• Du 16 au 18 février 2007...

    Avec la présence de l’auteur corse de polars: Jean-Pierre Orsi qui vient de terminer le troisième volet des enquêtes du Commissaire Batti Agostini, ouvrage paru aux Editions du Journal de la Corse sous le titre " La nuit de San Matteo "

    orsi_jp.jpg lachevredrjdceditions.jpg orsinapoleon.jpg

    Voir les articles de l’hebdomadaire " Journal de la Corse " aux adresses ci-dessous :
    http://www.jdcorse.fr/cgi-bin/pages/accueil.pl?infoid=124&login=xlxx9Xv8ww&password=WW9aMNX
    http://www.jdcorse.fr/cgi-bin/pages/accueil.pl?infoid=818&login=xlxx9Xv8ww&password=WW9aMNX

    journeesCorsesActu.jpg Déroulement des journées :

    Du 16 au 18 février 2007, les journées de la Corse se dérouleront à Aubagne. C’est une bonne raison pour faire un tour en Pagnolie où, assurés de la présence du soleil, vous pourrez bronzer en Marcel.
    Cet événement est organisé par l’association très active Kalliste et la conviviale ville d’Aubagne, avec la participation du Conseil général des Bouches du Rhone et du Conseil régional Provence-Alpes-Côted’Azur. Dans le programme dense , les organisateurs proposent une exposition de peinture/sculpture, des stands de produits corses et d’artisanat, des débats et rencontres, de la littérature avec des auteurs pour des dédicaces – des spectacles de théâtre et de chants, un prix artistique et une tombola.

    Le 16 février, l’ouverture des journées corses sera inaugurée à 18 Heures 30 par Monsieur Daniel Fontaine, maire d’Aubagne et Maître Sixte Ugolini*, ancien bâtonnier du Barreau de Marseille, l’actuel président de l ‘association Kalliste, domiciliée à Aubagne. Suivront la présentation des œuvres de Solange Rossi et un apéritif d’honneur.

    tableau1.JPG Ajaccio

    Solange Rossi vit et travaille à Bastelicaccia. Elle a affûté son art à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Elle nous présente une peinture expressionniste. Elle peint la Corse avec des traits lourds et des couleurs en contraste pour susciter des émotions, peut-être aussi un trouble sous-jacent. Le tableau " Ajaccio " qui apparaît sur le dépliant distribué montre en premier plan des barques de pêcheurs bleutées sur un fond ocre interrompu par le vert tendre des palmes sur des troncs inégaux. C’est l’ocre des maisons qui occupe l’espace (même marin par son reflet) mais c’est le bleu qui s’impose. Bleu, ocre, vert… On comprend immédiatement qu’il s’agit d’une ville insulaire. Dans ce paysage balnéaire, aucune silhouette humaine n’est visible, pas une ombre au tableau et cette absence finalement provoque un trouble Il s’en dégage un sentiment de solitude. Les barques bleutées vides et amarrées se fondent avec la mer, miroir renvoyant un reflet trouble des maisons et des palmiers. … C’est, pour moi, une carte postale d’une beauté nostalgique. En regardant mieux, j'aperçois un pécheur sur une barque... et la fraîcheur marine du petit matin m'enveloppe d'une douce caresse..

    Tous les jours, de nombreuses toiles et sculptures d’artistes corses et provençaux seront exposées.

    A 21 heures, sur réservation ( participation 12 euros - Tél 04.42.18.19.88 ) vous pourrez assister à la soirée de Gala avec une des plus belles voix de Corse Maï Pesce au Théâtre Comoedia.

    Le lendemain 17 février à partir de 10H30 se succéderont expositions et débats. Vous pourrez aller à la rencontre d’auteurs de talent dont Jean-Pierre ORSI, père du Commissaire Batti Agostini déjà un familier auprès d’ un grand nombre de lecteurs de polars. A signaler un débat à 17 Heures animé par Maître Sixte Ugoloni pour une réflexion franche et loyale sur le thème " Ecologie et développement ". A 21 Heures et jusqu’à l’aube, Grand bal Kalliste avec E Veghje corse, spuntinu et champagne pour une participation de 5 euros.

    Le surlendemain 18 février à 10h30, le grand chef Vincent Tabarini, président de l’association " Cucina corsa ", vous initiera à la cuisine corse. Après les agapes, à 14 Heures, entrée libre pour les " chants et guitares " avec Jean Menconi et le Théâtre Mascone. A 18 Heures 30 le prix Kalliste destiné aux artistes peintres et sculpteurs sera remis officiellement ; juste avant le tirage d’une loterie avec des prix offerts : un voyage en Corse pour 2 personnes et un véhicule par la SNCM- CMN, des produits corses par " U mio paese et Brasserie Pietra mais aussi des livres et CD par la Librairie Alain Piazzola.

    Vous pouvez aller vous renseiger aux adresses ci-dessous :

    http://www.aubagne.com/actualite/pageActu.php?menuID=4&ID=109

    http://www.aubagne.com/textes/journeesCorses2007.pdf



    Maître Sixte Ugolini, avocat ayant exercé pendant trente-sept ans au Barreau de Marseille dont il fut le bâtonnier, poursuit ses nombreuses activités associatives et écrit. Nous vous présentons trois des ouvrages de ce Corse natif de Murato:

       ugolini_avoca.jpg  ugolini_baton.jpg  ugo_portrait.JPG

    Avocat, défense d’en rire , Editions Autres temps

    Présentation par l'éditeur
    Quand un avocat enlève sa robe, ce n'est pas pour séduire, mais pour informer et instruire. Cet ouvrage, à partir d'anecdotes vécues et souvent drôles, permet d'ouvrir notre réflexion sur la profession d'avocat, et même plus généralement sur la justice et la société. Partant de sa longue et riche expérience d'avocat pénaliste — ce qui lui donne le recul nécessaire pour pouvoir rire de tout afin de ne pas en pleurer—maître Sixte Ugolini appuie son regard à la Daumier sur ce vécu drôle ou tragique.Il aborde avec sérieux toutes les éternelles questions que chacun peut se poser sur une justice à la recherche de sa vérité.Un livre agréable et néanmoins utile pour le lecteur, l'humour demeurant le constant fil conducteur de son auteur.

    Bâtonnier en liberté , Editions Autres temps

    Présentation par l'éditeur
    « Être bâtonnier, c'est ajouter à l'insoupçonnable condition de l'avocat l'angoisse des entreprises obligées et le poids de l'incertitude.Être bâtonnier, c'est faire le chemin qui va de l'avocat solitaire vers l'avocat solidaire. C'est aussi prendre son bâton de pèlerin pour affirmer, par l'exemple, sa foi dans une profession mal aimée parce que mal connue.Être bâtonnier, c'est rester un avocat d'amour tout en endossant la robe de l'avocat des avocats.
    Autant dire qu'il faut trouver le temps d'accomplir une double journée chaque jour. Mission impossible ? »

    Raillerie et dictons des villages corses : Macagne e detti di i paesi corse (Broché) Aux éditions Alain Piazzola.

    Extrait d’un article de Vincent Stagnara dans Ribumbu.com :

    http://www.uribombu.com/macagna_ugolini.htm

    « Il le centre sur le clin d’oeil porté par la communauté corse sur les caractéristiques de nos villages, de leurs habitants, de leurs fortunes ou malheurs.(1) Qu’est ce qu’un dicton sinon une sentence qui ne souffre ni appel ni contradiction et qui est le contraire d’une opinion démocratique donc mesurée ?

    A l’issue de son méritoire essai, plus de deux cents villages sont passés au crible, l’auteur s’interroge : « Pourquoi cette critique systématique de l’autre ? ». Les dictons, i detti, sont en effet, pour l’essentiel, peu flatteurs. Ne sont-ils pas cependant le détour qu’emprunte toute communauté humaine pour déplacer le conflit de l’affrontement physique à la simple dérision, pour faire de l’humour, fut-il acide, une arme d’équilibre ?

