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Cynthia FLEURY bientôt en Corse...
Par
Difrade dans
Culture le
19 Mai 2007 à 10:47
De l'ubiquité insulaire aux pathologies de la démocratie...La philosophe Cynthia Fleury bientôt en Corse !
Dans ses ouvrages et ses conférences, elle livre, de façon pédagogique
et interactive, les cheminements de sa réflexion avec la tolérance
comme fil rouge. Elle ausculte la démocratie et réhabilite
limagination. De limaginaire insulaire aux pathologies de la
démocratie, elle philosophera en île.Entre
lécriture douvrages et darticles, lenseignement, la recherche, les
conférences, les débats, les colloques
elle trouve toujours le temps
de venir sur lîle de beauté.
Cette année, du
1er au 3 juin, elle sera présente au colloque " Iles. Expressions de
l'imaginaire " organisé par Isula viva à lhôtel Coralia de Porticciu (
près dAjacciu), autour dune phrase du philosophe corse (ou
Corse philosophe) Jean-Toussaint DESANTI : " Être né en Corse, serait
donc porter en soi, dans son extrême singularité, le tourment de
-lailleurs- ". Les journées se dérouleront en trois grands chapitres :
insularité et origines, le mythe de léternel retour ; lubiquité
symbolique " partir, revenir " ; enfin, insularité et destinées
extraordinaires (Voir notre article " Qui suis-je ? Dans quel état
jerre ! " mis en ligne le 28/04/2007). Pour les renseignements
complets, aller sur le site dIsula viva : http://www.isulaviva.net/
Par la suite, elle
sera présente au Lazaret Ollandini pour Les quarantaines du Lazaret
Ollandini 2007, qui se déroulent du 6 au 7 juillet sur le thème " Les
politiques de la ,philosophie ". Le vendredi 6 juillet à
21h30, elle fera une conférence suivie dun débat sur Les pathologies
de la démocratie. Pour les renseignements, vous pouvez aller sur le
site du Lazaret Ollandini : http://www.lazaretollandini.com/
Cynthia Fleury
est Research Fellow et Associate Professor à l'American University of
Paris ( School of Government ). Ses travaux portent sur les conduites
entropiques des démocraties, les outils de régulation démocratique et
de gouvernance publique. Dans le cadre du CNRS (UPS 2262), ses travaux
portent sur l'impact des nouvelles technologies de l'information et de
la communication sur la définition des enjeux et des dispositifs
démocratiques, ainsi que sur la refonte d'une théorie du politique dans
le cadre d'une théorie de la communication. Elle est Maître de
Conférences à l'IEP ( Institut dEtudes politiques) de Paris. Sa
conférence porte sur les " Principes, les Pratiques et les Pathologies
des démocraties adultes " (Enjeux Politiques) et l'usage perverti ou
rénové des fondamentaux démocratiques. Elle a publié plusieurs livres
dont Dialoguer avec l'orient, (2004, PUF), Les pathologies de la
démocratie (Fayard, 2005) et Imagination, imaginaire, imaginal (PUF,
2006). Elle est Conseiller scientifique du programme " Cap sur la
diversité ", " programme départemental de communication, de formation
et de réflexion pour une politique active d'intégration et pour
l'égalité ".
Cynthia Fleury est membre de lInstitut des sciences de la communication, une structure pluridisciplinaire au CNRS de création récente.
