• Slam  et chjam’è rispondi:

    Extrait d’un slam de Grand corps malade :
    J’ai constaté que la douleur était une bonne source d’inspiration
    Et que les zones d’ombre du passé montrent au stylo la direction
    La colère et la galère sont des sentiments productifs
    Qui donnent des thèmes puissants, quoi qu’un peu trop répétitifs
    A croire qu’il est plus facile de livrer nos peines et nos cris
    Et qu’en un battement de cils un texte triste est écrit
    On se laisse aller sur le papier et on emploie trop de métaphores
    Pourtant je t’ai déjà dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts
    C’est pour ça qu’aujourd’hui j’ai décidé de changer de thème
    D’embrasser le premier connard venu pour lui dire je t’aime
    Des lyrics pleins de vie avec des rimes pleines d’envie
    Je vois, je veux, je vis, je vais, je viens, je suis ravi
    C’est peut-être une texte trop candide mais il est plein de sincérité
    Je l’ai écrit avec une copine, elle s’appelle Sérénité
    Toi tu dis que la vie est dure et au fond de moi je pense pareil
    Mais je garde les idées pures et je dors sur mes 2 oreilles



    Si je vous dis i-slam, ce n’est pas pour vous parler religion. Le « i », c’est pour Internet. « slam » ? Ne cherchez pas le mot dans le dictionnaire. Avant « slang » ( qui désigne l’argot anglais ), vous trouverez « slalomeur et slalom ».Pour expliquer ce qu’est le « slam » à un Corse, il faut lui évoquer les foires et les soirées au café du village quand, dans des jeux de mots,  les hommes s’appellent et se répondent en termes poétiques, parfois le verre à la main. Ceux qui ignorent cette « coutume corse immémoriale » relient le slam à une compétition de « spoken words »  ( = mots parlés ) venue de Chicago. Des Corses auraient-ils introduit, vers les années 80, le  Chjam’è rispondi à Chicago ? A l’origine, comme le chjam’è rispondi, le slam est donc une joute verbale où les participants rivalisent avec des mots scandés. Il  s’est propagé et a maintenant ses vedettes qui slament sous des « alias », c’est-à-dire déclament leurs textes. C’est du  « parler - chanter » à capella mais aussi un nouveau mode d’expression des jeunes des banlieues parisiennes ( différent du Rap). Ce n’est pas de la poésie mais ça lui ressemble davantage que le rap. C’est de la tcahtche poétique. En un mot, si c’est du slam,.  il y a longtemps qu’il y a des slameurs en Corse. J’ai entendu parler de nouveaux slameurs marseillais. Le phénomène a donc envahi le continent en venant des Amériques, alors qu’il n’avait jamais fait la traverser avec la SNCM.

    Un slameur d’une banlieue parisienne, est en train de devenir célèbre. Il s’agit du pseudo « Grand corps malade » , connu à St Denis sous son prénom :  Fabien. J’ai vu ce jeune homme de 28 ans à la Fnac de Marseille. C’est  effectivement un grand beau jeune homme qui est apparu sur scène avec une béquille et qui a rapidement conquis un public marseillais d’âges et d’horizons diverses. Tout Paris se l’arrachait déjà et Marseille s’est mis sur les rangs avec un concert au Dôme déjà prévu. Pour lui , « la détresse n’a pas de conversation ». Grand corps malade s’amusait et amusait par ses mots avec son handicap qui lui vient d’un accident de piscine survenu à l’âge de 20 ans. Aujourd’hui,  il slame aussi sur d’autres sujets et œuvre même dans des ateliers d’écriture. Il a besoin d’une béquille pour se tenir debout et marcher mais, si le grand corps est malade, la tête est pleine de mots justes, de textes efficaces et d’humour ravageur. Fabien  s’appelle et se répond. Le public l’entend. De la poésie, il en parle . Si elle lui paraissait « relou » , lorsqu’il étudiait la Pléiade au collège, elle l’a rattrapé « sous d’autres formes ».  Il dit : «  J’ai compris qu’elle était cool et qu’on pouvait braver ses normes ». Plus que braver les normes, il lui arrive aussi de  partir en couille,  lorsqu’il raconte le combat entre sa tête, son cœur et ses couilles mais, là encore,  il déconne avec talent. Du talent, il en a aussi pour défendre, sans angélisme,  sa banlieue de Saint Denis à qui il voue un réel amour et, à ce qui se dit, elle le lui rend bien.

    Chjam’è rispondi versus slam :

    « Voix corses montant des profondeurs de l’âme,
     Perpétuez le Chjam’è rispondi des temps immémoriaux,
     Cette Joute des beaux parleurs au comptoir d’un bistrot.
     Savez- vous que, en France, on l’appelle le slam »
                                                                       jpC
     
    Définition du Chjam’è rispondi par Angèle Poli sur le site « Terre des femmes » :

    Un chjam’è rispondi est un exercice vocal ( debout, face à face, sans accompagnement instrumental et en public). Il consiste en nune libre improvisation poétique très rythmé pratiquée par deux ou plusieurs poètes , sans critère d’âge ou de condition sociale, à l’occasion d’évènements publics : fêtes, concours, foires, noces, tontes des brebis. Si la mélodie de départ du Chjam’è rispondi est personnelle, le schéma musical repond, lui, à des règles constantes ( mélodie pentatonique descendante, avec suspension sur le second degré à la fin du premier vers, une fausse résolution à la fin du second vers, et un final qui s’achève sur la tonique du troisième vert). Il n’y a pas de thème imposé hors la poésie elle-même. Mais le contenu s’appuie couramment sur les débats de société qui sont de l’actualité proche ou « l’air du temps ». La règle veut que, dans cette joute oratoire, l’on reste d’une part toujours courtois et pétillant d’esprit et d’autre part que la réponse ( risponde) ns’appuie sur le sujet de départ appelé , tel qu’il est énoncé dans le premier couplet ( à chjama = l’appel).

    Site terres des femmes, cliquer : http://terresdesfemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/05/
       

    Définition du slam par Grand corps malade sur son site i-slam:

    Il y a évidemment autant de définitions du slam qu’il y a de slameurs et de spectateurs des scènes slam.
    Pourtant il existe, paraît-il, quelques règles, quelques codes :
    - les textes doivent être dits a cappella ("sinon c’est plus du slam" ?)
    - les textes ne doivent pas excéder 3 minutes (oui mais quand même des fois, c’est 5 minutes…)
    - dans les scènes ouvertes, c’est "un texte dit = un verre offert" (sauf quand le patron du bar n’est pas d’accord…)
    Bref, loin de toutes ces incertaines certitudes, le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l'envie de jouer avec des mots.
    Le slam est peut-être un art, le slam est peut-être un mouvement, le slam est sûrement un Moment… Un moment d’écoute, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage.
    enfin bon, moi je dis ça…
    Grand Corps Malade

    I.sl’âme pour  Grandcorpsmalade.com :

    « Communiquer par I.mod, c’est à la mode.
        S’envoyer des sms, lancer des  sos,
        kif  ou détresse ?
        C’est du communiquer express.
        Si vous prenez le temps, jetez vos portables
        Assis à une table ou au comptoir d’un bistrot,
        Aller jouer avec les mots.
        Si vous ne connaissez pas le slam
        Sur le Web, découvrez donc l’I.slam
        N’ayez pas peur, c’est un site de slameur.
        Etats d’âme et paroles du cœur en sont la trame.
        On y déconne même avec le drame.
        Je vous conseille le site de Grandcorpsmalade.
        Avec ce baladin, vous pourrez continuer votre I.balade.
        Pour vivre des attaques à mots armés,
        La valeur n’attend pas le nombre des années. »
                                                         Texte de jpC
       
       

    Site de Fabien alias Grand corps malade cliquer : http://www.grandcorpsmalade.com