    La Corse est autant le pays de Grossu Minutu que celui de Paoli ou Napoléon. Sixte Ugolini, dans sa quête, n’a cure de la compilation à laquelle il préfère l’explication pétrie d’histoire ou de géographie. Son ouvrage est à inscrire au registre des excellents recueils sur la question Il renouvelle même le genre pour certains « detti».
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  • Le polar corse dans le grand monde :

    Entre ceux qui sacralisent une identité, une seule identité et ceux qui diabolisent une différence, une appartenance, il y a heureusement cette autre façon de porter les drapeaux… celle qui réconcilie l’homme avec le monde entier… " Jean – François Bernardini ( extrait de " Umani " paru en septembre 2002, Edition du Seuil)

    Mme Françoise Polverelli est bibliothécaire à la bibliothèque départementale de prêt de la Corse du Sud (gérée par le Conseil Général et ayant en charge le développement de la lecture publique en milieu rural). Avec les bibliothèques du réseau de la Bibliothèque départementale, elle a participé à la réalisation de l’exposition qui s’est ouverte à Porticcio, accompagnée de livres sur le thème des polars du monde et en particulier des polars corses.

    Service culturel du Département, la bibliothèque départementale de prêt est chargée de mettre en œuvre la politique du Conseil Général en matière de développement de la lecture publique dans les communes rurales. Fondée sur le principe de l’équité culturelle, l’action de la BDP s’inscrit dans une volonté de renforcement de la politique de proximité et d’aménagement du territoire. La lecture publique dans le département s’appuie sur un réseau de bibliothèques municipales, bibliothèques relais et dépôts dans les mairies et les écoles desservies par les bibliobus..

    La BDP a pour mission noble l’aide à la création et au développement des bibliothèques et autres structures du réseau par l’assistance à l’animation mais aussi :
    - la structuration d’un réseau cohérent
    - la desserte en documents (livres et CD)
    - l’aide à l’équipement mobilier et informatique (matériel et logiciel)
    - le conseil, l’expertise et l’assistance techniques
    - la formation des responsables de structures (dépositaires)
    Cette année, la BDP et les bibliothèques insulaires font entrer le polar corse dans le grand monde . Après le vif intérêt qu’elle a suscité à la bibliothèque de Porticcio, l'expo s'en va à la Bibliothèque Municipale de Porto Vecchio jusqu'à la fin Mars. Il existe une documentation dans laquelle vous pourrez trouver une bibliographie rassemblant des auteurs corses mais aussi des Latino-américains, Sino-Japonais, Maghrébins, Africains, Indiens, Océaniens, Russes et Scandinaves…



     
    Présentation de l’expo :

    Le Polar a le vent en poupe …allons-nous céder à un simple effet de mode, fût-elle littéraire, en vous présentant cette exposition " Romans policiers du monde " proposée par Italique et préparée en lien avec la Bilipo ( Bibliothèque des littératures policières) ? Au delà de la résolution des énigmes, partout dans le monde le roman policier permet aussi de parler du quotidien et de ses difficultés, de la société et de ses tensions, et se révèle un outil de contestation " , à cette aulne le polar se fait universel et il n’est pas de petit pays que le genre ignore… même le nôtre !
    Cette exposition, qui fait volontairement l’impasse sur les grosses pointures tels les anglo-saxons, italiens, espagnols et français vous fera pourtant voyager de la Chine à l’Inde en passant par l’Afrique , l’Amérique latine et la glaciale Russie , grâce à des auteurs connus et d’autres à découvrir.
    La part belle est faite au Polar Corse, dans le choix des titres qui vous sont proposés…
    Partout le mystère plane, mais les paysages et les températures ne sont pas les mêmes. Qui de l’homme ou de la nature crée le suspense ?

    Yahoo!


  • Jazz et polar à l'Alcazar de Marseille

    Dans le cadre de l’événement " Jazz Marseille fait son polar " (organisé en partenariat entre la Ville de Marseille, Le Cri du Port et l’Ecailler du sud), le samedi 3 février à l’Alcazar, une conférence musicale était animée par François Billard, spécialiste du jazz et auteur de polars.

    Nous avons assisté à la conférence " Jazz et polar " dans une salle de la bibliothèque du petit Beaubourg marseillais. Derrière la longue table montée sur un tréteau, le maître de la conférence était en compagnie du Professeur de médecine et jazzman Roger Luccioni* , de François Thomazeau ( L’Ecailler du Sud) et de Jean Pelle* ( qui après la conférence lira des passages de son prochain roman en cours d’écriture, sur des notations d’ambiance du Trio de Jazzmen). Ils ont évoqué d’abord une Amérique désormais mythique, celle des gangsters, des clubs malfamés, de l’alcool illicite. A suivi un concert " Jazz acoustique " avec Daniel Huck saxophoniste, Paul Pioli guitariste, et Christophe Le Van contrebassiste. Cette formation joue une musique ancrée dans la culture profonde du jazz. Pour ce concert, le trio a interprété un répertoire spécialement élaboré autour des plus grands thèmes du polar.

    Les auteurs de la BD " Sans Pitié ", aux Editions BP ( dont Pascal Génot, à qui nous avons consacré un article) étaient présents et ont annoncé la sortie du troisième tome de la trilogie.



    Un jazzman corse présent : Le Professeur Roger Luccioni

    rluccioni.jpg Professeur Roger Lccioni, contrebassiste et compositeur.

    Corse et Professeur de médecine à Marseille comme son père, il est né en 1934 dans cette ville. Après des études musicales, il découvre le jazz à la Libération de 1944, époque marquée par la musique de Glenn Miller. Il monte sa petite formation avec des copains du Conservatoire de musique et commence ses études médicales en 1953. Médecine et Jazz vont cheminer côte à côte dans sa double carrière. Sur la route du Jazz, il va rencontrer des Grands comme Barney Wilen , Louis Belloni, Henri Byrss, Léo Missir, Alain Fougeret, Paul Piguillem, Robert Petinelli, Eric Vidal. En 1956, il participe à la fondation et la rédaction d’une revue Jazz Hip avec critiques de disques, comptes rendus de concerts, réponses au courrier des lectrices, chroniques de la Mazole ( association de fans de science-fiction et jazz, montée avec Lalo Schiffin et Mimi Perrin), et les aventures du Dr Lemoo (suite de nouvelles, romans-photos et BD).

    A partir de 1958, on le voit avec JB (Jean-Bernard Eisinger, Etudiant en médecine jazzman comme lui) dans divers clubs comme le St James, notamment dans un trio qui a joué dans de nombreux clubs du Sud de la France dont les plus célèbres à l’époque : Le Modern Jazz Club à Marseille, le Hot Club d’Aix et L’intérieur à Marseille. Il rencontre Lalo Schiffrin à l’occasion d’une représentation avec Max Roach.

    En 1963 , le batteur du trio est Ron Jefferson et la formation prend le nom de Jazz Hip Trio pour jouer des arrangements et des compositions originales dans de nombreuses tournées. La revue créée en 1954 change de format et passe les frontières. On peut y retrouver des grands noms comme Boris Vian, Francis Postif et Chester Himes… Elle cessera de paraître en 1967.

    En 1972, il compose la musique du film " Madame êtes-vous libre ? ". Il fait la connaissance de Gordon Beck et Phil Woods. Avec ce dernier et le batteur Daniel Humair, il compose aussi la musique du film L’Araignée. Il devient le chef du service Cardiologie de l’Hôpital Nord de Marseille en 1979, tout en continuant la musique avec les grands noms du piano jazz et le trio JHT qui, malgré son appellation ternaire, compte parfois jusqu’à six musiciens, car , lorsque l’on aime la musique, on ne compte ni les musiciens ni les notes. Fin 1986 il se consacre essentiellement à ses activités scientifiques et à la littérature du XIXème siècle.

