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Corse noire

... soeur de vos nuits blanches...


Bois de l'enfance, écrit par Sophie Bureau

Publié par Difrade sur 14 Août 2008, 22:40pm

"Bois de l'enfance", premier ouvrage écrit par Sophie Bureau qui a répondu à nos questions sans langue de bois:



Nous avons rencontré Sophie Bureau, en juillet dernier, à la journée « Libri Aperti » organisée dans le beau village de Canari (Cap corse). C’est une auteure sympathique et en apparence plutôt calme. Elle vit dans la région parisienne et se trouvait en Corse pour ses premières dédicaces. Son ouvrage, « Bois d’enfance » édité par A Fior di Carta, mêle trois textes.
Le premier "Bois d’enfance" est proustien et peut-être nostalgique. Il commence par « De l’enfance parfois restent une madeleine, un mistral gagnant, le parfum d’une tarte, une barbe à papa et autres choses. Moi, c’est le bois. » Au début était le bois ! Ne dit-on pas pour désigner les enfants qu’ils sont de la graine de bois de lit. Si la porte de la mémoire de la narratrice est de bois, la femme est de chair et donc sensible. Le second texte « La toile du temps » est court et poétique. Il commence ainsi : « Le moment est intense et fragile. Toute chose et tout être semblent si pleins du noir de la nuit qu’ils le sont tout autant d’une attente en suspens du bruit et de la vie» Une invitation à un voyage au bout de la nuit. Enfin le troisième «La fourmi et les cigales » est une adaptation fantastique de la fable. La narratrice, genre fourmi, s’offre des vacances en octobre dans un club au pays des cigales. Fatalement, elle se révolte! Vos gueules les cigales !… L’insecticide comme arme chimique d’extermination de masse ? Son plaisir à user de la bombe insecticide serait-il dû à des pulsions de meurtres qui n’épargneraient dans notre cosmos que les fourmis? …

Un recueil de trois textes intéressants. Trois bons moments de lectures. Décidément, les Editions A Fior di Carta découvrent des femmes talentueuses qui écrivent des textes courts mais denses. Nous avions déjà annoncé les sorties de « Mystères d’âmes » recueil de nouvelles écrites par Martine Rousset et « La Vallée de Soummam », roman-témoignage écrit par Marie-Catherine Deville. Jamais deux sans trois ! Voilà Sophie Bureau avec « Bois d’enfance »dont la quatrième page de couverture nous dit : « Textes à priori sans relation les uns avec les autres… Du bois qui résonne à la mémoire d’une enfance, au temps sui hésite sur la marche à suivre, à la catastrophe du chef des hannetons, peut se poser la question de l’unité. Est-ce elle, celle qui raconte, l’unité ? Elle, comme tous les autres, prise dans les reliefs des rires et des pleurs et parfois particulièrement appelée par le besoin d’écrire ? Ou alors est-ce simplement lui : l’écrit ? Cet écrit qui souvent nous dépasse ferait ici l’unicité, tout rassemblé qu’il est lui-même dans ce petit recueil. »



Interview de Sophie Bureau par Jean-Paul :

Jean-Paul : Pourquoi, Parisienne, es-tu éditée chez un éditeur corse “A fior di carta” ?

