• Extrême méridien de chair et de damnation

    Extrême méridien, juin 2008 -Treize nouvelles de Marc ( Marcu) Biancarelli - Editions Albiana - 201 pages - 15 € - Isbn : 9 782846 982665

     




    Extrême méridien (  ou Stremu meridianu )<o:p></o:p>

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    Marcu Biancarelli est un auteur corse qui écrit en corse et donc ses textes en français passent par la traduction. Il utilise la vieille langue corse et les formes anciennes que sont le théâtre et la nouvelle, pour tenir des propos neufs. Dans son dernier opus, le recueil de nouvelles « Extrême méridien », si vous êtes amateur de chair littéraire, de la chair vous en trouverez à travers ses personnages qui, en y regardant de plus près, incarnent la vision d’une Corse intimiste loin des dépliants touristiques, celle des Corses en prise avec des démons et leurs propres démons.   <o:p></o:p>

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    (extrait)

    La terre qui l’avait vu naître, il en avait mangé à tous les repas jusqu’à la vomir, il en connaissait le goût amer, le goût de charogne, souvent ! Tenir debout, conjurer le moment de la rencontre avec les asticots qui l’attendaient affamés, dans le sein de sa terre natale, devenir celui qui nourrirait la terre des porchers, pas de son cadavre, mais de son éclat, avec cette force souveraine qui naissait à la pointe de ses pinceaux, sur le plat de ses couteaux. Les autres remuaient, et cherchaient sans cesse une raison d’espérer, lui, son moteur, c’était cette flamme intérieure, et tant qu’elle ne s’éteignait pas, la rupture n’était rien. Tant qu’il avait toujours le geste sûr, la maîtrise, la luminosité dans sa tête, et la clarté projetée telle quelle sur la toile, tant qu’il avait la capacité d’y lancer ses tripes, de se mettre à nu, de crier ce qu’il était au milieu du non-sens collectif de son monde qui n’avait jamais su naître, mais qui gisait là à ses pieds, comme avorté, et qui n’attendait que d’être recueilli, tant que sa main contrôlait la ligne, la courbe, tant que les fonds de toile éclataient comme il les avait voulus, pensés, imaginés, sentis, ce serait lui le maître de ce jeu de fous, il contiendrait le mal qui lui dévorait les entrailles et qui n’avait pas pu l’abattre jusqu’à maintenant.

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    Marcu Biancarelli a dit :<o:p></o:p>

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    « Que les choses soient claires, je peux me permettre, moi, de dire du mal de mon pays, mais moi seul." (Chì i cosi siini chjari, ghje’ mi possu pirmetta di parlà mali di u me locu, ma ghjeu solu...)

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    « … ... ce qui est important c’est de montrer les choses pour ce qu’elles sont, et après chacun en tire ce qu’il veut en retirer.”<o:p></o:p>

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    “ D’abord là encore il faut se méfier des paraboles littéraires. Elles ont bien sûr leur part de vérité mais ne disent pas tout. Le monde est toujours plus complexe, meilleur et pire que ce que l’on trouve dans les livres...”<o:p></o:p>

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    Le ton est donné pour ce recueil de nouvelles sans concession, sans complaisance et sans tabou. Mais que l’on ne s’y trompe pas, Marcu Biancarelli explique :<o:p></o:p>

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    « J’ai mal à l’humain plus qu’à la Corse. Mais la Corse me tient évidemment à cœur et représente plus qu’un univers littéraire : un espace mental et affectif des plus puissants. C’est donc dans mon île, où je vis, que je situe l’essentiel des histoires que je raconte, et Corses sont le plus souvent mes personnages, parce qu’étant de simples projections de moi, des fantômes de moi qui errent dans les pages de mes livres, je crois qu’une communion de culture et de sentiments s’impose naturellement entre moi et mes personnages. Disons qu’ils me viennent d’instinct. Mais il n’y a là rien qui doive être une règle d’écriture, je ne m’interdis rien à vrai dire. Mais plutôt pour m’interroger sur le monde et interpeller le lecteur, non pas sur ses tares ou ses déviances, mais sur la recherche d’une vérité que tous nous partageons, et une vérité qui n’est pas que Corse. Je dirais pour résumer que la Corse est le premier laboratoire du désespoir humain qui me touche et m’interpelle, mais quand on y réfléchit les maux de l’île sont souvent aussi les mots d’une humanité plus vaste. »

