• "Voyage en Arménie", un film qui touchera les cœurs des filles et des fils corses.

    Au cinéma Bonneveine de Marseille, le 7 juin dernier, nous avons assisté à la première séance publique du dernier film de Robert Guédiguian " Voyage en Arménie ". Le réalisateur, accompagné de l’acteur Gérard Meylan, a expliqué la genèse de ce film : ses premiers voyages en Arménie et puis un coup de fil de son actrice fétiche, Ariane Ascaride, qui venait de visiter la belle boutique d’un artisan arménien à Lyon… coup de fil pour le fil conducteur du voyage initiatique d’une femme qui retrouve son " arménité " en ressentant, en elle-même, cet humanisme identitaire qu'elle refusait d'exprimer. Un film sur la double identité et sur la diaspora.


    La trame :
    Barsam (joué par Marcel Bluwal), père arménien gravement malade, fugue de Marseille, pour aller mourir en Arménie, laissant des indices derrière lui, poussant sa fille, Anna ( Ariane Ascaride), à le rechercher en faisant, avec nous, ce " Voyage en Arménie ". A cette occasion, elle découvre aussi le doute sur sa vie de médecin cardiologue marseillaise, sur ses amours, sur la personnalité complexe d’un père qu’elle n’avait jamais vraiment cherché à connaître. Plus rien ne sera, pour elle, comme avant, car elle touche des yeux la profondeur de sa " chair " arménienne.
    Commentaire :
    Guédiguian montre, avec lyrisme, l’âme arménienne lorsque, notamment à la fin de film, Manouk (joué par Roman Avinian), un vieux chauffeur de taxi arménien, s’arrête face au mont Ararat, pour dire, les larmes aux yeux, que cette montagne aride (et sans gisement précieux) représente le rêve arménien. . On a envie de dire aux Turcs : commencez par rendre aux arméniens ce symbole fort, " le Mont Ararat ", tant qu’il reste encore des survivants du génocide ! On voit cette belle montagne dont le sommet enneigé fait comme un nuage au dessus d’un paysage incertain d’où s’élance une grue, témoignage de la reconstruction d’un pays tout juste sorti du Soviétisme.
    Le voyage de cette jeune femme se déroule sur fond de polar, avec le personnage de Sarkis (joué par Simon Abkarian), arménien né en Turquie et membre d’une mafia jeune et sans scrupule, qui considère que tout est busissness : le sexe, la santé, la vie… Dans ce business crapuleux, un autre personnage: Yervanth (joué par Gérard Meylan), truand (ex-cagoulard de l'organisation secrète Asala) condamné par contumace à perpétuité pour un braquage à Marseille et héros énigmatique de l’armée arménienne, traîne son réalisme et sa nostalgie.
    Guédiguian manie, avec justesse, les contrastes des personnages et des images, sur fond de vestiges rappelant une grande civilisation détruite par des invasions et un génocide, puis murée par le Soviétisme remplacé, aujourd’hui, par une mafia qui a créé sa propre économie de marché dans ce " petit morceau restant de pays " où se côtoient le luxe nauséabond et la pauvreté exploitée, avec leur rêve occidental. Dans ce contexte trouble, Guédiguian met subtilement en scène une âme collective " forte des épreuves subies " mais aussi sa blessure profonde: le génocide. Ce n’est pas l’objet du film mais l’histoire du peuple arménien sous-tend l’histoire d’un film pétri d’humanisme identitaire parce que généalogiquement marqué par le drame.
    On ne peut rester indifférent à la trame du film : la relation fille – père (on peut élargir à enfants – parents). Anna ne s’est jamais vraiment intéressé à son père, jusqu’à cette fugue. C’est son mari ( joué par Jean-Pierre Darroussin) qui la pousse à rechercher ce père en Arménie, exprimant son regret d’avoir perdu le sien trop tôt, sans lui dire son amour filial. Il y a surtout cette distance que, enfant, l’on met avec son père. Comment combler ce trou abyssal dans notre mémoire ? Comment vivre avec une partie de nous enfouie et laissée sans réponse? C’est une prise de conscience pour ceux qui ont encore un père. Il ne faut pas laisser passer l’occasion de connaître nos parents qui nous rattachent généalogiquement à cette partie d’humanité identitaire. Père et mère sont cette chair qui nous relie à la mémoire collective sans laquelle " humanisme " est un mot dans le désert d’un passé humain sans mémoire.

