• La nuit de l'Anarchie et ses étoiles...

    au Théâtre Toursky!



    Vendredi 14 décembre 2007, sans Armand Gatti ( présent à la soirée de l’Odyssée pour la paix ) mais toujours comme chaque année avec le CIRA, Richard Martin a programmé la Nuit de l’Anarchie devenue une nuit marseillaise au Théâtre Toursky. Et c’est donc tout naturellement que la première partie s’ouvrait avec les Anarseillais, Daniel Andersen, Jean-Claude Landoni, Claude Parès et Bruno Vie.

    Le blues Anarseillais est un répertoire de compositions originales, en français, des musiciens qui jouent la couleur des sons dans un style acousticorock, électricoballades, des blues, des guitares, des voix, des moments tranquilles, d’autres qui boulèguent... et, au bout de la nuit des vieilles reprises d’Elmore James, de Robert Johnson, de Léo Ferré ou de Georges Brassens.



    Présentation du groupe Anarseillais sur Myspace:

    "Blues Anarseillais !! L’histoire, c’est celle de musiques et de musiciens qui se rencontrent à Marseille. Daniel Andersen, auteur compositeur, chante dans des cabarets, des bars de nuits. En 1989, il rencontre Claude Parès qui joue la couleur des sons et fait vibrer sa basse. A force de traîner sa Les Paul et de dégainer ses harmonicas pour un mi ou pour un sol (bémol), Jean-Claude Landoni se plaît en si Blues Compagnie. C’est le nom que se donne le trio autour duquel se succéderont, durant une quinzaine d’années de nombreux musiciens : Al Faroux puis Noël (Gros son) Busano à la batterie, Noémie, Annie, Laure, Caroline, Valérie et Claire comme choristes, Philippe aux claviers, Faraji aux percus… En 1998, nous fabriquons, avec nos petites mains et celles de quelques collègues, un CD de 9 titres enregistré en public à la "Machine à Coudre"… Merci à Steve Henry Peter et Noël Busano qui ont joué, merci à Jean-Marc Tigani qui a pris le son et l’a mixé, à Philippe Caussignac qui a rajouté son piano, à Nadia, Martine, Mélanie, David qui ont rajouté leurs chœurs, à Philippe et Béatrice de la Machine à Coudre qui nous ont accueillis, à Niels qui a fait la pochette, à Alain qui l’a scanné, à Annick, Léo, Corinne, Michel, Fred, Isablle… En 2004, c’est Bruno Vie qui pose sa grosse caisse, sa bonne humeur et ses expériences. Nous optons alors pour un nouveau nom qui se réfère en même temps au style musical qui nous réunit et aux contenus des textes que nous écrivons : Le Blues Anarseillais. Le Blues Anarseillais, aujourd’hui, c’est un répertoire de compositions originales, en français, dans une style acousticorock, électricoballades, des blues, des guitares, des voix… C’est, pour une ou deux heures, des moments tranquilles et d’autres qui boulèguent… et au bout de la nuit, si le cœur vous en dit, des vieilles reprises d’Elmore James, de Robert Johnson, de Léo Ferré ou de Georges Brassens. En marge des circuits, c’est des petites salles (Machine à coudre, Vilain Petit Canard, Dan Racing), parfois des plus grandes (La Fiesta des Suds, La Nuit de l’Anarchie, La Fête de La Marseillaise, celle de LO)."

    Au Toursky, sous une guirlande et des projecteurs, le groupe prenait plaisir à chanter et l’auditoire à les écouter. Entr’eux, la complicité était évidente. Claude, le compositeur bassiste, s’irradie lorsqu’il renvoie la deuxième voix à Daniel dont la guitare est en harmonie avec celle de Jean-Claude, tous complices de la rythmique de Bruno à la batterie. Daniel Andersen dont la voix vient du blues avec des intonations voisines de celles d’Eddy Mitchell, donne du timbre dans la révolte, la colère ou le désarroi comme dans " l’utopie " ou "Kromozomes 21 ", puis s’adoucit pour le bonheur des simples choses de la vie quotidienne des femmes qui surveillent leurs minots dans "les rues du panier "… Le groupe offre des émotions au public qui t’écoute. A Marseille, les Anarseillais ont chauffé la salle … et, à la fin de leur concert, les spectateurs bissaient comme on sait le faire au Toursky, c’est-à-dire avec une chaleur irrésistible pour les artistes et en reprenant le refrain :

    Hey, no pasaràn, le mauvais sang, l'indifférence.
    Hey, no pasaràn, les idées noires, l'intolérance.
    No pasaràn!

