• Un Corse qui faisait rire même les ânes...

    Grossu Minutu, un personnage corse devenu légendaire

    On ne se méfie jamais assez des mots, selon Louis-Ferdinand Céline… Les mots censurés, les mots scandés, les mots chuchotés, les mots croisés, les mots qui tuent et les mots qui sauvent. L’importance des mots. L’esprit des mots et les mots d’esprit.  Grossu Minutu ( Gros Maigre) est le surnom d’un personnage devenu légendaire en Corse par ses jeux de mots et ses réparties humoristiques. Sa verve est entrée dans le Panthéon de la culture orale corse. Il paraît qu’il faisait rire même les ânes.

    J’ai découvert ce personnage corse avec un disque 33T de Christian Mery* (voir dans les notes ) qui avait repris les histoires  de Grosso minutu (le bouffon de Perelli )  en 1958. Malheureusement ce disque n’a pas survécu aux déménagements.



    Grossu Minutu
    était un blagueur, mais aussi l’ami, le confident et le conseilleur de Pascal Paoli.
    Prénommé Pietru Giovannu (Pierre-Jean), il était un homme qui, durant son époque, n'a suscité d'autres écrits que ceux des registres paroissiaux dépositaires alors de l'état civil. Pourtant sa parole lui a survécu dans une société corse dont la culture est restée longtemps orale. Grossu Minutu fait partie de l’histoire et de la  culture corse comme d’autres illustres mal connus Circinellu* ou Pozzo di Borgo* par exemple. « Notre histoire est riche de personnages héroïques… Nous pouvons puiser dans nos propres mythes pour enrichir notre propre imaginaire. Connaître son histoire et sa culture sont des préalables à l’échange avec les autres » déclarait Maga Ettori qui, avec Patrice Bernardini,  a intégré les chansons de Grossu Minutu dans son spectacle musical sur la révolution corse créé pour le bicentenaire de la mort de Pascal Paoli au Palais des sports de Levallois-Perret du 13 au 15 décembre 2007. Pour Maître Sixte Ugolini, ancien bâtonnier du Barreau de Marseille et auteur de plusieurs ouvrages dont Macagne è detti di i paesi corsi, la Corse est autant le pays de Grossu Minutu que celui de Paoli ou Napoléon.




    « Pierre-Jean Ficoni, dit "Grossu minutu", bouffon de Pascal Paoli, né aux environs de 1715 ». C’est ainsi que  le Quid signale la maison de ce héros corse comme curiosité de son village, Perelli di Alesani. Le terme «bouffon » est impropre si ce n’est que Grossu Minutu était un perpétuel objet de moquerie et que c’est cela qui a fait sa force de caractère et son humour caustique.




    Piétru Giovannu Ficoni
    est né effectivement en 1715, sous de mauvais hospices. C’est une année de disette due aux mauvaises récoltes. Ses parents ont des revers de fortune et se retrouvent dans la misère.  A la mort de son père, il est encore au berceau. Fils unique, il est élevé par sa mère dans les difficultés. Il est de santé fragile. Sa mère meurt lors qu’il a commencé sa scolarité. Orphelin à douze ans et sans aide, il sombre dans une profonde mélancolie. Tout est contre lui, même son aspect physique, qui l'expose aux vexations. Chétif et souffreteux, il est d’abord surnommé Minutu. C’est son incroyable force de caractère qui l’aidera à surmonter sa condition. Il est courageux et ce sont les mots qui deviendront ses armes pour se défendre.  Ne pouvant éviter le malheur, il prend le parti d’en rire. C’est sans doute pour lui aussi une façon de conjurer le sort et de ne pas devenir un marginal irascible.

    Minutu est comme la plupart des habitants de Perelli-di-Alesani, partisan de Matra* ( voir les notes ), mais après la mort de celui-ci, il profite de l'amnistie accordée aux vaincus pour suivre Pascal Paoli (1725-1807). Au retour d'une expédition, son amabilité faillit lui coûter la vie. Une femme le charge de remettre, dans le plus grand secret, une lettre à une personne qui demeure dans un village qu'il doit traverser. Minutu accepte sans se poser de questions. Arrivant dans la localité, il est arrêté par un détachement de patriotes. Fouillé, il est trouvé porteur de cette lettre adressée à un chef rebelle. Enfermé dans la prison de Bastia, il attend son jugement. Il aurait sûrement été condamné sans la providentielle présence de Giovanni Guiseppe Cortinchi, aide de camp de Pascal Paoli. Cortinchi, originaire de Bozzio, connaît la réputation de Minutu et s'empresse de le faire libérer. Suite heureuse : Pascal Paoli est informé de cet incident et va tout faire pour que Minutu oublie ses pénibles journées de détention.