    Suite à la Fiesta du Sud  le 26 octobre 2006

    Connaissez-vous Vibrion ?
    Si vous répondez non
    Je vais vous damer le pion
    Vous marcher sur les arpions
    Puis vous botter le fion,
    Pour vous donner des sensations
    Et vous sortir de l’inaction.
    Sur parole, il faut me croire
    Bougez-vous ! Allez les voir
    Les écouter un de ces soirs
    Même si on ne peut pas s’asseoir
    Et plutôt debout avec un verre à boire
    C’est un rendez-vous devant un comptoir
    On vous y sert des mots en noir
    Et noir, ça rime même avec espoir.
    Sous la passerelle des docks
    Jusqu’à plus de ten o’ clock
    Loin de mon paddock,
    J’ai écouté du slam n’roll on the Rock.
    C’est mieux que d’aller chez Mister Doc ;
    J’ai trouvé le remède ad hoc.
    A ma journée, il fallait un électrochoc,
    Ce fut le choc des mots sur une musique de choc.
    Décibels et phrases rythmées
    Attaques à mots armés
    Vérités déclamées
    C’est Vibrion qui est venu slamer…
    Par leur poésie urbaine rimée
    Sur des gestes saccadés et mimés
    Le public a vite été arrimé.
    De jeux de mots en jeux de scène
    Vibrion entame ma passivité devenue obscène,
    Bousculant les sons jusqu’à en perdre haleine.
    Syllabes éclatées, vibrations extrêmes
    Cris parlés, mots scandés, poèmes
    L’ambiance se déchaîne
    La glace fond et la retenue brise ses chaînes
    La liberté sème sur le public ses graines
    Le temps, malgré tout, s’égrène.
    De jeux de mots en jeux de scène
    Les ego ne sont pas égaux dans la haine
    Le Slam veut que l’on s’aime
    C’est l’amitié qui tue la peine
    Lorsqu’il est noir et dur comme l’ébène
    Le Slam récolte ce que l’on sème
    Ce que l’on s’aime, ce que l’on s’aime.
    Vibrions ! Tantôt colérique, tantôt sceptique
    Remuez, remuez désespérément, vibrions tragiques
    Remuez, comme Aragon, la rime poétique
    Vibrionnez tous les publics
    Le Slam est aussi une musique…
    Mais lorsque chacun se donne la réplique
    En Corse Chjame e rispondi en est le nom antique
    Celui d’une joute poétique,
    A la fois Coutumière et magique.
    Après Vibrion et son Slam en duo
    Magie des mots qui agitent les maux
    Grandcorpsmalade a soufflé le froid et le chaud.
    Nous ne lui ferons pas un article de trop.
    Il n’a pas l’âge encore d’ une rétro…
    Ca a trop chémar ! Il est devenu pro…
    C’était super ! C’était cadeau.
    Aux Vibrions, qui m’a envoyé un Mail
    En post-scriptum, pour répondre à leur appel
    Je leur dis que j’étais dans leurs décibels.
    Je suis venu Sans avoir recours à la SNCM
    parce que la poésie urbaine, j’aime.
    Mes rimes ne sont pas très bonnes
    Mais je voudrais qu’elles résonnent.
    J’espère qu’elles auront des échos
    Et que, à Vibrion, elles feront chaud.
    jpC





     



     
     
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  • Sympathiques ou franchement immondes, les "Branques" et "Pieds nickelés" sont légions dans les romans noirs et ne sont pas toujours des flics. Cette année, Lucas BELVAUX a présenté son film "La raison du plus faible" au festival de Cannes sans y obtenir de récompense: ce qui est une faible raison de ne pas aller le voir.

    Le contexte du film rappelle celui du film anglais "The full Monthy", mais, chez BELVAUX, les chômeurs sont des Belges et , au lieu de s'entraîner à devenir des Shippendales, ils préparent un casse. Les régles du banditisme changent et ce n'est plus la raison du plus fort qui l'emporte. Les faibles sont les nouveaux pauvres, privés de travail et exclus de la société qui trouvent un sursaut d'orgueil pour avoir le courage d'agir dans un baroud qui serait une revanche sur leurs vies volées d'ouvriers trahis, faute de pouvoir gagner un gros lot à une loterie nationale.

    Lucas BELVAUX situe l'action dans le plat pays de BREL, au milieu d'un de ces vestiges de l'industrialisation où les hommes ont pour horizon des bâtiments d'usine, fleurons de la métallurgie. Désabusés par l'impuissance syndicale, des ouvriers se retrouvent privés d'un travail dont ils étaient fiers, par un "patronanonymat" d'investisseurs. Comme chacun le sait , l'oisiveté n'est pas bonne conseillère, surtout lorsqu'elle est la conséquence d'une grave frustration. Des braves chômeurs belges s'énervent à taper le carton dans un troquet et perdent leurs rêves de richesses au Loto. Leur solidarité de travaiilleurs et leurs luttes sociales passées les aident à ne pas sombrer totalement dans le désespoir, lorsque leur énérgie à resister les pousse à refuser la fatalité. Parmi eux une femme, Carole, s'échine et sue sa santé dans une usine de repassage. Elle a encore la chance d'avoir un travail. Cet ultime chance est malmenée par une panne de vélomoteur et des retards de bus. Ses dificultés vont agir comme un coup de foudre et déclencher la révolte. Il ne sera plus question de renoncer à des rêves de vie meilleure. Il faudra prendre l'argent là où il est. Il ne s'agit pas d'accomplir un acte immoral mais de bénéficier d'un juste retour sur investissements en effort et temps, en sueur et vie. Ce serait comme un remboursement sur leur vie bradée... Pour la suite, nous nous associons , sans ièdeur, au magazine avignonais "Utopia", dans sa critique enthousiaste lorsque nous lisons: " Ce qu'il adviendra d'eux: vous verrez bien , et le film va prendre des airs superbes de film noir, mené tambour battant sur une musique qui est un régal dans le genre. D'ailleurs tout est beau dans ce film et les images, en scope magnifique, ont une ampleur qui vous file le frisson... Un film porté par un soufle épique et néanmoins drôle et modeste. On y passe, sans le moindre temps mort, de l'exaltation à l'émotion, du rire à la colère, du suspense à l'émotion rigolarde.."

    Faites comme moi. Allez le voir! Lucas BELVAUX s'applique à faire du cinématographe. Il crée là où d'autres fabriquent. Il y met de l'humanité. Lorsqu'il s'agit de genre noir , l'umanité et le social forment l'essentiel de cette culture ancrée ( ou encrée) dans le présent.

    Dans l'article de la gazette Utopia, le rédacteur avoue qu'il enrage de ne pas voir ce film palmé entre "Indigènes" et Ken Loach. Pour le consoler, Corse noire lui délivre à l'unanimité du Jury "le figatellu d'or" pour rire et "le myrte d'or" pour la saveur.

    Début non sérieux d'anthologie des Branques et des Pieds nickelés:

    Dans le genre policier ou noir , on ne rencontre pas que de grands criminels pervers dont le machhiavélisme entraîne des diffcultés quasi insurmontables pour les confondre, surtout lorsque, face à eux, officient des flics ripoux ou imbéciles. Ces professionnels du crime, sans scrupule et sans pitié, n'ont aucune excuse. Par ailleurs, on pourrait établir un florilège d'une délinquance moins experte et plus humaine en commençant par le genre burlesque. Dans "Faites sauter la banque", Victor Granier ( joué par De Funès), commerçant en articles de chasse et de pêche ruiné par un placement dans des actions au Tangana, entraîne sa famille dans le casse de sa banque, en creusant un tunnel. Dans le film " Prends l'oseille et tire-toi", Woody Allen se met en scène deans le rôle d'un ganster malchanceux. Plus récemment, Bob Swain a adapté en comédie policière, intitulée "Nos amis les flics", le roman de Jay Cronley " Le casse du siècle" ( "Cheap Shot" étant le titre original ). L'amateurisme de quatre branquignoles va donner des idées à un truand chevronné ( joué par Daniel Auteuil) pour réaliser un braquage audacieux puisqu'il commence par la prise en otages de tous les flics d'un commissariat de police. On pense alors aussi au premier roman de Chistian Roux "Braquages" dans lequel quatre SDF sont recrutés par un individu mystérieux pour braquer. Et puis , il y a le titre du dernier opus de Patrick Pécherot " Boulevrad des Branques" qui annonce une brochette de truands, nazis, collabos beaucoup moins sympathiques que les SDF de Roux our les Pieds Nickelés de Jay Cronley. A propos de ce dernier, il est l'auteur aussi de la fameuse "Java de Loquedus". Son personnage "Trou'" offre des similitudes avec celui de son ami Weslake ( John Dotmunder). Les amitiés entre auteurs seraient-elles à l'origine des quelques cousinages de leurs héros?
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  • Préhistoire du polar Marseillais :<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

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    Si Jean-Claude Izzo a fait monter le polar marseillais à Paris et si Philippe Carrèse peut mettre en avant la publication  de « Trois jours d’engatse » (Collection Misteri de l’Editeur corse Méditorial) antérieure à celle de Total Khéops (1995), ce débat sur l’antériorité des uns et des autres n'a pas lieu d'être car il faut remonter beaucoup plus loin. Il faut remonter avant la première guerre mondiale pour retrouver les pionniers de ce polar régional : Pierre Yrondy et Jean-Toussaint Samat.