Le fondateur de cet institut est Dominique Wolton. Dans la revue "
Valeurs mutualistes " de mai juin 2007, nous avons relevé une réponse
faite par Cynthia Fleury à la question " Bien communiquer se réduit-il
à une question de langage ? De langues ? " (propos recueillis par Katia
Vitarasau) :
" Pour bien communiquer, il
faut pouvoir partager des valeurs. Une langue nest pas un code, mais
une vision du monde. En ce sens, ne pas préserver la diversité
linguistique revient à entériner la disparition dune analyse plus
complexe et plus équitable du monde. Le pluralisme des langues est une
condition et non un obstacle à lacte de communiquer. Il rappelle
notamment que le " dialogue des cultures " ne peut se réduire à un
phénomène dinféodation culturelle. "
... et Dominique Wolton de poursuivre: "Jajouterais
que la communication est synonyme de démocratie, car la démocratie
cest accepter de cohabiter avec des personnes qui ne pensent pas comme
soi. Il en va exactement de même pour la communication. Celle-ci existe
entre la volonté de convaincre, le souhait de partager et la nécessité
de cohabiter. "
En remontant dans des temps plus anciens, nous avons trouvé sur le Web les traces dune revue philosophique " Les cahiers de la torpille
" à laquelle elle participait. Cette revue se voulait semestrielle et
nous navons relevé que trois parutions en 1998-1999. Cynthia Fleury
avait traité deux thèmes:"Colonisation et sublimation " puis " On n'est
pas céleste impunément"
Dans le premier éditorial de cette revue, nous avons repris les premières lignes aux quelles elle avait souscrit :" [
] La
prégnance de la forme écrite est telle et la forme orale si discréditée
qu'il semble difficile de justifier le recours à l'oralité des Cahiers
de La Torpille. Nous faisons partie depuis si longtemps d'une
civilisation de l'écrit que nous avons arrêté de nous méfier de
discours pourtant privés de leur père, comme le notait déjà lucidement
Platon. Aveuglés par le prestige de l'écriture, on ne s'afflige plus du
tout de nos jours de la rigidité de l'écrit, de son caractère figé,
définitif. L'effroi de Nietzsche de voir ses pensées "en passe de
devenir des vérités" et avoir, dès le moment où elles sont couchées sur
le papier, "l'air si impérissable, si mortellement inattaquable, si
ennuyeux!" passe aujourd'hui pour une coquetterie d'écrivain. Refusant
cette hégémonie de l'écriture, notre revue se propose de renouer avec
une certaine oralité et plus précisément avec la forme dialectique
elle-même, c'est-à-dire avec l'art du dialogue. Elle privilégie à cet
égard la technique du torpillage utilisée par Socrate dans le Ménon de
Platon afin d'engourdir ses interlocuteurs. Au-delà de la forme
proprement platonicienne de l'échange dialectique, que nous ne
reprenons pas à notre compte, au-delà aussi de la forme française de la
conversation propre au XVIIe et XVIIIe siècle, nous voulons faire
retour au mode d'une discussion qui, loin de mesurer les opinions à
l'aune d'une improbable vérité, vise simplement à mettre à nu les
ressorts cachés de toute conviction. L'entretien, la conversation ou le
dialogue est d'abord, à notre sens, une joute, une sorte de duel.
L'avantage du torpillage est qu'il provoque presque toujours une vive
réponse de la part de l'auteur interrogé, qu'il l'incite au
contre-torpillage, une fois qu'il s'est défait de son engourdissement
premier
"
Cynthia
Fleury, docteur en philosophie, a déjà écrit quatre ouvrages qui
traitent pour moitié de limagination et du soi, pour lautre de
tolérance et de politique. Son premier, " Métaphysique de limagination
" (éditions des écarts, 2001), a été salué. Elle y montre combien
limagination, la " folle du logis " selon Mallebranche, " la maîtresse
de fausseté " pour Pascal et Descartes, a été méprisée par la
philosophie européenne, jusquà concevoir une vision étriquée de "
lâme " et la psyché. Dans " Pretium Doloris. Laccident comme souci de
soi ", (Pauvert 2002), elle étudie comment la connaissance de soi passe
par la douleur et laccidentel, quoiquen disent les champions modernes
du positivisme. Dans " Difficile tolérance " (PUF, 2004), écrit avec
Yves Charles Zarka, elle étudie labsence de la notion de tolérance
dans lIslam, comment elle apparaît en Europe et chez les
Encyclopédistes, et pourquoi le droit français devrait lintégrer à son
corpus sous forme dun " droit à laltérité ". Dans les " pathologies
de la démocratie ", (Fayard, 2005), son dernier essai, elle montre
comment les réformes démocratiques de 1789 ont été arrêtées par l"
épuisement nerveux " des révolutionnaires, et combien la démocratie
doit toujours être revivifiée par les valeurs égalitaires et
fraternelles de la première République.
Nous
vous présentons quelques ouvrages et articles de Cynthia Fleury dans un
ordre arbitraire ( et sans doute pathologique), en commençant par "
Pathologies de la démocratie "
Ouvrons une parenthèse...
