• L’OMBRE DES ANGES

    LIVRES / de Gérard Gelas
    Editions L’écailler du sud
    sortie juillet 2009

    lundi, 16 février 2009

     

    L'Ombre des Anges (Schatten der Engel) est d’abord un film allemand réalisé par Daniel Schmid, sorti en 1976, adapté de la pièce L'Ordure, la ville et la mort (Der Müll, die Stadt und der Tod) de Rainer Werner Fassbinder. Le synopsis se résume ainsi : Sous un pont, Lily Brest, une prostituée trop belle et malade, tente de racoler sans succès. Elle vit avec son souteneur (Fassbinder) jusqu'au jour où elle rencontre un promoteur, très riche, qui lui conseille de ne plus parler et qui la paie pour l'écouter, lui, d'abord. Elle devient elle aussi riche et puissante, mais ne le supporte pas« Schmid a dit son intention politique, et le film ne cesse de la montrer, de la manière la plus simple et la plus évidente. Le vieux fascisme, si actuel et puissant qu'il soit dans beaucoup de pays, n'est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d'autres fascismes. […] Au lieu d'être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d'une "paix" non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de micro-fascistes, chargés d'étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma ».
    Gilles Deleuze,
    « Le Monde », 18 février 1977

    Ce titre a été choisi par plusieurs auteurs dans différents domaines de création artistique ou littéraire. Il faut signaler que  Vincent Deunette l’a utilisé  pour une trilogie mais dans la Science fiction. Le premier épisode était intitulé  « Le livre des secrets ».  


    En 2009, Gérard Gelas a donc choisi  le même titre pour une nouvelle trilogie noire dont le premier volet s’intitule « Je broie du bleu ». Un roman d’amour en noir, bleu et rouge. La fatalité, le ciel et le sang tissent un filet duquel les anges ont bien du mal à se défaire pour échapper aux balles.

    L’éditeur écrit au sujet de cet ouvrage : Entre Corse et Paris, entre violence et idéal, une aventure romantique et brutale. Afin de s’évader d’un Milieu situé quelque part dans le triangle formé par l’auberge des Trois Canards, la Butte et la place Blanche, à Paris, Livio rejoint son pays faussement d’origine, la Corse, et un certain mouvement nationaliste. Poursuivi par l’implacable et très perverti commissaire Cherchel, il va connaître dans la clandestinité Aia, une très belle jeune femme se parant des odeurs du maquis et de celles des explosifs. On rencontrera aussi un ministre de l’Intérieur pas très recommandable et toute une série de tueurs, légaux ou illégaux, selon le côté où l’on se place. 


    Dans ce roman d’amour en noir, bleu et rouge sous-titré « Je broie du bleu », aucun personnage ne nous est apparu blanc-blanc. Entre vieux truand corse ancien collaborateur nazi, jeune proxénète et flic pratiquant le « sourire kabyle » pour se débarrasser des gêneurs,  l’auteur trouve toutefois la place pour l’histoire d’amour des deux paumés perdus au milieu d’un monde fait de violence et de crapulerie. Il s’agit d’un ouvrage  de fiction qui donne des images peu reluisantes des voyous, des flics et de certaines mouvances nationalistes qui, en Corse,  occuperaient  plus de temps à s’entretuer qu’à réfléchir sur l’avenir de l’île. Personne ne cherche la rédemption sauf  Livio et Aïa. Sans doute, ce dernier, jeune proxo qui a mis ses espoirs dans l’identité corse, ne s’imaginait pas rencontrer l’amour sur l’île en la personne d’une jeune femme, Corso-Marocaine mystérieuse impliquée dans le mouvement nationaliste qu’il a rejoint. C’est un amour qui nait et grandit au milieu du danger et qui sera peut-être  finalement sa vraie raison de  survivre à un passé gluant … 

    Rédemption et amour ! Voilà les deux sentiments qui animent notre jeune héros. Toutefois, il est en train d’incorporer un groupe clandestin pour commettre des braquages ; Il a quitté le Milieu corse de Paris  en emportant une livraison de came;  Il a laissé derrière lui Suzette dont il était l’amant et le souteneur…. Bon ! C’est sûr : entre Suzette et Aia, il n’y a pas photo, vous le découvrirez. Et puis, lorsque vous connaîtrez la vie de Livio placé très jeune sous la coupe d’une crapule, vous lui accorderez certainement votre indulgence.


    L’auteur, Gérard Gélas, est un homme de théâtre, metteur en scène et directeur du Chêne noir à Avignon. Il est né à Lyon le 7 juillet 1947, l’année où le Festival voit le jour en Avignon 

    Peut-être doit-on attribuer sa connaissance de la Corse à sa rencontre avec Robin Renucci puisque, dans son polar, il lui fait un clin d’œil en situant son récit, en Balagne, au dessus d’Ile-Rousse,  dans Le Giussani,  haute vallée située en plein cœur d'un Parc Naturel Régional. A 800 m d'altitude en moyenne, s'y étendent quatre villages: Mausoleo, Pioggiola, Olmi-Cappella, et Vallica. Robin Renucci y a implanté son association théâtreuse l’Aria et un théâtre qui est au centre de son film « Sempre vivu ».   Le héros de Gérard Gélas, Livio,  doit  y assister à une représentation d’une troupe bastiaise le « Téatrinu » et un prénommé Pasquale, personnage mystérieux et inquiétant, lui dit : «  Tu verras , c’est sympa, le troupe est sponsorisée par la Columba, ça change de la Pietra… ». Ensuite  Livio nous confie : « La pièce de théâtre que nous regardons se joue en langue corse. Je suis loin de tout comprendre, mais ce que je pige me fait tellement penser à mon débarquement  ici ! C’est l’histoire d’un étranger qui va perturber par son arrivée toute la vie d’un village… » et on apprend que la première partie se termine par un  lamentu… «  un chant qui pourrait donner des leçons de frissons aux bluesmen de la Nouvelle-Orléans… »  Nous pensons que l’auteur fait allusion à la pièce  U Medicu Stranieru ( création de l'année 2000) - du dramaturge sarde Antoni Arca, musique originale de Claudio Sanna, mise en scène par Guy Cimino.  Avec Mariano Corda, Corinne Mattei, François Berlinghi, JB Filippi, JP Giudicelli et les élèves du Cours d’Art Dramatique du Teatrinu…. Pendant les fêtes pascales, Galana, fille du premier des échevins, doit tenir le rôle de la Sainte Vierge mais elle tombe malade. « Elle est perdue » disent les médecins chrétiens. On fait alors appel à un médecin juif, docteur des savoirs d’Orient et d’Occident : un étranger, un suspect, un coupable ! Le Teatrinu a fêté ses 20 ans en mai 2009.