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    L’auteur nous dresse une série de portraits aux antipodes des caricatures et des poncifs sur les Corses, poussant même  jusqu’à la caricature à rebours. Par des textes noirs écrits pour choquer,  il nous montre en nous laissant la liberté d’interpréter, c’est-à-dire de réfléchir. <o:p></o:p>

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    “La littérature, dit-il,  c’est tout sauf le refuge des bons sentiments, ou des discours moralisateurs. Si j’écris une nouvelle sur le racisme – c’est le cas ici – il ne sert à rien d’écrire que le racisme ça n’est pas bien. Mais il faut illustrer le propos, et montrer ce qu’est le racisme, sous différentes formes qui toucheront, blesseront, feront mal, interrogeront, et donc peut-être feront aussi réfléchir. C’est pareil pour tous les sentiments que l’on voudra illustrer : c’est l’histoire et la tramme qui doivent illuminer le propos ou l’interrogation de l’auteur, et pas une démonstration stylée des plus abscontes.”<o:p></o:p>

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    Et il ajoute: “... si des lecteurs qui ne sont pas Corses se retrouvent dans mes livres – et je sais que c’est possible – je m’en félicite, et plus que ça même, mais je n’ai jamais prétendu être autre chose que ce que je suis : un écrivain corse, qui écrit donc de l’intérieur, et d’abord pour le lectorat corse, et puis pour tous ceux qui au delà voudront entendre ce que j’ai à dire de cette réserve indienne...”<o:p></o:p>

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    Puis il constate: “... la Corse n’a pas à trouver grâce à mes yeux parce que la Corse n’est coupable de rien. Ce n’est pas “la Corse” que certains textes peuvent stigmatiser, je dirais même que c’est l’inverse : c’est les maux qui sont faits “à la Corse”, et auxquels hélas nous souscrivons trop souvent, qui me révoltent et inspirent nombre de mes écrits.”<o:p></o:p>

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    Dans cet opus de l’extrème, le méridien passe par les déviances de la nature humaine.  Bien sûr il y a la violence mais cette violence n’est pas intrinséquement corse. On la  retrouve dans le monde, les relations sociales et les sentiments humains. Marcu Biancarelli n’en fait pas une approche manichéenne. La Corse est-elle violente? Il répond que oui, comme beaucoup d’autres lieux mais la différence c’est que la Corse, elle, le sait! En codifiant la violence, on évite qu’elle ne devienne trop destructrice. C’est lorsque l’on perd la maîtrise des codes qu’on s’accroche aux déviances parce qu’elles sont plus visibles et plus abordables tout en accompagnant la déliquescence d’une société. C’est là qu’intervient la glorification de la violence. Sans glorifier la violence, on débouche inéluctablement sur la révolte et la phrase célèbre de Camus: “Je me révolte, donc nous sommes!”. Dans “Extrème méridien”, cette révolte conduit parfois, dans l’exprit de la magagne, au fantasme lorsque des toursistes dévastateurs et adeptes du quad sont transformés par magie noire en cochons contentinentaux pour terminer en salaisons corses. Nous sommes là dans le domaine de la violence symbolique mais qui, peut-être de façon subliminale,  interroge aussi sur la filière de la charcuterie estampillée “corse”. <o:p></o:p>

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    Pour citer une nouvelle corso-corse, nous retenons “Le poulpe, la langouste et la murène”, son spuntinu pour la veillée d’un mort et ces surnoms qui font l’identité des villageois comme “Tuppuchju” ( petit-rat). Toutes sont à lire et se situent dans “l’extrème méridien de chairs et de damnation”.<o:p></o:p>

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    Vous pouvez retrouver l’intégralité d’un long interview de Marcu Biancarelli sur le site des Editions Albiana.<o:p></o:p>

