• Promenade à travers des extraits de textes pour en arriver à l'hospitalité et la solidarité...

    La Corse a inspiré des auteurs célèbres qui ont écrit sur l’île et ses habitants. Nous avons choisi quelques extraits… et, en dernier lieu , un texte de Pierre Bonardi sur l’hospitalité. De l’hospitalité à la solidarité, Corsicapolar annonce la parution d'un recueil de nouvelles au profit de l’association Hand 20… en juillet 2008.

          

    À partir du XIXe siècle, la Corse s'enfonce dans la misère. L'euphorie de l'industrialisation ne l'a pas effleurée. Alphonse Daudet (1840-1897), comme bien d'autres, constate ce décalage entre l'île et le continent... une île " en pleine misère italienne " selon l’auteur des lettres de mon moulin.
    La côte corse, un soir de novembre. - Nous abordons sous la grande pluie dans un pays complètement désert. Des charbonniers lucquois nous font une place à leur feu ; puis un berger indigène, une espèce de sauvage tout habillé de peau de bouc, nous invite à venir manger la polenta dans sa cabane. Nous entrons, courbés, rapetissés, dans une hutte où l'on ne peut se tenir debout. Au milieu, des brins de bois vert s'allument entre quatre pierres noires. La fumée qui s'échappe de là monte vers le trou percé à la hutte, puis se répand partout, rabattue par la pluie et le vent. Une petite lampe - le caleil provençal - ouvre un œil timide dans cet air étouffé. Une femme, des enfants apparaissent de temps en temps quand la fumée s'éclaircit, et tout au fond un porc grogne. On distingue des débris de naufrage, un banc fait avec des morceaux de navires, une caisse de bois avec des lettres de roulage, une tête de sirène en bois peint arrachée à quelque proue, toute lavée d'eau de mer.
    La polenta est affreuse. Les châtaignes mal écrasées ont un goût moisi ; on dirait qu'elles ont séjourné longtemps sous les arbres, en pleine pluie. Le bruccio (traduire en corse brocciu) national vient après, avec son goût sauvage qui fait rêver de chèvres vagabondes... Nous sommes ici en pleine misère italienne. Pas de maison, l'abri. Le climat est si beau, la vie si facile ! Rien qu'une niche pour les jours de grande pluie. Et alors qu'importe la fumée, la lampe mourante, puisqu'il est convenu que le toit, c'est la prison et qu'on ne vit bien qu'en plein soleil ? >>
      L'île de Corse a, d'une manière assez exacte, la forme d'un poisson qui aurait la queue tournée vers le nord. Une chaîne de hautes montagnes vertes en bas, neigeuses au sommet, la traverse du nord au sud, du Cap corse au détroit de Bonifacio, comme une épine dorsale gigantesque, d'où s'échappent, ainsi que des arêtes, mille petites chaînes, ramifications infinies qui vont, s'abaissant par degrés, baigner leurs derniers coteaux dans deux océans : la mer italienne et la mer espagnole.

    Pour Pierre-Alexis Ponson du Terrail, en  Corse, la notion d'appartenance est d'abord lié au village. Là sont les racines. D'un village à l'autre, d'une vallée à l'autre, d'une région à l'autre, et à plus forte raison d'une ville à l'autre, la différence est ressentie à l'extrême
    Au nord s'allonge une langue de terre couverte de vignobles, d'orangers et d'oliviers : c'est le Cap corse. Au nord-ouest s'étend une succession de riches et vertes plaines bien cultivées, fertiles, semées çà et là de villages blancs et coquets, c'est la Balagne. À l'ouest, une contrée montagneuse expose au soleil méridional ses maquis vert sombre, ses forêts chevelues et vierges, ses villages à maisons crénelées, à physionomie guerrière : ce sont les arrondissements d'Ajaccio et de Sartène, les deux cantons belliqueux de la Corse, la véritable Corse vindicative et sauvage, patriarcale et superstitieuse, religieuse et martiale. Au sud, une plaine de quelques lieues carrées, semée d'étangs malsains, de fiévreux marécages et dominée par un rocher qui supporte une ville et surplombe la mer avec une hardiesse si folle, si téméraire, qu'il semble à chaque instant que roc et ville vont s'abîmer et disparaître sous le flot qui les ronge et les fascine depuis le commencement du monde. Cette ville est Bonifacio. À l'est, entre la chaîne épinière des montagnes et la mer d'Italie, se déroulent et s'allongent des plaines immenses, fertiles comme celles du Brésil, désertes comme elles, incultes malgré leur luxuriante végétation et sillonnées à peine par de rares troupeaux de brebis noires et de pâles et hâves bergers qui tremblent de cette fièvre terrible qui règne en sombre despote sur le littoral du levant depuis Porto-Vecchio jusqu'à Aleria. C'est la côte orientale, la plus belle partie, la plus inexplorée peut-être de toute l'île.
    À l'extrémité de la côte orientale, au milieu d'une plaine non moins fertile, non moins belle, mais plus saine, on trouve la plus importante, la plus riche, la plus commerçante ville de Corse : Bastia. Mais Bastia n'est plus la Corse, Bastia est une ville continentale, italienne, corrompue et molle, luxueuse et active comme le continent ; à Bastia, point de vendetta, point de stylet affilé, de fusil menaçant, mais aussi plus de mœurs sévères, patriarcales, plus de ces costumes pittoresques et traditionnels qu'on retrouve encore à Ajaccio. Le Corse, le vrai Corse montagnard, le Corse de Corte et d'Ajaccio, retrousse dédaigneusement la lèvre en parlant de l'habitant de Bastia
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    Gustave Flaubert a 19 ans quand il entreprend, en 1840, un voyage dans les Pyrénées, le midi et la Corse en compagnie d'un chirurgien, ami de son père, de la sœur de celui-ci et d'un prêtre italien. Il vient d'être reçu bachelier et tout imprégné de culture gréco-latine, il découvre, au rythme de la randonnée, un cadre auquel le rattachent ses goûts, ses lectures.
    Nous longions le bord de la mer que le chemin suit jusqu'à l'ancienne ville de Sagone. Elle était calme, le soleil donnant dessus, éclairait son azur qui paraissait plus limpide encore; ses rayons faisaient tout autour des rochers à fleur comme des couronnes de diamant qui les auraient entourés ; elles brillaient plus vives et plus scintillantes que les étoiles. A Vico on commence à connaître ce que c'est qu'un village de la Corse. Situé sur un monticule, dans une grande vallée, il est dominé de tous les côtés par des montagnes qui l'entourent comme un entonnoir... Il ne faut point juger les mœurs de la Corse avec nos petites idées européennes. Ici un bandit est ordinairement le plus honnête homme du pays et il rencontre dans l'estime et la sympathie populaire tout ce que son exil lui a fait quitter de sécurité sociale...  J'avais éteint mon flambeau. Je me levai et je regardai la campagne, je voyais les chèvres marcher dans les sentiers du maquis et sur les collines ; ça et là les feux de bergers, j'entendais leurs chants...  Nous étions placés sur une des plus hautes montagnes de la Corse et nous voyions à nos côtés toutes les vallées et toutes les montagnes qui s'abaissaient en descendant vers la mer ; les ondulations des coteaux avaient des couleurs diversement nuancées suivant qu'ils étaient couverts de maquis, de châtaigniers, de pins, de chênes-lièges ou de prairies ; en face de nous et dans un horizon de plus de trente lieues, s'étendait la mer Tyrrhénienne comprenant l'île d'Elbe, Sainte-Christine, les îles Caprera, un coin de la Sardaigne.
    On ne saurait dire ce qui se passe en vous à de pareils spectacles ; je suis resté une demi-heure sans remuer, et regardant comme un idiot la grande ligne blanche qui s'étendait à l'horizon. J'aurais presque pleuré quand je me suis enfoncé de nouveau dans la montagne. Non, ce n'est jamais devant l'océan, devant nos mers du Nord, vertes et furieuses, que les dix mille eussent poussé le cri d'immense espoir dont parle Xénophon ; mais c'est bien devant cette mer-là, quand, avec tout son azur, elle surgit au soleil entre les fentes de rochers gris, que le cœur alors prend une immense volée pour courir sur la cime de ces flots si doux, à ces rivages aimés, où les poètes antiques ont placé toutes les beautés, à ces pays suaves où l'écume, un matin, apporta dans une coquille la Vénus endormie. Quand nous avons quitté Bastia, le temps était superbe, la mer calme. La Corse belle me disait un dernier adieu... Me voilà réinstallé dans mon fauteuil vert, auprès de mon feu qui brûle, voilà que je recommence ma vie des ans passés. Qu'ont donc les voyages de si attrayant pour qu'on les regrette à peine finis. Oh ! Je rêverai encore longtemps des forêts de pins où je me promenais il y a trois semaines, et de la Méditerranée qui était si bleue, si limpide, si éclairée de soleil il y a quinze jours ; je sens bien que cet hiver, quand la neige couvrira les toits et que le vent sifflera dans les serrures, je me surprendrai à errer dans les maquis de myrtes, le long du golfe de Liamone, ou à regarder la lune dans la baie d'Ajaccio.

