• J.L LUCIANI , auteur de romans juniors et de polars :

    Jean-Claude Izzo a ouvert la voie du polar marseillais et la grande voie de Marseille, c’est la Canebière, une avenue qui, à elle seule, symbolise le polar marseillais. Comme elle, il se jette dans la Méditerranée et nous embarque sur le ferry boat pour des voyages dans les îles lointaines de l’imaginaire. Jean-Luc Luciani a d’abord embarqué sur le grand paquebot de l’Education nationale. Il fait aussi naviguer les juniors sur les esquifs littéraires qu’il leur destine. Il est, depuis 2004, le capitaine de la collection Cannelle. Aujourd’hui, il affronte des tempêtes fictionnelles sur le radeau de la méduse, celui des polardeux marseillais avec des recueils collectifs de nouvelles et des polars.

    Comme d’autres auteurs, qui sont devenus des caciques, et à 45 ans, Jean-Luc Luciani a déjà plusieurs vies professionnelles et littéraires. Les quartiers Nord de Marseille, où il est né et où il vit aujourd’hui, ses voyages, ses jobs successifs, ses réussites et ses échecs ont façonné son humanisme. Il a d’abord trouvé le regard des enfants avant celui des adultes. Il a intitulé son site " Au jour le jour ". En 1983, Il avait créé une maison d’édition " utopique et provisoire " qui avait édité un premier recueil de Nouvelles, regroupant 11 auteurs marseillais : " Ecritum humanum est ". Voilà trois indices " à méditer " sur la personnalité de Jean-Luc Luciani , pour qui " un bon éditeur est un éditeur qui médite "… mais que me dites-vous , Jean-Luc Luciani ? Pour le savoir, nous lui avons proposé notre interview en quatre questions à la suite de la présentation de ses deux derniers polars.

    Puzzle noir : Comment reconstituer le puzzle d’une mémoire plongée dans le noir ? Dans la douleur. Il y a des souvenirs qu’il vaudrait mieux oublier et qui se rappellent à Maryse Aubanel par vengeance. La vendetta n’est jamais frappée d’amnésie et ajoute du rouge sang dans l’obscurité de noirs desseins. Pour l’héroïne, l’oubli serait-il un refuge et la vérité, les morceaux d’un puzzle qui, recomposé, réinvente un passé inattendu?

    Un léger bruit dans le moteur : Selon Freud, un enfant est un pervers polymorphe et selon Sartre, restera un être en devenir. Dans une famille recomposée, quelle conséquence peut avoir " un léger bruit dans le moteur " ? Une panne ? Un arrêt fatal dans le devenir ? Lorsque vous aurez lu cet opus, vous ne regarderez plus votre enfant ou votre petit frère de la même façon.

     Entretien avec Jean-Luc LUCIANI en quatre questions :

    I . Vous avez 45 ans et derrière vous déjà une vie littéraire riche dans le domaine des juniors. Vous avez par ailleurs écrit plusieurs polars destinés au lectorat adulte. Pouvez-vous nous expliquer cette évolution ou prolongement ou diversité dans votre travail d’auteur et nous parler de vos deux derniers polars ?

    Je ne considère pas mon travail d'écrivain jeunesse et adulte de manière séparée. Ce n'est ni une évolution (d'autant que j'ai commencé à écrire pour les adultes) ni un prolongement. C'est juste une autre facette de ma vision du monde. En adulte, ma face sombre reprend le dessus.
    "Un léger bruit dans le moteur" a été écrit en 1999 . La base du travail était la suivante : écrire une histoire totalement hors normes, à la limite du publiable. Qui ne reposerait que sur le style de l'écriture. Effectivement une fois le manuscrit terminé, beaucoup de gens l'ont lu, aimé, mais m'ont dit qu'il était impubliable.
    La rencontre avec Patrick Coulomb et François Thomazeau a permis de démontrer le contraire. La construction de "Puzzle noir" a été plus complexe. Réécrit suivant plusieurs modèles de construction, ce n'est, finalement, qu'une fois trouvée l'idée de cette amnésique qui va reconstruire son passé à la manière d'un puzzle que l'histoire a pu trouver son équilibre.


    II. Vous avez déjà écrit et publié plusieurs polars et notamment " un léger bruit dans le moteur " et " Puzzle noir ". Vous aviez participé, auparavant, à des recueils de nouvelles dont " La fiesta dessoude " et " Meurtres sur un plateau ". On relève votre ancrage dans le polar marseillais. Est-ce que vous vous êtes installé dans le polar marseillais et/ou avez-vous d’autres ambitions et d’autres projets?

    Comme beaucoup d'écrivains j'aime bien situer l'histoire que je raconte dans la ville où je vis. Tout simplement parce la ville joue un rôle essentiel au même titre qu'un personnage de l'histoire. Mais je ne revendique en aucun cas l'identité d'écrivain marseillais. D'une part parce que j'ai horreur des étiquettes que les gens ont vite fait de vous coller dans le dos et d'autre part parce que "le polar marseillais", si au début il a rassemblé de bons écrivains, est maintenant en train de virer au grand n'importe quoi: chacun essayant de surfer sur la vague et de prendre le train du succès en marche. Mes derniers ouvrages d'ailleurs ne se situent plus à Marseille et les prochains non plus.

