• Le Corse, écrit par Paul-Claude Innocenzi et Jean Bazal

    Le Corse, roman écrit par deux journalistes et édité en livre de poche par les Editions Orban en 1976.

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    " La loi du talion a inspiré la loi du maquis, la loi du Milieu. Ma morale est peut-être primitive, mais elle vaut celle des autres : j’en suis sûr ! Elle m’a permis de ne pas être un pauvre type !… J’ai compris que si l’homme est seul, les autres le dévorent. Je suis peut-être devenu un loup qui ne connaît qu’une loi : celle du clan. Cela n’empêche pas le loup d’aimer ses petits, de les protéger, de les nourrir… "

    Lorsqu’Ange Vinciguerra dit cela, il est à l’heure du bilan d’une vie qui a commencé en Corse dans un petit village de la Balagne, près de Calvi : Calenzana. En Août 1923, il est le témoin de la mort de son père Hyacinthe, tué par Pierre Orsini pour une histoire de partage des eaux d’un torrent. C’est le jeune garçon qui tue Orsini blessé lors du duel et qui gardera toute sa vie ce secret. Ange assiste à l’enterrement de son père dans la tradition corse. Sa mère y déclame au défunt tout son amour d’épouse : " O Hyacinthe, mon homme sans pareil, mon mari entre tous choisi, mon vent, ma pluie, ma rivière, mon aigle des sommets, mon renard d’intelligence, mon sanglier de force, mon Noël argenté et mon été de blé ! O Hyacinthe, mon compagnon, je ne me blottirai plus sous votre menton bleu … " Et les vocifératrices poussent le cri du " succulu " ancestral : Dih, dih, dih ! …

    Le roman s’ouvre donc sur un petit village corse et une vendetta. " Gardez-vous, je me garde ! " était la phrase rituelle de la déclaration de guerre entre deux familles et puis " Le sang appelle le sang " justifiait l’accomplissement de la vengeance dont les auteurs prenaient le maquis comme le personnage de Féliciolo, ami de feu Hyacinthe et conteur qui commence toujours ses récits de bandits par " Moi qui vous en parle… " pour expliquer que " c’est par fatalité qu’un homme devient un brigand ". Et justement , c’est la fatalité qui va transformer le jeune Ange Vinciguerra, berger et apiculteur en herbe, en un proxénète et chef d’un clan corse dans le Milieu marseillais. Ange, gamin, pensait s’enrichir en développant sa petite production de miel dans une région connu pour la vivacité de ses abeilles que les Calenzanais utilisèrent comme troupes de libération contre les Génois en 1782. Après la mort tragique de son père, Ange rencontre son premier et véritable amour qui a les cils à la Mary Pickford*. Pauline est la fille du procureur de la République Nonce Casinca d’Istria. " Avec l’arrivée massive des Corses francisés du Continent qui viennent jouer les estivants parce qu’ils ont fréquenté les écoles ou décroché de bonnes places dans l’administration", notre jeune berger éprouve aussi les morsures de la jalousie qui tourne à l’affrontement avec un rival du moment, Marc-Aurel Casanova, étudiant en médecine à Marseille… Ange blesse ce dernier et , sur les conseils de Féliciolo, renonce à prendre le maquis. Il s’en remet à la justice qui l’acquitte à condition qu’il s’engage cinq ans dans la Marine. Il quitte donc son " pays de cocagne " qui n’arrivait pas à retenir ses enfants. Il se retrouve à Toulon à bord du " Strasbourg ". Une bagarre lui fait connaître le " patache ", poste de police maritime du Quai Cronstadt, puis la prison maritime St Roch qu’il quittera pour la section disciplinaire de Calvi avec ses catégories d’hommes et de sous-hommes : Les " camisards " avaient le droit de fumer et d’aller à la cantine, les "isolés " ou les " gayes " réclamaient leur isolement pour échapper aux sévices infligés par des caïds aux mœurs spéciales. Là, on pratique la torture avec les poucettes, des étaux de bois qui serrent les doigts jusqu’à la limite de l’écrasement, et des punitions comme la pelote ( course d’endurance avec 30Kg sur les reins) ou la briquette ( on ajoute une brique de cinq kilos portée à bout de bras). C’est l’époque des Tribunaux militaires dont le symbole est le " falot " représentant un croissant et une lanterne. Le 9 mars 1928, un loi introduit un magistrat de carrière pour présider les débats de ces tribunaux. Le 15 septembre 1928 , notre héros est ramené à Toulon avant d’embarquer pour rejoindre le 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique : Foun Tatahouine au fin fond du Sud tunisien, le tristement célèbre Bat’d’Af, où celui qui " refile de la jaquette " est appelé un " schleb " (un girond) dans l’argot arabisant de Tatahouine. Les hommes, les vrais, les tatoués y chantent "à Briribi", la chanson de Montehus*. Notre Ange ( qui n’en est plus un ) avait déjà fréquenté les maisons de tolérance de Toulon et évalué les revenus substantiels qu’en tiraient les proxénètes. A Tatahouine, il côtoie des hommes du Mitan dont Gaston Boucara, pourvoyeur de filles dans la traite des blanches et qui décrète : " Quoiqu’il arrive, n’oublie pas que seuls les caves baissent la tête et nagent dans la mouise ! Il faut se révolter contre tout, ne pas se résigner à une condition modeste… Tu sais, notre loi du Milieu ressemble à la loi de ton maquis… " Il y apprend le secret de la réussite : " Pour le fric, la combine ; pour l’impunité, la prudence.", et " les différences qu’il commençait à entrevoir entre le bien et le mal n’étaient sans doute plus celles que le brave abbé Gastaldi lui avait enseigné au catéchisme… "