    Adulte, Minutu voyage de village en village avec son âne, chargé de modestes marchandises qu'il vend tant bien que mal. Sa causticité fait de lui l'objet d'un perpétuel défi, et partout on l'attaque. Les rapports avec ses semblables sont, mais en apparence seulement, une suite de traits d'esprits et d'injures. Jules Renard aurait dit que cet humoriste était un homme de «bonne mauvaise humeur ». Le même esprit corrosif se manifeste dans le chjam’é rispondi, joute oratoire improvisée sur le défi et le verbe. Les participants entrent dans une provocation par jeux de bons mots,  métaphores et insinuations subtiles en évitant le mépris, l’arrogance et toute atteinte à l’honneur de l’adversaire.

    Après des années de galère, Minutu séduit une voisine qu'il épouse. De ce mariage, naissent deux filles et un fils nommé Carlo Mattéo, qui quitte rarement la maison familiale et que l'on surnommera "le casanier". Devenu veuf après dix ans de vie commune, Piétru Giovannu ne se remarie pas. Il ne vit pas dans l’abondance mais  à l'abri du besoin.

    Vers cinquante ans, il a pris de l'embonpoint, ce qui contraste avec sa légendaire maigreur. Cet embonpoint va, bien sûr, lui valoir quelques moqueries supplémentaires. Au sobriquet de Minutu (maigre), vient s'ajouter celui de Grossu (gros)... Malgré son grand âge et un certain confort matériel, Grossu Minutu poursuivra sa vie errante de marchand ambulant. Les années passant, et finalement, sans force et infirme, Il rentre avec son âne chez lui. Son ame y trouva l'affection de ses trois enfants.

    A l'âge de 86 ans, à la suite d'une longue maladie, il s'éteint à Perelli-di-Alesani. Jusqu’à sa mort, il n'aura jamais cessé de manifester son bel esprit, car avant de rendre son âme à Dieu, il aurait adressé un dernier bon mot à la mort.

    Avec ses stalbatoghji  (histoires et anecdotes plaisantes), sa notoriété n'a jamais dépassé les frontières de l'île. En Corse, il n’est pas encore oublié. Le groupe Canta u Populu Corsu, chante  Al povera di Grossu Minutu, une historiette amusante adroitement mise en scène et désopilante  dans le 33tours intitulé Festa zitellina.

    Extrait de la revue ethnologique « Terrain » :

    « Le théâtre de ses aventures, c'est  les villages et quelquefois la ville (au 18ème siècle il n'en est qu'une, c'est Bastia) où ses affaires l'amenaient à se rendre ; dormant chez l'habitant, ou dans des auberges de villages, liant amitié et commerce avec tous. D'abord partisan et client de la grande famille noble des Matra, adversaires de Paoli, il reconnut vite le rôle historique du " Père de la Patrie " et se rangea à ses côtés, sans jamais abdiquer son franc-parler et sa verve caustique. On pourrait presque dire qu'en passant de la mouvance des Matra à celle de Paoli, il opère la transformation d'un statut de client en celui de citoyen : presque, car nous savons que Pascal Paoli devait, pour tenir tête aux féodaux et grands notables contre lesquels il se battait, user des mêmes armes qu'eux et en particulier regrouper autour de lui un parti comme les autres. Mais précisément, par son indépendance, Grossu Minutu est, à cet égard, en avance sur le général de la Nation corse. Ainsi, il incarne un personnage à la fois marginal et représentatif de ce petit peuple des campagnes corses qui, de 1729 à 1769, fait et vit ce qu'il est convenu d'appeler les Révolutions de Corse.

