• Pierre Givodan vit et travaille dans le sud de la France. Il peint et écrit depuis 20 ans. Ses œuvres ont été montrées lors de nombreuses expositions personnelles ou collectives du Sud jusque sur les terres de Gauguin.

    EXPOSITION PERMANENTE : Galerie AZ'ART 14, place Dampmartin 30700 Uzès - contact : Mme Colomès 06 14 22 73 53



    Pour faire suite à l’intérêt réciproque que nous nous sommes portés à travers nos sites respectifs et sans doute aussi à une affinité due à une présence corse dans sa généalogie, il nous a fait l’amitié, avec Catherine Plassart ( qui a donné son accord au nom d’Art point France), d’offrir pour nos visiteurs deux nouvelles tirées du recueil qu’il a mis en ligne sur son site personnel " Blues and Ballads ".

    Les deux nouvelles arrivent à la suite de notre présentation liminaire de cet artiste peintre et écrivain.





    Blue note
    huile sur toile
    100 x 100 cm
    Cette toile préface ce qu’il nous a confié.
    " C'est le sentiment que les Noirs nomment le " blues" qui me guide. Cela est aussi le cas dans ma peinture d'ailleurs. Je me suis longtemps demandé si l'origine en était particulière ... jusqu'à ce que je me rende compte que des tas de gens de toutes provenances s'y référaient .Alors j'ai décidé plutôt de ne plus m'interroger sur cette question . Mais j'essaye de donner à sentir quelque chose comme de la joie et de la tristesse mêlées. Tout cela étant au final difficilement explicable. "

    La note bleue est un son transparent, "bigger than life" (plus grand que la vie), comme le définissait son créateur, l'ingénieur du son Rudy Van Gelder. L’impression d'être dans l'instant absolu de la musique. Un moment d'exception qui sied parfaitement à la définition du terme Blue Note, la note bleue: "Cette note fantôme, impossible à marquer sur une partition, est une émotion", rappelle joliment Norah Jones. Claude Nougaro en a fait le titre de son dernier album. Pour Martin Scorsese, "Blue Note est à la musique ce que le Bauhaus a été aux arts plastiques." En évoquant le Blues, Pierre Givodan nous suggère la " Blue note " et ses spécialistes comme : Wayne Shorter, Bud Powell, McCoy Tyner, John Coltrane, Sonny Rollins et Thelonious Monk;… et, aujourd'hui, Cassandra Wilson, Herbie Hancock, Norah Jones et Wynton Marsalis…

    Cet artiste-peintre , à l’âme " jazzy ", met du blues dans ses œuvres picturales mais aussi dans des textes: poèmes, essais sur l’Art ainsi que la méditation poétique, et des nouvelles. Dans tout ce qu’il crée, il donne à imaginer et suscite les pensées qui viennent du cœur et des fonds lointains exprimés par le Blues, révélant ainsi les fines esquisses de joie et de tristesse... Comme la musique, une œuvre picturale n’a pas besoin de traducteur et c’est par le regard que l’art du peintre transmet l’émotion, cette "note bleue "… note fantôme. Dans l’immédiat, nul besoin des mots ! C’est une invitation au voyage intérieur que l’on pourra ensuite raconter, mais ce sera notre histoire et non celle de l’œuvre, car seule l’émotion originelle est authentique et éphémère. L’émotion reste dans le monde des sentiments et de la vie la plus intime que la raison ne saurait saisir. Le peintre montre jusqu’à l’innommable dans des tableaux sans titre. Entre Pierre Givodan et le voyeur s’instaure une communication qui permet la transmission d’affects et peut-être davantage… Il essaye de donner quelque chose comme de la joie et de la tristesse, dit-il. Entre ces deux mots, l’espace est infini dans lequel peuvent jaillir des gerbes d’images et des poèmes lyriques. Parmi les influences, il nous apparaît celle d’une partie de l’œuvre de Miro, dans la relation entre la peinture et la poésie.

    Passionné, Pierre Givodan participe, par ses chroniques intempestives et des nouvelles, au site Art Point France, initié et tenu par Catherine Plassart, spécialiste et critique d’art très active, y compris sur la toile du Web.


    1°/ La peinture :

    - Selon Catherine Plassart :
    " Chaque œuvre de Pierre Givodan est une parcelle d'un monde imaginaire qui peut se lire comme la page d'une short story ou le chapitre d'un récit initiatique "
    " Il développe une œuvre décalée qui est redevable de quelques influences mais libre de toute allégeance à des valeurs d‘école. Entre figuration et abstraction, il utilise le langage des signes et de la couleur. La naïveté apparente de ses exécutions a toujours servi ses œuvres qui parlent aux poètes et aux amateurs. Ses collectionneurs apprécient l’originalité de son talent. "

    - Selon Jean-Paul Gavart-Perret :
    " Il existe dans de tels travaux une beauté qui balaie par la joie ou l'horreur les vieilles figures et les modèles afin que naissent chez celui qui regarde ce que Derrida nommait des "pensées nomades".

    - Selon Anne-Marie Galarza( agent d'artistes) sur exposition " La Fable des jardins " Du 29/09/2006 au 23/10/2006
    " Le travail en peinture de Pierre Givodan témoigne d'une extrême liberté. Au centre de la mise en espace de sa mythologie personnelle : le jardin, fouillis de végétaux et de couleurs, lieu aux topographies ludiques. La palette est vaste, beaucoup de couleurs franches et éclatantes mais aussi d'autres plus sourdes, plus tendres. Chez Pierre Givodan, peu de formes sont immédiatement lisibles, mais des lignes, des tâches, des applats réécrivent le monde sensible, et le métamorphosent selon les rêves du désir. L'artiste a choisi la simplicité car l'essentiel est toujours simple. Il ne se prive pas de l'imprévisible. Son oeuvre comme un hommage aux primitifs est séduisante et paradoxale, renouvelée toujours des échos du passé. "


    2°/ La poésie :

    extrait du Poème " Dualité " :

    La nuit donne des intuitions
    Que le jour efface aussi
    Celle par exemple de soi
    Petite chose qui
    S'unit à un lieu
    Qui prend racine et qui grandit
    La nuit donne des intuitions
    Que le vent disperse encore
    Celle qui dit que la vie est tout
    Celle qui dit qu'elle n'est rien.