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    Mais, avant de les évoquer, nous avons retrouvé dans un livre  « Ma belle Marseille »  écrit par Carlo Rim en 1934, l’inspecteur Hyppolite Gugliero , alias « Maurice » de la Sûreté urbaine de Marseille, qui aurait pu inspirer le personnage récurrent d’une série policière si Carlo Rim ne s’était pas arrêté à une courte présentation dans un livre sur Marseille. Pour la petite histoire, ce livre  est dédié à un ami César Campinchi  et  comprend un chapitre satirique sur la Corse, si présente à Marseille. Nous ne parlerons pas de cette évocation de l’île de beauté, décrite parfois avec lyrisme par Carlo Rim  mais aussi avec un humour qui, sans en prendre conscience, véhiculait déjà à l’époque une image fausse et négative du Corse reprise aujourd’hui , sans humour et en toute conscience, par des Franchouillards porteurs d’un racisme rampant. Nous citerons simplement, dans cet opus léger,  les paroles du Commandant Orlandi , qui sur le Cyrnos, ressemblait à Neptune et disait à Carlo Rim , journaliste : «  C’est la première fois que vous allez en Corse. Bien entendu, vous n’y resterez que quatre jours, vous photographierez la chaise à porteurs de Laetitia Bonaparte et les Calanques de Piana. Vous interrogerez une jeune paysanne de Palmeca que vous appellerez Colomba et un jeune chasseur de Monte d’Oro que vous prendrez pour Matteo Falcone ou pour Spada. Et puis, vous écrirez un article définitif… »

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    Revenons donc à l’inspecteur Gugliero, flic marseillais, tel que décrit par Carlo Rim, aux Editions Denoël et Steele  (6ème édition en 1934):<o:p></o:p>

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    «  L’inspecteur Gugliero, le chapeau sur le menton, les épaules mouvantes, traîne, en soufflant, son ombre. Trempée de sueur, sa chemise de soie ne laisse rien ignorer du torse musclé et dodu de lutteur japonais, et ses pieds élégamment chaussés se posent infailliblement sur les pavés les plus hauts, les plus larges, les plus secs de cette rue sans trottoir, que mille seaux de toilette, vidés par les fenêtres, transforment chaque matin en une répugnante caricature de Venise.<o:p></o:p>

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    Un bistrot. – « Adieu, Maurice ! »<o:p></o:p>

    Un marchand de jujubes.- « M’sieu Maurice, si vous les aimez ? »<o:p></o:p>

    Une fleuriste (qui porte sur son dos une grande couronne d’œillets naturels). – «Vè, monsieur Maurice, le beau    mort que je me suis fait ! »<o:p></o:p>

    Un nègre en smoking (mais sans col).- « Salou, missiè Maurissè ! »<o:p></o:p>

    Maya.- « C’que tu me plais, monsieur Maurice ! »<o:p></o:p>

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    -         Ils m’appellent Maurice, probablement parce que je me nomme  Hippolyte, m’explique l’inspecteur… C’est vraiment un pays marrant … -  … tragique à ses heures, sûr… pour nous autres. Ah ! Quel métier… et nous sommes payés, il faut voir ! Quand je passe au guichet, à la fin du mois, j’ai tellement honte, que j’ai envie de tout laisser au caissier, en pourboire, et en m’excusant de ne pouvoir faire mieux… Y a aussi les frais de recherches… quand j’en parle, je sens que je vais me trouver mal : deux mille francs à partager entre 340 inspecteurs…<o:p></o:p>

    -         Par jour,<o:p></o:p>

    M. Maurice me fusille d’un regard oblique « … par mois… »<o:p></o:p>

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    « … L’inspecteur Gugliero, fataliste, fait, de sa main ornée d’un aveuglant diamant, d’un geste qui signifie : Après tout, zut !<o:p></o:p>

    -         Heureusement, poursuit-il, que monsieur Cals est un patron à la hauteur. Des chefs de la Sûreté comme lui, ça ne court pas les rues… ou plutôt, si, ça court les rues ! On n’est pas des bureaucrates, mais des aventuriers !... Il y a des journalistes qui se croient malins en comparant Marseille à Chicago ! Laissez-moi rire. Tous les ans une espèce de major de la police américaine vient se balader ici, en voyage d’étude… Il repart sur le cul avec sa serviette bourrée de  rapports et de notes ! C’est lui qui a publié dans une revue de son pays un article qui a mis enfin les choses au point : Chicago est un petit Marseille !... »

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    Carlo Rim est né le 19 décembre 1905 dans le Gard et il est décédé le 3 décembre 1989 à Peypin dans les  Bouches du Rhône. Il a été dessinateur, essayiste, journaliste, romancier, parolier, photographe, directeur de revue, scénariste et auteur - réalisateur.  Il a laissé le souvenir d’un homme pétri d’humour et d’un scénariste, auteur - réalisateur qui a travaillé avec les plus grands acteurs comme Fernandel, Jean Richard, Dary Cowl,  Danielle Darieux, Robert Lamoureux, Eddy Constantine, Bernard Blier, Louis De Funés, Yves Robert (son acteur fétiche qui est passé de l’autre côté de la caméra en devant réalisateur dans la même lignée que Carlo Rim ) et nous ne pouvons tous les citer. Il les a presque tous rassemblé dans le film à sketches «  Escalier de Service » (1954). On peut citer dans sa filmographies des titres comme L’armoire Volante ( Fernandel ) , Le petit Prof ( Dary Cowl), Simplet ( Fernandel), Justin de Marseille , L’amant de paille, 27 rue de la paix, Miroir , le sketche de la gourmandise dans Les 7 péchés capitaux., Virgile… En 1956, il réalise le film « Truand » dans lequel Cora Vaucaire chante « La ballade des truands ». Il a été parolier et notamment de la complainte des infidèles sur une musique de Georges Van Parys et dont l premier interprète était Mouloudji.  Il était dessinateur et , dans un pamphlet intitulé « Monsieur Parlement », il est l’auteur d’une caricature du président Auriol. Il faut aussi évoqué les documents illustrés contemporains, publiés sous sa direction et donc la collection a fait le point sur l’actualité, les tendances et l’avenir du cinéma français, à l’occasion du cinquantenaire de l’invention de cinématographe. Enfin, pour le plaisir, quelques citations de lui :

    -         « On lui prêté du génie, mais il ne le rend pas »

    -         « Au cinéma, bon dialogue ne se paie pas de mots. »

    -         « Certains hommes, comme certaines lunettes, sont à double foyer. »

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    Marius Pegomas , détective marseillais crée par Pierre Yrondy :

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    D’abord, il faut expliquer le patronyme Pegomas qui est aussi le nom d’une petite ville entre les massifs de l’Esterel et du Tanneron, dans la région de Grasse et le département des Alpes Martimes. Le mot provençal de « Pegomas » signe la « pégue » , la colle provençale. Ce mot à donné Pégon pour désigner un individu collant dont on ne peut pas se débarrasser.  Voilà une indication sur l’acharnement du détective Marius Pegomas lorsque il a un os à ronger.

    Son créateur Pierre Yrondy a créé ce personnage récurrent qui a fait l’objet de la parution de 35 fascicules connus aux Editions  Baudinière. Tel qu’il apparaissait en illustration, il s’agit d’un personnage faisant les 30 à 40 ans, cheveux noir coupés courts et coiffés vers l’avant , portant une petite moustache bicéphale et une  barbichette partant en pointe du milieu de la lèvre supérieure pour s’évaser sur le menton. Il a les yeux bleus très clairs, sourcils, barbes et moustaches soignés, le visage rond, le nez plongeant et fin. De ses lèvres bien dessinées, sort une pipe droite qu’il serre dans ses dents, crispant donc les mâchoires, ce qui a pour effet de faire descendre les commissures des lèvres donnant à la bouche une impression de sourire inversé, alors que le front fuyant marqué par quelques rides est soucieux.

