• Nouvelles lectures, nouvelles éditions

     

    Les éditions Nouvelles Lectures ont fait leur entrée dans le monde numérique qui renouvelle la conception de la littérature. L’éditeur vous propose « une petite piste dans la jungle du numérique ». Plusieurs journalistes ont déjà salué ses ambitions et sa ligne éditoriale, notamment avec la création de la collection Duetto inaugurée par une parution exceptionnelle : Marguerite Duras racontée sous la plume de Patrick Grainville, écrivain célèbre et célébré, professeur agrégé de Lettres,  critique littéraire, membre du jury du prix Médicis. Il a reçu en 2012 le Grand prix de littérature Paul-Morand décerné par l’Académie française pour l'ensemble de son œuvre. En 1976 il avait reçu le prix Goncourt pour son roman Les Flamboyants.

    Dominique Guiou, longtemps rédacteur en chef du Figaro littéraire, veut promouvoir des auteurs et des thématiques. Il est le créateur de cette édition et le concepteur la collection Duetto dont l’originalité réside dans la demande faite aux auteurs de se livrer à un double « Je » avec une figure de la littérature ou des arts. Nombreux sont les auteurs qui se sont déjà pris au jeu de l’écriture d’un court récit très personnel sur d’autres personnalités du monde culturel. Aussi, la collection vient de s'enrichir avec la sortie printanière de plusieurs ouvrages. Cette fournée annonce la multiplication des bons pains littéraires à déguster. Au menu, cinq ouvrages Duetto :

    Jean-Paul Ceccaldi : Jean-Paul Sartre

    Jean Chalon : Colette

    Françoise Dargent : Jules Verne

    Philippe Lacoche : Roger Vailland

    Myriam Thibault : Françoise Sagan.

    Dominique Guiou commente la collection Duetto en ces termes : « La littérature peut offrir une grande proximité, une vraie complicité avec un auteur. Qu’il s’agisse d’un « classique», d’un maître disparu depuis longtemps, ou d’un contemporain bien vivant. La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler de ces auteurs qui les accompagnent pendant des années dans une relation profonde et stimulante. Chaque livre de la collection Duetto propose une approche vivante et brève des auteurs choisis, où la priorité est donnée aux souvenirs et aux moments d’émotion. Il s’agit de restituer dans leur vérité, par une approche personnelle et subjective, les grands écrivains d’hier et d’aujourd’hui ».

    Après Marguerite Duras, arrivent Jean-Paul Sartre, Colette, Jules Vernes, Roger Vailland et Françoise Sagan.

     

    Jean Chalon a voué sa vie à la littérature. Cet aimable et subtil lettré a déjà publié un bon nombre de biographies de personnages féminins dont Colette qu’il considère comme sa « deuxième mère ». Il s’agit même d’une addiction puisqu’il explique : « Je me vois toujours en train de lire un livre de Colette. C’est ma drogue dont je prends, chaque matin, une dose en ouvrant, au hasard, un volume des œuvres complètes de mon idole qui m’a aussi servi de guide pour explorer Lesbos ». Jean Chalon aime aussi la nature et peut s’éprendre d’une rose. Il s’est même questionné : « Peut-on tomber amoureux d'une rose ? Oui ! Sinon, à quoi servirait que fleurissent les roses en été ? ».

    A rebours, cela nous amène à Jean-Paul Ceccaldi, auteur du polar « La rose est sans pourquoi », publié aux Editions Nouvelles Lectures, où il  apparaît aussi dans la collection Duetto, avec Jean-Paul Sartre. L’auteur de polar nous dit : «  Dans La Nausée », je me suis intéressé aux hommes, lorsqu’ils jouent les imbéciles ou les salauds. Pour moi, le Roquentin et l’Erostrate de Sartre côtoient Maigret et Gabriel Lecouvreur alias « Le Poulpe ». Au cours d’une conversation avec l’Autodidacte, Roquentin est soudainement frappé par la réalité d’un couteau à dessert; je serais tenté d’imaginer une suite tragique bien différente de celle philosophique donnée par Sartre. Pourquoi Roquentin n’endosserait-il pas les habits d’un assassin ? » Sartre était un lecteur de polar, considéré comme un roman social. Il  avait  aussi pour héros Pardaillan, inventé par Michel Zevaco (1860-1928), écrivain d’origine corse dont on peut considérer qu’il a écrit des romans sociaux de cape et d’épée.

