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Les amis de Jean Proal, écrivain-poète
Par
Difrade dans
Culture le
13 Mars 2008 à 18:17
Jean Proal, ecrivain-poète
"Et
il y a de la poésie dans son uvre. C'est essentiel
Elle est là avec
des bonheurs dexpression extraordinaires, des délicatesses émouvantes
et surtout une perception aiguë de la vie profonde que cachent les
humains silencieux
Il prend le lecteur et ne le lâche plus. Son style
simple fait corps avec latmosphère". ( Louis Brauquier )
Jean Proal,
un romancier français qui mettait de la poésie dans ses écrits et dans
sa vie. Il est né à Seyne-les-Alpes le 16 juillet 1904. Il écrit son
premier roman Tempête de printemps à 28 ans. Des écrivains comme Max
Jacob, Cendrars, Giono, Roger Martin du Gard, Marie Mauron...
l'encouragent. Son uvre se montera à une dizaine de romans et quelques
autres récits ou entretiens. En 1950, il vient habiter
Saint-Rémy-de-Provence où il se nouera d'amitié avec Aragon et des
peintres tels que Hans Hartung, Mario Prassinos... Il reçut le Grand
prix du roman de la société des gens de lettres pour De sel et de
cendre en 1953 et fut Premier grand prix de Provence pour l'ensemble de
son uvre en 1961.
Par une écriture sobre, il voulait être : "un raconteur d'histoires humaines pour faire rêver les hommes. En somme être le prisme qui décompose la lumière."
A ses derniers instants en 1969, il écrivait ces mots : « C'est la lumière qui me fait respirer».
Jean
Proal fut un homme de nature effacée et modeste, peu enclin à se faire
valoir ce qui ne favorisera pas son succès et surtout sa célébrité
durable
Son écriture a été saluée par Louis Brauquier : « Il
y a de la poésie dans son uvre
Elle est là avec des bonheurs
dexpression extraordinaires, des délicatesses émouvantes et surtout
une perception aiguë de la vie profonde que cachent les humains
silencieux
Il prend le lecteur et ne le lâche plus. Son style simple
fait corps avec latmosphère. »
A la question « Pourquoi conserver la mémoire? » il a répondu :
« C'est
pour eux, c'est pour ma race, c'est pour ces durs paysans dont je
regarde souvent la photo jaunie et qui sont les parents de mon père,
ces durs paysans de la dure montagne, c'est pour mon grand-père le
maçon, pour les ménages et les lessives que ma grand-mère allait faire
chez les autres, c'est pour ceux-là que je n'ai pas connus: les
paysans, les maçons, les cordonniers, les journaliers, tous ceux dont
le sang a fait mon sang.
C'est pour la peine sans gloire et sans
profit qu'ils ont tiré toute leur vie obscure, c'est pour leurs mains
crevassées, pour leurs yeux fatigués, pour leur échine endolorie. »
Jean PROAL - Journal , 30 décembre 1935
En
1995 les Editions de l'Envol à Mane, en Provence, ont entrepris de
rééditer l'uvre injustement oubliée de Jean Proal, essentiellement les
romans qu'il avait publiés chez Denoël entre 1932 et 1948. Cette belle
initiative n'a pas eu le succès escompté et les Editions de l'Envol ont
dû déposer leur bilan.
En mai 1998 a été fondée à Mane une
Association des Amis de Jean Proal, qui a fait l'effort de racheter une
importante partie du stock des éditions de l'Envol menacé de mise au
pilon. Cinq titres sont désormais disponibles à leur adresse :
amis.jean.proal@orange.fr.
Pourquoi conserver la mémoire de Jean Proal ? Lassociation des Amis de Jean Proal , qui a publié un premier bulletin, répond en présentant une biographie complète de lécrivain à ladresse ci-dessous :
http://www.litterature-lieux.com/EsMaker/index.asp?Clef=26&Page=1
Dans cette biographie, Louis Brauquier dit encore : « L'uvre de Jean Proal est d'une qualité exemplaire. »
La revue "JEAN PROAL, une écriture saisissante" propose, dans un entrecroisement constant, la présentation de la vie et de l'uvre de l'auteur.
Le
bulletin n°1 "JEAN PROAL, une écriture saisissante" est disponible à
l'association. Publication par l'association, et écrit par Anne-Marie
Vidal & Paul Peyre. Il est à 8 pour les adhérents, 10 pour les
autres acquéreurs En cas d'envoi, ajouter 1,50 Chèque à l'ordre des
"Amis de Jean Proal"
Les titres disponibles des ouvrages de Jean Proal sont :
Tempête de Printemps :
Ce premier roman publié de Jean Proal , en 1932 par Denoël, fait partie
du triptyque le " Maître du jeu " . L'écriture audacieuse restitue la
singulière énergie torrentielle de la jeunesse, ses légèretés, ses
tourments .