    Depuis 1993, le Professeur Roger Luccioni fait aussi de la politique mais c’est une autre musique, tout en continuant sans doute à chercher la note bleue et par la suite :
    - Parution de jazzthemes, recueil de partitions ( volumes 1, 2 et 3, 2002).
    - Ouverture du site internet JAZZ THEMES en juin 2003 qui propose des partitions, des articles de fond, des interviews, des photographies ou des peintures liées à l’univers du jazz. Cette activité a généré de nouvelles rencontres et ravivé de vieilles amitiés avec un retour à la composition
    Voir Luccioni / Eisinger (JB) à l’adresse :
    http://www.jazzthemes.net/portraits_jazzhiptrio.htm


    Jean Pelle , auteur de polars et patron du Pelle- Mêle, lieu unique de jazz à Marseille

    Le club de jazz de la ville est un simple bistro, berceau du label informel " Jazz côte Sud ", inspiré de la partition nord-américaine East Coast-West Coast…
    Présentation écrite par Jean Pelle à l’adresse :
    http://www.jazzthemes.net/portraits_lepelle_mele.htm



    Origine du Jazz :

    " Dès ses origines au début du XXième siècle, la musique afro-américaine qu’on appelle le plus souvent " jazz " est indissociable de la parole, du verbe, de cette littérature orale : les work songs (chants de travail), les spirituals et gospel songs des Eglises noires, dans le blues ou ces dirty dozens (sorte de tournois d’insultes en cadence).. suivie par l’écrit : les lyrics (chansons populaires de Broadway)… sans omettre cette élocution gouailleuse venue du ghetto, le " jive " (langage argotique des Noirs de Harlem apparu dans les années 30) qui aboutira au rap du début des années 70 " extrait d’un article de Jacques Chesnel de Starmag à l’adresse : http://www.sitartmag.com/jazzecrivains.htm

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    La conférence :

    Les exposés ont porté sur l’historique du Jazz et du polar jusqu’à l’apparition , en France, du polar jazzy dans le néo – polar avec Manchette.

    Pour remonter à la genèse du jazz, François Billard est parti de 1880 avec l’arrivée des Italiens et des juifs à la nouvelle Orléans , en rappelant que les émigrants italiens avaient subi des actes de racisme allant jusqu’à des lynchages. Eux, ils n’étaient pas racistes et ont vécu au milieu des Juifs venus d’Europe de l’Est et des Noirs. En 1917 , le jazz naît officiellement grâce à l’enregistrement de " Livery Stable Blues " par " The Original Dixieland Jazz Band ". En fait, ce groupe de musiciens blancs enregistre à Chicago une musique née dans la société noire de la Nouvelle-Orléans.

    La mafia découvre l'Amérique dans les dernières décennies du 19ème siècle , quand les mafiosi trouvent toutes les opportunités pour leurs trafics traditionnels. Les autorités américaines n’ont pas vu venir le danger. Leur gouvernement , leurs lois , leurs tribunaux , leurs forces de police n'étaient pas préparées à combattre. La guerre  allait se dérouler dans des ruelles sombres , des bars , des casinos. La première organisation mafieuse s’appelait la Main Noire qui deviendra ensuite la Cosa Nostra.

    En novembre 1895 , Giuseppe Balsamo, âgé de 24 ans , a quitté la Sicile et débarque sur l'île d'Ellis. Inconnu aux U.S.A, il était en Sicile un personnage déjà important de la mafia. Entre la fin du 19ème et la moitié du 20ème siécle, les noms des gangsters d’origine sicilienne vont alimenter les chroniques judiciaires et nécrologiques : Ignazzio Saieta, Vincenzo Mangano, Jim Colisimo alkias Big Jim Diamond, John Torrio… et des plus célèbres comme Lucky Luciano et Alphonse Capone alias Al Capone, alias Scarface. C'est lors d'une bagarre au sujet d'une fille de l'établissement " Le Harvard Inn " que Capone reçut les 3 coups de couteau au visage qui lui valurent le surnom de "Scarface" (le balafré).

    - 10 octobre 1917, naissance de Thelonious Monk dont la vie a fait l’objet d’un excellent opus écrit par Laurent de Wilde - folio poche n°3009 (vendu 6 euros 40).
    extrait : " Pendant que sur le Vieux continent explosait la révolution russe, les Etats-Unis se faisaient, en catimini, leur peitit Octobre noir : naissance d’un génie du jazz… Quand il a quatre ans, voilà sa famille qui s’installe à New Yorket elle y reste , toujours au même endroit, dans un quartier de l’ouest de Manhattan : San Juan Hill. Monk partage donc ce privilège d’habiter la capitale de jazz avec Max Roach, Bud Powell, et puis c’est tout. Les autres compères de l’aventure du Bebop, Les Dizy Gillespie, les Miles Davis, Charlie Parker, Art Blakey, Oscar Pettiford, Kenny Clarke, et j’en passe, tous ont fait le Voyage, tous sont montés à la Mecque, terminus la Grosse Pomme (New York), pour faire leurs preuves. Pas Monk. Il est là, au centre de la ville, depuis le début… " Beaucoup de Jazzmen venaient de Kansas City.

    - 1922 :L’orchestre de King Oliver dénommé Creole Jazz Band accueille le cornettiste Louis Armstrong. Ce dernier a donc quitté la Nouvelle-Orléans, où il a fait ses armes avec Kid Ory, pour rejoindre ce lieu d’ébullition du jazz qu’est alors Chicago. Il partage ainsi le succès de cette formation qui est la première à insister sur l’improvisation.
    Par la suite, en 1927, les gangsters italiens s’étaient imposés dans les bas quartiers de la Nouvelle Orléans , Chicago et New York. . D’un côté il y avait les gangs anglo-saxons (surtout des Irlandais dont un certains Dion O’ Banion, alias Dinie) et des Allemands et , de l’autre, les Juifs et les Italiens avec une culture du jazz qu’ils vont promouvoir dans leurs boîtes. Al Capone, pour prendre le plus connu, était un amoureux du jazz et il employait des jazzmen dans ses établissements.

    - 1927 : Au sein du Hot Seven qu’il dirige, Louis Armstrong enregistre de nombreux titres dont Weary Blues. C’est l’époque où " Satchmo " compose ses plus grands chefs-d’œuvre. Cette même année, il revient à une formation " Hot Five ", abandonne le cornet pour le son plus brillant de la trompette et enregistre des dizaines de titres.
    C’était l’époque où La Guardia était le maire de New York, celle de Duke Ellinton. L’évolution a été la même en France et notamment à Marseille dans les boîtes tenues à l’époque par des truands.

    Résumé de " Cotton club ", film de Coppola : En 1919, la prohibition a engendré une vague de violence qui a déferlé sur l'Amérique. À New York, au cabaret Cotton Club, la pègre, les politiciens et les stars du moment goûtent les plaisirs interdits. Un trompettiste blanc et un danseur noir sont emportés dans une tourmente où l'amour et l'ambition se jouent au rythme des claquettes, du jazz... et des mitraillettes.

    La formation de Duke Ellington se produit pour la première fois au Cotton Club à Harlem, salle dans laquelle il jouera jusqu’à 1932. Il est alors l’inventeur du style "jungle" reposant sur des cuivres de sourdines, tandis que l’année 1927 est celle d’enregistrements majeurs. La célébrité du pianiste et chef d’orchestre, qui multiplie les concerts, dépasse alors largement New York.
    Il y avait aussi le Minton’s Playhouse où , avec d’autres, Monk se produisait en amateur. Dans ce club , chaque lundi, se produisaient Duke Ellington, Count Nasie, Cab Calloway parmi tant d’autres.

    Selon le Professeur Luccioni, aux Etats – Unis, le jazz s’est implanté d’abord dans les bordels de la Nouvelle Orléans et , parmi les jazzmen, il y avait même des délinquants comme Ferdinand Lamante , musicien et proxénète. Finalement un sénateur , Sydney Story a interdit les bordels à la Nouvelle Orléans rebaptisée " Story Ville " et les musiciens de jazz ont émigré vers Chicago. L’implantation a été la même en France et notamment à Marseille : les boîtes tenues à l’époque par les truands. Si vous voulez vous plonger, sans ennui, dans l’histoire du Milieu marseillais des années 1930 à 60, nous avons écrit un article sur le roman " Le Corse’ écrit par Innocenzi et Bazal. Pour l’histoire du Jazz, il faut interroger le Professeur Luccioni.

