• l’Islam de Boualem Sansal  et la  difficile tolérance.

    Avertissement : Les ouvrages que nous vous présentons n’ont pas pour objectif d’alimenter le racisme et la xénophobie (bien au contraire) mais d’informer sur une compréhension mutuelle des questions soulevées à tout démocrate par les fanatismes religieux ou non.



    Boualem Sansal et le Village de l'Allemand:

    Boualem Sansal
    , né en 1949, vit à Boumerdès près d'Alger. Ingénieur de formation, docteur en économie, tour à tour enseignant à l'université, chef d'entreprise, puis haut fonctionnaire, il entre en littérature grâce à son amitié avec l'écrivain Rachid Mimouni, qui l'incite à écrire.
    En 1999, Gallimard publie son premier roman, Le Serment des barbares, salué par la critique. En cinq romans, il est devenu l’un des écrivains algériens d’expression française majeurs. Aux éditions Gallimard, Vient de sortir ce cinquième roman : " Le village de l’Allemand ". Tiré d’une histoire authentique, ce roman est plus que dérangeant : Deux frères d’une cité dite sensible de la région parisienne ont été élevés par une mère algérienne et un père allemand. L’un des deux, Rachel, réussit comme cadre dynamique bien intégré dans la société tandis que l’autre, Malrich, connaît la galère de la plupart des gosses de banlieues pauvres. Les deux frères ont 14 ans de différence d’âge et suivent des voies qui les éloignent l’un de l’autre jusqu’au drame familial : les parents sont égorgés en 1994 par des terroristes du GIA dans le village d’Aïn Deb, près de Sétif. Par la suite, Rachel, l’aîné, se suicide en laissant un journal dans lequel il dévoile le secret de famille : leur père Hassan Hans, alias " Mourad " , devenu un chef de village et Moudjahid, est un nazi, le Hauptmann SS Hans Schiller qui a sévi dans des camps d’extermination. Il a échappé à son arrestation et s’est réfugié au moyen-orient où il a refait sa vie et est devenu un conseiller du " FNL ". Au delà de l’assassinat horrible de ses parents, Rachel n’a pu supporter la révélation du passé et de la vraie personnalité de son géniteur, parce que " Se découvrir le fils d’un bourreau est pire que de l’avoir été soi-même ". Il se suicide pour expier les fautes de son père. Le cadet, Malrich, passe sous la coupe de ceux que l’auteur compare aux Nazis : "  Ils est trop tard, les Islamistes sont là, bel et bien incrustés et nous poieds et poings liés. S’ils ne nous exterminent pas, ils nous empêcheront de vivre. Ils feront de nous nos propres gardiens… Nous espérons des Kapos ". Voilà un auteur qui ne manque pas de courage, lorsque l’on sait qu’il vit à Boumerdès, près d’Alger. Il aborde le thème du fanatisme religieux sans concession. Vous trouverez une interview en vidéo à l’adresse ci-dessous :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/videos/index.php?id_video=2590




    Le Village de l’Allemand : Présentation du livre par l’éditeur
    " Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d'un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de l'extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des Algériens qui s'y trouvent depuis deux générations dans un abandon croissant de la République. Sur un sujet aussi délicat, Sansal parvient à faire entendre une voix d'une sincérité bouleversante. "



    Le Serment des barbares :
    " Le roman de Boualem Sansal s'ouvre sur une grande et puissante description de la petite ville de Rouiba, non loin d'Alger. Là, comme partout en Algérie, on peut mesurer la métamorphose des villes et la métamorphose des hommes que ces trente dernières années ont transfigurés tragiquement. Après trente ans justement, Abdallah, un modeste ouvrier agricole parti travailler en France, de retour enfin au pays, ne reconnaît plus ni la terre, ni les siens. "J'ai laissé un paradis, je retrouve un enfer", confie-t-il à son frère. Absent au monde, ressassant les souvenirs d'une période heureuse où il travaillait au service des colons, Abdallah l'incompris, le marginal, se retire dans une vieille bicoque, à la sortie de la ville, près du cimetière chrétien. Un jour, on le retrouve assassiné. À ses côtés, un autre homme a été tué. Il s'agit de Si Moh, une sorte de petit parrain local, l'antithèse complète d'Abdallah. Larbi, un vieil inspecteur qui tente d'éviter comme il le peut toute forme de corruption, mène l'enquête. Le Serment des barbares est un roman unique sur l'histoire de l'Algérie. Amer et désenchanté, Boualem Sansal brosse un portrait et une histoire sans concession de son pays. Mais aussi critique soit-elle, cette vision est supplantée par une langue poétique et passionnée, l'attachement indéfectible de l'auteur à son pays natal s'y lit à chaque phrase. Le Serment des barbares a reçu en 1999 le prix du Premier Roman ". –- commentaire de Denis Gombert



    Dis-moi, le paradis : Présentation de l'éditeur
    Au Bar des Amis, sur les hauteurs de Bab el-Oued, on discute beaucoup. On y refait le monde en général, et l'Algérie en particulier. Le patron, Ammi Salah, ancien fellagha revenu de tout, accepte que son établissement se transforme chaque jour en agora tapageuse. Chacun a son histoire à raconter, sa vision de l'avenir ou du passé à faire valoir ou à inventer. De ces tonitruantes controverses émerge plus particulièrement l'histoire de Tarik, l'un des habitués, médecin dans un hôpital d'Alger. Tarik raconte comment il a récemment traversé l'Algérie en compagnie de deux de ses cousines, revenues de l'étranger pour aller voir leur mère mourante dans le sud du pays. Un personnage mystérieux incarne le désarroi du peuple algérien : c'est un enfant mutique recueilli en route par Tarik, qui garde les yeux grands ouverts sur un passé indicible. Le voyage permet à Tarik de dresser un inventaire de l'Algérie contemporaine, entre farce et cauchemar, et son récit autorise les ivrognes volubiles du Bar des Amis à déployer leurs précieux commentaires. On retrouve ici la verve rabelaisienne de Boualem Sansal, ses critiques cinglantes ou cocasses, son exceptionnelle vitalité littéraire.

    Quatrième de couverture
    " De Trotsky à Malraux, aller et retour, en passant par Jospin, via Freud, Adler, Fraenkel, Sperber... M'autorisant ces échappées belles, promenades et flâneries, je ne voudrais pas laisser croire que tout se tient. C'est plutôt que les vies nous disent aussi ce qui circule, souterrainement, des uns aux autres, l'inconscient des parcours et des pensées, les liens obscurs des époques et des individus, la magie des idées surtout. Entre fleuves et ruisseaux, je m'efforce de suivre ces courants-là qui, d'ordinaire, ne se donnent pas à voir. "



    L’enfant fou de l’arbre creux
    " Pour Boualem Sansal, "on ne parlera jamais assez dans les siècles à venir" du pénitencier de Lambèse, en Algérie. Après une rapide esquisse du passé de l'établissement, chargé de journées toutes aussi absurdes et violentes, l'auteur nous entraîne en l'an de grâce 1995. L'on y assiste aux dialogues incessants entre deux condamnés à mort : Pierre Chaumet et Farid. Chacun s'y raconte et donne les raisons qui l'ont conduit en prison. Si le Français, venu en Algérie pour y retrouver sa mère inconnue, est accusé d'avoir découvert des racines outrageusement profondes à la guerre d'indépendance, l'Algérien, lui, vaut son internement à ses actions islamistes. À travers ces deux destins, Boualem Sansal dit sans peur, loin des clichés, le paysage algérien d'hier et d'aujourd'hui. Le poste de haut fonctionnaire qu'occupe l'écrivain lui confère la distance et la clairvoyance nécessaires pour parler de l'Algérie. Le Serment des barbares (1999), son précédent et premier roman, osait la même audace, à travers une langue déjà truculente et baroque, soucieuse de dire le vrai. "--Laure Anciel

    Présentation de l'éditeur:
    Dans le sinistre bagne de Lambèse, en Algérie, de nos jours, deux détenus condamnés à mort dialoguent : un français, Pierre Chaumet, et un algérien, Farid. Pierre est né en 1957, à Vialar (aujourd'hui Tissemsilt). Revenu clandestinement en Algérie afin de retrouver sa mère, qui l'a abandonné à sa naissance, il a découvert un pays qui n'en finit pas de vivre avec ses fantômes. Il a découvert, surtout, des vérités dangeureuses sur certains aspects de la guerre d'Indépendance. Farid, lui, a participé aux atrocités commises par les islamistes ou par ceux qui les ont cyniquement utilisés.



    Harraga : Présentation de l'éditeur
    Une maison que le temps ronge comme à regret. Des fantômes et de vieux souvenirs que l'on voit apparaître et disparaître. Une ville erratique qui se déglingue par ennui, par laisser-aller, par peur de la vie. Un quartier, Rampe Valée, qui semble ne plus avoir de raison d'être. Et partout dans les rues houleuses d'Alger des islamistes, des gouvernants prêts à tout, et des lâches qui les soutiennent au péril de leur âme. Des hommes surtout, les femmes n'ayant pas le droit d'avoir de sentiment ni de se promener. Des jeunes, absents jusqu'à l'insolence, qui rêvent, dos aux murs, de la Terre promise. C'est l'univers excessif et affreusement banal dans lequel vit Lamia, avec pour quotidien solitude et folie douce. Mais voilà qu'une jeune écervelée, arrivée d'un autre monde, vient frapper à sa porte. Elle dit s'appeler Chérifa, s'installe, sème la pagaille et bon gré mal gré va lui donner à penser, à se rebeller, à aimer, à croire en cette vie que Lamia avait fini par oublier et haïr.