    Dans "L'ombre des anges", s’agissant d’un roman noir, on ne peut  pas s’étonner d'y trouver des personnages corses, anges de l'ombre et démons, qui ne soient pas des modèles vertueux. En ce qui concerne les allusions historiques à l’occupation allemande à travers le personnage de l’oncle Philibert (vieux truand corse trafiquant de drogue et proxénète) , nul n’ignore que des truands corses ( comme d’autres)   avaient choisi la collaboration avec les Allemands. Voyez la Carlingue, ce ramassis de malfrats et de flics véreux, devenus gestapistes français. Ils serpentaient autour du terrifiant duo Bonny-Lafont. Ces truands miliciens ont mis le milieu au pas. Pigalle la Blanche s’était alors cousue dans l’étoffe de ces ignobles. Dans le milieu montmartrois, même Tino Rossi  fréquentait le bar Dominique, rue Victor-Massé, dont  le patron Dominique Carlotti était associé à un membre de la Carlingue impliqué dans des trafics de cartes de pain et d’or. A la Libération, des résistants et des survivants de la Carlingue tels Pierre Loutrel, alias Pierrot le Fou, Abel Danos, dit le Mammouth, Georges Boucheseiche (impliqué aussi dans l’affaire Ben Barka) se sont retrouvés dans le gang des tractions avant. A Pigalle, l’argent arrangeait tout.  . On connaît aussi l’histoire de Carbone, truand né à Propriano : En 1931, il arrive à faire élire à la mairie de Marseille un homme à lui, Ribot. Ce qui lui permet de devenir le patron réel de la mairie phocéenne. C'est pour Carbone la confirmation de sa suprématie. Son pouvoir ne s'exerce plus seulement sur les quartiers chauds, mais déborde sur tout Marseille. Durant la seconde guerre mondiale, en contrepartie de pouvoir continuer une partie de son commerce et de développer la prostitution, florissante durant toute la guerre, il se livre en à la chasse au résistant, sans parler des juifs dépouillés et livrés à la Gestapo. Le 15 décembre 1943 Carbone, qui se trouve à Marseille, s'installe le soir dans un wagon-lit du rapide pour Paris. UN peu après Lyon, à Neuville-sur-Saône, le convoi saute sur une mine. Carbone se retrouve les jambes coincées entre les tôles et le bassin brisé. "Je suis foutu, dit-il aux sauveteurs". Il réclame une cigarette, tire une bouffée et expire. Son ami Lydro vient chercher le corps qu'il rapatrie à Paris où se dérouleront des funérailles dignes d'un ministre en place. Son complice Spirito se fera oublier à l’Etranger avant de revenir en France.  Pour plus cliquer ICI

    Toutefois, d’autres truands corses, les frères Guérini auraient choisi la résistance et mené des actions contre l’occupant. Cependant à la libération Antoine Guerini et ses frères se seraient mis à racheter les affaires d'anciens truands collabos morts ou en fuite. Du fait de leur puissance financière et "militaire" on leur opposa peu de résistance. Bars, boîtes, hôtels et cabarets de Paris ou Marseille tombèrent dans leur escarcelle.

     

    L’auteur fait référence à la bande des trois canards, du nom du bar où ces messieurs entretiennent l’héritage de la gestapo en torturant à tout va, aussi bien pour leurs petites affaires que pour rendre service à de sombres barbouzes. Dans les années 1950, les membres de la bande sont essentiellement des italiens de Marseille, dont Tany Zampa. On peut citer parmi eux Jean Toci, son demi-frère et bras droit, Gaby Regazzi, le vrai cerveau de l'équipe, Bimbo Roche, Gérard Vigier, Gilbert Hoareau dit Gilbert le Libanais, Le Belge ou encore Jacky le Mat. Plus une multitude d'autres durs issus de la nouvelle génération (comme Arnot Edgar dit le "gamin"ou le "Niçois") dont sa progression dans le milieu du proxénétisme a été stoppée en 1977 à l'âge de 19 ans condamné a 5 ans d'emprisonnement aux Baumettes pour proxénétisme aggravé. Vous pouvez aller consulter un article qui survole la France des voyous à partir des années 1950 et intitulé La PJ de papa sur le blog  Police et cetera.

    Pour ce qui est de  l’époque contemporaine en Corse, l’auteur invente une mouvance nationaliste au sein de laquelle  les règlements de comptes ont fait plus de morts dans les rangs des nationalistes que du côté des forces de l’ordre. On retrouve la guerre des polices et  si un préfet n'est pas assassiné, c'est le ministre de l'Intérieur qui l'est. Bien sûr, ce roman est en partie caricatural mais, à partir du moment où l’on met de l’identitaire dans un récit, l’écueil est inévitable. Sur ce registre, il faut ajouter que  le commissaire Cherchel est un Harki. Celui-ci traîne sa rancœur contre la France qui a mal accueilli ses parents après la guerre d’Algérie. Une fêlure qui a fait de lui un flic ambitieux, corrompu et meurtrier. Il n’est pas le personnage le plus antipathique car il y a au dessus de lui son ministre. Si le commissaire est un homosexuel dans le genre pervers, le ministre est pédophile… Nous vous laissons découvrir d’autres personnages : Eclipsia, travelo qui cache sa laideur sous une burka, Angelika à l’ombre des anges et qui, comme   Fra Angélico, le peintre des anges, voit dans toute épreuve «  le doigt de l'ange »…. âmes sensibles s’abstenir car il ne s’agit pas d’un dépliant touristique sur la Corses ni d’une histoire d’amour à l’eau de rose.