    […/…]Grossu Minutu démasque par ses saillies, l'hypocrisie, le ridicule, voire l'odieux des comportements de ses compatriotes. Un de ses moyens favoris consiste à traiter ses interlocuteurs comme s'ils étaient des animaux ; un jour, un groupe de personnes, pour se moquer de lui, le compare à Esope ; Minutu ne se démonte pas : " Je fais mieux que lui, dit-il ; il faisait parler les bêtes, moi, en plus, je les fais rire. " Grossu Minutu est souvent présenté, dans les saynètes dont il est le héros, comme quelqu'un que les autres forcent à parler en l'accablant de lazzi et en le provoquant, pour le simple plaisir de l'entendre. A ces incitations à parler " pour rire ", c'est-à-dire pour ne rien dire d'essentiel, Grossu Minutu répond, on l'a vu, en renvoyant à ses interlocuteurs une image d'eux-mêmes qui est celle d'animaux. Ainsi, par exemple, à quelqu'un qui pour le vexer lui faisait remarquer que, pour un homme d'esprit comme lui, il avait les oreilles plutôt longues, il réplique : " Et toi, pour un âne*( voir dans les notes), je trouve que les tiennes sont trop courtes " ; ou bien encore, dans une procession, quelqu'un qui marche derrière lui, lui dit pour l'humilier : " Il paraît, Grossu Minutu que tu es toujours avec les porcs " ; et lui de répondre : " Eh oui, tantôt devant, tantôt derrière ; en ce moment je suis devant. " Ainsi, Grossu Minutu disqualifie dans leur prétention à être paroles humaines les " putachj ", plaisanteries et vexations qui font le commerce quotidien des hommes entre eux ; ce faisant il libère, en quelque sorte, une place pour une parole vraie, pour une relation pleine entre les hommes, parole et relations qu'il ne produit jamais lui-même positivement, se contentant par la dérision et l'inversion, de laisser à penser qu'une autre voie serait possible entre les " putachj " et les " spaccate " qui, chacune à sa manière, désagrègent le corps social. De là à penser que son rôle social s'articule profondément avec celui de Pascal Paoli, il n'y a qu'un pas que la tradition populaire a franchi depuis longtemps, mais sans l'expliciter.

    […/…]" u putachju ", le commérage ; activité prétendument féminine, mais à laquelle les hommes s'adonnent aussi abondamment. Comment l'interpréter ? Le " putachju " est doublement inséparable du secret. D'abord parce que, comme tout commérage, toute rumeur, l'auteur du " putachju " avance masqué : on le soupçonne mais on ne peut pas le confondre. D'autre part dans une société où l'interconnaissance se combine avec le secret, ce qui est su n'est jamais su qu'en partie, le secret accompagne tous les actes, et l'opposition que nous notions en commençant entre la " casa " et la " piazza " empêche le " putachju " d'être jamais un savoir vrai ; il est condamné à rester dans le domaine de l'opinion, du soupçon, de l'interprétation, de l'affabulation. Sa particularité consiste donc dans le fait de souligner, de grossir, de construire, à partir de ce qui est entrevu, un discours plus ou moins cohérent, fait de sous-entendus ; un discours qui déforme ce qu'il évoque, invente ce qu'il ne sait pas, bricole une parole qui n'est ni vraie ni fausse. C'est un travail sur le sens construit sur un texte tronqué. Le " putachjone ", celui qui répand les " putachj ", cherche sans cesse à percer le secret des maisons ; il dit le faux pour savoir le vrai ; il dit même parfois le vrai pour faire admettre le faux. Il excelle à interroger les enfants sur ce qui se fait et se dit le soir, autour de la table familiale, et en particulier sur ce qu'on mange, bon indice des misères ou des bonnes fortunes que l'on voudrait cacher. C'est pourquoi on enseigne aux enfants à répondre à ses sollicitations insidieuses par une attitude qui est le pendant exact du " putachju " : la " spaccata ", la parade, la rodomontade ; le mot vient du verbe " spaccà ", fendre : le " spaccone " est celui qui " spacca i monti ", fend les montagnes. La " spaccata " s'annonce donc comme une parole fausse, si ouvertement fausse qu'elle remet l'interlocuteur à sa place : si on te demande ce que nous avons mangé hier soir réponds : Pane e pernice, affari di casa un si ne dice (du pain et des perdrix, affaires de maison on ne les dit). Dans une société où les mets les plus courants sont la " pulenta2 ", la soupe ou, au mieux un ragoût de légumes et de lard, tout le monde sait bien que personne ne mange du pain et des perdrix ; le pain et les perdrix sont mets de riches ou exceptionnels. De même, en politique, la " spaccata " consiste à dire bien haut que l'on va vaincre, que l'ennemi est perdu, alors que rien ne permet de l'affirmer ; ceux qui savent qu'ils vont gagner, en général se taisent, non par modestie mais pour rendre plus éclatant encore leur triomphe. Ainsi " putachju " et " spaccata " s'affirment comme des attitudes et des pratiques qui, en s'opposant, érigent, l'une par défaut, l'autre par excès, un espace, ou mieux, un mouvement de " publicisation " qui traverse l'univers social
    . »
    Texte intégral à l’adresse :
    http://terrain.revues.org/document2981.html#tocto3