    - Mary Pickford, de son vrai nom Gladys Louise Smith (née le 8 avril 1892 à Toronto ; décédée le 29 mai 1979) était une actrice à l’âge de 10 ans. Surnommée " la petite fiancée de l'Amérique " ou " la petite fiancée du monde ", elle séduisit le public par sa grâce juvénile et primesautière dans des films comme Une pauvre petite fille riche (1917) ou Le Petit Lord Fauntleroy (1921). En 1919, Mary Pickford participa à la fondation des Artistes associés, avec Griffith, Charlie Chaplin et Douglas Fairbanks, qu'elle épousa en 1920.

    - Montehus ( ou Monthéus) s’appelait de son vrai nom Gaston Mardochèe Brunschwig et il était chansonnier. Il était le fils aîné d’une famille de 22 enfants. Il a commencé à chanter à l’âge de 12 ans. Dans son répertoire, on trouve des chansons militaires comme " Au camarade du 153ème régiment " (1897) ou " A la gloire du 17ème " (1907) dont les soldats refusèrent d’ouvrir le feu sur des vignerons qui manifestaient. Il est né en 1872 et mort en 1952. Il a connu Lénine en exil en France et il chantait dans la première partie des conférences du révolutionnaire russe. Il a donc chanté une chanson intitulée " à Biribi", Biribi étant le bagne de Cayenne.

    En 1932, Pauline Casinca d’Istria a choisi d’épouser, dans sa robe signée Schiaparelli, Jérôme , médecin et fils du Professeur Antoine Costa, propriétaire de la Clinique ST Blaise d’Aix en Provence. Ange est libéré. Il revient à Calenzana. Une épizootie, la loque américaine, a tué toutes ses abeilles et ses projets de miel. A 24 ans, il décide d’aller tenter l’aventure à Marseille et s’installe au 23 rue des repenties au Panier, quartier cosmopolite mais majoritairement peuplé de Corses : navigateurs, dockers, calfats, patrons pêcheurs, artisans, boutiquiers, cafetiers et poissonnières du côté de la Major mais aussi dans la partie St Jean, tenanciers de bordels, souteneurs, prostituées en maison ou en magasin, patrons de bar… C’est le 2ème arrondissement de Marseille avec son quartier réservé créé en 1863 par la conseil municipal.
    C’est l’époque du grand Alcazar, où Constantin Rossi fait ses débuts le 3 mars 1933 et devient Tino avec Marinella. Le 21 avril 1933, un grand marathon de danse est organisé. Ange s’inscrit avec Mireille Francion. Le couple remporte le concours sur la Valse brune jouée par l’orchestre de Manuel Pizzaro. Mireille est la tenancière d’un bordel, Le Grand 7 , rue de la Fare. L’année1933, c’est aussi l’année de la grande crise économique, mais pas pour Ange. Devenu l’amant de Mireille, il porte des costumes coupés par Agopian et des chaussures Angelo. Sa belle a perdu la protection de son mari décédé et se retrouve sous la menace d’un ancien amant. Elle le tue, est arrêtée et incarcérée à la prison des Présentines. Ange prend les affaires en main et constitue son clan… Il entre alors officiellement dans le Mitan avec son code dont Tonin l’Indien, l’un de ses premiers législateurs, dira : " Tout y est prévu, comme dans le code Napoléon : principe de l’honneur et de l’assistance, règle du silence, respect de la femme d’un ami… Même l’arbitrage d’anciens, dans les cas délicats. Le jour où le code ne sera plus respecté, alors on pourra dire adieu au Mitan, parce qu’il n’y aura plus de mentalité… "

