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Slam et chjamè rispondi:
Extrait dun slam de Grand corps malade :
Jai constaté que la douleur était une bonne source dinspiration
Et que les zones dombre du passé montrent au stylo la direction
La colère et la galère sont des sentiments productifs
Qui donnent des thèmes puissants, quoi quun peu trop répétitifs
A croire quil est plus facile de livrer nos peines et nos cris
Et quen un battement de cils un texte triste est écrit
On se laisse aller sur le papier et on emploie trop de métaphores
Pourtant je tai déjà dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts
Cest pour ça quaujourdhui jai décidé de changer de thème
Dembrasser le premier connard venu pour lui dire je taime
Des lyrics pleins de vie avec des rimes pleines denvie
Je vois, je veux, je vis, je vais, je viens, je suis ravi
Cest peut-être une texte trop candide mais il est plein de sincérité
Je lai écrit avec une copine, elle sappelle Sérénité
Toi tu dis que la vie est dure et au fond de moi je pense pareil
Mais je garde les idées pures et je dors sur mes 2 oreillesSi je vous dis i-slam, ce nest pas pour vous parler religion. Le « i », cest pour Internet. « slam » ? Ne cherchez pas le mot dans le dictionnaire. Avant « slang » ( qui désigne largot anglais ), vous trouverez « slalomeur et slalom ».Pour expliquer ce quest le « slam » à un Corse, il faut lui évoquer les foires et les soirées au café du village quand, dans des jeux de mots, les hommes sappellent et se répondent en termes poétiques, parfois le verre à la main. Ceux qui ignorent cette « coutume corse immémoriale » relient le slam à une compétition de « spoken words » ( = mots parlés ) venue de Chicago. Des Corses auraient-ils introduit, vers les années 80, le Chjamè rispondi à Chicago ? A lorigine, comme le chjamè rispondi, le slam est donc une joute verbale où les participants rivalisent avec des mots scandés. Il sest propagé et a maintenant ses vedettes qui slament sous des « alias », cest-à-dire déclament leurs textes. Cest du « parler - chanter » à capella mais aussi un nouveau mode dexpression des jeunes des banlieues parisiennes ( différent du Rap). Ce nest pas de la poésie mais ça lui ressemble davantage que le rap. Cest de la tcahtche poétique. En un mot, si cest du slam,. il y a longtemps quil y a des slameurs en Corse. Jai entendu parler de nouveaux slameurs marseillais. Le phénomène a donc envahi le continent en venant des Amériques, alors quil navait jamais fait la traverser avec la SNCM.Un slameur dune banlieue parisienne, est en train de devenir célèbre. Il sagit du pseudo « Grand corps malade » , connu à St Denis sous son prénom : Fabien. Jai vu ce jeune homme de 28 ans à la Fnac de Marseille. Cest effectivement un grand beau jeune homme qui est apparu sur scène avec une béquille et qui a rapidement conquis un public marseillais dâges et dhorizons diverses. Tout Paris se larrachait déjà et Marseille sest mis sur les rangs avec un concert au Dôme déjà prévu. Pour lui , « la détresse na pas de conversation ». Grand corps malade samusait et amusait par ses mots avec son handicap qui lui vient dun accident de piscine survenu à lâge de 20 ans. Aujourdhui, il slame aussi sur dautres sujets et uvre même dans des ateliers décriture. Il a besoin dune béquille pour se tenir debout et marcher mais, si le grand corps est malade, la tête est pleine de mots justes, de textes efficaces et dhumour ravageur. Fabien sappelle et se répond. Le public lentend. De la poésie, il en parle . Si elle lui paraissait « relou » , lorsquil étudiait la Pléiade au collège, elle la rattrapé « sous dautres formes ». Il dit : « Jai compris quelle était cool et quon pouvait braver ses normes ». Plus que braver les normes, il lui arrive aussi de partir en couille, lorsquil raconte le combat entre sa tête, son cur et ses couilles mais, là encore, il déconne avec talent. Du talent, il en a aussi pour défendre, sans angélisme, sa banlieue de Saint Denis à qui il voue un réel amour et, à ce qui se dit, elle le lui rend bien.
Chjamè rispondi versus slam :
« Voix corses montant des profondeurs de lâme,
Perpétuez le Chjamè rispondi des temps immémoriaux,
Cette Joute des beaux parleurs au comptoir dun bistrot.
Savez- vous que, en France, on lappelle le slam »
jpC
Définition du Chjamè rispondi par Angèle Poli sur le site « Terre des femmes » :Un chjamè rispondi est un exercice vocal ( debout, face à face, sans accompagnement instrumental et en public). Il consiste en nune libre improvisation poétique très rythmé pratiquée par deux ou plusieurs poètes , sans critère dâge ou de condition sociale, à loccasion dévènements publics : fêtes, concours, foires, noces, tontes des brebis. Si la mélodie de départ du Chjamè rispondi est personnelle, le schéma musical repond, lui, à des règles constantes ( mélodie pentatonique descendante, avec suspension sur le second degré à la fin du premier vers, une fausse résolution à la fin du second vers, et un final qui sachève sur la tonique du troisième vert). Il ny a pas de thème imposé hors la poésie elle-même. Mais le contenu sappuie couramment sur les débats de société qui sont de lactualité proche ou « lair du temps ». La règle veut que, dans cette joute oratoire, lon reste dune part toujours courtois et pétillant desprit et dautre part que la réponse ( risponde) nsappuie sur le sujet de départ appelé , tel quil est énoncé dans le premier couplet ( à chjama = lappel).
Site terres des femmes, cliquer : http://terresdesfemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/05/
Définition du slam par Grand corps malade sur son site i-slam:
Il y a évidemment autant de définitions du slam quil y a de slameurs et de spectateurs des scènes slam.
Pourtant il existe, paraît-il, quelques règles, quelques codes :
- les textes doivent être dits a cappella ("sinon cest plus du slam" ?)
- les textes ne doivent pas excéder 3 minutes (oui mais quand même des fois, cest 5 minutes )
- dans les scènes ouvertes, cest "un texte dit = un verre offert" (sauf quand le patron du bar nest pas daccord )Bref, loin de toutes ces incertaines certitudes, le slam cest avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. Cest le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l'envie de jouer avec des mots.Grand Corps Malade
Le slam est peut-être un art, le slam est peut-être un mouvement, le slam est sûrement un Moment Un moment découte, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage.
enfin bon, moi je dis ça
I.slâme pour Grandcorpsmalade.com :
« Communiquer par I.mod, cest à la mode.
Senvoyer des sms, lancer des sos,
kif ou détresse ?
Cest du communiquer express.
Si vous prenez le temps, jetez vos portables
Assis à une table ou au comptoir dun bistrot,
Aller jouer avec les mots.
Si vous ne connaissez pas le slam
Sur le Web, découvrez donc lI.slam
Nayez pas peur, cest un site de slameur.
Etats dâme et paroles du cur en sont la trame.
On y déconne même avec le drame.
Je vous conseille le site de Grandcorpsmalade.
Avec ce baladin, vous pourrez continuer votre I.balade.
Pour vivre des attaques à mots armés,
La valeur nattend pas le nombre des années. »
Texte de jpC
Site de Fabien alias Grand corps malade cliquer : http://www.grandcorpsmalade.com
Suite à la Fiesta du Sud le 26 octobre 2006
Connaissez-vous Vibrion ?
Si vous répondez non
Je vais vous damer le pion
Vous marcher sur les arpions
Puis vous botter le fion,
Pour vous donner des sensations
Et vous sortir de linaction.
Sur parole, il faut me croire
Bougez-vous ! Allez les voir
Les écouter un de ces soirs
Même si on ne peut pas sasseoir
Et plutôt debout avec un verre à boire
Cest un rendez-vous devant un comptoir
On vous y sert des mots en noir
Et noir, ça rime même avec espoir.
Sous la passerelle des docks
Jusquà plus de ten o clock
Loin de mon paddock,
Jai écouté du slam nroll on the Rock.
Cest mieux que daller chez Mister Doc ;
Jai trouvé le remède ad hoc.
