• Avant-première de la comédie "Madame Olivier" jouée par une troupe de Tchapacans





    Debout : Daniel Gomez, Michel Jacquet, Médéric Gasquet-Cyrus, Michel Sanz, Gilbert "Tonton" Donzel, André de Rocca.

    Assis : Serge Scotto, Eva Magny, le chien Sausicsse.






    Que font-ils ? et Qui sont-ils ?


    Vendredi dernier 23 mai à Septèmes les vallons, la salle « Louis Aragon» de cette ville accueillante était pleine pour une représentation en avant première.

    Dans cette pièce de théâtre, les Tchapacans font un simulacre de procès à l'Académie de Marseille. Rapidement les rires ont éclaté et ont accompagné tout le spectacle donné par la troupe des Tchapacans qui, malgré ce public dissipé (mais à qui la faute ? …), s’en est donné à cœur joie, sans perdre le fil loufoque d’un procès déjanté.

    L’affaire s’annonçait pourtant grave puisqu’il s’agissait de l’honneur de Madame Olivier, victime d’une discrimination lexicale sous le prétexte fallacieux qu’elle vivait de ses charmes. L’Académie de Marseille a refusé sa présence dans le dictionnaire du parler marseillais. D’abord, il faut signaler qu’il n’y a aucun lien avec le procès Fourniret et aucune parenté avec la compagne du tueur en série. Mme Olivier est une Marseillaise pur sucre des raffineries Saint Louis dans les quartiers nord de la cité phocéenne.
    Malheureusement décédée, elle était désavantageusement représentée à la barre par ses deux enfants qui, adultes, n’en sont pas moins restés au stade freudien de polymorphes pervers. Le fils Olivier (Michel Sanz ), supporter de l’OM et voleur d'après-skis, n’est pas sorti d’une habituelle Pagnolerie mais a plutôt la tchatche du stade vélodrome et des cités populaires. La fille Olive ( Gilbert Donzel dit « Tonton », seul comédien déjà membre de la troupe célèbre Quartier nord) est une grosse cagole et une pouffiasse comme sa mère. Leur défenseur est un certain André de Rocca plus vrai que nature avec ses effets de manches incontrôlés. Notre trio va pousser au bord de la crise d’hystérie la présidente du tribunal automédicalisée( Eva Magny) et le policier chargé de l’enquête (Michel Jacquet ), frustré de ne pouvoir utiliser un botin sur la tête du fils Olivier et rendu dépressif par l’objet de sa mission. Le procureur de la république Serge Scotto, à cause de ses initiales, est affublé d’une moustache hitlérienne et apparaît comme le psychopathe de la bande avec ses tics et ses accents teutons. A côté de lui l’avocat de l’Académie de Marseille ( Daniel Gomez) s’évertue à placer des phrases qu’il espère d’anthologie avec l’accent pieds noirs, tout en citant sa grand-mère comme seule référence littéraire. Il ne manquait qu’un expert et c’est le linguiste Méderic Gasquet-Cyrus qui joue son propre rôle dans l’esprit de ce tribunal, c’est-à-dire la démesure, les quiproquos et les calembours qui s’enchaînent sans temps mort.

    Tous les acteurs ont contribué à une profusion de jeux de mots et de pantomimes hilarantes dans un exercice difficile puisqu’il leur fallait éviter les écueils de la vulgarité. Le temps est passé très vite avec, au bout, le risque d’une déchirure musculaire des zygomatiques pour ceux qui n’ont pas l’entraînement quotidien d’un Méridional.

    Début d’exégèse de l’expression "Mon vier, Madame Olivier ! "

