• Le bateau fantoche...

    Le bateau fantoche passe par Aleria en juillet prochain…

     La réplique d'une birème datant du 6e siècle avant Jésus-Christ ( construite par des archéologues navals turcs) a quitté en mai le port de Foça (ex-Phocée) pour mettre le cap sur Marseille. Le navire et ses 20 rameurs vont tenter de refaire la traversée mythique qui avait permis au marin Massaliote Protis et à son équipage de fonder la ville de Marseille (Massalia), il y a 2600 ans, en épousant Gyptis, la fille du souverain local.  Le navire est attendu en juillet dans le Vieux Port.  Avant d’y arriver, il  va faire escale à Aléria en Corse.

    Lettre des deux communautés adressée aux élus politiques de Marseille, concernant l’arrivée d’un bateau turc dans la ville phocéenne

    Marseille, la " Massalia " des Grecs, fondée par les phocéens en 600 avant J.-C., est née de la volonté des grecs de promouvoir des comptoirs commerciaux afin de rivaliser avec les Carthaginois et les Etrusques pour la domination de la Méditerranée occidentale.

     

     

     

    La fondation de la cité est-elle même mythologique. Au moment où le jeune Phocéen, Protis, chef d’une expédition abordait dans une calanque, il fut reçu par Nannos, roi des Ségobriges et épousa sa fille Gyptis. Le Grec reçut comme dot une calanque autour du Lacydon, port naturel situé à l’emplacement du Vieux Port actuel. Marseille n’est absolument pas une création celtique ou gauloise et appartient au monde grec.

    Grâce à sa métropole, la colonie se développa et au début des guerres médiques (494-479 avant J.-C.) reçut un appoint de population venant de sa métropole avec des gens qui fuyaient le danger perse. Les Grecs qui maîtrisaient parfaitement les règles de navigation maritime et le goût du commerce implantèrent des comptoirs ou colonies sur les côtes occidentales de la Méditerranée d’Emporium (Aumpurias) à Nikaia (Nice) en passant par Agathè (Agde), Olbia (Hyères) et Antipolis (Antibes), sans oublier celui d’Alailia (Aléria, Corse), fondé en 565 avant J.-C Ils venaient du golfe de Smyrne sur la côté égéenne de l’actuelle Turquie.

    En janvier 1676, une petite colonie de 600 Grecs issus du village de Vitylo (actuellement Oytilo) situé au sud du Péloponnèse dans la presqu'île du Magne, fuyant l'occupation turque, s'établirent dans l'arrière-pays de Sagone, à Paomia, situé à 2 kilomètres à l'est de l'actuel Cargèse

     

     


     

    Le clone turc du bateau phocéen est parti de l’Ancienne Phocée en Turquie et suivra le même trajet que jadis le bateau grec, jusqu’à Marseille, tout en battant pavillon turc. Il devrait accoster Quai de la Fraternité où se trouve la plaque commémorative de la fondation de Massalia par les Grecs en juillet prochain, 2 600 ans après, la rencontre entre Gyptis et Protis!

     

    Quai de la fraternité ? Quel symbole pour un bateau qui représente un déni historique et, après l’occupation des territoires de  peuples massacrés, l’appropriation de leur histoire revue et corrigée.


    L’année 2009 est l’année de la « saison de la Turquie en France », pays qui n’accepte pas l’adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne.

     

    Les Turcs  utilisent la civilisation hellénique afin d’obtenir leur passeport pour adhérer à l’Union Européenne, sans se démocratiser, sans reconnaître le génocide arménien et en conflit avec les Grecs à Chypre.  

     

    Après leur escale à Marseille, leur navire sera acheminé vers Paris où ils fêteront les 320 ans de la Révolution française, pour faire oublier que la Turquie n’est pas une démocratie et qu’elle cache des cadavres dans les placards de son histoire.

     

    Ironie ou cynisme ? Les Turcs vont représenter les Grecs de Phocée qu’ils ont massacrés et chassés de chez eux, comme ils l’ont fait pour les Arméniens en Anatolie et pour d'autres Grecs d’Asie Mineure et du Pont-Euxin.  

     

    A Cargese, des Corses sont d’origine grecque. Aléria a été choisi comme dernière résidence par le philosophe Marcel Conche, élu à l’Académie d’Athènes et surnommé « Le Grec »  qui s’y est installé à 86 ans pour penser avec le pré-socratique Héraclite ( 540-480 avant Jésus-Christ)  « l’absolu de la Nature infinie »...  