A ma journée, il fallait un électrochoc,
Ce fut le choc des mots sur une musique de choc.
Décibels et phrases rythmées
Attaques à mots armés
Vérités déclamées
Cest Vibrion qui est venu slamer
Par leur poésie urbaine rimée
Sur des gestes saccadés et mimés
Le public a vite été arrimé.
De jeux de mots en jeux de scène
Vibrion entame ma passivité devenue obscène,
Bousculant les sons jusquà en perdre haleine.
Syllabes éclatées, vibrations extrêmes
Cris parlés, mots scandés, poèmes
Lambiance se déchaîne
La glace fond et la retenue brise ses chaînes
La liberté sème sur le public ses graines
Le temps, malgré tout, ségrène.
De jeux de mots en jeux de scène
Les ego ne sont pas égaux dans la haine
Le Slam veut que lon saime
Cest lamitié qui tue la peine
Lorsquil est noir et dur comme lébène
Le Slam récolte ce que lon sème
Ce que lon saime, ce que lon saime.
Vibrions ! Tantôt colérique, tantôt sceptique
Remuez, remuez désespérément, vibrions tragiques
Remuez, comme Aragon, la rime poétique
Vibrionnez tous les publics
Le Slam est aussi une musique
Mais lorsque chacun se donne la réplique
En Corse Chjame e rispondi en est le nom antique
Celui dune joute poétique,
A la fois Coutumière et magique.
Après Vibrion et son Slam en duo
Magie des mots qui agitent les maux
Grandcorpsmalade a soufflé le froid et le chaud.
Nous ne lui ferons pas un article de trop.
Il na pas lâge encore d une rétro
Ca a trop chémar ! Il est devenu pro
Cétait super ! Cétait cadeau.
Aux Vibrions, qui ma envoyé un Mail
En post-scriptum, pour répondre à leur appel
Je leur dis que jétais dans leurs décibels.
Je suis venu Sans avoir recours à la SNCM
parce que la poésie urbaine, jaime.
Mes rimes ne sont pas très bonnes
Mais je voudrais quelles résonnent.
Jespère quelles auront des échos
Et que, à Vibrion, elles feront chaud.
jpC
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Sympathiques ou franchement immondes, les "Branques" et "Pieds nickelés" sont légions dans les romans noirs et ne sont pas toujours des flics. Cette année, Lucas BELVAUX a présenté son film "La raison du plus faible" au festival de Cannes sans y obtenir de récompense: ce qui est une faible raison de ne pas aller le voir.Le contexte du film rappelle celui du film anglais "The full Monthy", mais, chez BELVAUX, les chômeurs sont des Belges et , au lieu de s'entraîner à devenir des Shippendales, ils préparent un casse. Les régles du banditisme changent et ce n'est plus la raison du plus fort qui l'emporte. Les faibles sont les nouveaux pauvres, privés de travail et exclus de la société qui trouvent un sursaut d'orgueil pour avoir le courage d'agir dans un baroud qui serait une revanche sur leurs vies volées d'ouvriers trahis, faute de pouvoir gagner un gros lot à une loterie nationale.Lucas BELVAUX situe l'action dans le plat pays de BREL, au milieu d'un de ces vestiges de l'industrialisation où les hommes ont pour horizon des bâtiments d'usine, fleurons de la métallurgie. Désabusés par l'impuissance syndicale, des ouvriers se retrouvent privés d'un travail dont ils étaient fiers, par un "patronanonymat" d'investisseurs. Comme chacun le sait , l'oisiveté n'est pas bonne conseillère, surtout lorsqu'elle est la conséquence d'une grave frustration. Des braves chômeurs belges s'énervent à taper le carton dans un troquet et perdent leurs rêves de richesses au Loto. Leur solidarité de travaiilleurs et leurs luttes sociales passées les aident à ne pas sombrer totalement dans le désespoir, lorsque leur énérgie à resister les pousse à refuser la fatalité. Parmi eux une femme, Carole, s'échine et sue sa santé dans une usine de repassage. Elle a encore la chance d'avoir un travail. Cet ultime chance est malmenée par une panne de vélomoteur et des retards de bus. Ses dificultés vont agir comme un coup de foudre et déclencher la révolte. Il ne sera plus question de renoncer à des rêves de vie meilleure. Il faudra prendre l'argent là où il est. Il ne s'agit pas d'accomplir un acte immoral mais de bénéficier d'un juste retour sur investissements en effort et temps, en sueur et vie. Ce serait comme un remboursement sur leur vie bradée... Pour la suite, nous nous associons , sans ièdeur, au magazine avignonais "Utopia", dans sa critique enthousiaste lorsque nous lisons: " Ce qu'il adviendra d'eux: vous verrez bien , et le film va prendre des airs superbes de film noir, mené tambour battant sur une musique qui est un régal dans le genre. D'ailleurs tout est beau dans ce film et les images, en scope magnifique, ont une ampleur qui vous file le frisson... Un film porté par un soufle épique et néanmoins drôle et modeste. On y passe, sans le moindre temps mort, de l'exaltation à l'émotion, du rire à la colère, du suspense à l'émotion rigolarde.."Faites comme moi. Allez le voir! Lucas BELVAUX s'applique à faire du cinématographe. Il crée là où d'autres fabriquent. Il y met de l'humanité. Lorsqu'il s'agit de genre noir , l'umanité et le social forment l'essentiel de cette culture ancrée ( ou encrée) dans le présent.Dans l'article de la gazette Utopia, le rédacteur avoue qu'il enrage de ne pas voir ce film palmé entre "Indigènes" et Ken Loach. Pour le consoler, Corse noire lui délivre à l'unanimité du Jury "le figatellu d'or" pour rire et "le myrte d'or" pour la saveur.
Début non sérieux d'anthologie des Branques et des Pieds nickelés:Dans le genre policier ou noir , on ne rencontre pas que de grands criminels pervers dont le machhiavélisme entraîne des diffcultés quasi insurmontables pour les confondre, surtout lorsque, face à eux, officient des flics ripoux ou imbéciles. Ces professionnels du crime, sans scrupule et sans pitié, n'ont aucune excuse. Par ailleurs, on pourrait établir un florilège d'une délinquance moins experte et plus humaine en commençant par le genre burlesque. Dans "Faites sauter la banque", Victor Granier ( joué par De Funès), commerçant en articles de chasse et de pêche ruiné par un placement dans des actions au Tangana, entraîne sa famille dans le casse de sa banque, en creusant un tunnel. Dans le film " Prends l'oseille et tire-toi", Woody Allen se met en scène deans le rôle d'un ganster malchanceux. Plus récemment, Bob Swain a adapté en comédie policière, intitulée "Nos amis les flics", le roman de Jay Cronley " Le casse du siècle" ( "Cheap Shot" étant le titre original ). L'amateurisme de quatre branquignoles va donner des idées à un truand chevronné ( joué par Daniel Auteuil) pour réaliser un braquage audacieux puisqu'il commence par la prise en otages de tous les flics d'un commissariat de police. On pense alors aussi au premier roman de Chistian Roux "Braquages" dans lequel quatre SDF sont recrutés par un individu mystérieux pour braquer. Et puis , il y a le titre du dernier opus de Patrick Pécherot " Boulevrad des Branques" qui annonce une brochette de truands, nazis, collabos beaucoup moins sympathiques que les SDF de Roux our les Pieds Nickelés de Jay Cronley. A propos de ce dernier, il est l'auteur aussi de la fameuse "Java de Loquedus". Son personnage "Trou'" offre des similitudes avec celui de son ami Weslake ( John Dotmunder). Les amitiés entre auteurs seraient-elles à l'origine des quelques cousinages de leurs héros?
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Préhistoire du polar Marseillais :<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
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Si Jean-Claude Izzo a fait monter le polar marseillais à Paris et si Philippe Carrèse peut mettre en avant la publication de « Trois jours dengatse » (Collection Misteri de lEditeur corse Méditorial) antérieure à celle de Total Khéops (1995), ce débat sur lantériorité des uns et des autres n'a pas lieu d'être car il faut remonter beaucoup plus loin. Il faut remonter avant la première guerre mondiale pour retrouver les pionniers de ce polar régional : Pierre Yrondy et Jean-Toussaint Samat.