    Il faut citer aussi :



    Poste restante - Alger : Lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes - Présentation de l'éditeur : " En France, où vivent beaucoup de nos compatriotes, les uns physiquement, les autres par le truchement de la parabole, rien ne va et tout le monde le crie à longueur de journée, à la face du monde, à commencer par la télé. Dieu, quelle misère ! Les banlieues retournées, les bagnoles incendiées, le chômage endémique, le racisme comme au bon vieux temps, le froid sibérien, les sans-abri, l'ETA, le FLNC, les islamistes, les inondations, l'article 4 et ses dégâts collatéraux, les réseaux pédophiles, le gouffre de la sécurité sociale, la dette publique, les délocalisations, les grèves à répétition, le tsunami des clandestins... Mon Dieu, mais dans quel pays vivent-ils, ces pauvres Français ? Un pays en guerre civile, une dictature obscure, une République bananière ou préislamique ? A leur place, j'émigrerais en Algérie, il y fait chaud, on rase gratis et on a des lunettes pour non-voyants. "



    et Petit éloge de la mémoire : Quatre mille et une années de nostalgie - Présentation de l'éditeur : " C'est le plus lointain, celui que j'aime à explorer, qui me donne le plus de frissons. Ecoutez-moi raconter mon pays, l'Egypte, la mère du monde. Remplissez bien votre clepsydre, le voyage compte quatre mille et une années et il n'y a pas de halte. Jadis, en ces temps forts lointains, avant la Malédiction, j'ai vécu en Egypte au pays du Pharaon. J'y suis né et c'est là que je suis mort, bien avancé en âge... "




     
    La philosophe Cynthia Fleury :

    Cynthia Fleury
    est Research Fellow et Associate Professor à l'American University of Paris ( School of Government ). Ses travaux portent sur les conduites entropiques des démocraties, les outils de régulation démocratique et de gouvernance publique. Dans le cadre du CNRS (UPS 2262), ses travaux portent sur l'impact des nouvelles technologies de l'information et de la communication sur la définition des enjeux et des dispositifs démocratiques, ainsi que sur la refonte d'une théorie du politique dans le cadre d'une théorie de la communication. Elle est Maître de Conférences à l'IEP ( Institut d’Etudes politiques) de Paris. Sa conférence porte sur les " Principes, les Pratiques et les Pathologies des démocraties adultes " (Enjeux Politiques) et l'usage perverti ou rénové des fondamentaux démocratiques. Elle a publié plusieurs livres dont Dialoguer avec l'orient, (2004, PUF), Les pathologies de la démocratie (Fayard, 2005) et Imagination, imaginaire, imaginal (PUF, 2006). Elle est Conseiller scientifique du programme " Cap sur la diversité ", " programme départemental de communication, de formation et de réflexion pour une politique active d'intégration et pour l'égalité ".




    Difficile tolérance
    Un ouvrage en collaboration avec Charles Zarka : Ce traité sur la tolérance, qui occupe la plus grande partie de l'ouvrage, est suivi d'une réflexion critique de Cynthia Fleury qui porte sur les rapports entre l'Occident et l'Islam. Difficile tolérance se termine ensuite par un entretien entre les deux auteurs qui reprennent les principaux éléments de leur réflexion pour évaluer avec le lecteur l'applicabilité du concept de " structure-tolérance " dans le contexte de la France actuelle et, de façon moins spécifique, dans les autres démocraties constitutionnelles.
    Dans son essai, " La crise contemporaine de la tolérance : Islam ou Occident ", qui constitue la deuxième partie de Difficile tolérance, Cynthia Fleury s'engage dans la tâche d'interroger la tradition arabo-musulmane sur la notion de tolérance. Elle se livre donc, dans cette perspective, à un travail de déconstruction idéologique de certaines croyances islamistes.
    Cynthia Fleury affirme que l'Islam n'a pas pu penser la tolérance alors que dès l'Hégire les pays arabo-musulmans se trouvaient dans une situation plurireligieuse voisine de celle de l'Europe au moment des guerres de religion. L'altérité ne peut pas exister pour l'Islam qui pense plutôt en termes de territoires, de domaines, de maisons : 1. la maison du frère, c'est-à-dire du même, dâr al islam, on y retrouve la famille, le clan, la tribu et 2. la maison de l'ennemi, dâr al harb, la maison de celui qui ne fait pas partie de dâr al islam. Le devoir de défendre ce domaine contre celui qui n'en fait pas partie c'est le jihad. Bien que la distinction des dâr ne se trouve littéralement ni dans le Coran ni dans la Sunna, elle demeure " indiscutée pendant de longs siècles " et la fracture qu'elle sous-entend fonde les scissions politiques et culturelles que l'on connaît. […] Tant que les dénominations de dâr al islam et de dâr al harb prévalent, l'éternité du jihad est obligatoire et la " guerre permanente " lui est indissociable.
    Cynthia Fleury considère par ailleurs que la dhimmitude souvent évoquée comme étant la forme qu'a pu prendre la tolérance chez les musulmans ne correspond aucunement à ce que l'Occident entend par tolérance. Le statut de dhimmî a été aboli en 1839 par un décret impérial ottoman, l'édit de Gülhane, mais il a perduré au-delà de cette date de façon officieuse. L'étranger, le vaincu, qui vivait dans le monde musulman d'avant 1839 était " protégé " par son statut de dhimmî. Ses vêtements et le type d'impôt qu'il devait payer le distinguaient du reste de la communauté. Protégé ou persécuté, ce qui semble certain c'est qu'il n'avait pas un statut de " citoyen " à part entière. Le dhimmî n'était pas un frère, mais il ne pouvait pas non plus être un ami parce que dans la perspective islamiste Dieu seul est l'ami. Dans ce contexte idéologique de l'Islam, la séparation des sphères privée et publique, du religieux et du politique ne peut pas non plus avoir lieu.
    Aucune religion n'est par essence tolérante, mais l'Islam, historiquement et pour des raisons idéologiques, n'a pas pu penser la tolérance. Après avoir voulu, dans son essai, mettre à l'épreuve le concept juridico-politique de " structure-tolérance ", elle se joint à Yves Charles Zarka pour échanger sur " l'applicabilité " de ce nouveau concept. Les deux auteurs tiennent des propos inquiets sur les perspectives de résolution des tensions actuelles entre l'Occident et l'Islam, celles qui ont cours en France plus particulièrement. Mais tout en réaffirmant avec vigueur les valeurs et les principes de la démocratie, cet entretien est aussi une occasion de prendre position contre une certaine tendance actuelle à la négociation et au compromis au sein de pays régis par une constitution libérale.



    Dialoguer avec l’Orient :
    " Le dialogue se serait-il rompu ? A-t-il d'ailleurs jamais réellement existé ? Nous vivons dans un monde divisé, ayant fait le deuil de l'idée de fraternisation universelle, toujours prompt à penser un usage territorial des concepts, l'irréductibilité des idéologies et les cultures en termes de " frontiérisation " indépassable. Or, pour modifier le contexte " sinistré " des relations de l'Occident avec l'Orient arabo-musulman où la concurrence des hégémonismes et l'intransigeance des volontés de domination prévalent de part et d'autre, pour redéfinir un horizon possible de la réconciliation, le " dialogue " est nécessaire. Sans doute, un nouveau dialogue, un dialogue à inventer ou à réinventer, peut-être à rénover. C'est en faisant " retour " à la Renaissance que l'on se propose de chercher des schèmes de dialogues permettant de s'articuler, de façon critique et généreuse, au monde contemporain, et d'inventer un nouveau rapport entre Orient et Occident. Ce " retour " n'a rien de passéiste. Il est au contraire une modalité de " réouverture " du dialogue avec l'Orient et la possibilité de lui découvrir une " mémoire ". Contre l'absence et l'oubli du dialogue actuels et la déchirure civilisationnelle, la reformulation de nos héritages communs semble l'unique ligne de fuite indépassable.

    Cynthia Fleury participe à de nombreux travaux collectifs et à diverses revues dont " Cités " :



    Hors série : L'Islam en France : Soixante-dix intellectuels prennent la plume pour appeler les musulmans de France à une "critique radicale" de leur vision du monde, dans un livre intitulé "L'Islam en France". Cette somme d'informations et recherches sur la communauté musulmane française, le Coran et les contextes historiques dans lesquels l'islam s'est développé, le discours et les méthodes actuelles des islamistes, devrait rapidement s'imposer comme un ouvrage de référence. C'est également un livre de combat, qui offre tous les outils intellectuels pour la réaffirmation des valeurs républicaines mises à mal par les intégristes musulmans, et leurs thuriféraires, plus ou moins conscients. Les trois concepteurs de L'Islam en France, Yves-Charles Zarka, directeur de recherche au CNRS, la philosophe Cynthia Fleury, également chercheuse au CNRS, et l'écrivain Sylvie Taussig ont sollicité quelque soixante-dix intellectuels – démographes, sociologues, philologues, anthropologues, historiens, islamologues, philosophes des religions..
    Dix Questions soulevées sur l'Islam en France : Un étrange secret : combien y a-t-il de musulmans en France ? - Le Conseil français du Culte Musulman : une solution ou un problème ? - Les territoires conquis sur la République - L'islam en trompe l’œil : presse, radio, télévision, Internet - À la recherche de l'identité perdue - Les femmes : infériorité et oppression - Les frontières du culte - L'argent de l'islam - Stratégies d'islamisation vers un islam européen ? - Islam : vers une phase critique ?

    Rappel : A la fin, il s’agit de s’interroger sur la " difficile tolérance " et les " dérives fanatiques ". Boualem Sansal est un démocrate. Cynthia Fleury est philosophe et chercheuse. Toute utilisation de leurs écrits à des fins racistes et xénophobes serait une incompréhension de leur sens ou un abus malveillant.





    Nous terminerons notre article en recommandant la revue « Fora ! La Corse vers le monde » dont la deuxième parution porte le titre : Corse et Maghreb, côte à côte
    . Un titre rappelant les paroles du philosophe corse, Jean-Toussaint Desanti : «  effacer la mer qui nous sépare et nous engloutit ». Cette revue, au delà des différences, met la culture corse au miroir d’autres cultures en montrant qu’il existe aussi des ressemblances. Chaque culture doit regarder l'Ailleurs pour mieux voir ce qu’elle est, comparer, admirer, échanger, partager et, au besoin, un peu copier ou disons s’inspirer…



    Yahoo!

