• Les amis de Jean Proal, écrivain-poète

    Jean Proal, ecrivain-poète

    "Et il y a de la poésie dans son œuvre. C'est essentiel… Elle est là avec des bonheurs d’expression extraordinaires, des délicatesses émouvantes et surtout une perception aiguë de la vie profonde que cachent les humains silencieux… Il prend le lecteur et ne le lâche plus. Son style simple fait corps avec l’atmosphère". ( Louis Brauquier )




    Jean Proal, un romancier français qui mettait de la poésie dans ses écrits et dans sa vie. Il est né à Seyne-les-Alpes le 16 juillet 1904. Il écrit son premier roman Tempête de printemps à 28 ans. Des écrivains comme Max Jacob, Cendrars, Giono, Roger Martin du Gard, Marie Mauron... l'encouragent. Son œuvre se montera à une dizaine de romans et quelques autres récits ou entretiens. En 1950, il vient habiter Saint-Rémy-de-Provence où il se nouera d'amitié avec Aragon et des peintres tels que Hans Hartung, Mario Prassinos... Il reçut le Grand prix du roman de la société des gens de lettres pour De sel et de cendre en 1953 et fut Premier grand prix de Provence pour l'ensemble de son œuvre en 1961.

    Par une écriture sobre, il voulait être : "un raconteur d'histoires humaines pour faire rêver les hommes. En somme être le prisme qui décompose la lumière."

    A ses derniers instants en 1969, il écrivait ces mots : « C'est la lumière qui me fait respirer».

    Jean Proal fut un homme de nature effacée et modeste, peu enclin à se faire valoir – ce qui ne favorisera pas son succès et surtout sa célébrité durable… Son écriture a été saluée par Louis Brauquier : « Il y a de la poésie dans son œuvre… Elle est là avec des bonheurs d’expression extraordinaires, des délicatesses émouvantes et surtout une perception aiguë de la vie profonde que cachent les humains silencieux… Il prend le lecteur et ne le lâche plus. Son style simple fait corps avec l’atmosphère. »

    A la question « Pourquoi conserver la mémoire? » il a répondu :
    « C'est pour eux, c'est pour ma race, c'est pour ces durs paysans dont je regarde souvent la photo jaunie et qui sont les parents de mon père, ces durs paysans de la dure montagne, c'est pour mon grand-père le maçon, pour les ménages et les lessives que ma grand-mère allait faire chez les autres, c'est pour ceux-là que je n'ai pas connus: les paysans, les maçons, les cordonniers, les journaliers, tous ceux dont le sang a fait mon sang.
    C'est pour la peine sans gloire et sans profit qu'ils ont tiré toute leur vie obscure, c'est pour leurs mains crevassées, pour leurs yeux fatigués, pour leur échine endolorie. »
    Jean PROAL - Journal , 30 décembre 1935

    En 1995 les Editions de l'Envol à Mane, en Provence, ont entrepris de rééditer l'œuvre injustement oubliée de Jean Proal, essentiellement les romans qu'il avait publiés chez Denoël entre 1932 et 1948. Cette belle initiative n'a pas eu le succès escompté et les Editions de l'Envol ont dû déposer leur bilan.

    En mai 1998 a été fondée à Mane une Association des Amis de Jean Proal, qui a fait l'effort de racheter une importante partie du stock des éditions de l'Envol menacé de mise au pilon. Cinq titres sont désormais disponibles à leur adresse : amis.jean.proal@orange.fr.

    Pourquoi conserver la mémoire de Jean Proal ? L’association des Amis de Jean Proal , qui a publié un premier bulletin, répond en présentant une biographie complète de l’écrivain à l’adresse ci-dessous :

    http://www.litterature-lieux.com/EsMaker/index.asp?Clef=26&Page=1

    Dans cette biographie, Louis Brauquier dit encore : « L'œuvre de Jean Proal est d'une qualité exemplaire. »



    La revue "JEAN PROAL, une écriture saisissante" propose, dans un entrecroisement constant, la présentation de la vie et de l'œuvre de l'auteur.

    Le bulletin n°1 "JEAN PROAL, une écriture saisissante" est disponible à l'association. Publication par l'association, et écrit par Anne-Marie Vidal & Paul Peyre. Il est à 8 € pour les adhérents, 10 € pour les autres acquéreurs En cas d'envoi, ajouter 1,50 € Chèque à l'ordre des "Amis de Jean Proal"






    Les titres disponibles des ouvrages de Jean Proal sont :



    Tempête de Printemps : Ce premier roman publié de Jean Proal , en 1932 par Denoël, fait partie du triptyque le " Maître du jeu " . L'écriture audacieuse restitue la singulière énergie torrentielle de la jeunesse, ses légèretés, ses tourments .