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Mais, avant de les évoquer, nous avons retrouvé dans un livre « Ma belle Marseille » écrit par Carlo Rim en 1934, linspecteur Hyppolite Gugliero , alias « Maurice » de la Sûreté urbaine de Marseille, qui aurait pu inspirer le personnage récurrent dune série policière si Carlo Rim ne sétait pas arrêté à une courte présentation dans un livre sur Marseille. Pour la petite histoire, ce livre est dédié à un ami César Campinchi et comprend un chapitre satirique sur la Corse, si présente à Marseille. Nous ne parlerons pas de cette évocation de lîle de beauté, décrite parfois avec lyrisme par Carlo Rim mais aussi avec un humour qui, sans en prendre conscience, véhiculait déjà à lépoque une image fausse et négative du Corse reprise aujourdhui , sans humour et en toute conscience, par des Franchouillards porteurs dun racisme rampant. Nous citerons simplement, dans cet opus léger, les paroles du Commandant Orlandi , qui sur le Cyrnos, ressemblait à Neptune et disait à Carlo Rim , journaliste : « Cest la première fois que vous allez en Corse. Bien entendu, vous ny resterez que quatre jours, vous photographierez la chaise à porteurs de Laetitia Bonaparte et les Calanques de Piana. Vous interrogerez une jeune paysanne de Palmeca que vous appellerez Colomba et un jeune chasseur de Monte dOro que vous prendrez pour Matteo Falcone ou pour Spada. Et puis, vous écrirez un article définitif »
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Revenons donc à linspecteur Gugliero, flic marseillais, tel que décrit par Carlo Rim, aux Editions Denoël et Steele (6ème édition en 1934):<o:p></o:p>
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« Linspecteur Gugliero, le chapeau sur le menton, les épaules mouvantes, traîne, en soufflant, son ombre. Trempée de sueur, sa chemise de soie ne laisse rien ignorer du torse musclé et dodu de lutteur japonais, et ses pieds élégamment chaussés se posent infailliblement sur les pavés les plus hauts, les plus larges, les plus secs de cette rue sans trottoir, que mille seaux de toilette, vidés par les fenêtres, transforment chaque matin en une répugnante caricature de Venise.<o:p></o:p>
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Un bistrot. « Adieu, Maurice ! »<o:p></o:p>
Un marchand de jujubes.- « Msieu Maurice, si vous les aimez ? »<o:p></o:p>
Une fleuriste (qui porte sur son dos une grande couronne dillets naturels). «Vè, monsieur Maurice, le beau mort que je me suis fait ! »<o:p></o:p>
Un nègre en smoking (mais sans col).- « Salou, missiè Maurissè ! »<o:p></o:p>
Maya.- « Cque tu me plais, monsieur Maurice ! »<o:p></o:p>
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- Ils mappellent Maurice, probablement parce que je me nomme Hippolyte, mexplique linspecteur Cest vraiment un pays marrant - tragique à ses heures, sûr pour nous autres. Ah ! Quel métier et nous sommes payés, il faut voir ! Quand je passe au guichet, à la fin du mois, jai tellement honte, que jai envie de tout laisser au caissier, en pourboire, et en mexcusant de ne pouvoir faire mieux Y a aussi les frais de recherches quand jen parle, je sens que je vais me trouver mal : deux mille francs à partager entre 340 inspecteurs <o:p></o:p>
- Par jour,<o:p></o:p>
M. Maurice me fusille dun regard oblique « par mois »<o:p></o:p>
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« Linspecteur Gugliero, fataliste, fait, de sa main ornée dun aveuglant diamant, dun geste qui signifie : Après tout, zut !<o:p></o:p>
- Heureusement, poursuit-il, que monsieur Cals est un patron à la hauteur. Des chefs de la Sûreté comme lui, ça ne court pas les rues ou plutôt, si, ça court les rues ! On nest pas des bureaucrates, mais des aventuriers !... Il y a des journalistes qui se croient malins en comparant Marseille à Chicago ! Laissez-moi rire. Tous les ans une espèce de major de la police américaine vient se balader ici, en voyage détude Il repart sur le cul avec sa serviette bourrée de rapports et de notes ! Cest lui qui a publié dans une revue de son pays un article qui a mis enfin les choses au point : Chicago est un petit Marseille !... »
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Carlo Rim est né le 19 décembre 1905 dans le Gard et il est décédé le 3 décembre 1989 à Peypin dans les Bouches du Rhône. Il a été dessinateur, essayiste, journaliste, romancier, parolier, photographe, directeur de revue, scénariste et auteur - réalisateur. Il a laissé le souvenir dun homme pétri dhumour et dun scénariste, auteur - réalisateur qui a travaillé avec les plus grands acteurs comme Fernandel, Jean Richard, Dary Cowl, Danielle Darieux, Robert Lamoureux, Eddy Constantine, Bernard Blier, Louis De Funés, Yves Robert (son acteur fétiche qui est passé de lautre côté de la caméra en devant réalisateur dans la même lignée que Carlo Rim ) et nous ne pouvons tous les citer. Il les a presque tous rassemblé dans le film à sketches « Escalier de Service » (1954). On peut citer dans sa filmographies des titres comme Larmoire Volante ( Fernandel ) , Le petit Prof ( Dary Cowl), Simplet ( Fernandel), Justin de Marseille , Lamant de paille, 27 rue de la paix, Miroir , le sketche de la gourmandise dans Les 7 péchés capitaux., Virgile En 1956, il réalise le film « Truand » dans lequel Cora Vaucaire chante « La ballade des truands ». Il a été parolier et notamment de la complainte des infidèles sur une musique de Georges Van Parys et dont l premier interprète était Mouloudji. Il était dessinateur et , dans un pamphlet intitulé « Monsieur Parlement », il est lauteur dune caricature du président Auriol. Il faut aussi évoqué les documents illustrés contemporains, publiés sous sa direction et donc la collection a fait le point sur lactualité, les tendances et lavenir du cinéma français, à loccasion du cinquantenaire de linvention de cinématographe. Enfin, pour le plaisir, quelques citations de lui :
- « On lui prêté du génie, mais il ne le rend pas »
- « Au cinéma, bon dialogue ne se paie pas de mots. »
- « Certains hommes, comme certaines lunettes, sont à double foyer. »
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Marius Pegomas , détective marseillais crée par Pierre Yrondy :
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Dabord, il faut expliquer le patronyme Pegomas qui est aussi le nom dune petite ville entre les massifs de lEsterel et du Tanneron, dans la région de Grasse et le département des Alpes Martimes. Le mot provençal de « Pegomas » signe la « pégue » , la colle provençale. Ce mot à donné Pégon pour désigner un individu collant dont on ne peut pas se débarrasser. Voilà une indication sur lacharnement du détective Marius Pegomas lorsque il a un os à ronger.
Son créateur Pierre Yrondy a créé ce personnage récurrent qui a fait lobjet de la parution de 35 fascicules connus aux Editions Baudinière. Tel quil apparaissait en illustration, il sagit dun personnage faisant les 30 à 40 ans, cheveux noir coupés courts et coiffés vers lavant , portant une petite moustache bicéphale et une barbichette partant en pointe du milieu de la lèvre supérieure pour sévaser sur le menton. Il a les yeux bleus très clairs, sourcils, barbes et moustaches soignés, le visage rond, le nez plongeant et fin. De ses lèvres bien dessinées, sort une pipe droite quil serre dans ses dents, crispant donc les mâchoires, ce qui a pour effet de faire descendre les commissures des lèvres donnant à la bouche une impression de sourire inversé, alors que le front fuyant marqué par quelques rides est soucieux.