À hauteur d'homme, sa suite
[Pour Tempête de Printemps, vous pouvez aller voir le journal de léditeur Robert Denoël année 1932 à ladresse ci-dessous:
http://www.thyssens.com/01chrono/chrono_1932.php ]
Montagne aux solitudes :
Paru chez Denoël en 1944 cet ouvrage est le récit, sous forme de
journal, d'un amour contrarié qui nous conduit des forts de la rade de
Toulon à Moustiers et la forêt d'Aups . Revient le thème récurent de la
solitude, cette " solitude qui a fait le mal ".
De sel et de Cendre :
Roman d'un douloureux et lucide amour secret, mais également roman de
la Camargue, brûlante, âpre, où bêtes et gens doivent se battre pour
gagner leur place au soleil . Paru chez Julliard en 1953 et couronné du
grand prix du roman de la société des gens de lettres, l'ouvrage, vite
épuisé, était devenu introuvable .
Histoire de Lou :
Paru en 1995 chez Gallimard, cet hymne à la nature, la beauté, l'amour,
plein d'humour, aux résonances subtiles d'une philosophie écologique
tempérée, occupe une place particulière dans l'oeuvre de l'écrivain,
oeuvre qui vit le jour grâce au soutien que ne cessa de lui prodiguer
Jean Giono : " la source est bonne et l'eau est claire " .
Prix : 10 euros + Frais d'envoi (chèque à l'ordre de l'Association des Amis de Jean Proal)
Les adhérents bénéficient de 20% de remise sur les rééditions de Jean Proal rachetées par l'Association.
On peut trouver en cherchant bien :
Suite montagnarde :
Paru
en 1948 aux éditions Denoël, ce recueil de nouvelles est un hommage
sobre et envoûtant à un bout de territoire niché dans les Alpes, ce
pays où l'on "voyait s'arrêter les transhumants". Mêlant à la fois le
récit, l'essai et des fragments de journal, Suite montagnarde s'attache
à percer l'intimité de l'âme de ces citoyens exilés au bout des
horizons, entre ciel et roche, entre pente et glace. La rudesse des
sentiments, la solitude des hommes, la lutte "d'égal à égal" avec les
bêtes, le bonheur de chasser la truite, des souvenirs précis d'enfance
sont autant de dialogues silencieux et de traces invisibles qui guident
le lecteur à travers les secrets d'un monde retiré. Attentif aux
choses, Jean Proal dit d'une voix simple et authentique la peine et la
joie, l'agonie et la jouissance d'habiter cette contrée -cette matrice-
aux pouvoirs presque ensorcelants. Éditions de l'Envol
S'ARRÊTER un moment avec Jean PROAL,
Petit collectif autour de Jean Proal : Paul-Louis Bessy, Vincent
Girard, Jacques Moulin, Jean-Yves Vallat, Anne-Marie Vidal, Jean-Paul
Zuanon ...
Lavis
éclairé dune lectrice sur lauteur : Lettres (extraits) de Fanny
Dechanet-Platz ( chercheuse et universitaire) adressées à Madame
Anne-Marie Vidal, Présidente de l'association des"Amis de Jean Proal" :
Pour "saluer Jean Proal"
Je
suis en train de finir Tempête de Printemps. C'est sans aucun doute
l'un des plus beaux textes que j'aie lus sur l'adolescence et qui me
fait penser à cette phrase de Proust dans les Jeunes filles :
"L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose." Je
suis surtout frappée par l'économie et la puissance (l'une s'alimentant
de l'autre d'ailleurs, et le premier terme n'étant pas du tout
péjoratif...) de l'écriture de Proal dans ce texte. Tant la forme de
cette écriture que le fond. Les phrases sont simples, mais les mots
choisis, ajustés. Ils frappent dans le mille.
Quant à la peinture
des hommes et de leurs luttes, je crois que c'est là que s'exprime le
mieux cette puissance, le caractère torrentiel des sentiments, des
rêves, des aspirations qui emportent toutes les convictions et les
conventions sur le passage, transforment, transfigurent et finalement
fondent l'être.