    Il faut évoquer aussi:
    - Le personnage d'une jeune fille arménienne, coiffeuse le jour - danseuse nue la nuit, qui abandonne le rêve de s'expatrier en France lorsqu'elle comprend son attachement à son peuple en croisant le regard d'un beau jeune homme arménien.
    - La sagesse de Vanig ( joué par Serge Avédikian), pour qui la seule richesse acceptable vient de la terre arménienne qu'il travaille.
    - L'hospitalité comme tissu social...

    Quelques mots sur un acteur : Roman Avinian
    Point besoin de présenter les plus connus ! Nous citerons la performance d’un vieil acteur arménien, Roman Avinian, dans le rôle de Manouk, vieux dandy sociable et chauffeur de touristes mais aussi porteur de l’âme arménienne pure et meurtrie. Cet acteur nous avait déjà touché dans un autre film " Vodka lemon " de Hiner Saleem, remarqué à sa sortie en 2003
    ( à voir ou à revoir en DVD).
    Et sur le réalisateur : Robert Guédiguian :
    Robert Guédiguian nous a habitué à l’excellence et à son intégrité morale. Il n’a pas dérogé. Je ne dirai pas qu’il est au sommet de son art car ce serait lui nier toute marge de progression. Une chose est sûre : il s’agit bien d’Art cinématographique et d'humanisme lorsque l’on va voir l’un de ses films. Ames sensibles, ne pas s'abstenir...

    Ne manquez pas " Voyage en Arménie "!

    Vous pouvez aller consulter la fiche du producteur "Diaphana" en cliquant à l’adresse:
    http://www.diaphana.fr/fiche.php?pkfilms=141
    et en profiter pour consulter le catalogue intéressant des films produits dont plusieurs réalisés par Robert Guédiguian mais aussi d'autres de qualité comme "Carnets de voyages", "Les virtuoses".... Rapelons que Diaphana est le producteur de " La raison du plus faible " de Belvaux, film auquel nous avons consacré un article.

    Année de l'Arménie:

    Les Editions Parenthèses viennent d'éditer, dans la collection "Diasporales", une très belle anthologie de la poésie arménienne contemporaine sous le titre "Avis de Recherche". Vous y découvrirez vingt poètes qui participent à la modernité poétique avec vingt tonalités singulières qui affirment l'appartenance complexe à une identité culturelle confrontée au monde contemporain. EXTRAIT TRADUIT d'un poème de Véhanoush Tékian:
    "Il y a des aigles
    Pétrifiés
    Dans les ruines,
    Et un peuple au cœur duquel
    Il y a des tombes muettes dans l'abîme"

    Par ailleurs, Louis CARZOU a publié son premier roman " La huitième colline " L’auteur utilise le genre romanesque et donc la fiction à partir d’un fait historique majeur dans le cours fragile de l’humanité. Il fait appel à l’empathie du lecteur et, par là, nous donne à ressentir, par la lecture et donc l’imaginaire, ce que les Arméniens ont vécu dans leur chair. Dans une famille turque, une grand-mère révèle, au seuil de sa mort, qu’elle est arménienne, enfant sauvé et adopté par un médecin turc. Ce choix révèle que, en 1915, tous les Turcs n’ont pas participé ou approuvé le génocide, de même que, de nos jours, des Turcs le reconnaissent avec tous les risques encourus. L’auteur met en scène des femmes arméniennes dans une histoire romancée à la fois tragique et belle par les émotions qu’elle suscite. Les personnages sont porteurs de vérités historiques et contemporaines. L’écriture est subtile et leur donne chair.
    Ce premier  roman est écrit tout en finesse, sans haine, sur un sujet qui concerne Louis CARZOU, puisqu’il a une origine arménienne. Il est édité aux Editions Liana Levi… à découvrir sans attendre la fin de l’ « année de l’Arménie ». En France, des évènements culturels sont organisés dans de nombreuses villes et offrent l’occasion de découvrir un peuple martyrisé, issu d’une grande civilisation, et porteur de richesses  pour le patrimoine de l’Humanité.
    La reconnaissance du génocide arménien concerne en premier lieu les Arméniens et les Turcs. Elle est aussi un symbole fort de la communauté internationale pour toutes les minorités intégrées ou non dans une grande nation. Elle touche à leur droit de survie et de sauvegarder un patrimoine identitaire, humaniste et culturel lié à leur histoire ancestrale. Elle est la condamnation des comportements hégémoniques qui refusent l’idée que l’on peut vivre en harmonie dans une nation, en respectant des règles constitutionnelles, civiles ou pénales, mais sans renier son appartenance identitaire plus ancienne. Elle condamne la pensée et  la religion unique qui fondent, sur la haine de l’autre, des dictatures et des communautarismes.
    Pour finir en poème, dans « vô lu mondu » chanté par les Muvrini et dont un couplet est interprété par le chanteur arménien du groupe Bratch, nous avons relevé ces passages…
    U ventu dice un tu nome  
    Da rompe a chjostra di tu campa…
    Calvacu mari è corgu mondi…
    Les mers défilent au long du voyage
    Pour découvrir la liberté
    Ma vie s’arrime à tant de peuples
    Tantôt en lutte ou en prière
    A tant d’attente, à tant d’espoir
    Pour la lumière qui reviendra...
    E vo lu mondu… »