    3°/ Les Nouvelles :

    Pierre Givodan offrent deux nouvelles à mettre en ligne… Nous vous les livrons :



    Récit de Yann, hiver 2020
    Je ne sais plus depuis combien de jours j’habite le Pays blanc.
    L’usine fonctionne toujours à plein régime et les ouvriers se pressent dans les ateliers du matin au soir.
    Vingt-quatre heures sur vingt-quatre le monstre dévoreur d'énergie humaine charrie sa haine et broie ses victimes. Nous travaillons d'arrache-pied à la construction d'un réacteur nucléaire pour le projet Miranda destiné à nous rendre soit disant autonomes en matière de défense du territoire.
    Le pays fait partie de ce que la communauté internationale nomme d'un euphémisme "Etats voyous".
    Cependant les maîtres du pouvoir circulent librement dans le monde entier et ne tarissent pas en propos humanistes. Une contradiction de l'histoire qui ne gêne pas ces hégéliens de bas étage. Ils se disent tous démocrates et dévoués au peuple. Il est vrai que nous possédons des génies pianistiques âgés de six ans tout au plus, par exemple. Tout le pays sent la mort. Le "silence des moutons" juste avant l'abattage.
    Le papier d'emballage qui fournit mon support d'écriture tire à sa fin. Je vais bientôt devoir mettre un terme à ce récit qui a maintenant plusieurs dizaines de mètres de long et recouvre plus de cent mois de ma vie au bagne du Pays blanc. Le camp est entouré de plateaux semés d'une herbe rase et d'arbres plantés par les prisonniers. Je ne sais pourquoi les hommes ont nommé cet endroit d'un tel oxymore. En effet nous ne voyons quasi jamais la lumière du jour, mais une aurore pâle et sommes la plupart du temps plongés dans une nuit polaire qui perdure sans raison. Nous ne connaissons d'ailleurs vraiment pas l'origine d'un tel phénomène. Mais certains pensent que ce fait est lié à l'effort entrepris par les maîtres du pouvoir pour rendre invisible la région aux yeux des satellites espions. L'Etat est capable de tout. Rien ni personne n'échappe à la puissance de l'Autorité générale.
    J'en sais quelque chose, moi qui ai dû oublier ma femme, mes enfants, mon passé, mon présent, pour survivre ici, à genou aux pieds des Hommes libres. Ma faute étant de posséder un ancêtre étranger et ennemi objectif. Telles sont en effet les justifications dont se sont honorés mes bourreaux aux visages d'anges. Certains n'ayant guère plus de vingt ans d'âge.
    Je songe depuis peu à me débarrasser de mon manuscrit. Le pays entretient de bons termes avec la Chine dont la dialectique fascine nos maîtres. Nous devons envoyer prochainement à Pékin des pièces de "technologie de pointe" à réparer. Je vais glisser mes pages dans une caisse. J'espère que quelqu'un, là-bas, se chargera de diffuser mon manuscrit. Le pays dispose en effet ,dit-on, d'un vaste courant novateur et contestataire..."
    Shanghai, le 2 janvier ( Journal de Hsü)
    Il est difficile d'imaginer quelle ne fut pas ma tristesse et mon découragement lorsque je mis la main sur ce manuscrit écrit par "Yann" et qui ressemblait à la description d'un univers d'apocalypse. Un peuple d'esclaves vivant quasi comme des chiens expérimentaux au vu et au su du monde entier. Des gens sous-alimentés, victimes du surmenage permanent, livrés au pulsions les plus basses de leurs maîtres sadiques et désespérés. Et cependant on s'en doutait évidemment.
    Car nos voisins subissent des critiques permanentes pour leurs atteintes réitérées aux droits de l'homme.
    Quel bouquet de roses flétries !
    Yann, dont un lointain ascendant Anglais était à l'origine de son prénom n'a connu qu'humiliation et mépris tout au long de son pauvre séjour dans l'usine dont il décrit les rouages avec une précision pointilleuse.
    J'ai mené l'enquête en tant que journaliste indépendante, deux longues années, pour retrouver sa trace, après avoir reçu le manuscrit par l'intermédiaire d'un commerçant venu de Pékin à Shanghaï.
    Je suis entrée en contact avec une organisation dissidente chinoise qui travaille en relation avec l'opposition de son voisin encombrant. J'ai su un jour que l'usine en question qui fournissait la main d’œuvre gratuite pour la fabrication d'un réacteur nucléaire avait été subitement désertée et livrée à l'abandon. Les maîtres du pouvoir ayant craint un bombardement des sites par les "hyènes impérialistes". Je suppose que Yann, ingénieur de formation et scientifique indispensable a été déporté ailleurs.
    Le plus curieux dans cette affaire c'est le peu d'écho que son récit suscite chez les éditeurs que j'ai contacté. On reproche à ce récit son caractère anachronique et trop autobiographique. Cela manque d'originalité. Le texte rappelle des souvenirs tellement communs, voire banals. Tout le monde savait d'avance que notre Yann partageait le sort de millions de malheureux perdants de l'histoire, mais cela n'ajoutait rien au grand jeu final.
    Que pèserait ce témoignage en face du réalisme politique affiché désormais par le monde entier. En effet les recherches nucléaires à des fins militaires ont officiellement cessé là-bas et le pays est désormais respecté pour ses efforts de normalisation.
    Il reste que je n'ai jamais pu avoir de nouvelles de cet homme. Le plus étonnant étant que je me sois attachée à lui en lisant ce texte en Anglais. La langue que son père lui avait transmise plus ou moins en secret. Il y citait quelque part le mot de Shakespeare: "Être ou ne pas être"...Evidemment cela aussi pouvait paraître un peu désuet au regard du destin général des habitants d'un pays oublié. Et pourtant il me semble que cette histoire de manuscrit est à elle seule la preuve que quelque chose de plus grave a été perdu. Je ne peux m'empêcher de songer que Yann vit encore quelque part et qu'il attend. Ce manuscrit représentait l'espoir. C'est pourquoi je ne dors pas cette nuit et je me questionne. Que vaut en effet une vie sans espoir ?
    Au sens propre une existence désespérée... vidée de toute foi en quelque but qui reste à venir!
    Yann écrit quelque part aussi que seule la musique aurait pu lui rendre le sourire. En effet face aux brimades, aux cris, aux injures permanentes il aspirait simplement à autre chose qu'à des hymnes militaires diffusés par hauts parleurs toutes les trois heures à une armée de marionnettes.
    Et puis il y a autre chose, il y a cette histoire de santé publique et "d'hygiène mentale" qui consiste à dresser les gens à oublier. Oublier d'aimer par exemple. Être capable de se détacher des siens subitement. Oublier son homme, sa femme, sa fille, son fils pour vivre plus librement, plus légèrement le présent et le futur en commun. Cette soif d'oubli que Yann relate me sidère. Comment peut-on conduire ainsi des familles entières au néant ? Des vies pleines à l'effacement volontaire... Quelle amère griserie guide les pas des Maîtres du pouvoir !
    L'oubli comme remède au désespoir. La discipline comme condition de l'oubli. Et le rêve d'un avenir grandiose comme opium du pouvoir.
    Car la grandeur est le leitmotiv que Yann relate régulièrement dans ses ultimes pages. "Grandeur", désintéressement, souci des "enfants de la patrie", amour filial et joie affichée.
    De l'autre côté : haine, perversité, indifférence, honte et plaisir abject. C'est pourquoi je mènerai mon enquête jusqu'au bout et je finirai bien par retrouver la trace de cet homme, que j'ai appris à respecter et pourquoi ne pas le dire, à aimer aussi clandestinement : mon Jean sans Terre.
    FIN
    Pierre Givodan (2007)
    Tous droits réservés pour les textes Pierre Givodan
    Crédits Photo Joséphine Givodan