     

    Les 35 fascicules, publiés en 1936 par L’éditeur Baudinière, étaient vendus 1 francs. Nous avons retrouvé les titres :

    -         les gangsters de la joliette – Le crime de l’Etang de Berre – Le trafiquant d’opium – Ficelé sur le rail – L’ogresse de la Canebière – L’étrange aventure de M. Toc – Les bijoux de Lady Merry – L’énigme de Monte Carlo – La terreur d’Aubagne – Un drame au Palis du Cristal – Le naufrage du Sphinx – Un vol de 3 millions – L’aveugle de N-D de la Garde – Le bout de cigare – Une disparition de Bourse – Un mariage tragique – Le Mystère du cabanon – Le revenant d’Aix – Les ciseaux d’argent – Le moulin sanglant – Les incendiaires de La Ciotat – Le doigt coupe – Le Roi de la neige – Une macabre distribution – Le vampire de Martigues – Un cimetière dans le jardin – Le sourire de mort – Un enlèvement audacieux – Le cœur percé – Le village malade – Le Tyran de Nîmes – Une atroce machination  - Le laboratoire diabolique – Un dangereux bandit.

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    Pierre Yrondy est aussi l’auteur de pièces de théâtre comme  «  Un crime, les fusillés de Vingré » sur la guerre 14/18 pièce de 1924 et « Sept ans d’agonie – le martyre de Sacco et Vanzetti » pièce de  1927. Nous avons trouvé aussi une histoire vécue avec le titre de l’ouvrage : «  De la cocaïne… au gaz ! »,  roman publié par les Editions Baudinière en 1934.

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    Jean Toussaint SAMAT et ses polars  régionaux :<o:p></o:p>

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    Un auteur contemporain marseillais Jean Contrucci a obtenu le prix de roman policier Jean -Toussaint SAMAT en 2003 avec son roman «  L’énigme de la Blancarde ». Ce prix est un hommage au père des romans polar marseillais puisqu’il a publié son premier  opus «  L’horrible mort de Miss Gildchrist »  en 1932 avec lequel il fut lauréat du prix du roman d’aventure. En 1928, il avait déjà co-écrit un ouvrage engagé sur les trafics d’armes et d’hommes sous le titre « Aux frontières de l’Ethiopie ». Après son premier roman, il enchaîne les titres avec d’abord  « Circuit fermé » en 1933. Il écrit deux romans d’espionnage en 1934 : « Les espionnes nues » et «  L’espionne au corps bronzé ». Il revient au roman policier en 1935 avec « Circuit fermé » et « Le mystère du Mas piégé ».  En 1946, il publie plusieurs polars : «  La mort du vieux chemin «  , «  Le mort de la Canebière », «  Le mort à la fenêtre » et  « Le mort du vendredi saint »; en 1947 «  Erreurs de  caisse » ; en 1949 « Le mort et la fille » ; en 1950 «  Concerto pour meurtre et orchestre », qui a été récemment repris en feuilleton par le Journal littéraire (2004-2005). Il a publié la plupart de ses romans policiers dans la collection « Cagoule «  des Editions La Bruyère. Nous avons retrouvé une édition de « Le mort de la Canebière », Les  Editions de France avec en première page la contre indication « … à ne pas lire la nuit ! ».<o:p></o:p>

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  • Combat écologiste en Corse : réalité et fiction

    Le 7 juillet dernier, au petit matin, sur le pont 10  du  Car ferry Danielle Casanova, j’apercevais les  îles Sanguinaires. J’ai alors inspiré l’air  à pleines narines sans que l’odeur du maquis ne vienne réveiller  mon imprégnation sensorielle des voyages d’antan. Ensuite, la côte m’est apparue un peu plus  « mitée » par des constructions modernes. Heureusement, arrivé à bon port, la vieille ville était toujours là avec son âme corse. Sur quelques vitrines de magasin, je remarquais alors la présence d’affiches annonçant une manifestation écologiste pour le lendemain à 17 heures.

    J’ai d’abord profité de quelques heures sur une plage dont  des parties chaque année plus étendues sont privatisées par l’étalement des matelas de paillotes aux allures et aux tarifs de restaurants de luxe. Des vaches surréalistes et leurs veaux y préservent encore un espace public. Dans la soirée, je me suis rendu au Lazaret Ollandini pour  écouter Raphaël Enthoven parler de La Nausée et de Jean-Paul Sartre. Le jeune philosophe a d’abord posé la question, si le monde n’est pas absurde,  de savoir si l’on lui peut donner un sens à travers ce roman. Il ajoute que  «la Nausée » (version littéraire de l’Etre et le Néant) donne à penser à travers un récit… Dans la soirée et une partie de la nuit, les musiciens et les chanteurs ont occupé la ville pour un shopping nocturne organisé par les commerçants ajacciens.

    Mais venons-en à la journée du 8 juillet  et à la manifestation écologiste.  Je passais par la Librairie La Marge pour acheter quelques friandises littéraires corses, parmi lesquelles je choisis un polar de Jean-Louis ANDREANI  « Sole di Corsica » , après avoir lu la quatrième page de couverture :

    «  Le paysage était splendide. Le golfe baignait les étendues vierges d’un espace protégé : la Punta Pulèmica, refuge d’oiseaux de passage et d’espèces végétales rares. Convoitée depuis toujours par les promoteurs, défendue par les écologistes au prix d’une guérilla permanente, la Punta Polèmica était devenue emblématique de la lutte contre les « bétonneurs » Mais la SCI Sole di Corsica – et qui dit  sci dit souvent partenaires bien mystérieux…- veut implanter justement là, dans ce paradis, un superbe complexe touristique de luxe avec golf dix-huit trous et tutti quanti. Tout est dit : Delphine Mailly, la superbe blonde qui avait déjà fait des ravages dans « La Salamandre de Vizzavona », appelée à la rescousse par ses copines écolo, va se mobiliser pour empêcher ce désastre.  <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

    Cela me rappela l’affiche de la manifestation prévue à 17 heures  et organisée par un collectif de cinquante associations appelant à manifester pour exiger : «  l’application de la loi littorale pour tous, le maintien des espaces remarquables ainsi que celui des terres agricoles, la réalisation concrète du sentier du  littoral et un PADDUC respectueux de l’environnement et des intérêts de l’île ».

    En fin d’après-midi, un peu avant ce rassemblement, je m’installais sur un banc de pierre à l’ombre des palmiers de la place de la  Mairie et je prenais le temps de commencer ma lecture. Dans les dix-huit premières pages, l’auteur met en scène l’héroïne  Delphine Mailly, avocate des causes écologistes appelée par deux animatrices d’association de défense de l’environnement : Blanche, prof au lycée Fesh d’Ajaccio  et Mado, employée d’une chaîne de produits bio, sœur de François, bachelier de 17 ans nouvellement inscrit à l’université de Corté.  Il s’agit de préserver le site de la Punta Polèmica  menacé par le  projet  immobilier de la SCI Sole di Corsica créée avec des capitaux pouvant provenir de la Mafia italienne. Dix-huit premières pages denses avec  l’inventaire de problèmes corses  très sensibles, sur lesquels  les points de vue divergent comme celui  du jeune François qui dit à sa sœur  écologiste : «  On va rester entre nous à se regarder le nombril au bord de notre beau littoral désert, en attendant que le continent veuille bien nous donner assez de subventions pour manger ? Merci ! Moi je veux travailler et gagner des tunes. La réserve d’Indiens vous vous la gardez ! ».

    La fiction  s’illustrait maintenant sous mes yeux par une manifestation courageuse dénonçant  «la privatisation du littoral, la spéculation immobilière, la spoliation et la défiguration des sites »,  tout en se  rappelant que la loi sur le littoral n’est pas une loi de sanctuarisation et que l’on pouvait  «concilier développement et respect de l’environnement ».

    Revenons enfin à  la fiction du roman « Sole di Corsica »  et à son héroïne.  Avant d’être avocate, elle était agent du Fisc dans un polar précédent du même auteur, « La salamandre de Vizzavona » où elle s’attaquait à un dirigeant autonomiste  qu’elle devait essayer de coincer grâce à une enquête fiscale menée de façon ultra secrète qui avait tourné au dérapage incontrôlé jusqu’à ce qu’elle frôle la mort sur l’éperon rocheux de la citadelle de Corte. La «ravissante Delphine »  avait fait la Une de la presse people et épousé un grand avocat fiscaliste qui la débaucha de son administration, l’embaucha comme collaboratrice   puis l’épousa et qu’elle quitta rapidement pour s’installer à son compte dans son nouveau polar et y défendre les causes écologistes.