     
    Guy de Maupassant a sillonné la Corse et c’est avec lui que nous avons choisi de débuter en arrivant par la mer.

    Le Bonheur :
    Mais tout à coup quelqu'un, ayant les yeux fixés au loin, s'écria :
     Oh ! Voyez, là-bas, qu'est-ce que c'est ?
    Sur la mer, au fond de l'horizon, surgissait une masse grise, énorme et confuse.
    Quelqu'un dit :
    C'est la Corse ! On l'aperçoit ainsi deux ou trois fois par an dans certaines conditions d'atmosphère exceptionnelles, quand l'air, d'une limpidité parfaite, ne la cache plus par ces brumes de vapeur d'eau qui voilent toujours les lointains.
    Alors, un vieux monsieur, qui n'avait pas encore parlé, prononça :
    - Tenez, j'ai connu dans cette île... j'ai connu un exemple admirable d'un amour constant, d'un amour invraisemblablement heureux.
    Je fis, voilà cinq ans, un voyage en Corse...
    Le conteur se tut... Et là-bas au fond de l'horizon, la Corse s'enfonçait dans la nuit, rentrait lentement dans la mer, effaçait sa grande ombre apparue comme pour raconter elle-même l'histoire des deux humbles amants qu'abritait son rivage.

    Histoire corse :
    Le mordant parfum des plantes aromatiques dont l'île est couverte emplissait l'air, semblait l'alourdir, le rendre palpable ; et la route allait, s'élevant lentement au milieu des grands replis des monts escarpés... Après avoir traversé Piana, je pénétrais soudain dans une fantastique forêt de granit rose, une forêt de pics, de colonnes, de figures surprenantes, rongées par le temps, par la pluie, par les vents, par l'écume salée de la mer. Ces étranges rochers, hauts parfois de cent mètres, minces comme des obélisques, coiffés comme des champignons ou découpés comme des plantes, ou tordus comme des troncs d'arbres, avec des aspects d'êtres, d'hommes prodigieux, d'animaux, de monuments, de fontaines, des attitudes d'humanité pétrifiée, de peuple surnaturel emprisonné dans la pierre par le vouloir séculaire de quelque génie, formaient un immense labyrinthe de formes invraisemblables, rougeâtres ou grises avec des tons bleus. On y distinguait des lions accroupis, des moines debout dans leur robe tombante, des évêques, des diables effrayants, des oiseaux démesurés, des bêtes apocalyptiques, toute la ménagerie fantastique du rêve humain qui nous hante dans nos cauchemars. Peut-être n'est-il par le monde rien de plus étrange que ces "Calanche" de Piana, rien de plus, curieusement ouvragé par le hasard.
     
    Honoré de Balzac a écrit un texte non pas sur la Corse mais sur la venue d’un Corse à Paris :
    Extrait de La Vendetta.
    […/…]L'étranger avait une de ces têtes abondantes en cheveux, larges et graves, qui se sont souvent offertes au pinceau des Carraches. Ces cheveux si noirs étaient mélangés d'une grande quantité de cheveux blancs. Quoique nobles et fiers, ses traits avaient un ton de dureté qui les gâtait. Malgré sa force et sa taille droite, il paraissait avoir plus de soixante ans. Ses vêtements délabrés annonçaient qu'il venait d'un pays étranger. Quoique la figure jadis belle et alors flétrie de la femme trahît une tristesse profonde, quand son mari la regardait, elle s'efforçait de sourire en affectant une contenance calme. La petite fille restait debout, malgré la fatigue dont les marques frappaient son jeune visage hâlé par le soleil. Elle avait une tournure italienne, de grands yeux noirs sous des sourcils bien arqués, une noblesse native, une grâce vraie. Plus d'un passant se sentait ému au seul aspect de ce groupe dont les personnages ne faisaient aucun effort pour cacher un désespoir aussi profond que l'expression en était simple ; mais la source de cette fugitive obligeance qui distingue les Parisiens se tarissait promptement. Aussitôt que l'inconnu se croyait l'objet de l'attention de quelque oisif, il le regardait d'un air si farouche, que le flâneur le plus intrépide hâtait le pas comme s'il eût marché sur un serpent. Après être demeuré longtemps indécis, tout à coup le grand étranger passa la main sur son front, il en chassa, pour ainsi dire, les pensées qui l'avaient sillonné de rides, et prit sans doute un parti désespéré. Après avoir jeté un regard perçant sur sa femme et sur sa fille, il tira de sa veste un long poignard, le tendit à sa compagne, et lui dit en italien : - Je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous. Et il marcha d'un pas lent et assuré vers l'entrée du palais, où il fut naturellement arrêté par un soldat de la garde consulaire avec lequel il ne put longtemps discuter. En s'apercevant de l'obstination de l'inconnu, la sentinelle lui présenta sa baïonnette en manière d’ultimatum. Le hasard voulut que l'on vînt en ce moment relever le soldat de sa faction, et le caporal indiqua fort obligeamment à l'étranger l'endroit où se tenait le commandant du poste.
    - Faites savoir à Bonaparte que Bartholoméo di Piombo voudrait lui parler, dit l'Italien au capitaine de service.
    Cet officier eut beau représenter à Bartholoméo qu'on ne voyait pas le premier consul sans lui avoir préalablement demandé par écrit une audience, l'étranger voulut absolument que le militaire allât prévenir Bonaparte. L'officier objecta les lois de la consigne, et refusa formellement d'obtempérer à l'ordre de ce singulier solliciteur. Bartholoméo fronça le sourcil, jeta sur le commandant un regard terrible, et sembla le rendre responsable des malheurs que ce refus pouvait occasionner ; puis, il garda le silence, se croisa fortement les bras sur la poitrine, et alla se placer sous le portique qui sert de communication entre la cour et le jardin des Tuileries. Les gens qui veulent fortement une chose sont presque toujours bien servis par le hasard. Au moment où Bartholoméo di Piombo s'asseyait sur une des bornes qui sont auprès de l'entrée des Tuileries, il arriva une voiture d'où descendit Lucien Bonaparte, alors ministre de l'intérieur.
    - Ah ! Loucian, il est bien heureux pour moi de te rencontrer, s'écria l'étranger.
    Ces mots, prononcés en patois corse, arrêtèrent Lucien au moment où il s'élançait sous la voûte, il regarda son compatriote et le reconnut. Au premier mot que Bartholoméo lui dit à l'oreille, il emmena le Corse avec lui chez Bonaparte.
    […/…]
     
    Prosper Mérimée a donné une image romanesque de la Corse, souvent inspirée plus par ses lectures et son imagination que par la réalité.