    Warning !!!... Il faut toute de même relever  que le truand corse alimente encore beaucoup l’imaginaire en cette année 2009 (avec notamment le film Le Prophète)  mais rappeler que l’identité corse ne doit pas être réduite au grand banditisme et aux règlements de comptes. Le roman de Gérard Gelas est  une fiction, comme le film de Jacques Audiard. Malheureusement parfois les fictions alimentent des préjugés tenaces.


    Présentation de l’auteur : Gérard Gelas 

    Auteur, metteur en scène et directeur du Théâtre du Chêne Noir depuis plus de 40 ans, Gérard Gelas a fondé ce lieu emblématique d’Avignon en 1967. C’est en effet en 1967, en marge du Festival, alors que le « off » n’existe pas encore, que Gérard Gelas et sa compagnie du Chêne Noir présentent leur premier spectacle : L’Homme qui chavire. Quelques mois plus tard, il s’apprête à créer La Paillasse aux seins nus avec Daniel Auteuil, mais sa pièce est immédiatement censurée et interdite par le préfet du Gard. En 1971, il investit une chapelle désaffectée du XIIème siècle : la chapelle Sainte-Catherine, tout près du Palais des Papes. Depuis lors, les salles Léo Ferré et John Coltrane, ainsi que la cour Antonin Artaud de cette chapelle devenue « Théâtre du Chêne Noir », ont permis au public avignonnais de
    découvrir les plus grands noms de la scène française et étrangère. En cette année 2009 il accueillait notamment Richard Martin dans « La révolte des fous », Alice Belaïdi dans «Confidences à Allah » et Emma de Caunes dans «L’amour de l’art»


    EN MARGE...


    Revenons sur le titre en musique :

    Parmi les créations musicales portant ce titre « L’ombre des anges » , nous avons choisi  en marge le groupe Lunajuke créé par deux Corses : Jimmy Ronchi (guitariste et compositeur ) et Jean baptiste Ronchi ( auteur). Vous pouvez l’écouter sur Myspace.

     

     

     

    Cliquer sur l'adresse:  http://www.myspace.com/lunajuke

     

    Pour mieux connaître ou découvrir la troupe  Le teatrinu, des adresses sur l’Internet…

    Site du Teatrinu :

     

     En français     ET      en corse

     

     

    Série d’interviewes faites par corcsica-tele pour les 20 ans du teatrinu: cliquer ICI.

    Reportage de FR 3 sur les 20 ans du teatrinu: cliquer ICI.


     



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  • De René Char à Daouda,  le long de la Sorgue.

    Tu es pressé d'écrire,

    Comme si tu étais en retard sur la vie.

    S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.

    Hâte-toi.

    Hâte-toi de transmettre

    Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. […/…]

    (Extrait de « Commune présence » poème de René Char)



     

     

    Hâte-toi d’aller à l’Isles-sur-Sorgue pour prendre les chemins de Char longeant cette rivière et remonte jusqu’à la source ! Suis le parcours de l'homme et de l'écrivain ! Remonte du texte à ces « paysages premiers ». Parallèlement, découvre les grands thèmes de l’œuvre qui ont trouvé dans le travail des peintres, ceux que le poète nommait ses « alliés substantiels », ce prolongement auquel il était particulièrement sensible comme en témoignent ses manuscrits enluminés et ses éditions de bibliophilie ornées de gravure. « L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. » nous dit-il.


     

     

     

     

    René Char, né le 14 juin 1907 , une parole disséminée « en archipel » selon son expression dont chaque atoll mystérieux  est doté d'une furieuse force volcanique. « Dans le tissu du poème doit se trouver un nombre égal de tunnels dérobés, de chambres d'harmonie, ainsi que d'éléments futurs, de havres au soleil, de pistes captieuses et d'existants s'entr’appelant. Le poète est le passeur de tout cela qui forme un ordre. Et un ordre insurgé. »

    René Char a toujours aimé vivre en marge de la société. Enfant, il se lie d'amitiés avec les "matinaux" sortes de vagabonds vivant au rythme des jours et des saisons. Le 20 février 1928 paraissent ses premiers poèmes aux Editions Le Rouge et Le Noir (il aimait d'ailleurs beaucoup ce roman de Stendhal) sous le titre "Les cloches sur le coeur", poèmes écrits entre 15 et 20 ans.

     

     

    Pendant l’Occupation sous le nom de Capitaine Alexandre, il participe, les armes à la main, à la Résistance, « école de douleur et d’espérance ». Il commande le Service Action Parachutage de la zone Durance. Son QG est installé à Céreste (Alpes de Haute Provence). Le recueil qu'il en tire Feuillets d’Hypnos peut se lire comme des « notes du maquis ».

    Le poète  meurt d'une crise cardiaque le 19 février 1988. En mai de la même année, paraîtra un recueil posthume "L'éloge d'une soupçonnée".

     

    Le 29 septembre dernier, une classe du Lycée Ampère de Marseille a suivi les traces de René Char et un élève avait emporté une caméra. Il a filmé quelques instants de ce voyage pédagogique avec sa sensibilité. Son court-métrage est proposé sur le site du lycée. Suivez son regard ! Ecoutez le petit texte qu’il a écrit à la fin de la sortie… 

     
    Cliquer sur l'adresse ci-dessous pour accéder à la vidéo du Lycée Ampère

    http://www.lyc-ampere.ac-aix-marseille.fr/Eleves/ProjetPoesie2009/index.html

    Il y avait d’abord une voix. La voix d’un autre.  Ce qui est venu d’une voix retourne donc à la voix comme une longueur d’ondes… Anticorps - longueur d’Ombre est le nom de scène de Daouda Dananir, slameur-rappeur vivant dans les quartiers nord de Marseille. Il habite une cité dont le doux nom de « Busserine » abrite des conditions d’existence difficile. Il a le goût des mots qu’il fait chanter et ce talent lui vaut déjà une réputation qui grandit chaque jour par le bouche à oreille. Tout en préparant son bac pro au Lycée Ampère de Marseille, il vit dans le bouillonnement d’une culture vivante, toutes fibres dehors.