Les 35 fascicules, publiés en 1936 par Léditeur Baudinière, étaient vendus 1 francs. Nous avons retrouvé les titres :
- les gangsters de la joliette Le crime de lEtang de Berre Le trafiquant dopium Ficelé sur le rail Logresse de la Canebière Létrange aventure de M. Toc Les bijoux de Lady Merry Lénigme de Monte Carlo La terreur dAubagne Un drame au Palis du Cristal Le naufrage du Sphinx Un vol de 3 millions Laveugle de N-D de la Garde Le bout de cigare Une disparition de Bourse Un mariage tragique Le Mystère du cabanon Le revenant dAix Les ciseaux dargent Le moulin sanglant Les incendiaires de La Ciotat Le doigt coupe Le Roi de la neige Une macabre distribution Le vampire de Martigues Un cimetière dans le jardin Le sourire de mort Un enlèvement audacieux Le cur percé Le village malade Le Tyran de Nîmes Une atroce machination - Le laboratoire diabolique Un dangereux bandit.
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Pierre Yrondy est aussi lauteur de pièces de théâtre comme « Un crime, les fusillés de Vingré » sur la guerre 14/18 pièce de 1924 et « Sept ans dagonie le martyre de Sacco et Vanzetti » pièce de 1927. Nous avons trouvé aussi une histoire vécue avec le titre de louvrage : « De la cocaïne au gaz ! », roman publié par les Editions Baudinière en 1934.
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Jean Toussaint SAMAT et ses polars régionaux :<o:p></o:p>
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Un auteur contemporain marseillais Jean Contrucci a obtenu le prix de roman policier Jean -Toussaint SAMAT en 2003 avec son roman « Lénigme de la Blancarde ». Ce prix est un hommage au père des romans polar marseillais puisquil a publié son premier opus « Lhorrible mort de Miss Gildchrist » en 1932 avec lequel il fut lauréat du prix du roman daventure. En 1928, il avait déjà co-écrit un ouvrage engagé sur les trafics darmes et dhommes sous le titre « Aux frontières de lEthiopie ». Après son premier roman, il enchaîne les titres avec dabord « Circuit fermé » en 1933. Il écrit deux romans despionnage en 1934 : « Les espionnes nues » et « Lespionne au corps bronzé ». Il revient au roman policier en 1935 avec « Circuit fermé » et « Le mystère du Mas piégé ». En 1946, il publie plusieurs polars : « La mort du vieux chemin « , « Le mort de la Canebière », « Le mort à la fenêtre » et « Le mort du vendredi saint »; en 1947 « Erreurs de caisse » ; en 1949 « Le mort et la fille » ; en 1950 « Concerto pour meurtre et orchestre », qui a été récemment repris en feuilleton par le Journal littéraire (2004-2005). Il a publié la plupart de ses romans policiers dans la collection « Cagoule « des Editions La Bruyère. Nous avons retrouvé une édition de « Le mort de la Canebière », Les Editions de France avec en première page la contre indication « à ne pas lire la nuit ! ».<o:p></o:p>
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Combat écologiste en Corse : réalité et fiction
Le 7 juillet dernier, au petit matin, sur le pont 10 du Car ferry Danielle Casanova, japercevais les îles Sanguinaires. Jai alors inspiré lair à pleines narines sans que lodeur du maquis ne vienne réveiller mon imprégnation sensorielle des voyages dantan. Ensuite, la côte mest apparue un peu plus « mitée » par des constructions modernes. Heureusement, arrivé à bon port, la vieille ville était toujours là avec son âme corse. Sur quelques vitrines de magasin, je remarquais alors la présence daffiches annonçant une manifestation écologiste pour le lendemain à 17 heures.
Jai dabord profité de quelques heures sur une plage dont des parties chaque année plus étendues sont privatisées par létalement des matelas de paillotes aux allures et aux tarifs de restaurants de luxe. Des vaches surréalistes et leurs veaux y préservent encore un espace public. Dans la soirée, je me suis rendu au Lazaret Ollandini pour écouter Raphaël Enthoven parler de La Nausée et de Jean-Paul Sartre. Le jeune philosophe a dabord posé la question, si le monde nest pas absurde, de savoir si lon lui peut donner un sens à travers ce roman. Il ajoute que «la Nausée » (version littéraire de lEtre et le Néant) donne à penser à travers un récit Dans la soirée et une partie de la nuit, les musiciens et les chanteurs ont occupé la ville pour un shopping nocturne organisé par les commerçants ajacciens.
Mais venons-en à la journée du 8 juillet et à la manifestation écologiste. Je passais par la Librairie La Marge pour acheter quelques friandises littéraires corses, parmi lesquelles je choisis un polar de Jean-Louis ANDREANI « Sole di Corsica » , après avoir lu la quatrième page de couverture :
« Le paysage était splendide. Le golfe baignait les étendues vierges dun espace protégé : la Punta Pulèmica, refuge doiseaux de passage et despèces végétales rares. Convoitée depuis toujours par les promoteurs, défendue par les écologistes au prix dune guérilla permanente, la Punta Polèmica était devenue emblématique de la lutte contre les « bétonneurs » Mais la SCI Sole di Corsica et qui dit sci dit souvent partenaires bien mystérieux - veut implanter justement là, dans ce paradis, un superbe complexe touristique de luxe avec golf dix-huit trous et tutti quanti. Tout est dit : Delphine Mailly, la superbe blonde qui avait déjà fait des ravages dans « La Salamandre de Vizzavona », appelée à la rescousse par ses copines écolo, va se mobiliser pour empêcher ce désastre. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
Cela me rappela laffiche de la manifestation prévue à 17 heures et organisée par un collectif de cinquante associations appelant à manifester pour exiger : « lapplication de la loi littorale pour tous, le maintien des espaces remarquables ainsi que celui des terres agricoles, la réalisation concrète du sentier du littoral et un PADDUC respectueux de lenvironnement et des intérêts de lîle ».
En fin daprès-midi, un peu avant ce rassemblement, je minstallais sur un banc de pierre à lombre des palmiers de la place de la Mairie et je prenais le temps de commencer ma lecture. Dans les dix-huit premières pages, lauteur met en scène lhéroïne Delphine Mailly, avocate des causes écologistes appelée par deux animatrices dassociation de défense de lenvironnement : Blanche, prof au lycée Fesh dAjaccio et Mado, employée dune chaîne de produits bio, sur de François, bachelier de 17 ans nouvellement inscrit à luniversité de Corté. Il sagit de préserver le site de la Punta Polèmica menacé par le projet immobilier de la SCI Sole di Corsica créée avec des capitaux pouvant provenir de la Mafia italienne. Dix-huit premières pages denses avec linventaire de problèmes corses très sensibles, sur lesquels les points de vue divergent comme celui du jeune François qui dit à sa sur écologiste : « On va rester entre nous à se regarder le nombril au bord de notre beau littoral désert, en attendant que le continent veuille bien nous donner assez de subventions pour manger ? Merci ! Moi je veux travailler et gagner des tunes. La réserve dIndiens vous vous la gardez ! ».
La fiction sillustrait maintenant sous mes yeux par une manifestation courageuse dénonçant «la privatisation du littoral, la spéculation immobilière, la spoliation et la défiguration des sites », tout en se rappelant que la loi sur le littoral nest pas une loi de sanctuarisation et que lon pouvait «concilier développement et respect de lenvironnement ».
Revenons enfin à la fiction du roman « Sole di Corsica » et à son héroïne. Avant dêtre avocate, elle était agent du Fisc dans un polar précédent du même auteur, « La salamandre de Vizzavona » où elle sattaquait à un dirigeant autonomiste quelle devait essayer de coincer grâce à une enquête fiscale menée de façon ultra secrète qui avait tourné au dérapage incontrôlé jusquà ce quelle frôle la mort sur léperon rocheux de la citadelle de Corte. La «ravissante Delphine » avait fait la Une de la presse people et épousé un grand avocat fiscaliste qui la débaucha de son administration, lembaucha comme collaboratrice puis lépousa et quelle quitta rapidement pour sinstaller à son compte dans son nouveau polar et y défendre les causes écologistes.
