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Corse noire

... soeur de vos nuits blanches...


Je de dupe, premier roman, noir de surcroît

Publié par Difrade sur 24 Septembre 2006, 12:58pm

« Je de dupe », premier roman noir de Jean-Louis PIETRI

Le titre freudien « JE DE DUPE » s’affiche, énigmatique… Je de l’écriture, Je de loi, loi du Je, Je de la séduction, je de l’amour, Je de manipulation, Je dangereux, double Je, Je du destin, Je du hasard, Je des alliances secrètes, … jeux de mots et jeu de pistes, … Partenaire de Je, vous allez jouer le jeu et vous prendre au je d’un héros, Julien Maury, flic nihiliste et manipulateur. Lorsqu’il ne patauge pas dans l’hémoglobine, il trempe sa plume de poulet (un peu facile, je l’avoue mais je n’ai pas pu me retenir) dans l’encre de l’enfance pour écrire des contes juvéniles ou bien, pour soigner son blues, il joue du jazz avec Adolphe, de son vrai nom François- Joseph, c’est-à-dire son saxophone. Son premier contact avec une éditrice est sans promesse de lendemain. Après le tonnerre, arrive forcément le coup de foudre et un premier contact houleux annonce parfois une lame de fond sentimentale.

L’entame est celle d’un amour avec des élans, des sensibleries mais aussi cette affinité élective qui réunit les êtres par des fils invisibles alors que « Je » pensait ne plus être le jouet de l’Amour. Et oui ! C’est bien d’amour dont il s’agit : celui qui rend loquace les plus blasés lorsqu’il s’agit de tourner de jolis compliments jusqu’à l’emphase, celui qui vous fait tout partager votre passé, vos maux de Je. Mais l’auteur vous aura prévenu : « Mon héros n’est pas de la race des caves gobeurs de guimauve ». Et puis, le poète n’a-t-il pas dit « Je est un autre ». Son présent est policier et il peut l’offrir à sa belle éditrice trop curieuse avec, en prime, « un bordel à vérole pour immigrés clandestins, une cave ou des bamboulas roupillent entassés comme des rats dans le bourbier de notre bonne conscience, quelques malades trempant leur pain dans les pissotières, mieux encore : quelques squelettes de gamins à chauffer leur piquouze, un camé en pleine défonce.. » ou bien encore sa bonne vieille méthode policière faite de coups tordus. Avec les mafieux, il n’a pas besoin du code de procédure pénale et d’un juré d’assises. Il joue l’équilibriste solitaire.

Et son avenir ? Peut-on partager ce qui n’existe pas encore ? Même si j’ai lu le livre jusqu’au bout, je vous dirai seulement qu’il s’agit d’un vrai polar bien noir. Quel autre avenir pourrait partager Julien Maury, en dehors de ses enquêtes et de sa vie de flic à la Brigade criminelle ? Julien Maury, qui écrit des contes pour enfants, peut sembler, au début du roman, avoir l’âme romantique et la fibre poétique mais sa vie est, avant tout, dans la poulaille, « entre assassins et voyous, traînant ses guêtres et sa carte de police dans les bas quartiers de la ville, dans les rades infâmes du port ». L’auteur joue avec ce Je d’un héros qui se prend à son propre jeu. Le récit chemine sur une fausse piste. Tout est duperie, même la vérité. Sur la quatrième page de couverture, vous pourrez lire : « Ce « Je de dupe » est aussi une fable sur l’innocence, sur la solitude d’un être sans racines, où intrigue policière et roman d’amour s’entrelacent de rebondissements en duperies, jusqu’au contre-pied final en forme de double chute » mais aussi une citation de Malraux : « Sans doute est-ce une erreur de voir dans l’intrigue, dans la recherche du criminel, l’essentiel du roman policier… »

« Je de dupe » recèle des passages où le « Je » du héros fait sans doute écho au Je de l’auteur, retraité de la police et écrivain. Jean-Louis PIETRI connaît la recette du roman policier : « …dévider la pelote de mon intrigue policière, de rebondissements en entourloupes, histoire de tenir le lecteur en éveil et, qui sait, peut-être même en haleine, jusqu’à la chute finale (en contre-pied bien entendu). Un truc à la portée du premier sous-Maigret venu. Il n’avait qu’à suivre le synopsis, placer quelques saillies argotiques version poulaga, étriller quelques malfaisants, revisiter un brin l’intarissable mythe d’Antigone pour aider au marketing du bouquin… ». Attention, cette recette est peut-être encore une fausse piste de la part de celui qui écrit aussi : « le seul polar s’écrit du doigt dans le sang et vomissures des matins de paumés et à ce titre mérite les honneurs de la décence, la chape du secret médical. »

Jean-Louis PIETRI a déjà publié huit ouvrages (des contes et des nouvelles pour enfants comme son héros Lucien Maury). « Je de dupe » est « son premier roman, noir de surcroît ». Il a passé plusieurs années au Service Régional de Police Judiciaire de Marseille où il a participé aux enquêtes sur des parrains du Milieu marseillais et des grandes affaires criminelles dont la Tuerie d’Auriol en 1981. Il a quitté la police en 1998 pour l’Olympique de Marseille où Robert Louis-Dreyfus l’avait appelé. Il vit actuellement entre la Provence et l’Ecosse. Au balcon marseillais du polar, le 17 septembre dernier, il dédicaçait son polar qui est édité aux Editions Autres Temps ( tout chaud sorti de l’imprimerie ce mois-ci). Pour lui, « écrire, c’est inventer une vérité…et, comme chacun sait, toute vérité (fût-elle noire et bluffée) est bonne à lire » et si il en appelle à la clémence du Juge lecteur, il s’en tire avec les félicitations du Jury « Ile noire ».
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