     
     
     
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  • Slam  et chjam’è rispondi:

    Extrait d’un slam de Grand corps malade :
    J’ai constaté que la douleur était une bonne source d’inspiration
    Et que les zones d’ombre du passé montrent au stylo la direction
    La colère et la galère sont des sentiments productifs
    Qui donnent des thèmes puissants, quoi qu’un peu trop répétitifs
    A croire qu’il est plus facile de livrer nos peines et nos cris
    Et qu’en un battement de cils un texte triste est écrit
    On se laisse aller sur le papier et on emploie trop de métaphores
    Pourtant je t’ai déjà dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts
    C’est pour ça qu’aujourd’hui j’ai décidé de changer de thème
    D’embrasser le premier connard venu pour lui dire je t’aime
    Des lyrics pleins de vie avec des rimes pleines d’envie
    Je vois, je veux, je vis, je vais, je viens, je suis ravi
    C’est peut-être une texte trop candide mais il est plein de sincérité
    Je l’ai écrit avec une copine, elle s’appelle Sérénité
    Toi tu dis que la vie est dure et au fond de moi je pense pareil
    Mais je garde les idées pures et je dors sur mes 2 oreilles



    Si je vous dis i-slam, ce n’est pas pour vous parler religion. Le « i », c’est pour Internet. « slam » ? Ne cherchez pas le mot dans le dictionnaire. Avant « slang » ( qui désigne l’argot anglais ), vous trouverez « slalomeur et slalom ».Pour expliquer ce qu’est le « slam » à un Corse, il faut lui évoquer les foires et les soirées au café du village quand, dans des jeux de mots,  les hommes s’appellent et se répondent en termes poétiques, parfois le verre à la main. Ceux qui ignorent cette « coutume corse immémoriale » relient le slam à une compétition de « spoken words »  ( = mots parlés ) venue de Chicago. Des Corses auraient-ils introduit, vers les années 80, le  Chjam’è rispondi à Chicago ? A l’origine, comme le chjam’è rispondi, le slam est donc une joute verbale où les participants rivalisent avec des mots scandés. Il  s’est propagé et a maintenant ses vedettes qui slament sous des « alias », c’est-à-dire déclament leurs textes. C’est du  « parler - chanter » à capella mais aussi un nouveau mode d’expression des jeunes des banlieues parisiennes ( différent du Rap). Ce n’est pas de la poésie mais ça lui ressemble davantage que le rap. C’est de la tcahtche poétique. En un mot, si c’est du slam,.  il y a longtemps qu’il y a des slameurs en Corse. J’ai entendu parler de nouveaux slameurs marseillais. Le phénomène a donc envahi le continent en venant des Amériques, alors qu’il n’avait jamais fait la traverser avec la SNCM.