    Un autre héros du jeune lecteur Jean-Paul Sartre était Michel Strogoff et,  lorsque l’on cite « Les Mots », on pense à la bibliothèque du Grand-père de Jean-Paul Sartre qui a, sans doute, rêvé de la bibliothèque de capitaine Nemo, personnage inventé, comme Strogoff, par Jules Vernes, évoqué, dans la collection Duetto,  par Françoise Dargent, journaliste, critique littéraire et écrivaine. Elle a expliqué à Dominique Guiou son admiration, intact, pour Jules Verne : « Nos rêves d’enfance découle tout le reste. Et Jules Verne m’a imposé sa manière : de l’ambition et pas de frontières. Il est celui qui fait cavaler l’imagination. Il la débride. Il la ventile. Il la disperse aux quatre coins du monde et au-delà. Les voyages extraordinaires, un thème inépuisable associé à un adjectif jamais galvaudé chez lui… On ne quitte jamais Jules Verne. On lui reste fidèle ».

    Quant à Roger Vailland, qui avait du panache comme Pardaillan et dont Philippe Lacoche se sent proche, il n’a pas fait le tour du monde en quatre-vingts jours mais fut grand reporter et correspondant de guerre, un aventurier comme Strogoff. Son ouvrage « un jeune homme seul » et son engagement politique de jeunesse le rapprochent de Sartre… Interviewé par Nicolas Giorgi le 22 février 2013 sur sa proximité avec Roger Vailland, Philippe Lacoche répondait : « Je me sens proche de Roger Vailland c'est vrai. Nous sommes d'ailleurs quelques-uns en France, qui avons en commun cette détestation de l'argent, des pouvoirs affairistes, d'une certaine manière de frilosité bourgeoise, et qui avons cette sorte de panache aristocratique, qui peut être de gauche, et qui me plaît beaucoup ». Avec Roger Vailland, écrivain engagé surnommé le « hussard rouge » ou le « hussard marxiste », on peut revenir à Sartre, bien qu’ils soient quelques uns à se sentir proche de lui en France.

    De Sartre à Françoise Sagan, la liaison est plus réelle lorsque l’on revient sur la lettre d’amour écrite en 1979 par la romancière au philosophe, dans les derniers moments de son existence, alors qu'il devenait aveugle. Elle s’adresse à lui en ces termes : Cher Monsieur, Je vous dis "cher Monsieur" en pensant à l'interprétation enfantine de ce mot dans le dictionnaire: "un homme quel qu'il soit". Je ne vais pas vous dire "Cher Jean-Paul Sartre", c'est trop journalistique, ni "Cher Maître", c'est tout ce que vous détestez, ni "Cher Confrère", c'est trop écrasant. Il y a des années que je voulais vous écrire cette lettre, presque trente ans, en fait, depuis que j'ai commencé à vous lire, et dix ans ou douze ans surtout, depuis que l'admiration à force de ridicule est devenue assez rare pour que l'on se félicite presque du ridicule. Peut-être moi-même ai-je assez vieilli ou assez rajeuni pour me moquer aujourd'hui de ce ridicule dont vous ne vous êtes, toujours superbement, jamais soucié vous-même. Seulement, je voulais que vous receviez cette lettre le 21 juin, jour faste pour la France qui vit naître, à quelques lustres d'intervalle, vous, moi, et plus récemment Platini, trois excellentes personnes portées en triomphe ou piétinées sauvagement - vous et moi uniquement au figuré, Dieu merci - pour des excès d'honneur ou des indignités qu'elles ne s'expliquent pas. Mais les étés sont courts, agités et se fanent. J'ai fini par renoncer à cette ode d'anniversaire, et pourtant il fallait bien que je vous dise ce que je vais vous dire et qui justifie ce titre sentimental. En 1950, donc, j'ai commencé à tout lire, et depuis, Dieu ou la littérature savent combien j'ai aimé ou admiré d'écrivains, notamment parmi les écrivains vivants, de France ou d'ailleurs. Depuis, j'en ai connu certains, j'ai suivi la carrière des autres aussi, et s'il en reste encore beaucoup que j'admire en tant qu'écrivains, vous êtes bien le seul que je continue à admirer en tant qu'homme... » Nous nous arrêtons là mais la lettre est longue. Elle a été publiée dans le quotidien Le Matin et dans la revue L’Egoïste. Un extrait de cette lettre a paru sous le titre “Sartre est né le 21 juin 1905, moi le 21 juin 1935”. Vous pouvez la lire en entier en cliquant ICI.