     



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  • La nouvelle littéraire

     

    La nouvelle littéraire est un genre moderne adapté à  l'édition numérique. Des éditeurs en ligne se sont spécialisés dans le récit court comme les Editions Nouvelles paroles, dont le but est de mieux faire connaître  la Nouvelle sous toutes ses formes (recueils, anthologies, e-books, enregistrements audio) et ils proposent des ebooks comme celui de Franck Membribe ( auteur de polars chez l'éditeur Mare Nostrum ).Cet opus  vient de paraître et vous pouvez le lire à l’adresse ci-dessous :

    http://fr.calameo.com/read/000086335cf00b2da36d6

    (En cliquant sur l’icône représentant deux livres et intitulée « souscriptions» vous trouverez en ligne quatre autres recueils à la lecture sous forme de livres virtuels).

     

    Par ailleurs  le site Nousvelles.com propose un autre concept original pour publier vos nouvelles …

    Allez découvrir le site en clliquant ICI  (http://www.nousvelles.com/)

    Le Blog http://blog.nousvelles.com/ propose les  dernières publications de Nousvelles.com

     


    La nouvelle littéraire, exercice pédagogique


    «Tour à tour récit dramatique, historique, divertissement  psychologique, réaliste , tour à tour récit bref, récit plus étoffé, tour à tour récit écrit à la 3e personne, récit conté à la 1ère, tour à tour récit vrai et récit fantastique, la nouvelle offre une multiplicité remarquable de visages, dont on aurait tort de privilégier l’un plutôt que l’autre.»

    René Godenne , La Nouvelle    française au  xxe siècle  ( revue Europe,   août-septembre1981)


     Au début du 20ème siècle, un critique d’art (Felix Fénéon) a écrit dans un journal des nouvelles en trois lignes… par exemple : « Le Dunkerquois Scheid a tiré trois fois sur sa femme. Comme il la manquait toujours, il visa sa belle-mère : le coup porta ». Il avait de l’humour et du talent mais « une nouvelle en trois ligne, c’est un peu bref et pourrait constituer pour le roman ce que l’aphorisme et l’haïku sont à la poésie. On ne serait toutefois  fixer arbitrairement un nombre de pages au-delà ou en deçà duquel on ne pourrait plus parler de nouvelle. Reste qu’il ne viendrait à l’idée de personne, aujourd’hui du moins,  de nommer nouvelle un récit de 300 pages.

    La nouvelle est « une fiction narrative en prose, qui se différencie du roman par sa brièveté. Toutefois, on remarque aisément que cette caractéristique formelle ne suffirait pas à la distinguer d'un conte ou d'un roman court. En d'autres termes, les critères définitoires de la nouvelle, faute de trait générique véritablement distinctif, doivent inclure d'autres traits, notamment ceux concernant la construction dramatique… » nous explique Encarta ? Pour ceux qui veulent en savoir plus nous vous proposons les sites suivants :

    Encarta :

    http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_761559304/nouvelle.html

    Etudes littéraires :

    http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/nouvelle.php


    Baudelaire, traducteur de Poe, a proposé cette analyse de la nouvelle :

        « Elle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet. Cette lecture, qui peut être accomplie tout d’une haleine, laisse dans l’esprit un souvenir bien plus puissant qu’une lecture brisée, interrompue souvent par le tracas des affaires et le soin des intérêts mondains. L’unité d’impression, la totalité d’effet est un avantage immense qui peut donner à ce genre de composition une supériorité tout à fait particulière, à ce point qu’une nouvelle trop courte (c’est sans doute un défaut) vaut encore mieux qu’une nouvelle trop longue. L’artiste, s’il est habile, n’accommodera pas ses pensées aux incidents, mais, ayant conçu délibérément, à loisir, un effet à produire, inventera les incidents, combinera les événements les plus propres à amener l’effet voulu. Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer cette impression finale, l’œuvre est manquée dès le début. Dans la composition tout entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité. »

                                                                         ( Notes nouvelles sur Edgar Poe )

     

    Traducteur d’Edgar Poe et théoricien de la nouvelle littéraire, Charles Baudelaire n’en écrira qu’une : La Fanfarlo que nous vous proposons à la lecture suivie d’une analyse de cette nouvelle faite lors d’une Communication de M. Jérôme Thélot de la fondation Thiers (Désir et vérité dans La Fanfarlo- Le  21/07/1988)

     

    http://www.calameo.com/books/0000188134d7a6a94b523

     

    … Et pour que vous puissiez découvrir la nouvelle comme un projet pédagogique autour du polar dans une classe du Lycée professionnel Ampère à Marseille, nous vous proposons le recueil «  Ampère et Narration » contenant les huit nouvelles policières inédites et écrites par les élèves lors d’un atelier d’écriture….

     

    Cliquer sur l'adresse ci-dessous

    http://www.lyc-ampere.ac-aix-marseille.fr/Eleves/Index.html

     

     


     

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  • Quatrième édition
    du
    Salon du Polar à Drap (06)

    Depuis 2007, la municipalité de Drap ( Alpes Maritimes ) organise un salon du polar. Les organisateurs du Salon du polar de Drap, après seulement deux ans d’existence, ont su faire de ce salon une rencontre conviviale et d’échange.


    Site - cliquer sur bandeau



    Dans le camp du drap d'or du polar, la convivialité et l’échange seront au rendez-vous...