    François Thomazeau a fait valoir que le gangstérisme était lié au Jazz mais aussi au showbizz. Il a rappelé l’usage de la drogue fait par certains musiciens ( on pense immédiatement à Charly Parker dit " Bird "), notamment de la Soul musique et du Rock’n roll. Il a cité son premier polar " La faute à Degun " contenant des références au Jazz en précisant qu’il était épuisé mais sans ajouter ce que nous vous livrons : Ce premier roman a été édité par l’éditeur corse Méditorial dans la collection " Misteri " où l’on retrouve la première parution des " Trois jours d’engatze " de Philippe Carrèse, qui, dans le polar marseillais, avait devancé Total Kheops de Jean-Claude Izzo. Pour mémoire, celui-ci faisait également de nombreux clins d'oeil au Jazz dans ses récits.

    Jean Pelle a cité un film de Robert Altman " Kansas City " (1996) pour une introduction aux rapports entre le jazz et le cinéma : Evocation de Kansas City, ville de tous les dangers, dans les années trente à travers les aventures d'une jeune télégraphiste qui kidnappe la femme d'un homme politique influent afin d'obtenir la libération de l'homme qu'elle aime, petit malfrat tombé dans les griffes des gangsters. " C'est construit comme un air de jazz. On devine le thème principal qui s'insinue, s'impose, s'amplifie, puis, soudain, s'efface pour permettre à d'autres instruments d'apparaître, de jouer en solo…. " Pierre Murat, pour article complet aller sur le site de Télérama à l’adresse :
    http://www.telerama.fr/cine/film.php?id=40492

    En Californie, il n’y avait pas de jazz, qui ne s’était pas imposé à Hollywood. En 1910, les films sont muets et les séances sont accompagnées par des pianistes. Aux Etats Unis, les pianistes noirs mettent en musique les films par des Stride, du Boogy boogy, notamment.



    Jazz et cinéma :

    À l’époque, cinématographe et jazz-band se développent ( de concert ) dans l’industrie spectaculaire qui anime les grandes villes. Le jazz s’échappe des fosses musicales, sous l’écran blanc d’un cinéma encore muet. Mais, à quelques exceptions près, l’on n’assiste pas à une véritable fusion, un réel échange entre jazz et cinéma. De fait, la ségrégation aura longtemps rendu impossible une véritable convergence esthétique entre les deux arts. Et si le jazz occupe une place importante dans les bandes-son des films criminels des années 1940-1950, c’est encore le fait de musiciens blancs.

    En 1927, réalisation des premiers films parlants : Le Chanteur de jazz (A. Crossland) et Greta Garbo dans La Chair et le Diable (Clarence Brown). Par la suite le Jazz va devenir une référence culturelle dans le cinéma. Le cinéma français recèlera du jazz autant que le cinéma américain.

    La fin des années 1950 marque une étape primordiale dans l’histoire de l’influence du jazz sur le cinéma. Des deux côtés de l’Atlantique, naît une certaine modernité cinématographique qui doit beaucoup au jazz. C’est, " le cinéma des corps " dont parle Deleuze, inauguré à la fois par Godard et Cassavetes avec son film Shadows, mis en musique par Mingus. Il y a " un rapport étroit entre le mouvement des corps et le rythme de la musique, une osmose évidente entre le geste et la pulsation. "

    Parmi les musiques de cinéma, on peut citer celles de Bernard Hermann sollicité par des Hitchkock, Welles, Mankiewitch, de Palma, Scorcese.

    Dans certains films, le jazz s’intègre au film pour devenir un élément indispensable au numéro d’acteur. Pour approfondir, il existe le DVD " les cent ans du Cinéma " sorti en 1995.

    Petite filmographie non exhaustive :

    - L’homme au bras d’or, film d’Otto Préminguer (1955), Franck Sinatra joue le rôle d’un batteur Francky Machine. La musique est de Elmer Bermstein. On entend de la musique symphonique avec des séquences jazz.
    - Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (1958) avec la musique de Miles Davis qui l’a improvisée en studio. En 1957, le cinéaste Louis Malle engage Miles Davis pour réaliser la musique de son film. L’enregistrement en est resté mythique. Le musicien est informé du projet à Paris, le film est visionné, et après une tournée de trois semaines, Miles Davis passe au studio d’enregistrement avec ses musiciens (en plus de sa trompette, un saxophone, un piano, une contrebasse et la batterie). En quatre heures, devant les images projetées, ils improvisent en se conformant aux besoins de Louis Malle, et aux idées de Miles Davis. Il s’agit d’un très bel exemple d’osmose entre le cinéma noir et la face la plus nocturne du jazz distillée par la trompette du magicien Miles Davis. Plus d'infos : http://www.milesdavis.com
    - Les tricheurs de Marcel Carmet, meilleur film français 1958, avec la musique de Claude Lutter
    - Le coup de l’escalier, film de Robert Wise (1959) , avec une musique de John Lewis
    - Les liaisons dangereuses, film de Roger Vadim (1959), avec la musique de Thelonius Monk.
    - 1968 sera l'année de Bullitt – musique de Lalo Shifrin – " excellent score très marqué par le jazz et contenant là encore toutes ses "marques de fabrique" : thèmes d'amours esquissés à la flûte solo, rythmes syncopés et toujours sur le fil du rasoir, ainsi que quelques mesures clairement atonales (comme l'utilisation de "clusters" avant la célèbre poursuite de voitures) ".
    - Play Misty for me ( titre français : un frisson dans la nuit ), film " de et avec Clint Eastwood " articulé complètement autour du jazz. ( 1971)
    - Série noire , film d’Alain Corneau (1979) avec Patrick Dewaere dans le rôle de Franck Poupart. Ce minable imagine le meurtre d’une vieille peau qui prostitue sa nièce et devient le scénariste de sa propre vie qui lui échappe et dont il reste le spectateur. La musique est de Duke Ellignton et Juan Tizol.
    - Short Cuts, film de Robert Altman (1993) , Lyon d’or à Venise : " L’américan way life revue façon derniers jours de l’empire romain… "
    On pourrait citer aussi des films d’Edouard Molinaro et d’autres…

    Il y a les films inspirés par la vie et la musique de Grands du Jazz comme Charlie " Bird " Parker, l’oiseau bleu mort à 35 ans à New York en 1955. " Bird " est un film de Clint Eastwood (sorti en 1988), l'un des très rares consacrés au jazz (avec le documentaire Straight, No Chaser de Charlotte Zwerin consacré au pianiste Thelonious Monk, Autour de minuit de Bertrand Tavernier, évocation mélangée du saxophoniste Lester Young et du pianiste Bud Powell, et plus récemment le film consacré à Ray Charles), et émanant d'un réalisateur lui-même musicien. Ce côté exceptionnel est aussi renforcé par la structure même du film qui, loin d'être une biographie linéaire ou un long flashback, épouse la forme d'un morceau de jazz en faisant intervenir et revenir des thèmes, en faisant circuler son histoire entre quelques intervenants et lieux principaux, le tout baignant dans un éclairage souvent nocturne. Propos de Clint Eastwood : " …J'adore les jazzmen depuis toujours. Lester Young, Count Basie, Dave Brubeck, Gerry Mulligan. Aujourd'hui, les jeunes connaissent le rock, pas le jazz. Dommage. Avant de tourner, il était plus important de rencontrer ceux qui avaient connu Parker que de lire des livres sur lui. Le cinéma se fait en observant la vie des gens. Parker était quelqu'un d'incroyable, au cerveau curieusement fait. Pour la musique, il avait des années d'avance sur tout le monde. Mais dans la vie, il est resté un garçon gentil et sensible. "

    En 2003, sous le titre " Le BLUES ", sept films pour célébrer le blues " The Soul of a man " de Wim Wenders est le premier film d'une série lancée à l'occasion de l'année du blues, manifestation organisée par le Congrès américain. Ce projet initié par Martin Scorsese, Paul G. Allen et les producteurs Jody Patton et Ulrich Felsberg rassemble sept cinéastes unis par une passion commune pour le blues, chacun ayant décidé de livrer une vision personnelle de ce courant musical. Mis à part le documentaire de Wim Wenders, cette série propose des films de Martin Scorsese, Clint Eastwood, Mike Figgis, Charles Burnett, Marc Levin et Richard Pearce.



