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Par Difrade le 8 Novembre 2006 à 08:11
Combat écologiste en Corse : réalité et fiction
Le 7 juillet dernier, au petit matin, sur le pont 10 du Car ferry Danielle Casanova, japercevais les îles Sanguinaires. Jai alors inspiré lair à pleines narines sans que lodeur du maquis ne vienne réveiller mon imprégnation sensorielle des voyages dantan. Ensuite, la côte mest apparue un peu plus « mitée » par des constructions modernes. Heureusement, arrivé à bon port, la vieille ville était toujours là avec son âme corse. Sur quelques vitrines de magasin, je remarquais alors la présence daffiches annonçant une manifestation écologiste pour le lendemain à 17 heures.
Jai dabord profité de quelques heures sur une plage dont des parties chaque année plus étendues sont privatisées par létalement des matelas de paillotes aux allures et aux tarifs de restaurants de luxe. Des vaches surréalistes et leurs veaux y préservent encore un espace public. Dans la soirée, je me suis rendu au Lazaret Ollandini pour écouter Raphaël Enthoven parler de La Nausée et de Jean-Paul Sartre. Le jeune philosophe a dabord posé la question, si le monde nest pas absurde, de savoir si lon lui peut donner un sens à travers ce roman. Il ajoute que «la Nausée » (version littéraire de lEtre et le Néant) donne à penser à travers un récit Dans la soirée et une partie de la nuit, les musiciens et les chanteurs ont occupé la ville pour un shopping nocturne organisé par les commerçants ajacciens.
Mais venons-en à la journée du 8 juillet et à la manifestation écologiste. Je passais par la Librairie La Marge pour acheter quelques friandises littéraires corses, parmi lesquelles je choisis un polar de Jean-Louis ANDREANI « Sole di Corsica » , après avoir lu la quatrième page de couverture :
« Le paysage était splendide. Le golfe baignait les étendues vierges dun espace protégé : la Punta Pulèmica, refuge doiseaux de passage et despèces végétales rares. Convoitée depuis toujours par les promoteurs, défendue par les écologistes au prix dune guérilla permanente, la Punta Polèmica était devenue emblématique de la lutte contre les « bétonneurs » Mais la SCI Sole di Corsica et qui dit sci dit souvent partenaires bien mystérieux - veut implanter justement là, dans ce paradis, un superbe complexe touristique de luxe avec golf dix-huit trous et tutti quanti. Tout est dit : Delphine Mailly, la superbe blonde qui avait déjà fait des ravages dans « La Salamandre de Vizzavona », appelée à la rescousse par ses copines écolo, va se mobiliser pour empêcher ce désastre. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
Cela me rappela laffiche de la manifestation prévue à 17 heures et organisée par un collectif de cinquante associations appelant à manifester pour exiger : « lapplication de la loi littorale pour tous, le maintien des espaces remarquables ainsi que celui des terres agricoles, la réalisation concrète du sentier du littoral et un PADDUC respectueux de lenvironnement et des intérêts de lîle ».
En fin daprès-midi, un peu avant ce rassemblement, je minstallais sur un banc de pierre à lombre des palmiers de la place de la Mairie et je prenais le temps de commencer ma lecture. Dans les dix-huit premières pages, lauteur met en scène lhéroïne Delphine Mailly, avocate des causes écologistes appelée par deux animatrices dassociation de défense de lenvironnement : Blanche, prof au lycée Fesh dAjaccio et Mado, employée dune chaîne de produits bio, sur de François, bachelier de 17 ans nouvellement inscrit à luniversité de Corté. Il sagit de préserver le site de la Punta Polèmica menacé par le projet immobilier de la SCI Sole di Corsica créée avec des capitaux pouvant provenir de la Mafia italienne. Dix-huit premières pages denses avec linventaire de problèmes corses très sensibles, sur lesquels les points de vue divergent comme celui du jeune François qui dit à sa sur écologiste : « On va rester entre nous à se regarder le nombril au bord de notre beau littoral désert, en attendant que le continent veuille bien nous donner assez de subventions pour manger ? Merci ! Moi je veux travailler et gagner des tunes. La réserve dIndiens vous vous la gardez ! ».
La fiction sillustrait maintenant sous mes yeux par une manifestation courageuse dénonçant «la privatisation du littoral, la spéculation immobilière, la spoliation et la défiguration des sites », tout en se rappelant que la loi sur le littoral nest pas une loi de sanctuarisation et que lon pouvait «concilier développement et respect de lenvironnement ».
Revenons enfin à la fiction du roman « Sole di Corsica » et à son héroïne. Avant dêtre avocate, elle était agent du Fisc dans un polar précédent du même auteur, « La salamandre de Vizzavona » où elle sattaquait à un dirigeant autonomiste quelle devait essayer de coincer grâce à une enquête fiscale menée de façon ultra secrète qui avait tourné au dérapage incontrôlé jusquà ce quelle frôle la mort sur léperon rocheux de la citadelle de Corte. La «ravissante Delphine » avait fait la Une de la presse people et épousé un grand avocat fiscaliste qui la débaucha de son administration, lembaucha comme collaboratrice puis lépousa et quelle quitta rapidement pour sinstaller à son compte dans son nouveau polar et y défendre les causes écologistes.
Cette «beauté blonde » est tout le contraire dune poupée écervelée et vénale. Malgré le traumatisme de sa dernière mission en Corse, elle accepte dy revenir pour aider deux femmes corses à sauver un bout de littoral. Blanche et Mado envisagent même de faire parler la poudre en ayant recours, comme dynamitéro, au vieux Simon, ancien militaire descendant du grand bandit dhonneur Bellasoscia ( « Belle cuisse » pour une généalogie viril et prolifique), spécialiste des explosifs sans être lié à un groupe dautonomistes . Notre avocate va se retrouver dans un nouveau pétrin politico-financier et devenir rapidement la cible de la Mafia mais aussi de quelques barbouseries fomentées dans les arcanes de lElysée. Sous des noms humoristiques et évocateurs des personnages (Paolo Nostracosa, élégant avocat italien de la Mafia, le Préfet Leprudent, Alex Compromissionni maire de Pinetello, ou encore Nicolas Vurtz, conseiller spécial à LElysée, notamment) ou de lieux (La Punta polémica et le village de Pinetelleo ), lauteur utilise la caricature en forçant un peu le trait et toute ressemblance ne semble pas toujours fortuite. Un polar avec une héroïne originale, une écriture claire et efficace avec des passages danthologie où daucuns se reconnaîtrons ou penserons à quelques connaissance. Un récit qui laisse à penser!