Sophie Bureau : D’abord, je voudrais préciser que je ne suis pas parisienne mais banlieusarde. Ca a une certaine importance dans la perception que les uns et les autres ont de l’espace en Ile de France. Un banlieusard ira facilement à Paris alors qu’un Parisien aura parfois du mal à venir en Banlieue. La banlieue pour lui représente une sorte de bout du monde, un lieu hors de ses frontières. En Ile de France, il y a aussi une différence entre le centre et la périphérie qui parle d’elle-même et qu’en tant que banlieusarde, j’ai intégré. Comme quoi la proximité géographique est parfois trompeuse.
Tout ça nous conduit directement à ta question finalement, qui est aussi une question sur l’espace. Pourquoi un éditeur corse, pourquoi Jean-Pierre Santini ? Au début je pensais que c’était le fruit du hasard, le hasard des rencontres. Et puis finalement, si cela reste en partie vrai, j’ai un peu révisé mon jugement. Pour y avoir passé quelques moments, je me suis rendue compte que la Corse était très vivante au niveau culturel. Et je n’ai pas ressenti que cette culture appartenait à une “élite” comme cela peut se produire parfois en certain lieu, mais bien au contraire que les gens se l’appropriait et n’en étaient pas seulement les consommateurs. Peut-être cette dynamique culturelle favorise-t-elle la création de maison d’édition artisanale comme celle de Jean-Pierre Santini “A fior di carta” et des regards comme celui qu’il pose sur des écrits tels que les miens. Jean-Pierre Santini a cru en mon écriture et ça m’a fait y croire. Il a fait un vrai travail d’artisan, d’autant plus appréciable que je ne suis pas une Corse et que mes textes ne racontent pas la région. Si ce petit recueil existe, c’est grâce à tout ça, grâce à cette dynamique de taille humaine qui paraît exister en Corse et aussi grâce au regard que Jean-Pierre porte autour de lui et à sa façon d’agir sur cet alentour. Et puis, Internet change la donne, Internet rapproche. La Corse devient très proche avec cet outil, d’autant plus proche qu’à peu près tout passe par l’écrit et qu’il s’est bien de l’écrit dont il s’agit.


Jean-Paul - Vous êtes trois auteures à avoir publié des textes courts chez cet éditeur en premier ouvrage. En ce qui te concerne, le texte court est-il révélateur de ta façon d’écrire ou plus généralement d’une façon toute féminine d’écrire, c’est à dire dans l’urgence de l’inspiration?

Sophie Bureau : Oui, c’est vrai, pour l’instant je n’ai fait que quelques textes courts. A une période, j’ai écrit des poèmes, et à travers leurs brièvetés, j’ai vraiment ressenti l’urgence dont tu parles. Les textes courts, est-ce ma façon d’écrire ? Pour l’heure, il semblerait qu’oui. Ils me permettent de travailler différents styles et la construction d’une histoire, sa progression. Les textes courts sont vraiment bien pour ça. Et puis il y a une certaine jubilation à faire des pirouettes, à avoir des traits d’humour que le texte long admettrait peut-être plus difficilement. A y réfléchir, l’écriture de textes courts me donne une certaine assurance, une assurance sur laquelle je pourrais peut-être poser des histoires plus longues par la suite. En ce qui concerne l’inspiration, j’ai souvent remarqué qu’il y avait une sorte de construction silencieuse et interne qui se faisait avant l’écriture, comme si un ensemble de sensations se regroupait pour former “quelque chose”. Et puis au bout de ce travail interne, à un moment, il faut que je l’écrive et il faut que je le partage. La question du choix d’écrire ou non ne se pose pas, ça s’écrit, c’est tout. Après, “ça” se retravaille. Alors est-ce la particularité d’une écriture de femme ou s’agit-il de l’écriture en général, je ne sais pas. J’ai des idées de textes plus longs. On verra bien.

Jean-Paul -A la question posée sur l’unité dans la quatrième de couverture, que réponds-tu avec le recul ? Est-ce celle qui raconte, l’unité ?

Sophie Bureau : A cette question que j’ai posée en 4ème de couverture comme pour m’excuser auprès des lecteurs de la diversité des genres, je réponds avec le recul qu’à moi seule je suis plusieurs et que l’unité est peut-être un songe. D’autant plus un songe que j’aimerais bien explorer plusieurs voies, plusieurs types d’écritures, sans doute pour faire vivre les “plusieurs voix” qui sont en moi. Je dois sans doute avoir plus qu’une seule obsession. Mais c’est joli, quand même, un songe, non ?