    Et la famille Orsini ! De son côté, Jean-Baptiste Orsini, qui a l’âge d’Ange, a suivi aussi le chemin du banditisme jusqu’à Paris. Les deux hommes auront-ils l’occasion de se rencontrer ? La Vendetta est un feu qui couve sous la cendre et qui peut se rallumer au moindre souffle provocateur. Rappelons que ce roman est une fiction, même si y apparaissent des personnes et des événements réels. A travers la vie romanesque d’Ange Vinciguerra dont la famille offre quelques ressemblances avec celle de frères Calenzanais célèbres, les auteurs racontent l’histoire du banditisme et le parcours d’une jeune berger corse qui devient l’empereur des nuits marseillaises.

    Gamin, notre Ange écoutait les histoires de bandits corses racontées par Féliciolo avec sa liste de noms légendaires : Les frères Belloscia, Gallocio, Jean- Simon Ettori dit " Le sage de Moca – croce ", André Spada, Jules Négroni ou Dominique Rutili ( condamné à mort et gracié par le Président Doumergue). De 1821 à 1927, on dénombre 9319 morts en Corse pour 38 condamnations à mort ( la plupart prononcées par contumace) et 22 exécutions dans des affaires de vendetta locales ou de vengeances domestiques.
    A Toulon, avec " cette espèce de lointain flottant dans les yeux ", il découvre comment les proxénètes gagnent de l’argent facile. Au Bat’d’Af, les tatoués chantant les goualantes forgent son caractère de dur à cuire. Il y lie des amitiés dans la pègre. C’est l’époque où, à Marseille, des bandes s’entre-tuent et surtout deux gros gangs d'apaches et de nervis: ceux de St Jean et de St Mauront. Antoine La Rocca, chef de la bande de St Jean, dit "La Scoumoune", s’illustrera par la tuerie du Bar Pierre, rue St Laurent. Dans la nuit du 19 au 20 mars 1923, il abat la patronne et deux autres personnes, en blesse une quatrième et tout cela en représailles de l’assassinat de son second par la bande de St Mauront. La Scoumoune s’exile ensuite en Argentine et, après un séjour en Espagne, reviendra à Marseille en 1946 pour finir videur à Pigalle avant d’être descendu à Paris. Il fait partie de la figuration dans le roman, où les héros romanesques ont les premiers rôles au milieu de figurants choisis au fichier du grand banditisme.

    Lorsqu’Ange s’installe à Marseille, les maisons de prostitutions prospèrent dans le quartier réservé. C’est le début de l’époque dite " Borsalino " avec l’ascension de Carbone et Spirito. Les voyous se taillent des réputations avec des surnoms évocateurs : Henri La musique, Jo le matou, Dominique le Bônois, Raphael Le Manchot, Nazole le Niçois, Jean La main, Julien le Bordelais, Gu le Marseillais, Naze bleu, La Gazelle… Ange devient " Le Calenzanais ". Pour une " galoupe " ( une incorrection ), on est mis à l’amende ou trucidé. Tant que l’on est vivant , on remplit son " crapaud " ( porte-monnaie ), jusqu’au " dix-neuvième trou ", celui du confort et du luxe au golf. La politique s’acoquine avec le banditisme. Carbone et Spirito sont les amis du fasciste Simon Bastiani, qui, avec ses deux compères truands, s’illustrera dans la collaboration pendant l’occupation . Ange le Calenzanais se constitue un clan avec un de ses frères et les jumeaux de son village, Carolu et Napoleon. Il fera même sortir Feliciolo du maquis. Après la loi Marthe Richard, il trouve un nouveau débouché avec les machines à sous. Contrairement à Carbone et Spirito, Ange choisit d’abord le maire socialiste de Marseille, René Musso (adversaire de Bastiani) et se range du côté de la résistance pendant l’occupation, en y jouant un rôle actif. A la libération, il profite des trafics organisés avec les troupes américaines et notamment le trafic des cigarettes… Aux Etats Unis, c’est l’époque d’Al Capone et Lucky Luciano.