Ce 8 juillet, après avoir assisté au début de la manifestation, jai filé jusquau Lazaret Ollandini pour assister à la conférence de clôture, donnée par Raphaël Enthoven et Clément Rosset, le sujet de réflexion étant : Le non-sens chez Nietzsche. Clément Rosset a martelé que lon ne pouvait pas évoquer la musique et la philosophie sans faire référence à ce philosophe incontournable, fustigeant le cinéaste Wim Wenders pour cette hérésie. Finalement, en philosophie comme en Corse, tout commence ou se termine par des chansons. A la fin du roman « Sole di Corsica » , les militants écologistes corses feront-ils la fête autour dun spuntinu en chantant « compagneru » ?
Parfois, en Corse, on finit par mélanger la réalité et la fiction. Mais cest cela qui fait le charme de notre île qui offre mille paysages et où chaque voyage est une aventure humaine. La Corse est aussi (et sans doute surtout) une terre de femmes à limage de Blanche et Mado. Jai retrouvé à Partinello : Antoinette qui écrit de beaux poèmes, Tomasine et son cur de mère, Suzanne et sa fille Mimie qui ont tenu un bar et un commerce dAntiquités à St Ouen. A Evisa Marie-Rose, Daria et Barberine étaient réunies autour dun repas convivial dans une des ces «maisons qui donnent sur la rue et cachent, côté montagne, des balcons suspendus sur des paysages grandioses » (extrait de Sole di Corsica). Chacune delles , avec sa fiction et sa réalité, pourrait être lhéroïne dun roman.
Jean-Louis ANDREANI est journaliste au quotidien « Le Monde ». Il a écrit les deux polars dont nous avons parlé mais aussi dautres ouvrages et notamment : Le problème corse - La Corse, histoire dune insularité Bail précaire à Matignon Le mystère Rocard - De la Vème République
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Par Difrade le 18 Août 2006 à 14:51UN EDITEUR EMBLEMATIQUE :Editions LA MARGE, maison créee par Jean-Jacques COLONNA D'ISTRIA. Si on devait parler dun virus de lédition, Jean-Jacques Colonna dIstria la attrapé depuis de nombreuses années. Avec sa librairie La marge, il tenait une place importante dans lédition corse. Il fait partie des membres historiques du Riacquistu et nombreux sont les auteurs corses de talent qui ont été publiés par cet éditeur cultivé, ouvert à tous les genres et à toutes les formes de lArt. Tout le monde le sait en Corse, lédition nest pas une affaire dargent mais surtout de cur. Le label " La marge " est passé en dautres mains, mais nen doutons point, Jean-Jacques Colonna dIstria a toujours le virus de lédition et de la culture. Nous avons largement annoncé luniversité dété du Lazaret Ollandini où il exerce ses talents dorganisateur dévénements culturels. Le journal Le Point lui a consacré un article où, chose rare, ce " militant culturel " parle de lui. Extrait de larticle : " Il sait qu'il a contribué, avec la publication de plus de 300 ouvrages, au renouveau de l'édition contemporaine et des livres en langue corse. Se défendant de faire de la politique, " beaucoup plus pauvre et nu qu'il y a trente ans ", il emploie aujourd'hui ses connaissances et son savoir-faire à développer les échanges et organiser des événements originaux, consacrant tout aussi bien le livre napoléonien que le débat philosophique ou encore l'histoire du corail.
Nous avons fait des recherches sur le virus de lédition chez Monsieur Jean-Jacques Colonna dIstria et nous avons trouvé quil sagissait peut-être dune maladie génétique qui lui viendrait dun ancêtre prénommé Ottavio.Ottavio Colonna dIstria, " un ben di babbu ", a écrit et édité au XVIIIème siècle, entre autres ouvrages, " Origine e discendenza della famiglia Colonna dIstria ". Il disait : "Mon âme ne serait pas en paix et je naurais pas limpression davoir mis la dernière main à lentreprise commencée, si je ne donnais pas à mes coseigneurs une relation de toutes mes démarches et si je ne remettais pas à chacun deux en particulier un exemplaire de ce qui fut toujours et demeure leur éternel honneur. Pour réaliser plus aisément ce projet, jai jugé à propos déditer le présent livre " " éditer ", le voilà le virus généalogique dont une souche est découverte et isolée !Jean-Jacques Colonna dIstria est actuellement Directeur de publication de la maison Colonna Editions, toute récente, mais qui a déjà publié plusieurs ouvrages parmi lesquels un polar : " Molto Chic " dont l'auteur, Arlette Shleifer, avait déjà écrit "Luna ou le voyage d'une étincelle" ( 2002) et "Piège détaché" (2004) , publiés par La Marge.Jean-Jacques Colonna d'Istria a fait connaître Jean-Pierre ORSI avec son premier polar "La Chèvre de Coti Chiavari".Rappelons quil a aussi uvré dans le domaine de lart pictural en organisant de nombreuses expositions à " la marge " plus de 1000 ! Fait " Chevalier des Arts et Lettres " par Jack Lang, il est actuellement membre du Conseil Economique, Social et Culturel de la Région et du Fond Régional dArt Contemporain, le FRAC, fonction que rappelle Maddalena Rodriguez - Antoniotti dans son très bel ouvrage " Comme un besoin d utopie ", publié chez Albiana. Un titre qui doit plaire à ce Corse contemporain, imprégné du passé mais tourné vers lavenir
Editions ALBIANA:Editeur remarqué par le site NoirCommePolar
Présentation par les Editions ALBIANA de sa série noire : " Nera ", créée en 2005. " Qui douterait encore que la Corse ne soit malheureusement, définitivement, une terre de polaret de romans noirs ? Banditisme, violence, vendetta, crimes crapuleux ou politiques, elle offre son lot d'affaires quasi quotidien.. La collection Nera ouvre les portes des bas-fonds du crime avec l'aide des auteurs insulaires Elle propose de donner à lire cette profonde noirceur, ce goût pour le drame et la mort chevillés à lâme, avec lindispensable dimension littéraire qui seule peut rendre justice des mécanismes à loeuvre. Loin des clichés, jouant parfois avec eux, elle ouvre des espaces de pensée dautant plus efficaces quils viennent de lintérieur de la société, des meurtrissures vécues enfin domptées par lécriture. Nera est une jalousie précautionneusement ouverte sur la rue, sur la vie insulaire, ce que lon voit et qui ne se dit pas. ".site : http://www.albiana.fr Extraits dentretien :Bernard Biancarelli, Directeur de publication chez Albiana, répond à Joël Jegouzo sur le site Noircommepolar: http://www.noircommepolar.com
1°/ Sur les Editions Albiana :"Albiana existe depuis plus de vingt ans, c'est dire qu'elle est née en plein coeur du mouvement culturel appelé en Corse U Riacquistu (la ré-appropriation). Elle a d'ailleurs signé son entrée dans le monde éditorial par un monumental dictionnaire Corse/français en quatre volumes (suivi par de la poésie en langue corse !). Cette participation proclamée et assumée à un fort mouvement culturel - caractérisé dans les esprits par l'éclat soudain mondial des fameuses polyphonies - a procédé en quelque sorte de la même approche : inventorier le patrimoine, ré-étayer les fondements et puis enfin ouvrir les champs de la création. Dans un cadre où la langue par exemple avait été très peu écrite jusqu'à présent - pour des raisons historiques et politiques que tout le monde désormais connaît - c'était une vraie gageure que de se mettre soudainement à écrire, à créer et, évidemment, à publier en corse. En ce sens, les éditeurs historiques dont font partie les éditions Albiana, ont grandement aidé à l'expression telle qu'on la connaît aujourd'hui. Ils ont fait non seulement oeuvre utile mais aussi, et surtout, oeuvre nécessaire et dans des conditions politiques qui ne furent pas les meilleures. Je le dis d'autant plus librement qu'à l'époque je n'étais pas concerné, sauf en tant que lecteur. Il est évident que les conditions ont évolué et que nous serions bien en peine de dire si celles d'aujourd'hui sont vraiment meilleures.Albiana, au bout d'un parcours de vingt ans, c'est une quarantaine de livres par an, un catalogue de plus de trois cent titres. C'est dire que le pourquoi de son existence aujourd'hui est devenu beaucoup plus simple à définir : une présence essentielle dans le panorama culturel insulaire à la fois comme médiateur de culture, passeur si l'on préfère, espace de création et d'invention, lieu de soutien à l'expression (notamment en langue corse). Tout cela adossé bien sûr à une structure d'entreprise importante à l'échelle insulaire (un secteur distribution, un secteur commercial, un atelier graphique et maintenant la grande librairie La Marge, forment un ensemble dont le secteur édition est le noyau de départ).