Lillustre
Clemenceau, surnommé le Tigre ,décrivait la démocratie comme " le
pouvoir pour des poux de manger les lions ". Quel mépris !
Etymologiquement " Démocratie " signifie le pouvoir du peuple
Il faut
croire que le tigre avait mangé du lion et que les poux vexés pouvaient
se mettre à manger du tigre. La démocratie devait être pour lui cet
enfant " plein de rouges tourmentes " ou bien, enfant, avait-il rêvé
des " chercheuses de poux " du poème de son contemporain Rimbaud. Ses
déboires politiques avaient certainement blessé son orgueil
Finalement, il devait être orgueilleux comme un pou, cet homme-là...
Arrêtons de lui chercher des poux dans la tête.
Pour
nos origines, nous avons craint un instant la catégorie de poux "
Lécanie ", originaire dAmérique, dite aussi " pou des Corses ".
Heureusement, nous avions mal compris car il sagit du " pou des
écorces " qui sattaque aux arbres fruitiers et non pas généalogiques.
Ce pou américain nentrerait pas dans les pathologies de la démocratie,
pourtant toujours sujette à des démangeaisons sournoises qui cachent
peut-être un mal plus grand, voire une maladie génétique pour laquelle
aucun remède naurait encore été trouvé.
Nous
vous conseillons de lire louvrage " Pathologies de la démocratie " de
Cynthia Fleury qui gratte où ça démange. La démocratie apparaît souvent
comme un moindre mal alors quelle devrait être un état de la bonne
santé des rapports humains dans nos sociétés dites civilisées. Il ne
sagit pas de faire du mauvais pathos, de la rhétorique par des moyens
propres à émouvoir lauditoire mais de procéder, par une démarche
épistémologique, à un examen clinico-philosophique prenant en compte
les agents pathogènes et les antécédents historiques. Pour le
diagnostic, on revient inlassablement à la quiddité de la démocratie et
à ses principes fondateurs : la liberté, légalité, et la fraternité.
Ces trois gènes républicains sont sains à condition de refuser les OGM
de lindividualisme et les humanismes Canada dry.
Fermons la parenthèse !
Pathologies de la démocratie :
Les
beaux principes fondateurs de notre démocratie, que sont la liberté et
l'égalité, sont-ils voués à dégénérer en exacerbation de
l'individualisme et des identités, tyrannie du dépassement de soi,
obsession de la transparence ? En indiquant par quels chemins nous
pourrions passer de la démocratie naissante à la démocratie adulte,
Cynhtia Fleury nous engage dans la voie de l'effort et de
l'autolimitation au nom de la laïcité, de l'éminence de l'esprit
public, de la responsabilité citoyenne et parentale.
Nous avons trouvé un article quelle a écrit sur "Liberté - Egalité - Fraternité", un CD de textes lus par Orson Welles et Charles Boyer -
direction artistique : André Bernard - Label : Fréneaux et associés. Ce
CD présentait, pour la première fois, un historique sonore de la longue
maturation des valeurs liberté, égalité et fraternité des intellectuels
aux hommes politiques de lAncien et du Nouveau monde. Dans des
interprétations historiques de Charles Boyer et dOrson Welles, les
textes font revivre pleinement la construction démocratique de
lOccident.
Article de Cynthia Fleury ( LHumanité) : "Profitons-en
pour explorer la généalogie philosophique des idées républicaines,
notamment celle de notre chère trinité . Depuis longtemps déjà ces
notions de liberté, dégalité et de fraternité taraudent les esprits.
On pense à Voltaire, à Jean-Jacques Rousseau, et lon réécoute ici
leurs textes fondateurs, ou encore ces lignes de Michelet trop peu
connues dans lesquelles il rappelle que " la cité nest nullement une
loi fixe et morte de bronze " mais une " initiation ", une " éducation
mutuelle de lignorant par le savant et du savant par lignorant ". Tel
est " le point de départ de toute politique sérieuse. Se rapprocher,
sestimer, se respecter ". Ni lénergie du premier, ni la haute culture
du second nont de légitimité à régner : elles ont à construire
ensemble la souveraineté. Puis cest au tour de Hugo de nous
enthousiasmer avec linébranlable, linusable " roc " du droit dans le
cur du peuple. Et puis vient Péguy et sa " mystique républicaine ",
cet instinct plus " sûr " que toutes les connaissances. De " pensées ",
la politique est devenue simple marché de " propositions ". Le
sentiment républicain nest plus " organique ", il est " logique ". Les
générations suivantes sauront-elles redevenir " mystiques "? Enfin, de
Gaulle et lidée dune " France combattante ", dune nation libre
toujours unie pour la " rénovation de la patrie ", et, pour conclure,
Jefferson et Roosevelt, qui par cette histoire sonore de la démocratie
nous témoignent de sa construction plurielle."