    « On a trop souvent jeté l’opprobre sur mon vier : il est temps de redresser cette injustice. Sans faire de viers, justement (c'est-à-dire sans faire de chichis… quoique), parlons du vier. Certes, le mot désigne vulgairement la verge, le pénis, le membre viril, le vit, le…oui, le sexe masculin. Mais n’oublions pas que le vier fait aussi la joie des zoologues maritimes férus du vier marin. Ce dernier n’est en rien le muge d’un matelot, ni la verge d’un capitaine, mais bien une holothurie, cet échinoderme de forme allongée muni de ventouses sur la face ventrale et de papilles rétractiles sur la face dorsale. En provençal (langue qui aime bien les images), on l’appelle aussi councoumbre de mar voire chichi de mer. Restons dans la métaphore animalière avec le vier d’âne (en provençal vié d’ase) qui désigne de manière triviale l’aubergine (la merinjano), mais aussi le sexe masculin. Mistral signalait dans son trésor dou Félibrige que la locution sies qu’un vié de muou (« tu n’es qu’un vier de mule ») signifie « tu n’es qu’un imbécile »… et n’oublions pas le fameux vier d’ours !
    Après ces allers-retours, revenons à mon vier, puisqu’on l’a souvent à la bouche, cette expression. L’interjection « mon vier ! », à juste titre considérée comme un juron, marque le faîte de l’exaspération et de l’énervement. « Mon vier ! » s’exclame le bricoleur mains de pàti, lorsqu’il se tanque le clou dans la main ; « mon vier ! » jure l’automobiliste marseillais, lorsqu’un piéton traverse au passage clouté, l’obligeant ainsi à ralentir de 10 km/h ; « mon vier, eh ! » tonitrue au bout du fil le client exaspéré de jongler aves les touches de son téléphone pendant qu’une voix pré-enregistrée lui dit : « Nous n’avons pas compris votre demande, veuillez taper sur * puis _ puis choix 1 ou -* choix 6 ou rappeler demain à partir de 9 heures… » ; « eh mon vier maintenant » gronde le chirurgien qui se rend compte qu’il vient d’oublier son i-Pod au fond de la panse de madame Gonzales, qu’il vient juste de recoudre…
    Quant à madame Olivier, elle en a vu passer, des viers ! Mon vier, madame Olivier ! est sans doute l’une des expressions marseillaises les plus authentiques… » (Propos de Médéric Gasquet Cyrus dans Marseille en V.O. octobre 2007)

    Nous ajouterons une galéjade : « Pourquoi les femmes devraient -elles se laver la bouche avec du "cif" ? La réponse est : Pour ne pas rayer les viers ».

    Donc, si un Marseillais vous dit « Mais quel gros vier ! », vous pouvez considérer à juste titre qu’il s’agit d’une insulte. Si un Marseillais vous dit : « Il n’y a pas de quoi en faire un vier », comprenez: "il n’y a pas de quoi en faire une histoire, un drame, une dispute". Par contre «mon vier, Madame Olivier !» est une interjection vulgaire marquant l'indignation, la déception, le refus, la méfiance, la colère. Cette interjection a une suite, je cite :
    " Mon vier madame Olivier, votre chien encule le mien et vous ne dites rien."
    On peut aussi rajouter :
    " Hé ! ça leur fait du bien".

    Le sujet sera défloré, sans huis clos, avec une tirade dite par Serge Scotto sur le fondement à 2 euros de l’outrage fait à Saucisse dans le rôle du chien violé.

    Dans le récit inachevé de Gustave Flaubert, Pécuchet disait que les animaux avaient aussi leurs droits, car ils ont une âme, comme nous, si toutefois la nôtre existe ? En 1978 fut proclamée à la Maison de l’Unesco la déclaration universelle des droits de l’animal. Tout naturellement Saucisse, le chien célèbre de Serge Scotto est venu témoigner dans le rôle de la victime car victime il y a, puisque l’expression «mon vier, Madame Olivier ! » peut se prolonger par «votre chien a enculé le mien… ». Finalement, ce sont les jurés qui auront le dernier mot, c’est-à-dire le public. Vendredi dernier, Mme Olivier est virtuellement entrée dans le dictionnaire du parler marseillais devant un parterre de connaisseurs. Espérons qu’il y aura de nombreuses voix ( ou voies) de recours… à condition de ne pas changer les acteurs de ce tribunal aux assises comiques.