    Un slameur d’une banlieue parisienne, est en train de devenir célèbre. Il s’agit du pseudo « Grand corps malade » , connu à St Denis sous son prénom :  Fabien. J’ai vu ce jeune homme de 28 ans à la Fnac de Marseille. C’est  effectivement un grand beau jeune homme qui est apparu sur scène avec une béquille et qui a rapidement conquis un public marseillais d’âges et d’horizons diverses. Tout Paris se l’arrachait déjà et Marseille s’est mis sur les rangs avec un concert au Dôme déjà prévu. Pour lui , « la détresse n’a pas de conversation ». Grand corps malade s’amusait et amusait par ses mots avec son handicap qui lui vient d’un accident de piscine survenu à l’âge de 20 ans. Aujourd’hui,  il slame aussi sur d’autres sujets et œuvre même dans des ateliers d’écriture. Il a besoin d’une béquille pour se tenir debout et marcher mais, si le grand corps est malade, la tête est pleine de mots justes, de textes efficaces et d’humour ravageur. Fabien  s’appelle et se répond. Le public l’entend. De la poésie, il en parle . Si elle lui paraissait « relou » , lorsqu’il étudiait la Pléiade au collège, elle l’a rattrapé « sous d’autres formes ».  Il dit : «  J’ai compris qu’elle était cool et qu’on pouvait braver ses normes ». Plus que braver les normes, il lui arrive aussi de  partir en couille,  lorsqu’il raconte le combat entre sa tête, son cœur et ses couilles mais, là encore,  il déconne avec talent. Du talent, il en a aussi pour défendre, sans angélisme,  sa banlieue de Saint Denis à qui il voue un réel amour et, à ce qui se dit, elle le lui rend bien.

    Chjam’è rispondi versus slam :

    « Voix corses montant des profondeurs de l’âme,
     Perpétuez le Chjam’è rispondi des temps immémoriaux,
     Cette Joute des beaux parleurs au comptoir d’un bistrot.
     Savez- vous que, en France, on l’appelle le slam »
                                                                       jpC
     
    Définition du Chjam’è rispondi par Angèle Poli sur le site « Terre des femmes » :

    Un chjam’è rispondi est un exercice vocal ( debout, face à face, sans accompagnement instrumental et en public). Il consiste en nune libre improvisation poétique très rythmé pratiquée par deux ou plusieurs poètes , sans critère d’âge ou de condition sociale, à l’occasion d’évènements publics : fêtes, concours, foires, noces, tontes des brebis. Si la mélodie de départ du Chjam’è rispondi est personnelle, le schéma musical repond, lui, à des règles constantes ( mélodie pentatonique descendante, avec suspension sur le second degré à la fin du premier vers, une fausse résolution à la fin du second vers, et un final qui s’achève sur la tonique du troisième vert). Il n’y a pas de thème imposé hors la poésie elle-même. Mais le contenu s’appuie couramment sur les débats de société qui sont de l’actualité proche ou « l’air du temps ». La règle veut que, dans cette joute oratoire, l’on reste d’une part toujours courtois et pétillant d’esprit et d’autre part que la réponse ( risponde) ns’appuie sur le sujet de départ appelé , tel qu’il est énoncé dans le premier couplet ( à chjama = l’appel).

    Site terres des femmes, cliquer : http://terresdesfemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/05/
       

    Définition du slam par Grand corps malade sur son site i-slam:

    Il y a évidemment autant de définitions du slam qu’il y a de slameurs et de spectateurs des scènes slam.
    Pourtant il existe, paraît-il, quelques règles, quelques codes :
    - les textes doivent être dits a cappella ("sinon c’est plus du slam" ?)
    - les textes ne doivent pas excéder 3 minutes (oui mais quand même des fois, c’est 5 minutes…)
    - dans les scènes ouvertes, c’est "un texte dit = un verre offert" (sauf quand le patron du bar n’est pas d’accord…)
    Bref, loin de toutes ces incertaines certitudes, le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l'envie de jouer avec des mots.
    Le slam est peut-être un art, le slam est peut-être un mouvement, le slam est sûrement un Moment… Un moment d’écoute, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage.
    enfin bon, moi je dis ça…
    Grand Corps Malade

    I.sl’âme pour  Grandcorpsmalade.com :

    « Communiquer par I.mod, c’est à la mode.
        S’envoyer des sms, lancer des  sos,
        kif  ou détresse ?
        C’est du communiquer express.
        Si vous prenez le temps, jetez vos portables
        Assis à une table ou au comptoir d’un bistrot,
        Aller jouer avec les mots.
        Si vous ne connaissez pas le slam
        Sur le Web, découvrez donc l’I.slam
        N’ayez pas peur, c’est un site de slameur.
        Etats d’âme et paroles du cœur en sont la trame.
        On y déconne même avec le drame.
        Je vous conseille le site de Grandcorpsmalade.
        Avec ce baladin, vous pourrez continuer votre I.balade.
        Pour vivre des attaques à mots armés,
        La valeur n’attend pas le nombre des années. »
                                                         Texte de jpC
       
       

    Site de Fabien alias Grand corps malade cliquer : http://www.grandcorpsmalade.com