Cette «beauté blonde » est tout le contraire dune poupée écervelée et vénale. Malgré le traumatisme de sa dernière mission en Corse, elle accepte dy revenir pour aider deux femmes corses à sauver un bout de littoral. Blanche et Mado envisagent même de faire parler la poudre en ayant recours, comme dynamitéro, au vieux Simon, ancien militaire descendant du grand bandit dhonneur Bellasoscia ( « Belle cuisse » pour une généalogie viril et prolifique), spécialiste des explosifs sans être lié à un groupe dautonomistes . Notre avocate va se retrouver dans un nouveau pétrin politico-financier et devenir rapidement la cible de la Mafia mais aussi de quelques barbouseries fomentées dans les arcanes de lElysée. Sous des noms humoristiques et évocateurs des personnages (Paolo Nostracosa, élégant avocat italien de la Mafia, le Préfet Leprudent, Alex Compromissionni maire de Pinetello, ou encore Nicolas Vurtz, conseiller spécial à LElysée, notamment) ou de lieux (La Punta polémica et le village de Pinetelleo ), lauteur utilise la caricature en forçant un peu le trait et toute ressemblance ne semble pas toujours fortuite. Un polar avec une héroïne originale, une écriture claire et efficace avec des passages danthologie où daucuns se reconnaîtrons ou penserons à quelques connaissance. Un récit qui laisse à penser!
Ce 8 juillet, après avoir assisté au début de la manifestation, jai filé jusquau Lazaret Ollandini pour assister à la conférence de clôture, donnée par Raphaël Enthoven et Clément Rosset, le sujet de réflexion étant : Le non-sens chez Nietzsche. Clément Rosset a martelé que lon ne pouvait pas évoquer la musique et la philosophie sans faire référence à ce philosophe incontournable, fustigeant le cinéaste Wim Wenders pour cette hérésie. Finalement, en philosophie comme en Corse, tout commence ou se termine par des chansons. A la fin du roman « Sole di Corsica » , les militants écologistes corses feront-ils la fête autour dun spuntinu en chantant « compagneru » ?
Parfois, en Corse, on finit par mélanger la réalité et la fiction. Mais cest cela qui fait le charme de notre île qui offre mille paysages et où chaque voyage est une aventure humaine. La Corse est aussi (et sans doute surtout) une terre de femmes à limage de Blanche et Mado. Jai retrouvé à Partinello : Antoinette qui écrit de beaux poèmes, Tomasine et son cur de mère, Suzanne et sa fille Mimie qui ont tenu un bar et un commerce dAntiquités à St Ouen. A Evisa Marie-Rose, Daria et Barberine étaient réunies autour dun repas convivial dans une des ces «maisons qui donnent sur la rue et cachent, côté montagne, des balcons suspendus sur des paysages grandioses » (extrait de Sole di Corsica). Chacune delles , avec sa fiction et sa réalité, pourrait être lhéroïne dun roman.
Jean-Louis ANDREANI est journaliste au quotidien « Le Monde ». Il a écrit les deux polars dont nous avons parlé mais aussi dautres ouvrages et notamment : Le problème corse - La Corse, histoire dune insularité Bail précaire à Matignon Le mystère Rocard - De la Vème République
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Lédition corse en Pologne : <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
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Fin 2006, la revue littéraire polonaise « Zabudowa » (site http://zadudowa;républika.pl/zt/zt.html ) publiera une édition spéciale (vendue en kiosque avec, en plus, une publication sur le Web)) faisant une place dans ses rubriques à lédition Corse. Joël Jégouzo de NoirCommePolar a accepté gentiment de publier lun de ses articles qui paraîtra en Pologne et que nous mettons en ligne ci-dessous :
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Le Polar Corse : Chjamè rispondi.<o:p></o:p>
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La Corse publie. Beaucoup. La Corse invente. Beaucoup. Sans doute son insularité (géographique et culturelle) y est-elle pour quelque chose dans ce regain dinvention et dexpression qui la marque aujourdhui. Son « insularité », ou plutôt, la prise de conscience de sa place dans le monde. Le « monde », oui : les cinq continents. Le sentiment que sa « corsitude », ce sentiment dappartenir à une entité historique, culturelle, que lon vit ailleurs comme menacée, justement dans ses dimensions insulaires, méditerranéennes, ne lest pas en réalité. Changeons de vocabulaire donc : laissons le mot de « corsitude », chargé des représentations stéréotypées que le vieux continent a forgé dune île imaginaire vouée à un sot exotisme, aux dépliants touristiques et parlons plutôt de « corsité » : le fait dêtre corse, dans un monde globalisé, est une chance. Explorons cette corsité, semblent proclamer les éditeurs corses, dont lambition saffiche à hauteur dun investissement proprement militant pour que cette culture rayonne enfin, comme sils étaient persuadés que lancestrale culture corse représentait non seulement le salut pour la nation corse, mais un vrai laboratoire des mondes à venir.
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Car voici que confluent brusquement de sérieux héritages pour former les conditions dun (re)surgissement exemplaire celui du fait Corse. Au point de confluence, lhéritage culturel de la diaspora corse, la culture orale corse et la volonté dêtre corse par-delà les dérives identitaires et les reniements de toutes sortes, leur tentation du moins, dans un monde culturellement aliéné à la civilisation libérale américaine.<o:p></o:p>
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Lhéritage de la diaspora corse tout dabord. On la dit de bien dautres nations : cest une chance de posséder une forte immigration à létranger, formant les têtes de pont dune culture vivante, exposée au défi dexister envers et contre lexil. Une diaspora donc, non seulement ambassadrice du fait corse, mais et peut-être surtout, communauté affrontée aux autres cultures, sachant mieux mesurer les défis du monde, tel quil les réorganise.
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Au point de convergence, toujours, lhéritage de la culture orale corse nous y reviendrons. Enfin, la volonté dêtre corse : un corps, plutôt quun corpus à ressasser. Et donc la nécessité de rompre avec une représentation véhiculée par le vieux continent dune terre mystifiée et par mystification, entendons toutes les dérives intra et extra muros que la Corse a connues ou subies. Car le mythe impose une rhétorique et une langue dont il faut semparer. Cest bien ce que les éditeurs corses ont compris, qui convoquent désormais la littérature mondiale autour du texte corse. Faisant ainsi entrer de plain pied dans la langue corse une géographie expansive quil nous est possible, enfin, dentendre, et cest ce qui importe : que léchange soit possible.<o:p></o:p>
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Alors prenez in fine la langue Corse, enracinée dans une forte tradition orale. Voilà qui nest pas sans évoquer la situation de lIrlande au moment où Joyce entreprend décrire : minoritaire, enfermée dans la domination britannique. Joyce nécrit pas en gaélique, mais il sait faire chanter sa langue natale dans la langue de loppresseur, pliant au passage les règles du roman moderne au grain hérité du plus profond de son histoire. Cette jouissance séminale de la parole à la suture du parlé et de lécrit, cest dans son roman quil va donc la faire passer, abusant de phonétique, jouant du surgissement du son dans le mot. Lisez-le à haute voix, vous lentendrez bien, allez ! Mais sil y a de lhérétique dans cette langue, cest bien que son souci dexpérimentation formelle coïncide avec une conception offensive de la vie. Le vieil irlandais si vieux et dun coup à la pointe de toute modernité Cest cela que lon entend ici et là dans le corse qui sécrit aujourdhui, au-delà du besoin ontologique dexister par la révolte, dans et par cette formidable cambriole nourrie des rapines des autres possibilités langagières, en tout premier lieu offertes par la vieille langue corse.<o:p></o:p>