    III. Dans votre bibliographie junior, j’ai noté l’opus " " Les 10 petits maigres ". Vous avez bâti une histoire enfantine à partir du roman d’Agatha Christie. Je m’adresse à la fois à l’auteur et au pédagogue. Pour vous, quelles sont les bases d’un polar et que doit-il en rester, lorsque l’on a refermé le bouquin ? Avez-vous des prédilections pour des auteurs et des personnages?

    J'ai juste utilisé l'idée de mettre dix personnages dans un même lieu et de les faire disparaître les uns après les autres. D'après moi un bon polar doit avant toutes choses divertir le lecteur, lui faire passer un bon moment, lui permettre d'oublier, l'espace d'un instant, son quotidien ;Si en plus il peut délivrer un message cela n'en sera que mieux. Mes références en matière de polar sont plutôt américaines ( Connelly, Pelecanos...) j'aime bien les personnages au bout du rouleau, qui n'ont plus rien à prouver.

    IV. Vous êtes né à Marseille et votre patronyme indique des origines corses. Vous écrivez des polars marseillais et, à ce titre, vous allez participer au festival du roman noir et méditerranéen à La Roque d’Anthéron. Un de vos ouvrages pour junior est titré : " L’île qui rend fort ". Est-ce que vous trouvez de la force dans vos origines insulaires. En d’autres termes, que représente, pour vous, le mot " corsitude ". Avec votre ancrage marseillais, vous sentez-vous méridional, corse ou méditerranéen ? A quoi liez-vous le mot " identité " ?

    Le livre s'appelle ainsi parce que le héros va découvrir sa famille et son passé. On est toujours plus fort lorsque l'on sait d'où l'on vient. Le mot "Corsitude" ne veut absolument rien dire pour moi. J'ai horreur des identités communautaires et je pense qu'elles ne font que renforcer le racisme latent. Si une personne n'existe au sein d'un groupe uniquement parce qu'elle est née au même endroit, cela n'a pas de sens. Je me sens avant tout citoyen du monde.

    Pour faire plus ample connaissance avec cet auteur confirmé dont le parcours affiche des vocations littéraires, vous pourrez le rejoindre sur son site :     http://aujourlejour.free.fr


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  • Lorsque vous contactez Mlle Nadia DHOUKAR, docteur es lettres, cette universitaire titrée est intarissable sur le polar. Elle répond, généreusement et sans a priori, à vos questions. Ses connaissances en la matière ne sont plus à démontrer. Elle a fait d’importants travaux universitaires sur des classiques du genre avec des personnages récurrents comme Lupin, Burma et Maigret, pères fondateurs (bases solides et inépuisables d’étude). Routarde du polar, elle a été sollicitée pour de nombreuses conférences lors de salons du polar. Notamment, elle a déjà intéressé de nombreux sites comme Mauvaisgenre (devenu Ruedesboulets) et le Cercle noir. Elle contribue à la revue " 813 "* qui a ouvert un site dont certaines pages sont en construction (Vous pouvez trouver ce journal chez des librairies en ligne). L’éditeur Laffont lui a confié la réédition des œuvres de Léo Malet, créateur du personnage de Nestor Burma. Dans la collection Folio de Gallimard , vous trouverez, à partir du 8 juin prochain , son opus sur Jean-Claude Izzo , sous-titré " La trilogie Fabio Montale ", annoncé dans le guide Folio du polar 2006 ( dont nous avons parlé dans notre article précédent). Nadia Dhoukar est une jeune femme lettrée et passionnée. Elle a déjà un passé rempli dans le monde du polar mais aussi un bel avenir plein de projets. Nous lui avons posé quatre questions. Elle nous a répondu avec beaucoup de gentillesse et d’intelligence. Nous vous présentons des extraits de mémoires et d’articles. Votre libraire vous offrira le guide folio du polar où vous retrouverez Jean-Claude Izzo et Nadia Dhoukar.

    *Revue 813 : Le titre " 813 ", paru en 1910, c’est aussi celui du premier gros roman de Maurice Leblanc qui a créé le personnage du gentleman cambrioleur sous les traits de plusieurs personnages. Ce titre " 813 " est repris dans la revue de l’association des amis de la littérature policière depuis 25 ans. Site : http://www.813.fr
    Mlle DHOUKAR a écrit des articles fouillés dans d’autres revues : Temps noir, Rocambole…

    EXTRAITS:
    Maurice Leblanc et Arsène Lupin :
    " Arsène Lupin est un personnage de la Belle Epoque, empreint du positivisme et de la frivolité ambiante du moment. Il se divertit sans cesse, n'agit que par goût du jeu ; c'est un individu léger qui aime l'art, le défi et les jolies femmes. A l'instar de Sherlock Holmes, il fait rire et sourire et entraîne son lecteur dans un univers qui se moque des lois et des convenances, et cela, toujours avec intelligence et finesse. Mais surtout, plus que ses homologues tels Holmes ou encore Fantômas, Lupin n'est pas hiératique dans le sens où il prend corps au fil des aventures, change, se remet en question, éprouve des sentiments humains et s'avère plus proche du lecteur anonyme que d'un détective infaillible. La réunion de tous ces éléments a fait de Lupin un personnage qui a plu et qui plaît encore…Lupin illustre une légèreté et une désinvolture qui plaisent de tout temps parce qu'il se joue des limites que les hommes ont tracées, limites qui, si elles se transforment, existent et existeront toujours. De ce fait Lupin possède un caractère qui relève de l'universel : celui du défi … " (mémoire DEA)

    Site pour consulter le mémoire de DEA soutenu par Mlle Dhoukar:
    http://www.scd.univ-paris3.fr/Textes/NDhouDEA/
    Une étude plus récente a été publiée dans le N°9 de la revue Temps noir.

