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Corse noire

... soeur de vos nuits blanches...


Giles Del Pappas en Corse

Publié par Difrade sur 16 Octobre 2007, 17:19pm

Gilles Del Pappas

L'auteur, présent au Festival du polar corse et méditerranéen en Juillet dernier, est actuellement en Corse et fera des dédicaces à Porto Vecchio le 20 octobre 2007 : librairie Prolivres.

 

Son nouveau titre : L’INDIEN BLANC



En lisant le livre d’Eduardo Monteverde « Almagro et ses brumes », J’avais pensé à Aguirre s’enfonçant dans les brumes des terres inconnues. Ces brumes auraient du protéger les indigènes. Elles les engloutit dans l’indifférence et l’oubli… Tout s’y perd : le passé et l’avenir. C’est, pour les Indiens, un chemin sans retour et sans espoir. On les a rangés dans la catégorie des Amérindiens. Ils portaient d’autres noms et ont laissé derrière eux de grandes civilisations ( Aztèque, Maya, Inca…). Ils ont été réduits en esclavage, chassés, exterminés… dans des proportions incroyables. Des ethnies ont été entièrement décimées. Il n’existe plus d’indiens des Caraïbes, plus de Natchez, Biloxi, Catawba, plus de Tupi et neuf dixièmes des tribus amazoniennes ont été anéanties. D’autres ont été totalement métissées et christianisées. Tous font l’objet d’un ethnocide culturel. C’est la mythologie des forts qui l’emporte sur la mythologie des faibles ou affaiblis, eux-mêmes capables de cruauté et de barbarie.

A son tour, Gilles Del Pappas nous amene dans les brumes d’autres Amérindiens, ceux de la Guyane et dans celles de Russ, l’Indien blanc…



En dédicace de son dernier roman «  Indien Blanc », l’auteur rapporte les paroles de « Chef boîteux » ( Tahca Ushte ) : « Notre peuple ne s’appelle pas Sioux ou Dakota. Ce sont les blancs qui s’expriment de cette manière. Nous nous appelons Ikce Wicasa. Les humains de la nature, le peuple ordinaire sauvage et libre. Il me plaît d’être ainsi appelé ».

Bien sûr, Indien blanc est une fiction et l’auteur a jugé utile d’en avertir le lecteur. Il n’avoue cependant que le péché d’envie d’intriguer et de faire rêver. Les lettrés ne devront pas y chercher « un semblant de cohérence sociologique, ethnologique, culturelle ou historique.  Il y trouveront  de la sympathie ( au sens plein du terme) pour les Amérindiens qui défendent leur culture « avec énergie et amour».

Et pour les couillons qui se reconnaîtraient, Gilles Del Pappas a sorti une autre citation mais celle-là anonyme :

Si j’avais la pine d’un bison
Si j’avais les couilles d’un bison
Je montrerais en haut de la colline
Et je pisserais sur tous les couillons.


Les premières pages du récit décrivent une culture animiste. C’est la mort du grand fromager, un arbre qui ressemble au fromage africain. L’arbre plusieurs fois centenaire souffre et les spectateurs, impuissants, souffrent avec lui en assistant à sa chute : « Lallêtou, licota matobou ! ». traduisez «  C’est sa fin, c’est sa mort ! », s’exclament-ils… Mais cet animisme est présent aussi dans toute la nature et la vie confondue.  

Amoïdona, jeune amérindienne, lorsqu’elle a donné son amour à Russ, accepte qu’il parte. Leurs destins sont liés et c’est cela qui compte. Elle lui dit alors qu’elle sera partout où il se trouvera… « Le fleuve est partout et je serai toujours avec toi. Il te suffit, lui dit-elle, de plonger tes regards si clairs dans ces eaux noirs pour m’apercevoir… Je suis là, dans le fleuve, mais aussi dans le manguier, dans le noyau du maripa dont on fait le beurre, dans les grains de comou dot on fait le lait si doux… »  Suit une énumération de tout ce qui grimpe, ce qui vole, ce qui nage… jusque dans le moustique cruel ou une rivale… Elle sera en lui… en elle.

Maintenant que vous êtes imprégnés de culture animiste, débarque l’ingénieur français qui veut profiter d’un colloque pour faire du tourisme ethnologique… De façon irraisonnée et impulsive, il va suivre un Amérindien qui va s’avérer être Russ, l’Indien blanc. La rencontre va être rugueuse mais ce dernier va confier à notre ingénieur une enveloppe à remettre à une dame domiciliée à Paris…

A partir delà, deux intrigues vont prendre des voies différentes. La première s’envole avec l’enveloppe et l’ingénieur vers Paris. C’est un retour vers le passé trouble de Russ. La deuxième monte en pirogue avec cet Indien blanc qui, pour gagner du fric, accepte de rechercher un homme sur une île maudite pour le compte de mystérieux commanditaires… C’est un avenir incertain.

Sur la quatrième page de couverture , on peut lire : «  Cette histoire est également un prétexte pour mettre en scène les derniers Indiens de Guyane, refoulés toujours plus loin par notre civilisation. Le roman noir devient pirogue, il glisse au fil de l’eau attentif aux moindres détails de la nature qui l’aspire et le voyage prend d’autres couleurs…"



A Marseille, où il a jeté ses amarres, Gilles Del Pappas a été appelé par la fumée des Amérindiens…

Toutes les puissances du globe
Sont là, dans la ville maritime
Où débarquent, brûlent et passent
Les races multipliées
[…./…]


L’homme passe sa vie à lancer des amarres,
Puis, quand il est saisi dans le calme du port,
Pour peu qu’à l’horizon une fumée l’appelle,
Il regrette à nouveau la liberté des mers

[…/…]


Deux extraits de poèmes écrits par Louis Brauquier, parce que Gilles Del Pappas, comme Jean-Claude Izzo, pourrait nous réciter les deux extraits en poursuivant ..

Dans la cohue des idiomes
Au hasard des chants et des rixes,
Et surgissant des faits divers,
J’exalte toutes les puissances.

[…/…]

Il n’est pas étonnant que , loin du Ferry Boat Marseillais, l’auteur marseillais nous amène au delà de la Méditerranée, pour « effacer la mer qui nous sépare et nous engloutit », comme elle engloutit les Indiens de Guyane.

Gilles Del Pappas connaît des îles lointaines… Ces îles que Jean-Toussaint Desanti nous a décrites « La peau qui nous enveloppe, c'est notre île, notre insularité. Nous ne pouvons pas en sortir, elle nous accompagne partout. Nous sommes tous insulaires au sens propre. Nous sommes obligés de montrer nos sentiments sur notre peau et de lire, sur la peau des autres, leurs sentiments. Nous sommes toujours dans ce rapport à la fois d'exclusion et d'intériorité. L'intérieur et l'extérieur se tiennent. La notion de frontière doit être pensée entièrement, elle n'est pas une ligne de séparation, mais une relation mobile." [...]



Avant « L’Indien Blanc », Gilles Del Pappas a écrit « Sous la peau du monde » publié aux Editions Lunes Blafardes – septembre 2006. Il est l’auteur de nombreux ouvrages aux Editions Jigal mais aussi chez d’autres éditeurs comme Noires de Peau pour « L’Indien Blanc ».

Quelques couvertures:






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