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    <o:p></o:p>Nous ne pouvons qu’être d’accort avec lui lorsqu’il constate que: “Les gens qui aujourd’hui en Corse me semblent les plus libres, les plus porteurs d’espoir, sont souvent des artistes. Des écrivains ou des chanteurs, des poètes. Tous n’ont pas forcément la conscience aigüe d’exprimer la voix d’une société civile libre, mais c’est pourtant ce qu’ils font. Avec le peu d’impact réel qu’ont les artistes en général.”<o:p></o:p>

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    Nous conseillons “Extrème mérdien”,  ouvrage d’un auteur libre qui pratique la langue corse mais pas la langue de bois. Ce livre s’adresse à votre intelligence, c’est-à-dire à votre capacité aussi de prendre du recul sur les faits sans manichéisme  et avec  humour,  même si le constat reste noir dans cette terre où le goût du drame et de la mort reste chevillé au corps. <o:p></o:p>

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    Extraits en français (cliquer)<o:p></o:p>

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    Extrait en corse (cliquer)<o:p></o:p>


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    Descriptif:<o:p></o:p>

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    1.      Stremu meridianu – Extrême méridien

    2.      Baruffa Caffè di a Liccia  -  Baston au Café A Liccia

    3.      Orly

    4.      Sirata d’inguernu – Soirée d’hiver

    5.      Cazzuttata Carrughju Altu – Coups de poing Rue Haute

    6.      A più bella zitedda di u paesu – La plus belle fille du village

    7.      U pulpu, l’argusta è a murena – Le poulpe, la langouste et la murêne

    8.      U portafogliu – Le portefeuille

    9.      Ghjubileu - Jubilé

    10.  Rumpera – Point de rupture

    11.  U pòpulu di u quad – Le peuple du quad

    12.  Zia Maria Cucaina – Marie Cocaïne

    13.  Otranto - Otrante

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    Bibliographie chez Albiana ( cliquer)<o:p></o:p>


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    Blog de Marcu Biancarellu ( en langue corse):

     


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    Dernière minute:<o:p></o:p>

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    Marcu Biancarellu a participé à un recueil collectif de nouvelles intitulé sobrement “Nouvelles corses” et édité aux éditions Magellan & Cie, dans La collection Miniatures des éditions Magellan  <o:p></o:p>qui lève le voile sur la Corse en faisant la part belle aux voies du polar, du roman noir et du roman historique. Cinq auteurs pour ces Nouvelles (polyphoniques) de Corse :  Andria Costa, Archange Morelli, Paul Milleliri, Eliane Aubert-Colombani et Okuba Kentaro.  <o:p></o:p>

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    Ce recueil publié en partenariat avec Courrier International,<o:p></o:p> est mis en vente au prix de 12 € .<o:p></o:p>

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    Présentation de l’Editeur:<o:p></o:p>

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    Au sud-est de la Côte d’Azur, à l’ouest de la Toscane dont elle est proche et au nord de la Sardaigne, la Corse, « Île de Beauté », véritable « montagne dans la mer », balcon sur la Méditerranée, est un pays en soi, un monde miniature à la fibre identitaire forte, où l’on écrit en français et en corse. Dans cette île noire et rouge sur fond de bleu marin, où les chants polyphoniques, les lamenti, sont un terreau commun aux créateurs, les thèmes imaginaires ou réels qui inspirent les auteurs corses sont la politique, les indépendantistes, la musique et les chants, la pauvreté, le huis clos, les mythes, les légendes… mais aussi le « silence », l’honneur, le clanisme, la « cursia », ce mal du pays, cette nostalgie,… 

    Les nouvelles réunies dans ce volume explorent plusieurs voies avec force : le polar (Manuel Vasquez Montalban en Catalogne, Andrea Camilleri en Sicile, Jean-Claude Izzo à Marseille, Yasmina Khadra en Algérie, ont tracé les contours d’un polar méditerranéen où la Corse ne demande qu’à figurer), le roman noir et le roman historique. Elles reflètent ce moment particulier de la création littéraire corse Au sud-est de la Côte d’Azur, à l’ouest de la Toscane dont elle est proche et au nord de la Sardaigne, la Corse, « Île de Beauté », véritable « montagne dans la mer », balcon sur la Méditerranée, est un pays en soi, un monde miniature à la fibre identitaire forte, où l’on écrit en français et en corse.





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