    Léo Malet , créateur de Nestor Burma :
    Léo Malet est de retour. Curieux homme, vagabond, anarchiste, vendeur de journaux à la criée, surréaliste, puis créateur de Nestor Burma, ce personnage de détective privé (signe particulier : libre et aventurier) qui lui ressemble tellement. Etrange écrivain, qui a influencé beaucoup de nos auteurs de policiers et donné un nouveau style, sensible et poétique, au roman noir. Francis Lacassin l’avait aidé pour la première publication de ses œuvres chez " Bouquins ". Aujourd’hui, c’est Nadia Dhoukar qui a veillé sur cette nouvelle édition. Elle a notamment rédigé une biographie de Léo Malet placée en début de volume et nous offre quelques textes (chansons, poèmes, nouvelles, articles) en best off. Bonne lecture ! "

    Rappels:
    Maurice Leblanc est né en 1864 et mort en 1941, sous l'occupation allemande. Il a créé Arsène Lupin en 1905 dans un magazine "Je sais tout".
    Simenon est né en 1903 et mort en 1989. Il a créé Maigret en 1931.
    Leo Malet est né en 1909 et mort la veille de son 87ème anniversaire. Il a créé Nestor Burma en 1943.

    Contexte succinct: Le genre policier fait l’objet de controverses sur sa définition, sur sa valeur littéraire et ses origines. Pour certains, Régis Messac aurait exprimé l’essentiel du sujet en 1929 dans deux ouvrages : " " Le détective Novel " et " L’influence de la pensée scientifique ". Et pourtant , l’encre noire n’a cessé de donner de la " tâche " aux analystes.
    Le genre émerge au 19ème, siècle de l’industrialisation et de l’urbanisme. Son inspiration peut se trouver dans des biographies de bandits , des récits de meurtres vendus par des colporteurs et des personnages comme Vidocq.
    Nous citerons quelques dates :1832 - Balzac est considéré par certains comme l’auteur des premiers romans noirs avec " La grande Bretèche "1841 - L’américain Edgar Poe , avec " Double assassinat dans la rue Morgue ", pensait avoir découvert une technique de raisonnement applicable à la fiction. Il sera considéré comme le père du roman policier. La même année, Balzac publie " Une ténébreuse affaire ". Jusqu’en 1918, on partait de la découverte d’un crime pour remonter jusqu’aux mobiles, en utilisant les techniques du roman populaire où les péripéties l’emportent sur la déduction.A partir de 1918 Les auteurs français vont suivre le modèle anglais en privilégiant l’analyse et la déduction. En 1930-1940, le roman noir est dans son âge d’or au Etats-Unis avec Dashiel HAMMET et les " Muckrakers " (fouille-merde).

    Jean-Claude Izzo – trilogie de Fabio Montale collection Folio, préfacée par Nadia Dhoukar::

    Née en 1978, Nadia Dhoukar a présenté une thèse de littérature française sur le pouvoir de fascination du personnage dans le roman policier, à partir des personnages d’Arsène Lupin, de Jules Maigret et de Nestor Burma. Captivée par les personnages récurrents du roman policier, c’est naturellement qu’elle a croisé le chemin de Fabio Montale " (Guide Folio du polar ).
    Rappel de la trilogie : Total Kheops, Chourmo et Solea – sortie en juin 2006 au prix de 10 euros.
    Le guide du polar 2006 " Folio Policier ", offert par votre libraire, avec un hommage à Jean-Claude IZZO. Vous y découvrirez " la consolation de Fabio Montale ", un petit texte inédit de cet auteur regretté.
    " Car Jean-Claude Izzo est un météore. Fulgurant, lumineux, insaisissable. La densité de sa lumière est variable selon le moment, selon notre position sur la Terre, selon que nos yeux sont ouverts et notre cœur réceptif. " - Extrait de " Jean-Claude Izzo, la trajectoire d’un homme. " écrit par Nadia Dhoukar.
    Il s’est éteint le 26 janvier 2000 à Marseille. Il était aussi poète. On peut citer chez Librio , deux recueils : " Vivre Fatigué " et " L’aridité des jours ".

    Un extrait (pour le plaisir) de " L’aridité des jours " :
    " Je n’ai plus de voix mais je crie. Une poignée de terre
       En main.
       En mon poing,
       Un bourgeon à ouvrir.
       J’ai rêvé la terre rêvant l’homme. "
     
     
    Interview en quatre questions de: Nadia DHOUKAR
     
    1°/ Chez un personnage récurrent, quels sont les traits de caractère qui vous intéressent?