    Après lui avoir déclaré son admiration, Sagan a beaucoup fréquenté Sartre. Ils déjeunaient en tête à tête; elle lui coupait sa viande, car il devenait aveugle. Elle s’en est expliquée : “J’aimais le tenir par la main et qu’il me tînt par l’esprit. J’aimais faire ce qu’il me disait, je me fichais de ses maladresses d’aveugle, j’admirais qu’il ait pu survivre à la littérature.”

    Sans aucun doute, Françoise Sagan aurait pu écrire un Duetto sur Jean-Paul Sartre et sa lettre est conforme à l’esprit de la collection. Elle n’est plus là pour le faire et c’est elle qui sera l’héroïne du double « je » avec Myriam Thibault, écrivaine. Myriam Thibault  l’annonce sur son carnet numérique : « … Je m’imprègne de l’œuvre de Françoise Sagan, avant d’écrire ce texte qu’une nouvelle maison d’édition numérique, Nouvelles lectures, me propose d’écrire. Je relis Bonjour tristesse. Je relis Château en Suède. Je relis tous ces romans que j’aime, et lis tous ceux dont seuls les titres m’étaient connus jusqu’à présent. Les idées viennent, les premières phrases se posent sur les pages blanches de ce carnet que je traîne partout. »

    Au-delà des liens que l’on peut tisser entre des personnalités du monde littéraire, la collection Duetto rassemble des ouvrages courts (l’équivalent de 15 à 20 feuillets, soit la longueur d’un article de revue) et très bon marché, qui sont des exercices d’admiration, des hommages d’écrivains à d’autres écrivains. C’est encore la démonstration que la lecture et l’écriture sont consubstantielles.

    En tous lieux,  Vous lirez les Duetto sur tous vos écrans : votre smartphone, votre tablette ou votre liseuse. Dans le métro, à la terrasse d’un café, dans une salle d’attente… Chez vous, le soir, si vous en avez marre des séries télé. Et même sur les plages, cet été, pour épater les baigneurs.

    Ne vous privez pas d’un Duetto à 1,99€. Vous allez peut-être découvrir un écrivain qui vous fera voir le monde différemment. Ça sert à ça la littérature, ça doit bousculer, ça doit bouleverser. Changer de vie en trente minutes et pour moins de deux euros, qui dit mieux ?

    Les éditions Nouvelles Lectures, selon Dominique Guiou, vont multiplier les collections en permettant notamment de proposer en format numérique des textes confiés par des écrivains et journalistes, ainsi que des auteurs débutants. Il envisage aussi d’éditer des textes du domaine public pour leur donner une nouvelle vie, ou de rééditer des textes oubliés d’auteurs vivants. Ainsi, l’un de ces premiers textes est une nouvelle de Jean Giraudoux, « La Grande Bourgeoise ». Une rareté.

    Dans les formats plus longs au petit prix de 3,99 € et sans DRM, trois romans sont déjà en ligne :

    Dolorès et les filigranes, Gilberte Declarth

    La rose est sans pourquoi, Jean-Paul Ceccaldi

    D’une femme inconnue, Patrice Haffner

    Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le blog des Editions Nouvelles Lectures et y naviguer en quelques clics. Il suffit de cliquer ICI.

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