    Le prix Grossu Minutu :

    Existe aujourd'hui une Académie Grossu Minutu qui attribue chaque année un Prix récompensant une œuvre humoristique corse.
    Batti a obtenu le prix Grossu Minutu en 2003 pour l'ensemble de son œuvre. U sette bellu (le «Beau sept», Albiana, 1995) de Batti, met en scène entre imaginaire et réalité des personnages de jeux (U sette bellu est dans le jeu de cartes de la Scopa le sept de carreau) embarqués dans une aventure mêlant références à l'histoire et allusions à Shakespeare. Le dessin y est tantôt «humoristique », tantôt d'un réalisme saisissant.
    L'enquête corse (L'inchiesta corsa, traduction de Francescu Maria perfettini) de Pétillon, dont l'accueil dans l'île fut extrêmement  chaleureux. L'auteur a su repérer, et restituer avec beaucoup d'humour, quelques particularismes qui sont dans l'île même objet de plaisanterie (c'est une des formes de «a macagna» que le mot de « plaisanterie » traduit assez mal). L'album a obtenu le prix Grossu Minutu, et a donné naissance à un film tourné dans l'île dans une allégresse de bon aloi.



    Quelques ouvrages sur Grossu Minutu :

    - Bon mots et plaisanteries du célèbre Grossu Minutu, de Felice Matteu Marchi.


    - Grosso Minuto.  L'esprit et les réparties d'un Corse de légende. ce livre édité aux éditions Baconnier est rempli de croquis de Charles Brouty, d'une finesse éblouissante. Malheureusement, les éditions Baconnier étant disparues depuis longtemps, le livre est devenu difficile à se procurer, ou alors en cherchant dans les "livres rares" Grâce aux contact que j'ai noué avec la famille de l'éditeur, en Provence et en Kabylie, je peux néanmoins vous le procurer. Compter quand même entre 25 et 40 euros hors frais de port.

    Un extrait de Grosso Minuto, L' esprit et les réparties d' un Corse de légende, Traduction de J.B Nicolaï, Éditions Baconnier, Marseille, 1969

    Le borgne.
    Il y avait à Bastia un riche commerçant, réputé pour son esprit sarcastique. De plus, il était borgne et cachait mal sa disgrâce derrière d' épaisses lunettes vertes…
    Un matin cet homme vit passer, du haut de son balcon, le vieux Minuto Grosso que les ans avaient rendu bossu.
    -Où allez-vous donc de si bonne heure, un sac sur le dos ? lui-dit-il faisant allusion à sa bosse.
    -J' allais chez toi, et je suis heureux que tu m' aies reconnu alors que tu n' as encore ouvert qu' un volet de ta fenêtre répliqua Minuto qui connaissait l' infirmité du plaisantin.







    - Grossu Minutu magnifiquement illustré par Nicolas Carlotti ( prix du livre corse en langue corse 1997), Edition La Marge. Il reste des exemplaires qui peuvent être commandés aux Editions du Journal de la Corse – Imprimerie Siciliano. On y trouve des titres comme "U Fibbione di u Molu", "U Cumpagnu" (page 59), "Macagna Bastiaccia", (page 72), "Nivaghja", (page 73).

    Nicolas Carlotti a donné en 1997, une bande dessinée publiée initialement en épisodes dans le journal La Corse-Le Provençal, consacrée à Grossu Minutu .

