• Raison d'état, polar corse historique

    La raison d’état a des tas de raisons que la raison ignore :

    raison_d'état.jpg "Raison d'état" ércit par Archange Morelli, Editions Meditorial

    En 1980, sort le roman médiéval de l’auteur italien Umberto Eco " Au nom de la Rose " ; En 1986, l’Allemand Patrick Suskind met son nez dans le XVIIIème siècle avec son polaromatisé " Le parfum ". En 1998, Archange Morelli a choisi la Renaissance pour son roman " Raison d’état ", édité par Méditorial. Dans la collection Misteri de cet éditeur corse en cessation d’activité, ce roman vient après " La moisson ardente " du même auteur. , " Caveau de famille " et " Comme un chien dans la ville " d’Elisabeth Millelirri, " Campus horribilis " de Dan O’Conley, " Trois jours d’engatze " de Philippe Carrese, " La séquestration " de Marie-Hélène Cotoni, et " La faute à dégun " de François Thomazeau.

    Sous le titre " Raison d’état ", Archange Morelli a proposé un récit de 78 pages qui se lisent d’une seule traite, en faisant un bond en arrière de plusieurs siècles pour se retrouver dans la Corse de la Renaissance, l’époque génoise de l’Office Saint Georges. C’est de la littérature ferroviaire, vite lue tout en recevant un petit cours d’histoire corse.

    En 1530, époque sans train, dans l’Au-delà des Monts (corse du sud ), la chute de cheval d’apparence accidentelle du Benemerito Fortebono di Leva est dénoncée par son épouse comme étant un assassinat. Dans la Corse du Nord, à Bastia (alors peuplé à 10% de Corses en grande majorité interdits de séjour intra-muros par le seul fait d’être corses), le Vicaire de l’Office St Georges, Matteo Malafuoco lit des vers de Pétrarque, et se fait servir un vin blanc ligure reçu de la Sérénissime République de Gênes. Dans les rues de Bastia que Pieter Bruegel l’Ancien, né en 1525, aurait pu peindre fourmillante de gens pris sur le vif, le petit peuple s’agite dans différentes besognes pour gagner de quoi manger des petits poissons séchés accompagnant une bouillie de Millet. Le seigneur Malafuoco n’a que du mépris pour ces petites gens et n’est jamais allé s’aventurer dans l’Au-delà des monts, considéré comme la partie la plus barbare de la Corse. La mort du Benedetto Fortebono di Leva représentant un risque de nouveaux affrontements avec les insulaires, notre Vicaire est chargé d’aller en personne mener l’enquête. Il fait le voyage sans entrain à cheval (!! ! ! !…). Sur place, il analyse les traces et indices comme le Zadig de Voltaire inspiré par les aventures des princes Sarendip (fables d’origine persane), mais avec la perspicacité plus récente d’un Sherlock Holmes ou d’un Hercule Poirot. Notre noble enquêteur a l’esprit d’un pionnier de la police scientifique : Il va oser envisager la première autopsie en Corse…

    Nous ne vous en dirons pas davantage car, si l’ouvrage offre un croquis de la Corse fait en 1528 par Benedetto Bordone et l’emblème de la famille Malafuoco, il précise aussi les alinéas 2 et 3 de l’article 41 de la Loi du 11 mars 1957 et donc que les analyses et les courtes citations sont illicites sans l’autorisation de l’auteur. Mais, nous ne portons pas atteinte à la propriété intellectuelle et nous ne dévoilons pas le secret de l’enquête en vous disant que les investigations menées permettront de " séparer le bon grain de l’ivraie", parole de berger corse…



    Le XVIe siècle est marqué par la redécouverte de l'anatomie, avec l’apport de la dissection. Parmi les savants qui osent braver le tabou, le plus connu est sans doute André Vésale de l'université de Padoue, auteur en 1543 du De humani corporis fabrica. Dans un amphithéâtre, devant des étudiants venus de l'Europe entière, il pratique de nombreuses dissections sur des suicidés ou des condamnés à mort. Souvent ces dissections publiques duraient jusqu'à ce que les chairs soient trop avariées pour permettre toute observation. C'est une véritable révolution des connaissances en anatomie qui étaient restées sclérosées depuis les travaux de Galien sur des animaux au IIème siècle. Dans le roman, l’auteur situe dans l ‘université de Lubeck une dissection à laquelle aurait assisté le Vicaire Malafuoco, vers 1526. L’idée de l’autopsie serait alors venue du chef de la police de cette ville, avant de germer dans la tête de Malafuoco… petite histoire méconnue ou anachronisme nécessaire à la vérité romanesque ?