    Cette «beauté blonde » est tout le contraire d’une poupée écervelée et vénale. Malgré le traumatisme de sa dernière mission en Corse, elle accepte d’y revenir pour aider deux femmes corses à sauver un bout de littoral. Blanche et Mado  envisagent même de faire parler la poudre en ayant recours, comme dynamitéro, au vieux Simon, ancien militaire descendant du grand bandit d’honneur Bellasoscia ( « Belle cuisse » pour une généalogie viril et prolifique),  spécialiste des explosifs sans être lié à un groupe d’autonomistes….  Notre avocate va se retrouver dans un nouveau pétrin politico-financier et devenir rapidement la cible de la Mafia mais aussi de quelques barbouseries fomentées dans les arcanes de l’Elysée. Sous des noms humoristiques et évocateurs  des personnages (Paolo Nostracosa, élégant avocat italien de la Mafia, le Préfet Leprudent, Alex Compromissionni  maire de Pinetello, ou encore Nicolas Vurtz, conseiller spécial à L’Elysée, notamment) ou de lieux (La Punta polémica et le village de Pinetelleo ), l’auteur utilise la caricature en forçant un peu le trait et toute ressemblance ne semble pas toujours fortuite. Un polar avec une héroïne originale, une écriture claire et efficace avec des passages d’anthologie où d’aucuns se reconnaîtrons ou penserons à quelques connaissance.  Un récit qui laisse à penser!

    Ce 8 juillet, après avoir assisté au début de la manifestation, j’ai filé jusqu’au Lazaret Ollandini pour assister à la conférence de clôture,  donnée par Raphaël Enthoven  et Clément Rosset, le sujet de réflexion étant : Le non-sens chez Nietzsche.  Clément Rosset a martelé que l’on ne pouvait pas évoquer la musique et la philosophie sans faire référence à ce philosophe incontournable, fustigeant le cinéaste Wim Wenders pour cette hérésie.  Finalement, en philosophie comme en Corse, tout commence ou  se termine par des chansons.  A la fin du roman « Sole di  Corsica » , les militants écologistes corses feront-ils la fête autour d’un spuntinu en chantant « compagneru » ?…

    Parfois, en Corse, on finit par  mélanger  la réalité et  la fiction.  Mais c’est cela qui fait le charme de notre île qui offre mille paysages et où chaque voyage est une aventure humaine.  La Corse est  aussi (et sans doute surtout) une terre de femmes à l’image de Blanche et  Mado.  J’ai retrouvé  à  Partinello : Antoinette qui écrit de beaux poèmes, Tomasine et son cœur de mère,  Suzanne et sa fille Mimie qui ont tenu un bar et un commerce d’Antiquités à St Ouen. A Evisa  Marie-Rose, Daria et  Barberine étaient réunies autour d’un repas convivial dans une des ces «maisons qui donnent sur la rue et cachent, côté montagne, des balcons suspendus sur des paysages grandioses » (extrait de Sole di Corsica). Chacune d’elles  , avec sa fiction et sa réalité, pourrait être l’héroïne d’un roman.

    Jean-Louis ANDREANI  est journaliste au quotidien  « Le Monde ». Il a écrit les deux polars dont nous avons parlé mais aussi d’autres ouvrages et notamment : Le problème corse  - La Corse, histoire d’une insularité – Bail précaire à Matignon – Le mystère Rocard  - De la Vème République…

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  • L’édition corse en Pologne : <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

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    Fin 2006, la revue littéraire polonaise « Zabudowa » (site http://zadudowa;républika.pl/zt/zt.html ) publiera une édition spéciale (vendue en kiosque avec, en plus, une publication sur le Web)) faisant une place dans ses rubriques  à l’édition Corse.  Joël Jégouzo de NoirCommePolar a accepté gentiment de publier l’un de ses articles qui paraîtra en Pologne et que nous mettons en ligne ci-dessous :

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    Le Polar Corse : Chjam’è rispondi.<o:p></o:p>

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    La Corse publie. Beaucoup. La Corse invente. Beaucoup. Sans doute son insularité (géographique et culturelle) y est-elle pour quelque chose dans ce regain d’invention et d’expression qui la marque aujourd’hui. Son « insularité », ou plutôt, la prise de conscience de sa place dans le monde. Le « monde », oui : les cinq continents. Le sentiment que sa « corsitude », ce sentiment d’appartenir à une entité historique, culturelle, que l’on vit ailleurs comme menacée, justement dans ses dimensions insulaires, méditerranéennes, ne l’est pas en réalité. Changeons de vocabulaire donc : laissons le mot de « corsitude », chargé des représentations stéréotypées que le vieux continent a forgé d’une île imaginaire vouée à un sot exotisme, aux dépliants touristiques et parlons plutôt de « corsité » : le fait d’être corse, dans un monde globalisé, est une chance. Explorons cette corsité, semblent proclamer les éditeurs corses, dont l’ambition s’affiche à hauteur d’un investissement proprement militant pour que cette culture rayonne enfin, comme s’ils étaient persuadés que l’ancestrale culture corse représentait non seulement le salut pour la nation corse, mais un vrai laboratoire des mondes à venir.

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    Car voici que confluent brusquement de sérieux héritages pour former les conditions d’un (re)surgissement exemplaire — celui du fait Corse. Au point de confluence, l’héritage culturel de la diaspora corse, la culture orale corse et la volonté d’être corse par-delà les dérives identitaires et les reniements de toutes sortes, leur tentation du moins, dans un monde culturellement aliéné à la civilisation libérale américaine.<o:p></o:p>

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    L’héritage de la diaspora corse tout d’abord. On l’a dit de bien d’autres nations : c’est une chance de posséder une forte immigration à l’étranger, formant les têtes de pont d’une culture vivante, exposée au défi d’exister envers et contre l’exil. Une diaspora donc, non seulement ambassadrice du fait corse, mais et peut-être surtout, communauté affrontée aux autres cultures, sachant mieux mesurer les défis du monde, tel qu’il les réorganise.

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    Au point de convergence, toujours, l’héritage de la culture orale corse — nous y reviendrons. Enfin, la volonté d’être corse : un corps, plutôt qu’un corpus à ressasser. Et donc la nécessité de rompre avec une représentation véhiculée par le vieux continent d’une terre mystifiée — et par mystification, entendons toutes les dérives intra et extra muros que la Corse a connues ou subies. Car le mythe impose une rhétorique et une langue dont il faut s’emparer. C’est bien ce que les éditeurs corses ont compris, qui convoquent désormais la littérature mondiale autour du texte corse. Faisant ainsi entrer de plain pied dans la langue corse une géographie expansive qu’il nous est possible, enfin, d’entendre, et c’est ce qui importe : que l’échange soit possible.<o:p></o:p>

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    Alors prenez in fine la langue Corse, enracinée dans une forte tradition orale. Voilà qui n’est pas sans évoquer la situation de l’Irlande au moment où Joyce entreprend d’écrire : minoritaire, enfermée dans la domination britannique. Joyce n’écrit pas en gaélique, mais il sait faire chanter sa langue natale dans la langue de l’oppresseur, pliant au passage les règles du roman moderne au grain hérité du plus profond de son histoire. Cette jouissance séminale de la parole à la suture du parlé et de l’écrit, c’est dans son roman qu’il va donc la faire passer, abusant de phonétique, jouant du surgissement du son dans le mot. Lisez-le à haute voix, vous l’entendrez bien, allez ! Mais s’il y a de l’hérétique dans cette langue, c’est bien que son souci d’expérimentation formelle coïncide avec une conception offensive de la vie. Le vieil irlandais si vieux et d’un coup à la pointe de toute modernit酠 C’est cela que l’on entend ici et là dans le corse qui s’écrit aujourd’hui, au-delà du besoin ontologique d’exister par la révolte, dans et par cette formidable cambriole nourrie des rapines des autres possibilités langagières, en tout premier lieu offertes par la vieille langue corse.<o:p></o:p>