    Suite à la Fiesta du Sud  le 26 octobre 2006

    Connaissez-vous Vibrion ?
    Si vous répondez non
    Je vais vous damer le pion
    Vous marcher sur les arpions
    Puis vous botter le fion,
    Pour vous donner des sensations
    Et vous sortir de l’inaction.
    Sur parole, il faut me croire
    Bougez-vous ! Allez les voir
    Les écouter un de ces soirs
    Même si on ne peut pas s’asseoir
    Et plutôt debout avec un verre à boire
    C’est un rendez-vous devant un comptoir
    On vous y sert des mots en noir
    Et noir, ça rime même avec espoir.
    Sous la passerelle des docks
    Jusqu’à plus de ten o’ clock
    Loin de mon paddock,
    J’ai écouté du slam n’roll on the Rock.
    C’est mieux que d’aller chez Mister Doc ;
    J’ai trouvé le remède ad hoc.
    A ma journée, il fallait un électrochoc,
    Ce fut le choc des mots sur une musique de choc.
    Décibels et phrases rythmées
    Attaques à mots armés
    Vérités déclamées
    C’est Vibrion qui est venu slamer…
    Par leur poésie urbaine rimée
    Sur des gestes saccadés et mimés
    Le public a vite été arrimé.
    De jeux de mots en jeux de scène
    Vibrion entame ma passivité devenue obscène,
    Bousculant les sons jusqu’à en perdre haleine.
    Syllabes éclatées, vibrations extrêmes
    Cris parlés, mots scandés, poèmes
    L’ambiance se déchaîne
    La glace fond et la retenue brise ses chaînes
    La liberté sème sur le public ses graines
    Le temps, malgré tout, s’égrène.
    De jeux de mots en jeux de scène
    Les ego ne sont pas égaux dans la haine
    Le Slam veut que l’on s’aime
    C’est l’amitié qui tue la peine
    Lorsqu’il est noir et dur comme l’ébène
    Le Slam récolte ce que l’on sème
    Ce que l’on s’aime, ce que l’on s’aime.
    Vibrions ! Tantôt colérique, tantôt sceptique
    Remuez, remuez désespérément, vibrions tragiques
    Remuez, comme Aragon, la rime poétique
    Vibrionnez tous les publics
    Le Slam est aussi une musique…
    Mais lorsque chacun se donne la réplique
    En Corse Chjame e rispondi en est le nom antique
    Celui d’une joute poétique,
    A la fois Coutumière et magique.
    Après Vibrion et son Slam en duo
    Magie des mots qui agitent les maux
    Grandcorpsmalade a soufflé le froid et le chaud.
    Nous ne lui ferons pas un article de trop.
    Il n’a pas l’âge encore d’ une rétro…
    Ca a trop chémar ! Il est devenu pro…
    C’était super ! C’était cadeau.
    Aux Vibrions, qui m’a envoyé un Mail
    En post-scriptum, pour répondre à leur appel
    Je leur dis que j’étais dans leurs décibels.
    Je suis venu Sans avoir recours à la SNCM
    parce que la poésie urbaine, j’aime.
    Mes rimes ne sont pas très bonnes
    Mais je voudrais qu’elles résonnent.
    J’espère qu’elles auront des échos
    Et que, à Vibrion, elles feront chaud.
    jpC





     



     
     
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  • Sympathiques ou franchement immondes, les "Branques" et "Pieds nickelés" sont légions dans les romans noirs et ne sont pas toujours des flics. Cette année, Lucas BELVAUX a présenté son film "La raison du plus faible" au festival de Cannes sans y obtenir de récompense: ce qui est une faible raison de ne pas aller le voir.

    Le contexte du film rappelle celui du film anglais "The full Monthy", mais, chez BELVAUX, les chômeurs sont des Belges et , au lieu de s'entraîner à devenir des Shippendales, ils préparent un casse. Les régles du banditisme changent et ce n'est plus la raison du plus fort qui l'emporte. Les faibles sont les nouveaux pauvres, privés de travail et exclus de la société qui trouvent un sursaut d'orgueil pour avoir le courage d'agir dans un baroud qui serait une revanche sur leurs vies volées d'ouvriers trahis, faute de pouvoir gagner un gros lot à une loterie nationale.