    Deux traits du personnage récurrent m’intéressent. Tout d’abord, d’un roman à l’autre, le personnage se construit, se façonne et se dévoile à mesure que notre complicité avec lui grandit. Il s’agit d’une alchimie subtile : l’auteur prend ses marques avec son personnage à mesure qu’il le met en scène, et le lecteur découvre le personnage par touches. Comme dans la "vraie" vie, une relation d’amitié (d’amour parfois) s’instaure progressivement entre le lecteur et le personnage. Si on considère, dans l’ordre de leur publication, les séries des Lupin, des Maigret ou des Burma, ce processus de construction du personnage est flagrant. Petit à petit, tous trois apparaissent comme des êtres dotés d’un passé, d’une histoire, parcourus de souffrances et de failles. J’aime cette installation progressive à mes côtés d’un être que je découvre patiemment : qui est finalement le plus détective des deux ? Le personnage ou le lecteur ? Il y a toujours un jeu de miroir passionnant entre l’auteur, son personnage et le lecteur. Mais ce jeu n’explique pas tout : nombre de personnages, même récurrents, ne me séduisent pas.
    Chaque héros a une part de réalité (il est ancré dans un univers géographique, résout des énigmes crédibles, a une présence physique, un passé, des relations sociales, un métier, etc.) et une part d’imaginaire (ce que lui peut faire et pas nous, son éternité, le genre littéraire dans lequel il déambule —pétri de mythes et d'arcanes—). C’est la symbiose subtile, le va-et-vient permanent entre ces deux "dimensions" qui fait, selon moi, un personnage réussi. Comme un pacte : si je crois en ce personnage, je consens alors à ce qu’il m’entraîne là où il veut, même vers l’invraisemblable. Lorsque la part de réalité du personnage m’interpelle, parce que je m’y identifie ou que je l’accepte, je suis apte à le suivre et à explorer sa dimension imaginaire, plus personnelle, voire intimiste. Deux personnages aussi différents qu’Arsène Lupin (Maurice Leblanc) et Fabio Montale (J-C Izzo) séduisent pourtant pour les mêmes raisons.
    Arsène Lupin est un personnage réel parce qu’il a une histoire, des amours déçus, une relation œdipienne avec son père, il vieillit, évolue dans des univers réels, la Normandie, Paris… Mais évidemment, Arsène Lupin est une pure fantaisie : il peut être n’importe qui, donc tout le monde, il atteint toujours ses objectifs, il met la main sur des trésors dignes d’Ali Baba, " chaque femme à son heure rêve de voir son visage ", etc. Il est donc à la fois présent au monde et en même temps au-delà du monde : dans l’imaginaire, il incarne l’enfance, le goût du jeu et du défi, c’est un démiurge. Bref, Lupin incarne autant de rêves que nous, lecteurs, connaissons parce qu’il s’agit de facettes de nous-mêmes qui nous appartiennent ou nous ont appartenu, mais que nous sommes contraints de reléguer dans notre vie quotidienne.
    Même chose pour Montale : il est flic, habite à Marseille, a un passé, des amours et des amitiés malheureuses, et il est confronté à des intrigues on ne peut plus crédibles et sordides. Mais Montale démissionne. Il nous emmène vers l’univers des poètes oubliés, vers les origines mythiques de la cité phocéenne, il nous invite à explorer une musique métissée, il nous convie à renouer avec notre humanité profonde, même dans ce qu’elle suppose de noirceur. En cela, Montale est notre égal, parce qu’il est un homme comme les autres. Et, dans le même temps, il nous dépasse, parce que, en héros de papier, il ose ce que la plupart d’entre nous n’osons pas : se rebeller, demeurer fidèle à des idéaux, à une enfance, à une foi, quitte à en perdre la vie.
    Le personnage, dès lors qu’il est capable d’être suffisamment au monde pour nous "harponner", nous entraîne vers un imaginaire qui est souvent le nôtre : le propre de toute littérature en somme, sauf que, dans le cadre du genre policier, cet effet est décuplé par le phénomène de la série et par les thèmes, toujours cruciaux et originels, qu’il met en scène : la mort, la justice, l’altérité… Le personnage récurrent lutte pour être au monde entièrement, en tant qu’individu et en tant qu’homme, et nous vivons cette lutte par procuration, à défaut de la mettre en œuvre concrètement. Finalement, à chacune des pages du roman, l’enquêteur nie l’imperfection de l’existence, alors que la plupart d’entre nous l’acceptons. Si leur réalité peut s’altérer avec le temps (les univers sociaux ou géographiques mutent), l’imaginaire qu’ils nous convient à partager est intemporel : il s’agit le plus souvent d’une quête de justice, d’idéal, d’une capacité à s’insurger et à se rebeller. Et même des héros anonymes, dont on sait peu de choses, ni le nom ou le physique, tel celui de Robin Cook, ont cette faculté à nous entraîner vers…nous-même. Et on retrouve ainsi le miroir…

     

    2°/ Avez-vous une idée sur l'évolution de l'image du flic dans le polar du 21ème siècle?