    Extrait de Matteo Falcone
    En sortant de Porto-Vecchio et se dirigeant au nord-ouest, vers l'intérieur de l'île, on voit le terrain s'élever assez rapidement, et après trois heures de marche par des sentiers tortueux, obstrués par de gros quartiers de rocs, et quelquefois coupés par des ravins, on se trouve sur le bord d'un maquis très étendu. Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s'est brouillé avec la justice. Il faut savoir que le laboureur corse, pour s'épargner la peine de fumer son champ, met le feu à une certaine étendue de bois : tant pis si la flamme se répand plus loin que besoin n'est ; arrive que pourra; on est sûr d'avoir une bonne récolte en semant sur cette terre fertilisée par les cendres des arbres qu'elle portait. Les épis enlevés, car on laisse la paille, qui donnerait de la peine à recueillir, les racines qui sont restées en terre sans se consumer poussent au printemps suivant des cépées épaisses qui, en peu d'années, parviennent à une hauteur de sept ou huit pieds. C'est cette manière de taillis fourré que l'on nomme maquis. Différentes espèces d'arbres et d'arbrisseaux le composent, mêlés et confondus comme il plaît à Dieu. Ce n'est que la hache à la main que l'homme s'y ouvrirait un passage, et l'on voit des maquis si épais et si touffus que les mouflons eux-mêmes ne peuvent y pénétrer.
     
    Extrait de Colomba :
    Après trois jours de navigation, on se trouva devant les Sanguinaires, et le magnifique panorama du golfe d'Ajaccio se développa aux yeux de nos voyageurs. C'est avec raison qu'on le compare à la baie de Naples ; et au moment où la goélette entrait dans le port, un maquis en feu, couvrant de fumée la Punta di Girato, rappelait le Vésuve et ajoutait à la ressemblance. (...) On ne voit, autour du golfe d'Ajaccio, que de sombres maquis, et derrière, des montagnes pelées. Pas une villa, pas une habitation. Seulement çà et là, sur les hauteurs autour de la ville, quelques constructions blanches se détachent isolées sur un fond de verdure; ce sont des chapelles funéraires, des tombeaux de famille. Tout, dans ce paysage est d'une beauté grave et triste.
    Avec Alexandre Dumas, nous abordons le sujet de l’hospitalité.
    Extrait des Frères corses
    J'avais visité Corte et Ajaccio, et je parcourais pour le moment la province de Sartène. Ce jour - là, j'allais de Sartène à Sollacaro. L’étape était courte : une dizaine de lieues peut-être, à cause des détours, et d'un contrefort de la chaîne principale qui forme l'épine dorsale de l'île, et qu'il s'agissait de traverser : aussi avais-je pris un guide, de peur de m'égarer dans le maquis. Vers les cinq heures, nous arrivâmes au sommet de la colline qui domine à la fois Olmeto et Sollacaro. Là, nous nous arrêtâmes un instant.
    - Où votre seigneurie désire-t-elle loger ? demande le guide.
    Je jetai les yeux sur le village, dans les rues duquel mon regard pouvait plonger et qui semblait presque désert : quelques femmes seulement apparaissaient rares dans les rues, encore marchaient-elles d'un pas rapide et en regardant autour d'elles. Comme en vertu des règles d'hospitalité établies, j'avais le choix entre les cent ou cent vingt maisons qui composent le village, je cherchai des yeux l'habitation qui semblait m'offrir le plus de chance d'être confortable, et je m'arrêtai à une maison carrée, bâtie en matière de forteresse, avec mâchicoulis en avant des fenêtres et au-dessus de la porte.

    Charles de la Morandière, historien, fut, au début du siècle, un explorateur du Niolu qui présente, selon lui, " l'ensemble le plus complet de la Corse physique et morale >>. En 1933 il lui a consacré un ouvrage empreint d'une grande chaleur...
       Je suis à l'entrée du village, remontant doucement la route qui forme la grande rue de Calacuccia. Sous les platanes, des hommes marchent lentement, qui s'interrompent de parler politique pour me reconnaître et me saluer en souriant. Des mulets vont devant moi de leur pas étroit, faisant sonner leurs clochettes, avec sur le dos des sacs de farine de châtaigne que maintiennent les grosses cordes en poils de chèvre ; des poules picorent dans les ruisseaux, effarouchées brusquement par l'arrivée d'une truie sombre à l'air hargneux ; sur le pas des portes, des femmes tout en noir, accroupies sur leurs talons, tricotent en surveillant des marmots ; des hommes habillés de velours devisent, adossés au mur de la poste, en fumant l'herbe corse dont l'odeur âcre parvient jusqu'à moi ; des brebis descendent avec des bêlements en soulevant un nuage de poussière, précédées d'un jeune berger qui, un gros parapluie en bandoulière, règle la marche du troupeau et porte dans ses bras les derniers-nés des agneaux.



    Enfin, plus proche de nous, Pierre Bonardi  est un écrivain disparu. Il a écrit des récits de voyage, des enquêtes, des essais, des livres d'histoire et des romans. Il nous parle des relations sociales et de l'hospitalité corse, dans cet extrait tiré de son livre "L’Ile tragique" paru en 1937.
    L'étranger sera toujours chez lui, sur le pied du maître, dans la vieille maison corse, à la seule condition qu'il se montre courtois et réservé. L'étranger et même l'ennemi s'il a été forcé d'y chercher un refuge. Les annales sont pleines de traits de ce genre. Le bandit poursuivi par les gendarmes frappe à la porte de la demeure qu'il a vidée, par le plomb, de ses plus fiers habitants. Il est reçu, protégé, caché. La vendetta ne reprend qu'après qu'il a franchi le seuil et gagné le large. L'hôte est sacré. L'hospitalité corse a été chantée même par les pires contempteurs de l’Ile et de sa race. Ces contempteurs-là auraient découvert d'autres vertus à la Corse et aux Corses s'ils avaient su se servir de ces deux clefs d'or : la discrétion et la courtoisie. Les castes, ici, ont toujours été livrées, voire fondues par le danger et la misère. "Les anciens Seigneurs de la Corse étaient bien loin de posséder l'autorité oppressive des anciens barons de la Féodalité, nota M. Valery, bibliothécaire de Charles X, c'étaient des chefs de clan qui commandaient à des égaux et non à des cerfs".
    Prosper Mérimée a fait la même observation. "Les propriétaires vivent sur leurs terres, au milieu de leurs fermiers et de leurs bergers qu'ils traitent avec beaucoup plus de politesse qu'on ne le fait en France". Le sieur Bellin, ingénieur très distingué de la Marine et collaborateur de l'abbé Prévost, non pour Manon mais pour les Voyages, a sondé les côtes et battu les sentiers de l’Ile en homme honnête et consciencieux. Il a aussi étudié les mœurs et sans indulgence, c'était vers le milieu du XVIIIe siècle, il nota : "Les Corses... exigent des politesses des étrangers et ne tiennent pas au-dessous d'eux de garder leurs bestiaux et de faire d'autres fonctions des plus vils paysans...".
    En somme, une seule aristocratie compte qui tient ni aux parchemins (déchirés ou brûlés), ni aux diplômes, ni aux marques extérieures d'une brillante situation mais à la personnalité elle-même. Or le terroir ne produit pas d'individus neutres, de sorte que tous sont des aristocrates et prétendent à la déférence ou plutôt à la gentillesse de chacun. Je dis bien tous. Quiconque témoigne quelque bonne grâce au chef ou à la patronne n'est pas pour autant dispensé de se montrer agréable à la servante ou à l'employé. Le conducteur de voiture attend le même statut que le directeur des Messageries et la servante de l'auberge veut être traitée comme une demoiselle de famille noble. Et ils y ont droit ou, si l'on préfère, ils acquittent en bonne conscience ce droit par un dévouement sans bornes envers l'inconnu qui n'a joué ni les arrogants ni les fâcheux. Avec la courtoisie, la discrétion est de rigueur. Ne jamais se mêler des affaires d'autrui, telle est la règle que justifie le corollaire : personne n'est prié de prendre parti dans les conflits où son sang, son honneur, ses intérêts ne sont pas engagés.
    On voit comme c'est simple. L'hôte ne connaît que des visages accueillants. Il lui suffit de sourire et de parler de la pluie et du beau temps. Pour ceux qui ont la langue trop vive et une haute idée de leur valeur, qu'ils s'en aillent. Ainsi Ziù Santu est toujours prêt à offrir sa maison, sa table et le vin de sa vigne et le pain de ses épis et les viandes de ses bêtes et, de surcroît, son travail et l'activité de ses familiers. Il ne demandera rien en échange que votre satisfaction. Si après cela vous allez lui dire que la Corse est un réservoir de vauriens, que la vertu de ses nièces est douteuse, voire... que certains de ses neveux ne mènent peut-être pas une existence bien régulière... il vous mettra à la porte sans façon et signalera votre inconduite à tous ses amis, à ses partisans et même aux adversaires, s'ils maintiennent chez eux la tradition.
    Pour ce qui est de l'hospitalité, ce n'est plus une anecdote mais un comprimé d'anecdotes qui me servira à éclairer un coin de ces caractères si complexes. Si vous trouvez chez Ziù Santu quelque objet dont vous vantez la beauté, cet objet vous sera aussitôt offert. C'est très arabe ; c'est très espagnol. Si au lieu d'exprimer votre admiration vous vous portez acheteur, on vous demandera vingt fois la valeur de l'objet. Le visiteur ne saurait se transformer en trafiquant sans trouver aussitôt devant lui un trafiquant bien plus âpre. C'est ligure.
    N'offrez point d'argent pour une hospitalité si large. Un billet de remerciements sera mieux apprécié. Mais si la reconnaissance est un fardeau trop lourd et que vous exigiez une note pour vous en décharger, attendez-vous à la trouver salée. Quoi qu'il en soit, nous possédons désormais les clefs d'or de l’Ile de Beauté. Ni les chèques, ni les galons, ni les broderies, ni les titres ne sauraient les remplacer... au moins tant que Ziù Santu vivra et ceux qui pensent comme lui.