  • Le Corse de La nausée





    La philosophie ne peut évacuer la question du sens. Alors, si le monde n'est pas absurde, peut-on donner un sens à ce monde à travers le roman de Sartre ? En écrivant La nausée, Sartre voulait donner à penser à travers un récit. Il disait lui-même que la philosophie à la quelle il croyait, les vérités qu'il atteindrait s'exprimaient dans ce roman, son ambition étant d'être à la fois Spinoza et Stendhal. En 1938, dans ce roman, il exprime en 250 pages ce qu'il développera en plus de 800 pages dans son ouvrage L'être et le néant édité en 1943. La nausée est le journal de bord d'un homme, Antoine Roquentin, qui se découvre lui-même alors qu'il écrit l'histoire d'un illustre inconnu, le Marquis de Rollebon. Roquentin va être saisi à la gorge par le non-sens, découvrir l’inexistence de Dieu, l'effrayante et obscène nudité de l'univers... La nausée lui tombe dessus et lui ouvre les yeux sur son existence. "La chose, qui attendait, s'est alertée, elle a fondu sur moi, elle se coule en moi, j'en suis plein.- Ce n'est rien: la chose, c'est moi. L'existence, libérée, dégagée, reflue sur moi. J'existe..."La nausée, qui commence par des mots qui manquent, va lui apparaître comme une porte ouverte. Nous sommes condamnés à être libres par le Tribunal de la vie. A partir de là, Roquentin fait sa révolution copernicienne. Sartre déroule un récit à portée philosophique et qui supporte d'autres lectures : psychanalytique, biographique, culturelle, émotionnelle... Roquentin (ou Sartre, le jeu est subtil) nous relate ses ballades dans le réel d'un monde où les choses, en perdant leurs fonctions, deviennent innommables et les hommes jouent les imbéciles ou les salauds... Parmi ses imbéciles et ses salauds, un personnage passe inaperçu : "le Corse".

    Le personnage "le Corse" dans La nausée :

    Dans ce roman, Jean-Paul Sartre utilise des sobriquets. L'action se situe à Bouville, en vérité Le Havre. L'Autodidacte est le sobriquet d'un personnage humaniste qui se révèle aussi pédéraste. C'est le Corse qui va le prendre la main dans le panier d'un jeune lycéen et qui va lui donner deux coups de poing au visage, en l'humiliant puis le chassant de la bibliothèque. Le Corse va être lui-même humilié par Roquentin. Le Corse est gardien de la bibliothèque de Bouville et son épouse en est la concierge. Dans l'Edition "Folio", à la page 113, on trouve une description du Corse : " Le gardien venait vers nous : c'est un petit Corse rageur, avec des moustaches de tambour-major. Il se promène des heures entières entres les tables en claquant des talons. L'hiver, il crache dans des mouchoirs qu'il fait ensuite sécher contre le poêle..." Ensuite de la page 233 à 236, Roquentin relate l'incident dans la bibliothèque. On apprend que le Corse se nomme Paoli lorsque le jeune sous-bibliothècaire (qu'il terrorise aussi) l'appelle par son nom. Après que Paoli a frappé l'Autodidacte avec un "gémissement voluptueux", Roquentin le prend par le cou et le soulève de terre "tout gigotant"... "il était devenu bleu et se débattait, cherchait à me griffer ; mais ses bras courts n'atteignaient pas mon visage. Je ne disais mot, mais je voulais lui taper sur le nez et le défigurer. Il le comprit, il leva le coude pour protéger sa face : j'étais content parce que je voyais qu'il avait peur..."et il ajoute plus loin : " Autrefois, je ne l'aurais pas laissé sans lui avoir brisé les dents..."

    Pourquoi avoir choisi le sobriquet " le Corse ", pour un personnage petit et rageur qui prend plaisir à jouer les gros bras et se fait humilier par plus fort que lui ? On peut se poser la question lorsque l'on constate qu'il s'agit, dans La nausée, du seul sobriquet évoquant des origines. Peut-être faut-il passer sous silence ce personnage pour éviter de sortir de l'essentiel de l’œuvre et ouvrir un débat sur ce choix inspiré par le racisme anticorse alimenté par des caricatures tenaces. A chacun de se faire une idée, en relisant une œuvre majeure de Sartre où la seule caricature identitaire tombe encore sur un Corse.

    Nous n’allons pas tomber dans un discours victimaire mais l’anecdote est là. Une fois encore, elle témoigne de l’attention particulière portée aux Corses. Si un Corse est un petit personnage rageur, c’est parce qu’il est corse alors qu’un Périgourdin ou un Franc- comtois " petit et rageur " sera désigné uniquement comme étant " petit et rageur ". On peut être un grand philosophe et avoir ses préjugés "dans un monde où les choses, en perdant leurs fonctions, deviennent innommables et les hommes jouent les imbéciles ou les salauds. "

    Dans un livre " Ma belle Marseille " écrit par Carlo Rim en 1934, je citerai simplement les paroles d’un personnage, le Commandant Orlandi, qui sur le Cyrnos, ressemblait à Neptune et disait à Carlo Rim , journaliste : " C’est la première fois que vous allez en Corse. Bien entendu, vous n’y resterez que quatre jours, vous photographierez la chaise à porteurs de Laetitia Bonaparte et les Calanques de Piana. Vous interrogerez une jeune paysanne de Palmeca que vous appellerez Colomba et un jeune chasseur de Monte d’Oro que vous prendrez pour Matteo Falcone ou pour Spada. Et puis, vous écrirez un article définitif "

    La nausée des Corses :





    En 2007, rien n'a changé si ce n'est que Matteo Falcone et Spada ont été remplacés par les nationalistes dans les écrits de " géographes " qui n'ont rien trouvé de mieux à dire. Cela m’amène à vous parler d’un ouvrage co-écrit par Marianne Lefèvre et Joseph Martinetti qui publient les résultats de leurs travaux de chercheurs autoproclamés : Géopolitique de la Corse, dans la collection Perspectives géopolitiques des éditions Armand Colin.

    Marianne ( en réalité Marie-Anne ) Lefèvre est Maître de Conférences, agrégée de géographie en poste à Perpignan. Joseph Martinetti est professeur à l’IUFM de Nice où il forme les enseignants.

    A propos de cet ouvrage, l'Observatoire indépendant d'information et de réflexion sur le communautarisme a livré un long entretien avec les deux auteurs qui a été repris sur le site Corsicapolar en provoquant des réactions insulaires. Dans la mesure où être corse, c’est aussi être désigné comme tel , cela pousse à la solidarité et Corse noire est solidaire de la nausée des Corses caricaturés par des enseignants en géographie reconvertis dans la recherche géopolitique.

    Article complet (cliquer)



    Géopolitique ou géomonolithisme de la Corse ?

    «Ce sont les événements qui commandent aux hommes et non les hommes aux événements.» Hérodote


    Les deux auteurs écrivent aussi dans la revue Hérodote. On sait peu de chose sur Hérodote qui vécut avant Jésus Christ. Il était le premier historien mais aussi l’un des premiers géographes, sociologues, ethnographes et reporters que le Monde ait connus. Il était réputé pour son absence de parti pris. Il écoutait ce que les " Barbares " lui racontaient et était toujours prêt à les croire, partant du principe que rien ne vaut le témoignage des gens du cru, ce qui le faisait passer pour un crédule auprès des Modernes. C’est cette crédulité qui lui a permis de rapporter fidèlement l’état des croyances, la pensée collective de toute une mosaïque de peuples. On le considère même comme le précurseur du genre policier avec notamment son récit " Le fils de l’architecte ". Il avait conscience d’être le résultat d’un mariage forcé entre L’Europe et l’Asie car les colons mâles, sans femmes, avaient tué tous les mâles dans le petit état grec établi en Asie, où il naquit. Ce qui l’intéressait était de remonter aux causes des guerres, connaître l’adversaire, ses territoires, ses langues, ses traditions, ses us et coutumes… C’est sur le terrain qu’il rédigea des carnets d’enquêtes (en grec " historia ", terme qui signifie aussi documentation, exploration, découverte…)



    A relever que Marianne Lefebvre avait déjà publié un ouvrage intitulé "Géopolitique de la Corse. Le modèle républicain en question ", en avril 2000, chez L’Harmattan (compte d’édition ou compte d’auteur ?)



    Dernières réactions sur corsicapolar :

    Ugo
    :
    Les nombreuses et parfois vives réactions que suscitent les travaux de Marianne Lefèvre et Joseph Martinetti ne doivent pas, à mon avis, faire rejeter le bébé avec l'eau du bain, ni non plus encourager une tendance trop facilement répandue de défiance vis à vis des recherches en sciences sociales. Il me semble utile pour bien comprendre ce débat récurrent de savoir le situer.
    A cet effet, on lira avec grand intérêt les analyses de Christophe Roux sur la Corse au miroir des sciences sociales parues dans le N° 4 de la revue d'écologie politique EcoRev' à cette adresse:

    http://ecorev.free.fr/rev04/demo-roux.html

    Voir également les réflexions de Bernard Dreano dans la même revue sur le révélateur Corse à l'adresse ci-dessous:

    http://ecorev.free.fr/rev04/demo-dreano.html

    Elisabeth :

    Il ne s'agit pas de jeter le bébé, la savonnette et le gant de crin avec l'eau du bain et de crier haro sur tout ce qui est recherche en science sociale.
    Mais précisément, lorsqu'on me "vend" de la recherche, je suis en droit d'exiger qu'il s'agisse bel et bien de recherche. Et non d'un credo tout subjectif, émaillé de considérations telles que celle que j'ai pu relever et qui disqualifient le propos des auteurs. On ne peut étayer un travail sérieux sur des "il semble que chaque foyer…" Sauf à avoir mené une recherche sérieuse tendant à démontrer qu'en effet "chaque foyer"…
    Il y a toujours une part de subjectivité dans un travail, mais elle ne saurait se substituer à la rigueur.
    Au prétexte d'en finir avec des généralités sur "la" Corse ou "les" Corses, on réduit le champ de la généralisation à un groupe : "le" nationalisme, "les" nationalistes. C'est au fond aussi dangereux que les réflexes que l'on prétend dénoncer et combattre.
    J'ai été très étonnée, également, du sort expéditif et définitif fait à la revendication d'une corsisation des emplois, interprétée comme un des summums de l'ethnicisme nationaliste corse. Pour autant que je me souvienne, un syndicat comme le STC demandait simplement une priorité à l'emploi dans la région pour les gens vivant déjà dans cette région. Idée qui, mise en pratique ailleurs en France, suscita des commentaires élogieux, des retours de presse dithyrambiques.
    Doit-on comprendre que si l'on avait parlé de "valenciennisation" ou de "tourcoignisation" ou de "belfortisation" des emplois, l'initiative aurait été jugée pernicieuse, porteuse de relents suspects de communautarisme ? Ou qu'en Corse, la revendication de voir les recrutements concerner d'abord (à compétences égales s'entend) les habitants de la région ne saurait en aucun cas être admise comme elle peut l'être ailleurs car ici elle relève nécessairement d'un odieux communautarisme ?
    Au surplus, j'observe qu'au prétexte de fustiger les dangers du communautarisme, on a tôt fait de se congratuler en couronne, entre membres d'un même cercle étroit.