    Du flic ou de l’enquêteur récurrent ? La littérature policière est (miroir toujours) un reflet sans fioritures de la société dans laquelle elle est "perpétrée", ce qui explique sans doute l’effacement progressif du personnage récurrent ces trente dernières années. Le personnage, surtout dans la littérature française, a eu tendance à se faire discret ou à devenir prétexte à une autre vision. Il a perdu son humanité en même temps que la foi en l’être humain a été sérieusement entamée. Presque plus de personnages récurrents donc. Mais je crois qu’il y a, dans le polar français, un renouveau parce que le personnage, récurrent ou pas, constitue aussi le point de départ ou fil directeur d’une histoire. Ces dernières années, le roman policier a souvent viré au roman social et politique avec son lot de dénonciations. Plus d’histoire ni d’évasion. Aujourd’hui, beaucoup d’auteurs renouent avec la tradition du conteur et, par là même, avec le personnage comme point de gravité et de départ d’une histoire. Ce qui n’empêche pas une vision sociale ou critique en toile de fond: la trilogie de Jean-Claude Izzo ou la série des Padovani de F-H Fajardie suffisent à s’en convaincre. Mais, avant tout chose, l’auteur conte et propose à son lecteur de s’immiscer dans un univers original et tissé d’imaginaire. Quant au flic, en tant que fonction je le vois soit s’effacer car roman policier et roman noir sans enquêteur se rejoignent dans une vision commune (noire) du monde : que cette frontière entre noir et policier s’estompe, c’est heureux. Quant à l’enquêteur du XXIe siècle, pour qu’il demeure crédible, je ne le vois pas flic ni détective privé, plutôt chasseur de tête(s), directeur des ressources humaines d’une entreprise, reporter ou juge d’instruction.
     
    3°/ Connaissez-vous des personnages corses dans le monde du polar?

    Aïe. Je n’ai hélas pas de culture encyclopédique du polar. Je vais adresser cette question aux membres de l’association " 813 " : nul doute qu’ils seront nombreux à vous citer les noms des personnages, les auteurs et les références bibliographiques, en couvrant le monde entier et au moins les deux siècles derniers.
    J’ai souvenir du commissaire Pelligrini dans L’Homme au sang bleu, de Léo Malet qui "remplace" le commissaire Faroux dans l’enquête à Cannes de Nestor Burma. Un autre Corse chez Burma, le bandit Sarfotti (L’envahissant cadavre de la plaine Monceau). Il me semble que ces deux personnages sont corses. Une Corse chez Arsène Lupin : Faustine (La Cagliostro se venge), avec laquelle, selon toute vraisemblance, notre gentleman - cambrioleur coulera des jours paisibles. J’ai souvenir aussi que, dans leur peinture du "milieu", André Héléna et Albert Simonin ont mis en scène des personnages corses. Vu la production énorme de J-G Arnaud et son intérêt pour le sud de la France, je serais fort surprise de ne pas rencontrer un Corse au fil des pages de ses romans. Je suis étonnée, en fouillant dans ma mémoire lacunaire, de ne pas retrouver de Corse dans l’univers de Maigret…cela me reviendra peut-être. Je crois avoir entendu parler d’un pastiche récent de Sherlock Holmes, où le détective quitte Londres pour l’île de Beauté. En tout cas, j’ai dorénavant l’œil aiguisé et ne manquerai pas de vous signaler tout Corse croisé dans les contrées policières.

     
    4°/ Avez-vous des actions en cours ou des projets dans le domaine du polar?

    Des projets ? Toujours ! Des éditeurs pour les soutenir ? Beaucoup moins !
    Plus sérieusement, je poursuis la réédition de la série des Nestor Burma chez Robert Laffont (collection Bouquins) : le tome 2 sortira en septembre avec une préface sur les personnages mythiques de la littérature policière qui ont influencé Nestor Burma. Quant aux tomes 3 (sortie en octobre) et 4 (sortie début 2007), ils seront agrémentés d’une étude, longue et inédite, en deux parties, du personnage de Nestor Burma, justement autour de cet axe réalité/imaginaire.
    Après Lupin et Burma, j’ai décidé de quitter les personnages pour les auteurs : en ce sens, Jean-Claude Izzo constitue un tournant. Je me suis fait détective pour tenter de reconstituer la trajectoire d’un homme pas comme les autres. Le Folio Policier, qui réunit en un seul volume la trilogie et est précédé de la biographie inédite que j’ai consacrée à Jean-Claude Izzo, sortira le 8 juin. Il y a beaucoup à dire sur Jean-Claude Izzo, l’homme et l’auteur, et nombreux sont les artistes (photographes, écrivains, chanteurs…) à vouloir l’évoquer, soit parce qu’ils l’ont connu ou aimé, soit parce que son œuvre ou son parcours les ont touchés. Je prépare donc un livre sur Jean-Claude Izzo. Je devrais également prendre en charge une collection policière dédiée aux auteurs français à la rentrée, dans une maison d’édition "under construction".
    Enfin, Lupin et Burma sont des personnages auxquels j’ai consacré des années entières et nombre de travaux/conférences. Mais je travaille également depuis des années sur Maigret, au sujet duquel je n’ai jamais pris la plume ni la parole, soit parce qu’on pense que tout a été dit, soit parce qu’il s’agit d’un domaine "réservé". Tant de choses restent pourtant à dire à propos de ce personnage et de ses univers "imaginaires"…
    Voilà, pour l’heure : des projets, susceptibles d’être modifiés au fil de mes coups de cœur. Au hasard d’une rencontre, on découvre un auteur ou un personnage dont la générosité (mot-clé de l’univers polar) donnent envie de les soutenir, de les faire connaître, et hop : un nouveau projet est né...