    Il existe de nombreux textes sur la Corse. Des nouvelles font l’objet d’une petite anthologie réalisée par Roger Martin et publiée par Librio sous le titre de " Corse noire " où l’on retrouve des auteurs comme Prosper Mérimée, Gustave Flaubert, Alphonse Daudet… mais aussi Pierre Bonardi et un écrivain corse contemporain actuel Jacques Mondoloni.

    Pierre Bonardi, originaire de Sari d’Orcinu, est né le 18 septembre 1887 à Ajaccio et décédé le 25 février 1964 à Paris. Il a passé ses douze premières années d’enfance en Corse avant d’émigrer sur le Continent. D’abord fonctionnaire colonial de 1911 à 1914, il devient ensuite journaliste et écrivain. Il collabore aux journaux A Muvra, Le Journal, Le Petit Journal, L'Intransigeant, Paris-Soir, Les Annales politiques et littéraires, L'Annu Corsu, U Muntese... Il a été Vice-président de la société des gens de Lettres, secrétaire de l’Association des écrivains coloniaux et membre de l’association de la critique littéraire. Membre du Partitu Corsu d'Azzione de Petru Rocca en 1922, il le quitte en 1926. A travers l’histoire et le roman, la Corse n’est jamais loin dans ses écrits. Il y reviendra très fréquemment tout au long de sa vie et consacrera une grande partie de son œuvre à l’île où il côtoya le "  Gouverneur de la Cirnaca ", surnom de bandit Nonce Romanetti. Auteur de  "Le Visage de la Brousse, en 1920, La Mer et le Maquis, en 1926, Les Rois du Maquis, Romanetti et Spada, en 1926, L'Imbroglio Syrien et Le Retour à Jérusalem en 1927, Napoléon Bonaparte, enfant d'Ajaccio, en 1935, L'Ile tragique, en 1937 (réédité en 2000 ), Accusé Napoléon, levez-vous ! "et La République du Niger, Naissance d'un Etat, en 1961. En 1955, à Paris, il fonde, avec Petru Rocca et d'autres, Parlemu Corsu, une Académie régionaliste et littéraire pour la défense du dialecte et des traditions corses, dont il était le président. Cette association a créé un prix littéraire à son nom.
        L'Ile Tragique - Auteur : Bonardi, Pierre - Editeur : Dcl - Genre : Litterature Francaise Romans Nouvelles Correspondance - Date de parution : 11/08/2000 -ISBN : 2911797280 - EAN13 : 9782911797286
       Les rois du maquis - Auteur : Bonardi Pierre - Editeur : André Delpeuch - Genre : Littérature ; Voyage ; Littérature - Date de parution :1926 - Référence :     17505-932

       




    Jacques Mondoloni est l’auteur de nombreux romans dont Le jeu du petit Poucet (Série noire), Corsica Blues (Atalante) et Le Marchand de torture. Ce roman noir vient d'être réédité par les Editions Mélis. Papa 1er, recueil de nouvelles SF également réédité en 2007, avait valu à Jacques Mondoloni en 1983 le Grand Prix de la Science fiction française.



    Avec lui, passons de la Corse littéraire à la Corse hospitalière et solidaire. Et comme l’hospitalité fait partie de la tradition corse, elle impose aussi le devoir de rendre la Corse hospitalière pour les handicapés en leur donnant les moyens de jouir de toutes leurs libertés.

    Aussi, Jacques Mondoloni s’est engagé à fournir une nouvelle dans le cadre d’un recueil qui sera édité sur l’initiative des associations Hand 20 (défense et aide aux handicapés) et Corsicapolar (auteurs de polars corses et ami(e)s de la Corse). Ce recueil devrait paraître début juillet 2008 à l’occasion de la 2ème édition du festival du polar corse et méditerranéen qui se déroulera à Ajaccio.

      

    Jacques Mondoloni et les autres auteurs de Corsicapolar seront présents. A l’hospitalité offerte à des auteurs méditerranéens, ils ont voulu ajouter celle due aux handicapés.

    Tous les renseignements sont en ligne sur le site:
    http://www.corsicapolar.eu

    Mais aussi sur le site de l’association mis en ligne par son Président très actif, Fabrice Albertini :
    http://www.handi20.new.fr



     
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  • U babbu di Natale ( traduction le Père Noël) -



    Le père Noël serait un descendant de Saint Nicolas ou Saint Nicolas lui-même. La dépouille du saint des enfants a été volée au VIème siècle par des marchands italiens puis rapportée à Bari en Italie. Depuis, l’âme de Saint Nicolas prodigue ses bienfaits miraculeux jusqu’en Corse. Son nom était Nicolas de Myre et une erreur d’écriture pourrait être à l’origine de l’absence du " t " de la myrte très répandue en Corse. Saint Nicolas serait né vers 270 dans la ville de Patara au sud ouest de l’actuelle Turquie prés d’Antalya. Le scribe ayant enregistré le nom de la ville a été soigné pour dyslexie et légère surdité. Patara serait une déformation de Santa Reparata dans la région de Balagne en Corse. Antalya est la déformation de " anticaglia " signifiant bric-à-brac et décrivant le lieu de naissance qui explique la vocation de celui qui sera le Père Noël distribuant les cadeaux .

    Le père Noël, si l’on croit les historiens chargés de sa biographie, est la réapparition de Saint Nicolas aux Etats Unis qui en ont fait un produit de marketing en le déguisant en lutin nordique. Il faut le révéler aujourd’hui, Saint Nicolas aurait donc cédé au rêve américain et signé un contrat commercial sous un nom d’artiste.







    Le 16 décembre 2007, le commissaire bien bâti Jean-Baptiste Agostini, appelé Batti par les dames, et le commissaire Mathieu Difrade surnommé le Flicorse par ses collègues, ont rencontré la fille du père Noël au magasin Cultura, lieu-dit La Valentine près de Marseille. Ce fut une révélation : la jeune fille se prénomme Laetizia et reconnaît volontiers son identité corse. Le père Noël serait donc d’origine corse et une enquête s’imposait.