    Jean-Paul :

    Dans Nouvelle Acropole, association philosophique à vocation culturelle et sociale. Nous avons relevé des extraits d’un article en hommage à Léopold Senghor signé par une certaine Marianne Lefebvre
    " Pour Senghor "La Négritude est un fait, une culture. C’est l’ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d’Afrique et des minorités noires d’Amérique, d’Asie et d’Océanie. La Négritude est la conscience d’une histoire, d’une civilisation, d’une culture africaine, un combat politique contre le colonialisme et l’idéologie des races, une philosophie de la réconciliation de l’homme noir humilié et offensé avec lui-même. "
    " Le père de la francophonie : Senghor avait une passion extraordinaire pour la langue française qu’il adopta pour défendre la Négritude car pour lui, le français est de toute nécessité la langue d’expression de l’Universel, face à l’anglophonisation croissante de la culture de masse. Dans les années soixante, avec les présidents Hamani Diori (Niger) et Habib Bourguiba (Tunisie), Senghor promeut l’idée de la Francophonie, c’est-à-dire une communauté politique et culturelle des pays ayant la langue française en partage. En 1970 il crée l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (A.C.C.T.), ancêtre de l’actuelle Agence de la Francophonie. Il est le père de la francophonie. En 1984 il est la première personnalité noire à entrer à l’Académie Française. Léopold Sédar Senghor s’est éteint en 2001 à Verson en Normandie. "


    Commentaire : Il est honorable d’affirmer sa négritude ( donc sa corsitude ) mais à condition de le faire dans le cadre de la francophonie et d’accepter d’entrer à l’Académie française. Nous conseillons à Mme Lefebvre des ouvrages comme La Françafrique, le plus long scandale de la République (ISBN 2234049482) écrit par François-Xavier Verschave,

    Vous pouvez aller lire tous les comentaires sur le site corsicapolar:

    cliquer: http://www.corsicapolar.eu

    Pour ne pas conclure, car il y aurait tant à dire, nous posons les questions suivantes :
    1°/ Peut-on construire un discours scientifique uniquement à charge sur une seule pierre angulaire : le danger communautaire ? Géopolitique ou géomonolithisme ?
    2°/Est-il intellectuellement honnête d’utiliser les canaux scientifiques et philosophiques pour tomber dans un discours voisin de la propagande ?
    3°/La déontologie scientifique peut-elle permettre d’englober tout un peuple dans un réquisitoire anti-communautaire? S’agirait-il de racisme?
    4°/ Peut-on tancer les Corses d’avoir toujours eu un discours victimaire, que ce soit à l’époque de la domination génoise ou après avoir été achetés puis contraints par la France?
    5°/ Peut-on montrer du doigt un nationalisme au nom d’un autre nationalisme ?
    6°/ Marianne Lefebvre pose la question de la reconnaissance européenne des langues minoritaire en ces terme : Ce type de reconnaissance statutaire ne crée-t-il pas à son tour des communautés minoritaires sur le territoire de l’île de Corse ? Que devient la " langue des migrants ", exclue de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, dans un des territoires régionaux de France où vivent le plus d’étrangers ? Qui sont les migrants et dans quels sens , immigrants ou émigrants ?

    Commentaire : Marianne Lefebvre et Joseph Martinetti, bien que géographes, n’ont pas les qualités et la pluralité de compétences reconnues à Hérodote qui les a précédés en Corse. Ils ont retenu son précepte : « Une multitude est sans doute plus facile à leurrer qu'un seul homme.» mais ont oublié celui : « Ce sont les événements qui commandent aux hommes et non les hommes aux événements. »

    Les auteurs, malgré eux, ont ouvert un débat qu’ils ont enfermé dans une idéologie souverainiste. Tout cela ne doit pas détourner les Corses des questions qu’ils se posent à eux-mêmes comme, pour exemple:

    1°/Doit-on continuer à alimenter cette mythologie qui ne fait qu’enfoncer la Corse dans ses faux-semblants qui empêchent de voir au loin ?
    2°/Doit-on s’attacher aux voies et moyens d’un développement d’une terre dont on suppose qu’elle pourrait assurer sa subsistance sans aide ou sans subvention ?
    3°/Qu’attend-on vraiment ? L’indépendance ou des passe-droits ? Etre un peuple subventionné, est-ce là toute la fierté corse ? Et l’économie corse contemporaine peut-elle avoir d’autres ambitions et à quel prix ?
    4°/Loin des avenirs rêvés, pourra-t-on entrevoir les avenirs possibles ?
    5°/Pour finir de façon sartrienne : Les Corses veulent-ils être ? Comment veulent-ils être ?Jusqu’où peuvent-ils accepter d’aller, dès lors que prendre le large n’est pas un dû mais une conquête sur l’avenir ?

    Le liste n’est pas exhaustive et ce qui ont lu ou pas lu les propos de Marianne Lefebvre et de Joseph Martinetti peuvent en poser d’autres. Nous invitons cette géographe et son co-auteur Joseph Martinetti à y répondre dans les journaux et les lieux d’Internet de leur choix. Corse noire s’intéresse à tout ce qui touche à la Corse et aux Corses. Nous n’avons pas pour sujet la politique et ne sommes pas journalistes. Toutefois, nous avons relevé un passage sur le site Cozop. l’auteur est journaliste et son conseil vaut pour tous ceux qui écrivent des articles scientifiques ou pas.

    « Si vous lisez une lettre et que vous découvrez que l’auteur a « pioché» le matin, vous penserez peut-être qu’il a travaillé dans son jardin. Si vous savez que cet auteur est Flaubert, vous commencerez à douter du sens de « pioché ». Si vous êtes familier de Flaubert, vous saurez exactement ce qu’il entend par « pioché ».
    Je ne dis pas qu’il faut que tous les journalistes deviennent des auteurs mais je crois que nous ne devons pas perdre l’habitude de lire les auteurs. Je n’ai jamais rien appris d’important en lisant les journalistes mais des auteurs ont changé ma vie. On ne change pas la vie de quelqu’un avec du digeste, du parfaitement défini, de l’objectivité, du sans ambiguïté. » écrit par Thierry Crouzet.

    Intégralité de l’article à l’adresse :
    http://cozop.com/thierry_crouzet/information_irreductible




    Bonus: une carte d'Hérodote!




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  • Alain Robbe-Grillet, romancier et cinéaste, est mort. Selon l’AFP, il «est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 85 ans, a-t-on appris auprès de l'Académie française, où il avait été élu en mars 2004. Alain Robbe-Grillet est décédé au Centre hospitalier universitaire de Caen, où il avait été admis durant le week-end pour des problèmes cardiaques, a précisé l'Institut mémoire de l'édition contemporaine (IMEC), basé près de Caen, auquel l'écrivain avait cédé toutes ses archives… Son décès porte à sept, sur 40, le nombre de fauteuils vacants à l'Académie française.»

    Il est né le 18 août 1922 à Brest et décédé le 18 février 2008 à Caen à l'âge de 85 ans. Considéré comme le père du nouveau roman, il a été élu à l'Académie française le 25 mars 2004 sans être reçu. Son épouse est la romancière Catherine Robbe-Grillet.

    Robbe-Grillet s'illustre avec son premier grand roman Les Gommes, qui parait en 1953. Il travaille également pour le cinéma, notamment sur le scénario de L'Année dernière à Marienbad, réalisé par Alain Resnais en 1961.

    Je n'ai eu aucune "curiosité" pour Alain Robbe-Grillet et son goût pour regarder mûrir une banane trop longuement pour illustrer son angoisse devant le vieillissement et son explication pour avoir fait revivre un personnage mort dans l’un de ses films en disant qu'il s'agissait de fiction et que le mort était un acteur. Je n'ai pas lu son dernier livre "La reprise" qui reprend l'ensemble de son œuvre. J’avais commencé Les gommes, sans le finir. Il me reste quelques vagues souvenirs de "La  jalousie " que je n’ai pas envie de relire. Il y reprend une situation usée : le mari, la femme et l’amant. Le lecteur doit être actif, tenter de comprendre les non-dits. La description y perd sa fonction référentielle : elle n’a plus pour but de planter un décor, elle devient le reflet de la vision déformée d’un personnage déséquilibré et acquiert une fonction narrative. Le titre joue sur deux sens du mot «jalousie » : la jalousie d'un mari anonyme qui épie sa femme A... et l'ami qu'elle reçoit, Franck, selon lui son amant ; et la jalousie à travers laquelle il les observe dans cette maison coloniale.