    Jazz et littérature :

    En 1930, c’est l’époque du Swing, jazz populaire qui va se répandre dans le monde entier. La littérature n’a pas de bande son Il n’y a pas de jazz dans les romans, tout simplement parce que c’est la musique de l’époque et les auteurs n’éprouvent pas le besoin de faire référence au Jazz qu’ils entendent de partout. Jean-Paul Sartre (qui contrairement à la légende, fréquentait peu les clubs de jazz) écrivait, en 1947, dans un article intitulé " New York City " : "la musique de jazz, c’est comme les bananes, ça se consomme sur place… j’ai découvert le jazz en Amérique, comme tout le monde ". On trouve une référence au jazz dans " La Nausée " où la chanson " Some of these Days ", interprétée par Sophie Tucker revient comme un leitmotiv, tout comme dans une scène nocturne des Chemins de la Liberté.

    Alors que le polar noir naît dans les années1920 avec Hammet, le Jazz va réellement apparaître dans la littérature vers les années 1950. Boris Vian écrit et joue de la trompette. Dans L’Ecume des Jours, le personnage principal, Colin, s’abreuve de cocktails traduits des accords de Duke Ellington dont le titre d’une de ses compositions, " Chloé ", est choisi comme prénom pour son épouse.

    Pour le polar, cela vient réellement bien plus tard, avec notamment :
    - " Really the Blues " ou La rage de vivre par Milton Mezz Mezzrow et Bernard Wolfe : " Le premier dans le genre, et certainement celui que tout jazzman se doit de lire. On peut ne pas aimer la façon de jouer de la clarinette de Mezzrow, mais ce témoignage de la vie qu’il a lui-même vécue, et décrit avec tant de rage, est poignant. Tout y passe : son enfance, son adolescence à Chicago, ses premiers contacts avec les musiciens de jazz, particulièrement Bix Beiderbecke et ses Wolverines de l’Austin High School dans la banlieue ouest de Chicago, a drogue dont il est consommateur et dépendant, sa cure de désintoxication, puis pourvoyeur officiel des autres musiciens et dont ce sera sa deuxième profession, ses rencontres avec les plus grands, Armstrong, Bechet, Ladnier, Singleton, et les autres. Puis, sa deuxième carrière à New York, où il devient producteur de disques et enregistre avec Bechet. 1938 sa rencontre avec Hugues Panassié, une solide amitié qui lia les deux hommes, et qui se concrétisa par l’enregistrement des disques Swing devenus anthologiques. " Alain Hautrive à l’adresse :
    http://www.hot-club.asso.fr/docum/livre/RDV.html

    - Les romans de David Goodis, ( 1917-1967) et pour exemple : Tirez sur le pianiste ( Down There, 1956), adapté au cinéma par François Truffaud en 1960.

    En France , il va exister une fascination pour le polar américain et le jazz. En 1945, apparaît la Série noire qui édite Chaze, Petter Senney… Entre 1960 et 1970, les auteurs mettent vraiment du jazz dans leurs polars avec, notamment, Shester Himes (1909-1984), noir américain , exilé en France. Aux Etats Unis, il a fait des tas de métiers . Il fréquentait aussi les tables de jeux et participait au trafic d’alcool. En 1928, il est arrêté pour vol à main armée et, à 19 ans, il écope de 20 ans de prison. Pendant sa détention, il lit Hammet et sa lecture lui donne l’idée d’écrire. Il est libéré à 26 ans. Il écrit des nouvelles et un premier roman bien accueilli sans confirmer, aux U.S.A, ce premier succès. C’est Marcel Duhamel, directeur de la Série noire, qui le fait venir en France où il écrit La reine des pommes ( 1957) qui reçoit, en France, le Grand prix de la littérature policière. Il a deux héros noirs , Ed Cercueil et Fossoyeur, policiers américains excentriques que l’on retrouve, par la suite, dans une dizaine de romans. L’auteur nous parle du Harlem miséreux, de la condition de l’homme noir. Ed Cerceuil écoute un solo de saxophone de Lester Young… Finalement, les deux flics black meurent dans " Plan B " (1969) . L’auteur tue donc ses héros, comme Conan Doyle l’avait fait pour Sherlock Holmes au grand dam des lecteurs. Chester Himes a vécu à Paris, connu quelques jazzmen et inauguré avec La Reine des Pommes (1958) une série de romans policiers, sorte de préfiguration du " polar contemporain " nourri au jazz . Chez Himes, paroles de blues et rythmes syncopés ponctuent sans cesse l‘action qui se déroule dans un Harlem chaud bouillant.

    Jean-Patrick Manchette, le père du néo-polar décédé en 1995, était un passionné de jazz. De lui, on peut citer Le Petit bleu de la côte ouest, un roman adapté au cinéma par Jacques Deray et Alain Delon avec le film " 3 hommes à abattre ". On y trouve des références permanentes au jazz et des évocations littéraires dans une ambiance post-révolutionnaire de crise sociale et de totale déprime. Il a été mis en BD par Jacques Tardi. " Le jazz West coast berce Georges Gerfaut, héros du Petit bleu de la côte ouest , qui fait des tours de périphériques parisiens et permet à Manchette, comme il en est friand, de mettre en rapport actes violents, constats sociaux désarmants et poids du jazz dans les mutations politiques et sociales du vingtième siècle, le tout servi par une écriture remarquable ". Dans un dossier musiques et polar " Les vrais durs de dansent pas… ", écrit Karine Gilabert et Olivier Pene . Pour une lecture du dossier aller sur site Librairie Mollat :
     http://www.mollat.com/dossiers/les-vrais-durs-dansent-pas-328.html

    - Le temps mort est paru aux Etats-Unis en 1960 sous le titre original : The dead beat, édité en France notamment chez 10-18 (n° 2238) dans la série "nuits blêmes " dirigée par Jean-Claude Zylberstein. Sur le quatrième de couverture, on lit : " Le jeune voyou pianiste de jazz qui est le " héros " de ce très blochien roman de Bloch pour être minable n’en est pas moins exemplaire. Du monde de Bloch d’abord, puisqu’il tue, comme Norman Bates de Psychose, à cause d’un profond déséquilibre psychique, d’un manque irrémédiable…, de notre monde ensuite, car ce n’est pas un petit monstre isolé, c’est une hirondelle de mauvais augure qui annonce un printemps sinistre, celui qui va voir la jeunesse devenir l’objet d’un véritable culte (rarement désintéressé) en même temps que la défaite des adultes et des vieux. "

    - La Neige était Noire, roman de Malcolm Braly et Le Diable et son Jazz du critique Nat Hentoff...
    ... L’Ange du Jazz de Paul Pines, roman dont le quatrième de couverture résume ainsi le livre :" Des accords de jazz résonnent dans le Tin Angel, un club du Bowery, à New York. Mais son propriétaire, Pablo Waitz, a dans la tête une toute autre musique. Son associé et meilleur ami, Ponce, s'est fait descendre lors d'une fusillade avec les flics et ses acolytes se sont fait la malle. Sombre histoire de cocaïne. Difficile pour Pablo de se croiser les bras : même si le détective chargé de l'affaire est un ami et qu’il s’appelle Christ, il ne faut pas en attendre de miracles. Les flics aux basques, Pablo va devoir régler ses comptes à sa manière, pour la mémoire de son ami, et pour récupérer les trente-cinq mille dollars de la caisse qui ont financé l'opération.. La poudre sera-t-elle toujours l'ange noir du jazz ? " Paul Pines a grandi à Brooklin. En 1970, il a ouvert son propre jazz club, le Tin Palace, situé à l’angle de la 2nd Street et de Bowery, Le Tin Palace a été un creuset culturel new-yorkais pendant une bonne partie des années 70. Des musiciens de renom s’y sont produits. Pines s’est fortement inspiré du Tin Palace pour créer le Tin Angel de son roman.

    Toujours le jazz, plus tard, dans ces histoires que racontent des auteurs qui n’hésitent pas, comme Marc Villard, à considérer le polar comme "un rythme ternaire avec une écriture fluide qui coule à la west coast ". Jean Echenoz emprunte le titre d’un standard "Cherokee" (à la recherche d’un disque dérobé) pour son deuxième livre. L’andalou Antonio Muñoz Molina raconte la vie tumultueuse d’un pianiste de jazz dans L’hiver à Lisbonne, hommage de l’auteur au film noir américain et au jazz ; Walter Mosley fait revivre un vieux musicien de Blues dans La Musique du diable.