2°/ Sur la création de la collection " Nera "La collection noire, j'en rêvais depuis mon arrivée aux éditions Albiana (en 1998). Mais il existait déjà un éditeur à Ajaccio quasiment spécialisé dans le noir (Méditorial) et plutôt bon dans ses choix (il fut l'éditeur de Thomazeau par exemple, qui a ensuite fondé " L'écaillers du Sud ", une petite maison du Noir qui monte, qui monte, ). Sa collection était bien implantée et puis on ne marche pas sur les plates-bandes de quelqu'un que l'on connaît et que l'on respecte. Bref, nous étions restés en retrait. Son arrêt et notre envie toujours présente ont permis d'ouvrir le chantier. La collection Nera permettait aussi de dynamiser notre ligne éditoriale, de signaler au public que nous étions toujours en évolution et prêts pour les aventures. Nous avions au cours des années précédentes pris des risques éditoriaux chaque année, en publiant notamment pas mal de premiers romans ou des recueils de nouvelles, en dépit des préventions largement répandues dans la profession à ce sujet. Nombreux sont assez durs et violents, sans concession souvent pour le petit monde dans lequel nous vivons, mais ce qui selon moi les caractérise, c'est qu'ils ont laissé de côté le victimisme et le désir de justification, le pamphlet ou l'explication de texte, notamment du " problème corse " qui sont autant de pertes de temps et qui éloignent fatalement de la littérature. Il s'agit d'un vrai mouvement qui est la mutation du "Riacquistu " dont je parlais précédemment. Une attention soudaine pour la Corse d'aujourd'hui (ni celle d'hier, ni celle que désire l'Autre - ou que nous croyons qu'il désire - ni celle des cartes postales, ni celle des chromos) s'est manifestée et il nous a juste fallu aider à l'éclosion. La collection noire est évidemment pour nous un des outils qui nous manquaient pour aider à cet avènement. Et je peux certifier que son apparition a donné un coup de fouet qui s'est traduit par l'arrivée d'un grand nombre de manuscrits. Non seulement la collection Nera était profondément désirée chez nous, mais elle était probablement attendue par les auteurs - et certainement aussi par les lecteurs qui lui ont réservé un très bon accueilCollection Nera "MADE IN CORSICA" et bientôt de nouveaux polars...
Hommage à un éditeur corse; Collection " Misteri " de MEDITORIAL : Paul-André BUNGELMI, ancien éditeur :Un pionnier de la Noire made in corsica.
Il y avait Misteri dans lédition corse. Il sagissait dune collection de lEditeur Méditorial qui a publié des polars corses dans les années 1990, dexcellents polars commis par des auteurs ayant pour la plupart fait leur chemin. Jai lu huit de ces bouquins que jai le plaisir de citer :
Comme un chien dans la vigne et caveau de famille , écrits par Elisabeth Milleliri
La moisson ardente et raison détat, écrits par Archange Morelli
Trois jours dengatze, écrit par Philippe Carrese
La faute à Déguin, Qui a tué l'homme-grenouille, et Qui a tué monsieur cul, écrits par Philippe Thomazeau.
Si nous connaissons les carrières poursuivies par ces auteurs découverts par lEditeur Méditorial, nous ignorons le parcours de lEditeur inspiré, après sa cessation dactivité. Voilà, ce que deux auteurs en ont dit :Philippe CarreseA lépoque (1992), jai envoyé le manuscrit à plus de trente maisons dédition, y compris "Fleuve Noir". Tous lont refusé. Jai croisé Paul André Bungelmi, en corse, un type adorable qui me la pris mais qui a été dépassé par le succès du livre. Fleuve Noir a repris la suite en moins de quinze jours. Paul André est un vrai méditerranéen, il a tout de suite tout compris, tout mon coté "sudiste" que pas mal de parisiens ont encore beaucoup de mal à cerner.
François Thomazeau :Je ne connaissais Carrese que de nom et j'ai atterri chez Méditorial parce que ma mère avait vu un reportage sur "Trois jours d'engatse" sur France 3 Marseille. C'est elle qui m'a forcé à envoyer le manuscrit de Dégun à Méditorial. Comme Carrese, je ne rendrai jamais assez hommage au patron de cette maison, Paul-André Bungelmi, un honnête homme comme on n'en fait plus. Il a arrêté l'édition faute d'argent et tient un bar de nuit extrêmement sympa à Ajaccio. On amène sa bouffe, y a une cheminée au fond pour faire cuire le rata, et lui fait payer le vin. .