    Quelques références sur le parcours de Nadia Dhoukar: Il s'agit d'une liste non exhaustive,

    Articles et directions
    Editions Gallimard (collection Folio Policier) : écriture d’une préface sur Jean-Claude Izzo (publication en juin 2006)
    Editions Robert Laffont (collection Bouquins) : direction de la réédition des enquêtes de Nestor Burma : choix de l’ordre de présentation, des documents annexes et écriture des préfaces, introductions et notes Tome 1 publié en mars 2006, tome 2 publié en septembre 2006, tome 3 publié en octobre 2006, tome 4 publié premier trimestre 2007)Editions Joseph K : écriture des fiches sur les personnages d’Œdipe, Benjamin Malaussène, Johnny Metal, et Fabio Montale (Dictionnaire des Littératures Policières, sous la direction de Claude Mesplède, publication en 2006)
    Editions Nouveau Monde : écriture des fiches sur Nestor Burma, Léo Malet et Jean-Claude Izzo (Dictionnaire des Romanciers populaires, publication en 2007)
    Articles :
    "La vie amoureuse d’Arsène Lupin" Revue 813, n°94 (2005)
    "La vie amoureuse de Nestor Burma" Revue 813, n°90 (2004)
    "Arsène Lupin entre en scène" Revue Le Rocambole, n°22 (2003)
    Les premiers pas de Nestor Burma" Revue Le Rocambole, n°22 (2003)
    Dossiers
    Préparation d’un livre biographique sur J-C Izzo Numéro spécial Arsène Lupin Revue Temps Noir, 70 p. (mars 2005)
    Conférences
    Le personnage d’Arsène Lupin (février-déc. 2005)
    4 conférences sur les salons consacrés au roman policier
    (Saint-Quentin-en-Yvelines, Cognac, Vienne, Le Havre)
    Histoire de la littérature policière à travers ses personnages mythiques (sept-déc. 2005)
    Universités pour tous de Joigny, d’Auxerre et de Toucy (89)

    SITE OFFICIEL DE JEAN-CLAUDE IZZO:
    http://www.jean-claude-izzo.com

    UN ENTRETIEN AVEC LEO MALET SUR LE SITE:
    http://www.globenet.org/chroniqueur/02/rubriques/entretien.html
    cliquer pour y accéder

    UN SITE ARSENE LUPIN :
    http://www.arsene-lupin.com/
     

     
     
     
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    Molto chic ou comment tuer en toute élégance.

    Arlette Shleifer annonce la couleur de son roman en le dédiant à tous ceux qu’un jour ou l’autre, elle a eu envie de tuer. Et puis, l’histoire commence par " Il était une fois... " Suivra la rencontre d’un prince charmant. Ne vous y trompez pas ! Il s’agit d’un roman noir, non pas d’un conte de fée.
    Margot, tout juste sortie de prison écoute les Polonaises de Chopin jouées par le Maestro Luigi. Elle retrouve dans ses affaires " un rubis serti de diamants, à l’ancienne. La pierre était si pure qu’on aurait dit du " granité " de sang. Deux petits diamants manquaient à la monture et gisaient dans le coin du sachet. Le sang de la pierre s’était écoulé et avait tâché ses doigts. " Quelle somptueuse entame qui nous ramène à ses vingt ans sur une plage normande où, elle rencontre Jean. De cette rencontre de l’eau et du feu, va surgir un psychodrame comme une marée d’équinoxe.

    Jean est un Corse orphelin depuis la petite enfance. Il a été élevé par sa sœur Nina qui vit au milieu des vignobles du sud de la Corse. " Il était comme les fleurs des champs : une fois coupées de leur racines, elles survivent difficilement. Comme il était difficile de créer un univers, un autre code loin de la Corse ! "  Il est un tiède et Dieu vomit les tièdes. Trop raisonnable et économe, il contrôle mal ses pulsions désespérées derrière une retenue timorée. Margot, elle, apparaît narcissique, immature et égoïste. Elle et lui : le roman commence donc par un duo ou un duel cher à une Marguerite Duras. Après des retrouvailles soixante-huitardes qui scellent leur passion amoureuse, c’est naturellement vers la Corse qu’ils font leur premier voyage en amoureux sur un voilier italien baptisé " Luppachiotto " (petit loup). Jean se rêve en Belmondo dans " Itinéraire d’un enfant gâté " et le psychodrame couve dans une atmosphère sortie d’un roman de Françoise Sagan.