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    Mais ne poursuivons pas trop loin ce parallèle entre l’Irlande de Joyce et la Corse d’aujourd’hui. Encore que l’une et l’autre se soient façonnées par une construction identitaire fondée sur l'opposition à la culture qui les dominait. Ici, l’époque n'était guère propice à la liberté artistique, comme en témoignent la censure et l'exil de nombreux écrivains irlandais, de Joyce à Beckett. Ici toujours, la nation prenait ses distances avec ses repères historiques — la langue gaélique, l'Église catholique, un mode de vie rural — pour se réinventer dans un cadre européen et se démarquer du nationalisme violent qui sévissait dans le Nord. C’est peut-être, toute proportion gardée, ce à quoi la Corse opère aujourd’hui : à revisiter son passé pour l’accomplir autrement. Car voici que dans la régulation qui s’opère, le passé fait de nouveau fond sur l’histoire présente. Il n’est que d’évoquer cette coutume corse séculaire : le Chjam’è rispondi. Il y a là, sans doute, encore, une voie que les Corses contemporains n’ont pas fini d’explorer dans leurs œuvres. (voir le très bel article de J.-P. Ceccaldi à ce sujet sur son blog : http://blog.ifrance.com/flicorse).<o:p></o:p>

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    De quoi parlons-nous ? A l’origine d’une joute verbale au cours de laquelle les participants rivalisaient avec des mots scandés a capella. On n’est pas loin du Slam ou du Rap. Impromptu poétique, sur un schéma mélodique répondant à des règles précises avec un contenu ouvert aux débats de société. Nul doute que la Corse tienne là le filon des modernités à venir ! Imaginez : savoir pareillement syncoper son présent, le plier aux contraintes de l’histoire tout en exposant cette dernière à la (petite) frappe de l’actualité. Faire entrer dans l’insolite d’une voix individuelle une réponse sociétale. Pas étonnant, en outre, que le polar y tienne une place de choix, pour toutes les raisons déjà données à son sujet dans ce numéro et pour cette autre qu’il porte, mieux qu’aucun autre genre, lui-même trace de la structure Chjam’è rispondi : et la contrainte des règles du genre et la liberté sans laquelle le chant ne serait qu’une rengaine exténuée.<o:p></o:p>

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    La Corse édite donc. Selon un schéma connu : désertification rurale, migration vers les grands centres urbains. Ainsi, Ajaccio et Bastia, les métropoles, abritent-elles la quasi totalité des éditeurs actuels. Albiana, Alain Piazzola, DCL, Lettres Sud, La Marge, Matina Latina pour la première, Mediterranea, Anima Corsa, Patrice Marzocchi, pour la seconde. Ailleurs ? Rien, sinon les éditions Le Signet, établie à Corte, l’ancienne capitale historique.<o:p></o:p>

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    La Corse édite, du noir. Beaucoup. Avec les éditions Albiana par exemple, qui travaillent une voix corse empreinte d’un blues magistral, ou avec la naissance de ce personnage, le flicorse, qui, mieux qu’aucun autre, porte en lui toute l’ambiguïté du débat corse. Mais ne formalisons rien encore : découvrons !<o:p></o:p>

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    Joël Jégouzo.<o:p></o:p>

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    Découverte de la  littérature polonaise et polonité :<o:p></o:p>

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    La culture est un magnifique espace d’échange dans lequel chacun a quelque chose à apprendre de l’autre. Les échanges sont porteurs de nouvelles richesses que ce soit en littérature, en musique ou dans les arts visuels. La culture est l’essence de notre identité. Elle la perpétue en s’enrichissant. Elle  renforce le  fil ténu entre la Corse et sa diaspora.  L’identité corse est indissociable d’une culture et d’une langue corses. La culture a besoin d’échanges pour exister en se réinventant. Comme l’humanisme, elle  ne peut être enfermée dans l’immobilisme et le  communautarisme. La langue a besoin de la culture pour garder toutes ses richesses et ne pas se perdre pour devenir un patois. Pour sortir la culture corse de la vitrine exotique montrée au tourisme de masse et des stéréotypes véhiculés par un racisme rampant, il faut continuer à  porter notre regard sur le reste du Monde pour que le reste du monde porte un autre regard sur nous. C’est, vous dirait un Corse, chose presque atavique et naturelle pour un insulaire qui, traditionnellement, a  le goût du voyage et le sens de l’hospitalité.

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    L’intérêt porté par la revue Polonaise sur la littérature corse méritait donc que nous parlions de ce pays géographiquement et intellectuellement si proche. Depuis plusieurs années, un événement est organisé en France : les semaines polonaises. La France a, depuis longtemps, entretenu des rapports privilégiés avec la Pologne qui a lutté, pendant des siècles, pour sa liberté. C’est l’occasion de découvrir la richesse littéraire d’un pays qui a donné de grands auteurs dans plusieurs genres et de réentendre les Polonaises de Frédéric Chopin.

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    Sans remonter à la Genèse et en toute modestie de notre part, avant de vous citer, de façon non exhaustive, quelques noms polonais qui ont passé les frontières et conquis une renommée internationale, passons par un peu d’histoire qui peut donner un éclairage sur la culture littéraire polonaise.

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    La « Rzeczpospolita » (ancienne république polonaise) était multireligieuse et multiethnique.  Au XVIIIème siècle, l’asservissement de la Pologne à la Russie va être à l’origine du nationalisme polonais qui atteint son apogée pendant les insurrections « romantiques » et la période dite « des partages », avec le développement des idées nationalistes chez les communautés allemande, ukrainienne, biélorusse, tartare, lituanienne et juive. Les Polonais qui refusaient la collaboration  et l’asservissement, ont choisi l’exil  et/ou  la lutte armée. Un mouvement dit de résistance « organique » préconisait de travailler souterrainement et sur le terrain l’identité polonaise par l’ouverture d’écoles, lorsque la langue était interdite ou encore dans des cercles littéraires. Pour une grande part, cette résistance s’est organisée dans les arts et les lettres. Nombreux furent aussi les peintres qui rendirent hommage à cette culture, en lui restituant un cadre formel.

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    Dans ce contexte, la littérature est devenue un instrument politique et de lutte contre l’oppression, utilisant les métaphores en poésie et les allégories dans le roman. Le héros romantique devenait  héros national, défenseur de la culture et de l’âme polonaises.  Il est resté le héros non-conformiste de la jeunesse polonaise. Il lutte pour la liberté mais aussi  pour des valeurs (religieuses)  et  des idéaux humanistes.  En juillet 2005 , l’éditeur Atlantica a sorti un ouvrage : «  Valeureuse Pologne : ses souvenirs, ses hommes d’état et ses personnalités remarquables » écrit par Laurence Catinot-Crost, historienne et romancière.

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    l'Hymne national

    "La Pologne n'est pas encore morte tant que nous vivons"

    L'histoire de l'hymne national polonais est particulièrement intéressante, jalonnée d'épisodes captivants. C'est dans un manoir de la campagne au nord de la Pologne que naquît l'auteur de son texte, rédigé au mois de juillet 1797, dans une ville lointaine située en terre italienne, étrangère mais amie, qui avait offert son hospitalité aux soldats polonais après le partage de la Pologne par ses voisins. Cet hymne, chanté spontanément sur la mélodie d'une mazurka traditionnelle, d'un jour à l'autre est devenu le chant des Légions polonaises en Italie. En gagnant toujours en popularité parmi les Polonais, cet hymne a survécu avec eux à un siècle et demi de domination étrangère. En 1926 il fut reconnu officiellement comme hymne national.<o:p></o:p>

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    Ce bref rappel insuffisant a pour but de mettre en exergue une généalogie expliquant la prépondérance des thèmes nationaux et patriotiques dans la littérature polonaise. Après des années de soviétisme, la Pologne a rejoint la communauté européenne, dont elle a toujours été un membre important, notamment, dans le domaine culturel.  Nous vous donnons quelques noms et quelques modestes  indications pour susciter  le désir d’aller plus loin dans la découverte des Polonais.