    Extrait de « La jalousie » :

    « La tache commence par s'élargir, un des côtés se gonflant pour former une protubérance arrondie, plus grosse à elle seule que l'objet initial. Mais, quelques millimètres plus loin, ce ventre est transformé en une série de minces croissants concentriques, qui s'amenuisent pour n'être plus que des lignes, tandis que l'autre bord de la tache se rétracte en laissant derrière soi un appendice pédonculé. Celui-ci grossit à son tour, un instant ; puis tout s'efface d'un seul coup. Il n'y a plus, derrière la vitre, dans l'angle déterminé par le montant central et le petit bois, que la couleur beige-grisâtre de l'empierrement poussiéreux qui constitue le sol de la cour.
    Sur le mur d'en face, le mille-pattes est là, à son emplacement marqué, au beau milieu du panneau. Il s'est arrêté, petit trait obliqué long de dix centimètres, juste à la hauteur du regard, à mi-chemin entre l'arête de la plinthe (au seuil du couloir) et le coin du plafond. La bête est immobile. Seules ses antennes se couchent l'une après l'autre et se relèvent, dans un mouvement alterné, lent mais continu. A son extrémité postérieure, le développement considérable des pattes — de la dernière paire, surtout, qui dépasse en longueur les antennes — fait reconnaître sans ambiguïté la scutigère, dite «millepattes-araignée», ou encore «millepattes-minute » à cause d'une croyance indigène concernant la rapidité d'action de sa piqûre, prétendue mortelle. Cette espèce est en réalité peu venimeuse ; elle l'est beaucoup moins, en tout cas, que de nombreuses scolopendres fréquentes dans la région.
    Soudain la partie antérieure du corps se met en marche, exécutant une rotation sur place, qui incurve le trait sombre vers le bas du mur. Et aussitôt, sans avoir le temps d'aller plus loin, la bestiole choit sur le carrelage, se tordant encore à demi et crispant par degrés ses longues pattes, tandis que les mâchoires s'ouvrent et se ferment à toute vitesse autour de la bouche, à vide, dans un tremblement réflexe.
    Dix secondes plus tard, tout cela n'est plus qu'une bouillie rousse, où se mêlent des débris d'articles, méconnaissables. Mais sur le mur nu, au contraire, l'image de la scutigère écrasée se distingue parfaitement, inachevée mais sans bavure, reproduite avec la fidélité d'une planche anatomique où ne seraient figurés qu'une partie des éléments : une antenne, deux mandibules recourbées, la tête et le premier anneau, la moitié du second, quelques pattes de grande taille, etc...
    Le dessin semble indélébile. Il ne conserve aucun relief, aucune épaisseur de souillure séchée qui se détacherait sous l'ongle. Il se présente plutôt comme une encre brune imprégnant la couche superficielle de l'enduit. Un lavage du mur, d'autre part, n'est guère praticable. Cette peinture mate ne le supporterait sans doute pas, car elle est beaucoup plus fragile que la peinture vernie ordinaire, à l'huile de lin, qui existait auparavant dans la pièce. La meilleure solution consiste donc à employer la gomme, une gomme très dure à grain fin qui userait peu à peu la surface salie, la gomme pour machine à écrire, par exemple, qui se trouve dans le tiroir supérieur gauche du bureau… »

    Ce genre de littérature me laisse pantois... Alors j’ai retrouvé ce que m’en avait dit un ami féru de littérature et je vous livre son avis éclairé qui date d'avant la sortie du dernier roman de l'écrivain "Un roman sentimental" paru en 2007:

    Je n’ai pas vraiment aimé l’œuvre, c’est peu de le dire. Idem de Houellebecq, dont pourtant je retiens qu’il inflige à la littérature française une humiliation plus cuisante encore que celle que le Nouveau Roman voulait lui infliger. Il l’avilit, et ce n’est pas si mal…
    Je trouve Houellebecq plutôt ennuyeux (sauf " Les particules élémentaires" ). Je crois que la différence entre tous les deux, c'est que Robbe-Grillet écrivait avec ses fantasmes alors que Houellebecq écrit comme il vit. Par contre, j'ai pris du plaisir avec Proust et Balzac...
    J’ai préféré Claude Simon. Ses variations, ses miroitements, les retours, les brisures. Le tramway. Tardif. Abouti. Une langue somptueuse, impressionnante dans sa poétique. Justement : comment il tente de saisir l’écoulement du temps, la décomposition des corps, les vibrations du paysage. Bon, il y a tout le côté " laboratoire " qui est au fond un peu superficiel à la longue : les parenthèses, l’usage du participe présent (Butor), la désorganisation chronologique, etc. Mais surtout, ce que je retiens : des odeurs. L’affolement.
    Je ne suis pas certain de le suivre désormais quand il prône de façon presque militante, l’abandon des éléments traditionnels de l’écriture romanesque, depuis la conception du personnage à l’intrigue.
    Plus généralement, je dois avouer que de ceux qu’on nomme les auteurs du NR, j’ai surtout aimé Beckett, Sarraute, Pinget. La critique du réalisme littéraire, chez Beckett, prend une forme surprenante : son théâtre est plein d’images ancrées dans une gestuelle, une geste très matérielle. Et leur remise en question du vraisemblable, n’est au fond qu’une convention commode, comme une autre. Cela dit, les moyens mis en œuvre convergent, autrement, vers le même résultat : ils refusent de décrire, mais leur monde est très incarné. De la chair. C’est Beckett. Je m’inscrirai alors en faux de ce qu’affirmait Barthes, et son refus de " l’effet de réel ". Je pense au contraire que rien n’est plus fort, quand il est servi par une langue adéquate. Mais l’effet de réel, au fond, c’est dans la structure narrative qu’il faut aller le chercher. Un exemple idiot, simpliste, mais tout de même : c’est Proust inaugurant une réflexion sur le thème du temps, et commençant sa recherche par un adverbe de temps ( !) – longtemps, … C’est Proust encore, insérant dans son économie narrative, ces lacets, suscitant, je dirai, la propre rêverie du lecteur, comme si la narration n’avait là pas d’autre raison d’être que celle d’en appeler à cette rêverie intime, personnelle.
    Que l’écriture soit une aventure, ne permet pas de refuser l’intrigue. Le plus dur, c’est évidemment de faire de l’intrigue elle-même une aventure littéraire.
    Bon, c’est un peu court, mais là, je suis occupé… alors… j’ai fait vite !

    Bibliographie et filmographie d’Alain Robbe-grillet : 

    Romans
        * Un régicide (1949)
        * Les Gommes (1953)
        * Le Voyeur (1955) reçoit le Prix des Critiques
        * La Jalousie (1957)
        * Dans le labyrinthe (1959)
        * La Maison de rendez-vous (1965)
        * Projet pour une révolution à New York (1970)
        * Topologie d'une cité fantôme (1976)
        * Souvenirs du Triangle d'Or (1978)
        * Djinn (1981)
        * La Reprise (2001)
        * Un roman sentimental (2007)
    Nouvelles
        * Instantanés (1962)
    Essais
        * Pour un Nouveau Roman (1963)
        * Le Voyageur, essais et entretiens (2001)
    Fictions à caractère autobiographique
        * Le miroir qui revient (1985)
        * Angélique ou l'enchantement (1988)
        * Les Derniers Jours de Corinthe (1994)

    Filmographie:
        * 1961 : L'Année dernière à Marienbad, scénario et dialogues en collaboration
        * 1963 : L'Immortelle
        * 1966 : Trans-Europ-Express
        * 1968 : L'homme qui ment
        * 1971 : L'Eden et après
        * 1974 : Glissements progressifs du plaisir
        * 1975 : Le Jeu avec le feu
        * 1983 : La Belle Captive, avec Daniel Mesguich, Gabrielle Lazure, Cyrielle Claire, Daniel Emilfork, Roland Dubillard, François Chaumette
        * 1995 : Un bruit qui rend fou
        * 2006 : C'est Gradiva qui vous appelle











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  • Avis de recherche :
    Qui était Max Roussel, auteur du « Festin des charognes » ?

    J’aime bien farfouiller dans la mezzanine de la librairie Le Ferry Book ( 6 rue Edmond Rostand 13006 Marseille), là où Thierry, le libraire, aligne les vieux romans noirs et policiers. Je suis toujours sûr d’en trouver un chargé de mystères…




    La dernière fois que j’ai fait une descente… non ! Plutôt une montée dans la mezzanine et le temps, j’ai dégoté un format livre de poche avec une couverture noire éclaboussée par une large tâche de sang contenant non pas de l’hémoglobine mais le titre provocateur " Le Festin des charognes " aux Editions du Scorpion ( achevé d’imprimer le 30/10/1949)… Seul le nom de l’auteur était rassurant : Max Roussel.
     
    Aucune biographie n’était mentionnée. Les pages avaient jauni et sur les premières, en guise de bibliographie, un seul livre " en préparation " avec un titre " Nous ne crevons pas comme les autres ".

    En exergue, une citation de Beaudelaire " O Mort, vieux capitaine, il est temps, levons l’ancre. Ce pays nous ennuie, O Mort, appareillons ! " suivi d’un court texte en italique  dont nous vous livrons le début: "  C’était la grande nuit des Ruines. Le Cimetière sans clôture et sans horizon des vivants terrorisés, volé au Cimetière sans sépulture et sans croix des morts terrorisés. L’immense tombeau anonyme du Silence et de la Peur, refermé le jour sur la désespérance des crève-faim en haillons. Ceux-là mêmes qui re(s)surgissaient ( avec deux « s » dans le texte) à l’heure des Ténèbres, vampires avides de sang pour que cogne leur cœur. Tout ce qui demeurait d’un peuple qui avait clamé des révoltes et des vengeances, des libertés et des destins resplendissants, pour crouler au vacarme du Feu et du Fer. Hors-la-loi sans gîte, sans pain, et sans Dieu, terrés dans les fonds enténébrés des monstrueuses hécatombes puant toujours les cadavres déchiquetés… ", et qui se termine par : (…NE SONT PAS MORTS TOUS LES SADIQUES.)

    Je n’ai trouvé aucune trace du livre annoncé mais , en faisant les recherches, j’ai débusqué un roman précédent paru en 1948 : " Ne Sont Pas Morts Tous Les Sadiques. " écrit par Roussel Max qui l’avait signé avec un pseudo " Ernst Ratno " aux Editions Fournier Valdès. L’utilisation du pseudo expliquait que ce précédent roman dont l’extrait est repris dans " Festin de charognes ", ne figurait pas dans le rappel bibliographique annonçant un seul livre à paraître.

    Je remontai un peu plus dans le temps et je trouvai trois autres ouvrages signés par Max Roussel :
    - 1938 L'auberge Des Angoisses - Roussel, Max – Editions Offenstadt Et Spe.
    - 1939 Oubert (Georges) et Max Roussel. La Monstrueuse affaire Weidmann. Histoire sociale. Chez Denoël.
    - 1941 Je Reviens D'angleterre Roussel Max – Editions Fournier.