    Le nouveau Phocée, symbole de la nature infinie de l'absolutisme turc, fera 18 escales en commençant par le port du Pirée.  Il passera par l’Italie, sera reçu en France à Aléria , à Nice, Antibes, Cannes, Saint-Tropez, Toulon et Cassis. La Turquie a transformé le bateau historique grec de Phocée en bateau turc. Quel accueil devra-t-on faire à cette croisière qui apparaît comme un vol culturel ? La "Saison de la Turquie en France" est déjà obscurcie par sle négationnisme d'Etat et ses sombres ombres dans l’histoire de l’humanité !...

     

    Voilà comment le centre culturel Izmir présente le projet sans référence à l’identité grecque des Phocéens et au nom grec du navire : « La birème Kybele, réplique d'un navire antique, quittera Foça le 2 mai pour rallier Marseille le 1er juillet, date de l'ouverture de " la Saison de la Turquie en France (juillet 2009-mars 2010) ". Ce projet à l'initiative de l'Association 360 degrés, a reçu le soutien du Centre Culturel Français d'Izmir. L'Association 360 degrés, basée à Urla, assure la conception et la réalisation du bateau Kybele. Véritable reconstitution d'un bateau antique, la birème Kybele a été façonnée d'après les connaissances actuelles en archéologie maritime. Elle empruntera l'itinéraire des colons phocéens en l'an 600 avant Jésus-Christ, se référer à la carte maritime jointe. Le bateau poursuivra son périple en remontant le Rhône, la Saône et la Seine pour aller jusqu'à Paris, seconde grande étape du voyage. Après les manifestations de la Saison de la Turquie en France, il prendra la route du retour jusqu'à Istanbul en naviguant sur le Danube. Kybele devrait participer aux activités prévues dans le cadre de l'évènement " Istanbul, capitale européenne de la culture " en 2010. Ce projet qui devrait toucher un large public sera l'occasion d'attirer l'attention sur les enjeux de sauvegarde de ce patrimoine commun : la Méditerranée. Il permettra aussi de présenter en France les différentes facettes de la culture turque, tout en contribuant aux relations amicales établies entre les deux nations depuis des siècles. »


    Quelques élements historiques:

    Au cours du 6e siècle avant notre ère, les Perses attaquèrent Phocée. A leur tête Arpagos, général de l'armée Perse. Mais il n'attaqua pas Phocée directement. Il en fit le siège. Phocée résista longtemps puis, voyant leur fin approcher, les Phocéens chargèrent leurs bateaux avec hommes, femmes, enfants et biens personnels en une nuit pour fuir Phocée. Au matin Arpagos découvrit donc une ville fantôme offerte a lui. Cependant, les Phocéens n'allèrent pas bien loin. Ils demandèrent refuge a leurs cités voisines telles que Chios et autres. Ils furent héberges mais pas acceptes par leurs hôtes, jaloux de la puissances passées de Phocée et trop heureux de pouvoir maintenant dicter leur lois a ces Phocéens. Apres quelques années, vivant dans ces conditions, les Phocéens décidèrent de revenir dans leur cite natale, ne pouvant vivre loin d'elle. Ayant reçu l'autorisation d'Arpagos, ils revinrent donc à Phocée, mais étaient considérés comme une sous-classe. N'étant pas traités comme citoyens à part entière et vivant difficilement dans leur propre cité, ils demandèrent une dernière fois l'autorisation à Arpagos de quitter Phocée. Cependant, alors qu'ils quittaient Phocée par bateau, ils jetèrent un morceau de fer à l'eau dans la baie de Phocée, prédisant que lorsque ce fer ressortira des eaux, tous les Phocéens reviendront vivre à Phocée. Ils quittèrent ainsi Phocée et allèrent s'installer dans leur colonies-comptoirs, la plupart décidant de s'installer à Marseille.