Un mémoire " perspectives des nouvelles technologies pour lessor de lédition littéraire corse " a été soutenu publiquement par Élodie Charbonnier UNIVERSITÉ PARIS III SORBONNE NOUVELLE en Juin 2004
Mlle Elodie Charbonnier a fait un travail sérieux et documenté dans ce mémoire sur lédition corse. Elle explique lévolution de lédition littéraire corse par un survol historique, sociologique et topographique de lîle, en évoquant la " corsitude ", cette appartenance à la culture corse faite dinsularité, de méditerranéité et de francité. Elle rappelle la tradition littéraire dabord orale et que récemment écrite. Enfin, elle constate le travail fait par les éditeurs corses qui se sont sentis investis dune mission : faire vivre notre culture et notre langue, avec lambition dun rayonnement qui passe la mer.Pour lauteur du mémoire, les nouvelles technologies de lédition devraient favoriser ce rayonnement et rompre lisolement des villages qui ont perdu leur librairie et leur bibliothèque.Elle rappelle aussi limportance en nombre des Corses de la diaspora, qui représentent une clientèle déjà existante. Cette diaspora peut être lambassadrice des éditeurs et des auteurs corses, partout où elle se trouve. Cette idée a fait son chemin avec la création récente dune lassociation " Corsica diaspora " sous le présidence du Docteur Edmond Siméoni.Extraits du mémoire : - Plusieurs études scientifiques récentes, dont les travaux des deux universitaires que sont Anne Meistersheim et Nadine Levratto, ont démontré que linsularité est bien en soi un facteur de particularisme et ce, quil sagisse déconomie, de sociologie, de culture, denvironnement ou encore de la relation liant linsulaire à sa terre et à son histoire.- La tradition littéraire a ainsi fait de la Corse une terre mystique et mystifiée ; aujourdhui, lédition régionale reprend grâce à ces diverses publications les filons qui ont contribué à rendre cette petite île si célèbre. Cette catégorie littéraire est attrayante et peut même aider à augmenter les ventes ; mais la préoccupation principale des éditeurs insulaires est à présent de faire connaître et reconnaître leurs écrivains sur le continent français pour leurs qualités littéraires et non pas au nom dun folklore déjà bien usé. Pour réaliser un tel pari, il me semble quil faudrait alléger quelque peu lhéritage historique et culturel de cette édition et ce, au profit dune littérature touchant à tous les genres .- La Corse est une petite île méditerranéenne comptant une faible population. Urbanisation et diaspora ont achevé de vider les campagnes au profit des deux grandes villes que sont Ajaccio et Bastia. La répartition des différentes maisons dédition dans lîle suit donc à peu près le même schéma. La commune dAjaccio abrite les éditions Albiana, Alain Piazzola, DCL, Lettres Sud, La Marge et Matina Latina ; quant à la région bastiaise, on y retrouve les éditions Mediterranea, Anima Corsa et Patrice Marzocchi. Seule exception à cette règle, les éditions Le Signet ont choisi de sétablir à Corte, ancienne capitale historique située au beau milieu des terres. Précédemment, nous avions constaté que Bastia était, au XIXe siècle, la ville corse où la production littéraire était la plus active ; mais aujourdhui, il semble que cette palme revienne de peu à la baie dAjaccio .-Et sur lassociation des éditeurs corses, Mlle Charbonnier écrit :Ayant pour but initial la promotion et la diffusion de lédition corse, elle regroupait un grand nombre déditeurs qui éditait chacun selon sa propre politique éditoriale. Scindée à la fin de lété 2003 suite à diverses mésententes, lassociation sest donc divisée en deux groupes...
-Sur la maison DCL:Les éditions DCL (Distributeur Corse du Livre) ont, comme leur nom lindique, pour activité principale la distribution du livre dans lîle. Didier Thueux, le Président Directeur Général de DCL, ma expliqué lors dun entretien[1] que lactivité édition sétait développée à la fin des années 1990, suite au projet de réédition dun ouvrage épuisé de Gabriel-Xavier Culioli. Depuis, DCL édite une douzaine de livres par an, majoritairement dans les domaines de la littérature et des beaux-livres. Malgré tout, cette production ne représente quune infime part du chiffre daffaire global car la distribution demeure leur activité principale. Pour en lire lintégralité du mémoire de Mlle Elodie Charbonnier, aller sur site :http://www.chicha1.free.fr Suite du cursus universitaire de l'auteur:
Par la suite, Mlle Charbonnier a présenté, en septembre 2005, son mémoire de DEA sur "Les perpspectives du Web pour l'essor de l'édition littéraire régionale en France métropolitaine". Elle y relève l'existence, en région, d'une forte activité littéraire dans ce secteur dynamique mais mal connu du grand public. Elle met l'accent sur le rôle essentiel des éditeurs régionaux pour la conservation et la diffusion du patrimoine culturel. Nous saluons son travail très documenté et son enquête sérieuse.Elodie Charbonnier.
Lédition corse est vivante, riche et diversifiée, peut-être au prix de dissensions. Une chose est sure : les éditeurs corses méritent tous notre soutien pour quils continuent à exister en Corse et ailleurs.Nous avons parlé de trois éditeurs corses qui se sont intéréssés au polar. Il y en a un quatrième, les Editions DCL dont nous avons, dans un article précédent, présenté un ouvrage " Quand j'étais Bandit" . Nous pourrions aussi cité un cinquième : Edition Journal de la Corse qui a édité le deuxième livre de Jean-Pierre ORSI ,"Sous le regard de Napoléon", avec le commissaire Agostini et ses coéquipiers Léonetti, Lanteri et Mariani.