    La suite ne sera pas faite de couchers de soleil sur une Méditerranée chaude, mais du soleil noir dans l’eau froide recouvrant de grands fonds freudiens. L’adulescente veuve Margot jouera avec la vie de Jean et maniera le pinceau, comme une arme de création artistique. Des crimes " en couleurs douces " sont au Menu. Quel dessert nous a concocté l’auteur?

    Suspens et surprise ! Ici s’arrête notre andantino pour présenter un thriller " moderato cantabile" avec des " allegros ", chargés d’angoisse existentielle. C’est une sonate de l’amour et de la mort. La Vendetta est de la partition : Tragique, elle s’invite à un final qui laisse la place à vos soupirs et vos silences.
    Avez-vous déjà eu des envies de meurtre parfait? Posez-vous la question.

    Arlette Shleifer saisit des bribes senties d’un quotidien introspectif et sait aussi exalter les mots par un lyrisme " molto chic " fait d’une grâce légère qu’on lui connaissait déjà dans ses précédents romans publiés par Les Editions La Marge. Elle laisse libre cours à l’imaginaire du lecteur dans un roman " molto noir ".

    Extraits choisis parmi tant d’autres:
    "  Parfois le soleil n’a pas envie de se lever, d’offrir des couleurs, de la chaleur ; alors tout reste blanc ou gris, insipide et froid. L’essentiel est de concéder la place qu’on décrète, d’y mettre de la chaleur, du bonheur et rien d’autre. Tu peux également rester dans la grisaille… "
    " … le bateau était la promesse d’un départ pour un lieu entre deux eaux, entre deux ciels entre deux vies. Il était la garantie d’un rendez-vous avec la lune et les étoiles, sans qu’aucun bruit ne le perturbe. L caresse de l’eau était le mot de passe vers une liberté, illusoire certes mais réelle, le temps d’un regard sur l’immensité sans entrave. "
     
    Arlette Shleifer : " Pulsion errance ".

    Son premier roman :
    " Luna ou le voyage d’une étincelle " : Ce premier roman est paru aux Editions La Marge d’Ajaccio, en 2002, Arlette Shleifer nous invite à découvrir la Corse comme si c’était pour la première fois, avec les yeux et la sensibilité de Luna de Beuzeville. Son héroïne sort d’une rupture sentimentale et du succès éditorial de son livre de photographies sur la couleur des glaciers de l’Antarctique. Elle est journaliste en Australie, à Sydney. Son rédacteur en chef l’expédie en Corse en ces termes : " Tu n’as pas trouvé le diable en Tasmanie, peut-être vas-tu en découvrir un en Corse ? Il semble que tu peux nous rapporter un très beau reportage. " Et la voilà qui débarque dans le port d’Ajaccio où un libraire lui confie la clé du logement d’un peintre corse, absent pour cause d’exposition à Paris. Cette absence va provoquer son attente et son errance sur " la plus proche des îles lointaines ". Elle porte un regard neuf sur la Corse et une oreille musicale au chant des mots. Elle voit le noir ivoire de Corbara, les bronzes de Bavella , le safran de Sari de Porto Vecchio, les blanches crêtes de l’Isolla et toutes les couleurs de la palette d’une nature sauvage. Elle découvre par hasard la maison du peintre, la seule habitée d’un village abandonné. Elle provoque une rencontre qui se fera d’abord de façon ponctuelle. En son absence, elle s’installe dans sa maison de village pour peindre et repasser le film de ses amours passés. Et puis, comme un adieu à Sydney, elle transmet son reportage à son journal australien. Celui qu’elle attend apparaît sous le zénith, " le soleil  pailletant chaque fleur d’une humide étincelle ", comme le disait Verlaine.  Il la trouve là comme une évidence. L’histoire de ce roman est sous-tendue par une intrigue élégante. C’est, sous la pulsion d’errance de Luna, un voyage initiatique à la peinture avec comme sujet d’inspiration : la Corse.

    Son second roman :
    " Piège détaché " est paru en 2004, aux Editions La Marge. Claire, conservateur de musée, invite sur son île un ancien amant et improvise un " dîner culturel " , avec quelques copains célibataires. Une histoire incroyable arrivée à un des convives, Lucien qui la raconte, est le prétexte pour lancer un jeu de miroir dont personne ne sortira indemne. L’auteur met en scène des portraits de trois femmes, des mères aux profils psychologiques différents. Sont-elles toutes des meurtrières ? Chaque convive met en place les rouages d’un piège qui fonctionne comme une enquête policière. Va-t-il se refermer ou ouvrira-t-il de nouveaux horizons ?
     
    Où est-elle ? :
    Voyageuse Nervalienne, elle promènerait son étincelle d’artiste vers l’Orient, à l’extrême du soleil levant. Aux dernières nouvelles, elle scintillait, à une exposition, dans le Taipei artits Village et est passé par la Corse en juillet dernier.. Elle expose en France et aux Etats-Unis. Elle a terminé un nouveau roman. Elle est souvent " ailleurs ", échappant au piège détaché d’une vie casanière molto chic. Si vous la voyez, vous pouvez lui offrir un Bar rouge*. Ne l’appelez pas Margot, Claire ou Luna, elle se prénomme Arlette. N’essayez pas de la retenir. Après vous avoir laisser un supplément de voyage en plusieurs pages, elle repartira un jour, mue par la  pulsion d’errance, en disant comme dans la Nouvelle Héloïse : "  J’entends le signal et les cris des matelots ; je vois fraîchir le vent et déployer les voiles. Il faut monter à bord, il faut partir… "

    Pulsion errance :
    Arlette Shleifer partage sa vie entre le Marais à Paris, la Corse, les Etats Unis et Taïwan . Vous pouvez visiter le site taïwanais de Taipei artists ou celui de soutien aux otages de Colombie et à Ingrid Betancourt sur lequel une de ses œuvres a été mise aux enchères le 5 décembre 2005 :" pulsion errance".