Liste des intervenants sur ce CD
: Voltaire , Boyer Charles, Rousseau Jean Jacques, La Fayette , Danton
, Michelet , Hugo Victor, Gambetta Leon, Peguy Charles, Clemenceau
Georges, De Gaulle Charles, Jefferson Thomas, Welles Orson, Lincoln
Abraham, Wilson Woodrow, Roosevelt.
Textes fondamentaux
de Voltaire, Rousseau, La fayette, Danton, Hugo, Gambetta, Peguy,
Clemenceau, De Gaulle lus en français par Charles Boyer ainsi que les
discours présidentiels de Jefferson, Lincoln, Wilson, Roosevelt
interprétés en langue anglaise par Orson Welles.
Pretium doloris
"
S'interroger sur l'accident, sur sa réalité, nous permet d'accéder à
une autre compréhension de ladite réalité. L'accident peut se révéler
un facteur de visibilité, une sorte de mise à nu de l'invisible. Il dit
la vérité de l'énigme du réel qui nous entoure, son fracas. L'accident,
comme la douleur, apparaît comme l'occasion privilégiée d'une rencontre
avec la vérité. C'est un haut lieu de transformation et de capacité.
Pour connaître le vrai, faut-il être capable de douleur et d'accident ?
" Le pretium doloris, le prix de la douleur, parachève le " connais-toi
toi-même " socratique et le " souci de soi " stoïcien.
Quel
risque est-on prêt à vivre pour connaître le vrai ? C'est grâce à la
figure dionysiaque de démembrement et de métamorphose et à la catégorie
de l'accident, pensée comme condition de possibilité d'une connaissance
de soi, que le pretium doloris invente la critique imaginale du soi et
son face-à-face avec le réel. Entre l'Orient et l'Occident, il y a
l'accident. Orient désigne le lieu où l'âme se lève ; Occident, le lieu
où elle s'exile et chute.
Entre ce qui se lève
et ce qui chute, il y a " ce qui arrive ". Comprendre la dialectique de
l'accident, c'est accepter le nécessaire dialogue entre Orient et
Occident.
La Métaphysique de limagination :
"
Comment découvrir la porte d'entrée des êtres et des choses ? Comment
accéder à l'autre, à tout ce qui n'est pas moi, à tout ce qui m'échappe
et m'abandonne à la solitude ? Oui, je vais perdre ceux que j'aime.
Oui, je vais mourir. Mais à cette certitude s'ajoute une grâce ou une
énigme. Il existe des instants, des lieux à mi-chemin entre monde
visible et monde invisible où le temps se suspend, où la dimension de
l'un et de l'autre donne accès à une vérité plus belle et plus vraie.
Seules ces rencontres inestimables avec l'autre nous aident à saisir le
fait même de voir ou de penser. " Dans la Métaphysique de
l'imagination, l'imagination est une âme ; les images sont, selon
Bachelard, les " métaphores de la vie ". L'Orient et l'Occident
s'absentent de la géographie pour devenir les pôles métaphysiques de la
pensée. C'est quand l'imagination devient principe de réalité et
d'événement que l'âme quitte son exil occidental pour accomplir son "
lever " oriental. On approche alors d'un monde imaginal, situé entre
sensible et intelligible, entre spiritualité et corporalité. C'est à la
lumière de Sohravardî et en essayant de saisir la pensée de l'Imâm que
l'auteur tente d'accéder à l'essence de l'imagination poétique, où la
Révélation côtoie l'Intelligence. C'est grâce à Blanchot et à son
interprétation de l'écriture et de la lecture qu'elle entrevoit le
face-à-face ultime avec la lumière de l'autre : la source d'où émane la
connaissance de soi. C'est avec Ibn Arabi, Rûzbehân, Kant, Lévinas et
Rilke que l'auteur fait l'apprentissage de l'imagination poétique et
créatrice... Cette démarche définit une " impiété filiale " qui se
révèle être la véritable fidélité à l'Un. En vous proposant de partager
son sillon, l'auteur vous convie à devenir le pèlerin de ce voyage dans
le réel qu'est l'imagination.