    D’abord, force est de constater que San Niculau ( traduisez Saint Nicolas) est un saint très populaire en Corse où l’on dénombre de nombreuses paroisses et sanctuaires dont il est le patron. Il y en aurait pas moins de 33… 3 est le chiffre des enfants qu’il a sauvés. Saint Nicolas a réalisé plusieurs miracles, comme celui d'avoir ressuscité trois enfants. Une chanson populaire raconte l'histoire de trois petits enfants partis glaner dans les champs... A la nuit tombée, perdus, il frappent à la porte d'un boucher. A peine entrés, il les tue, les découpe et les met au saloir... Sept ans plus tard, saint Nicolas passant par là, leur redonne la vie... Saint Nicolas devient alors le protecteur des enfants. C'est le saint patron des jeunes hommes non mariés. Saint Nicolas est aux garçons ce que Saint Catherine est aux jeunes filles. C'est aussi le patron des navigateurs : il a contribué à sauver des équipages de la tempête. La Corse est une île de navigateurs. La plus grande place de Bastia est la place Saint Nicolas.

    De source sûre, Saint Nicolas voyageait sur un âne. Et si cet âne était Manfarinu ? … L’âne corse de Noël dont l’histoire est racontée dans un ouvrage d’Angèle Paoli aux Edtions Fior di Carta et que vous pouvez retrouver sur le site Terres de femmes à l’adresse ci-dessous :

    http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/12/manfarinu_lne_d.html



    Il s’agit d’un conte corse de l’Avent. L'Avent est la période liturgique qui englobe les quatre dimanches qui précèdent Noël. Traditionnellement, les chrétiens allument une bougie le premier dimanche, puis une de plus chaque dimanche suivant, symboles de la lumière qui va renaître le soir de Noël. De cette période est née la tradition du calendrier de l'Avent : cela consiste, dans une grande planche en carton prédécoupée, à ouvrir des petites fenêtres, une par jour depuis le 1er décembre jusqu'à Noël (24 jours). Chaque fenêtre contient une phrase de l'Évangile (version chrétienne), ou une petite confiserie (version païenne).
    Extrait : " Bien des années plus tard, le soir de la veillée de Noël, au coin du fucone, la zia raconte à ses petits-fils l’histoire de Manfarinu et de sa descendance. Elle raconte à ses petits-fils l’histoire de ce pelage gris des ânes corses marqués une fois pour toutes, une nuit de Noël, par une croix noire et soyeuse tombée du ciel et des étoiles. Il était une fois, dans une île de Méditerranée, un âne gris. Un âne gris qui avait porté Saveria. Saveria et l’enfant gîtant dans son sein. L’âne de Santu et de Saveria. Manfarinu. L’âne de Noël. "


    Revenons au Père Noël ! Des indices laissent donc penser que le visiteur de la première heure du 25 décembre pourrait être d’origine corse. Sa fille se prénomme donc Laetizia et ne fait pas mystère de ses origines insulaires. Nous savons qu’en Italie, on cite le passage de la Befana en lieu et place du père Noël. L’hypothèse d’une procréation, malgré le grand âge de ce patriarche, n’est donc pas à exclure. La proximité de la Corse avec l’Italie et l’omniprésence de Saint Nicolas en Corse sont des points qui soulèvent l’interrogation. Le père Noël aurait-il eu une liaison amoureuse avec La Befana à l’époque où la Corse était dirigée par l’Office St Georges ? Tout est possible un soir de Noël. L’affaire mérite des vérifications scientifiques. Dèjà, une comparaison d’ADN entre les rennes du Père Noël et les chèvres corses est en cours au laboratoire scientifiques de police natale. Une analyse déjà réalisée sur le bois du traîneau a révélé qu’il s’agissait de châtaignier corse…

    Un appel est fait à tous les foyers ! Tous les cadeaux apportés par le Père Noël ne doivent pas être manipulés mais remis à la Police et à la gendarmerie pour procéder à des relevés biologiques. Il s’agit de déterminer le profil génétique du père Noël et son groupe sanguin. Tout laisse à penser qu’il ne serait pas surprenant d’y trouver le chromosome Corse et le groupe sanguin 2A ou 2B. La découverte serait alors historique car elle mettrait en évidence la supercherie de la maison Coca Cola qui en 1931 a caricaturé le père Noël dans la tenue que, depuis lors, des usurpateurs arborent devant les magasins. Lorsque l’on sait que le Coca-Cola a été créé à partir d’une boisson corse , le vin Mariani, le faisceau de présomptions se resserre. Les Ricains de Coca Cola auraient spolié la Corse en rebaptisant le vin Mariani " Coca-cola " et Saint Nicolas " Père Noël ". Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si dans Coca Cola il y a le cola de Nicolas. En outre en Corse, le patronyme Natali est répandu et signifie Noël… Les mots disent les choses et leur rencontre n’est pas le fruit du hasard. On ne peut aussi ignorer que c’est le chanteur mythique corse Tino Rossi qui chante ad vitam aeternam l’incontournable chanson " La belle nuit de Noël ". Enfin, on prétend que le Père Noël résiderait à Rovaniemi ( ou Rovanemi) en Finlande. L’information est une déformation de Rovani sachant que le domaine de Rovani, est sur la commune de Coggia (près de Vico). Des investigations ont été menées sur place où l’omerta a été respectée par tous puisque nous n’avons obtenu aucune réponse aux questions que nous n’avons pas posées.

    On peut toutefois estimer plus plausible la naissance de Saint Nicolas en Corse où l’on retrouve le Père Noël alors que la légende le fait naître en Turquie et le domicilie sous le pseudonyme de Père Noël en Finlande.
    Une enquête à rebondissements qui, faut-il encore le démontrer, fait de la Corse une île mystérieuse et méconnue. Cela explique que les mythes peuvent y devenir des réalités pour ceux qui n’aspirent qu’à les croire….



    Avant la guerre 1914 - 1918, les enfants corses allaient se coucher sans avoir rangé leurs chaussures en prévision de sa visite nocturne. Ni leurs parents ni la maîtresse d’école ne leur parlait du Père Noël. Cette coutume est venue du Continent dans les années 1920, pour s’ancrer dans les années 1930 dans une Corse agro-pastorale avec ses croyances cosmiques. Vers 1930, le père Noël est apparu en Corse après les Etats-Unis, dans les pays anglo-saxons et le Continent.

    En Corse, le jour de Noël est lié à des croyances agro-pastorales plus anciennes. C’est le seul jour où l’on ne tient pas compte de la lune pour semer, planter, couper ou tailler. On peut évoquer quelques dictons  : "Prima di Natale ni freddu, nè fame " ( Avant Noël ni froid, ni faim), " Da Natale in dà, freddu ( ou fretu è fame) in quantità ( Au delà de Noël, froid (et faim) en quantité ), " Un c’è Natale senza gercale " ( Il n’y a pas de Noël sans grecale, qui est un vent froid sec et vif)… Et puis il y a une coutume qui malheureusement se perd : u piattu di u puverattu ( L’assiette du pauvre ). Le jour de Noël, on met une assiette de plus au cas où un pauvre hère frappe à la porte.

    Autrefois - et encore de nos jours dans quelques villages - dès le matin du 24 décembre, les enfants se mettaient à prépare le "Rocchiu". Jean-Claude Rogliano dans Mal'Conccilio décrit le Rocchiu : "  Selon la tradition, ce bûcher de la nuit de Noël doit être dressé avec du bois provenant uniquement des jardins ou de champs. Aussi, tous les enclos recevaient-ils la visite de bandes de gamins en quête de souches, de piquets, d'échalas ou de débris de clôtures. Ils les réunissaient en d'énormes fagots qu'ils charriaient à la traîne dans les ruelles, jusqu'à la place de l'église, avertissant les gens de leur passage en criant : "Au Rocchiu !". Et tout le villaage, en chœur, reprenait le même cri. "

    Avez-vous déjà entendu parler des signadore ou signadora ? Ces personnes pourchassent les esprits malfaisants et guérissent parfois les hommes et les bêtes en égrénant leur prière magique. "L’incantesimu" est une séance de purification de l'âme. Un rite qui doit être précédé, pour celui ou celle qui veut le pratiquer, d'une incantation apprise exclusivement la nuit de Noël. Si on transmet cette incantation en dehors de Noël, le pouvoir est perdu. Ce sont les grands-parents qui apprennent ces prières à leurs petits-enfants.

