• Dunes froides, roman de Jeanne Desaubry

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    « Dunes froides » est le cadre choisi d’un drame… Que dis-je un drame : une tragédie ! D’emblée, l’auteur nous met devant une exécution par pendaison… mais on ignore qui est le pendu et si son tueur ira jusqu’au bout de son œuvre. Une vengeance ? L’acte d’un justicier ? Un règlement de compte ?... On s’interroge. Il faudra aller jusqu’à l’épilogue pour le savoir. Entre temps, un autre homicide viendra encombrer la vie paisible d’un couple mal assorti. Il est vieux et  professeur d’université. L’homme a profité de son veuvage providentiel pour s’installer au bord de l’océan avec sa jeune élève devenue sa maîtresse. Elle est  jeune et belle. Sa rousseur a déclenché les feux de l’amour, y compris chez un journaliste dont le voyeurisme maladif a détruit la carrière. « Les histoires d’amour finissent mal en général … », chantent les Rita Mitsouko et reprend, en exergue de son roman, Jeanne Desaubry. Nous sommes à la croisée des chemins entre des personnages complexes dans un récit hitchcockien. Chaque personnage a ses fêlures et certains cachent peut-être des cadavres dans leurs placards. Aucun n’est, semble-t-il, totalement innocent. Lorsque l’on évoque le voyeurisme, on pense à « Fenêtre sur cour », film d'après la nouvelle It Had to Be Murder de Cornell Woolrich (pseudonyme : William Irish). Toutefois, dans « Dunes froides », le voyeur est bien différent du photographe handicapé joué par James Stewart. Toutefois l’élément perturbateur du récit sera un repris de justice retrouvé égorgé dans les filets d’un marin pêcheur. A ce moment-là, le lecteur connaît les circonstances de cet homicide et l’enfoiré qu’est la victime. Que fait la police ? Rien car c’est la gendarmerie qui est en charge de l’affaire… Les pandores y mettent les grands moyens. Un labo mobile et la capitaine Adèle Joussaume sont dépêchés sur les lieux pour percer les zones d’ombres dans ces Dunes froides. Sans doute cette dernière, fleuron de la gendarmerie nationale,  a-t-elle en tête  la théorie de Kehlweiler trouvée dans un roman de Fred Vargas. Notre gendarme sait que le trop de preuves conduit souvent à trop de certitude et à l’erreur judiciaire mais se heurte à leur absence qui empêche souvent de confondre les vrais coupables. Contrairement à un de ses collègues, elle n’aime pas qu’on lui serve la vérité sur un plateau. Ici, tous les suspects ont de bonnes raisons de tuer… de bonnes raisons pour eux-mêmes bien sûr. A la fin de cet ouvrage,  seule « Petite », une chatte est une victime innocente qui nous paraît digne de compassion. Dans le fracas des brisants, les goélands restent indifférents aux drames humains qu’ils ont accompagnés de leur cris angoissants « Tchikleuss, tchikleuss ». Contrairement aux hommes, les animaux ne tuent que par instinct.

    4èmede couverture : « Le sale temps de l’hiver a redonné aux immenses plages du Nord leur aspect de désert marin, glacial et mouillé. Le vent souffle, le sable cingle. Les villas sont closes. Toutes sauf une, cachée au milieu des dunes, occupée par un couple insolite. Victor Markievicz, la soixantaine passée, et Martha, trop jeune, trop fragile. Lune de miel atypique ou cavale ? Leur présence intrigue et excite le voyeurisme d’un personnage énigmatique. Après la découverte d’un cadavre rejeté sur le rivage, les relations perverses entretenues par le trio iront crescendo vers un dénouement aussi inattendu que dramatique. »

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    Présentation de l’éditeur : Jeanne Desaubry installe un climat angoissant nourri de petits riens, disséquant les amours pathologiques d’un couple en crise. Etonnant récit à contre-pied où la comédie des sentiments est résolument pessimiste. Une écriture épurée, maîtrisée, un thriller sentimental très noir.

    « Dunes froides » est un roman noir bien construit et bien écrit… comme nous les concoctent souvent les femmes dans leurs romans. Leur lignée est maintenant longue dans la littérature policière. Jeanne Desaubry en fait partie. Elle  n’en est pas à son premier roman aux Editions Krakoën qui nous ont habitués à la qualité de leur production. Je souhaite aux futurs lecteurs de trouver le même plaisir intellectuel que j’ai eu à lire « Dune froides ». Mais prenez garde ! C’est Jeanne Desaubry qui me l’a dit : «  se promener dans ces dunes-là n’est pas sans risque. » Avant d’ouvrir le livre, éteignez la climatisation ou montez le chauffage pour ne pas frissonner d’angoisse. Et puis en le refermant, oubliant qu’il existe une justice immanente, ne vous mettez pas en tête que vous pourriez avoir de bonnes raisons de tuer sans penser que, autour de vous, d’autres pourraient penser de même.  

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