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Par Difrade le 16 Août 2006 à 21:38Lédition corse en Pologne :A lautomne 2006, la revue littéraire polonaise " Zabudowa " (http://zabudowa.republika.pl/) publiera une édition spéciale (vendue en kiosque avec, en plus, une publication sur le Web)) faisant une place dans ses rubriques à lédition Corse. Joël Jégouzo a accepté gentiment de publier lun de ses articles qui paraîtra en Pologne et que nous mettons en ligne ci-dessous :
Le Polar Corse : Chjamè rispondi.La Corse publie. Beaucoup. La Corse invente. Beaucoup. Sans doute son insularité (géographique et culturelle) y est-elle pour quelque chose dans ce regain dinvention et dexpression qui la marque aujourdhui. Son " insularité ", ou plutôt, la prise de conscience de sa place dans le monde. Le " monde ", oui : les cinq continents. Le sentiment que sa " corsitude ", ce sentiment dappartenir à une entité historique, culturelle, que lon vit ailleurs comme menacée, justement dans ses dimensions insulaires, méditerranéennes, ne lest pas en réalité. Changeons de vocabulaire donc : laissons le mot de " corsitude ", chargé des représentations stéréotypées que le vieux continent a forgé dune île imaginaire vouée à un sot exotisme, aux dépliants touristiques et parlons plutôt de " corsité " : le fait dêtre corse, dans un monde globalisé, est une chance. Explorons cette corsité, semblent proclamer les éditeurs corses, dont lambition saffiche à hauteur dun investissement proprement militant pour que cette culture rayonne enfin, comme sils étaient persuadés que lancestrale culture corse représentait non seulement le salut pour la nation corse, mais un vrai laboratoire des mondes à venir.Car voici que confluent brusquement de sérieux héritages pour former les conditions dun (re)surgissement exemplaire celui du fait Corse. Au point de confluence, lhéritage culturel de la diaspora corse, la culture orale corse et la volonté dêtre corse par-delà les dérives identitaires et les reniements de toutes sortes, leur tentation du moins, dans un monde culturellement aliéné à la civilisation libérale-américaine.Lhéritage de la diaspora corse tout dabord. On la dit de bien dautres nations : cest une chance de posséder une forte immigration à létranger, formant les têtes de pont dune culture vivante, exposée au défi dexister envers et contre lexil. Une diaspora donc, non seulement ambassadrice du fait corse, mais et peut-être surtout, communauté affrontée aux autres cultures, sachant mieux mesurer les défis du monde, tel quil les réorganise.Au point de convergence, toujours, lhéritage de la culture orale corse nous y reviendrons. Enfin, la volonté dêtre corse : un corps, plutôt quun corpus à ressasser. Et donc la nécessité de rompre avec une représentation véhiculée par le vieux continent dune terre mystifiée et par mystification, entendons toutes les dérives intra et extra muros que la Corse a connues ou subies. Car le mythe impose une rhétorique et une langue dont il faut semparer. Cest bien ce que les éditeurs corses ont compris, qui convoquent désormais la littérature mondiale autour du texte corse. Faisant ainsi entrer de plein pied dans la langue corse une géographie expansive quil nous est possible, enfin, dentendre, et cest ce qui importe : que léchange soit possible.Alors prenez in fine la langue Corse, enracinée dans une forte tradition orale. Voilà qui nest pas sans évoquer la situation de lIrlande au moment où Joyce entreprend décrire : minoritaire, enfermée dans la domination britannique. Joyce nécrit pas en gaélique, mais il sait faire chanter sa langue natale dans la langue de loppresseur, pliant au passage les règles du roman moderne au grain hérité du plus profond de son histoire. Cette jouissance séminale de la parole à la suture du parlé et de lécrit, cest dans son roman quil va donc la faire passer, abusant de phonétique, jouant du surgissement du son dans le mot. Lisez-le à haute voix, vous lentendrez bien, allez ! Mais sil y a de lhérétique dans cette langue, cest bien que son souci dexpérimentation formelle coïncide avec une conception offensive de la vie. Le vieil irlandais si vieux et dun coup à la pointe de toute modernité Cest cela que lon entend ici et là dans le corse qui sécrit aujourdhui, au-delà du besoin ontologique dexister par la révolte, dans et par cette formidable cambriole nourrie des rapines des autres possibilités langagières, en tout premier lieu offertes par la vieille langue corse.Mais ne poursuivons pas trop loin ce parallèle entre lIrlande de Joyce et la Corse daujourdhui. Encore que lune et lautre se soient façonnées par une construction identitaire fondée sur l'opposition à la culture qui les dominait. Ici, lépoque n'était guère propice à la liberté artistique, comme en témoignent la censure et l'exil de nombreux écrivains irlandais, de Joyce à Beckett. Ici toujours, la nation prenait ses distances avec ses repères historiques la langue gaélique, l'Église catholique, un mode de vie rural pour se réinventer dans un cadre européen et se démarquer du nationalisme violent qui sévissait dans le Nord. Cest peut-être, toute proportion gardée, ce à quoi la Corse opère aujourdhui : à revisiter son passé pour laccomplir autrement. Car voici que dans la régulation qui sopère, le passé fait de nouveau fond sur lhistoire présente. Il nest que dévoquer cette coutume corse séculaire : le Chjamè rispondi. Il y a là, sans doute, encore, une voie que les Corses contemporains nont pas fini dexplorer dans leurs uvres. (voir le très bel article de J.-P. Ceccaldi à ce sujet sur son blog : http://blog.ifrance.com/flicorse).De quoi parlons-nous ? A lorigine dune joute verbale au cours de laquelle les participants rivalisaient avec des mots scandés a capella. On nest pas loin du Slam ou du Rap. Impromptu poétique, sur un schéma mélodique répondant à des règles précises avec un contenu ouvert aux débats de société. Nul doute que la Corse tienne là le filon des modernités à venir ! Imaginez : savoir pareillement syncoper son présent, le plier aux contraintes de lhistoire tout en exposant cette dernière à la (petite) frappe de lactualité. Faire entrer dans linsolite dune voix individuelle une réponse sociétale. Pas étonnant, en outre, que le polar y tienne une place de choix, pour toutes les raisons déjà données à son sujet dans ce numéro et pour cette autre quil porte, mieux quaucun autre genre, lui-même trace de la structure Chjamè rispondi : et la contrainte des règles du genre et la liberté sans laquelle le chant ne serait quune rengaine exténuée. La Corse édite donc. Selon un schéma connu : désertification rurale, migration vers les grands centres urbains. Ainsi, Ajaccio et Bastia, les métropoles, abritent-elles la quasi totalité des éditeurs actuels. Albiana, Alain Piazzola, DCL, Lettres Sud, La Marge, Matina Latina pour la première, Mediterranea, Anima Corsa, Patrice Marzocchi, pour la seconde. Ailleurs ? Rien, sinon les éditions Le Signet, établie à Corte, lancienne capitale historique.La Corse édite, du noir. Beaucoup. Avec les éditions Albiana par exemple, qui travaillent une voix corse empreinte dun blues magistral, ou avec la naissance de ce personnage, le flicorse, qui, mieux quaucun autre, porte en lui toute lambiguïté du débat corse...Joël Jégouzo.
Découverte de la littérature polonaise et polonité :
La culture est un magnifique espace déchange dans lequel chacun a quelque chose à apprendre de lautre. Les échanges sont porteurs de nouvelles richesses que ce soit en littérature, en musique ou dans les arts visuels. La culture est lessence de notre identité. Elle la perpétue en senrichissant. Elle renforce le fil ténu entre la Corse et sa diaspora. Lidentité corse est indissociable dune culture et dune langue corses. La culture a besoin déchanges pour exister en se réinventant. Comme lhumanisme, elle ne peut être enfermée dans limmobilisme et le communautarisme. La langue a besoin de la culture pour garder toutes ses richesses et ne pas se perdre pour devenir un patois. Pour sortir la culture corse de la vitrine exotique montrée au tourisme de masse et des stéréotypes véhiculés par un racisme rampant, il faut continuer à porter notre regard sur le reste du Monde, et le reste du monde portera un autre regard sur nous. Cest, vous dirait un Corse, chose presque atavique et naturelle pour un insulaire qui, traditionnellement, a le goût du voyage et le sens de lhospitalité.Lintérêt porté par la revue Polonaise sur la littérature corse méritait donc que nous parlions de ce pays géographiquement et intellectuellement si proche. Depuis plusieurs années, un événement est organisé en France : les semaines polonaises. La France a, depuis longtemps, entretenu des rapports privilégiés avec la Pologne qui a lutté, pendant des siècles, pour sa liberté. Cest loccasion de découvrir la richesse littéraire dun pays qui a donné de grands auteurs dans plusieurs genres et de réentendre les Polonaises de Frédéric Chopin. Sans remonter à la Genèse et en toute modestie de notre part, avant de vous citer, de façon non exhaustive, quelques noms polonais qui ont passé les frontières et conquis une renommée internationale, passons par un peu dhistoire qui peut donner un éclairage sur la culture littéraire polonaise.