    Le repas de Noël : dans la tradition le repas de Noël, comme celui de Pâques, comprend du cabri ou de l'agneau, rôti ou en sauce (ou les deux), que l'on mange avec des lasagnes ou de la pulenta. Les lasagnes se retrouvent également au menu de l'Epiphanie et du Carnaval. Avec les œufs de mulet, cuits au soleil, la Corse a son caviar, mais prisuttu et coppa forment également une ouverture idéale pour un repas de fête. Une brouillade d'œufs aux oursins à l'huile d'olive, puis du cabri au four ou a l'istrettu par la réduction d'une sauce au vin rouge sont un repas de Noël traditionnel.



    Si vous voulez un peu mieux connaître les Noëls corses, il existe des ouvrages et notamment un ouvrage collectif de l’Association A Mimoria, sous la direction de Lucette Poncin  :" Natali corsi, Noëls de Corse, traditions et saveurs " aux Editions Edisud.
    Rédigé à partir de témoignages sur le temps de Noël dans la première moitié du XXe siècle, et en faisant appel à des experts en musique, gastronomie, photographie, littérature corse.... cet ouvrage restitue les moments de ce cycle religieux qui revêt des tonalités différentes selon les micro-régions et selon la persistance d’usages anciens. Pour donner envie de réinventer la Fête Natale dans son essence, son raffinement. Grâce à de nombreux correspondants et à de nombreuses complicités, l’auteur a plongé dans la mémoire des Noëls au début du siècle jusqu’aux années 1960. Traditions et saveurs oubliées ou en voie de l’être, qui renvoient à des croyances millénaires, à une religion populaire, à une cuisine ingénieuse du terroir.

    Cet article était un prétexte pour souhaiter à tous un Joyeux Noël et un heureux bout d’An…

    Bon Natale et bon capu d’Annu !





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  • au Théâtre Toursky!



    Vendredi 14 décembre 2007, sans Armand Gatti ( présent à la soirée de l’Odyssée pour la paix ) mais toujours comme chaque année avec le CIRA, Richard Martin a programmé la Nuit de l’Anarchie devenue une nuit marseillaise au Théâtre Toursky. Et c’est donc tout naturellement que la première partie s’ouvrait avec les Anarseillais, Daniel Andersen, Jean-Claude Landoni, Claude Parès et Bruno Vie.

    Le blues Anarseillais est un répertoire de compositions originales, en français, des musiciens qui jouent la couleur des sons dans un style acousticorock, électricoballades, des blues, des guitares, des voix, des moments tranquilles, d’autres qui boulèguent... et, au bout de la nuit des vieilles reprises d’Elmore James, de Robert Johnson, de Léo Ferré ou de Georges Brassens.



    Présentation du groupe Anarseillais sur Myspace:

    "Blues Anarseillais !! L’histoire, c’est celle de musiques et de musiciens qui se rencontrent à Marseille. Daniel Andersen, auteur compositeur, chante dans des cabarets, des bars de nuits. En 1989, il rencontre Claude Parès qui joue la couleur des sons et fait vibrer sa basse. A force de traîner sa Les Paul et de dégainer ses harmonicas pour un mi ou pour un sol (bémol), Jean-Claude Landoni se plaît en si Blues Compagnie. C’est le nom que se donne le trio autour duquel se succéderont, durant une quinzaine d’années de nombreux musiciens : Al Faroux puis Noël (Gros son) Busano à la batterie, Noémie, Annie, Laure, Caroline, Valérie et Claire comme choristes, Philippe aux claviers, Faraji aux percus… En 1998, nous fabriquons, avec nos petites mains et celles de quelques collègues, un CD de 9 titres enregistré en public à la "Machine à Coudre"… Merci à Steve Henry Peter et Noël Busano qui ont joué, merci à Jean-Marc Tigani qui a pris le son et l’a mixé, à Philippe Caussignac qui a rajouté son piano, à Nadia, Martine, Mélanie, David qui ont rajouté leurs chœurs, à Philippe et Béatrice de la Machine à Coudre qui nous ont accueillis, à Niels qui a fait la pochette, à Alain qui l’a scanné, à Annick, Léo, Corinne, Michel, Fred, Isablle… En 2004, c’est Bruno Vie qui pose sa grosse caisse, sa bonne humeur et ses expériences. Nous optons alors pour un nouveau nom qui se réfère en même temps au style musical qui nous réunit et aux contenus des textes que nous écrivons : Le Blues Anarseillais. Le Blues Anarseillais, aujourd’hui, c’est un répertoire de compositions originales, en français, dans une style acousticorock, électricoballades, des blues, des guitares, des voix… C’est, pour une ou deux heures, des moments tranquilles et d’autres qui boulèguent… et au bout de la nuit, si le cœur vous en dit, des vieilles reprises d’Elmore James, de Robert Johnson, de Léo Ferré ou de Georges Brassens. En marge des circuits, c’est des petites salles (Machine à coudre, Vilain Petit Canard, Dan Racing), parfois des plus grandes (La Fiesta des Suds, La Nuit de l’Anarchie, La Fête de La Marseillaise, celle de LO)."

    Au Toursky, sous une guirlande et des projecteurs, le groupe prenait plaisir à chanter et l’auditoire à les écouter. Entr’eux, la complicité était évidente. Claude, le compositeur bassiste, s’irradie lorsqu’il renvoie la deuxième voix à Daniel dont la guitare est en harmonie avec celle de Jean-Claude, tous complices de la rythmique de Bruno à la batterie. Daniel Andersen dont la voix vient du blues avec des intonations voisines de celles d’Eddy Mitchell, donne du timbre dans la révolte, la colère ou le désarroi comme dans " l’utopie " ou "Kromozomes 21 ", puis s’adoucit pour le bonheur des simples choses de la vie quotidienne des femmes qui surveillent leurs minots dans "les rues du panier "… Le groupe offre des émotions au public qui t’écoute. A Marseille, les Anarseillais ont chauffé la salle … et, à la fin de leur concert, les spectateurs bissaient comme on sait le faire au Toursky, c’est-à-dire avec une chaleur irrésistible pour les artistes et en reprenant le refrain :

    Hey, no pasaràn, le mauvais sang, l'indifférence.
    Hey, no pasaràn, les idées noires, l'intolérance.
    No pasaràn!

    Vous pouvez aller écouter leurs chanson sur leur site à l’adresse ci-dessous :
    http://bluesanarseillais.free.fr/index.php?Chansons



    Ensuite, après un entracte qui faisait redescendre la température, le rideau s’ouvrait sur une scène désertée. En retrait sur la gauche, une pianiste prenait place, Gilbert Laffaille venait paisiblement présenter ses trente ans de chansons dans le seul théâtre marseillais qui l’avait déjà accueilli auparavant. Il occupait en douceur tout l’espace laissé libre et… Oh, bonheur ! Le temps s’est arrêté. L’artiste a émerveillé le public par ses chansons douces ou grinçantes, graves ou drôles, sur des airs bossa, jazzy ou folk. Pour certains, cela faisait trente ans qu’ils ne connaissaient pas Gilbert Laffaille alors qu’en quelques minutes, il les avaient conquis. Au passage, j’ai noté les paroles d’un spectateur qui expliquait ce phénomène jacobin. Des chanteurs de qualité ont fait ou font des carrières parisiennes et internationales mais, faute de relais dans les médias, ne peuvent atteindre le grand public… et de citer des noms comme François Béranger, Jean Vasca dans les années 70-80… ou, de nos jours, Jean-Louis Murat, Juliette… et, à Marseille, Jacques Mandrea, un fidèle parmi les fidèles de Richard Martin.

    Gilbert Laffaille a fait ses débuts dans la chanson (Les beaux débuts) au milieu des années 70, influencé par le folk-song anglo-saxon (Bob Dylan, Donovan) et se produit au Centre américain Bld Raspail à Paris.