    - Grossu Minutu et son époque de Domonic Groebner Imprimerie Stamperia Sammarcelli, une étude par un Autrichien amoureux de la Corse. Cette étude est complétée par les propos de Murat Demirkan sur Nasrédine Hodja , le "double" turc de Grossu Minutu.

    - Les Corses de Philippe Franchini, ouvrage publié en 2001 aux éditions Cavaliers bleus dans lequel un passage évoque Grossu Minutu.



    Sites :

     








    Grossu minutu : http://curagiu.com/grossuminutu.htm
    Nicolas Carlotti : http://antoine.allegrini.free.fr/CARLOTTI.htm
    Association Grossu Minutu corso-belge : http://www.grossuminutu.com/



    Notes :

    Marius Emmanuel Matra* – adversaire de Pascal Paoli,  Général en Chef (Capu Generale) par la Consulte de Saint Antoine de la Casabianca qui l'investit de la mission d'une guerre décisive contre Gênes. Il contesta l’élection de Pascal Paoli le 10 août 1755 et se fit élire à son tour Général de la Nation par 6 voix sur 64. Ce fut le début d’une guerre civile qui dura jusqu’en 1757. Matra fut tué en 1763.

    Dumenicu Leca, dit Circinellu*. Originaire de la pieve de Vicu, il a été prêtre de Guagnu. Partisan de Pasquale Paoli et de l'indépendance de l'île, il est une figure de la résistance de la Corse. Ainsi il prêta serment sur son autel de ne pas déposer les armes tant que la patrie serait occupée. Après la défaite de Ponte Novu et la fin du rêve d'indépendance de la Corse, il galvanise ses troupes et organise la résistance dans sa pieve. Mais il est traqué, ses biens sont dévastés et sa tête est mise à prix par les troupes de l'armée française. Pour ne pas que la répression s'abatte sur les siens et sa région, il s'enfuit pour le Fiumorbu. Il est retrouvé mort en 1771 dans une grotte d'Ania (où le toponyme A Grotta di Circinellu existe toujours), un crucifix dans une main, un poignard dans l'autre. Il a incarné le patriotisme du clergé insulaire durant les guerres d'indépendance de la Corse.

    Charle André, comte Pozzo di Borgo*, né à Alata près d'Ajaccio le 8 mars 1764 et mort le 15 février 1842, est un politicien corse, devenu diplomate russe. Il s’était rallié à Pascal Paoli.


    Christian Mery* , acteur, auteur, chanteur et fantaisiste, a enregistré plusieurs disques d’histoires corses comme la légende de sbilia avec les sous-titres de pochettes : le petit âne gris, Tranquille, O Signore cosa cè, Solenzara, Veillée corse et Ca se corse. Acteur, il a tourné dans une vingtaine de films entre 1956 et 1969 dont L’amour descend du ciel ( Maurice Cam ), Comme un cheveu sur la soupe( Maurice Regamey) Le grand bluff ( Patrice Dally) Les trois font lapaire ( Sacha Guitry et Clément Duhour), Cigarettes, whisky et p’tites pépées ( Maurice Régamey), Madame et son auto ( Robert Vernay), Ce soir on tue et Y’en a marre ( Yvan Govar), Le cave est piègé ( Victor Merenda), Les fortiches ( Georges Combret) Napoléon II, L’aiglon ( Claude Boissol), La vendetta ( Jean Chérasse), Les bricoleurs ( Jean Girault), Rien ne va plus ( Jean Nacqué),Le petit monstre (Jean-Paul sassy) et La honte de la famille ( Richard Balducci). Avec Louis Lorenzi, il est le coauteur aux Editions de la Table ronde de Pascal et Dominique, storia corsa (1964)

    Il était aussi chanteur et nous avons retrouvé une chanson de Georges Brassens qu’il a interprétée :