    Piqué dans ma curiosité, je me plongeai dans la lecture de ce roman... Le titre " Le Festin des charognes " est morbide. La citation de Baudelaire confirme la noirceur du récit. Dès les premières pages, j’étais servi par un huis-clos hospitalier ( au sens d’hospitalisation ) de chairs en putréfaction, presque mortes, et de pourrissements intérieurs nauséabonds dont la présence obsessionnelle se rapprochait des films de Lucio Fulci* . Une putréfaction, donc, qui rongent aussi les âmes mourantes d’une horde de " hors-la-loi sans gîte, sans pain, et sans Dieu, terrés dans les fonds enténébrés des monstrueuses hécatombes puant toujours les cadavres déchiquetés ".

    L’auteur ne donne pas de noms aux lieux et ne fournit aucune date. On devine que les faits se déroulent dans une ville allemande en fin de Troisième Reich. Les personnages ont des prénoms allemands.  Le premier et le principal, Siegfried, est dans un hôpital qui aurait pu être mais n’est pas celui " de front de guerre abritant toujours, l’atroce souffrance de ses entrailles d’homme, déchiquetées par un éclat d’obus". On apprendra plus loin qu’il a participé à la bataille de Stalingrad. Dans cet hôpital il n’y a des cancéreux, phtisiques et autres agonisants. Le décor de ce lieu de mort est poisseux, désespérant . La vie y est représentée par Hilda, une belle infirmière rousse, un gamin de douze ans guéri et deux ombres d’homosexuels qui font grincer le lit vers 3 heures du matin. Lorsque Siegfried quitte l’hôpital, le gamin s’est pendu et la belle infirmière au parfum d’héliotrope avec qui il avait des rendez-vous galants nocturnes a été réduite en bouillie par un autobus. Il rejoint d’autres chairs malades et puantes, celles de sa bande de miséreux… une cour des miracles sans miracles car engluée dans un destin de charognes qui font des festins de charognes. Siegfried vole et tue… Son hospitalisation était due à une agression ratée et sa victime l’avait mis chaos avant qu’il ne soit transporté par des " shupos* " sur une civière… Les horreurs décrites (amputations, cannibalisme, orgies sataniques sanglantes etc.) sont répugnantes mais, réflexion faite, en dessous de celle de l'Allemagne hitlérienne… L’auteur nous décrit un enfer miséreux où Thanatos et Eros sont des monstres de cruauté et il écrit en gros à la page 65 :  «  car, je vous le dis, en vérité : au fond des tanières creusées sous des mondes écroulés, là même se consomment aussi dans les nuits de meurtres, les festins humains…»

    Le titre « Le festin des charognes » ? C'est un exemple remarquable de ce que l'on nomme aujourd'hui, en franco-anglais, littérature trash, soit un roman accumulant à l'extrême abominations et incongruités diverses pour appâter un chaland dépourvu de goût mais amateur de transgressions, vite écrit et non relu, sauf que ce Festin est un précurseur, et qu'il n'est pas l'œuvre des habituels analphabètes œuvrant dans le genre. Lorsque l’on revient à la date de parution 1949 , on se dit que ce livre n’avait pas pu échapper à la censure et que l’auteur risquait même des poursuites pénales. Sans doute, était-il vendu sous le manteau.
    Nous avons relevé un passage significatif du contexte social d’après-guerre. Siegfried vient de sortir de l’hôpital misérable et affamé. Il s’arrête derrière la vitre d’un restaurant… « Dans le halo de lumière électrique qu’on avait dû faire jouer tant le jour était sombre, et qui inondait la salle du restaurant privé, ils étaient tous là, les salauds, tassés bedaines contre bedaines, gueules à triple menton élargies d’un sourire béat, graisse fondante de quiétude dans la douce chaleur des poêles rougis. Ils étaient tous là, corbeaux aux vols croassants qui s’étaient rabattus au lendemain de la défaite sur les jeunesses agonisantes dont ils continuaient de sucer ce qui pouvait encore rester de moelle, trafiquants de filles et de garçons, de misères et de détresses, prêts déjà pour d’autres hécatombes de l’horreur, pour d’autres carnages immondes, pour d’autres destins crucifiés. »

    L'auteur ? Qui est-il ? Sur Google, on découvre que ce Festin a toujours des admirateurs fervents mais on ne trouve aucune information biographique sur Max Roussel.



    En 1998, il y a eu une réédition du Festin des charognes (Collection Les Anges du Bizarre) - Préface de Jehan Van langhenhoven - 160 pages - ISBN-10 2-251-82001-9 - ISBN-13 978-2-251-82001-9 - Prix 5,95 €.
    Sur le site Les belles lettres, on apprend l’existence d’une ancienne coupure de France-Soir (ou Franc-Tireur ?) relatant la convocation par la police de Max Roussel – sans autre indication – et son incarcération (durant quinze jours… L'article étant imprécis) pour outrage aux bonnes mœurs. Dans sa préface (de 1998), Jehan van Langenhoven en dit un peu plus : Max Roussel (est-ce le même ?) publia en 1941 un récit collaborationniste, puis adapta ou traduisit en 1948 un roman intitulé " Ne sont pas morts tous les Sadiques " attribué à un déserteur allemand anarchiste appelé Ernst Ratno, ce qui peut n'être qu'un pseudonyme de Roussel, lui-même pseudonyme de …? Mystère et boule de gomme.

    Nous avons glané sur le Net les références de cet autre ouvrage : Ratno, Ernst [Lévy, Ernest], " Ne sont pas morts tous les sadiques ", traduit et adapté de l'allemand par Max Roussel, En souvenir d'Isidore Liseux. Les prénoms et les noms s’ajoutent : qui est Rano, Ernst ? Qui est Ernst Levy ? Qui est Isidore Lisieux ? Qui est Max Roussel ?…

    En souvenir d'Isidore Liseux* était le nom d'une édition clandestine, attribuée à Éric Losfeld, qui se veut un hommage au célèbre éditeur de curiosa du XIXe siècle : Isidore Liseux. Ses publications, qui sont souvent antidatées 1924, ont été faites entre 1945 et 1960 et étaient vendues sous le manteau.

    Isidore Liseux, prêtre défroqué devenu éditeur de curiosa ( terme pudique pour les ouvrages érotiques), a traduit la première version française du Kama Sutra en 1880. Il  a  aussi traduit, en 1881, un texte de 1658 en latin " Aloisiae Sigeae Toletanae satyra sotadica de Arcanis Amoris et Veneris ", soit " Les Dialogues de Luisa Sigea ou Satire sotadique de Nicolas Chorier... édition mixte franco-latine, Paris, Isidore Liseux, 4 vol en bonne place dans les bibliothèques au rayon " Libertinage, libre pensée, irréligion, athéisme, anticléricalisme ". Nous avons trouvé un autre titre traduit par lui en 1883 : Sinistrati d'Ameno , Père Luigi Maria, De la sodomie, et particulièrement de la sodomie des femmes distinguée du tribadisme , trad. du latin d'après le manuscrit original par Isidore Liseux.  Isidore Liseux était donc un spécialiste des traductions de textes qui sont entrés aux enfers de la bibliothèque nationale française.

    Le cinéaste Jean Rollin* dirigea la collection " Les anges du bizarre " dans laquelle Le festin des charognes (réédition 1998) était le premier des quatre volumes. Les autres titres sont : Salauds, thriller écrit par Anita Grey, Mon âme est une porcherie écrit par Anne Duguël, Dans mon dedans écrit par Sandra Vo-Anh et Enfer privé écrit par Jean Rollin lui-même, avec une préface de son actrice préférée Brigitte Lahaye. Jean Rollin a réalisé des long-métrages oniriques mêlant érotisme et vampirisme.

    Le festin des charognes et les romans de la collection " Les anges bizarres " sont recommandés par Michel Desgranges sur le site " Les belles lettres ". Nous avons relevé un extrait de ce qu’il en dit :

    " Je ne suis pas dupe : les livres publiés dans Les anges du bizarre ne sont pas de bons romans selon des critères pour moi évidents, et je sais que Roussel n'est pas Céline, ni Anita Gey Faulkner (etc.), mais ce sont des romans qui ont la force du cri, cri d'un désespoir absolu face à l'absurdité de la condition humaine, cri qui ne peut se faire entendre qu'en brisant toutes convenances sociales et morales ; je sais aussi que crier ne suffit pas pour faire un véritable écrivain, mais je sais aussi qu'un auteur qui n'a rien à crier, rien qui ne le dévore authentiquement, ne sera jamais un écrivain.
    Mon intention première, en rédigeant cette chronique, était de me confronter à ce vieil adversaire, qui toujours me fascine, le relativisme culturel (dont nous savons qu'il débouche sur un nihilisme radical), mais j'ai avec lui trop de comptes à régler, et de positions à nuancer, pour le faire dans l'espace que je m'octroie et donc, je me contenterai aujourd'hui, par commodité (pour la conviction, nous verrons une autre fois) de la hiérarchie qualitative : les romanciers que j'ai cités ne sont ni Balzac ni Dostoïevski, ils leur sont mêmes extrêmement inférieurs, et de surcroît ils sont vulgaires et sans style – ce sont donc des romans situés tout au bas de l'échelle de la littérature (et même en dehors) qu'ici je recommande.
    "

    Max Roussel a écrit quelques autres ouvrages que " Festin de charognes ", sans constituer une œuvre et vraisemblablement ne vivait pas de sa production littéraire. A la lecture de son roman " Le festin des charognes " et au vu des quelques éléments recueillis (comme sa convocation de police pour outrage aux bonnes mœurs ou la dédicace d’un de ses éditeurs à Isidore Liseux), l’énigmatique auteur apparaît comme un libertaire anticlérical, antibourgeois et pacifiste d’origine allemande. Même si cet ouvrage noir et provocateur semble avoir été écrit rapidement avec quelques fautes dont certaines sont peut-être dues à un bilinguisme, l’ouvrage est certainement l’œuvre d’un intellectuel.

    Il nous est alors venu à l’idée que, pour user d’un pseudo dans une œuvre littéraire marginale, l’homme devait être connu peut-être dans un autre secteur de la culture. Aurait-il était anarchiste, dadaiste ou  surréaliste ? Nous avons alors intuitivement pensé au peintre Max Ernst ? Ernst Levy… Max Roussel ?… Max Ernst côtoyait les écrivains surréalistes comme Paul Éluard et André Breton. Il a faire partie du mouvement Dada et était d’origine allemande. Il a même fait la guerre du côté allemand. Une idée sans doute farfelue mais à gratter si cela vous amuse… Peut-être qu’au bout de fausses pistes, quelqu’un dira qui était Max Roussel ?