Jean-Paul - Dans le premier récit "Bois d'enfance", l'enfant imaginait des crimes. " La fourmi et les cigales" m'est apparue très révolté avec des envies de meurtres. As-tu songé à écrire de la Noire?

Sophie Bureau : Pas pour l’instant, mais qui sait. J'aime bien les romans noirs, le côté râpeux des personnages. Peut-être qu'un jour je m'y lancerai, pourquoi pas après tout...? C'est vrai qu'avec tous les insectes que j'ai fait mourir dans "La fourmi et les cigales", ça pourrait faire un bon début. Mais il faut quand même remarquer que, s'il ne lui ait rien arrivé de grave, la fourmi est encore sûrement vivante.

Jean-Paul - Quelle est ta dernière lecture ?

Sophie Bureau : “La petite fille de Monsieur Linh” de Philippe Claudel. Et même si j’ai préféré “Les âmes grises” de lui, j’ai trouvé que ce livre était un modèle de simplicité, de cette simplicité qui mène sans détour à l’émotion.

Jean-Paul - Quels ont tes projets littéraires ou plus généralement culturels?

Sophie Bureau : Je viens de terminer deux nouvelles avec le même personnage principal que dans “La fourmi et les cigales”. Dans l’une des histoires, elle s’est inscrite à un site Internet de rencontres, “Rien d’impossible”, c’est le titre. Dans l’autre, elle est au travail. Celle-ci, je suis
En train de peaufiner et je cherche encore le titre. Ce personnage a toujours ses gros sabots et cet humour assez particulier. Je l’aime bien. Elle me fait rire. C'est étrange, non ? Et puis, je suis aussi sur un autre projet. Il s’agit là de faire des “portraits de métro”. Ce peut être un personnage ou une situation, réels ou fictifs mais l’impératif est le suivant : écrire un portrait
dans l’espace d’une seule feuille. En fait j’aimerais réussir à faire que ces portraits ressemblent à des photos, avec le ressenti qui va avec, bien sûr. J’ai d’autres idées, mais tant qu’elles ne sont pas en route ou réalisées...


Dans son blog, Martine Rousset écrit : « Toute prête à penser que Sophie est une fille sérieuse, voire austère… Que nenni ! Mais alors que nenni de chez que nenni ! Une fois la carapace fissurée, une autre Sophie sort de la fêlure… La vraie Sophie. Une nana qui n’a peur de rien et surtout pas du regard des autres. J’aime les personnes qui se laissent aller à être eux-mêmes. Sans restriction. »

Sophie et Martine nous invitent…

Cons courrez ! Le con...cours de l'été a désormais une adresse et son blog. Initié par Sophie Bureau, le concours à la con consiste à trouver une belle carte postale et à écrire (derrière) le texte le plus abruti possible. Il suffit de l'adresser ensuite en Corse d'où Martine Rousset assure le relais avant mise en ligne :
Le concours à la con : Le Concours de l’été Chez Martine ROUSSET 20230 PERO CASAVECCHIE.
C'est une carte de Bavella signée Norbert qui a ouvert le bal. Vous avez jusqu'au dimanche 31 août à 23 h 33 pour participer et envoyer votre carte à Sophie.

Blog de Sophie Bureau :
http://riendimpocible.blogvie.com/
Blog de Martine Rousset :
http://blog.ifrance.com/martine.rousset/80
Blog de Marie-Catherine Deville :
http://blog.ifrance.com/marie-catherine2b

Les éditions A Fior di Carta sont installées à Barrettali dans le Cap corse (Haute Corse).
Les bulletins de commande peuvent être enoyés à l'adresse suivante:
A Fior di Carta Editions
Hameau Casanova
20228 Barrettali
Téléphone: 0495 351 117
Courriel: jean-pierre.santini2@wanadoo.fr



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Tu ne sais pas quoi Jean-Paul ? Si tu n'existais pas, il faudrait d'inventer ! Merci pour Sophie, nouvellement arrivée dans la jungle littéraire et pourtant déjà très présente...AmitiésMartine

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