     


     


    Salon du Polar de Drap


    Editorial  écrit par le Maire de Drap:  "Je suis heureux de vous présenter la troisième édition de « Polar à Drap », qui s’impose désormais comme une manifestation incontournable dans le paysage culturel de notre région. Nous avons voulu permettre la rencontre d’auteurs avec leurs lecteurs, ou un public plus large, dans une ambiance conviviale, propice aux échanges. Nous avons voulu également que le public soit partie prenante du festival, au travers de multiples activités destinées aux enfants ou aux moins jeunes, comme les ateliers d’écriture. Ces caractéristiques resteront celles de notre « cuvée » 2009, avec quelques évolutions nées de notre expériences des deux années précédentes, que vous découvrirez dans ces pages. Nous accueillerons cette fois-ci, outre les « habitués » comme notre distingué parrain Patrick RAYNAL et son éminent complice Jean-Bernard POUY, plusieurs auteurs nouveaux, avec une attention particulière pour le polar italien. Bien sûr, la proximité géographique et culturelle a joué dans ce choix, mais chacun peut constater la vitalité et la qualité du roman policier italien. Celui-ci reste marqué -c’est la loi du genre- par les aspects les plus sombres de l’histoire récente de l’Italie, comme le poids des « années de plomb » ou la profonde imbrication de l’argent, du crime et de la politique, quand celle-ci ne tourne pas à la farce de mauvais goût, comme l’actualité récente nous en donne encore l’illustration... Rendez-vous donc à Drap en septembre, pour deux journées encore plus riches et conviviales qu’en 2008 !" - Marc Morini, Maire de Drap


    Vous pouvez trouver toutes les information dans la gazette du polar de Drap dans sa version numérique :


    http://www.calameo.com/books/00000048789bf3771d0e7

    Publiez sur Calaméo ou explorez la bibliothèque.


    Pour cette 4ème édition, le Giallo italien sera représenté avec deux auteurs parmi les plus représentatifs du Giallo: Loriano Machiavelli et Luca Crovi.

    " Selon certaines sources, le choix adopté par Mondadori de vouer sa collection de romans policiers au jaune faisait référence , et à une aventure de Sherlock Holmes de Conan Doyle parue dans le Strand Magazine vers 1891, et à un texte de Robert Browning évoquant une affaire d'homicide survenue en Italie au XVIIe siècle dont il aurait lu les détails dans un "old yellow book" acheté en Italie. Le premier "libro giallo" paraît en 1929. Et cette expression de giallo ne s'appliquera pas à une littérature policière italienne, mais désignera, ni plus ni moins, des romans policiers. L'essentiel du fonds giallo sera anglo-saxon : Erle-Stanley Gardner, Ellery Queen, SS Van Dine, Agatha Christie, J-D Carr, Rex Stout.Puis Mondadori s'assurera l'exclusivité de Simenon en Italie. Plus tard, des auteurs italiens vont entrer dans la danse, Giorgio Scerbanenco en tête… " ( Sur le Giallo, commentaire d’Elisabeth Milleliri , journaliste et romancière corse).

    Au 19ème siècle, il existe des romans populaires italiens dont les thèmes ont été repris par le cinéma italien. On peut citer Za la mort et les Souris grises, feuilleton d’Emilio Ghione ( résumé du 1er épisode « La Busta nera » : Za-la-Mort et Za-la-Vie vivent retirés à la campagne avec la vieille tante Camilla. Un jour, Za recueille Leo, un pauvre orphelin affamé. Cette bonne action déclenche la guerre entre Za et la tristement célèbre bande des Souris Grises, habitants des égouts, qui, battus pour la première fois, promettent une vengeance sanguinaire).

    Avec " Il capello del prete " ( Le chapeau du prêtre) , le roman policier sort du feuilleton en 1887. (Un baron à la vie dissolue tue un riche prêtre et jette son corps dans un puits. Grâce à l'argent volé, il continue sans vergogne à mener une vie luxueuse, mais le remords de ce crime finit par le rattraper, et le mène jusqu'à la folie. Le roman d’Emilio De Marchi sera adapté au cinéma en 1943).

    Puis L’éditeur Mondadori crée ses livres jaunes, d’où vient l’étiquette " Giallo " collé au polar italien. Les premiers auteurs italiens sont Alessandro Varaldo ( inventeur du commissaire romain Ascanio Bonichi) Enzo D’Errico ( qui met en scène un clone de Maigret) Augusto De Angelis ( et son commissaire De Vincenzi) et Tito Spagnol… Dans la lignée anglo-saxone, va s’imposer Giorgio Scerbanenco avec son personnage d’Arthur Jelling, archiviste de la police de Boston. Après la guerre et le fascisme, de nouveaux auteurs ( Giuseppe Ciabattini, Tresoldi et Boero) et de nouvelles collections apparaissent comme les " Gialli Garzanti ". De son côté, Scerbanenco invente un nouveau héros détective, le docteur Lamberti. En 1968, il reçoit une consécration internationale avec le Grand Prix de la littérature policière décerné à son roman A tous les râteliers (Traditori di tutti). Cet auteur a fait franchir un pas décisif au genre, en ancrant ses récits dans la vie réelle des classes populaires milanaises. Carlo Fruttero et Franco Lucentini ( dont " La donna della domenica " a été adaptée au cinéma par Comencini) sont traduits dans plusieurs pays d’Europe. On peut citer aussi Mario Soldati, Antonio Perria et Attilio Veraldi qui se sont essayés au roman policier.

    En référence  à la première collection à couverture jaune, on sent chez les auteurs italiens, la volonté de plonger dans leurs racines, leur langue, d’écrire avec passion sur leur ville, leur région et ses habitants. Certains font resurgir les mots oubliés, les dialectes inusités, les coutumes ancestrales et racontent l'histoire chaotique d'une Italie diverse.