    La comparution d’ un animal devant un tribunal ne fut pas toujours un sujet de comédie burlesque. En France, des procès ont été intentés à des animaux accusés d’un délit, un crime ou un dommage comme il l'aurait été à un être humain, en principe seul sujet de droit ou justiciable. Ainsi, au Moyen Âge et bien après, on condamna à la potence ou au bûcher des vaches, ou des truies. De même, l'Église étendit ses excommunications des hommes aux animaux : rats, mouches, sauterelles, taupes, poissons ; tout membre de la faune pouvait y succomber. Ainsi, en 1596, le port de Marseille fut obstrué, non pas par une sardine, mais par une quantité prodigieuse de dauphins. Le cardinal légat Acquaviva, qui habitait Avignon, délégua l'évêque de Cavaillon pour les exorciser. Le prélat partit sur-le-champ pour Marseille, se rendit au port et procéda à l'exorcisme en présence des magistrats et d'une foule énorme de curieux. Défense fut faite aux dauphins de rester dans le port. Les poissons se le tinrent pour dit et ne reparurent plus. Fornery, Histoire du Comtat-Venaissin. Le chien de Mme Olivier aurait pu ainsi tomber sous les Fourches Caudines de l’Etat ou de la religion. Aujourd’hui, il n’a valu à cette dernière qu’un refus académique qui fera un succès théâtral.

        

    Alors, nous disons un grand bravo et bon vent aux Tchapacans pour la prochaine saison théâtrale qui devrait les compter dans le programme de quelque grande salle marseillaise… En attendant, trois d’entr’eux sont retenus pour le festival du polar corse et méditerranéen, non pas pour les différencier des autres membres de cette troupe, mais parce qu’ils écrivent aussi des polars entr’autres talents dans leurs multiples vies. Le Samedi 5 juillet vers 18 heures, aux Ajacciens et aux gens de passage à Ajaccio, André de Rocca, Michel Jacquet et Serge Scotto feront l’amitié de présenter sur la place Foch ( place des plamiers pour les Ajacciens) un extrait de la pièce sous la forme d’un sketch adapté à la circonstance et au lieu.



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  • Les Citronniers, film d'Eran Riklis

    Le réalisateur israélien Eran Riklis rend compte, sans manichéisme, de la réalité extrême d'un Moyen-Orient toujours mystérieux pour les Occidentaux. Dans ce qu’elle a de surréaliste, la réalité y courtise la fiction. Le film 'Les Citronniers' met en scène, au-delà du politique, l'individu et son quotidien face à l'absurde. Eran Riklis offre un cinéma humaniste mais sans certitudes. Fragilité des frontières. La guerre. La paranoïa militaire. Une histoire ordinaire, où des arbres deviennent une menace pour la sécurité d'un pays. Invitation à s'interroger…

    Le film «  Les citronniers  » s’ouvre dans une cuisine sur le découpage des citrons en rondelles La scène est remarquablement filmée. Pourquoi 'Les Citronniers' et non 'Les Oliviers' ? demande Mathieu Menossi pour Evene.fr au réalisateur qui répond : « La force symbolique de l'olivier est trop évidente. La guerre, la paix, l'olivier… Et je désirais mettre de la couleur dans mon film. Un film doux-amer qui contient toutes les propriétés du citron. Il sent bon mais on ne peut le manger tel quel. Enfin, je suis un fan de la chanson américaine 'Lemon Tree', dont je propose une version orientale dans le film. »

    L'action se déroule sur la "Ligne verte", à la frontière cisjordanienne, au coeur du conflit israélo-palestinien. Quelques pas séparent les acteurs mais ils ne se parlent pas car une ligne les sépare, symbolisant le manque de communication qui règne au Moyen-Orient. C’est cette ligne qui va être l’objet d’un jeu subtil où on suggère plus qu’on met en évidence. A chacun de penser. Il y a une réelle esthétique poétique et de l’humour dans ce film où chaque relation humaine révèle, au-delà des apparences, une profondeur à sonder.