    NOTES :



    Lucio Fulci*
    est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né le 17 juin 1927 à Rome, et décédé le 13 mars 1996 à Rome (Italie). Dans notre comparaison avec Max Roussel, nous pensons à  L’aldila (1981 : L’Au-delà, sorte de long poème gore, baroque et onirique faisant référence au surréalisme, demeure objectivement le point d'orgue de la filmographie de Lucio Fulci) et La paura (1980 : Frayeurs - situé Chronologiquement entre L'Enfer des zombies (Zombi II) et L'Au-delà, Frayeurs est le second opus "Zombiesque" de Lucio Fulci. Avec une réalisation sèche et une photographie blafarde, Fulci signe ici l'œuvre la plus déprimante et la moins "poétique" de ses productions gore.).
    La carrière cinématographique de Lucio Fulci s’étend sur plus de quarante ans. Il a débuté comme assistant réalisateur et scénariste dans les années 50, avant de passer à la réalisation. En tant que cinéaste, il a abordé presque tous les genres, de la comédie à l’horreur en passant par le giallo ou le porno soft. Fan d’Hitchcock, il s’est amusé lui aussi à apparaître dans ses propres films jusqu'à tenir le rôle principal de Nightmare Concert. Il a également occupé des postes dans la production même s’il n’a pas persisté dans cette voie…
     Site :  http://www.luciofulci.fr/



    Jean rollin* est né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine en France. Sa première expérience avec l’image date de son service militaire, où il apprit les règles élémentaires du montage en travaillant sur des films de recrutement. Assistant à la réalisation de films techniques et d'animation aux Films Saturne (1955), puis stagiaire aux laboratoires CTM (1956), assistant monteur dans une maison de presse filmée (1957-58), Jean Rollin tourne en 1958 un court métrage de 12 minutes en noir et blanc, Les Amours Jaunes, inspiré d’un poème de Tristan Corbière. Il est pratiquement impossible de se procurer les premières œuvres de Jean Rollin, il en est de même pour Ciel de Cuivre (1959). Sa première tentative de long métrage s’intitulait L'itinéraire Marin (1963). Cependant, à cause d’un manque de fonds et de la mort de l’acteur principal, le film n’a jamais été terminé.
    Réalisateur, scénariste, producteur ou acteur, il est une icône du cinéma fantastique. Ses premiers longs-métrages sortent en 68, ce sont à peu près les seuls en salle à cause des "événements" et provoquent presque des émeutes dans le public, pas du tout habitué à ce genre de films. Son œuvre traite essentiellement de la figure du vampire et se distingue par un rythme souvent lent et ethéré, ainsi que par un érotisme diffus. Par ailleurs, il a signé dans les années 70 et 80 de nombreux films pornographiques sous son nom ou sous les pseudonymes de Michel Gentil, Michel Gand, Michael Gentle et Robert Xavier. Il a également tourné en tant que comédien dans de nombreux films de Norbert Moutier.
    Site : http://www.yataaaa.com/cinema-des-vampires/realisateurs/jean-rollin.php

    Shupos* : Ce sont des policiers allemands…

    « A Berlin, les schupos portaient une sorte de képi, également en cuir bouilli, qui leur moulait le bulbe du crâne au-dessus de leur nuque rose et rasée. C'est une coiffure d'un effet particulièrement pénible. Mais toutes ces polices ne sont pas très dangereuses pour vous si vous êtes étranger, à condition qu'on ne vous soupçonne pas de faire de la politique et que vous ayez de l'argent à dépenser »  extrait de « La corse raide » écrit par Claude Simon Editions Le Sagittaire, 1947 .

    « Au matin, très tôt, on nous réveille et nous nous rangeons aussitôt par rangs de cinq. Dans la cour sont rangées deux voitures pleines de boules de pain. Une boule et 400 grammes de saucisson à chacun. C'est magnifique, mais pour combien de jours ? Généralement on compte trois jours de voyage. Certains engloutissent déjà ces victuailles. Peu après, un colis Croix-Rouge pour cinq : cela nous donne à chacun, deux biscuits Rogeron, une barre de chocolat, une poignée de sucre et quelques bananes séchées. En quelques minutes c'est expédié. Puis arrive une section de "Schupos" (Police de Sécurité). Ils nous encadrent et c'est le départ. Nous entonnons La Marseillaise en passant dans le quartier des Américains; ceux qui sont levés se mettent aux fenêtres et jettent cigarettes et conserves.
    Un "Schupo" est près de moi. Je le regarde avec un sourire, pour lui montrer que nous n'avons pas peur et que nous abordons l'Inconnu avec résolution. Lui me rend un sourire brouillé de larmes. J'en suis remué malgré moi. Je comprends maintenant les pensées qui l'animaient alors. Il voit toute cette jeunesse rieuse et chantante s'acheminer vers la mort infecte des camps nazis. Il pense que tous ces visages qu'un feu intérieur illumine, ne seront bientôt plus que des masques tragiques rendus méconnaissables par la souffrance.
    » Extrait de Pour délit d'espérance Buchenwald, Peenemünde, Dora, Belsen GUERRE 1939 – 1945, écrit par Michel Fliecx.

    En souvenir d’Isidore Liseux* , éditeur clandestin dont nous avons retrouvé la liste de quelques publications :

    Apollinaire, Guillaume, Poésies libres. Cortège priapique - Julie ou la rose - Le Verger des amours, En souvenir d'Isidore Liseux, s.d.
    Érotin, Nos petites pensionnaires. En pension, En souvenir d'Isidore Liseux, 1954.
    Ratno, Ernst [Lévy, Ernest], Ne sont pas morts tous les sadiques, traduit et adapté de l'allemand par Max Roussel, En souvenir d'Isidore Liseux, 1924 [1945 ?].
    Saint-Luc, Vicomtesse de, Fleurs de chair, En souvenir d'Isidore Liseux, Montréal, (Socièté des Bibliophiles de Montréal), tirage à 300 exemplaires, 1950. 12 illustrations. Publié précédemment sous la mention : Montréal [Amsterdam], Le Baucher [Brancart], 1893.
    X, Le Chevalier de [ Dumarchey, Pierre ], Georget : femmes du monde, 1er et seul volume publié de la trilogie Femmes du monde et sang bleu, En souvenir d'Isidore Liseux, [1908], 195X.
    XXX, Amours secrètes d'un gentleman, En souvenir d'Isidore Liseux, 1924 [v. 1954]. Précédemment publié sous le pseudonyme de Charles Sackeville avec la mention : À Londres [Paris], Pour les Bibliophiles Cosmopolites [ Maurice Duflou ], s.d. [v. 1936.] Traduction française de The New Epicurean (1865) attribué à Edward Sellon.
    XXX, Lucette, En souvenir d'Isidore Liseux, 1924 [195X].
    XXX, Le Sérail Royal, En souvenir d'Isidore Liseux, s.d.



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  • Le Polar au féminin:

    Après les Anglo-Saxonnes, les Françaises ont investi le polar… La police n’est plus un métier d’homme et le cercle des polardeux n’est plus une confrérie masculine. Les héros durs à cuire n’ont pas résisté à des femmes qui sont sorties depuis longtemps de leurs cuisines pour investir les chapelles de la Noire. Les polardeuses bousculent les caciques sur les listes des meilleures ventes, et elles n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour mijoter des intrigues, croquer des antihéros plus noirs que noirs.

    Chez les Anglo-saxons, Agatha Christie s’était mise à l'heure du suspense qui se déguste comme une tasse de thé. Par la suite d’autres ont détrôné leurs homologues masculins. On peut citer les plus connues Ruth Rendell, Sue Grafton, Sara Paretsky ou Patricia Cornwell.

    En France, les polardeuses ont émergé plus récemment et ont, pour la plupart, préféré le roman noir plutôt que celui à énigme. Elles ont fait le choix du réel quotidien avec ses galères et ses galériens, en dehors de tout manichéisme.

    "Attention, s'exclamait François Guérif, éditeur de Rivages/Noir, les femmes ont toujours été dans le polar. Même en France. Prenez Janine Oriano, Noëlle Loriot, Hélène de Monaghan. Méfiez-vous des généralités. Il s'agit peut-être simplement de rattraper un certain retard sur le reste du monde." Et il fait bien de le rappeler. Lauréates de différents prix, elles viennent de remporter celui donné par la SNCF qui a primé Gilda Piersanti et Catherine Fradier.

    Les femmes représentent depuis de nombreuses années la majorité des lectrices de polars que ce soit dans les pays anglo-saxons ou en France. Elles ont refusé tous les tabous et dans cette révolte féministe, des écrivaines ont proposé leurs manuscrits à des collections policières et noires.

    En 1992, pour démentir une réputation de Macho, Patrick Raynal, directeur de la célèbre collection Série noire, disait "On me traitait de macho", et réclamait des textes de femmes pour la Série noire. Il publiera des inconnues, Pascale Fonteneau et Alix de Saint-André.

    Aujourd’hui, il n’y a pas un salon du polar où les femmes ne soient pas présentes. On les trouve chez la plupart des éditeurs ayant une collection noire dont elles ont parfois fait le succès. Virginie Despentes, avec Baise-moi et Les chiennes savantes, a comblé de joie son éditeur Florent Massot. Elle ne fait pas dans la dentelle avec des polars où le sexe et la violence sont bien présents.

    L'éditrice Viviane Hamy a créé la collection policière "Chemins nocturnes" en publiant coup sur coup Estelle Monbrun et son Meurtre chez tante Léonie - un hommage proustien -, Maud Tabachnik et Fred Vargas.

    Fred Vargas vend ses romans à 15 000 exemplaires, dépassant le tirage moyen d'un polar (5 000 exemplaires environ). Fred Vargas, archéologue de profession, aime regarder autour d'elle, se promener la nuit dans Paris et en raconter les quartiers et les rues, prendre le temps de douter, de choisir des indices impossibles et des héros qui n'ont rien à faire là. Mais c'est précisément en mêlant une intrigue subtile, une écriture tantôt humoristique, tantôt cérébrale, et des personnages insolites et tristes qu'elle crée son monde, celui d'un roman noir poétique et roué.