    Sur le site Cairn l’article « Le roman policier italien : entre mystère et silence… pose la question : « Existe-t-il un roman policier italien ? »

    C’est avec Leonardo Sciaccia que le roman prend prise avec le réalité de la société italienne ( la corruption , la mafia…) Il invente, pour dénoncer la main mise de la Mafia sur la Sicile, la forme du « roman-enquête » (le Jour de la chouette, 1961 ; À chacun son dû, 1974) ; il décrit aussi, plus généralement, la dérive des institutions politiques italiennes (l’Affaire Moro, 1979). Proche de Sciascia, le Sicilien Andrea Camilleri, mêlant enquête sur la mafia et jeux sur la langue, réinvente « l’Italien illustre » dans la Forme de l’eau (1994). Du même auteur, le Jeu de la mouche (1995) analyse cette prégnance du dialecte, comme l’Opéra de Vigàta restitue la Sicile des notables du xixe siècle.

    A lire " Portraits d’écrivains…"

    La nouvelle génération a fourni de nouveaux noms comme Carlo Lucarelli, Marcello Fois, Andréa G. Pinketts, Cesare Battisti…
    Enzo Russo, avec son " Nessuno escluse " a écrit sur les particularismes régionaux de l’Italie. Le doyen sicilien Andrea Camilleri, inventeur du commissaire Montabalno, a fait passer les frontières au polar sicilien et, comme Jean-Claude Izzo en France ou Vasquez de Montalban en Espagne, symbolise l’émergence de ce polar régional, urbain ou de terroir.

    Vous pouvez retrouver un article de réflexion sur le polar italien : "Le noir Italien : ni bûcher , ni Nobel" sur le site Europolar.eu.



    Luca Crovi
    Il est né en 1968. Journaliste, scénariste, critique, éditeur, spécialisé dans le polar et le thriller, il est l’auteur d’un opus sur le polar italien : Tutti i colori del giallo. Il giallo italiano da De Marchi a Scerbanenco a Camilleri. Marsilio. Venezia, 2002. 364 p. (Toutes les couleurs du polar. Le roman policier italien de De Marchi à Scerbanenco et à Camilleri.)

    Ce livre comprend plus de trois cent soixante pages pour évoquer toutes les nuances de ce " Jaune " désignant le polar italien. Crovi fait une approche en partie chronologique et en partie générique, dans un long parcours historique qui commence à la fin du dix-neuvième siècle (vers la fin des années 1880, avec la publication de ce Cappello del prete (Le chapeau du curé) de De Marchi) et qui voit le roman policier naître d’une profusion de feuilletons, et jusqu'à l’époque contemporaine marqué par le Sicilien Andre Camilleri…. " Parallèlement, il nous entretient également du destin du polar à la télévision et au cinéma, ainsi que dans la bande dessinée, disserte sur les illustrateurs des collections les plus connues (les grands Giove Toppi et Walter Molino entre autres), fait un crochet du côté des femmes écrivains qui ont su se créer une bonne place dans le marché ces quelques dernières années, et s'amuse à reconstituer l'histoire des imitations, des plagiats et des hommages dont a été victime en Italie le grand-père de tous les détectives, Sherlock Holmes. Sans oublier bien sûr un chapitre sur le roman policier historique (Umberto Eco, seul connu à l'étranger, n'est pas le seul à connaître) et des présentations assez approfondies des deux auteurs qui ont le plus influencé l'évolution et la réception du genre : Camilleri, justement, et avant lui Giorgio Scerbanenco ".

    Voir compte rendu sur site Belphégor

    On trouve dans " Tutti i colori del giallo " la saga des " Libri gialli Mondadori "( livres jaunes de l’Editeur Mondadori), à partir donc de 1929. Ce premier âge de grand essor du polar connaîtra cependant un temps d'arrêt entre 1941 et 1947 (fascisme).
    Cet ouvrage encyclopédique accompagné de réflexion est un outil de référence pour ceux qui veulent mieux connaître les " Jaunes " italiens et comprendre la place du polar dans la culture italienne.


    Loriano Machiavelli :

    « Loriano Machiavelli a 34 ans en 1968 : il anime alors un groupe de théâtre engagé dans cette mouvance et ne perd rien de l’actualité contestataire, très riche dans sa ville de Bologne. A la fin des années 1970, il est à l’origine du fameux Groupe 13, qui amorce le renouveau du roman noir italien en lui faisant adopter des thématiques politiques et sociales. Le personnage récurrent de ses romans, Sarti Antonio, est flanqué — « pas par hasard », précise l’auteur — d’un soixante-huitard, Rosas, militant extraparlementaire. Bologne, ville à vendre (10) se déroule pendant ces années 1970-1980, où le Parti communiste au pouvoir à l’hôtel de ville est confronté aux manifestations de l’extrême gauche. Témoin sarcastique bien plus que Maigret italien, Sarti Antonio évolue au milieu des troubles. Ce personnage évoque irrésistiblement l’auteur lui-même, tel qu’il se décrit à l’époque : sur son « scooter déglingué, fonçant d’une manifestation à une autre pour respirer l’odeur des lacrymogènes et observer les canons pointés des blindés ». extrait d’un article de Serge quadruppani – Le monde diplomatique ;

    Depuis le début des années 1960, il se consacrait au théâtre comme metteur en scène, acteur et  auteur ; ses oeuvres théâtrales  ont été jouées par diverses compagnies italiennes. Il a obtenu plusieurs prix de théâtre en Italie.  Depuis 1974 il écrit aussi des romans dans le  genre policier en devenant un des auteurs italiens les plus connus et lus. Plusieurs de ses récits ont fait l’objet d’adaptations télévisées. Il a collaboré dans des périodiques et des quotidiens italiens.Il a participé à des  batailles, parfois dures, avec des éditeurs, critiques et même lecteurs qui ne croyaient pas à la possibilité d'un roman jaune italien.Il a connu, discuté et débattu avec des personnages qui ont donné beaucoup au genre : Oreste du Bon, Giuseppe Petronio, Raffele Crovi, Claudio Savonuzzi, Attilio Veraldi, pour en citer seulement quelques uns. Il a participé à des quantités de rencontres, débats, présentations et autres initiatives, en Italie et à l'étranger.