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Mais ne poursuivons pas trop loin ce parallèle entre lIrlande de Joyce et la Corse daujourdhui. Encore que lune et lautre se soient façonnées par une construction identitaire fondée sur l'opposition à la culture qui les dominait. Ici, lépoque n'était guère propice à la liberté artistique, comme en témoignent la censure et l'exil de nombreux écrivains irlandais, de Joyce à Beckett. Ici toujours, la nation prenait ses distances avec ses repères historiques la langue gaélique, l'Église catholique, un mode de vie rural pour se réinventer dans un cadre européen et se démarquer du nationalisme violent qui sévissait dans le Nord. Cest peut-être, toute proportion gardée, ce à quoi la Corse opère aujourdhui : à revisiter son passé pour laccomplir autrement. Car voici que dans la régulation qui sopère, le passé fait de nouveau fond sur lhistoire présente. Il nest que dévoquer cette coutume corse séculaire : le Chjamè rispondi. Il y a là, sans doute, encore, une voie que les Corses contemporains nont pas fini dexplorer dans leurs uvres. (voir le très bel article de J.-P. Ceccaldi à ce sujet sur son blog : http://blog.ifrance.com/flicorse).<o:p></o:p>
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De quoi parlons-nous ? A lorigine dune joute verbale au cours de laquelle les participants rivalisaient avec des mots scandés a capella. On nest pas loin du Slam ou du Rap. Impromptu poétique, sur un schéma mélodique répondant à des règles précises avec un contenu ouvert aux débats de société. Nul doute que la Corse tienne là le filon des modernités à venir ! Imaginez : savoir pareillement syncoper son présent, le plier aux contraintes de lhistoire tout en exposant cette dernière à la (petite) frappe de lactualité. Faire entrer dans linsolite dune voix individuelle une réponse sociétale. Pas étonnant, en outre, que le polar y tienne une place de choix, pour toutes les raisons déjà données à son sujet dans ce numéro et pour cette autre quil porte, mieux quaucun autre genre, lui-même trace de la structure Chjamè rispondi : et la contrainte des règles du genre et la liberté sans laquelle le chant ne serait quune rengaine exténuée.<o:p></o:p>
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La Corse édite donc. Selon un schéma connu : désertification rurale, migration vers les grands centres urbains. Ainsi, Ajaccio et Bastia, les métropoles, abritent-elles la quasi totalité des éditeurs actuels. Albiana, Alain Piazzola, DCL, Lettres Sud, La Marge, Matina Latina pour la première, Mediterranea, Anima Corsa, Patrice Marzocchi, pour la seconde. Ailleurs ? Rien, sinon les éditions Le Signet, établie à Corte, lancienne capitale historique.<o:p></o:p>
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La Corse édite, du noir. Beaucoup. Avec les éditions Albiana par exemple, qui travaillent une voix corse empreinte dun blues magistral, ou avec la naissance de ce personnage, le flicorse, qui, mieux quaucun autre, porte en lui toute lambiguïté du débat corse. Mais ne formalisons rien encore : découvrons !<o:p></o:p>
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Joël Jégouzo.<o:p></o:p>
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Découverte de la littérature polonaise et polonité :<o:p></o:p>
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La culture est un magnifique espace déchange dans lequel chacun a quelque chose à apprendre de lautre. Les échanges sont porteurs de nouvelles richesses que ce soit en littérature, en musique ou dans les arts visuels. La culture est lessence de notre identité. Elle la perpétue en senrichissant. Elle renforce le fil ténu entre la Corse et sa diaspora. Lidentité corse est indissociable dune culture et dune langue corses. La culture a besoin déchanges pour exister en se réinventant. Comme lhumanisme, elle ne peut être enfermée dans limmobilisme et le communautarisme. La langue a besoin de la culture pour garder toutes ses richesses et ne pas se perdre pour devenir un patois. Pour sortir la culture corse de la vitrine exotique montrée au tourisme de masse et des stéréotypes véhiculés par un racisme rampant, il faut continuer à porter notre regard sur le reste du Monde pour que le reste du monde porte un autre regard sur nous. Cest, vous dirait un Corse, chose presque atavique et naturelle pour un insulaire qui, traditionnellement, a le goût du voyage et le sens de lhospitalité.
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Lintérêt porté par la revue Polonaise sur la littérature corse méritait donc que nous parlions de ce pays géographiquement et intellectuellement si proche. Depuis plusieurs années, un événement est organisé en France : les semaines polonaises. La France a, depuis longtemps, entretenu des rapports privilégiés avec la Pologne qui a lutté, pendant des siècles, pour sa liberté. Cest loccasion de découvrir la richesse littéraire dun pays qui a donné de grands auteurs dans plusieurs genres et de réentendre les Polonaises de Frédéric Chopin.
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Sans remonter à la Genèse et en toute modestie de notre part, avant de vous citer, de façon non exhaustive, quelques noms polonais qui ont passé les frontières et conquis une renommée internationale, passons par un peu dhistoire qui peut donner un éclairage sur la culture littéraire polonaise.
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La « Rzeczpospolita » (ancienne république polonaise) était multireligieuse et multiethnique. Au XVIIIème siècle, lasservissement de la Pologne à la Russie va être à lorigine du nationalisme polonais qui atteint son apogée pendant les insurrections « romantiques » et la période dite « des partages », avec le développement des idées nationalistes chez les communautés allemande, ukrainienne, biélorusse, tartare, lituanienne et juive. Les Polonais qui refusaient la collaboration et lasservissement, ont choisi lexil et/ou la lutte armée. Un mouvement dit de résistance « organique » préconisait de travailler souterrainement et sur le terrain lidentité polonaise par louverture décoles, lorsque la langue était interdite ou encore dans des cercles littéraires. Pour une grande part, cette résistance sest organisée dans les arts et les lettres. Nombreux furent aussi les peintres qui rendirent hommage à cette culture, en lui restituant un cadre formel.
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Dans ce contexte, la littérature est devenue un instrument politique et de lutte contre loppression, utilisant les métaphores en poésie et les allégories dans le roman. Le héros romantique devenait héros national, défenseur de la culture et de lâme polonaises. Il est resté le héros non-conformiste de la jeunesse polonaise. Il lutte pour la liberté mais aussi pour des valeurs (religieuses) et des idéaux humanistes. En juillet 2005 , léditeur Atlantica a sorti un ouvrage : « Valeureuse Pologne : ses souvenirs, ses hommes détat et ses personnalités remarquables » écrit par Laurence Catinot-Crost, historienne et romancière.
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l'Hymne national
"La Pologne n'est pas encore morte tant que nous vivons"
L'histoire de l'hymne national polonais est particulièrement intéressante, jalonnée d'épisodes captivants. C'est dans un manoir de la campagne au nord de la Pologne que naquît l'auteur de son texte, rédigé au mois de juillet 1797, dans une ville lointaine située en terre italienne, étrangère mais amie, qui avait offert son hospitalité aux soldats polonais après le partage de la Pologne par ses voisins. Cet hymne, chanté spontanément sur la mélodie d'une mazurka traditionnelle, d'un jour à l'autre est devenu le chant des Légions polonaises en Italie. En gagnant toujours en popularité parmi les Polonais, cet hymne a survécu avec eux à un siècle et demi de domination étrangère. En 1926 il fut reconnu officiellement comme hymne national.<o:p></o:p>
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Ce bref rappel insuffisant a pour but de mettre en exergue une généalogie expliquant la prépondérance des thèmes nationaux et patriotiques dans la littérature polonaise. Après des années de soviétisme, la Pologne a rejoint la communauté européenne, dont elle a toujours été un membre important, notamment, dans le domaine culturel. Nous vous donnons quelques noms et quelques modestes indications pour susciter le désir daller plus loin dans la découverte des Polonais.