Imagination, imaginaire, imaginal
A
l'opposé d'une tradition philosophique, principalement occidentale, qui
n'a eu de cesse de vilipender l'imagination, il existe une histoire de
la philosophie selon laquelle l'imagination, l imaginaire et
l'imaginal participent pleinement de l'activité noétique ( la noèse est
lacte même de penser et le noème est lobjet de la pensée) et
détiennent une dimension herméneutique ( Ils peuvent être interprétés
et sont donc sources de connaissance).
Loin
d'être cette puissance d'aliénation et de mystification, la faculté
imaginative possède au contraire un véritable rôle dans la recherche de
la vérité, permettant à l'homme d'accéder à des pans entiers de la
réalité qui, sans elle, lui resteraient à jamais étrangers. Ce volume
se propose de redéfinir ce lieu de " rencontre" et de " négociation
"entre l'âme et le monde qui l'entoure, te sensible et l'intelligible,
le spirituel et le corporel, le visionnaire et le conceptuel, et
d'inviter à découvrir ces promoteurs du paradigme imaginal qui
n'opposent pas au grand rationalisme l'activité imaginatrice. Que ce
soient Sohravardî, John Smith, René Descartes, Henry Corbin ou
Jean-Paul Sartre, tous ont eu à cur de se libérer de la dichotomie
raison/imagination pour penser plus rigoureusement le réel et ses
événements.
Manifeste pour une nouvelle école écrit avec Jean-Luc Muracciole -
Dans
le Manifeste pour une nouvelle école, Jean-Luc Muracciole, directeur de
la collection et collaborateur de François Dagognet, s'associe avec
Cynthia Fleury pour présenter une nouvelle structure expérimentale
destinée aux élèves en rupture de scolarité. La collection " Nomads
land " des Editions " Little big man " est apparue dans le paysage de
lédition pédagogique en 2004, en sengageant dans le renouveau. Son
directeur était déjà à lorigine de structures expérimentales pour les
exclus du système et engagé dans une réflexion sur dautres modes
denseignements possibles.
Mallarmé et la parole de l'imâm :
"
Obscurité mallarméenne et science de l'imâm. Mallarmé et l'imâm savent
ce qui les sépare de Dieu ou de la poésie, c'est eux-mêmes : le voile,
symbole de la descente de l'Idée, devient le lieu de la conquête
poétique du soi. Il découvre le fondement du réel : l'aperception du
rythme éternel ou aperception de l'inouï. Entre la fiction et le vers,
entre le sens et la mesure, la poésie s'énonce. On entend dans le vers
l'inaudible, ce qui pousse l'inouï vers l'in-ouï, vers sa limite
in-finie. À l'instar de l'imâm, le poète connaît le peu de valeur d'un
sens découvert. Entre le sens et la littérature, il y a l'Idée ou la
subtilité de la musique. Cette alchimie du sens et de la littérature,
c'est proprement de l'in-ouï, l'ampleur du vers mallarméen conjugué au
vent naturel qui souffle dans la demeure d'Igitur. Comme les Noces
d'Hérodiade, les noces de l'imâm et de Mallarmé sont solitaires :
face-à-face du seul avec le Seul. La noce ne dit plus la fusion, mais
la condition phénoménale du monde et la vérité de l'intelligibilité. Le
monde apparaît parce que la noce existe. Pourtant, la noce est vierge
et créatrice. Face-à-face ultime entre science de l'imâm et parole
poétique : Hérodiade, nom divin, " pierre précieuse ", est
indissociable d'une effectivité qui se traduit dans le verbe du
prophète. Il est le " chaton de sagesse ", centre langagier, puissance
hallucinatoire. Accéder à la sagesse, c'est accéder à la véracité du
phénomène, à l'apparition sous l'apparence, ou encore à la disparition
nécessaire du soi devant l'invisible de la Face. "
Difficile tolérance
Un ouvrage en collaboration avec Charles Zarka :
Ce traité sur la tolérance, qui occupe la plus grande partie de
l'ouvrage, est suivi d'une réflexion critique de Cynthia Fleury qui
porte sur les rapports entre l'Occident et l'Islam. Difficile tolérance
se termine ensuite par un entretien entre les deux auteurs qui
reprennent les principaux éléments de leur réflexion pour évaluer avec
le lecteur l'applicabilité du concept de " structure-tolérance " dans
le contexte de la France actuelle et, de façon moins spécifique, dans
les autres démocraties constitutionnelles.