    Le Groupe des 13. C’est à Bologne que se forma en 1990 il Gruppo dei Tredici, qui en réalité n’étaient que 12, dix écrivains et deux dessinateurs, intéressés par le roman policier. Les plus célèbres de ce groupe sont Carlo Lucarelli, Loriano Macchiavelli, Marcello Fois (d’origine sarde), et Danila Comastri Montanari. On ne parlera pas de cette dernière, car son genre est le roman historique, par ailleurs très populaire en Italie.

     

    Arborescence interactive des auteurs italiens

    http://www.dipity.com/timeline/AUTEURS-DE-POLAR-ITAL

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  • Boléro et Maracas à Cuba

     

    L’éditeur L’Atinoir nous a permis de découvrir deux  auteurs cubains dont les écrits témoignent de la diversité de la littérature noire cubaine. Nous avons lu « Boléro noir à Santa Clara » écrit par Lorenzo Lunar et « Les anges jouent des maracas » de Angel Tomas Gonzales Ramos. Des titres pour un pays où la danse et la  musique sont à fleur de peau et dont les quatre rythmes basiques sont le Son, le  Cha cha cha, la Rumba, et le Charranga. Ajoutons salsa jazz, mambo, Boléro, maracas… des mots magiques qui invitent à la fête. Des rythmes torrides et épicés avec des sonorités colorées et sensuelles. Toute une culture populaire née du côté de La Havane ou de Santiago de Cuba pour faire danser la planète.


     

    Lorenzo Lunar   est né en 1958 à Santa Clara dont il a fait le lieu où se passe le huis-clos de son roman  « Boléro Noir à Santa Clara » dans un récit qui concentre le temps ( 24 heures ) et l’espace ( un quartier pauvre d’une ville de province).  A El Candado, tout le monde se connaît. «  Vivre dans ce quartier, ça fout les boules » sont les premiers mots qui composent l’incipit du roman et ils reviennent en refrain dans le récit et dans la bouche du narrateur, Leo Martin,  qui y est né. Il est  le chef  fataliste du bureau de police qui devra mener une enquête sur l’assassinat de Cundo, un vieux pochetron solitaire qui aimait parler base-ball et regrettait le temps où «il y avait des bordels et qu’on payait pour aller aux putes, que le rhum n'était pas cher et bon, et que lui avait de quoi se payer ces plaisirs-là ». C’était le te temps de la prostitution (déguisée sous le nom de jineterismo) et de l’exode massif vers les Etats-Unis (les Balseros). L’auteur développe une intrigue dans une parodie des classiques du genre policier en mettant en scènes des canailles et des délinquants. Dans ce roman, l’assassin est un vrai criminel mais le crime est une fatalité.  Par contre, dans ce microcosme de la délinquance, d’autres personnages sont plus nocifs et tirent les ficelles d’une économie souterraine avec son lot de misère où l’on peut acheter un meurtre et en vendre la culpabilité. Le langage de l’auteur n’est pas un catalogue sur les mœurs et les caractères d’un barrio (quartier d’une ville) mais pure poétique de la marginalité. L’auteur voulait que l’enquêteur soit «un chef de la police de quartier qui y serait né et qui aurait partagé une bonne partie de sa vie avec des délinquants originaires du même endroit que lui. Avec ces types que les aléas de la vie obligent à commettre des délits mais aussi, bien sûr, à collaborer avec le policier. Obligés de devenir des délinquants mais, aussi, assez persuadés qu’ils ne font rien de mal. » Le policier aux allures de dur-à-cuire apparaît dans une situation rendue complexe puisqu’il doit agir en fonction d’une déontologie qui lui devient toute personnelle et qui se situe hors la loi,  entre la morale  et le code du quartier où il est né. A rebours le délinquant est dans une situation aussi complexe puisque le policier est un ami d’enfance qui a partagé le même code et le connaît bien. Finalement chacun trouve sa voie : la fatalité.



     

    On est loin des clichés sur fond de salsa et plus proche de nos cités insalubres et dites sensibles sur certains points qui font que les personnages sont d’ici et d’ailleurs dans ce qu’ils ont d’universel..  Dans le numéro 19 de la revue culturelle Zibeline,  sous la plume de Fred Robert nous avons trouvé une critique bien tournée pour ce roman qui offre une « galerie de portraits aux difformités goyesques ».  La langue est «  vive, brutale, ourlée d’injures, d’argot et de paroles de chansons et  Fred Robert conclue : «  Ce bref roman se lit d’une traite, on en sort  un peu essoufflé, comme si on remontait de l’enfer, mais, comme le chante le titre espagnol de ce boléro très noir et très humain , « Que en vez inferno encuentres gloria. » Il faut souligner au passage le travail difficile de traduction effectué par  Morgane Le Roy et  revu par Jacques Aubergy.

     

    Chaque chapitre du roman porte un titre évocateur de la littérature policière avec une large part au hardboiled : Tuer n’est pas jouer ( James Bond), La promesse ( peut faire penser au film des frères Dardenne ou à un roman policier particulièrement brillant de l'écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt.), Adieu ma jolie (Raymond Chandler), La clé de verre (Dashiell Hammett), The long Good bye ( Chandler)  L’introuvable ( Hammet) Le cinq petits cochons ( Agatha Christie ), La moisson rouge (Hammet), etc… Ce roman sort le genre policier du distingué manoir  britannique pour le faire tomber dans un barrio populaire de Cuba sous l’influence du Hardboiled, c’est-à-dire par un travail de marginalisation ou popularisation, comme l’explique Sébastien Rutès dans la  postface.  