    Tout au long du récit romanesque, on apprend des tas de détails de la petite histoire de chaque époque. Mais comment faire le tri entre la réalité et la fiction ? Un nommé Jean-Baptiste Griffaut, surnommé La Griffe, est guillotiné en place publique par le bourreau Deibler. Le supplicié crie " Adieu fifi ! Mort aux Vaches ! " avant les deux " bang " successifs de la lunette et de la lourde lame. Ange et Gaston Boucara assistent au spectacle au milieu de la grande foule… Fiction ou réalité ? La réalité est qu’un gigolo anarchiste Yves Coliou, dit " Nez pointu " a été guillotiné le 31 octobre 1925 à Aix en criant " Vive l’Anarchie ! Mort aux vaches ! "… mais peut-être Jean- Bastide Griffaut a-t-il existé aussi… C’est la Maison Katz, rue Crussol à Paris, qui fabriquait les jetons de cuivre pour les machines à sous, avant la guerre. Les " bagalentis " désignaient les petits minables de la pègre marseillaise. Au cinéma, on projette le film " Scarface " avec le héros Georges Raft. Ange s’offre comme voiture la C4 IX Citroen ( plus tard, il s’offrira la Nerva Grand Sport Renault, le spider-coach décapotable). Fèvrier 1934, l’affaire Stavisky. Depuis un an , Hitler a pris le pouvoir en Allemagne. On trouvait dans les kiosques la revues "Police magasine " , le n° 190 du 15 juillet 1934 est consacré aux Gangsters de Marseille. Le 30 novembre 1935, le petit Claude Malmejac est enlevé au Parc Chanot de Marseille. C’est le premier rapt d’enfant en Europe ( après l’enlèvement du fils de Lindberg en mars 1932). L’enfant est retrouvé avec l’aide du Milieu… Dans le roman l’enfant se nomme Claude Masméjan et c’est Ange Vinciguerra qui donne le tuyau à l’Inspecteur Egide Moracchini, petit homme râblé à la tignasse brune aux mèches rebelles, d’origine bastiaise mais né à Marseille, il ne parle pas le corse… L’enlèvement est réel, Ange et l’inspecteur Moracchini ne sont-ils que des personnages de roman ? L’enfant s’appelait-il Masmejan ou Malmejac ? Les auteurs nous font traverser des époques : les luttes électorales des années 1930, les marathons de danse de l’Alcazar, la guerre des machines à sous qui sont apparues en France après la Loi Marthe Richard interdisant les maisons de tolérance, l’occupation allemande avec les atrocités commises par la Carlingue (Gestapo française) et la destruction du quartier réservé, les règlements de comptes d’après-guerre, l’affaire du Combinatie, l’OAS et les barbouzes du SAC… Dans le deuxième arrondissement de Marseille, le quartier réservé ( à la prostitution ) se situait entre le Quai Maréchal Pétain ( devenu Quai du Port), l’esplanade de la Tourette, la place Lenche , la rue de la Roquette et la place Vicor Gelu ( du nom du félibre provençal). Tous les habitants sont évacués en Février 1943, soit environ 20.000 dont 1.642 sont livrés à la Gestapo, sur lesquels la moitié juive est déportée en Allemagne après être passée par Compiègne. Fin Février 1943, le quartier est détruit à l’explosif… Marseille avait accueilli 100000 réfugiés et on pouvait apercevoir aux terrasses des cafés du Vieux Port Jean Cocteau, Charles Trenet, Louis Jouvet, Madeleine Robinson ( qui passait ses vacances à Evisa )… Yves Montand était livreur chez Rivoire et Carré.
    Bien sûr, le héros du roman, Ange Vinciguerra, est porteur, sur le chemin du crime, d’une sorte d’idéal et d’un code de l’honneur, éléments qui peuvent le faire apparaître sympathique dans la relativité de la faune au milieu de laquelle il évolue. Il est fidèle en amour et en amitié. Il s’est investi d’un devoir familial sans faille. Il est à la fois victime d’une certaine fatalité et auteur de son destin en choisissant l’argent facile avec des méthodes violentes et illicites. Le Corse est, avant tout, une fiction qui montre aussi la réalité cruelle et peu reluisante de la pègre. L’ouvrage dénonce le rôle joué par des bataillons disciplinaires, comme le Bat’d’Af, dans la formation des malfrats. Lorsque l’on parle de la naissance et du développement d’un clan corse, lorsqu’il s’agit de banditisme, on peut aussi parler de clan marseillais, de clan niçois, de clan toulonnais et autres localisations d’appartenance identitaire. Il est bon de rappeler que le terme de clan s’applique dans divers domaines, ce qui est le cas également pour la Corse où il n’est pas synonyme de Mafia, structure criminelle sicilienne. Des truands corses ont tenu, à un moment, le haut du pavé dans des pègres locales où la rivalité a toujours pris le pas sur l’entente.