    Si certains possèdent des éléments sur l’origine de l’autopsie, qu’ils n’hésitent pas à nous les faire partager. Lubeck ou Padoue ?


    André VESALE, De humani corporis fabrica
    anatomie.jpg 350px-Rembrandt_Harmensz._van_Rijn_007.jpg Leçon d'anatomie- Rembrandt



    En 1530, La Corse est sous le joug de la Société Saint Georges dirigée par des banquiers génois auxquels la République de Gênes avaient confié la gestion administrative et politique de l’île, après que les derniers seigneurs corses (les cinarcais) avaient été décimés avec l’aide d’alliés corses dont certains chefs de famille, comme Fortenobo Di leva, avaient reçu le titre de Benemerito avec les droits de détention et port d’armes. Le Vicaire était chargé du maintien de l’ordre avec l’appui des arbalétriers et des hallebardiers.



    Un autre roman édité en 1999 est une suite avec le titre : Le Vicaire, Les yeux de Sainte Lucie, dont nous vous livrons le résumé : Sacrilège sur fond de vendetta ! On a volé les yeux de sainte Lucie ! On a volé l'accord sacré qui réconciliait deux familles ennemies ! Déjà se rallume une haine inexpiable ! D'un côté, Marco di Brando, mercenaire qui a servi sous la bannière de François Ier avant de se vendre aux Portugais. C'est lui qui fit don à sainte Lucie de ces diamants bleus ravis dans un temple hindou... De l'autre, Juvan 'Pietro di Tenda, prêtre de Bocognano. Il avait promis de veiller sur ces joyaux. Depuis, la prospérité et la paix régnaient sur ce petit village corse. A Matteo Malafuoco, grand seigneur et vicaire de la superbe République de Gênes revient l'honneur de rendre justice ! Honneur ? Mission empoisonnée, plutôt... Il y a déjà un artiste pendu par les pieds, une jeune fille enlevée... Pas d'indice, Pas de témoin, Un tumulte précédé de violences...

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    Archange MORELLI est professeur de lettres en Corse et passionné d’histoire. On le trouve chez divers éditeurs (Méditorial -Librio -Flammarion). Sa période de prédilection est le moyen âge et la renaissance. Entre 1997 et 2005, nous avons trouvé dans sa bibliographie : " Moisson ardente " (1997) - Raison d’état, - Le Vicaire, les yeux de Sainte Lucie, - Une si longue escale - et Les idoles barbares (les deux derniers chez Albiana).

    Les idoles barbares – note de l’éditeur : Au cœur du XVIe siècle, l'Europe entre dans l'histoire moderne par le fer et l'esprit. Epoque tourmentée... les pouvoirs féodaux s'opposent et vacillent, les guerres se succèdent, les cours d'Europe s'éclairent de nouvelles lumières, tandis que les arts et le commerce fleurissent et que la découverte de nouveaux horizons aiguise les appétits. La chronique de ce monde en ébullition résonne des noms de Christophe Colomb, Hernàn Cortez, François Ier ... et dans ce théâtre de la démesure le destin des hommes, happé par les grands mouvements de l'Histoire, emprunte parfois des chemins inattendus ...Ainsi, en est-il pour Pier Giovanni di l'Alzi, rescapé des guerres de Corse, dont la vie aventureuse est mystérieusement liée à une implacable malédiction. Violente, sensuelle, passionnée, son histoire ne connaîtra son dénouement que bien plus tard et bien loin de chez lui... sur les rives d'un monde où les Idoles barbares sont de chair et d'os.

    Une si longue escale
    – note de l’éditeur : Dans une Corse à peine libérée, un aviateur américain et une jeune paysanne corse tombent éperdument amoureux. Ils se promettent un avenir radieux, un amour sans faille, mais déjà la guerre et – plus sournoise – la jalousie les rattrapent. Le bonheur se transforme alors en songe lointain, la présence de l’aimé(e) en une interminable et mortifère attente, et l’amitié d’enfance en une sourde et implacable vengeance…Un roman en rose et noir sur le poids du temps qui passe, l’érosion lente des sentiments, la prégnance d’une culture du malheur, et sur la douce amertume de la vie…



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