    Vendetta
        Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens   1957
    Mes pipelets sont corses tous deux,
    J'eus tort en disant devant eux,
    Que Tino et Napoléon
    Jouaient mal de l'accordéon.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Fermement résolus d' se venger,
    Mes compatriotes outragés,
    S'appliquèrent avec passion
    A ternir ma réputation.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Leurs coups de bec eurent c'est certain,
    Sur mon lamentable destin,
    Des répercussions fantastiques,
    Dépassant tous les pronostics,
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    M'étant un jour lavé les pieds,
    J'attendais la femme d'un pompier,
    Sûr d'abuser d'elle à huis-clos,
    J'avais compté sans ces ballots.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Comme dans le couloir il faisait nuit,
    Et qu'elle ne trouvait pas mon huis,
    Elle s'adressa funeste erreur,
    A ma paire de dénigreurs.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Ils répondirent : cet espèce de con-
    Tagieux là, demeure au second,
    Mais dès que vous sortirez de chez lui,
    Courez à l'hôpital Saint-Louis.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Alors ma visiteuse à corps
    Perdu, partit et court encore,
    Et je dus convenir enfin
    Que je m'étais lavé les pieds en vain.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Mis au fait, les pompiers de Paris,
    Me clouèrent au pilori.
    Ils retirèrent par précaution
    Leurs femmes de la circulation.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.

    Et tout ça, tout ça, voyez-vous
    Parce qu'un jour j'ai dit à ces fous,
    Que Tino et Napoléon
    Jouaient mal de l'accordéon.
    Vendetta, vendetta,
    Vendetta, vendetta.




    L'Ane* corse est-il d'origine sumérienne?
    Grossu Minutu avait un âne comme tous les marchands ambulants. Nul n’ignore l’importance des ânes en Corse ou le mot se traduit par « suméru ». C’est un animal mythique. D’une discussion avec l’historien José Stromboni sur les origines de la Corse, il ressortait qu’elles auraient peut-être une part sumérienne. Pour les ânes, le lien semble déjà établi par le mot corse « suméru » et l’histoire de l’âne corse aurait pu commencer à Sumer dont il tire son origine étymologique. Des fouilles en Iran semblent établir qu’il s’agit d’une grande civilisation suméro-akkadienne disparue dont l’empire s’étendait du golfe persique jusqu’à la Méditerranée…. Pas totalement disparue toutefois puisque une espèce a survécu en Corse où le sumeru apparaît comme un être intelligent. Grossu Minutu l’avait compris et José Stromboni le révèle dans son ouvrage  « Kur-Sig » . La thèse de José Stromboni, ou à tout le moins l’hypothèse, constitue en effet un véritable éclair dans la nuit: les Sumériens, inventeurs de l’écriture, puis les Etrusques auraient été partie constituante du peuple corse d’origine ! J’en conclus que seuls nos ânes corses ont survécu au brassage des populations et constitué une race supérieurement intelligente. Nous pouvons donc nous enorgueillir d’avoir de tels ânes qui, en plus, portent les fardeaux dans nos montagnes. Maintenant, il faudrait savoir si nos ânes parlent et écrivent le sumérien. Grossu Minutu aurait sans doute eu son avis sur le sujet. Il connaissait bien l’âne corse. On pourrait envisager que l’arche de Noé était équipée d’une chaloupe qu’une tempête aurait égarée sur l’île de beauté sortie du déluge. A moins que ce soit toute l’arche qui ait atterri là.  La question est d’importance.
    Après la dame de Bonifacio, la Corse pourrait être le point d’ancrage de la nouvelle humanité voulue par Dieu. José Stromboni s’est plongé dans une relecture de l’Ancien Testament et pourrait faire de nouvelles révélations sur ce point. Nous avons décidé de le précéder en nous interrogeant et tout s’est subitement éclairci. Si l’arche de Noé s’est bien arrêtée sur le mont Ararat, les écritures ne disent pas qu’elle y est restée. Dans la légende sumérienne, le héros parallèle à Noé est nommé Outa Napishtim. Outa pourrait correspondre au verbe otta (opter)  et  « napishtim » serait à rapprocher du mot corse Nasighjime ( action de rechigner ). On pourrait alors traduire par « celui qui rechigne »… Otta Nasighjime alias Outa Napishtim, alias Noé, serait donc corse et non pas sumérien...
    Les mots disent les choses. Leur histoire ne se sépare pas de celle des hommes. Leur rencontre n’est pas le fruit du hasard. Sans aucun doute les Sumériens sont-ils venus en Corse et ont été changés en ânes intelligents  par quelque sorcellerie. Dès lors, on peut affirmer que la  plus vieille civilisation est à chercher en Corse,  duvé u sumeru hè natu amparatu. ( où l’âne est savant de naissance ).




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