Dans
son essai, " La crise contemporaine de la tolérance : Islam ou Occident
", qui constitue la deuxième partie de Difficile tolérance, Cynthia
Fleury s'engage dans la tâche d'interroger la tradition arabo-musulmane
sur la notion de tolérance. Elle se livre donc, dans cette perspective,
à un travail de déconstruction idéologique de certaines croyances
islamistes.
Cynthia Fleury affirme que l'Islam
n'a pas pu penser la tolérance alors que dès l'Hégire les pays
arabo-musulmans se trouvaient dans une situation plurireligieuse
voisine de celle de l'Europe au moment des guerres de religion.
L'altérité ne peut pas exister pour l'Islam qui pense plutôt en termes
de territoires, de domaines, de maisons : 1. la maison du frère,
c'est-à-dire du même, dâr al islam, on y retrouve la famille, le clan,
la tribu et 2. la maison de l'ennemi, dâr al harb, la maison de celui
qui ne fait pas partie de dâr al islam. Le devoir de défendre ce
domaine contre celui qui n'en fait pas partie c'est le jihad. Bien que
la distinction des dâr ne se trouve littéralement ni dans le Coran ni
dans la Sunna, elle demeure " indiscutée pendant de longs siècles " et
la fracture qu'elle sous-entend fonde les scissions politiques et
culturelles que l'on connaît. [
] Tant que les dénominations de dâr al
islam et de dâr al harb prévalent, l'éternité du jihad est obligatoire
et la " guerre permanente " lui est indissociable.
Cynthia
Fleury considère par ailleurs que la dhimmitude souvent évoquée comme
étant la forme qu'a pu prendre la tolérance chez les musulmans ne
correspond aucunement à ce que l'Occident entend par tolérance. Le
statut de dhimmî a été aboli en 1839 par un décret impérial ottoman,
l'édit de Gülhane, mais il a perduré au-delà de cette date de façon
officieuse. L'étranger, le vaincu, qui vivait dans le monde musulman
d'avant 1839 était " protégé " par son statut de dhimmî. Ses vêtements
et le type d'impôt qu'il devait payer le distinguaient du reste de la
communauté. Protégé ou persécuté, ce qui semble certain c'est qu'il
n'avait pas un statut de " citoyen " à part entière. Le dhimmî n'était
pas un frère, mais il ne pouvait pas non plus être un ami parce que
dans la perspective islamiste Dieu seul est l'ami. Dans ce contexte
idéologique de l'Islam, la séparation des sphères privée et publique,
du religieux et du politique ne peut pas non plus avoir lieu.
Aucune
religion n'est par essence tolérante, mais l'Islam, historiquement et
pour des raisons idéologiques, n'a pas pu penser la tolérance. Après
avoir voulu, dans son essai, mettre à l'épreuve le concept
juridico-politique de " structure-tolérance ", elle se joint à Yves
Charles Zarka pour échanger sur " l'applicabilité " de ce nouveau
concept. Les deux auteurs tiennent des propos inquiets sur les
perspectives de résolution des tensions actuelles entre l'Occident et
l'Islam, celles qui ont cours en France plus particulièrement. Mais
tout en réaffirmant avec vigueur les valeurs et les principes de la
démocratie, cet entretien est aussi une occasion de prendre position
contre une certaine tendance actuelle à la négociation et au compromis
au sein de pays régis par une constitution libérale.