    Quatorze écrivains, dont Gilles Anquetil, Yves Buin, Jean-Claude Izzo, Thierry Jonquet et Jean-Bernard Pouy, ont improvisé sur la disparition d’un grand saxophoniste de l’histoire du jazz dans l’ouvrage collectif intitulé Les treize morts d’Albert Ayler.

    En 1987, une rencontre entre le Jazz et la BD avec " Barney et la note bleue " ( Phlippe Parengaux et Jacques de Loustal). Un BD qui se lit, avec un disque qui s’écoute : Barney Wilen, saxo-ténor qui a côtoyé les plus grands comme Jay Cameron, Art Blakey, Miles Davis, Bud Powel… En image et en musique, une histoire d’amour menée bebop battant par un musicien de jazz célèbre à la fin des années 5O… un extrait : " L’instant d’après, il n’y pense plus du tout : immobile, il écoute quelque chose qui fait sauter so cœur et arrondit sa bouche. Il écoute l’orchestre qui ne joue plus, juste le saxophone dans l’ombre qui déroule une spirale de notes rêveuses puis s’éteint dans un soupir…"

    Aujourd’hui à Paris, le Jazz est dans le métro :
    On peut croiser de bons artistes de jazz dans... le métro parisien, si on prend le temps de s’arrêter pour les écouter. Au milieu du rap, de l’accordéon, des violons et autres instruments à cordes ou à vent, ces jazzmen de l'underground parisien se sont fait leur place en douceur, avec leur musique tout en finesse et en délicatesse. Vous pouvez prendre le métro et rencontrer surtout des saxophonistes sur la ligne 11, quelquefois à Châtelet, entre les deux tapis roulants, ou à Montparnasse, du côté de la ligne 4 et 12.

    Notre compte rendu n’étant pas exhaustif, nous vous proposons des sites à aller consulter, pour approfondir :

    - évolution du Jazz à partir des années 1970:
    http://vulcain.lamediatheque.be/jazz/q13_10.htm
    - Librairie Mollat : http://www.mollat.com/dossiers/les-vrais-durs-dansent-pas-328.html
    - Miles Davis : http://www.milesdavis.com
    - Article de Pierre Mura : http://www.telerama.fr/cine/film.php?id=40492
    - Article Jacques Chesnel : http://www.sitartmag.com/jazzecrivains.htm
    - Luccioni/Eisinger : http://www.jazzthemes.net/portraits_jazzhiptrio.htm
    - Le Pelle-mêle: http://www.jazzthemes.net/portraits_lepelle_mele.htm
    - La mafia sicilienne : http://droitetcriminologie.over-blog.com/article-2552051.html
    - L’actualité de la Mafia : http://mafiactualite.skyblog.com



    Post criptum de Corse noire :

    " Mais comment peut-on comprendre et aimer Parker si on n'a pas le temps de s'imprégner de sa musique ? Je déteste les prétendus films de jazz où il n'y a que deux mesures à la fin. Au milieu, les gens parlent, parlent. Ce n'est pas le cas dans Bird, je crois. Mais la musique, sans doute, pénètre en vous moins vite que les mots." propos tenus par Clint Eastwood après la sortie de son film " Bird ".

    Le roman noir est sorti des bas – fonds et exprime par des mots ce que le Jazz nous raconte en musique. Pour nous, il existe une parenté entre le Jazz et le roman noir mais cette parenté peut se retrouver avec des musiques populaires antérieures et postérieures au Jazz. On se souvient du Bal à Jo près de la Bastille et de la java pratiquée par les gouapes d’Antan qui ont inspiré quelques auteurs du début du 20ème siècle.
    Aujourd’hui le rap et le slam racontent des choses proches de celles trouvées dans un roman noir. La Noire s’imprègne des émotions musicales de son temps ou de la culture de l’auteur.. Dans un polar, une référence à une musique peut avoir simplement une visée Proustienne en direction du lecteur, ajoutant une émotion partagée avec l’auteur. La musique reste une émotion transmise au cerveau par l’ouïe ( pas Amstrong !…).
    On peut disserter sur un polar en exposant des lectures différentes. L’écoute de la musique nous apparaît être d’abord un dialogue intérieur. Tout passe par l’émotion du moment, l’envie de prolonger l’instant partagé. La musique est un langage universel parce qu’elle n’a pas besoin de commentaire et de traduction. Analysée et expliquée la musique devient une affaire de spécialistes, avec des mots codifiés qui peuvent engendrer des erreurs et des incompréhensions, trahir les notes, les silences et les harmonies du musicien et fausser l’écoute originelle, l’émotion neuve. Le jazz est d’abord une musique instrumentale d’improvisation, ce qui impose aux jazzmen d’être toujours neufs et toujours bons. Rien dans un solo n’est prévu et les références ne peuvent être qu’un enfermement proche de celui de la musique classique qui s’adresse à des mélomanes. C’est peut-être ce refus de l’enfermement bourgeois et académique qui fait qu’un polar est jazzy et non, comme poncif obligé, la simple référence (en passant) à un jazzman ou à un morceau connu, comme on le ferait pour une spécialité culinaire.
    Sorti de la musique instrumentale, dans les textes chantés, il y a des mots et c’est déjà de la littérature. Aujourd’hui, la Noire, comme le rap et le slam, ne peut s’enfermer dans des références et des règles sans perdre son âme populaire et libre jusqu’à la révolte. La couleur noire, dans son ambivalence, recèle toutes les nuances du genre. Il serait dommage de n’en conserver que l’élégance et le raffinement.



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  • Double comme les deux sommets de la montagne mythique : Le Mont Ararat !

    Gouiran_terminus_ararat_G.jpg Gouiran.jpg

    Avec son dixième roman, " Terminus Ararat " (aux Editions Jigal), Maurice Gouiran se trouve au cœur de l’actualité pour deux raisons:
    1°- Tout d’abord, par l’intermédiaire de son sympathique héros, Clovis Narigou dit Clo, pseudo-berger-écolo du côté de l’Estaque et ancien journaliste qui se retrouve, après maintes péripéties, à escalader le Mont Ararat. En cette année officielle de l’Arménie, la question arménienne, l’appartenance de ce mont emblématique si cher au cœur de tous les rescapés et descendants du génocide de 1915, est donc ici abordée en toile de fond, avec un passage très émouvant dans le chapitre seize quand l’auteur, par le biais du personnage féminin, Diane, évoque les massacres de Van.
    2°- Ensuite, et surtout dans ce roman, la thématique essentielle concerne les sectes , qui se retrouvent à la Une de l’actualité depuis quelques semaines et en ce début de mois de février avec " L’atlas de la création ", ouvrage créationniste qui " s’incruste au Lycée " comme l’a annoncé LCI , le 2 février . Ce livre luxueux est envoyé gratuitement dans les établissements scolaires. Il est écrit par un inconnu : Harun Yahya, de nationalité turque. Le Ministre de l’éducation, alerté, l’a interdit ( discrètement… Pourquoi ?) dans les CDI. Imprimé en Turquie et traduit en français, il réfute la théorie de Darwin (1809 – 1882) sur l’évolution des espèces car, selon l’ouvrage insidieux, elle serait " la réelle source du terrorisme " (sic).


    Pour information vous pouvez rechercher :
    - L’article de Marie Lemonnier dans le Nouvel Observateur " Complot contre Darwin ".
    Adresse : http://hebdo.nouvelobs.com/p2204/articles/a331765.html
    - Celui du Figaro en date du 2 février,
    http://www.lefigaro.fr/france/20070202.FIG000000236_offensive_du_creationnisme_islamique_en_france.html
    - Celui de 20minutes à la même date. : Le créationnisme à la porte des écoles françaises:
    http://www.20minutes.fr/articles/2007/02/02/20070202-actualite-france-Le-creationnisme-a-la-porte-des-ecoles-francaises.php
    Pour approfondir le sujet :
    - Le rapport complet de Guillaume Lecointre du CNRS : " Evolution et créationnismes ":
    http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointre1.html-
    - Celui de la Miviludes, documentation française:
    http://www.prevensectes.com/mivi2006.pdf


    Cette nouvelle offensive créationniste , via la filière turque, est au cœur du roman "Terminus Ararat " de Maurice Gouiran, avec une longueur d’avance sur l’actualité puisque l’ouvrage est sorti en octobre 2006.