    Il avait la quarantaine et s'appelait Kim Curtis. Il avait connu dédain et sarcasmes pour s'être amouraché d'une chanteuse. Il se croyait aux trois quarts de son histoire, dont il avait une conception ambiguë. Se sentant humilié et dérisoire il prit une décision sans équivoque, d'où toute ironie était absente. Loin des mirages de la vie il monta dans un avion pour le Mexique, pays cependant magnifié par son imagination, qu'il avait toujours visionnaire. Changer de dimension , gagner en couleur, atteindre ailleurs un certain lyrisme peut-être...

    Il avait débarqué la veille dans un aéroport où il avait éprouvé tout le poids de son âme, pris un taxi collectif, fait deux cents kilomètres et était parvenu dans un village qui n'avait sans doute pas changé depuis cent cinquante ans. Après s'être concentré sur le choix d'un hôtel avec patio, traversé un jardin fleuri et s'être senti détendu et plein d'admiration pour le lieu, il se crut un peu redevenu un humain et un peu moins "Homme révolté".

    Dans la chambre le cadran de la pendule était arrêté à une heure indéfinie. Il s'allongea sur le lit. Il avait posé ses deux sacs à quelques centimètres et ne les avait pas encore ouverts. Il ferma les yeux mais ne dormait pas. Dehors un camion et deux autos se firent entendre. Puis plus rien. Il se recroquevilla machinalement sur lui-même. Les draps étaient moites. L'air conditionné ne suffisait pas à établir une température moyenne. Sa respiration devint plus bruyante et régulière. Quand il s'endormit il faisait nuit noire dans la pièce. Il se réveilla en pleine nuit, chercha l'interrupteur électrique et faillit tomber du lit. Puis il alla s'asseoir dans un fauteuil en osier, près de la fenêtre. Au dehors le ciel était noir comme du charbon, devant lui le patio lui rappela qu'il était en Amérique du sud. Puis il alla prendre une douche et croisa un cafard qui sortait du carré de bain.

    Il avait dû parcourir en rêve vingt kilomètres dans la plaine environnante et autant sur les routes, essayant de rejoindre à pied le village afin de demander de l'aide pour avoir perdu son chemin, quand il fut réveillé par une secousse brusque. Une indienne lui tapait sur l'épaule et lui demanda en espagnol si elle pouvait faire sa chambre dans un moment. S'il voulait pour cela aller bientôt marcher ailleurs. Curtis lui répondit qu'il s'appelait Kim et qu'il la trouvait jolie, mais un peu brutale. Puis il fouilla dans son sac, offrit à la fille une cigarette qu'elle refusa. Sans insister il se décida à sortir dans le patio.

    Il se souvint du producteur qui l'avait engagé un jour pour un rôle de "martien", cet étranger sur la terre qui s'enfonçait dans le désert à la poursuite d'un trésor, dans une cité de pierres. Il avait hésité un moment, puis il avait marché. Sans s'être aperçu qu'il y jouait son âme. C'était à New York, il sortait à peine d'un école d'art dramatique dans laquelle un ami à lui tenait un rôle de professeur.

    Kim arpenta un moment les rues. Il se dit qu'il était un peu comme une voiture en panne. Et qu'il ne trouverait rien ici qui ressemble à un garage. Il se souvint du visage de Rita, "l'artiste" et des ennuis qui n'avaient fait qu'augmenter entre eux. La chaleur commençait à s'installer et il pensa que son passé était vraiment en cendre. Il continua à marcher un peu sur le chemin quand il croisa un enfant qui vendait des pastèques. Il en acheta une et se désaltéra.

    - Qu'est-ce que je fais ici ? se disait Kim. Il serait temps que j'apprenne à tenir un rôle, mon rôle. J'en reçois trop à travers la figure. Mais qu'elle direction prendre ?
    Jusqu'à ce que dans l'après-midi quelque chose comme un tableau de sa vie s'impose à son esprit:
    - J'ai toujours cherché un point d'eau, une oasis. Un lieu qui surplombe le monde en quelque sorte ? marmonna-t-il.
    - Puis il rebroussa chemin et regagna l'hôtel.
    L'horloge était toujours arrêtée dans sa chambre. Il ne vit aucun insecte dans la salle de bain. Il n'entendit aucune voix dans le patio, mais il aperçut un chat qui courait après un oiseau.
    - Il est temps de rejoindre la civilisation, se dit-il. Il se dirigea vers les toilettes avec une revue. Quand il en sortit sa décision était prise.
    - Il ya trois ans je leur ai proposé un scénario sur la vie et la mort de Trotski, le parcours classique du révolutionnaire sacrifié à l'histoire et à sa " grande hache". J'ai déjà bien déblayé le terrain . Il s'approcha de la glace pour se raser et se dit que le temps commençait à passer. Kim Curtis était à la croisée des chemins. Il cherchait quelque chose qui ressemblait à un choix vital.