Dialoguer avec lOrient :
" Le dialogue se serait-il rompu ? A-t-il d'ailleurs jamais réellement
existé ? Nous vivons dans un monde divisé, ayant fait le deuil de
l'idée de fraternisation universelle, toujours prompt à penser un usage
territorial des concepts, l'irréductibilité des idéologies et les
cultures en termes de " frontiérisation " indépassable. Or, pour
modifier le contexte " sinistré " des relations de l'Occident avec
l'Orient arabo-musulman où la concurrence des hégémonismes et
l'intransigeance des volontés de domination prévalent de part et
d'autre, pour redéfinir un horizon possible de la réconciliation, le "
dialogue " est nécessaire. Sans doute, un nouveau dialogue, un dialogue
à inventer ou à réinventer, peut-être à rénover. C'est en faisant "
retour " à la Renaissance que l'on se propose de chercher des schèmes
de dialogues permettant de s'articuler, de façon critique et généreuse,
au monde contemporain, et d'inventer un nouveau rapport entre Orient et
Occident. Ce " retour " n'a rien de passéiste. Il est au contraire une
modalité de " réouverture " du dialogue avec l'Orient et la possibilité
de lui découvrir une " mémoire ". Contre l'absence et l'oubli du
dialogue actuels et la déchirure civilisationnelle, la reformulation de
nos héritages communs semble l'unique ligne de fuite indépassable.
Cynthia Fleury participe à de nombreux travaux collectifs et à diverses revues dont " Cités " :
Hors série : L'Islam en France
: Soixante-dix intellectuels prennent la plume pour appeler les
musulmans de France à une "critique radicale" de leur vision du monde,
dans un livre intitulé "L'Islam en France". Cette somme d'informations
et recherches sur la communauté musulmane française, le Coran et les
contextes historiques dans lesquels l'islam s'est développé, le
discours et les méthodes actuelles des islamistes, devrait rapidement
s'imposer comme un ouvrage de référence. C'est également un livre de
combat, qui offre tous les outils intellectuels pour la réaffirmation
des valeurs républicaines mises à mal par les intégristes musulmans, et
leurs thuriféraires, plus ou moins conscients. Les trois concepteurs de
L'Islam en France, Yves-Charles Zarka, directeur de recherche au CNRS,
la philosophe Cynthia Fleury, également chercheuse au CNRS, et
l'écrivain Sylvie Taussig ont sollicité quelque soixante-dix
intellectuels démographes, sociologues, philologues, anthropologues,
historiens, islamologues, philosophes des religions..
Dix
Questions sur l'islam en France : Un étrange secret : combien y a-t-il
de musulmans en France ? - Le Conseil français du Culte Musulman : une
solution ou un problème ? - Les territoires conquis sur la République -
L'islam en trompe lil : presse, radio, télévision, Internet - À la
recherche de l'identité perdue - Les femmes : infériorité et oppression
- Les frontières du culte - L'argent de l'islam - Stratégies
d'islamisation vers un islam européen ? - Islam : vers une phase
critique ?
Hors série : La France et ses démons,
annoncé comme une radioscopie des passions françaises. Les démons
radioscopés sont ceux de lexception, de la révolution, de létatisme,
du monarchisme, du populisme, de lextrême-droite, de
lanti-américanisme, des médias, des honneurs, du moralisme et de
lantisémitisme.
Cynthia Fleury communique beaucoup. On la retrouve dans la Chronique libertaire à ladresse :
http://1libertaire.free.fr/index.html. ( Ce site est consacré à l'idée libertaire par Philippe Coutan)
et dans une autre Chronique sur le Web de lhumanité à ladresse :
http://www.humanite.fr/journal/chroniques/52/lachroniquedecynthiafleury/
Vous avez peut-être vu la philosophe dans une émission télévisée "Décryptages",
sur la chaîne du Sénat : 26 minutes pour décrypter le travail du
Législateur, celui des commissions parlementaires ou encore celui des
colloques. Cynthia Fleury y fait découvrir tous ceux qui contribuent à
enrichir la réflexion démocratique contemporaine et la vie
parlementaire. Mêlant extraits d'auditions publiques, analyses et
comptes-rendus des séances, lémission se veut un laboratoire où
s'élabore la pensée démocratique. -fiche de lémission à ladresse ci-dessous:
http://www.publicsenat.fr/emissions/emission_detail.asp?emission=31