    Salma Zidane , une veuve de 45 ans, vit dans un petit village palestinien de Cisjordanie. Le ministre de la Défense israélienne aménage en voisin envahissant et dominateur. Le verger de Salma jouxte sa propriété qui fait l’objet de mesures de protection drastiques. Cette femme fière lutte contre les autorités israéliennes, qui veulent couper ses citronniers, plantés par sa famille des décennies auparavant. Cette plantation constituerait une menace pour la sécurité, car des terroristes pourraient s'y cacher. Face à l’oppresseur, Salma est aidée dans son combat par Ziad, un avocat qui ne tarde pas à tomber amoureux d'elle. Salma est bien décidée à sauver coûte que coûte ses magnifiques citronniers. Quitte à aller devant la Cour Suprême afin d'y affronter les redoutables avocats de l'armée soutenus par le gouvernement. Mais une veuve palestinienne n'est pas libre de ses actes surtout lorsqu'une simple affaire de voisinage devient un enjeu stratégique majeur. Salma va trouver une alliée inattendue en la personne de Mira l'épouse du ministre. Entre les deux femmes s'établit une complicité qui va bien au-delà du conflit israélo-palestinien.

    Ce film est une allégorie politique sur l’absurdité du contexte israélo-palestinien. Suha Arraf en est co-scénariste. L'actrice arabo-israélienne Hiam Abbass, de la lignée des belles et grandes tragédiennes comme la Grecque Irène Papas, est remarquable dans son rôle de cette femme à la rage contenue, digne et courageuse et chaque acteur donne chair à son peronnage. Réalisme des dialogues et poésie de l'image, l’angoisse côtoie la douceur. Ce mur qui se dresse devant le verger de citronniers confine au silence comme une mort, accentuant le caractère insaisissable d'une situation inextricable et en constante mutation. Incohérence extrême des hautes instances politiques et judiciaires israéliennes, incapacité des deux camps à communiquer sur des bases rationnelles et humaines, Riklis porte son regard de cinéaste dans un souci permanent d'impartialité. A l’ombre des Citronniers, il nous éclaire d’une lueur humaniste et nous sert une citronnade délicieuse mais amère

    Salma Zidane ( comme Zizou dont on voit furtivement la photo collée sur un mur de l’appartement) est veuve. Ses citronniers et son vieux métayer ( constituent son environnement humain, car ses enfants vivent loin d’elle. Elle porte le deuil de son mari et le tchador imposés par quelque censeur intégriste qui assoie son pouvoir sur la guerre. Dans cette vie d’un autre temps et sous son foulard, c’est une femme moderne. Son aventure amoureuse avec son avocat démontre chez elle un féminisme assumé. Ziad, le jeune avocat, a été formé en Russie où il a laissé un enfant. Il mange des boîtes de poissons comme des friandises et il sent ses doigts en permanence pour détecter une éventuelle mauvaise odeur. Leur relation bien qu’intense ne peut être qu’éphémère. Ils le savent…


    Mira Navon (la femme du ministre de la Défense israélien) est la seule à réaliser que, derrière la clôture, derrière les arbres, il y a une femme. Elle ne cède pas à la peur d'un attentat terroriste. « A l'origine, explique le réalisateur, le synopsis se focalisait sur le destin de ces deux femmes et sur leur solitude. J'y ai ensuite ajouté des arbres, des politiciens. Et l'on se retrouve d'un seul coup avec un film à plusieurs niveaux, à la fois sur tout et sur rien ». Hiam Abbas    (Salma Zidane) et Rona Lipaz-michael (Mira Navon) sont excellentes et émouvantes chacune dans son rôle.

    Un soldat, perché sur sa tour de contrôle, est surnommé Rapido, parce qu’il est toujours le dernier. Il ne pense qu'à son entrée à l'université. Un peu drôle, un peu simple, un peu triste, il n’en a rien à foutre de l’armée et s’entraîne à des tests d’intelligence insensés. Dans un film politique sur une tragédie, ce personnage apporte de la légèreté.

    Que vous soyez pro-israélien ou pro-palestinien, vous pouvez vous identifier à ce que vivent les personnages. Si un citronnier peut devenir une menace pour la sécurité d'Israël, que peut-on espérer du dialogue entre les plus hauts représentants des deux camps ?