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    Au Panthéon de la littérature polonaise, nous rendons hommage à un grand écrivain philosophe, Witold Gombrowicz et à deux grands poètes : Adam Mickiewicz et Czeslav Milosz.<o:p></o:p>

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    Un grand écrivain et philosophe : Witold  Gombrowicz ( 1904-1969 )

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          Né en 1904 à Maloszyce, il est issu de la noblesse terrienne et donc d’un milieu favorisé.  Il fait des études de droit puis, sans grande conviction, s’installe comme juriste à Varsovie. Il y fréquente le Café littéraire Ziemanska et, en 1933, publie un premier recueil de contes « Mémoire du temps de l’immaturité » ( Barakaï ), mal reçu par la critique. En 1939, il part en Argentine , pour un voyage offert par  l’Union des écrivains polonais. Il y vivra pendant 24 ans. En 1951, il collabore avec la revue de la diaspora polonaise « Kultura » et avec l’institut littéraire de Paris. C’est le début de sa célébrité, qui lui permettra de vivre de son travail d’écrivain à partir de 1955. Après un séjour à Berlin, il se rend à Paris où, en 1964, il rencontre une étudiante canadienne, Rita Labrosse, qu’il épousera. Il s’installe à Vence où il décédera le 24 juillet 1969, année de sa dernière création, une pièce de théâtre intitulée « Opérette ». Dans le genre léger de l’opérette, il traite des sujets lourds de la fin de l’Histoire et du fiasco des idéologies. Gombrowicz a souffert, presque toute sa vie, d’une maladie pulmonaire. Il disait que : «  Le vrai réalisme devant la vie est de savoir que la chose concrète, la vraie réalité, c’est la douleur…Moi, je vois l’univers comme une entité complètement vide, où la seule chose réelle est celle qui fait mal : précisément la douleur. »

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    Bibliographie :

    1933 : « Mémoire du temps de l’immaturité ( Barakaï ) , recueil de contes

    1935 : « Yvonne, princesse de Bourgogne », pièce de théatre, et son premier roman « Ferdydurke »

    1937 : « Les envoutés »,  roman

    1953 : «  Trans-Atlantique », feuilleton dans la revue Kultura, puis roman et une pièce de théâtre « Mariage »

    1955 : « Pornographie », roman

    1961 :  « Cosmos », roman

    De 1957 à 1971 : Journal I, II et III

    1968 « Entretien avec Dominique de Roux » , réédition sous le titre « Testament » en 1977

    1969 : « Operette », pièce de théâtre.

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    L’action, humour et le suspens sont utilisés par Gombrowicz pour être lu par un large lectorat. Ses principaux thèmes,  le ton, l’humour noir, le style baroque apparaissent dès son premier recueil de contes.

    Dans Trans-Atlantique, il pousse  le jeu sur le style  à l’extrême. Il y raconte son arrivée en Argentine  à la veille de la deuxième guerre mondiale, un début réaliste suivi d’une évolution vers le fantastique et même le grotesque. Il caricature la diaspora polonaise, prenant ses distances avec les mythes et les  stéréotypes d’un nationalisme qui étouffe l’individu au nom de l’indépendance de la patrie. Il ne s’agit cependant pas d’un roman blasphématoire contre son peuple et  Gombrowicz prend la précaution de préciser dans la préface : «  Je conviens aussi que « Trans – Atlantique est un navire corsaire qui porte en contrebande un lourd chargement  de dynamite, destiné à faire exploser le sentiment national toujours en vigueur chez nous. Tout en restant Polonais, cherchons à être quelque chose de plus ample et supérieur au Polonais ! ». Sa  vision  apparemment « Nietzschéenne » de la polonité trouve sa signification dans son concept de « forme », thème de son premier ouvrage « Mémoire du temps de l’immaturité ». Pour ce  « palatin de l’antiforme », l’homme n’est jamais authentique et toujours déformé, comme si il jouait derrière un masque,  sans vrai visage.  Sa polonité, selon Joël Jégouzo, s’inscrivait en faux de l’héritage polonais qu’il nommait à juste titre la  « polonitude », concept identitaire qui, selon lui,  enfermait la société polonaise restée tournée vers son passé. « L’homme est à la fois maître et esclave de sa forme », disait-il. L’antiforme Grombrowiczienne est une forme qui s’oppose à la tyrannie du moule social et psychologique imposé à notre immaturité. C’est donc le refus aussi du masque identitaire, le refus de l’enfermement et le « choix » de chercher librement « quelque chose de plus ample et supérieur » à la forme polonaise, tout en restant polonais.  Ce n’est pas une trahison , c’est une ouverture sur l’avenir. Ce roman « Trans-Atlantique » , mal compris, est l’ouvrage le plus polonais de son auteur., alors qu’il lui a valu d’être regardé comme un « déserteur de la cause polonaise », pour certains, et un «  provocateur prétentieux » pour d’autres. Quant à lui, il aimait à dire de lui : « Je suis un humoriste, un pitre, un équilibriste.. » et de nous tous : « L’homme est un éternel acteur.. ». Un autre auteur contemporain vivant, Slawomir Mrozek, qui a aussi écrit sous le pseudo de Diaman Prutus, évoque dans ses écrits un monde déformé par une schématisation dans laquelle la forme prend le dessus sur le sens.  Il  crée des personnages qui sont des schémas humains ( Mrozek est né en 1930 , ses œuvres dramatiques sont traduites et jouées dans de nombreux pays ).

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    Dans Cosmos et Pornographie, il y a aussi du suspens. Le style devient plus naturel, mais l’histoire est plus étrange, avec des côtés malsains et pervers. C’est du roman noir existentiel. « Pornographie » est un titre en trompe l’œil : derrière la couverture, il n’y a pas de photo X  ou d’érotisme.

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    Ferdydurke est un collage de nouvelles avec une unicité de thème : l’imitation, le désir de ressembler à autrui et de rendre autrui comme soi-même, et aussi désir d’échapper à autrui, de fuir, de rester soi-même. . « Les envoûtés » est un roman feuilleton fantastique où tout tourne autour d’un chiffon qui bouge tout seul.

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    Du 27 avril au 25 mai 1969, Gombrowicz a livré sa vision sur l’évolution de la philosophie du 20ème siècle. Ses propos ont fait l’objet d’une publication après son décès sous le titre de « cours de philosophie en 6 heures un quart », donnés à son épouse et à Dominique de Roux, co-auteur de « Testament ». Il s’agit d’un opus court mais dense : une sorte d’anti-manuel de philosophie  « pro philosophique ». Editions Rivages poche. A lire !

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    Gombrowicz a toujours dénoncé la routine et la paresse intellectuelle. Il refusait de se laisser influencer par les modes et nous exhorte à penser librement.  Ces livres restent à la portée de tous et, pour la plupart, ont fait l’objet d’édition en poche chez Gallimard.  Le Journal écrit entre 1957 et 1971 s’adresse à ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance de ce penseur moderne.

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    Nota : Il faut aussi citer, comme auteur polonais important pour mieux comprendre la polonité,   Jean - Chrysostome PASEK et l’ouvrage de cet auteur «  Mémoires de Jean-Chrysostome PASEK, gentilhomme polonais 1656-1688 » édité en France. C’était le livre de chevet de Gombrowicz et selon Joël Jégouzo  « un superbe ouvrage du baroque polonais, une tradition littéraire qui remonte à Rabelais ».

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    Deux grands poètes : Adam Mickiewicz et Czeslav MILOSZ

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       1°/ Adam Mickiewicz (1798 – 1855), héros national:

             En 2005, les Polonais ont commémoré le 150ème anniversaire de sa mort. Il s’agit d’un poète emblématique dans le Panthéon de la culture polonaise. D’origine lituanienne et héritier d’une tradition pluriculturelle, il est le chef de file des Romantiques. En Pologne, il a fait naître une conscience nationale qui a, sans doute, ouvert la voie à l’indépendance dans une Pologne privée de liberté et distribuée entre trois grandes puissances. Il met le concept de « Peuple » au dessus de celui de « Nation »  et la liberté au dessus des appartenances.  Pour lui, la Pologne devait être le « Messie des nations » et, devenue indépendante, concourir à l’unification des peuples européens.  Il a passé la plus grande partie de sa vie en exil  (pendant 23 ans, à Paris), tout en combattant et en essayant d’organiser le résistance et la reconquête.

             Il a écrit une œuvre majeure : «  Les Aïeux », qui a déclenché les manifestations d’Octobre 1956 et inspiré celles de mars 1968 puis le mouvement Solidarnosc.

             Il laisse une œuvre toujours rayonnante et un message universel de liberté, tout en affirmant son enracinement profond en Lituanie.