    Vous pouvez aller écouter leurs chanson sur leur site à l’adresse ci-dessous :
    http://bluesanarseillais.free.fr/index.php?Chansons



    Ensuite, après un entracte qui faisait redescendre la température, le rideau s’ouvrait sur une scène désertée. En retrait sur la gauche, une pianiste prenait place, Gilbert Laffaille venait paisiblement présenter ses trente ans de chansons dans le seul théâtre marseillais qui l’avait déjà accueilli auparavant. Il occupait en douceur tout l’espace laissé libre et… Oh, bonheur ! Le temps s’est arrêté. L’artiste a émerveillé le public par ses chansons douces ou grinçantes, graves ou drôles, sur des airs bossa, jazzy ou folk. Pour certains, cela faisait trente ans qu’ils ne connaissaient pas Gilbert Laffaille alors qu’en quelques minutes, il les avaient conquis. Au passage, j’ai noté les paroles d’un spectateur qui expliquait ce phénomène jacobin. Des chanteurs de qualité ont fait ou font des carrières parisiennes et internationales mais, faute de relais dans les médias, ne peuvent atteindre le grand public… et de citer des noms comme François Béranger, Jean Vasca dans les années 70-80… ou, de nos jours, Jean-Louis Murat, Juliette… et, à Marseille, Jacques Mandrea, un fidèle parmi les fidèles de Richard Martin.

    Gilbert Laffaille a fait ses débuts dans la chanson (Les beaux débuts) au milieu des années 70, influencé par le folk-song anglo-saxon (Bob Dylan, Donovan) et se produit au Centre américain Bld Raspail à Paris.

    En 1977, il enregistre son premier album Le Président et l’éléphant qui remporte un franc succès : on l’entend sur les ondes, on le voit à la télévision, même si la chanson sur les safaris africains du président Giscard ne plaît pas à tout le monde…
    En 1979, il se produit au Théâtre de la Ville, au moment où sort l’album Nettoyage de Printemps (Prix de l’Académie du Disque). Suivra une série de concerts en France, Suisse et Belgique en compagnie de Gilles VIGNEAULT.

    En 1980 sortie du troisième album Kaléidoscope qui contient les classiques de Gilbert LAFFAILLE : Trucs et ficelles, Neuilly blues, Deux minutes fugitives, La Foire du Trône… Sur cet album, l’artiste est accompagné par de fabuleux musiciens : Christian ESCOUDE, Maurice VANDER, Pierre MICHELOT, Don BURKE, Jean-Jacques MILTEAU, Joss BASELLI, André CECCARELLI, Stéphane GRAPELLI , le tout sur des arrangements superbes signés Christian CHEVALLIER.
    Après un deuxième passage au Théâtre de la Ville, sort un album public Live in Chatou (1981) où l’on découvre une autre facette des talents du chanteur, celle du comédien déjanté avec notamment un sketch hilarant, mi-parlé, mi-chanté, dénommé " skontch " par l’auteur !

    Après un drame personnel qui l’éloigne de la scène, il revient en 1984 avec un spectacle solo au titre explicite : " Je vais mieux ! ", créé au Printemps de Bourges… un 1er avril ! Suivront l’album Folie douce aux accents californiens, très Steely Dan, un nouveau Théâtre de la Ville, ainsi que l’album L’Année du Rat.
    Gilbert LAFFAILLE s’est produit au Festival d’Avignon, au Printemps de Bourges et au Festival Performances d’Acteurs à Cannes.
    En 1989, Gilbert Laffaille sort un album très électrique, Travelling, arrangé par Jean-Marc Benaïs. Il fait des tournées à l’étranger (Etats-Unis, Japon, Pays de l’Est, Madagascar, Maghreb, Europe…)
    En 1994 que sort son disque considéré comme celui de la maturité, Ici, (Prix de l’Académie Charles Cros). Les arrangements sont signés Richard GALLIANO et Michel HAUMONT.