    Le Massacre de Chios fut perpétré par les Ottomans contre la population grecque de l’île de Chios en avril 1822. Il constitue un des épisodes les plus célèbres de la guerre d'indépendance grecque. L'île était une des plus riches de la mer Égée et les insurgés grecs tentèrent de la rallier à leur cause. L'Empire ottoman ne pouvait l'accepter. Il désirait faire un exemple qui impressionnerait ses sujets insoumis, voire aussi venger le massacre de Turcs par les Grecs lors du siège de Tripolizza. Après un débarquement d'un millier de partisans grecs, la Sublime Porte envoya près de 45 000 hommes avec ordre de reconquérir puis raser l'île et d'y tuer tous les hommes de plus de douze ans, toutes les femmes de plus de quarante ans et tous les enfants de moins de deux ans, les autres pouvant être réduits en esclavage. Le bilan est estimé à 25 000 morts tandis que 45 000 Grecs auraient été vendus comme esclaves. Seulement 10 000 à 15 000 personnes auraient pu s'enfuir et se réfugier principalement dans les autres îles de l'Égée. Ce massacre de civils par les troupes ottomanes marqua l'opinion publique internationale et participa au développement du philhellénisme. Ensuite le massacre de Psara fut perpétré par les Ottomans contre la population grecque de l’île de Psara en juillet 1824(source : Wikipédia)

    Plus près de nous, au moment du génocide arménien, les Grecs ont été martyrisés par l’Etat turc. Quelques dates...

    1911 : octobre, assassinat de l'évêque de Grevena Emilianos par des agents turcs 

    1914 : expulsion de 250 000 Grecs de Thrace Orientale

    1914 : mai, rapide expulsion de la population chrétienne de Pergame, qui se réfugie à Lesbos

    1914 : juin: massacre de Grecs par les Turcs à Foça ( Phocée) et Cesme.

    1914 : juillet: création des bataillons de travaux forcés pour les mobilisables orthodoxes et arméniens, qui permettent leur élimination progressive.

    1914 : novembre: déclaration de jihad par les Ottomans proclamée à Constantinople, et reprise par tous les imams de l'empire.

    1915 : début de déportation et du génocide des Arméniens d'Anatolie.

    1922 : Smyrne, les massacres, l'incendie.

     

    Site de la diaspora grecque en France sur Phocée 1913-1920 :

    Ce site rend hommage  à Félix Sartiaux (1876-1944), ingénieur et archéologue, qui fut chargé par le gouvernement français de plusieurs missions de fouilles sur le site de l’Ancienne Phocée (Asie Mineure). Il y dirigea trois campagnes, en 1913, 1914 et 1920. En juin 1914, il fut non seulement témoin des événements tragiques qui conduisirent à l’expulsion des Phocéens grecs de leur patrie mais il y prit une part active : avec ses compagnons, il hissa les couleurs de la France sur quatre maisons, plaçant sous la protection française un grand nombre de Phocéens qu’il réussit ainsi à sauver. Par la suite, il chercha à faire rendre justice à cette population et, pour cela, publia des textes sur les événements et donna des conférences. En 1919, les Phocéens regagnent leur ville, Félix Sartiaux les accompagne. Il poursuivit ses travaux tout en immortalisant leurs moments de joie et de peine. Mr Sartiaux ne se départit jamais du soutien qu’il avait accordé à ce peuple et consacra l’essentiel de ses œuvres à l’Asie Mineure, et en particulier, à Phocée.

    Pour revenir sur le massacre de Chios (ou Chio), Victor Hugo a écrit un magnifique poème dans Les Orientales…

     

    Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.

    Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil,

    Chio, qu'ombrageaient les charmilles,

    Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,

    Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois

    Un chœur dansant de jeunes filles.

     

    Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,

    Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,

    Courbait sa tête humiliée ;

    Il avait pour asile, il avait pour appui

    Une blanche aubépine, une fleur, comme lui

    Dans le grand ravage oubliée.

     

    Ah ! Pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !

    Hélas ! Pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus

    Comme le ciel et comme l'onde,

    Pour que dans leur azur, de larmes orageux,

    Passe le vif éclair de la joie et des jeux,

    Pour relever ta tête blonde,

     

    Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner

    Pour rattacher gaîment et gaîment ramener

    En boucles sur ta blanche épaule

    Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,

    Et qui pleurent épars autour de ton beau front,

    Comme les feuilles sur le saule ?

     

    Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?

    Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,

    Qui d'Iran borde le puits sombre ?

    Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,

    Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,

    Cent ans à sortir de son ombre ?

     

    Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,

    Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,

    Plus éclatant que les cymbales ?

    Que veux-tu ? Fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?

    - Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,

    Je veux de la poudre et des balles.

     

    8-10 juillet 1828, Les Orientales

     

    N.B : Cet article n'est pas dirigé contre le peuple turc mais dénonce une fois encore le négationnisme de l'Etat turc et le cynisme avec lequel il traite les histoires des peuples qui ont souffert sous l'empire ottoman.

     

     



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