Je vais poursuivre ces lectures avec vraiment
l'impression de pénétrer une terre, un espace nouveaux. Je regarde les
montagnes qui m'environnent différemment, je vous assure. Et elles me
renvoient à l'homme. Je me dis d'ailleurs que ces montagnes dont parle
Proal, le Pic, les travaux des champs, la cueillette de la lavande,
tout, sans cesse, renvoie à l'homme, parle de l'homme, de ses
exigences, de son exigence envers lui-même, de cette "hauteur d'homme"
à laquelle on se mesure en toute circonstance. Sylvain se bat bien plus
contre lui-même, à l'intérieur de lui-même (comme au début, lors de la
périlleuse ascension) que contre les gendarmes, ses parents ou l'homme
de la fête. Il se mesure. Il prend la mesure de lui-même. Et la
présence de la montagne, peut-être, sa colossale et tranquille majesté,
mais en même temps sa domination indubitable, rendent le défi plus
difficile à relever. Cantonner Proal à l'étiquette d'un écrivain
"régionaliste" paraît ainsi un contresens terriblement réducteur. C'est
ne pas percevoir le sens du texte, qui est bien plus émotionnel,
sensitif, intuitif, qu'intellectuel, me semble-t-il, et peut-être
est-ce pour cela que certaines personnes n'y sont pas "sensibles". Les
sentiments, les caractères sont traités par un poète et non par un
romancier qui analyserait une situation ou des personnages. Ils sont
donnés "en masse", "en bloc", "dans le vif". C'est ce qui me rend cette
écriture bien plus chère.
Je voulais vous écrire plus longuement
d'abord pour vous dire mon enthousiasme à la lecture de Proal. Je suis
très très profondément touchée par les deux premiers volumes, dont je
vous avais déjà parlé, mais aussi par Les Arnaud, qui est de la même
trempe. Firmin, Nore et Noël sont extraordinairement attachants. J'ai
été soufflée par la première partie car on s'attend à la mort de Nore
dès la première page et sa petite vie fragile nous tient en haleine
pendant la moitié du livre! Tout le combat qui se livre dans la tête et
dans le coeur de Firmin à propos de la route, visible seulement dans
son espionnage des piquets, son refus ensuite de voir les ingénieurs
travailler, le déplacement du piquet au pied de son arbre, et
finalement, une forme d'acceptation revancharde avec les barrières de
bois blanc, revanche balayée parce que la route ne se fera pas... tout
ce combat est bouleversant. Je viens d'une famille de paysans, du côté
de mon père, mon grand-père avait une ferme dans l'est de la France :
je vous assure que je connais des visages qui auraient pu être celui de
Firmin !
J'ai aussi beaucoup aimé Montagne aux solitudes parce qu'il
réagence des thèmes présents dans les autres romans, mais d'une autre
manière, notamment avec le motif des tableaux, qui disent ce que
l'introspection n'a pas encore trouvé, avec le motif du journal qui
fait jaillir le récit du personnage et lui donne sa consistance au
moment même où il la cherche (c'est en quoi il m'a un peu fait penser à
certains textes de Bosco). Et toujours cette absence de complaisance,
cette adhésion des personnages à 100% avec eux-mêmes, sans
compromission.
J'ai poursuivi mes lectures (Les Arnaud puis
Montagne aux solitudes) et j'ai commencé hier Histoire de Lou. Comme
vous voyez, toujours dans "l'ordre", même si je perçois bien les
différences de style. Que vous dirais-je ? C'est magique !
Les trois
premiers romans me renvoient à quelque chose de très personnel (je
dirai de très "familial") dans leur dureté, le rapport à la terre, le
silence des êtres. Il y a en revanche quelque chose de bosquien dans
Montagne aux solitudes, mais coupant, âpre. On retrouve Bosco avec le
motif du journal intime, de l'écriture à la recherche d'un sens
notamment. Et l'origine de Jean, le personnage de son père font un peu
penser aux Caraques de Bosco.
Histoire de Lou (mais je n'ai lu
qu'une trentaine de pages) m'a immédiatement fait penser à Giraudoux.
La veine poétique et l'humour sont ceux d'Intermezzo, par exemple.
J'aime énormément et je veux défendre ces textes.
[Fanny Dechanet-Platz]
SITE DE LASSOCIATION : http://www.litterature-lieux.com/amis-jean-proal
BONUS
: Si vous voulez faire des recherches sur des auteurs et des parutions
au temps de Robert Denoël, vous avez un index sur le site du journal de
lEditeur à ladresse suivante :
http://www.thyssens.com/01chrono/xchrono.php