La " Rzeczpospolita " (ancienne république polonaise) était multireligieuse et multiethnique. Au XVIIIème siècle, lasservissement de la Pologne à la Russie va être à lorigine du nationalisme polonais qui atteint son apogée pendant les insurrections " romantiques " et la période dite " des partages ", avec le développement des idées nationalistes chez les communautés allemande, ukrainienne, biélorusse, tartare, lituanienne et juive. Les Polonais qui refusaient la collaboration et lasservissement, ont choisi lexil et/ou la lutte armée. Un mouvement dit de résistance " organique " préconisait de travailler souterrainement et sur le terrain lidentité polonaise par louverture décoles, lorsque la langue était interdite ou encore dans des cercles littéraires. Pour une grande part, cette résistance sest organisée dans les arts et les lettres. Nombreux furent aussi les peintres qui rendirent hommage à cette culture, en lui restituant un cadre formel. Dans ce contexte, la littérature est devenue un instrument politique et de lutte contre loppression, utilisant les métaphores en poésie et les allégories dans le roman. Le héros romantique devenait héros national, défenseur de la culture et de lâme polonaises. Il est resté le héros non-conformiste de la jeunesse polonaise. Il lutte pour la liberté mais aussi pour des valeurs (religieuses) et des idéaux humanistes. En juillet 2005 , léditeur Atlantica a sorti un ouvrage : " Valeureuse Pologne : ses souvenirs, ses hommes détat et ses personnalités remarquables " écrit par Laurence Catinot-Crost, historienne et romancière.l'Hymne national "La Pologne n'est pas encore morte tant que nous vivons"L'histoire de l'hymne national polonais est particulièrement intéressante, jalonnée d'épisodes captivants. C'est dans un manoir de la campagne au nord de la Pologne que naquît l'auteur de son texte, rédigé au mois de juillet 1797, dans une ville lointaine située en terre italienne, étrangère mais amie, qui avait offert son hospitalité aux soldats polonais après le partage de la Pologne par ses voisins. Cet hymne, chanté spontanément sur la mélodie d'une mazurka traditionnelle, d'un jour à l'autre est devenu le chant des Légions polonaises en Italie. En gagnant toujours en popularité parmi les Polonais, cet hymne a survécu avec eux à un siècle et demi de domination étrangère. En 1926 il fut reconnu officiellement comme hymne national.Ce bref rappel insuffisant a pour but de mettre en exergue une généalogie expliquant la prépondérance des thèmes nationaux et patriotiques dans la littérature polonaise. Après des années de soviétisme, la Pologne a rejoint la communauté européenne, dont elle a toujours été un membre important, notamment, dans le domaine culturel. Nous vous donnons quelques noms et quelques modestes indications pour susciter le désir daller plus loin dans la découverte des Polonais.
Au Panthéon de la littérature polonaise, nous rendons hommage à un grand écrivain philosophe, Witold Gombrowicz et à deux grands poètes : Adam Mickiewicz et Czeslav Milosz.
Un grand écrivain et philosophe : Witold Gombrowicz ( 1904-1969 )Né en 1904 à Maloszyce, il est issu de la noblesse terrienne et donc dun milieu favorisé. Il fait des études de droit puis, sans grande conviction, sinstalle comme juriste à Varsovie. Il y fréquente le Café littéraire Ziemanska et, en 1933, publie un premier recueil de contes " Mémoire du temps de limmaturité " ( Barakaï ), mal reçu par la critique. En 1939, il part en Argentine , pour un voyage offert par lUnion des écrivains polonais. Il y vivra pendant 24 ans. En 1951, il collabore avec la revue de la diaspora polonaise " Kultura " et avec linstitut littéraire de Paris. Cest le début de sa célébrité, qui lui permettra de vivre de son travail décrivain à partir de 1955. Après un séjour à Berlin, il se rend à Paris où, en 1964, il rencontre une étudiante canadienne, Rita Labrosse, quil épousera. Il sinstalle à Vence où il décédera le 24 juillet 1969, année de sa dernière création, une pièce de théâtre intitulée " Opérette ". Dans le genre léger de lopérette, il traite des sujets lourds de la fin de lHistoire et du fiasco des idéologies. Gombrowicz a souffert, presque toute sa vie, dune maladie pulmonaire. Il disait que : " Le vrai réalisme devant la vie est de savoir que la chose concrète, la vraie réalité, cest la douleur Moi, je vois lunivers comme une entité complètement vide, où la seule chose réelle est celle qui fait mal : précisément la douleur. "Bibliographie : 1933 : " Mémoire du temps de limmaturité ( Barakaï ) , recueil de contes1935 : " Yvonne, princesse de Bourgogne ", pièce de théatre, et son premier roman " Ferdydurke "1937 : " Les envoutés ", roman1953 : " Trans-Atlantique ", feuilleton dans la revue Kultura, puis roman et une pièce de théâtre " Mariage "1955 : " Pornographie ", roman1961 : " Cosmos ", romanDe 1957 à 1971 : Journal I, II et III1968 " Entretien avec Dominique de Roux " , réédition sous le titre " Testament " en 19771969 : " Operette ", pièce de théâtre.Laction, humour et le suspens sont utilisés par Gombrowicz pour être lu par un large lectorat. Ses principaux thèmes, le ton, lhumour noir, le style baroque apparaissent dès son premier recueil de contes.Dans Trans-Atlantique, il pousse le jeu sur le style à lextrême. Il y raconte son arrivée en Argentine à la veille de la deuxième guerre mondiale, un début réaliste suivi dune évolution vers le fantastique et même le grotesque. Il caricature la diaspora polonaise, prenant ses distances avec les mythes et les stéréotypes dun nationalisme qui étouffe lindividu au nom de lindépendance de la patrie. Il ne sagit cependant pas dun roman blasphématoire contre son peuple et Gombrowicz prend la précaution de préciser dans la préface : " Je conviens aussi que " Trans Atlantique est un navire corsaire qui porte en contrebande un lourd chargement de dynamite, destiné à faire exploser le sentiment national toujours en vigueur chez nous. Tout en restant Polonais, cherchons à être quelque chose de plus ample et supérieur au Polonais ! ". Sa vision apparemment " Nietzschéenne " de la polonité trouve sa signification dans son concept de " forme ", thème de son premier ouvrage " Mémoire du temps de limmaturité ". Pour ce " palatin de lantiforme ", lhomme nest jamais authentique et toujours déformé, comme si il jouait derrière un masque, sans vrai visage. Sa polonité, selon Joël Jégouzo, sinscrivait en faux de lhéritage polonais quil nommait à juste titre la " polonitude ", concept identitaire qui, selon lui, enfermait la société polonaise restée tournée vers son passé. " Lhomme est à la fois maître et esclave de sa forme ", disait-il. Lantiforme Grombrowiczienne est une forme qui soppose à la tyrannie du moule social et psychologique imposé à notre immaturité. Cest donc le refus aussi du masque identitaire, le refus de lenfermement et le " choix " de chercher librement " quelque chose de plus ample et supérieur " à la forme polonaise, tout en restant polonais. Ce nest pas une trahison , cest une ouverture sur lavenir. Ce roman " Trans-Atlantique " , mal compris, est louvrage le plus polonais de son auteur., alors quil lui a valu dêtre regardé comme un " déserteur de la cause polonaise ", pour certains, et un " provocateur prétentieux " pour dautres. Quant à lui, il aimait à dire de lui : " Je suis un humoriste, un pitre, un équilibriste.. " et de nous tous : " Lhomme est un éternel acteur.. ".