    «  Avec Les Citronniers, j'espère malgré tout susciter une certaine forme d'espoir et d'optimisme
     », nous dit Eran Riklis et il ajoute : « Plus que réalisateur et citoyen d'Israël, je suis surtout un réalisateur et citoyen du monde. Je ne travaille ni pour Israël ni pour la Palestine, mais pour ce que je considère comme ma propre vérité. Il s'agit surtout d'être honnête avec soi-même et de rester seul maître de ses choix. 'Les Citronniers' pointe du doigt une réelle psychose sécuritaire. Si mon film ne fait pas l'unanimité et qu'il provoque tout un processus de réflexion de part et d'autre, tant mieux. Mon but n'est pas de satisfaire tout le monde.  »

    Biographie :

    Né en 1954 à Jérusalem, Eran Riklis est élevé aux États-Unis, au Canada et au Brésil. Il travaille dans le cinéma depuis 1975. Il est marié à une réalisatrice prénommée Dina et père de deux enfants : Tammy, un journaliste pigiste, et Jonathan, un pianiste de jazz. Il vit aujourd'hui à Tel Aviv, mais se considère comme un citoyen du monde. Diplômé en 1982 de la National Film School de Beaconsfield, en Angleterre, il signe son premier long métrage, On a Clear Day You Can See Damascus, un thriller politique tiré d'une histoire vraie, en 1984. Sept ans plus tard, il tourne Cup Final, salué par la critique internationale et sélectionné dans plusieurs festivals dont Venise et Berlin, puis Zohar, qui s’impose comme le plus grand succès du box-office israélien des années 90. Eran Riklis réalise ensuite Vulcan Junction, un hommage nostalgique au rock and roll, puis Temptation, l’adaptation d’un best-seller israélien. C’est alors qu’il signe La fiancée syrienne qui obtient dix-huit récompenses internationales parmi lesquelles le Prix du public du festival de Locarno, le Grand Prix des Amériques et les Prix de la critique internationale (Fipresci) et du public au festival des films du monde de Montréal.
     
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  • Un spectacle fraternellement fou, intelligent et drôle .

    Voilà comment est annoncé le monologue de «  La révolte des fous » écrit par Henri-Frédéric Blanc, auteur d'origine corse que nous avons déjà présenté dans un article précédent.


    Création théâtrale au Théâtre Toursky - Marseille-

    Le 25 avril 2008, c’était la première au Théâtre Toursky et la salle comble a pu assister à une performance d’acteur dont Richard Martin est passé maître depuis longtemps mais qui, à chaque représentation, garde toute sa fraîcheur. Les habitués l’avaient déjà vu dans Réception du Diable, un précédant monologue décapant où il incarnait un personnage audacieux et plein de verve. C’est une photo de cette pièce qui a servi de première affiche pour « La révolte des fous ».

    Richard Martin est un Directeur de Théâtre combatif et émérite mais aussi un comédien hors pair. Il prend tous les risques et, hier, bien que malade, il a occupé toute la scène de sa présence et toute la salle de sa voix. Il nous revient dans une nouvelle création de Henri-Frédéric Blanc . Il incarne un directeur d'hôpital psychiatrique à trois mois de la retraite. Ce psychiatre, chef de service portant nœud papillon sous sa blouse blanche, philosophe sur le présent et le passé en proie à ses démons - notamment à un calamar qui ne cesse de le hanter et qui est pour lui l'image du néant, un néant agressif, glouton et virulent, contre lequel il a lutté toute sa vie et qui, malgré le succès de sa carrière, ne désarme pas. 

    A la retraite, il tournera le dos au présent où il n’a plus sa place pour se tourner vers le passé, pour mettre son nez dans « l ’Histoire avec grand H. Ou plutôt une grande hache  ». Des mots lâchés, apparemment anodins comme le nez au milieu de la figure, sont l’occasion de tirades où la verve farcesque, satirique et philosophique de Henri-Frédéric Blanc se donne libre cours. Chez le personnage, le feu sacré menace de s'éteindre sous la routine du bon sens, et il cherche désespérément de quoi l'entretenir.

