
Michel JACQUET a confirmé son talent dauteur de romans policiers. Après son premier roman « Lenfer Blanche » et son second « La rouste », il récidive avec « Le Nervi », édité en septembre 2005 aux Editions « Autres temps ». La suite vient de paraître avec la sortie dun nouvel opus intitulé « Label Flic », dans lequel vous pourrez retrouver Le Nervi.
Nous lavons rencontré au Balcon marseillais du polar. Comme il sagit dun homme avenant et modeste, il nous a conseillé louvrage de son voisin de table, Jean-Louis Pietri, auteur de « Je de dupe » dont nous avons rendu compte dans un article précédent. Depuis lors, sans quil ne nous le conseille, nous avons lu son troisième polar « Le Nervi », préfacé par Jean-Louis Pietri. Dans La rouste, le héros nous disait : « Cette enquête est la plus tordue que je mène depuis le début de ma carrière. Ce mec présente toutes les facettes à la fois ; cest une anguille, un mirage, un fantôme. Il est identifié, logé et malgré toutes nos investigations mises bout à bout, nous navons rien sur lui sinon du vent, des peccadilles. Il va me faire partir à la retraite en lambeaux » Dans le Nervi, la retraite est là et le « mec » est un chef de la pègre marseillaise, un dur à cuire sauf si, au fourneau, on y met un ancien flic inoxydable (ou in-occidable du verbe « occire »). Laissons donc Le Nervi se présentait lui-même : « Le Nervi, monsieur, cest le surnom que mes amis mont donné pendant une trentaine dannées. Chez nous, en Provence, nous appelons comme cela les hommes forts, très musclés. Mais aussi les hommes qui aimaient, à lépoque, traîner autour du port à laffût du moindre coup foireux. Et enfin, ceux qui aimaient le contact physique avec dautres marlous » Nous ajouterons, mais ce nest pas le cas de notre héros, que, dans le reste de la France et selon le petit Robert (lindic de La rousse), un nervi est aussi un portefaix, un tueur, un homme de main. Si notre Nervi est un homme de main, il sagit de la main de la Justice dont on sait quelle peut être immanente. Si on évoque la morale, celle du Nervi nest pas kantienne et il na pas lintention de se couper les mains pour les garder propres. Ses mains lui servent à créer mais aussi à boxer ou appuyer sur la détente.
Ancien flic de la Criminelle, Raymond Garcia, alias Le Nervi, sétait installé dans sa retraite et la soixantaine passée. Avec ses mains de cogneur, il sculpte, dans le bois dolivier et le cep de vigne, des objets quil vend sur un marché de Provence. Un jeune motard vient se jeter contre sa fourgonnette de forain. Cela aurait pu être un simple accident de la circulation si les faits ne sétaient pas passés sur un Parking et sous une pluie de plombs. Le Nervi aime la castagne et il nest pas homme à se contenter dun constat daccident avec conduite du blessé aux Urgences. A partir de là, lauteur construit son récit, thriller musclé comme son héros, et met en scène des personnages pittoresques. Le Nervi et sa bande hétéroclite damis livrent un combat sans merci contre un Chef de gang brutal et mégalo, qui, comme une grande marque deau minérale, a pour slogan « Il faut éliminer ! ». Et, en plus, lorsque certains policiers adoptent le « code dhonneur » des voyous plutôt que le code de déontologie policière, tous les coups fourrés sont possibles Face à la pègre et à des ripoux, jusquoù ira Le Nervi ? Pour ceux qui aiment laction, ils ne seront pas déçus. On ne sennuie pas lorsque lon suit pas à pas ce héros, justicier généreux aux méthodes peu orthodoxes mais efficaces. Et puis, de temps en temps, il est bon de montrer quil nexiste pas que des bandits au grand cur dans le monde romanesque.
Lhistoire est virile mais aussi humaine, au milieu des senteurs de Provence, avec des mots qui chantent (bàbi, espillé, engambi, à lagachon, Té, je me casse, feignasse, fatigué du bulbe ). Elle est peuplée dindividus affublés de surnoms qui ne sinventent pas : « Nasole », « Gisclette », « Le Criquet », « Le Mammouth » Michel Jacquet nous offre un bon moment à passer, le soir notamment plutôt que de zapper devant le petit écran qui nous propose des séries policières fadasses. A quand le prochain roman de cet auteur ou une adaptation télévisée du Nervi? Son Editeur dit de lui : « La cinquantaine ; il est flic, toujours en activité à Marseille. Il apporte avec beaucoup de simplicité et de pudeur, ses deux principales qualités : son expérience professionnelle (homme de terrain depuis 23 ans) et son propre style décriture ».
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