    Les auteurs nous offrent dans leur texte commun des bribes de paysage et de culture corses : dictons, croyances, humour avec le héros populaire de Grossu Minutu dont Christian Mery avait enregistré les histoires drôles… Une petite anthologie en quelque sorte ! On trouve un extrait du Lamentu de Jean Camille Nicolaï " Disgraziatu / So en per la furesta/ Tuttu l’invernu/ Sposu alla tempesta.… " , quelques morceaux de bon sens : " i to’prufittu contali dopu ! " ( Comptes tes profits après !), et c’est peut-être " A chi ha soldi e amicizia torce u nasu a la Justizia " ( Celui qui a de l’argent tord le nez à la Justice), qui donnera des idées à Ange Vinciguerra. Et puis, n’oubliez pas le matin de l’ascension de conserver le premier œuf pondu et de ramasser de l’herbe, pour écarter la calamité… César, l’un des frères d’Ange, devient avocat et on se doit alors d’évoquer le Ténor corse Moro Giafferi qui avait fait une passe d’arme oratoire avec un Magistrat apostrophé en ces termes : " Et la Cour dans son sommeil n’entend point mes paroles ! " le Magistrat répliqua : " La cour, dans son réveil, vous suspend pour trois mois ! " et l’avocat eut le dernier mot : " Et moi, plus fort que la Cour, je me suspends pour toujours!". On lui attribue aussi la plus courte plaidoirie en ces termes : " Si mon client est coupable, Ah !… Mais si il est innocent, Ah ! Ah ! "… Une façon expéditive mais concise de plaider le doute.

    Le livre fait 600 pages avec pour fil conducteur , l’amour que porte Ange à Pauline Casinca d’Istria et la vendetta avec la famille Orsini. Le récit romanesque couvre les deux tiers du 20ème siècle pour une histoire du banditisme corse et marseillais qui va jusqu’à la guerre d’Algérie, avec l’OAS et le SAC. C’est une petite histoire jalonnée par la Grande (Le Front populaire, l’Occupation allemande, la Guerre civile en Espagne..) Les personnages romancés évoluent au milieu de personnalités du banditisme, de la politique et du spectacle. Un énorme travail de documentation a certainement précédé l’écriture romanesque et l’invention des personnages. Il n’est donc pas surprenant que cet ouvrage soit le résultat d’un travail en commun de deux journalistes – écrivains du Sud de la France: Paul – Claude Innocenzi et Jean Bazal, certainement très renseignés sur l’histoire du banditisme de leur région d’investigation professionnelle : le Sud-est de la France.



    Paul-Claude Innocenzi a été en charge des chroniques judiciaires au journal Le Provençal ( devenu La Provence ) et à ce titre a suivi de grandes affaires criminelles, notamment dans les années 1970 celles de Christian Ranucci, dernier condamné à mort exécuté en France et celle appelée l’Enigme de Pelissanne sur laquelle il a écrit un ouvrage. Il a une bibliographie bien remplie à compter de 1974 dont L’Enigme de Pelissanne, Piège pour un flic, La Brigade antigang, un tiercé pour la Mafia, le Juge assassiné, Guiseppe Salvatore Zampano, Au bord de la mer…

    Jean Bazal était aussi Journaliste et spécialiste du banditisme. Il a écrit de nombreux ouvrages sur le sujet dont Le clan des Marseillais : Des Nervis aux parrains 1900-1988, Dieu ou Satan?, Marseille galante, Par le sang dans l'honneur, Le milieu and Co, Le milieu et moi par Marie Paoleschi et Jean Bazal, Panique en Camargue, Le Vallon des Auffes: Mon village à 71 marches de Marseille ( dont il est citoyen d’honneur ), La corrida de Barcelone par Bazal Jean et May Roger, Sauve ta peau, Entre l’arme et les Corses.
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