    A ce moment là l'indienne rentra de nouveau dans la chambre. Elle avait oublié un trousseau de clés...Il lui proposa de la revoir le soir. Pura, c'était son nom, accepta. Une semaine plus tard ils partaient ensemble au volant d'un vieille Ford des années soixante, en direction des montagnes, sur les traces de la terre de la fille qui avait quitté son travail à l'hôtel. Difficile à dire, mais Trotski s'était comme volatilisé avec l'histoire et le projet de film. Une porte était refermée, mais Curtis avait gagné un pari de plus.

    FIN
    Pierre Givodan (2007)
    Tous droits réservés pour les textes Pierre Givodan
    Crédits Photo Joséphine Givodan


    5°/ Art Point France Info :



    Ce site est d’une grande richesse sur l'actualité de l'art et plus encore.
    Il propose une rubrique sur les expositions par régions allant du Sud-Est jusqu’au Nord-Ouest en passant par le Centre et Paris, mais aussi au delà des frontières avec l’Europe et le reste du Monde . S’y ajoutent un chapitre " Photographies ".
    Suivent :
    - la rubrique " Actualité du livre ".
    - Plusieurs chroniques:
    + Les édito de la Feuillée : C. Plassart
    + Les chroniques intempestives : P. Givodan
    + Sur et hors de la toile : J.-P. Gavard Perret
    + Le taon des deux côtes : Patrick Mayoux
    + Art et société
    + Tribune libre
    - Des textes
    + Propos d'artistes
    + Poèmes au choix
    + Short stories : P. Givodan

    Catherine Plassart, déjà initiatrice de l’excellent site " Arbre de lune ", est la responsable de la publication en ligne et rédactrice d’Art Point France. Elle s’est entourée de collaborateurs de talent et déploie une activité débordante pour la promotion de l’art contemporain et de l’art nouveau, notamment. On trouve ses interventions sur l’encyclopédie Wikipedia lorsqu’il s’agit de peintres comme, pour exemples, Antonio Ségui ou Christian Dotremont… ( alors que Pierre Givodan y apparaît pour ses chroniques sur des Revel ou Camus entr’autres… ) Autre exemple : elle monte au créneau sur le site " Lunettes rouges " pour défendre Marc Desgrandchamps*. Nul doute que, avec une telle chroniqueuse, Art point France est à la pointe de l’actualité artistique, tout en nous offrant les talents d’un Pierre Givodan qui y tient ses chroniques intempestives et racontent ses short stories.

    * Polémique au sujet de Marc Desgrandchamps… Site " Lunettes rouges " :
    Rédigé par: Catherine Plassart | le 07 février 2006 à 14:57
    " Si personne ne sent, ni ne comprend la peinture de Marc Desgrandschamp, si nul n’a rien à en dire, c’est vraiment que la culture fout le camp et que la mémoire est très très courte.
    Car pour apprécier avec toute la jubilation qu’elle mérite cette œuvre contemporaine, il faut être en mesure de se rappeler celles des artistes vraiment subversifs du XXème siècle, les surréalistes, les expressionnistes abstraits américains notamment.
    Qui dira assez le plaisir que l’on trouve dans les œuvres subtiles dont les strates sont multiples, le fondement dans l’histoire de l’art qui est aussi l’histoire des hommes ! "


    Nota :

    D’aucuns auront remarqué que l’article commence par la note bleue, se poursuit par le Pays Blanc et se termine par le rouge Trotsky et les lunettes rouges… N’y voyez aucun message subliminal en période d’élection. Il s’agit de trois couleurs qui se sont imposées et le peintre a le pouvoir, en les mélangeant, d’en tirer plusieurs nuances et même d’autres couleurs, en commençant par le vert de l’espérance, à partir duquel d’autres alchimies apparaissent possibles. En peinture, avec trois couleurs, on refait les Noces de Canas.  La multiplication des " peints ", c’est biblique ! C’est magique !


    Yahoo!


  • Les banlieues qui s’enflamment, on connaît...
    Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises sont des violences urbaines qui ont commencé à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005 puis se sont répandues dans un grand nombre de banlieues pauvres à travers la France. L'état d'urgence a été déclaré le 8 novembre 2005, puis prolongé pour une durée de 3 mois. Au 17 novembre, la police déclare être revenue en situation normale.



    Il y a eu des centaines d’articles et des bouquins comme celui de Gérard Mauger : L’Émeute de novembre 2005 Une révolte protopolitique



    Présentation du livre de Gérard Mauger:
    Novembre 2005 : parallèlement à l’émeute où s’affrontent " jeunes des cités " et policiers, se déroule une " émeute de papier " où se confrontent représentations hostiles ou favorables aux émeutiers : reportages et éditoriaux des journalistes, déclarations des hommes politiques, interprétations contradictoires des intellectuels. Cette émeute de papier fait évidemment partie de l’émeute. Pour rendre compte de l’événement, il s’agit donc d’établir à la fois une version contrôlée des faits – ce qui s’est passé dans les banlieues –, un répertoire raisonné des prises de position – ce qui s’est passé sur les scènes médiatique, politique, intellectuelle –, et de confronter les interprétations proposées aux faits établis. Si l’on renonce à des énoncés plus proches de l’exhortation ou de la dénonciation que de la description, force est de constater qu’au regard du répertoire d’action politique institutionnalisé, l’émeute de novembre 2005 s’apparente évidemment plus à une révolte " protopolitique " qu’à un mouvement social organisé.

    " Cette révolte exprimait une indignation collective " et l’auteur ajoute : "… parce que, en l’absence d’un travail de politisation, depuis longtemps abandonné dans les ex-banlieues rouges, les formes d’expression de l’"émotion populaire" s’apparentaient manifestement plus aux révoltes des siècles passés qu’à une manifestation "République-Bastille", cette rébellion se situait "hors cadre" par rapport au répertoire légitime d’action collective. Elle était donc susceptible d’être rejetée "hors politique" (dans le "droit commun") : de ce point de vue, l’émeute de novembre 2005 apparaît comme une révolte "protopolitique".