    En 1977, il enregistre son premier album Le Président et l’éléphant qui remporte un franc succès : on l’entend sur les ondes, on le voit à la télévision, même si la chanson sur les safaris africains du président Giscard ne plaît pas à tout le monde…
    En 1979, il se produit au Théâtre de la Ville, au moment où sort l’album Nettoyage de Printemps (Prix de l’Académie du Disque). Suivra une série de concerts en France, Suisse et Belgique en compagnie de Gilles VIGNEAULT.

    En 1980 sortie du troisième album Kaléidoscope qui contient les classiques de Gilbert LAFFAILLE : Trucs et ficelles, Neuilly blues, Deux minutes fugitives, La Foire du Trône… Sur cet album, l’artiste est accompagné par de fabuleux musiciens : Christian ESCOUDE, Maurice VANDER, Pierre MICHELOT, Don BURKE, Jean-Jacques MILTEAU, Joss BASELLI, André CECCARELLI, Stéphane GRAPELLI , le tout sur des arrangements superbes signés Christian CHEVALLIER.
    Après un deuxième passage au Théâtre de la Ville, sort un album public Live in Chatou (1981) où l’on découvre une autre facette des talents du chanteur, celle du comédien déjanté avec notamment un sketch hilarant, mi-parlé, mi-chanté, dénommé " skontch " par l’auteur !

    Après un drame personnel qui l’éloigne de la scène, il revient en 1984 avec un spectacle solo au titre explicite : " Je vais mieux ! ", créé au Printemps de Bourges… un 1er avril ! Suivront l’album Folie douce aux accents californiens, très Steely Dan, un nouveau Théâtre de la Ville, ainsi que l’album L’Année du Rat.
    Gilbert LAFFAILLE s’est produit au Festival d’Avignon, au Printemps de Bourges et au Festival Performances d’Acteurs à Cannes.
    En 1989, Gilbert Laffaille sort un album très électrique, Travelling, arrangé par Jean-Marc Benaïs. Il fait des tournées à l’étranger (Etats-Unis, Japon, Pays de l’Est, Madagascar, Maghreb, Europe…)
    En 1994 que sort son disque considéré comme celui de la maturité, Ici, (Prix de l’Académie Charles Cros). Les arrangements sont signés Richard GALLIANO et Michel HAUMONT.

    Pour ses 20 ans de chansons fêtés au Théâtre Silvia Monfort puis à l’Olympia., l’éditeur Christian PIROT publie le premier recueil de textes de Gilbert La Ballade des Pendules, préfacé par Claude DUNETON.
    En 1996, paraît le CD Tout m’étonne , réenregistrement de chansons anciennes, assorti de trois inédits (Dents d’ivoire et peau d’ébène, Le Triangle des Bermudes, La Ballade de Jim Douglas). La chanson Dents d’ivoire et peau d’ébène, ouvertement anti-raciste, fera l’objet d’un vidéo-clip, récompensé comme un des dix meilleurs clips de l’année. Curieusement ce clip, diffusé dans les salles de cinéma, ne sera jamais montré sur les chaînes nationales de la télévision française… Gilbert chante au Bataclan.
    Mai 1999 : sortie du 10ème album de grande qualité, La tête ailleurs, de très belles mélodies sur des textes qui touchent profondément. Des chansons merveilleusement habillées par ses fidèles amis musiciens Michel HAUMONT , Jack ADA (guitares), Gilles MICHEL (basse). Un album ciselé de main d’orfèvre par un Gilbert LAFFAILLE très inspiré. Honteusement boudé par les médias, Gilbert continue son bonhomme de chemin à la rencontre d’un public toujours aussi émerveillé par ses chansons douces ou grinçantes, graves ou drôles sur des airs bossa, jazzy ou folk… entrecoupés de sketches hilarants où il campe des personnages hauts en couleurs issus à la fois de notre quotidien et de son imagination débordante.
    En 2003 Gilbert LAFFAILLE se produit au Théâtre de Dix Heures pour trente représentations : cette rentrée parisienne est accompagnée de la sortie d’un second recueil de textes La tête ailleurs, préface de Philippe DELERM chez Christian PIROT, d’un DVD, d’un album studio et d’un album live en piano-voix avec Léo NISSIM. La presse unanime le couvre d’éloges… la radio et la télévision l’ignorent.
    En juin 2005 Josiane, son épouse, décède des suites d’une longue maladie. Durant six mois Gilbert Laffaille joue à l’Essaïon le spectacle " 30 ans de chansons ", qu’il propose ensuite en tournée. Début 2007 il ajoute une nouvelle corde à son arc avec des lectures poétiques (" Les Soliloques du Pauvre " de Jehan-Rictus et " Poèmes à dire ", poèmes du XIXème et du XXème siècle.)

    Après une longue période de deuil, Gilbert s’est récemment remis à écrire. Le 14 décembre dernier, au théâtre Toursky, le spectacle " 30 ans de chansons " a enluminé la nuit de l’anarchie. Claude Nougaro a dit de lui : "je ne vais jamais par quatre chemins là où le chemin le plus court s'impose. Je dirai, donc, que Gilbert Laffaille m'est apparu dès la première vision-audition comme un des preux chevaliers les plus patents au royaume de la chanson française dites d'auteur. A quoi reconnais-je un de ces preux chevaliers ? A la langue et encore la langue. Laffaille en ce domaine de la langue, sens-sons, est, comment dirais-je, sans faille. Dès qu'il chante, en moi un oiseau fraternel s'éveille ".

    Son répertoire rebelle et pétri de dérision n'a pas pris une ride et sa délicatesse fait mouche à chaque fois qu'elle aborde ses thèmes privilégiés : l 'enfance et l'éducation. Il faut rappeler que l’artiste avait eu dans une autre vie et au sein de l’Education nationale une expérience de professeur de lettres. Et puis, dans sa biographie, j’ai fait une découverte : Il est né d’un père toulousain et d’une mère corse… Une identité dont les origines sont fondées sur deux cultures où le bon sens et l’humour font bon ménage avec l’humanisme… N’en déplaisent aux colporteurs de poncifs qui entretiennent des images déformées dans l’imaginaire de ceux qui ne veulent pas aller voir plus loin que le bout de leur nez.

    Sur le site Les trois coups, on peut lire : " Il campe dans ses spectacles des personnages hauts en couleur, issus de notre quotidien et de son imagination débordante. Il est le chaînon manquant entre Caussimon et Souchon, avec un zeste de Bobby Lapointe. Cet artiste d’une rare tolérance, fin observateur de la vie, à l’écoute des autres, n’hésite pas à s’engager pour défendre de nobles causes comme la liberté d’expression… "




    Le lecteur retrouvera, dans La Ballade des Pendules ses chansons les plus connues (Le gros chat du marché, Le Président et l'éléphant, Corso fleuri, Neuilly blues, Trucs et ficelles ...), mais découvrira aussi ses pièces (inédites) pour théâtre de poche, véritables petits chefs-d'œuvre ... La tête ailleurs est la suite de La Ballade des pendules publiée en 1994 chez le même éditeur. Il revient sur les chansons des débuts (Interrogations écrites, Histoire d'oeil, Sac à dos pataugas), et de plus récentes (La ballade de Jim Douglas, Dents d'ivoire et peau d'ébène, La java sans modération) ... Il existe un DVD.

    "Juste un p'tit air pour s'faire du bien, l'air de rien !"… Vous pouvez écouter quelques courts extraits de ses chansons sur le site friendship-first.com.



    La soirée était clôturée par Richard Martin, âme du Toursky et comédien habité par le Théâtre et la poésie. Il offrait "il n'y a plus rien", texte de de Ferré, comme un feu d’artifice de mots forts et de musique symphonique qui résonnent longtemps pour trouver des échos à la révolte contre la bêtise…

    A la fin du spectacle, parmi le public ravi, Il y avait Suzy et Ida que je mentionne pour le plaisir partagé...