    À hauteur d'homme, sa suite…

    [Pour Tempête de Printemps, vous pouvez aller voir le journal de l’éditeur Robert Denoël – année 1932 à l’adresse ci-dessous:
    http://www.thyssens.com/01chrono/chrono_1932.php ]




    Montagne aux solitudes : Paru chez Denoël en 1944 cet ouvrage est le récit, sous forme de journal, d'un amour contrarié qui nous conduit des forts de la rade de Toulon à Moustiers et la forêt d'Aups . Revient le thème récurent de la solitude, cette " solitude qui a fait le mal ".





    De sel et de Cendre : Roman d'un douloureux et lucide amour secret, mais également roman de la Camargue, brûlante, âpre, où bêtes et gens doivent se battre pour gagner leur place au soleil . Paru chez Julliard en 1953 et couronné du grand prix du roman de la société des gens de lettres, l'ouvrage, vite épuisé, était devenu introuvable .



    Histoire de Lou : Paru en 1995 chez Gallimard, cet hymne à la nature, la beauté, l'amour, plein d'humour, aux résonances subtiles d'une philosophie écologique tempérée, occupe une place particulière dans l'oeuvre de l'écrivain, oeuvre qui vit le jour grâce au soutien que ne cessa de lui prodiguer Jean Giono : " la source est bonne et l'eau est claire " .

    Prix : 10 euros + Frais d'envoi (chèque à l'ordre de l'Association des Amis de Jean Proal)
    Les adhérents bénéficient de 20% de remise sur les rééditions de Jean Proal rachetées par l'Association.

    On peut trouver en cherchant bien :



    Suite montagnarde :
    Paru en 1948 aux éditions Denoël, ce recueil de nouvelles est un hommage sobre et envoûtant à un bout de territoire niché dans les Alpes, ce pays où l'on "voyait s'arrêter les transhumants". Mêlant à la fois le récit, l'essai et des fragments de journal, Suite montagnarde s'attache à percer l'intimité de l'âme de ces citoyens exilés au bout des horizons, entre ciel et roche, entre pente et glace. La rudesse des sentiments, la solitude des hommes, la lutte "d'égal à égal" avec les bêtes, le bonheur de chasser la truite, des souvenirs précis d'enfance sont autant de dialogues silencieux et de traces invisibles qui guident le lecteur à travers les secrets d'un monde retiré. Attentif aux choses, Jean Proal dit d'une voix simple et authentique la peine et la joie, l'agonie et la jouissance d'habiter cette contrée -cette matrice- aux pouvoirs presque ensorcelants. Éditions de l'Envol



    S'ARRÊTER un moment avec Jean PROAL, Petit collectif autour de Jean Proal : Paul-Louis Bessy, Vincent Girard, Jacques Moulin, Jean-Yves Vallat, Anne-Marie Vidal, Jean-Paul Zuanon ...



    L’avis éclairé d’une lectrice sur l’auteur : Lettres (extraits) de Fanny Dechanet-Platz ( chercheuse et universitaire) adressées à Madame Anne-Marie Vidal, Présidente de l'association des"Amis de Jean Proal" :

