour décor la portion orientale de la corse, entre le Valinco au sud et les mines de l’Argentella au nord avec quelques détours à l’intérieur des terres : Palneca, Coggia, Guagno-les-bains… Daeninckx connaît notre île où il vient depuis plusieurs années. Bien sûr, la violence est présente dans son ouvrage et des meurtres y sont inspirés d’une réalité corse. Toutefois le présent renvoie à hier et tout particulièrement à l’année 1931. A cette époque, le gouvernement a débarqué un corps expéditionnaire surarmé pour éliminer quelques criminels. Une véritable chasse à l’homme a été organisée avec primes pour les informateurs qui aideraient aux captures. Ainsi les hors-la-loi qui bravaient l’autorité de l’Etat ont pu être tués pour certains, arrêtés et condamnés à mort pour les autres. Dans son récit, l’auteur fait un parallèle entre cette époque lointaine et la Corse d’aujourd’hui.  Dans « Têtes des Maures », Daeninckx s’interroge aussi sur les grandes fortunes corses rapidement constituées en Afrique ou en Russie. Dans la généalogie de ces familles très riches, trouve-t-on des ancêtres véreux ? L’argent est souvent suspect et l’enrichissement souvent pas transparent…. Les faits historiques sont les ressorts de plusieurs de ses romans comme les plus célèbres « Meurtre pour mémoire » et « Cannibale » mais c’est d’aujourd’hui qu’il nous parle lorsqu’il dénonce le fascisme, le racisme, le colonialisme, la corruption… tous les maux de la société. 

    « Têtes de Maures »  est un roman construit à partir d’articles de presse de façon intelligente. C’est ce qui donne l’originalité au récit : une écriture efficace qui accroche le lecteur. Didier Daeninckx est l'auteur d'une littérature noire qui a été étiquetée "néo-polar"  par Jean-Patrick Manchette et qui voit le mal davantage dans la société que dans l'homme.

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  • Une semaine avant le 7ème Festival du polar corse et méditerranéen, Jean-Pierre ORSI et Jean-Paul CECCALDI dédicaceront leurs derniers romans devant la Librairie des Palmiers, 2 place Foch à Ajaccio. C'est le vendredi 5 juillet 2013 à partir de 17 Heures, premier jour des nocturnes commerciales ajacciennes.

     

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