    Lucas BELVAUX situe l'action dans le plat pays de BREL, au milieu d'un de ces vestiges de l'industrialisation où les hommes ont pour horizon des bâtiments d'usine, fleurons de la métallurgie. Désabusés par l'impuissance syndicale, des ouvriers se retrouvent privés d'un travail dont ils étaient fiers, par un "patronanonymat" d'investisseurs. Comme chacun le sait , l'oisiveté n'est pas bonne conseillère, surtout lorsqu'elle est la conséquence d'une grave frustration. Des braves chômeurs belges s'énervent à taper le carton dans un troquet et perdent leurs rêves de richesses au Loto. Leur solidarité de travaiilleurs et leurs luttes sociales passées les aident à ne pas sombrer totalement dans le désespoir, lorsque leur énérgie à resister les pousse à refuser la fatalité. Parmi eux une femme, Carole, s'échine et sue sa santé dans une usine de repassage. Elle a encore la chance d'avoir un travail. Cet ultime chance est malmenée par une panne de vélomoteur et des retards de bus. Ses dificultés vont agir comme un coup de foudre et déclencher la révolte. Il ne sera plus question de renoncer à des rêves de vie meilleure. Il faudra prendre l'argent là où il est. Il ne s'agit pas d'accomplir un acte immoral mais de bénéficier d'un juste retour sur investissements en effort et temps, en sueur et vie. Ce serait comme un remboursement sur leur vie bradée... Pour la suite, nous nous associons , sans ièdeur, au magazine avignonais "Utopia", dans sa critique enthousiaste lorsque nous lisons: " Ce qu'il adviendra d'eux: vous verrez bien , et le film va prendre des airs superbes de film noir, mené tambour battant sur une musique qui est un régal dans le genre. D'ailleurs tout est beau dans ce film et les images, en scope magnifique, ont une ampleur qui vous file le frisson... Un film porté par un soufle épique et néanmoins drôle et modeste. On y passe, sans le moindre temps mort, de l'exaltation à l'émotion, du rire à la colère, du suspense à l'émotion rigolarde.."

    Faites comme moi. Allez le voir! Lucas BELVAUX s'applique à faire du cinématographe. Il crée là où d'autres fabriquent. Il y met de l'humanité. Lorsqu'il s'agit de genre noir , l'umanité et le social forment l'essentiel de cette culture ancrée ( ou encrée) dans le présent.

    Dans l'article de la gazette Utopia, le rédacteur avoue qu'il enrage de ne pas voir ce film palmé entre "Indigènes" et Ken Loach. Pour le consoler, Corse noire lui délivre à l'unanimité du Jury "le figatellu d'or" pour rire et "le myrte d'or" pour la saveur.

    Début non sérieux d'anthologie des Branques et des Pieds nickelés:

    Dans le genre policier ou noir , on ne rencontre pas que de grands criminels pervers dont le machhiavélisme entraîne des diffcultés quasi insurmontables pour les confondre, surtout lorsque, face à eux, officient des flics ripoux ou imbéciles. Ces professionnels du crime, sans scrupule et sans pitié, n'ont aucune excuse. Par ailleurs, on pourrait établir un florilège d'une délinquance moins experte et plus humaine en commençant par le genre burlesque. Dans "Faites sauter la banque", Victor Granier ( joué par De Funès), commerçant en articles de chasse et de pêche ruiné par un placement dans des actions au Tangana, entraîne sa famille dans le casse de sa banque, en creusant un tunnel. Dans le film " Prends l'oseille et tire-toi", Woody Allen se met en scène deans le rôle d'un ganster malchanceux. Plus récemment, Bob Swain a adapté en comédie policière, intitulée "Nos amis les flics", le roman de Jay Cronley " Le casse du siècle" ( "Cheap Shot" étant le titre original ). L'amateurisme de quatre branquignoles va donner des idées à un truand chevronné ( joué par Daniel Auteuil) pour réaliser un braquage audacieux puisqu'il commence par la prise en otages de tous les flics d'un commissariat de police. On pense alors aussi au premier roman de Chistian Roux "Braquages" dans lequel quatre SDF sont recrutés par un individu mystérieux pour braquer. Et puis , il y a le titre du dernier opus de Patrick Pécherot " Boulevrad des Branques" qui annonce une brochette de truands, nazis, collabos beaucoup moins sympathiques que les SDF de Roux our les Pieds Nickelés de Jay Cronley. A propos de ce dernier, il est l'auteur aussi de la fameuse "Java de Loquedus". Son personnage "Trou'" offre des similitudes avec celui de son ami Weslake ( John Dotmunder). Les amitiés entre auteurs seraient-elles à l'origine des quelques cousinages de leurs héros?
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