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Au Panthéon de la littérature polonaise, nous rendons hommage à un grand écrivain philosophe, Witold Gombrowicz et à deux grands poètes : Adam Mickiewicz et Czeslav Milosz.<o:p></o:p>
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Un grand écrivain et philosophe : Witold Gombrowicz ( 1904-1969 )
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Né en 1904 à Maloszyce, il est issu de la noblesse terrienne et donc dun milieu favorisé. Il fait des études de droit puis, sans grande conviction, sinstalle comme juriste à Varsovie. Il y fréquente le Café littéraire Ziemanska et, en 1933, publie un premier recueil de contes « Mémoire du temps de limmaturité » ( Barakaï ), mal reçu par la critique. En 1939, il part en Argentine , pour un voyage offert par lUnion des écrivains polonais. Il y vivra pendant 24 ans. En 1951, il collabore avec la revue de la diaspora polonaise « Kultura » et avec linstitut littéraire de Paris. Cest le début de sa célébrité, qui lui permettra de vivre de son travail décrivain à partir de 1955. Après un séjour à Berlin, il se rend à Paris où, en 1964, il rencontre une étudiante canadienne, Rita Labrosse, quil épousera. Il sinstalle à Vence où il décédera le 24 juillet 1969, année de sa dernière création, une pièce de théâtre intitulée « Opérette ». Dans le genre léger de lopérette, il traite des sujets lourds de la fin de lHistoire et du fiasco des idéologies. Gombrowicz a souffert, presque toute sa vie, dune maladie pulmonaire. Il disait que : « Le vrai réalisme devant la vie est de savoir que la chose concrète, la vraie réalité, cest la douleur Moi, je vois lunivers comme une entité complètement vide, où la seule chose réelle est celle qui fait mal : précisément la douleur. »
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Bibliographie :
1933 : « Mémoire du temps de limmaturité ( Barakaï ) , recueil de contes
1935 : « Yvonne, princesse de Bourgogne », pièce de théatre, et son premier roman « Ferdydurke »
1937 : « Les envoutés », roman
1953 : « Trans-Atlantique », feuilleton dans la revue Kultura, puis roman et une pièce de théâtre « Mariage »
1955 : « Pornographie », roman
1961 : « Cosmos », roman
De 1957 à 1971 : Journal I, II et III
1968 « Entretien avec Dominique de Roux » , réédition sous le titre « Testament » en 1977
1969 : « Operette », pièce de théâtre.
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Laction, humour et le suspens sont utilisés par Gombrowicz pour être lu par un large lectorat. Ses principaux thèmes, le ton, lhumour noir, le style baroque apparaissent dès son premier recueil de contes.
Dans Trans-Atlantique, il pousse le jeu sur le style à lextrême. Il y raconte son arrivée en Argentine à la veille de la deuxième guerre mondiale, un début réaliste suivi dune évolution vers le fantastique et même le grotesque. Il caricature la diaspora polonaise, prenant ses distances avec les mythes et les stéréotypes dun nationalisme qui étouffe lindividu au nom de lindépendance de la patrie. Il ne sagit cependant pas dun roman blasphématoire contre son peuple et Gombrowicz prend la précaution de préciser dans la préface : « Je conviens aussi que « Trans Atlantique est un navire corsaire qui porte en contrebande un lourd chargement de dynamite, destiné à faire exploser le sentiment national toujours en vigueur chez nous. Tout en restant Polonais, cherchons à être quelque chose de plus ample et supérieur au Polonais ! ». Sa vision apparemment « Nietzschéenne » de la polonité trouve sa signification dans son concept de « forme », thème de son premier ouvrage « Mémoire du temps de limmaturité ». Pour ce « palatin de lantiforme », lhomme nest jamais authentique et toujours déformé, comme si il jouait derrière un masque, sans vrai visage. Sa polonité, selon Joël Jégouzo, sinscrivait en faux de lhéritage polonais quil nommait à juste titre la « polonitude », concept identitaire qui, selon lui, enfermait la société polonaise restée tournée vers son passé. « Lhomme est à la fois maître et esclave de sa forme », disait-il. Lantiforme Grombrowiczienne est une forme qui soppose à la tyrannie du moule social et psychologique imposé à notre immaturité. Cest donc le refus aussi du masque identitaire, le refus de lenfermement et le « choix » de chercher librement « quelque chose de plus ample et supérieur » à la forme polonaise, tout en restant polonais. Ce nest pas une trahison , cest une ouverture sur lavenir. Ce roman « Trans-Atlantique » , mal compris, est louvrage le plus polonais de son auteur., alors quil lui a valu dêtre regardé comme un « déserteur de la cause polonaise », pour certains, et un « provocateur prétentieux » pour dautres. Quant à lui, il aimait à dire de lui : « Je suis un humoriste, un pitre, un équilibriste.. » et de nous tous : « Lhomme est un éternel acteur.. ». Un autre auteur contemporain vivant, Slawomir Mrozek, qui a aussi écrit sous le pseudo de Diaman Prutus, évoque dans ses écrits un monde déformé par une schématisation dans laquelle la forme prend le dessus sur le sens. Il crée des personnages qui sont des schémas humains ( Mrozek est né en 1930 , ses uvres dramatiques sont traduites et jouées dans de nombreux pays ).
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Dans Cosmos et Pornographie, il y a aussi du suspens. Le style devient plus naturel, mais lhistoire est plus étrange, avec des côtés malsains et pervers. Cest du roman noir existentiel. « Pornographie » est un titre en trompe lil : derrière la couverture, il ny a pas de photo X ou dérotisme.
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Ferdydurke est un collage de nouvelles avec une unicité de thème : limitation, le désir de ressembler à autrui et de rendre autrui comme soi-même, et aussi désir déchapper à autrui, de fuir, de rester soi-même. . « Les envoûtés » est un roman feuilleton fantastique où tout tourne autour dun chiffon qui bouge tout seul.
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Du 27 avril au 25 mai 1969, Gombrowicz a livré sa vision sur lévolution de la philosophie du 20ème siècle. Ses propos ont fait lobjet dune publication après son décès sous le titre de « cours de philosophie en 6 heures un quart », donnés à son épouse et à Dominique de Roux, co-auteur de « Testament ». Il sagit dun opus court mais dense : une sorte danti-manuel de philosophie « pro philosophique ». Editions Rivages poche. A lire !
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Gombrowicz a toujours dénoncé la routine et la paresse intellectuelle. Il refusait de se laisser influencer par les modes et nous exhorte à penser librement. Ces livres restent à la portée de tous et, pour la plupart, ont fait lobjet dédition en poche chez Gallimard. Le Journal écrit entre 1957 et 1971 sadresse à ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance de ce penseur moderne.
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Nota : Il faut aussi citer, comme auteur polonais important pour mieux comprendre la polonité, Jean - Chrysostome PASEK et louvrage de cet auteur « Mémoires de Jean-Chrysostome PASEK, gentilhomme polonais 1656-1688 » édité en France. Cétait le livre de chevet de Gombrowicz et selon Joël Jégouzo « un superbe ouvrage du baroque polonais, une tradition littéraire qui remonte à Rabelais ».
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Deux grands poètes : Adam Mickiewicz et Czeslav MILOSZ
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1°/ Adam Mickiewicz (1798 1855), héros national:
En 2005, les Polonais ont commémoré le 150ème anniversaire de sa mort. Il sagit dun poète emblématique dans le Panthéon de la culture polonaise. Dorigine lituanienne et héritier dune tradition pluriculturelle, il est le chef de file des Romantiques. En Pologne, il a fait naître une conscience nationale qui a, sans doute, ouvert la voie à lindépendance dans une Pologne privée de liberté et distribuée entre trois grandes puissances. Il met le concept de « Peuple » au dessus de celui de « Nation » et la liberté au dessus des appartenances. Pour lui, la Pologne devait être le « Messie des nations » et, devenue indépendante, concourir à lunification des peuples européens. Il a passé la plus grande partie de sa vie en exil (pendant 23 ans, à Paris), tout en combattant et en essayant dorganiser le résistance et la reconquête.
Il a écrit une uvre majeure : « Les Aïeux », qui a déclenché les manifestations dOctobre 1956 et inspiré celles de mars 1968 puis le mouvement Solidarnosc.
Il laisse une uvre toujours rayonnante et un message universel de liberté, tout en affirmant son enracinement profond en Lituanie.