    Pour "saluer Jean Proal"
    Je suis en train de finir Tempête de Printemps. C'est sans aucun doute l'un des plus beaux textes que j'aie lus sur l'adolescence et qui me fait penser à cette phrase de Proust dans les Jeunes filles : "L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose." Je suis surtout frappée par l'économie et la puissance (l'une s'alimentant de l'autre d'ailleurs, et le premier terme n'étant pas du tout péjoratif...) de l'écriture de Proal dans ce texte. Tant la forme de cette écriture que le fond. Les phrases sont simples, mais les mots choisis, ajustés. Ils frappent dans le mille.
    Quant à la peinture des hommes et de leurs luttes, je crois que c'est là que s'exprime le mieux cette puissance, le caractère torrentiel des sentiments, des rêves, des aspirations qui emportent toutes les convictions et les conventions sur le passage, transforment, transfigurent et finalement fondent l'être.
    Je vais poursuivre ces lectures avec vraiment l'impression de pénétrer une terre, un espace nouveaux. Je regarde les montagnes qui m'environnent différemment, je vous assure. Et elles me renvoient à l'homme. Je me dis d'ailleurs que ces montagnes dont parle Proal, le Pic, les travaux des champs, la cueillette de la lavande, tout, sans cesse, renvoie à l'homme, parle de l'homme, de ses exigences, de son exigence envers lui-même, de cette "hauteur d'homme" à laquelle on se mesure en toute circonstance. Sylvain se bat bien plus contre lui-même, à l'intérieur de lui-même (comme au début, lors de la périlleuse ascension) que contre les gendarmes, ses parents ou l'homme de la fête. Il se mesure. Il prend la mesure de lui-même. Et la présence de la montagne, peut-être, sa colossale et tranquille majesté, mais en même temps sa domination indubitable, rendent le défi plus difficile à relever. Cantonner Proal à l'étiquette d'un écrivain "régionaliste" paraît ainsi un contresens terriblement réducteur. C'est ne pas percevoir le sens du texte, qui est bien plus émotionnel, sensitif, intuitif, qu'intellectuel, me semble-t-il, et peut-être est-ce pour cela que certaines personnes n'y sont pas "sensibles". Les sentiments, les caractères sont traités par un poète et non par un romancier qui analyserait une situation ou des personnages. Ils sont donnés "en masse", "en bloc", "dans le vif". C'est ce qui me rend cette écriture bien plus chère.
    Je voulais vous écrire plus longuement d'abord pour vous dire mon enthousiasme à la lecture de Proal. Je suis très très profondément touchée par les deux premiers volumes, dont je vous avais déjà parlé, mais aussi par Les Arnaud, qui est de la même trempe. Firmin, Nore et Noël sont extraordinairement attachants. J'ai été soufflée par la première partie car on s'attend à la mort de Nore dès la première page et sa petite vie fragile nous tient en haleine pendant la moitié du livre! Tout le combat qui se livre dans la tête et dans le coeur de Firmin à propos de la route, visible seulement dans son espionnage des piquets, son refus ensuite de voir les ingénieurs travailler, le déplacement du piquet au pied de son arbre, et finalement, une forme d'acceptation revancharde avec les barrières de bois blanc, revanche balayée parce que la route ne se fera pas... tout ce combat est bouleversant. Je viens d'une famille de paysans, du côté de mon père, mon grand-père avait une ferme dans l'est de la France : je vous assure que je connais des visages qui auraient pu être celui de Firmin !
    J'ai aussi beaucoup aimé Montagne aux solitudes parce qu'il réagence des thèmes présents dans les autres romans, mais d'une autre manière, notamment avec le motif des tableaux, qui disent ce que l'introspection n'a pas encore trouvé, avec le motif du journal qui fait jaillir le récit du personnage et lui donne sa consistance au moment même où il la cherche (c'est en quoi il m'a un peu fait penser à certains textes de Bosco). Et toujours cette absence de complaisance, cette adhésion des personnages à 100% avec eux-mêmes, sans compromission.

    J'ai poursuivi mes lectures (Les Arnaud puis Montagne aux solitudes) et j'ai commencé hier Histoire de Lou. Comme vous voyez, toujours dans "l'ordre", même si je perçois bien les différences de style. Que vous dirais-je ? C'est magique !
    Les trois premiers romans me renvoient à quelque chose de très personnel (je dirai de très "familial") dans leur dureté, le rapport à la terre, le silence des êtres. Il y a en revanche quelque chose de bosquien dans Montagne aux solitudes, mais coupant, âpre. On retrouve Bosco avec le motif du journal intime, de l'écriture à la recherche d'un sens notamment. Et l'origine de Jean, le personnage de son père font un peu penser aux Caraques de Bosco.
    Histoire de Lou (mais je n'ai lu qu'une trentaine de pages) m'a immédiatement fait penser à Giraudoux. La veine poétique et l'humour sont ceux d'Intermezzo, par exemple.
    J'aime énormément et je veux défendre ces textes.
    [Fanny Dechanet-Platz]

    SITE DE L’ASSOCIATION : http://www.litterature-lieux.com/amis-jean-proal

    BONUS : Si vous voulez faire des recherches sur des auteurs et des parutions au temps de Robert Denoël, vous avez un index sur le site du journal de l’Editeur à l’adresse suivante :
    http://www.thyssens.com/01chrono/xchrono.php



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