    L'éditeur Baleine, avec ses deux collections policières, "Le Poulpe" et "Canaille Revolver" propose à des femmes de la Série noire (Pascale Fonteneau et Sylvie Granotier) d'écrire des "Cheryl". Cheryl est une shampouineuse activiste, banlieusarde au cœur chaud. Dans la toute jeune collection "Canaille Revolver", avec Jean-Jacques Reboux pour éditeur, on trouve Emma Christa avec les aventures de Gay Pride, et Anne Matalon, qui rejoue à sa manière les Dix petits nègres sur de jeunes cadres expédiés dans un stage de survie.

    Les femmes sont donc arrivées de partout dans le monde du polar français où elles sont consacrées par des prix littéraires… Aujourd’hui la liste est longue ces femmes du polar…

    Un site leur est dédié à l’adresse : http://www.polarfeminin.com/







    Le devenu prestigieux prix SNCF 2007 a été attribué, en février 2008,  à deux femmes : Catherine Fradier et Gilda Piersanti. Créé en 2000, le Prix SNCF du polar est devenu le premier prix de lecteurs en France, avec 2000 inscrits et 12 comités de lecture dans toute la France. Il récompense chaque année les nouveaux talents du roman policier, français et européens. En 2007, la 7e édition a consacré Franck Thilliez avec La Chambre des morts – ainsi que l’Anglais Colin Cotterill, auteur du Déjeuner du coroner.

    Site du prix SNCF : http://www.polar.sncf.com/polar/sections/public




    LES LAUREATES de la 8ème édition :



    Gilda Piersanti :

    Son roman Bleu Catacombes, troisième tome de la tétralogie de saisons meurtrières, est le volet d'un premier cycle avec des personnages récurrents dans quatre histoires qui peuvent se lire dans n’importe quel ordre et dont l’héroïne est une femme-flic, Mariella de Luca. Elle n’est pas un personnage particulièrement sympathique et se montre même d’un tempérament rugueux. On ne peut dire d’elle qu’elle avance dans ses enquêtes comme un fin limier de la Police judiciaire. Elle fonctionne par affinités émotionnelles avec les suspects. Elle veut tout savoir de leur vie et tout comprendre de leurs actes. Elle les sonde jusqu’au plus profond d’eux-mêmes en y cherchant aussi la part de l’autre qu’elle a en elle. C’est un personnage complexe dans sa vie intime comme dans son métier. Elle porte un passé douloureux qui pourrait expliquer son cheminement intellectuel dans des intrigues qui sont aussi pour elle une quête existentielle.


    Résumé de Bleu catacombes :
    Eté 2003, en pleine canicule, les catacombes romaines battent tous les records de fréquentation... jusqu'à ce qu'un groupe de visiteurs réfugié dans ces chambres froides d'un genre nouveau tombe nez à nez avec une tête coupée. L'inspecteur principal Mariella De Luca se voit rapidement contrainte d'interrompre son idylle amoureuse en bord de mer. D'autant que les catacombes ne sont pas les seules à faire perdre la tête aux Romains... L'enquête vient à peine de débuter que déjà les décapitations se multiplient.

    Avis de Fanny Dutriez
    Gilda Piersanti est de ses écrivains ingénieux, connaissant les ressorts qui transforment un lecteur en un véritable aficionados. Il suffit donc d’une héroïne, qu’on imagine jeune, belle et mystérieuse, et qui enquête sur des têtes coupées retrouvées ça et là dans les catacombes romaines. Elle est évidemment bien entourée : une coéquipière lesbienne, un petit ami - beau, intelligent et prévenant - et surtout un patron protecteur comme un père. Après un tel portrait, il est quasiment impossible de ne pas s’attacher à l’inspecteur Mariella De Luca. A la fois vive, têtue mais aussi timide, elle incarne avec brio et retenu une véritable femme moderne comme on les aime.
    Seulement un seul personnage ne peut porter seule le poids de 300 pages et ça, Gilda Piersanti l’a bien compris. C’est avec une dextérité digne des plus grands qu’elle livre à ses lecteurs une histoire où les secrets sont omniprésents, sans pour autant être extravagants. Alternant avec génie les pauses et les rebondissements, elle ne laisse aucune place à la spéculation, tant son intrigue est bien ficelée. Un récit plus que vivant où l’on décèle comme une pointe de douce léthargie dès que l’auteur s’intéresse à Mariella, alors qu’un sentiment distant et froid s’empare des pages à chaque scène de meurtre. C’est un peu comme si l’auteur avait eu envie de partager la douceur de vivre si spécifique à l’Italie.
    Un polar réussi donc, qui ne lasse pas et laisse même, la dernière page tournée, un sentiment d’abandon chez le lecteur. Difficile de reposer ‘Bleu Catacombes’ tant on voudrait lire rapidement d’autres aventures de l’inspecteur Mariella De Luca. On serait même prêt à prendre quelques jours en Italie, juste pour ça.

    Mini biographie :
    Née en Italie, elle a grandi à Rome et nourri une passion précoce pour la Ville éternelle. Rappelons qu’elle a écrit notamment un polar intitulé "  Paris-Rome ". Après une année à l’école d'Architecture de Rome, elle obtient son doctorat en Philosophie avec une thèse sur l'esthétique de Baudelaire. Elle a été commissaire de deux expositions sur deux artistes que Baudelaire chérissait : Constantin Guys et Charles Meryon. Elle a fait de nombreux travaux de traduction (poésie érotiques de Verlaine, Le Peintre de la Vie Moderne de Baudelaire, L'Ensorcelée de Barbey d'Aurevilly, Les Morts Bizarres de Richepin) avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Elle écrit de la Noire et explique que " Le choix du genre (le polar) ne s'est pas imposé à moi tout de suite, mais le goût pour le roman noir a toujours été chez moi très prononcé. Les lectures précoces de Dostoïevski ne sont pas étrangères à mon penchant pour l'analyse du Mal ".

    Son site à l’adresse : http://gildapiersanti.new.fr/



    Catherine Fradier :

    Le mélange de fiction et de réalité du septième roman de Catherine Fradier, Camino 999, publié en mars dernier par Jean-Jacques Reboux aux éditions " Après la lune " a été  attaqué en justice par la Prélature de l'Opus Dei. En mai dernier, institution de l’église catholique a assigné en justice l'éditeur et l'auteure en réclamant 30.000 € de dommages et intérêts, 5.000 € au titre de l'article 700 du Nouveau Code Pénal, ainsi que la publication d'un communiqué, dans un journal choisi par le plaignant, dans la limite de 15.000 €. Cette actualité judiciaire a été révélée par le journaliste Hubert Arthus dans le site Rue89. Catherine Fradier et son éditeur ont reçu un large soutien chez les polardeux et le lectorat. Elle était invité au Festival du polar corse et méditerranéen qui s’est tenu à Ajaccio en juillet 2007. Elle a déjà obtenu le grand prix de la littérature policière et prix Sang d’encre 2006.



    L’objet du délit : Le roman " Camino 999 " - Editeur : Apres La Lune, Collection : Lunes Blafardes – 2007.
    Carla Montalban, chef de groupe de la Brigade criminelle de Lyon, enquête sur des meurtres qui semblent impliquer sa propre famille, étroitement liée à l’Opus Dei. Ses investigations vont la conduire au cœur de l’affaire Matesa, le scandale politico-financier espagnol qui éclaboussa les Giscard d’Estaing dans les années 70, au temps des Républicains Indépendants et de l’assassinat du député Jean de Broglie. De Lyon à l’Irlande en passant par l’Argentine, Camino 999 décrypte les relations troubles entre le pouvoir et l’argent au sein de la Santa Mafia, bras armé du Vatican.
    Le 21 novembre 2007, les magistrats de la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris ont tranché. L’assignation en diffamation déposée  le 31 mai dernier par l’Opus Dei contre Catherine Fradier et Jean-Jacques Reboux, auteure et éditeur de Camino 999, a été déclarée nulle. La Justice s’est prononcée en sa faveur ainsi que les critiques littéraires, les lecteurs et les jurés du Prix SNCF dans sa 8ème édition.

    Mini biographie :
    Catherine Fradier a été successivement réceptionniste, barmaid, fonctionnaire de police, agent de sécurité, commerciale, propriétaire d’un bar-restaurant dans le Vercors, assistante administrative, surveillante de nuit, VRP dans l’édition pour la jeunesse. Et, dernier job en date, caissière dans une station-service sur l’A49 d’où elle s’est enfuie (on la recherche encore…). Devenue complètement inadaptée au travail salarial, a décidé de ne se consacrer qu’à ce qu’elle aimait faire, à savoir l’animation d’ateliers d’écriture, l’écriture de romans policiers, de scénarios de courts et de longs métrages. Elle vit à Chabeuil, en Drôme. En 2007 , elle a participé à un recueil de nouvelles " La France d’après… " Elle est aussi scénariste de films et a travaillé avec Jean-Pierre Girardot, réalisateurs de courts métrages. Elle a publié sept romans, parmi lesquels Les Carnassières (Baleine), Un Poison nommé Rwanda (Le Poulpe) ou La Colère des enfants déchus (Après la Lune).

    Pour plus : http://auteurs.arald.org/biogr/Fradier1958.html




    DES AUTEURES CORSES:

    En Corse, les écrivaines ne sont pas restées en dehors de l’évolution générale. Dans les années 1990, Elisabeth Milleliri, jeune journaliste,  a débuté dans une collection Misteri des Editions Méditorial qui ont édité des auteurs comme Philippe Carrèse et François Thomazeau. Ses deux romans ont eu un réel succès et elle a été lauréate du prix  calibre 38 en 1994. Elle est toujours journaliste et devrait revenir à la Noire avec de nouveaux récits. Après elles, d’autres y ont rencontré également du succés comme Arlette Shleifer, Daniele Piani et Marie-Hélène Ferrari. Toutes les quatre font partie de l’association Corsicapolar qui organise le festival du polar corse et méditerranéen à Ajaccio dont la deuxième édition est prévue  du 4 au 6 juillet prochains.

    Adresse de Corsicapolar: http://www.corsicapolar.eu




     
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