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    Jean-Claude Izzo s’est éteint le 26 janvier 2000 à Marseille.  Son écriture, même arrachée à son corps, a toujours une couleur sombre et un sens : celui du geste moissonné ou perdu.  Il n’est plus là mais sa place est encore chaude dans le monde du polar.  La vie est cruelle plus que vaine… écrivait-il, en dédicace de son recueil de poèmes  « L’aride des jours »,  à ceux qu’il aimait.  Eugenio Montale y  ajoutait : «  Et un jour ces paroles muettes qu’avec toi nous avions nourries de lassitudes et de silences, sembleront à un cœur fraternel toutes savoureuses de sel grec. »

     

    Jean-Claude Izzo n’aurait eu que  65 ans. Il nous a quitté à l’âge de 55 ans…Dans le guide du polar 2006 " Folio Policier ", offert par votre libraire, avec un hommage à Jean-Claude IZZO, on découvrait  " la consolation de Fabio Montale ", un petit texte inédit de cet auteur regretté et trop vite parti…." Car Jean-Claude Izzo est un météore. Fulgurant, lumineux, insaisissable. La densité de sa lumière est variable selon le moment, selon notre position sur la Terre, selon que nos yeux sont ouverts et notre cœur réceptif. " Cet épitaphe est extrait de " Jean-Claude Izzo, la trajectoire d’un homme", biographie écrite par Nadia Dhoukar. Cette universitaire,  auteur d’une  biographie de Jean-Claude Izzo ( associée à la Trilogie Fabio Montale publiée en juin 2006,  folio de Gallimard, prix de 10€) lors d’une interview sur le blog « Corse noire », avait dit de Fabio Montale…

    « … Il est flic, habite à Marseille, a un passé, des amours et des amitiés malheureuses, et il est confronté à des intrigues on ne peut plus crédibles et sordides. Mais Montale démissionne. Il nous emmène vers l’univers des poètes oubliés, vers les origines mythiques de la cité phocéenne, il nous invite à explorer une musique métissée, il nous convie à renouer avec notre humanité profonde, même dans ce qu’elle suppose de noirceur. En cela, Montale est notre égal, parce qu’il est un homme comme les autres. Et, dans le même temps, il nous dépasse, parce que, en héros de papier, il ose ce que la plupart d’entre nous n’osons pas : se rebeller, demeurer fidèle à des idéaux, à une enfance, à une foi, quitte à en perdre la vie. »

     

    La même Nadia Dhoukar a écrit sur le poète : « "La poésie de Jean-Claude Izzo n’est pas projection de son âme sur le monde mais restitution du monde qui se pose en papillon sur cette âme ou la crible de balles. Ce qui touche dans son écriture, franchement, c’est une plume qui efface les arcanes de la réalité et renoue avec l’humanité pure, démantelant au passage les systèmes édifiés par la raison ou la bêtise des hommes."(Extraits de l’étude sur la poésie de Jean-Claude IZZO par Nadia Doukhar). Il était aussi poète. On peut citer  des  recueils de façon non exhaustive : Poèmes à haute voix, Terres de feu, Etat de veille (les trois aux Editions P.J Oswald) « L’aride des jours » ( Librio ) et Loin de tous rivages ( Editions Ricochet 1997 et Librio 2000). Il a aussi écrit des nouvelles dont certaines ont été regroupées dans un ouvrage «  Vivre fatigue » ( Librio)

     

    Dans la région marseillaise, pour les dix ans de sa disparition, des hommages lui seront rendus dans les milieux du polar et notamment :

    • Aujourd'hui, en soirée,  au restaurant Don Corleone, rue Sainte à Marseille qui affiche complet.
    • Du 2  au 7 février 2010 à Vitrolles, lors de l’événement Polar en lumières, est programmée une soirée hommage à Jean-Claude IZZO, durant laquelle sera présentée une exposition photographique du Marseille des romans de l'auteur de TOTAL KHEOPS.

    Pas donner à tout un chacun d'invoquer l'air de rien, les lieux et les hommes. Pas facile d'écrire les villes, de traduire leur langage intime, sous-terrain.  Les photos de Daniel Mordzinski  (Marseille de Jean-Claude-Izzo, Editions Hoebeke), pour ceux qui les connaissent, illustrent bien les textes de Jean-Claude Izzo : les ruelles du Panier, la Vieille Charité, le port des Goudes,  le phare sainte Marie… Marseille, cette ville qui « aspire à larguer les amarres vers l'autre rive »,  « cette ville nous fonde; elle est notre morale du monde »…  Jean-Claude Izzo inspirait et expirait le souffle au long court de la poésie.Nous voulons  rendre hommage au poète  en reportant des  extraits de son recueil intitulé " L’aride des jours " :

     

    " Je n’ai plus de voix mais je crie. Une poignée de terre
       En main.
       En mon poing,
       Un bourgeon à ouvrir.
       J’ai rêvé la terre rêvant l’homme.
    "

     

    « Géographie

    • Mais à quoi bon dire le lieu ?

      Pas plus que l’âge des chênes

      Nous ne savons le nom des sources »

     

    « J’ai érodé les pierres

      Pour percevoir mon nom

      On ne survit qu’à force de racines.

      Naître en amont de l’eau

      N’être. »

     

    Jean-Claude Izzo disait : « J'ai appris la mer comme ça. C'est comme ça que la littérature s'est mise à avoir un sens. Enfin celle qui est capable de nous raconter qu'il y a des mers dans lesquelles on ne pourra jamais se baigner, des ports où l'on ne pourra pas baiser de filles. Et des pays qui survivront à la connerie humaine». Il est sorti de l’anonymat avec son héros Fabio Montale et la trilogie :  Total Kheops, Chourmo et Solea. Il a décrit la ville de Marseille loin des clichés habituels et son œuvre est aussi « une ode à une méditerranée imaginaire, enfin ouvertes aux criardes sensibilités de ses méridiens culturels, et surtout les rôles moteurs, fédérateurs que peuvent jouer les ports », pour reprendre les termes de Paul Teisseire. Ce journaliste marseillais avait fait un bel article sure Jean-Claude Izzo à l’occasion de la sortie de son roman « Les marins perdus », à peine détourné des ruelles de la série noire et dans lequel Marseille apparaît comme une ville « aux frontières de la vieille Provence, face au grand sud des îles lointaines », une vision que Jean-Claude Izzo partageait certainement avec un autre poète, Louis Brauquier, le préféré de Fabio Montale.

    Pour plus cliquer sur:  le site Jean-Claude Izzo et de son fils Sebastien.

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