    Sur le site " Ingrid Betancourt ", il est écrit : " Arlette Shleifer a toujours eu les doigts et les yeux dans la peinture en tant que peintre, galeriste, art events et écrivain " - "  Dans son travail nous découvrons des paysages oniriques que rien des affres de l’univers ne peut atteindre. Pulsions de vie, désir de rythmer et de construire le temps et l’espace, autrement. Chaque courbe est un îlot de tendresse ou peut-être celle d’un corps vu de près. "

    A nos yeux, ce qui caractérise Arlette Shleifer, c’est cette " pulsion d’errance " que l’on trouve chez d’autres auteurs comme Jack Kerouac, J.M.G Le Clesio, Kenneth White ou Ernest Sabato. J’ai choisi cette bande des quatre car on les retrouve dans un opus de l’universitaire de renom Michel Maffelosi* : " Les jardins de l’errance ". Il écrit sur eux : "  A la lumière de ce double héritage culturel et des nombreux espaces qu’il sous-tend, on comprend l’importance de l’errance dans la vie et dans les œuvres de ces auteurs. L’errance est envisagée comme une quête active qui renouvelle le regard du sujet sur le monde et qui enrichit sa connaissance. Dans ce cas, elle résonne comme une sorte d’éveil de l’homme contemporain au monde qui l’entoure, à sa simplicité, ses merveilles comme à ses sordides manifestations. ". Et il ajoute plus loin : " L’écriture se nourrit des mouvements du corps et des lieux traversés, élabore un espace porteur d’aventure errante. " mais aussi : " … l’errance est un déplacement fécond permettant de tisser des liens solides entre le sujet, l’espace et l’altérité. "
    On retrouve dans ces extraits Arlette Shleifer. Cherche-t-elle l’ultime " terra incognita " ? Dans ses créations picturales contemporaines, elle accède " à ce lieu non-lieu situé à la pointe extrême de la modernité ". En littérature, elle poursuit son chemin, creuse l’ouverture, déplace les frontières et revient publier un nouveau roman, peut-être par tropisme, en Corse. Elle a choisi le noir de l’élégance.
    Le nouveau roman  s’intitule "  Bar rouge " chez le même éditeur corse. De quels pigments (ou piment) sera fait ce rouge si le fond reste noir ? En attendant de le savoir, nous vous donnons la recette d’un

    cocktail : Bar rouge* : recette pour 1 personne
     De la glace pilée, une dizaine de framboises écrasées, un soupçon de jus de citron vert, 6 feuilles de menthe et :
    1 shot et demi de vodka
    1/2 shot de Grand Marnier
    1/2 shot de sucre de canne
    (1 shot = 1 verre à vodka)
    Dans un shaker , mettre les ingrédients et .secouer énergiquement. Vous n’avez plus qu’à verser le Bar rouge dans un verre et lever le coude à chaque gorgée.
    Vous pourrez l’essayer avant de lire le prochain livre d’Arlette Shleifer… L’abus d’alcool étant interdit, il faut en boire modérément. " troppu stroppiu ! " Par contre il n’y a aucune restriction pour la lecture.

    En annexe:

    Michel Maffelosi* : sociologue français, professeur de sociologie à la Sorbonne, directeur du Centre d’Etude sur l’Actuel et le Quotidien qui publie deux revues : "  Sociétés " et "  Cahier de l’imaginaire ". Cet éminent analyste est un spécialiste de la socialité dite émergente. Il étudie les nouvelles formes de socialité et l’imaginaire, qui font l’objet d’écrits dont vous pouvez retrouver les références sur le site : http://1libertaire.free/Millesofi05.html
    Sur l’errance, il a écrit un ouvrage en 1997 intitulé " Du nomadisme, vagabondages initiatiques ".
    Les thématiques du centre qu’il dirige depuis 1982 sont la post-modernité, le quotidien, l’individualisme en regard des résurgences tribales, nomades et communautaires.
    A nos yeux, un bémol dans sa carrière : Il a dirigé la thèse de la voyante astrologue Elisabeth Teissier.

    Le 28 février 2006, il recevait au CEAQ (avec qui collabore l’Espace Ricard) le philosophe corse , Jean-François Mattei , professeur à l’Université de Nice et membre de l’Institut Universitaire de France pour la sortie de son ouvrage : " De l’indignation ". Il s’agit d’un essai de philosophie sur le bon usage de l’indignation dans nos sociétés qui connaissent une crise morale. Cet opus est à rapprocher d’autres écrits du même auteur sur " L’immonde actuel ".
     
     
     
     
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