    Les jeunes de banlieue, on les connaît mal. Alors on les caricature, en ne reculant devant aucun amalgame toujours négatif. On échafaude des théories : " les unes déduisent le caractère "politique" de l’émeute des effets politiques constatés, les autres justifient le label politique par les "causes" prêtées à l’émeute : révolte du "précariat" pour certains, révolte des "ghettos" ou des "minorités visibles" pour d’autres...

    Bien sûr, des films ont été réalisés mais il s’agit de fictions reprenant en grande part l’imaginaire collectif, à commencer par le film de Mathieu Kassovitz, " La haine " dont la sortie remonte à 1995….
     
    LES FILMS:
     
    - La Haine , film de Mathieu Kassovitz



    Synopsis : Au lendemain d'émeutes dans la cité des Muguets, trois jeunes amis Vinz, Saïd et Hubert, aveuglés par la haine du système français, vont vivre la journée la plus importante de leur vie, car aujourd'hui, ils ne sont plus trois mais quatre. Vinz a trouvé le pistolet d'un policier lors des émeutes.

    Après plusieurs années d’incidents de plus en plus graves et récurrents dans les zones urbaine périphériques et la mort de Malik Oussékine, le film stigmatise la vie des jeunes de banlieue autour de la haine pour les forces de maintien de l'ordre, ce qui fut à l'origine d'un débat d'opinions concernant son influence, en tant qu'œuvre cinématographique, sur la société.

    Le film eut un succès commercial important et provoqua une controverse en France concernant son point de vue sur la violence urbaine et policière. Le Premier Ministre d'alors, Alain Juppé, a selon la rumeur organisé une projection spéciale du film en demandant aux membres de son ministère d'y assister

    Ce film ne donne raison ni aux protagonistes ni à la police. Il montre comment s’installe la spirale de la haine. La société bien pensante, la tête dans le sac laisse l’autorité par le biais de la police en découdre avec la délinquance. Les deux camps manipulés par la bonne conscience éloignée des conflits s’affrontent faute de solution. Ce film a été tiré d'une histoire qui s'est présenté dans le quartier des Sapins à Rouen. Ces trois copains représentatifs d’une nouvelle structure, " le quart monde " sont sympathiques, ils sont drôles par leurs expressions et leurs mimiques. Ils existent par l’outrance, seul élément où l’on peut encore les remarquer. La crise des banlieues a permis à ce film pamphlet de dénoncer une responsabilité globale, l’indifférence.
     

    - Banlieue 13 , film de Luc Besson



    Synopsis : Paris, 2013. Damien est l'élite de la police. Officier d'une unité spéciale d'intervention, expert en arts martiaux, il est passé maître dans l'art de l'infiltration et sait mener à terme ses opérations par des actions rapides, précises et néanmoins musclées. Et c'est bien la mission la plus extrême de sa carrière qui vient de lui être confiée : une arme de destruction massive a été dérobée par le plus puissant gang de la banlieue. Damien est chargé d'infiltrer dans le secteur pour désamorcer la bombe ou la récupérer.

    Luc Besson s’est largement inspiré de New York 1997, un classique de John Carpenter, tourné il y a plus de vingt ans... de la violence à l'américaine avec plein de bagarres. Une production Luc Besson avec une question qui se pose : Comment interpréter le fait que le message de Banlieue 13 pourrait être : " vous avez bien raison, amis des cités de haïr ceux qui n’y vivent pas, de toute façon ces gens vous honnissent et voudraient vous voir rayés de la carte. Ne comptez ni sur la police, ni sur l’Etat, ni sur l’armée. Faites la justice vous-mêmes en tunant vos voitures et en apprenant le kung-fu.". Banlieue 13 est présenté comme une œuvre de " politique-fiction " et nous propulse avec de multiples cascades en 2010 ! La question plus actuelle et plus réelle restant qui sera élu en mai 2007.

     
    - Ze film, film réalisé par Guy Jacques



    Synopsis : Depuis toujours, son rêve a été de réaliser son propre film, de monter les marches du Festival de Cannes, et bien sûr d'avoir la Palme d'or. Rien d'étonnant à ce que ses potes l'aient surnommé Kubrick. Seulement voilà, leur décor quotidien c'est la banlieue. Après une nuit d'errance, Toxic se réveille en plein milieu d'un tournage, où les techniciens le prennent pour un stagiaire mal réveillé. Quand on lui demande de manière trop agressive de déplacer le camion 2ème équipe image, il sait qu'en le conduisant un peu plus loin que prévu, il sera un autre réalisateur : Kubrick de Bobigny. Réunis dans la cour de leur immeuble, le camion désossé, le matériel camera rangé, lui et ses amis commencent le casting de leur future grosse production : Roméo et Juliette à Bobigny.

    Maurice Ulrich ( L’Humanité) : Ce pourrait être une pantalonnade avec pour alibi la banlieue. C'est bien autre chose. Un film dans la banlieue, certes, mais pas un film sur la banlieue. Un film qui sonne constamment juste, et dont l'humour, sans forcer le trait, est davantage à chercher du côté des grands classiques, Chaplin, voire même Lubitsch, que de certains films d'aujourd'hui aux grosses ficelles censées faire rire.
     Alain Spira (Paris Match) : Ce film hip-hop est surtout une déclaration d'amour au cinéma et à ceux qui le font. (...) C'est ce qu'on appelle un film tombé du camion, alors sautez sur l'occase...

    Extrait d’interview de Toxic et Kubrick ( principaux acteurs)
    Vous pensez que le film va aider a casser cette image caricaturale des cités ?
    T. J’espère bien, c’est un peu pour ça qu’on l’a fait. Il faut arrêter de manipuler les gens ça devient lourd. Notre trio dans le film ne représente pas des lascars juste trois bons potes qui montent un projet. On fait pas " Envoyé Spécial au cœur d’une cité à Bobigny ! " C’est une comédie réaliste qui a un regard sur la banlieue au moins aussi juste que celui de Ma Cité va craquer. On espère que les gens vont être surpris parce que c’est une comédie qui a du fond !
    K. Pour moi c’est pas un film sur la banlieue mais un film qui a été tournée en banlieue ! C’est surtout un film d’amitié.
    Il y a un film sur la banlieue qui vous a marqué ?
    K. L’esquive d’Abdellatif Kechiche, un film qui retranscrit le quotidien de la banlieue.