         

             Né en 1798 à Zaosie ( actuelle Biélorussie ).  En 1812, sa famille héberge une partie de l’armée de Napoléon placée sous le commandement de Jérôme, Roi de Naples.  Etudiant à Vilnius, il participe à la fondation des organisations de la jeunesse progressiste et patriote : Les Philomates et les Philarètes. En 1815, il est nommé professeur de littérature latine, histoire et droit. En 1823,  il est arrêté comme membre des Philomates, incarcéré puis interdit de séjour en Lituanie et sur les anciens territoires polonais. Après 5 ans passés en Russie où il rencontre Bestuzev, Rylejev (poètes dékabristes ) et Pouchkine, il voyage et rencontre Goethe à Weimar. Il s’installe en France en 1832.Pendant son long séjour en France, il a une intense activité littéraire et occupe plusieurs fonctions, notamment, en 1840, il obtient une chaire de littérature slave au Collège de France où il côtoie Edgar Quinet et Jules Michelet. Il en fut exclu car ses cours tournaient à l’émeute. « En exil et pélerin » ( « exult et pérégrinus », premiers mots de la première grande chronique polonaise qui fonde le récit polonais et  a pour auteur un moine français, Gallus Anonymus) : formule reprise par Mickiewicz  qui  reste actif dans la résistance polonaise.  En 1855, il se rend en Turquie pour soutenir les « légions polonaises »  dont la création a été négociée entre le Prince Czartoryski et Napoléon III. Il y meurt du choléra. Inhumé d’abord au cimetière polonais de Montmorency, son corps a été rapatrié à Cracovie en 1890. C’était un innovateur qui travaillait la langue polonaise dans ses écrits allant jusqu’à bouleverser la métrique du vers polonais pour lui donner d’autres rythmes.   

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             «  Le pays d’enfance. Il restera à jamais saint et pur comme le premier amour » (A.Mickiewicz, épilogue du poème épique « Pan Tadeusz », 1834  dont s’inspira  Andrezj Wajda pour son film « Pan Tadeuz, quand Napoléon traversait le Niemen , sorti en 1999 )

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    2°/  Czeslav MILOSZ ( 1911 – 2004 )

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          Il est né le 30 juin 1911 à Szetejnie ( en Lituanie comme Mickiewicz ). Il décède le 14 Août 2004 à Cracovie , à l’âge de 93 ans. Il a vécu les guerres et  les totalitarismes qui l’ont jeté sur les routes de l’exil, avec des retours toujours éphémères.  Sa poésie est l’expression de cette émigration forcée qu’il ressentait comme un bannissement « spirituel ». « Chassé du paradis », il souffrait d’être la victime l’incompréhension  « de simples mangeurs de pain ».  Sa longue vie « d’éternel pèlerin »  l’a façonné et a fait de lui un défenseur tenace de la  pensée libre. Il était marxiste dans la Pologne « bourgeoise » et disait non aux communistes de la Pologne « populaire ».  Il était athé mais regrettait le perte de l’imagination religieuse. Il était hostile à la « Polonité » par opposition au « zèle patriotique », tout en affirmant son attachement à sa langue et à son pays natal. Tout en exprimant  cette liberté de pensée par de l’inconstance et des contradictions dans ses choix politiques et religieux, il avait  un projet poétique «poétiser la réalité » et était en quête du mystère de l’existence. Si, poète maudit, il a percé ce mystère, il ne l’a pas divulgué avant de mourir. Il laisse une œuvre variée dans le style et multiple dans la forme. 

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    C’est par « La pensée captive »,  premier livre publié à l’Etranger qu’il est connu du lectorat occidental en 1953. Par la suite, il est récompensé par le Prix littéraire européen avec « La prise du pouvoir ». En 1997, il obtient le prix Nike avec la parution de « Chien mandarin ». Il faut citer ses poèmes dont « Anthologie personnelle » paru en 1998 et ses essais dont « La recherche de la patrie » en 1992.

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    La Pologne est la patrie de deux cinéastes célèbres : Roman Polanski et Andrzej Wajda<o:p></o:p>

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    1°/ Roman Polanski : <o:p></o:p>

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          Roman Polanski est né à Paris en 1933 de son vrai nom « Raymond Liebling ».  Il rentre  avec ses parents en Pologne où il se trouve lors de l’invasion nazie en 1939. Il  s’évade du Ghetto de Cracovie et échappe aux camps de la mort où sa mère disparaîtra. Il retrouve son père après la guerre. Il  fréquente une école des Beaux arts, et en 1950  tourne dans quelques films et entre à l’école du cinéma de Lodz. Il réalise d’abord des courts métrages, puis, son premier long métrage en 1962 «  Le couteau dans l’eau ». Il séjourne en Angleterre où il réalise  « Répulsion », « L’étrange cul de sac » et « Le bal des Vampires ».. En 1968, il sort son premier film hollywoodien  « Rosemary’s Baby ». L’année suivante , son épouse Sharon Tate est assassinée sauvagement par le tueur en série Charles Manson, alors qu’elle est enceinte de 8 mois. Il retourne en Europe où il tourne Macbeth. En 1974, il obtient un grand succès avec « Chinatown ».  Il tourne ensuite Tess, Pirates, la Neuvième porte, la jeune fille et la Mort.,  Pianiste. En 2005, son dernier film est une adaptation de « Oliver Twist » de Charles Dickens.

          Avec  Le Pianiste, sorti en 2003, il évoque l’occupation nazie en Pologne  et le ghetto de Varsovie. Il a obtenu la Plame d’or à Cannes. Polanski est aussi acteur et a joué dans de nombreux longs métrages réalisés ou non par lui. Il a notamment fait l’acteur dans des films de Andrzej Wajda comme « Zemsta » ( La vengeance) dans lequel il joue le personnage de Papkin en 2002, mais aussi « Génération une » en 1955 dans le rôle de « Mundek », ou encore« Dudzio » dans « Do widzenia, do jutra » en 1960.

         

         

    2°/ Andrzej Wajda :<o:p></o:p>

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          Andrzej Wajda est né en 1926 à Suwalki.  Il a fait des études aux Beaux Arts de Cracovie et ensuite, comme Polanski, à l’Ecole Supérieure de Cinématographie de Lodz. Il a occupé plusieurs fonctions dans des instances du Cinéma polonais dont il s’est fait le défenseur et, en 1988, on le retrouve aux côtés de L. Walesa dans Solidarnosc. C’est un novateur dans le domaine de l’expression cinématographique et un intellectuel qui s’inspire de la peinture et de la littérature polonaises et étrangères. On retrouve dans son œuvre les thèmes du romantisme  ( héroïsme, vertus morales..) et de l’humanisme ( la mort, l’amour, la haine..), dans un style fait de baroque, de lyrisme et de métaphore poétique. Il met en scène, sous  son éclairage,  sa vision personnelle et artistique de l’histoire de la Pologne mais aussi de la tradition polonaise et de la polonité. En 1950, il participe à la création du mouvement appelé « Ecole polonaise du cinéma » qui va faire connaître le cinéma polonais dans le monde entier. En 1955, il débute avec la réalisation de « Pokolénie » (la même année Roman Polanski réalise  « La bicyclette », film dans lequel il joue lui-même la victime).  Quelques titres de films à revoir :  Kanal  1957,   Cendres et diamants  1958, L’homme de marbre 1976, l’homme de fer 1981 Danton 1982. Il a obtenu la Palme d’or à Cannes pour l’Homme de fer , le lion d’or à Venise pour l’ensemble de son œuvre et d’autres distinctions dont la légion d’honneur en France.

          Andrzej Wajda a fait l’adaptation cinématographique  de plusieurs œuvres de la littérature polonaise dont « Pan Tadeusz » , film sorti en 1999.

           

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    La « Noire » polonaise :<o:p></o:p>

     

            Dans les année 1980 , on assiste à un retour à l’affabulation dans la littérature et, dans les années 1990 , à l’intrigue.  Des auteurs polonais apparaissent dans le roman noir, le polar et le thriller.   Nous avons noté l’existence en France d’une librairie polonaise avec une boutique en ligne : Librairie franco-polonaise LEKTURA, 24 rue Saint Jacques à Lille (59). Cette librairie vous propose des ouvrages en polonais ou traduits.

             Nous avons relevé des auteurs connus comme Alex Joe, Joanna Chmivlewska, Jaroslav Miklaszeask, Marek Krajewski ...

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             Nous avons relevé l’ouvrage de l’auteur polonais Manuela  Gretkowska  « Tarot Paryski », dans lequel l’auteur vous fait suivre  une piste spirituelle et mystique dans un labyrinthe culturel où vous rencontrerez le Tarot, l’humour, le sexe et la Kabbale.

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            Du 10 au 12 Novembre 2006 à Berlin, aura lieu le 3ème colloque  France – Allemagne - Pologne sur le polar.<o:p></o:p>

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