Un autre auteur contemporain vivant, Slawomir Mrozek, qui a aussi écrit sous le pseudo de Diaman Prutus, évoque dans ses écrits un monde déformé par une schématisation dans laquelle la forme prend le dessus sur le sens. Il crée des personnages qui sont des schémas humains ( Mrozek est né en 1930 , ses uvres dramatiques sont traduites et jouées dans de nombreux pays ).Dans Cosmos et Pornographie, il y a aussi du suspens. Le style devient plus naturel, mais lhistoire est plus étrange, avec des côtés malsains et pervers. Cest du roman noir existentiel. " Pornographie " est un titre en trompe lil : derrière la couverture, il ny a pas de photo X ou dérotisme.Ferdydurke est un collage de nouvelles avec une unicité de thème : limitation, le désir de ressembler à autrui et de rendre autrui comme soi-même, et aussi désir déchapper à autrui, de fuir, de rester soi-même. . " Les envoûtés " est un roman feuilleton fantastique où tout tourne autour dun chiffon qui bouge tout seul.Du 27 avril au 25 mai 1969, Gombrowicz a livré sa vision sur lévolution de la philosophie du 20ème siècle. Ses propos ont fait lobjet dune publication après son décès sous le titre de " cours de philosophie en 6 heures un quart ", donnés à son épouse et à Dominique de Roux, co-auteur de " Testament ". Il sagit dun opus court mais dense : une sorte danti-manuel de philosophie " pro philosophique ". Editions Rivages poche. A lire !Gombrowicz a toujours dénoncé la routine et la paresse intellectuelle. Il refusait de se laisser influencer par les modes et nous exhorte à penser librement. Ces livres restent à la portée de tous et, pour la plupart, ont fait lobjet dédition en poche chez Gallimard. Le Journal écrit entre 1957 et 1971 sadresse à ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance de ce penseur moderne.Nota : Il faut aussi citer, comme auteur polonais important pour mieux comprendre la polonité, Jean - Chrysostome PASEK et louvrage de cet auteur " Mémoires de Jean-Chrysostome PASEK, gentilhomme polonais 1656-1688 " édité en France. Cétait le livre de chevet de Gombrowicz et selon Joël Jégouzo " un superbe ouvrage du baroque polonais, une tradition littéraire qui remonte à Rabelais ".
Deux grands poètes : Adam Mickiewicz et Czeslav MILOSZ
1°/ Adam Mickiewicz (1798 1855), héros national: En 2005, les Polonais ont commémoré le 150ème anniversaire de sa mort. Il sagit dun poète emblématique dans le Panthéon de la culture polonaise. Dorigine lituanienne et héritier dune tradition pluriculturelle, il est le chef de file des Romantiques. En Pologne, il a fait naître une conscience nationale qui a, sans doute, ouvert la voie à lindépendance dans une Pologne privée de liberté et distribuée entre trois grandes puissances. Il met le concept de " Peuple " au dessus de celui de " Nation " et la liberté au dessus des appartenances. Pour lui, la Pologne devait être le " Messie des nations " et, devenue indépendante, concourir à lunification des peuples européens. Il a passé la plus grande partie de sa vie en exil (pendant 23 ans, à Paris), tout en combattant et en essayant dorganiser le résistance et la reconquête.Il a écrit une uvre majeure : " Les Aïeux ", qui a déclenché les manifestations dOctobre 1956 et inspiré celles de mars 1968 puis le mouvement Solidarnosc. Il laisse une uvre toujours rayonnante et un message universel de liberté, tout en affirmant son enracinement profond en Lituanie.Il est né en 1798 à Zaosie ( actuelle Biélorussie ). En 1812, sa famille héberge une partie de larmée de Napoléon placée sous le commandement de Jérôme, Roi de Naples. Etudiant à Vilnius, il participe à la fondation des organisations de la jeunesse progressiste et patriote : Les Philomates et les Philarètes. En 1815, il est nommé professeur de littérature latine, histoire et droit. En 1823, il est arrêté comme membre des Philomates, incarcéré puis interdit de séjour en Lituanie et sur les anciens territoires polonais. Après 5 ans passés en Russie où il rencontre Bestuzev, Rylejev (poètes dékabristes ) et Pouchkine, il voyage et rencontre Goethe à Weimar. Il sinstalle en France en 1832.Pendant son long séjour en France, il a une intense activité littéraire et occupe plusieurs fonctions, notamment, en 1840, il obtient une chaire de littérature slave au Collège de France où il côtoie Edgar Quinet et Jules Michelet. Il en fut exclu car ses cours tournaient à lémeute. " En exil et pélerin " ( " exult et pérégrinus ", premiers mots de la première grande chronique polonaise qui fonde le récit polonais et a pour auteur un moine français, Gallus Anonymus) : formule reprise par Mickiewicz qui reste actif dans la résistance polonaise. En 1855, il se rend en Turquie pour soutenir les " légions polonaises " dont la création a été négociée entre le Prince Czartoryski et Napoléon III. Il y meurt du choléra. Inhumé dabord au cimetière polonais de Montmorency, son corps a été rapatrié à Cracovie en 1890. Cétait un innovateur qui travaillait la langue polonaise dans ses écrits allant jusquà bouleverser la métrique du vers polonais pour lui donner dautres rythmes. " Le pays denfance. Il restera à jamais saint et pur comme le premier amour " (A.Mickiewicz, épilogue du poème épique " Pan Tadeusz ", 1834 dont sinspira Andrezj Wajda pour son film " Pan Tadeuz, quand Napoléon traversait le Niemen , sorti en 1999 )
2°/ Czeslav MILOSZ ( 1911 2004 )Il est né le 30 juin 1911 à Szetejnie ( en Lituanie comme Mickiewicz ). Il décède le 14 Août 2004 à Cracovie , à lâge de 93 ans. Il a vécu les guerres et les totalitarismes qui lont jeté sur les routes de lexil, avec des retours toujours éphémères. Sa poésie est lexpression de cette émigration forcée quil ressentait comme un bannissement " spirituel ". " Chassé du paradis ", il souffrait dêtre la victime lincompréhension " de simples mangeurs de pain ". Sa longue vie " déternel pèlerin " la façonné et a fait de lui un défenseur tenace de la pensée libre. Il était marxiste dans la Pologne " bourgeoise " et disait non aux communistes de la Pologne " populaire ". Il était athé mais regrettait le perte de limagination religieuse. Il était hostile à la " Polonité " par opposition au " zèle patriotique ", tout en affirmant son attachement à sa langue et à son pays natal. Tout en exprimant cette liberté de pensée par de linconstance et des contradictions dans ses choix politiques et religieux, il avait un projet poétique "poétiser la réalité " et était en quête du mystère de lexistence. Si, poète maudit, il a percé ce mystère, il ne la pas divulgué avant de mourir. Il laisse une uvre variée dans le style et multiple dans la forme. Cest par " La pensée captive ", premier livre publié à lEtranger quil est connu du lectorat occidental en 1953. Par la suite lauréat du Prix Nobel de littérature en 198O, il est aussi récompensé par le Prix littéraire européen avec " La prise du pouvoir ". En 1997, il obtient le prix Nike avec la parution de " Chien mandarin ". Il faut citer ses poèmes dont " Anthologie personnelle " paru en 1998 et ses essais dont " La recherche de la patrie " en 1992.