    Clo est de l’espèce des non-héros dans l’évolution du roman noir. Amateur de riz aux favouilles sous la tonnelle, il taquine la girelle et la galline. Cet adepte des rougets grillés et des belles filles ( l'hommage rendu à Aphrodite "for ever" constitue un distrayant intermède érotique dans un roman qui a pour mérite de mettre en valeur de graves questions de société, voire d'humanité) va se trouver, en effet, confronté à une terrible organisation sectaire américaine ayant des ramifications internationales dont le centre théologique, filiale française... "un mouvement basé sur l'autorité et l'infaillibilité de la bible... Pour eux, tout ce qui était écrit dans l'Ancien Testament était, par définition, Axiome..."

    Initialement embarqué dans la recherche d’un gosse enlevé, via Bodrum (antique Halicarnasse, cité d'Hérodote, surnommée "BedRoom" par Gouiran...), Ankara, Van… Clo va devoir affronter de dangereux créationnistes et des " Karatufeks " ( Les fusils noirs) d’une secte islamiste. Mais, pourquoi le Mont Ararat ?
    "La silhouette de l'Ararat, sobre et puissante, domine tout le panorama. Les moutons blancs et noirs, les gosses, les chiens... le vent qui balaye l'herbe rare... rien n'a dû changer ici depuis des millénaires... Nous empruntons le chemin de terre poussièreux... Une sueur glacée coule dans mon dos.."
    Réfléchissez ! Connotez la première de couverture et vous devinerez la réponse : Noé bien sûr, son arche, le déluge, la " direction divine "… Mais alors, quel lien avec le kidnapping d'enfant? Réponse : lire le livre qui, tout en dénonçant le danger sectaire et l’implication des plus puissants dirigeants planétaires ( Suivez les regards… ), nous entraîne, avec délectation, humour et amour, dans l’espace anatolien et les " temps immémoriaux ".

    Comme le héros, Clovis, vous tomberez sans doute amoureux, à nouveau, de Diane qui lit le roman " L’Arménienne aux yeux d’or " ( de Maurice Gouiran , 2002 chez le même éditeur) et qui, avant qu’ils ne disparaissent à leur tour, inventorie les derniers vestiges arméniens de Turquie… " disparition programmée " d’un passé architectural prestigieux, de " la sérénité de l’île d’Aktamar", sur laquelle, en 915, a été édifiée l'Eglise de la Sainte-Croix "... d’une splendeur à couper le souffle… ".

    Vous aurez sans doute envie de chausser des crampons et d’escalader le " grand Massis " ( l’Ararat), afin de percevoir cette " lueur d’éternité " et d’éprouver cette " sensation de plénitude " dans le berceau de l’humanité… Mais vous apprendrez que l’Ararat est classé " objectif militaire " et que toute ascension est soumise à autorisation avec un contrôle strict…
    Splendeur , majesté et… misère de tout un peuple qui le pleure encore 92 ans après. On pense alors au " Voyage en Arménie " de Robert Guédiguian, avec ce passage émouvant : Manouk (joué par le remarquable Roman Avinian), un vieux chauffeur de taxi arménien, s’arrête face au mont Ararat, pour dire, les larmes aux yeux, que cette montagne aride (et sans gisement précieux) représente le rêve arménien.

    voyarménie.jpg affiche du film de Guediguian avec le Mont Ararat

    " Mon passé… Mon passé me rattrape… Je vais vous raconter… " dira Diane à Clo. Ecoutons-la, suivons-la jusqu’à ce terminus-là. Happy end ? Celui de Clo, c’est " l’Estaque-les-Bains " . C’est là également que, lorsque Eric, son fils, lui dit : " Et toi, Pa, raconte-nous l’Ararat. C’était comment là-bas ? Il répond : " J’étais dans les étoiles, minot, dans les étoiles. Et tu peux pas savoir comme c’était beau ! "…

    "Caucasienne attitude", dira le sympathique "rastafari" marseillais Jo Corbeau dont le voyage, en octobre dernier, au pays de ses ancêtres, lui a inspiré un poème slam. Voici quelques extraits:

    Il est perché sur un clocher le corbeau blanc
    Faisant semblant d'ignorer pendant des siècles
    La quête du Graal sans cesse renouvelée
    Grande requête! Dans son repaire l'oiseau Phénix toujours champion
    Dame le pion, échec et mat en direct du royaume des neiges...
    De l'autre côté de cette sacrée: la vallée des barbelés,
    Des miradors, corridors de sécurité...

    Le texte intégral est publié dans l'hebdomadaire N.A.M n° 127 et vous pouvez aller visiter le site de Jo Corbeau à l'adresse :
    http://rastyron.canalblog.com/archives/jo_corbo/index.html



    Terminus Ararat, un roman de Maurice Gouiran à découvrir, donc !

    Signalons aussi les notes de l’auteur qui, en mission pour l’O.N.U, a effectivement rencontré en 1998 des évangélistes à Ankara. Il écrit page 280 : " Ce roman est une fiction qui repose sur des éléments réels ".
    Enfin, pour terminer, un petit mot sur l’ancrage du héros Clo à L’Estaque… " envahi de Parigots qui sont venus s’y installer pour le fun, parce qu’un jour ils ont vu " Marius et Jeannette " ( film de Guédiguian) et qu’ils croient qu’ici, c’est la grosse rigolade au soleil, pastaga et cagoles à gogo, autochtones blaireaux et forts en gueule dont la seule aptitude semble être de pouvoir jouer des jours entiers à la pétanque à l’ombre des platanes en proférant des gros mots colorés, avec cet accent des banastes du sud qui soutire aux gens civilisés du Nord des sourires narquois ". Si l’auteur nous sert du vrai parler marseillais " devenu littéraire" avec quelques vulgarités locales d'aujourd'hui ou d'Antan (termes sans connotation péjorative de notre part), et si on trouve dans ses dialogues du bon sens populaire et de la galéjade, il n’accepte pas les caricatures de ceux qui font passer "leur grise médiocrité" sur le dos des autres. Vous ne raterez pas des passages d’anthologie.



    arme_yeuxor.jpg

    Accroche du roman " L’arménienne aux yeux d’or " :
    Quand Sarkis et Arak traversent l’Anatolie, fuyant le génocide, l’Europe ne soupçonne pas encore l’ampleur du drame qui se joue là. Quand quatre-vingts ans plus tard, le Vieux-Port se met à cramer comme une vulgaire pinède, Bubble et Calambo auraient dû se méfier davantage... Quand la mafia turque débarque à Marseille à la recherche du trésor de Topkapi, difficile d’imaginer que cette ancienne histoire va rouvrir les plaies sanglantes du peuple arménien. Quand Lévon, l’oncle d’Amérique, tente de renouer les liens du passé, bien malin qui peut deviner que la clé se trouve encore dans les faubourgs de la ville...



    Pour des cours de Marseillais pur sucre, en complément de la lecture des œuvres de Maurice Gouiran, nous vous conseillons aussi les opérettes Rock de Quartiers Nord dont "2001 L’odyssée de l’Estaque". Dans le groupe Quartier Nord,le chanteur Robert Rossi écrit, avec Glibert Donzel, les chansons des opérettes Rock, qui sont le fruit d'un travail collectif auquel participent aussi Edmonde Franchi et Jean-Marc Valladier. Vous pouvez aller faire un tour sur le site de "Quartiers Nord" à l'adresse ci-dessous:

    http://www.quartiersnord.com/QNIndex2.htm
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  • La raison d’état a des tas de raisons que la raison ignore :

    raison_d'état.jpg "Raison d'état" ércit par Archange Morelli, Editions Meditorial

    En 1980, sort le roman médiéval de l’auteur italien Umberto Eco " Au nom de la Rose " ; En 1986, l’Allemand Patrick Suskind met son nez dans le XVIIIème siècle avec son polaromatisé " Le parfum ". En 1998, Archange Morelli a choisi la Renaissance pour son roman " Raison d’état ", édité par Méditorial. Dans la collection Misteri de cet éditeur corse en cessation d’activité, ce roman vient après " La moisson ardente " du même auteur. , " Caveau de famille " et " Comme un chien dans la ville " d’Elisabeth Millelirri, " Campus horribilis " de Dan O’Conley, " Trois jours d’engatze " de Philippe Carrese, " La séquestration " de Marie-Hélène Cotoni, et " La faute à dégun " de François Thomazeau.