     
    - L’esquive, film réalisé par Abdellatif Kechiche, le meilleur à nos yeux.



    Synopsis :Nous voici dans une cité HLM telle qu'on croit en connaître. Des jeunes vont et viennent. Les premiers moments de ce film nous les montrent au cœur de leurs échanges. Cà parle… çà parle vite, çà parle fort. On n'y comprend rien! A dessein, sans doute, nous sommes plongés dans un monde qui, pour beaucoup, n'est pas le nôtre. Un clin d'œil pour que nous entrions dans une réalité qu'on pourrait croire irréaliste! Comme s'il fallait un sas de "décontamination" qui tente de nous libérer de tous nos à priori… Que font les jeunes de cette cité? - le film est tourné à Saint Denis mais nous ne savons jamais où nous sommes puisque l'enjeu est ailleurs…- ils sont motivés par un projet qui paraît fou. Leur professeur de français les a engagés dans une aventure inimaginable: monter la pièce de Marivaux, "le jeu de l'amour et du hasard", pour la fête qui se prépare… Abdelkrim, dit Krimo, quinze ans, vit dans cette cité HLM de la banlieue parisienne. Il partage avec sa mère, employée dans un supermarché, et son père, en prison, un grand rêve fragile : partir sur un voilier au bout du monde. En attendant, il traîne son ennui dans un quotidien banal de cité, en compagnie de son meilleur ami, Eric, et de leur bande de copains. C'est le printemps et Krimo tombe sous le charme de sa copine de classe Lydia, une pipelette vive et malicieuse...

    Commentaire sur Wikipédia : « L'Esquive parle de beaucoup de choses : analyse sociologique fine, le film montre ce qu'est la vie d'un adolescent des cités, loin des clichés habituels et sans mièvrerie. Ce film n'aborde pas les sujets du racisme, des « tournantes », des dealers. On n'y voit pas d'armes à feu. Le langage parlé par les protagonistes du récit (parfaitement naturel, on pourrait croire qu'il y a là une grande part d'improvisation mais ce n'est pas le cas) tient une place primordiale dans le film. On perçoit le besoin et l'envie de communiquer, et on mesure aussi les lacunes du vocabulaire des cités : celles-ci font que les moindres situations peuvent basculer en quiproquos amusants ou au contraire très graves »



    ... ET DU COTE DES RAPPEURS :

    On a fait une telle stigmatisation des quartiers populaires de banlieue, qu'il est devenu quasiment révolutionnaire d'y situer une action quelconque sans qu'il y ait de tournantes, de drogues … Des clichés qui font oublier les raisons de la révolte de ces jeunes. Parmi eux, beaucoup sont originaires de pays où la misère est encore bien plus grande que dans leur HLM. Ils se révoltent contre leur enfermement, sans oublier leurs congénères qu’on laisse assassiner et crever de faim chez eux.

    Alain Juppé avait organisé une projection du film " La Haine " devant ses ministres et des responsables de la police nationale. Il s’agit d’un film, c’est-à-dire d’une fiction avec ses textes, ses images, ses montages et ses outrances. Pour essayer de comprendre cette haine, il y a un autre moyen plus simple : écouter les jeunes de banlieue à travers leur musique. Parmi eux, nous avons entendu un jeune rappeur qui a pris le nom d’une célèbre série américaine " Soprano ". Il a commencé une carrière en solo avec un disque " Puisqu’il faut vivre " sorti en février 2007. Il passe ce soir au Moulin de Marseille, avant de faire une tournée dans plusieurs grandes villes. Soprano parle " avec ses lèvres en gants de boxe " et chante les désespoirs de tous les laissés pour compte. Il attaque avec des mots souvent armés mais justes. Il vise les consciences et, pour peu qu’on l’écoute, il fait mouche. Il aime avec la haine mais il aime quand même et, s’il use parfois de l’agressivité, c’est pour mieux faire mesurer le désarroi d’un jeune de banlieue qui ne pourra pas être un Zidane pour sortir de son ghetto. Nous n’allons pas commenter davantage ses textes car ils y perdraient de leur force. Soprano chante avec ses mots et les échos que les jeunes lui renvoient témoignent de l’authenticité de sa parole. C’est une nouvelle voix dans le monde turbulent des rappeurs : une voix humaniste. Il ne fait pas peur. Il rassure car il montre de la générosité là même où l’on pourrait penser ne trouver que de la misère, et de la force morale dans ce que l’on désigne comme une jungle. " Je me révolte, donc nous sommes. ", écrivait Albert Camus. Soprano porte sa révolte et celle d’autres jeunes " black,blancs, beurs " qui veulent exister. Plus de fraternité et d’égalité dans notre trilogie républicaine, est-ce trop demander? Le refus des absurdités doit-il faire peur ? Il ne s’agit pas d’alimenter quelque démagogie que ce soit mais, après les émeutes, de ne surtout pas tomber dans les pièges du racisme et de la xénophobie. Pour Camus loin d’engendrer un rejet dédaigneux du monde, la prise de conscience de l’absurde doit conduire, au contraire, à l’action et à la révolte, c’est à dire au double refus de la passivité nihiliste et de la consolation religieuse… Il est temps de passer le mic (micro) à Soprano !