Né en 1798 à Zaosie ( actuelle Biélorussie ). En 1812, sa famille héberge une partie de larmée de Napoléon placée sous le commandement de Jérôme, Roi de Naples. Etudiant à Vilnius, il participe à la fondation des organisations de la jeunesse progressiste et patriote : Les Philomates et les Philarètes. En 1815, il est nommé professeur de littérature latine, histoire et droit. En 1823, il est arrêté comme membre des Philomates, incarcéré puis interdit de séjour en Lituanie et sur les anciens territoires polonais. Après 5 ans passés en Russie où il rencontre Bestuzev, Rylejev (poètes dékabristes ) et Pouchkine, il voyage et rencontre Goethe à Weimar. Il sinstalle en France en 1832.Pendant son long séjour en France, il a une intense activité littéraire et occupe plusieurs fonctions, notamment, en 1840, il obtient une chaire de littérature slave au Collège de France où il côtoie Edgar Quinet et Jules Michelet. Il en fut exclu car ses cours tournaient à lémeute. « En exil et pélerin » ( « exult et pérégrinus », premiers mots de la première grande chronique polonaise qui fonde le récit polonais et a pour auteur un moine français, Gallus Anonymus) : formule reprise par Mickiewicz qui reste actif dans la résistance polonaise. En 1855, il se rend en Turquie pour soutenir les « légions polonaises » dont la création a été négociée entre le Prince Czartoryski et Napoléon III. Il y meurt du choléra. Inhumé dabord au cimetière polonais de Montmorency, son corps a été rapatrié à Cracovie en 1890. Cétait un innovateur qui travaillait la langue polonaise dans ses écrits allant jusquà bouleverser la métrique du vers polonais pour lui donner dautres rythmes.
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« Le pays denfance. Il restera à jamais saint et pur comme le premier amour » (A.Mickiewicz, épilogue du poème épique « Pan Tadeusz », 1834 dont sinspira Andrezj Wajda pour son film « Pan Tadeuz, quand Napoléon traversait le Niemen , sorti en 1999 )
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2°/ Czeslav MILOSZ ( 1911 2004 )
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Il est né le 30 juin 1911 à Szetejnie ( en Lituanie comme Mickiewicz ). Il décède le 14 Août 2004 à Cracovie , à lâge de 93 ans. Il a vécu les guerres et les totalitarismes qui lont jeté sur les routes de lexil, avec des retours toujours éphémères. Sa poésie est lexpression de cette émigration forcée quil ressentait comme un bannissement « spirituel ». « Chassé du paradis », il souffrait dêtre la victime lincompréhension « de simples mangeurs de pain ». Sa longue vie « déternel pèlerin » la façonné et a fait de lui un défenseur tenace de la pensée libre. Il était marxiste dans la Pologne « bourgeoise » et disait non aux communistes de la Pologne « populaire ». Il était athé mais regrettait le perte de limagination religieuse. Il était hostile à la « Polonité » par opposition au « zèle patriotique », tout en affirmant son attachement à sa langue et à son pays natal. Tout en exprimant cette liberté de pensée par de linconstance et des contradictions dans ses choix politiques et religieux, il avait un projet poétique «poétiser la réalité » et était en quête du mystère de lexistence. Si, poète maudit, il a percé ce mystère, il ne la pas divulgué avant de mourir. Il laisse une uvre variée dans le style et multiple dans la forme.
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Cest par « La pensée captive », premier livre publié à lEtranger quil est connu du lectorat occidental en 1953. Par la suite, il est récompensé par le Prix littéraire européen avec « La prise du pouvoir ». En 1997, il obtient le prix Nike avec la parution de « Chien mandarin ». Il faut citer ses poèmes dont « Anthologie personnelle » paru en 1998 et ses essais dont « La recherche de la patrie » en 1992.
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La Pologne est la patrie de deux cinéastes célèbres : Roman Polanski et Andrzej Wajda<o:p></o:p>
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1°/ Roman Polanski : <o:p></o:p>
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Roman Polanski est né à Paris en 1933 de son vrai nom « Raymond Liebling ». Il rentre avec ses parents en Pologne où il se trouve lors de linvasion nazie en 1939. Il sévade du Ghetto de Cracovie et échappe aux camps de la mort où sa mère disparaîtra. Il retrouve son père après la guerre. Il fréquente une école des Beaux arts, et en 1950 tourne dans quelques films et entre à lécole du cinéma de Lodz. Il réalise dabord des courts métrages, puis, son premier long métrage en 1962 « Le couteau dans leau ». Il séjourne en Angleterre où il réalise « Répulsion », « Létrange cul de sac » et « Le bal des Vampires ».. En 1968, il sort son premier film hollywoodien « Rosemarys Baby ». Lannée suivante , son épouse Sharon Tate est assassinée sauvagement par le tueur en série Charles Manson, alors quelle est enceinte de 8 mois. Il retourne en Europe où il tourne Macbeth. En 1974, il obtient un grand succès avec « Chinatown ». Il tourne ensuite Tess, Pirates, la Neuvième porte, la jeune fille et la Mort., Pianiste. En 2005, son dernier film est une adaptation de « Oliver Twist » de Charles Dickens.
Avec Le Pianiste, sorti en 2003, il évoque loccupation nazie en Pologne et le ghetto de Varsovie. Il a obtenu la Plame dor à Cannes. Polanski est aussi acteur et a joué dans de nombreux longs métrages réalisés ou non par lui. Il a notamment fait lacteur dans des films de Andrzej Wajda comme « Zemsta » ( La vengeance) dans lequel il joue le personnage de Papkin en 2002, mais aussi « Génération une » en 1955 dans le rôle de « Mundek », ou encore« Dudzio » dans « Do widzenia, do jutra » en 1960.
2°/ Andrzej Wajda :<o:p></o:p>
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Andrzej Wajda est né en 1926 à Suwalki. Il a fait des études aux Beaux Arts de Cracovie et ensuite, comme Polanski, à lEcole Supérieure de Cinématographie de Lodz. Il a occupé plusieurs fonctions dans des instances du Cinéma polonais dont il sest fait le défenseur et, en 1988, on le retrouve aux côtés de L. Walesa dans Solidarnosc. Cest un novateur dans le domaine de lexpression cinématographique et un intellectuel qui sinspire de la peinture et de la littérature polonaises et étrangères. On retrouve dans son uvre les thèmes du romantisme ( héroïsme, vertus morales..) et de lhumanisme ( la mort, lamour, la haine..), dans un style fait de baroque, de lyrisme et de métaphore poétique. Il met en scène, sous son éclairage, sa vision personnelle et artistique de lhistoire de la Pologne mais aussi de la tradition polonaise et de la polonité. En 1950, il participe à la création du mouvement appelé « Ecole polonaise du cinéma » qui va faire connaître le cinéma polonais dans le monde entier. En 1955, il débute avec la réalisation de « Pokolénie » (la même année Roman Polanski réalise « La bicyclette », film dans lequel il joue lui-même la victime). Quelques titres de films à revoir : Kanal 1957, Cendres et diamants 1958, Lhomme de marbre 1976, lhomme de fer 1981 Danton 1982. Il a obtenu la Palme dor à Cannes pour lHomme de fer , le lion dor à Venise pour lensemble de son uvre et dautres distinctions dont la légion dhonneur en France.
Andrzej Wajda a fait ladaptation cinématographique de plusieurs uvres de la littérature polonaise dont « Pan Tadeusz » , film sorti en 1999.
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La « Noire » polonaise :<o:p></o:p>
Dans les année 1980 , on assiste à un retour à laffabulation dans la littérature et, dans les années 1990 , à lintrigue. Des auteurs polonais apparaissent dans le roman noir, le polar et le thriller. Nous avons noté lexistence en France dune librairie polonaise avec une boutique en ligne : Librairie franco-polonaise LEKTURA, 24 rue Saint Jacques à Lille (59). Cette librairie vous propose des ouvrages en polonais ou traduits.
Nous avons relevé des auteurs connus comme Alex Joe, Joanna Chmivlewska, Jaroslav Miklaszeask, Marek Krajewski ...
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Nous avons relevé louvrage de lauteur polonais Manuela Gretkowska « Tarot Paryski », dans lequel lauteur vous fait suivre une piste spirituelle et mystique dans un labyrinthe culturel où vous rencontrerez le Tarot, lhumour, le sexe et la Kabbale.
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Du 10 au 12 Novembre 2006 à Berlin, aura lieu le 3ème colloque France Allemagne - Pologne sur le polar.<o:p></o:p>
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