La Pologne est la patrie de deux cinéastes célèbres : Roman Polanski et Andrzej Wajda
1°/ Roman Polanski : Roman Polanski est né à Paris en 1933 de son vrai nom " Raymond Liebling ". Il rentre avec ses parents en Pologne où il se trouve lors de linvasion nazie en 1939. Il sévade du Ghetto de Cracovie et échappe aux camps de la mort où sa mère disparaîtra. Il retrouve son père après la guerre. Il fréquente une école des Beaux arts, et en 1950 tourne dans quelques films et entre à lécole du cinéma de Lodz. Il réalise dabord des courts métrages, puis, son premier long métrage en 1962 " Le couteau dans leau ". Il séjourne en Angleterre où il réalise " Répulsion ", " Létrange cul de sac " et " Le bal des Vampires ".. En 1968, il sort son premier film hollywoodien " Rosemarys Baby ". Lannée suivante , son épouse Sharon Tate est assassinée sauvagement par le tueur en série Charles Manson, alors quelle est enceinte de 8 mois. Il retourne en Europe où il tourne Macbeth. En 1974, il obtient un grand succès avec " Chinatown ". Il tourne ensuite Tess, Pirates, la Neuvième porte, la jeune fille et la Mort., Pianiste. En 2005, son dernier film est une adaptation de " Oliver Twist " de Charles Dickens.Avec Le Pianiste, sorti en 2003, il évoque loccupation nazie en Pologne et le ghetto de Varsovie. Il a obtenu la Palme dor à Cannes. Polanski est aussi acteur et a joué dans de nombreux longs métrages réalisés ou non par lui. Il a notamment fait lacteur dans des films de Andrzej Wajda comme " Zemsta " ( La vengeance) dans lequel il joue le personnage de Papkin en 2002, mais aussi " Génération une " en 1955 dans le rôle de " Mundek ", ou encore" Dudzio " dans " Do widzenia, do jutra " en 1960.
2°/ Andrzej Wajda : Andrzej Wajda est né en 1926 à Suwalki. Il a fait des études aux Beaux Arts de Cracovie et ensuite, comme Polanski, à lEcole Supérieure de Cinématographie de Lodz. Il a occupé plusieurs fonctions dans des instances du Cinéma polonais dont il sest fait le défenseur et, en 1988, on le retrouve aux côtés de L. Walesa dans Solidarnosc. Cest un novateur dans le domaine de lexpression cinématographique et un intellectuel qui sinspire de la peinture et de la littérature polonaises et étrangères. On retrouve dans son uvre les thèmes du romantisme ( héroïsme, vertus morales..) et de lhumanisme ( la mort, lamour, la haine..), dans un style fait de baroque, de lyrisme et de métaphore poétique. Il met en scène, sous son éclairage, sa vision personnelle et artistique de lhistoire de la Pologne mais aussi de la tradition polonaise et de la polonité. En 1950, il participe à la création du mouvement appelé " Ecole polonaise du cinéma " qui va faire connaître le cinéma polonais dans le monde entier. En 1955, il débute avec la réalisation de " Pokolénie " (la même année Roman Polanski réalise " La bicyclette ", film dans lequel il joue lui-même la victime). Quelques titres de films à revoir : Kanal 1957, Cendres et diamants 1958, Lhomme de marbre 1976, lhomme de fer 1981 Danton 1982. Il a obtenu la Palme dor à Cannes pour lHomme de fer , le lion dor à Venise pour lensemble de son uvre et dautres distinctions dont la légion dhonneur en France.Andrzej Wajda a fait ladaptation cinématographique de plusieurs uvres de la littérature polonaise dont " Pan Tadeusz " , film sorti en 1999.
La " Noire " polonaise :
Dans les année 1980 , on assiste à un retour à laffabulation dans la littérature et, dans les années 1990 , à lintrigue. Des auteurs polonais apparaissent dans le roman noir, le polar et le thriller. Nous avons noté lexistence en France dune librairie polonaise avec une boutique en ligne : Librairie franco-polonaise LEKTURA, 24 rue Saint Jacques à Lille (59). Cette librairie vous propose des ouvrages en polonais ou traduits. Nous avons relevé des auteurs connus comme Alex Joe, Joanna Chmivlewska, Jaroslav Miklaszeask, Marek Krajewski ...Dans son deuxième roman , le Flicorse s immerge " Dans les arcanes du Tueur ". Nous avons relevé louvrage de lauteur polonais Manuela Gretkowska " Tarot Paryski ", dans lequel lauteur vous fait suivre une piste spirituelle et mystique dans un labyrinthe culturel où vous rencontrerez le Tarot, lhumour, le sexe et la Kabbale. Du 10 au 12 Novembre 2006 à Berlin, aura lieu le 3ème colloque France Allemagne - Pologne sur le polar.
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