       
     
    Paroles de Passe moi le mic … ( Mic… prononcé " Maïk ")
    Passe moi le mic que je représente tous ces quartiers de France, toutes ces sentences, tous ceux qui subissent l'intolérance, l'inégalité des chances, toute cette misère que les médias maquillent en délinquance!
    Passe moi le mic que je représente ces femmes de ménage, ces pères au chantier, ces fils dans l'usinage, ces mères isolées, ces grands frères alcoolisés! En gros tous ces foyers détruits par le manque de monnaie!
    Passe moi le mic que je représente les sans papiers, les exilés, les expulsés, toutes ces familles qui vivent dans l'insalubrité, ces familles colonisées qui voyaient la France comme un terre de liberté!
    Passe moi le mic que je représente cet Islam de paix, cette mixité entre communautés, la richesse du métissage, cet arc-en-ciel qui fait que la France a aujourd'hui le plus beau paysage!
    Passe moi le mic que je représente cette sœur avocate, ce frère médecin, ces frères à la fac, ceux qui " taffent " au black, ces patrons de snacks, ceux qui touchent le smic, tous ces bac +8 qui squattent l' Assedic !
    Passe moi le mic que je représente cette jeunesse qu'on empêche de rêver, cette jeunesse qui a besoin d'exprimer sa liberté et ses idées, qui a besoin de s'évader, cette jeunesse qui a besoin d'exister!…

    Présentation :
    Après deux albums disque d'or et plus de 250 concerts avec son groupe, les Psy 4 De La Rime, Soprano a décidé d'entamer une carrière solo en parallèle à sa carrière au sein des Psy 4 De La Rime. C'est sous son propre label, Street Skillz Records, qu'il a sorti en octobre " Psychanalyse Avant L'album ". A travers une rétrospective de la carrière de Soprano, " Psychanalyse Avant L'album " permet d'entrevoir tout l'univers et le concept de son premier album solo " Puisqu’il faut vivre ". Au programme, classics, morceaux phares, freestyles, raretés, inédits et invités surprises, mixés et enchaînés par Cut killer. Le premier single tiré de " Puisqu'il Faut Vivre " est " Halla Halla ", il est disponible à l'écoute sur le site officiel de Hostile Records, mais aussi présent sur " Psychanalyse Avant L'album.

     
    Autres extraits de paroles :

    *Mélancolique Anonyme, avec une introduction originale…

    - Bonsoir à toute et à tous ; Bienvenue à notre réunion hebdomadaire des mélancoliques anonymes… Réservons un accueil particulièrement chaleureux aux nouveaux, pour qui ça n' a certainement pas été facile de venir jusqu'à nous. Nous allons débuter cette réunion par un témoignage. Qui veut se lancer?
    - Moi
    - Toi? et bien nous t' écoutons..
    - Merci ! Bonsoir je m'appel’ said
    - Bonsoir said
    J' ai 27 ans et j' suis mélancolique
    J'suis d'ces artistes qui écrivent leur vie
    comme on laisse une dernière lettre près d'une boite de Prozac vide
    ça a été très difficile pour moi de venir ici d 'accepter ma dépendance à la mélancolie
    le déclic a été de voir ma mère recracher en larme tout ce qu' elle a bu de mes bouteilles à la mer
    je m' en veux de la voir si triste alors qu' elle n'a jamais été la lame de mes cicatrices
    ni personne de ma famille d'ailleurs mais leur tailleur est noir à chaque fois qu'ils écoutent mes disques
    j'ai pris le risque de faire de la musique
    d' étaler ma vie au public pour soigner un mal de vivre
    j'prens conscience de mon égoïsme
    quand je vois comment ils subissent le succès de mes lyrics
    je remplis mes vers de rimes mélancoliques
    et ma voix frise le coma’ éthylique sur rythmique…
     
    *Bombe humaine

    Toi qui n’as plus rien à perdre depuis que l’ange Gabriel s’est habillé en militaire
    Pour te prendre père, frère et mère, qui n’as plus de repère
    Qui regardes le ciel avec espoir de voir pleuvoir des aides humanitaires
    Toi qui n’as connu que la guerre, qui ne vois pas d’char reculer malgré tes jets de pierres
    Toi qui erres entre tombeaux et civières, toi qui dépouilles des cadavres pour te réchauffer l’hiver
    Toi ce solitaire qui n’a pas d’orphelinat pour l’accueillir, qui n’a que des fous de dieux pour l’applaudir
    Toi que l’Occident a oublié, toi qui reçois de la pitié qu’au moment du journal télévisé
    Toi qui crois qu’on en a rien à foutre de c’qui s’passe à l’Est
    Toi qui n’as pas totalement tort, vu qu’on goûte notre liberté bien au chaud dans notre confort
    Toi qui n’as que 15 ans, qui n’connaîtras jamais c’qu’est le bonheur d’être un enfant
    Toi qui fixes ce char américain qu’est devant toi, s’il te plaît ne deviens pas Bombe humaine (x4)
    Toi qui n’as plus rien à perdre, t’avais une vie extraordinaire
    Toi qui aujourd’hui ne peux voir ton fils que chez son beau-père, toi qui n’as plus de frère
    Pour cette femme qui aujourd’hui s’envoie en l’air avec ta pension alimentaire
    Toi qui ne vis plus qu’à l’hôtel, qui passes ses nuits dans des bars pour te noyer dans des cocktails
    Toi qui n’as plus de job depuis qu’au chantier tu crois être complètement sobre
    Toi qui collectionnes les rappels de trésor public, toi pour qui la garde parentale se complique
    Toi qui deviens aigri, qui perds tous ses repères, toi qui " paranoyes " même sur la sympathie de ta boulangère
    Toi qui détestes les hommes heureux, toi qui traites toutes les femmes de putes et toi qui détestes Dieu
    Toi qui fonces vers ce centre commercial, jette-moi ces explosifs, s’il te plaît ne deviens pas Bombe humaine (x4)…
     
    POUR PLUS :
    Sites des paroles : http://www.rap2france.com/paroles-soprano.php

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  • Golden door, film d’Emanuele Crialese : " L’identité, c’est la force d’un homme. "

     


    Si vous ne l'avez pas vu, nous vous conseillons le film d’Emanuele Crialese : "  Golden Door ", Lyon d’argent au festival de Venise 2006. Le cinéaste sicilien, émigré aux Etats Unis en 1991 à 26 ans, a obtenu à Cannes pour son second long métrage Respiro (2002) le Grand Prix et le Prix du public. C’est du cinéma italien, comme on l’aime. Crialese donne tout son sens à cet art des images avec de superbes scènes : le départ en bateau avec la fracture d’une foule séparée en deux destins (celui de ceux restés sur le quai et celui de ceux qui partent), la tempête vue de l’intérieur du navire, les rivières de lait.… On apprécie le lyrisme des décors mais aussi le réalisme des gestes et des visages.