    Sous le titre " Raison d’état ", Archange Morelli a proposé un récit de 78 pages qui se lisent d’une seule traite, en faisant un bond en arrière de plusieurs siècles pour se retrouver dans la Corse de la Renaissance, l’époque génoise de l’Office Saint Georges. C’est de la littérature ferroviaire, vite lue tout en recevant un petit cours d’histoire corse.

    En 1530, époque sans train, dans l’Au-delà des Monts (corse du sud ), la chute de cheval d’apparence accidentelle du Benemerito Fortebono di Leva est dénoncée par son épouse comme étant un assassinat. Dans la Corse du Nord, à Bastia (alors peuplé à 10% de Corses en grande majorité interdits de séjour intra-muros par le seul fait d’être corses), le Vicaire de l’Office St Georges, Matteo Malafuoco lit des vers de Pétrarque, et se fait servir un vin blanc ligure reçu de la Sérénissime République de Gênes. Dans les rues de Bastia que Pieter Bruegel l’Ancien, né en 1525, aurait pu peindre fourmillante de gens pris sur le vif, le petit peuple s’agite dans différentes besognes pour gagner de quoi manger des petits poissons séchés accompagnant une bouillie de Millet. Le seigneur Malafuoco n’a que du mépris pour ces petites gens et n’est jamais allé s’aventurer dans l’Au-delà des monts, considéré comme la partie la plus barbare de la Corse. La mort du Benedetto Fortebono di Leva représentant un risque de nouveaux affrontements avec les insulaires, notre Vicaire est chargé d’aller en personne mener l’enquête. Il fait le voyage sans entrain à cheval (!! ! ! !…). Sur place, il analyse les traces et indices comme le Zadig de Voltaire inspiré par les aventures des princes Sarendip (fables d’origine persane), mais avec la perspicacité plus récente d’un Sherlock Holmes ou d’un Hercule Poirot. Notre noble enquêteur a l’esprit d’un pionnier de la police scientifique : Il va oser envisager la première autopsie en Corse…

    Nous ne vous en dirons pas davantage car, si l’ouvrage offre un croquis de la Corse fait en 1528 par Benedetto Bordone et l’emblème de la famille Malafuoco, il précise aussi les alinéas 2 et 3 de l’article 41 de la Loi du 11 mars 1957 et donc que les analyses et les courtes citations sont illicites sans l’autorisation de l’auteur. Mais, nous ne portons pas atteinte à la propriété intellectuelle et nous ne dévoilons pas le secret de l’enquête en vous disant que les investigations menées permettront de " séparer le bon grain de l’ivraie", parole de berger corse…



    Le XVIe siècle est marqué par la redécouverte de l'anatomie, avec l’apport de la dissection. Parmi les savants qui osent braver le tabou, le plus connu est sans doute André Vésale de l'université de Padoue, auteur en 1543 du De humani corporis fabrica. Dans un amphithéâtre, devant des étudiants venus de l'Europe entière, il pratique de nombreuses dissections sur des suicidés ou des condamnés à mort. Souvent ces dissections publiques duraient jusqu'à ce que les chairs soient trop avariées pour permettre toute observation. C'est une véritable révolution des connaissances en anatomie qui étaient restées sclérosées depuis les travaux de Galien sur des animaux au IIème siècle. Dans le roman, l’auteur situe dans l ‘université de Lubeck une dissection à laquelle aurait assisté le Vicaire Malafuoco, vers 1526. L’idée de l’autopsie serait alors venue du chef de la police de cette ville, avant de germer dans la tête de Malafuoco… petite histoire méconnue ou anachronisme nécessaire à la vérité romanesque ?

    Si certains possèdent des éléments sur l’origine de l’autopsie, qu’ils n’hésitent pas à nous les faire partager. Lubeck ou Padoue ?


    André VESALE, De humani corporis fabrica
    anatomie.jpg 350px-Rembrandt_Harmensz._van_Rijn_007.jpg Leçon d'anatomie- Rembrandt



    En 1530, La Corse est sous le joug de la Société Saint Georges dirigée par des banquiers génois auxquels la République de Gênes avaient confié la gestion administrative et politique de l’île, après que les derniers seigneurs corses (les cinarcais) avaient été décimés avec l’aide d’alliés corses dont certains chefs de famille, comme Fortenobo Di leva, avaient reçu le titre de Benemerito avec les droits de détention et port d’armes. Le Vicaire était chargé du maintien de l’ordre avec l’appui des arbalétriers et des hallebardiers.



    Un autre roman édité en 1999 est une suite avec le titre : Le Vicaire, Les yeux de Sainte Lucie, dont nous vous livrons le résumé : Sacrilège sur fond de vendetta ! On a volé les yeux de sainte Lucie ! On a volé l'accord sacré qui réconciliait deux familles ennemies ! Déjà se rallume une haine inexpiable ! D'un côté, Marco di Brando, mercenaire qui a servi sous la bannière de François Ier avant de se vendre aux Portugais. C'est lui qui fit don à sainte Lucie de ces diamants bleus ravis dans un temple hindou... De l'autre, Juvan 'Pietro di Tenda, prêtre de Bocognano. Il avait promis de veiller sur ces joyaux. Depuis, la prospérité et la paix régnaient sur ce petit village corse. A Matteo Malafuoco, grand seigneur et vicaire de la superbe République de Gênes revient l'honneur de rendre justice ! Honneur ? Mission empoisonnée, plutôt... Il y a déjà un artiste pendu par les pieds, une jeune fille enlevée... Pas d'indice, Pas de témoin, Un tumulte précédé de violences...

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    Archange MORELLI est professeur de lettres en Corse et passionné d’histoire. On le trouve chez divers éditeurs (Méditorial -Librio -Flammarion). Sa période de prédilection est le moyen âge et la renaissance. Entre 1997 et 2005, nous avons trouvé dans sa bibliographie : " Moisson ardente " (1997) - Raison d’état, - Le Vicaire, les yeux de Sainte Lucie, - Une si longue escale - et Les idoles barbares (les deux derniers chez Albiana).

    Les idoles barbares – note de l’éditeur : Au cœur du XVIe siècle, l'Europe entre dans l'histoire moderne par le fer et l'esprit. Epoque tourmentée... les pouvoirs féodaux s'opposent et vacillent, les guerres se succèdent, les cours d'Europe s'éclairent de nouvelles lumières, tandis que les arts et le commerce fleurissent et que la découverte de nouveaux horizons aiguise les appétits. La chronique de ce monde en ébullition résonne des noms de Christophe Colomb, Hernàn Cortez, François Ier ... et dans ce théâtre de la démesure le destin des hommes, happé par les grands mouvements de l'Histoire, emprunte parfois des chemins inattendus ...Ainsi, en est-il pour Pier Giovanni di l'Alzi, rescapé des guerres de Corse, dont la vie aventureuse est mystérieusement liée à une implacable malédiction. Violente, sensuelle, passionnée, son histoire ne connaîtra son dénouement que bien plus tard et bien loin de chez lui... sur les rives d'un monde où les Idoles barbares sont de chair et d'os.

    Une si longue escale
    – note de l’éditeur : Dans une Corse à peine libérée, un aviateur américain et une jeune paysanne corse tombent éperdument amoureux. Ils se promettent un avenir radieux, un amour sans faille, mais déjà la guerre et – plus sournoise – la jalousie les rattrapent. Le bonheur se transforme alors en songe lointain, la présence de l’aimé(e) en une interminable et mortifère attente, et l’amitié d’enfance en une sourde et implacable vengeance…Un roman en rose et noir sur le poids du temps qui passe, l’érosion lente des sentiments, la prégnance d’une culture du malheur, et sur la douce amertume de la vie…



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