     

     

    Angel Tomas Gonzales Ramos est né à Ciégo de Avila (Cuba). En 1990, il a abandonné la presse nationale cubaine trop propagandiste. Depuis 1998, il  travaille pour le quotidien espagnol El Mondo et collabore notamment à Radio France International. « Les anges jouent des Maracas » est sa première publication en France. Les maracas sont des instruments picaresques et parangon des rythmes de la musique cubaine et servent aussi au croyant quand il invoque la présence de l’orisha (un saint de la religion yoruba venue d’Afrique)  pour lui demander une faveur personnelle.  Le religieux fait partie de la culture cubaine sans dogmatisme, discipline ou fanatisme. A Cuba, «la pratique religieuse est un phénomène de transculturation et de métissage » écrit l’auteur dans sa préface. En préambule figure une annonce faite dans le Figaro de janvier 1887 : à La Havane, une représentation  de la Comédie française avec, à l’affiche du théâtre Tacon, la grande tragédienne française Sarah Berhardt. « Ce pays, c’est une blague du Bon Dieu, murmura l’inspecteur Juan Bautista Valiente Bravo, pendant qu’il observait le cadavre d’un mulâtre coiffé d’une perruque rousse, élégamment vêtu d’habits de femme et allongé sur les récifs dans la pose du dormeur décidé à ignorer le lever du jour. » Tel est l’incipit avec la découverte d’un cadavre sur la côte près de l’Hôtel Petit tenu par un Français du même nom, aventurier évadé du bagne de la Guyane française et qui affiche son aversion pour la police. Juan Bautista, le policier qui enquête, est décrit comme localement atypique : «  de taille moyenne avec un visage encore poupin pour ses trente-cinq ans, le physique de Juan Bautista était l’opposé de celui de la plupart des policiers de la ville, qui se distinguaient par leur corpulence intimidante ». Il est un inspecteur raffiné, parle lentement et à voix basse contrairement à ses collègues qui vocifèrent des grossièretés dans le champ lexical du langage de la rue. Lecteur du Progrès de la métaphysique de Kant, il s’emploie à suivre les principes de la raison comme un détective anglo-saxon de la belle époque du roman à énigme. Ce rationaliste pourra-t-il le rester avec une enquête où, pense-t-il «la raison ne lui serait pas plus utile qu’une boussole à un cordonnier ».  Le personnage est peut-être trop lisse pour ne pas cacher une faille…

     

    Mais revenons au crime !   Ce crime a-t-il un lieu avec le débarquement clandestin du capitaine Antonio Maria Aguero, à la tête d’un groupe de guérilleros ? Sur la plage, la police découvre des canots et le corps à moitié mangé par les requins d’un collègue infiltré dans un mouvement de sédition contre la Couronne espagnole.  Qui a découvert le cadavre du mulâtre travesti ? La grande Sarah Bernhardt elle-même. Elle loge à l’hôtel Petit avant sa représentation à la Havane. Comment le travesti est-il mort ? D’une balle en plein cœur et d’un coup de couteau dans la poitrine. Pas n’importe quel couteau ! Un coup de poignard de Nanigo ( Les Nanigos ou Abajua sont les membres d’une ancienne société secrète), ce qui pourrait vouloir dire que l’assassin a voulu défendre son honneur ou tué celui qui a trahi un secret. Sarah Bernhardt (qui ne se déplace jamais sans son cercueil même à l’étranger),  a aperçu le corps alors qu’elle allait se mettre à l’affût pour chasser.  Le nommé Petit sort facilement un couteau lorsqu’il se sent insulté. Seraient-ce les premiers indices ou de fausses pistes ?... L’intrigue se situe au mois de janvier 1887. L’auteur déroule une fiction historique avec le style narratif du roman policier. Il redécouvre un passé prérévolutionnaire en marge des textes officiels issus d’un processus révolutionnaire, donc idéologique. Il a choisi une période qui est une parenthèse entre les deux guerres d’indépendance. «  C’est une période, dit-il, où les débats politiques, culturels et économiques sont intenses ». De riches Cubains tournent leurs regards admiratifs vers Paris et New-York.  Quelques années plus tard Cuba cessera d’être une colonie espagnole alors qu’une grande partie de l’industrie sucrière est passée sous capitaux nord-américains. Dans ce roman, on rencontre autant de personnages qui appartiennent à l’Histoire que ceux  imaginés par l’auteur qui y dresse un tableau de la situation politique de l’île en donnant une vision inédite de cette période coloniale à la Havane. Parmi les personnages imaginés, apparaît une beauté rousse pour qui les hommes s’enflamment :  Elisabeth Garden, une riche Nord-américaine qui avait à son service  Saturnino, le travesti retrouvé mort… à suivre en lisant cet ouvrage sans concession pour cette époque et dont l’intrigue est marquée par deux événements : la venue de Sarah Bernhardt et un grand combat du torero espagnol Luis Mazzantini, qui laissera un souvenir inoubliable, non par l'idylle insulaire qu'il aura avec la Grande Sarah Bernhardt , mais pour ses prestations taurines. 

     

     

     

     

     

    le Grand Théâtre Tacón , actuel grand théâtre de La Havane,  a eu ses premières mises en scène en 1837 après l’inauguration officielle en avril 1837. Dans ce théâtre ont joué les compagnies les plus importantes du monde, les danseuses Anna Pavlova et Alicia Alonso, les actrices Sarah Bernhart et Eleonora Dusse, les chanteuses Adelina Patti et Victoria de los Ángeles, le chanteur Enrico Caruso, les danseurs Carmen Amaya et Antonio Gades, les musiciens Arthur Rubestein et Sergeuei Rachmáninov.

     

     

    Abakwa ( ou Abajua) La société secrète Abakwa s'est développée à Cuba vers 1820, sous l'impulsion des noirs venus du Calabar (Carabali). Il ne s'agit pas d'une religion, mais d'une association fermée, exclusivement réservée aux hommes, initiés et liés par un serment. Chano Pozo. Un grand joueur de tumbadores (nom cubain des congas), était initié aux secrets de cette organisation socio-politique, qui correspond à celle des "hommes léopard" (Ekwe, en langue Efik ou Ekoi, signifie léopard). Ils sont les gardiens sévères du dialecte et du rituel "plante", "une sorte de franc-maçonnerie populaire" (Alejo Carpentier). À Cuba, on les appelle "nañigos" (petits frères). La musique rituelle et la danse abakwa ont influencé la rumba.


    Sur le site des Editions Latinoir:

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