    Le premier plan séquence filmé en plongée vertigineuse saisit le spectateur, puis l’entraîne progressivement dans un travelling avant à la découverte d’un paysage montagneux impressionnant par sa rudesse. Ainsi les images suivantes d’une ruralité sicilienne rustique et misérable sont fortes : deux hommes gravissent une pente sur laquelle Pégase, sous ses sabots, n'a fait jaillir que des pierres volcaniques. Dans ce décor apocalyptique, le père et le fils , pieds nus, ont chacun une de ces pierres entre les dents. Epuisés, la bouche en sang et le feu dans le regard, ils atteignent une croix plantée au milieu de la rocaille. Là, le père crache sa pierre en offrande et demande un signe. Doit-il, avec sa famille, rester ou partir?… Le signe viendra de deux jeunes filles qui doivent aller se marier aux Amériques après avoir reçu des photographies de propagande américaine montrant des pièces d’or poussant sur un arbre, des légumes gigantesques… C’est le rêve américain utilisé comme incitation à venir Outre-atlantique pour peupler les terres vierges …

    Salvatore Macuso , le père, décide de vendre tous ses biens : sa terre, sa maison, son bétail pour partir avec ses enfants et sa mère âgée ( qui a des pouvoirs chamaniques) mener une vie meilleure de l'autre côté de l'océan. Le curé lui confie les deux filles à marier. En cours de route, se joint à eux une anglaise mystérieuse dont on a du mal à saisir les raisons de sa présence au milieu des émigrés italiens en partance. Tous vont devoir supporter un voyage en bateau mais aussi accepter, pour devenir citoyen du Nouveau Monde, de mourir et renaître un peu. Ils devront abandonner des traditions séculaires et les vieilles croyances de leur Terre. Il faut être sain de corps et d'esprit, savoir obéir et jurer fidélité si l'on veut franchir "La Porte d'Or". Le service d’accueil de Ellis Island élimine ceux qui sont jugés inaptes : les muets, les simples d’esprit… Une sélection qui préfigure l’eugénisme nazi et qu’on imagine plus dure dans la réalité que dans la fiction., sans vouloir faire de l’anti-américanisme primaire. Le film se situe au début du XXème siècle et ceux qui sont allés aux Etats-Unis, simplement en voyage d’agrément, ont pu mesurer l’amabilité des services américains de police et des douanes, cent ans plus tard.



    Il y a trois saisons dans ce film : trois actes d’une tragédie.

    - Début du XXème siècle. Dans la campagne sicilienne, les paysans s'échinent sur le même lopin de terre depuis des générations. La famille Macuso mène une existence en harmonie avec la nature et cohabite avec les esprits de leurs défunts. La monotonie de leur vie quotidienne est interrompue par des récits du Nouveau Monde, de leurs habitants, et des innombrables richesses de cet Eden...



    - Ces futurs émigrants perdent leur dignité en se vêtant comme des citadins, avec des habits de villageois défunts. Ils se mêlent à un véritable bétail humain lors d'une indigne traversée maritime qui les mène à Ellis Island, le lieu où les USA décident de leur accueil au gré de visites humiliantes, de marchés aux mariages et de tests balbutiants...

     

    - Les images dépouillées du début se transforment en un chemin initiatique dantesque vers l’Eden américain pour ceux qui imaginent une rivière de lait, des légumes gigantesques et une pluie d'or tombant des arbres  La vieille mère ( rôle magnifiquement interprété par Aurora Quattrocchi) décide de retourner en Sicile, en refusant de se plier aux humiliations imposées par les services d’immigration américains.

     

    A l'arrivée, mis en quarantaine, ils étaient triés pour, en premier lieu, éliminer les plus faibles physiquement. Ceux qui avaient passé cette première barrière subissaient des tests dits d'intelligence ou d'aptitude (les débuts de l'eugénisme).Mais ce qui fait la richesse de ce film, c'est de suivre l'évolution de cette famille sicilienne qui pour accéder à l'Eden va devoir abandonner beaucoup d'elle-même pour passer de l'autre côté ce que ne peut accepter la mère de Salvatore, mais par contre elle obligera les membres de sa famille à rester.

    Emanuele  Crialese a dit : " Je crois que l’identité, c’est la force d’un homme. Dans le film, les protagonistes se rendent compte qu’ils sont Italiens au moment où ils quittent leur patrie… Moi-même, je n’avais pas vraiment conscience de ma culture, jusqu’au jour où je me suis confronté à d’autres cultures. C’est la différence qui forme l’identité et non le conformisme et ça, je trouve que c’est un phénomène magique… "




     

    Extraits du synopsis

    Golden Door est une fable moderne qui raconte l’histoire d’hommes anciens. Elle retrace le voyage à travers le temps et l’espace d’hommes attirés par les images d’une terre rêvée et jamais vue, sorte de paradis terrestre, de jardin d’Eden,où poussent des fruits géants et délicieux, où des pièces de monnaie tombent des arbres. Un voyage vers le Nouveau Monde, la terre d’Amérique.
    Pour devenir citoyen du Nouveau Monde, il faut abandonner les traditions séculaires et les vieilles croyances de sa terre, il faut être sain de corps et d’esprit, savoir obéir et jurer fidélité si l’on veut franchir "La Porte d’Or", "The Golden Door". Il faut se muer en peu de temps d’homme ancien en homme moderne. Le temps qui accompagne cette métamorphose, c’est le temps suspendu au-dessus des eaux de l’océan, quatre éprouvantes semaines de traversée pour parvenir aux portes du jugement universel : l’île des larmes, Ellis Island. C’est sur cette île que les gardiens du Nouveau Monde examineront cas par cas, millimètre par millimètre, les corps et les esprits des futurs citoyens, c’est là que de nombreuses familles devront se résoudre à se séparer pour toujours car tous ne peuvent avoir le privilège de franchir les portes de ce paradis. L’unique chance accordée à l’homme depuis l’époque de l’Eden coïncide avec une terre que seuls quelques élus sont appelés à fouler.

    Site officiel :
    http://www.goldendoor-lefilm.com/golden-door-goldendoor.htm
    Image du site officiel :
    http://www.goldendoor-lefilm.com/site%20image/golden-door-1.jpg


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