    Pour ses 20 ans de chansons fêtés au Théâtre Silvia Monfort puis à l’Olympia., l’éditeur Christian PIROT publie le premier recueil de textes de Gilbert La Ballade des Pendules, préfacé par Claude DUNETON.
    En 1996, paraît le CD Tout m’étonne , réenregistrement de chansons anciennes, assorti de trois inédits (Dents d’ivoire et peau d’ébène, Le Triangle des Bermudes, La Ballade de Jim Douglas). La chanson Dents d’ivoire et peau d’ébène, ouvertement anti-raciste, fera l’objet d’un vidéo-clip, récompensé comme un des dix meilleurs clips de l’année. Curieusement ce clip, diffusé dans les salles de cinéma, ne sera jamais montré sur les chaînes nationales de la télévision française… Gilbert chante au Bataclan.
    Mai 1999 : sortie du 10ème album de grande qualité, La tête ailleurs, de très belles mélodies sur des textes qui touchent profondément. Des chansons merveilleusement habillées par ses fidèles amis musiciens Michel HAUMONT , Jack ADA (guitares), Gilles MICHEL (basse). Un album ciselé de main d’orfèvre par un Gilbert LAFFAILLE très inspiré. Honteusement boudé par les médias, Gilbert continue son bonhomme de chemin à la rencontre d’un public toujours aussi émerveillé par ses chansons douces ou grinçantes, graves ou drôles sur des airs bossa, jazzy ou folk… entrecoupés de sketches hilarants où il campe des personnages hauts en couleurs issus à la fois de notre quotidien et de son imagination débordante.
    En 2003 Gilbert LAFFAILLE se produit au Théâtre de Dix Heures pour trente représentations : cette rentrée parisienne est accompagnée de la sortie d’un second recueil de textes La tête ailleurs, préface de Philippe DELERM chez Christian PIROT, d’un DVD, d’un album studio et d’un album live en piano-voix avec Léo NISSIM. La presse unanime le couvre d’éloges… la radio et la télévision l’ignorent.
    En juin 2005 Josiane, son épouse, décède des suites d’une longue maladie. Durant six mois Gilbert Laffaille joue à l’Essaïon le spectacle " 30 ans de chansons ", qu’il propose ensuite en tournée. Début 2007 il ajoute une nouvelle corde à son arc avec des lectures poétiques (" Les Soliloques du Pauvre " de Jehan-Rictus et " Poèmes à dire ", poèmes du XIXème et du XXème siècle.)

    Après une longue période de deuil, Gilbert s’est récemment remis à écrire. Le 14 décembre dernier, au théâtre Toursky, le spectacle " 30 ans de chansons " a enluminé la nuit de l’anarchie. Claude Nougaro a dit de lui : "je ne vais jamais par quatre chemins là où le chemin le plus court s'impose. Je dirai, donc, que Gilbert Laffaille m'est apparu dès la première vision-audition comme un des preux chevaliers les plus patents au royaume de la chanson française dites d'auteur. A quoi reconnais-je un de ces preux chevaliers ? A la langue et encore la langue. Laffaille en ce domaine de la langue, sens-sons, est, comment dirais-je, sans faille. Dès qu'il chante, en moi un oiseau fraternel s'éveille ".

    Son répertoire rebelle et pétri de dérision n'a pas pris une ride et sa délicatesse fait mouche à chaque fois qu'elle aborde ses thèmes privilégiés : l 'enfance et l'éducation. Il faut rappeler que l’artiste avait eu dans une autre vie et au sein de l’Education nationale une expérience de professeur de lettres. Et puis, dans sa biographie, j’ai fait une découverte : Il est né d’un père toulousain et d’une mère corse… Une identité dont les origines sont fondées sur deux cultures où le bon sens et l’humour font bon ménage avec l’humanisme… N’en déplaisent aux colporteurs de poncifs qui entretiennent des images déformées dans l’imaginaire de ceux qui ne veulent pas aller voir plus loin que le bout de leur nez.

    Sur le site Les trois coups, on peut lire : " Il campe dans ses spectacles des personnages hauts en couleur, issus de notre quotidien et de son imagination débordante. Il est le chaînon manquant entre Caussimon et Souchon, avec un zeste de Bobby Lapointe. Cet artiste d’une rare tolérance, fin observateur de la vie, à l’écoute des autres, n’hésite pas à s’engager pour défendre de nobles causes comme la liberté d’expression… "




    Le lecteur retrouvera, dans La Ballade des Pendules ses chansons les plus connues (Le gros chat du marché, Le Président et l'éléphant, Corso fleuri, Neuilly blues, Trucs et ficelles ...), mais découvrira aussi ses pièces (inédites) pour théâtre de poche, véritables petits chefs-d'œuvre ... La tête ailleurs est la suite de La Ballade des pendules publiée en 1994 chez le même éditeur. Il revient sur les chansons des débuts (Interrogations écrites, Histoire d'oeil, Sac à dos pataugas), et de plus récentes (La ballade de Jim Douglas, Dents d'ivoire et peau d'ébène, La java sans modération) ... Il existe un DVD.

    "Juste un p'tit air pour s'faire du bien, l'air de rien !"… Vous pouvez écouter quelques courts extraits de ses chansons sur le site friendship-first.com.



    La soirée était clôturée par Richard Martin, âme du Toursky et comédien habité par le Théâtre et la poésie. Il offrait "il n'y a plus rien", texte de de Ferré, comme un feu d’artifice de mots forts et de musique symphonique qui résonnent longtemps pour trouver des échos à la révolte contre la bêtise…

    A la fin du spectacle, parmi le public ravi, Il y avait Suzy et Ida que je mentionne pour le plaisir partagé...



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