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Corse noire

... soeur de vos nuits blanches...


La révolte des fous

Publié par Difrade sur 28 Avril 2008, 10:30am

Un spectacle fraternellement fou, intelligent et drôle .

Voilà comment est annoncé le monologue de «  La révolte des fous » écrit par Henri-Frédéric Blanc, auteur d'origine corse que nous avons déjà présenté dans un article précédent.


Création théâtrale au Théâtre Toursky - Marseille-

Le 25 avril 2008, c’était la première au Théâtre Toursky et la salle comble a pu assister à une performance d’acteur dont Richard Martin est passé maître depuis longtemps mais qui, à chaque représentation, garde toute sa fraîcheur. Les habitués l’avaient déjà vu dans Réception du Diable, un précédant monologue décapant où il incarnait un personnage audacieux et plein de verve. C’est une photo de cette pièce qui a servi de première affiche pour « La révolte des fous ».

Richard Martin est un Directeur de Théâtre combatif et émérite mais aussi un comédien hors pair. Il prend tous les risques et, hier, bien que malade, il a occupé toute la scène de sa présence et toute la salle de sa voix. Il nous revient dans une nouvelle création de Henri-Frédéric Blanc . Il incarne un directeur d'hôpital psychiatrique à trois mois de la retraite. Ce psychiatre, chef de service portant nœud papillon sous sa blouse blanche, philosophe sur le présent et le passé en proie à ses démons - notamment à un calamar qui ne cesse de le hanter et qui est pour lui l'image du néant, un néant agressif, glouton et virulent, contre lequel il a lutté toute sa vie et qui, malgré le succès de sa carrière, ne désarme pas. 

A la retraite, il tournera le dos au présent où il n’a plus sa place pour se tourner vers le passé, pour mettre son nez dans « l ’Histoire avec grand H. Ou plutôt une grande hache  ». Des mots lâchés, apparemment anodins comme le nez au milieu de la figure, sont l’occasion de tirades où la verve farcesque, satirique et philosophique de Henri-Frédéric Blanc se donne libre cours. Chez le personnage, le feu sacré menace de s'éteindre sous la routine du bon sens, et il cherche désespérément de quoi l'entretenir.

«  Considérons ma vie, nous dit-il. Version positive. Je suis bien portant, à peine quelques petites douleurs de reins. J’ai une famille qui ne me donne que des satisfactions. Mon fils et ma fille sont tout à fait normaux. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas pires que les autres. C’est déjà pas mal. Le chien et le chat s’entendent bien. Ils ne vont pas jusqu’à se parler mais s’entendent bien. Mes parents sont morts sans problème, après une vie sans histoire. Je ne manque de rien. De quoi ai-je besoin ? Je cherche… Je ne trouve pas…  » Ce médecin-chef au gouvernail d’un hôpital psychiatrique «  à affronter les tempêtes de la folie  » retrouve ensuite ses semblables, «gens ordinaires, certifiés conformes, des personnes dont l’esprit ne déborde jamais » . Devant ce constat, le discours commence à dérailler à la pensée du comptable de l’hôpital, «  inquisiteur à cravate raide, pisse-chiffres exonéré de cerveau, Moloch de couloir, casse-pied professionnel…  » et ce n’est pas tout mais nous nous arrêtons là.



On sent chez le psychiatre la révolte intérieure sourdre puis monter en puissance mais d’autres, ses patients sans patience, ont une folie d’avance sur lui. Qui soignera qui. De quoi est-on malade ? De la raison ou de la folie ?… Où est notre liberté ? Du côté de la raison ou de la folie ?… L’auteur use avec finesse du rire, un rire provocateur, un rire de résistance et porteur d’autodérision et de propos qui refuse la part trop belle donnée à la raison. Dans cette pièce, la folie est la métaphore de la poésie, de l'imagination, de notre génie à tous enfermé dans nos oubliettes intérieures. La folie fleurit au-dehors mais aussi au-dedans. Celui qui s'approche de la vérité est aussi menacé de l'intérieur.


La révolte des fous était prévue pour deux représentations les 25 et 26 avril 2008. Nous espérons qu’elle donnera lieu à d’autres et à de nouvelles créations d’Henri-Frédéric Blanc dont nous ne connaissions que les œuvres romanesques dont la dernière a pour titre «  La théorie de la paella générale  » aux Editions du Rocher.

Pour ceux qui connaissent le Théâtre Toursky , c’est aussi un lieu de culture où l’on est jamais déçu et aussi de rencontre. Vous y êtes reçus non pas comme des clients mais en ami(e)s. Vous pouvez, en réservant, y manger en côtoyant la famille Martin. De vraies soirées qui ne vous laissent que du bonheur. A tous les spectacles, le stand de la Revue des Archers est ouvert. Nous y avons trouve le texte de La révolte des fous dans l’édition semestrielle n°12 de Juin 2007 contenant d’autres textes et de la poésie.

Dans le hall, vendredi soir, l’auteur dédicaçait ses ouvrages parmi lesquels des romans noirs ou inclassables avec, toujours, cet humour noir déjanté, corrosif mais aussi, à rebours, porteur d’humanisme.
 
Plan d’accès au théâtre Toursky : http:/www.toursky.org/2007-2008/pagesite/plan.htm

Programme de l’année : http:/www.toursky.org/2007-2008/pagesite/programme.htm

Catalogue Revue des Archers : http:/www.toursky.org/2007-2008/pagesite/archers.htm

Le numéro 12 de la revue des Archers présente plusieurs textes et des poèmes. Nous y avons relevé la présence de Maryse Rossi, poétesse corse vivant à Marseille qui a écrit aussi un recueil de poésie " Vers le silence des questions" paru ches L'Harmattan en mars 2007. Guy Bedos y a écrit un court texte intitulé  "Rire, résistance"... deux mots qui s'entendent très bien d'Aristophane à Dario Fo en passant par Molière, Chaplin, Lenny Bruce et quelques autres, dit-il.

Dans la continuité de la révolte des fous, Jean-Pierre Cramoisan a fourni un texte "Impasse des caroubiers"  dans lequel à la fin il interpelle le lecteur: " Tu attends de ma plume un autre jus d'encre, un assaisonnement convenable, ni trop piquant, ni trop douceâtre, rien de plus, de quoi rndre un peu moins fade ta compréhension borgnesse. Tu voudrais disputer de ma prose à la croque  au sel, peinard que tu es, retriré dans  ton silence, livré à la musique des vers à bois qui  bouffent inlassablement ton vieux fauteuil de propriétaire. Dommage, c'était pourtant bien parti, mais ma plume, lecteur, tu sais où je te la mets..."


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Un regret : n'avoir pu assister à ce spectacle.Une satisfaction : lire cet excellent compte-rendu !A bientôt,Emmanuel Paillerhttp://journalduntraducteur.wordpress.com

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