    «  Considérons ma vie, nous dit-il. Version positive. Je suis bien portant, à peine quelques petites douleurs de reins. J’ai une famille qui ne me donne que des satisfactions. Mon fils et ma fille sont tout à fait normaux. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas pires que les autres. C’est déjà pas mal. Le chien et le chat s’entendent bien. Ils ne vont pas jusqu’à se parler mais s’entendent bien. Mes parents sont morts sans problème, après une vie sans histoire. Je ne manque de rien. De quoi ai-je besoin ? Je cherche… Je ne trouve pas…  » Ce médecin-chef au gouvernail d’un hôpital psychiatrique «  à affronter les tempêtes de la folie  » retrouve ensuite ses semblables, «gens ordinaires, certifiés conformes, des personnes dont l’esprit ne déborde jamais » . Devant ce constat, le discours commence à dérailler à la pensée du comptable de l’hôpital, «  inquisiteur à cravate raide, pisse-chiffres exonéré de cerveau, Moloch de couloir, casse-pied professionnel…  » et ce n’est pas tout mais nous nous arrêtons là.



    On sent chez le psychiatre la révolte intérieure sourdre puis monter en puissance mais d’autres, ses patients sans patience, ont une folie d’avance sur lui. Qui soignera qui. De quoi est-on malade ? De la raison ou de la folie ?… Où est notre liberté ? Du côté de la raison ou de la folie ?… L’auteur use avec finesse du rire, un rire provocateur, un rire de résistance et porteur d’autodérision et de propos qui refuse la part trop belle donnée à la raison. Dans cette pièce, la folie est la métaphore de la poésie, de l'imagination, de notre génie à tous enfermé dans nos oubliettes intérieures. La folie fleurit au-dehors mais aussi au-dedans. Celui qui s'approche de la vérité est aussi menacé de l'intérieur.


    La révolte des fous était prévue pour deux représentations les 25 et 26 avril 2008. Nous espérons qu’elle donnera lieu à d’autres et à de nouvelles créations d’Henri-Frédéric Blanc dont nous ne connaissions que les œuvres romanesques dont la dernière a pour titre «  La théorie de la paella générale  » aux Editions du Rocher.

    Pour ceux qui connaissent le Théâtre Toursky , c’est aussi un lieu de culture où l’on est jamais déçu et aussi de rencontre. Vous y êtes reçus non pas comme des clients mais en ami(e)s. Vous pouvez, en réservant, y manger en côtoyant la famille Martin. De vraies soirées qui ne vous laissent que du bonheur. A tous les spectacles, le stand de la Revue des Archers est ouvert. Nous y avons trouve le texte de La révolte des fous dans l’édition semestrielle n°12 de Juin 2007 contenant d’autres textes et de la poésie.

    Dans le hall, vendredi soir, l’auteur dédicaçait ses ouvrages parmi lesquels des romans noirs ou inclassables avec, toujours, cet humour noir déjanté, corrosif mais aussi, à rebours, porteur d’humanisme.
     
    Plan d’accès au théâtre Toursky : http:/www.toursky.org/2007-2008/pagesite/plan.htm

    Programme de l’année : http:/www.toursky.org/2007-2008/pagesite/programme.htm

    Catalogue Revue des Archers : http:/www.toursky.org/2007-2008/pagesite/archers.htm

    Le numéro 12 de la revue des Archers présente plusieurs textes et des poèmes. Nous y avons relevé la présence de Maryse Rossi, poétesse corse vivant à Marseille qui a écrit aussi un recueil de poésie " Vers le silence des questions" paru ches L'Harmattan en mars 2007. Guy Bedos y a écrit un court texte intitulé  "Rire, résistance"... deux mots qui s'entendent très bien d'Aristophane à Dario Fo en passant par Molière, Chaplin, Lenny Bruce et quelques autres, dit-il.

    Dans la continuité de la révolte des fous, Jean-Pierre Cramoisan a fourni un texte "Impasse des caroubiers"  dans lequel à la fin il interpelle le lecteur: " Tu attends de ma plume un autre jus d'encre, un assaisonnement convenable, ni trop piquant, ni trop douceâtre, rien de plus, de quoi rndre un peu moins fade ta compréhension borgnesse. Tu voudrais disputer de ma prose à la croque  au sel, peinard que tu es, retriré dans  ton silence, livré à la musique des vers à bois qui  bouffent inlassablement ton vieux fauteuil de propriétaire. Dommage, c'était pourtant bien parti, mais ma plume, lecteur, tu sais où je te la mets..."


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