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  • Du Texte clos à la publication ouverte sur le Web :




    Du texte clos à la menace infinie, nouveau polar de Ugo Pandolfi sera disponible en ligne. Le feuilleton électronique débute le 3 janvier 2008. Tous les jeudis, deux chapitres seront téléchargeables gratuitement au format pdf. L'auteur de La Vendetta de Sherlock Holmes assure que le dernier chapitre et l'épilogue seront livrés le 22 mai 2008. Le site d'accueil est désormais finalisé explique Ugo Pandolfi. Son ergonomie a été pensée pour faciliter au maximum l'accès des Internautes. C'est simple comme un blog. C'est en exclusivité pour Corsicapolar et les commentaires sont ouverts.
    Vous pouvez aller voir dés à présent à http://www.Corsicapolar.eu qui offre un accès sur le site ouvert par Ugo Pandolfi.

    Du texte clos à la menace infinie est l'un des premiers titres de la collection Nuages / Noir que la toute jeune maison d'édition Eolia annonce pour l'été 2008. Eolia ( ou Eolie) est dans la mythologie, l’île d’Eole, Dieu des vents, identifiée comme étant l’île Lipari de l’archipel des Éoliennes. La symbolique est heureuse pour cette audacieuse maison corse d’édition au début de son odyssée littéraire. Elle portera la collection Nuages/Noir par dessus la mer, même avec le vent en poupe. Nous savons que, sur ce bateau livre, Jeannot ( pas Janneau) Crozier- Pandolfi, tel Ulysse, a le pied marin.

    Présentation du roman à paraître: Les auteurs de menaces terroristes ont leurs experts en signature comme les victimes d'homicide ont leurs médecins légistes. Antoine Desanti est l'un des meilleurs dans ce domaine très pointu de l'analyse sémantique. Il vit en Corse, à la campagne. Il ne travaille qu'en réseau et son chien s'appelle Virgule. Entre les textes clos de ses affaires classées et les menaces infinies qui s'accumulent, il ne rêve qu'à son jardin ou à ses amours. Jusqu'au jour où son ami le commissaire Clément Rossetti se prend la tête pour le cadavre d'un expert-comptable atrocement mutilé...

    Précisions de l’auteur : Ceci est un roman. Mais comme la vie n’en est pas un, il faudrait avoir une imagination surhumaine pour éviter totalement toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant réellement existé. Dans tous les cas, la réalité est toujours pire que la fiction et les ressemblances, si l’on en trouvait, ne peuvent être que pures coïncidences. Il est vrai cependant qu’Amir n’est plus adjoint de sécurité au commissariat de Bastia : il a réussi le concours de gardien de la paix. Il exerce désormais son difficile métier de policier quelque part en Ile de France.




    Jean Crozier-Pandolfi est Journaliste depuis 1978. Jean Crozier, vit et travaille en Corse depuis la fin des années 80. Il assure, au sein du service public de télévision régionale, les éditions électroniques multimédia et anime la Cellule d'Informations et de Veille Internet de la chaîne France 3 en Corse. Il écrit sous le pseudonyme d’Ugo Pandolfi.
    " Du texte clos à la menace infinie " est le titre de son prochain roman à paraître dans la nouvelle collection " Nuages noirs d’un nouvel éditeur corse de Porto Vecchio, les Editions Eolia.


    Jean Crozier-Pandolfi, avec ses compétences journalistiques et informatiques, a créé et anime le site de Corsicapolar. Sous le pseudonyme de " Ugo Pandolfi ", il est l'auteur d'un premier roman La Vendetta de Sherlock Holmes (Editions Little Big Man- Collection "Les voyageurs oubliés). Dans son journal intime, Ugo Pandolfi, géologue d'origine corse, raconte avoir été, durant dix ans, l'ami et le guide de l'écrivain Guy de Maupassant. Cette révélation exige à elle seule un rigoureux examen critique. Dans ses carnets, l'ingénieur Pandolfi révèle également qu'à la mort de Maupassant, en 1893, il devint le compagnon du détective Sherlock Holmes. Canular littéraire ou révolution dans l'holmésologie ? L’auteur, à l’imagination fertile et à la plume alerte, dit sans dire " : " La Vendetta de Sherlock Holmes n'est pas un roman. Il s'agit du journal de mon arrière-grand-oncle, l'ingénieur géologue Ugo Pandolfi, écrit entre l'année 1889 et l'année 1895. Aussi incroyable que cela puisse être, ce journal de Ugo Pandolfi décrit le Sherlock Holmes historique. J'affirme donc que les carnets jusqu'à présent inédits de mon ancêtre corse sont la preuve immatérielle de l'existence du roi des détectives. A vous, lecteur, d'éliminer l'impossible et de retenir l'improbable. Là est la vérité. "

    Extrait d’un entretien avec Elisabeth Milleliri, journaliste-écrivain : Jean Crozier-Pandolfi : " Si Ugo Pandolfi était une création ou une re-création, il ne figurerait pas sur la couverture du livre comme seul et unique auteur de la Vendetta de Sherlock Holmes. Sauf à imaginer que celle-ci ne serait qu'une vaste récréation... A vous et aux lecteurs d'éliminer l'impossible ! "

    Communication d’Ugo Pandolfi : Dans son journal intime, Ugo Pandolfi, géologue d'origine corse, prétend avoir été, durant dix ans, l'ami et le guide de l'écrivain Guy de Maupassant. Cette révélation exige à elle seule un rigoureux examen critique. Dans ses carnets, l'ingénieur Pandolfi révèle également qu'à la mort de Maupassant, en 1893, il devint le compagnon du détective Sherlock Holmes. Canular littéraire ou révolution dans l'holmésologie ? Là encore, des investigations s'imposent. Leur enjeu n'est pas moindre : il s'agit de savoir si une partie de l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle consacrée au célèbre détective n'est pas un plagiat des écrits du géologue Ugo Pandolfi.
    Les textes reproduits dans la présente édition électronique, avec l'aimable autorisation des éditions LBM, sont la transcription scrupuleuse et intégrale des manuscrits de Ugo Pandolfi tels qu'ils ont été découverts par son arrière petit-neveu, le journaliste Jean Pandolfi-Crozier, en 2002. Cette version numérique est destinée à faciliter le travail des chercheurs, holmésiens ou non, qui pourront ainsi soumettre plus aisément ces documents aux analyses critiques qu'ils méritent. La note finale du carnet daté d'avril 1895 a été mise en ligne en avril 2006.

    Le texte intégral des carnets de l'ingénieur Ugo Pandolfi (1852-1927) concerne la période comprise entre septembre 1889 et avril 1895, disponible à l’adresse ci-dessous
    http://scripteur.typepad.com/du_texte_clos/



    Précédentes parutions :


    Jean Crozier-Pandolfi est coauteur, en 1981, avec Michel Franca, de Nice, la Baie des Requins (Edition Alain Moreau-Paris- 8000 exemplaires vendus). Une enquête sur Nice, la ville des krachs financiers, des carambouilles immobilières et des guerres mafieuses.
    En 1997, publication de La Conjuration de Corse de Philippe Buonarroti*. Cette édition critique d'un texte rare, tirée à 2000 exemplaires, est à présent introuvable. Œuvre utile pour l’histoire de la Corse, pour l’histoire de la Révolution française et pour celle des idées égalitaires (et reconnaissons que ce triple plan ne se recoupe pas nécessairement). Il s’agit de l’édition par J. Crozier de la brochure de Buonarroti, sortie des presses en novembre 1793 à Paris, intitulée "La Conjuration de Corse et divers mémoires sur la Trahison de Paoly, sur l’état de cette isle, et sur quelques moyens pour la ramener à l’unité de la République". Outre la réédition du texte de Buonarroti, l’ouvrage comprend les textes de Constantini, député extraordinaire du conseil général du département de la Corse et adversaire de Buonarroti, le jugement prononcé le 19 novembre 1793 à Paris en faveur de Buonarroti contre Constantini, une importante notice chronologique, une partie bibliographique et une solide introduction de J. Crozier. Un travail important donc. Article de Jean- Marc Schiappa sur cet ouvrage à l’adresse ci dessous :
    http://ahrf.revues.org/document985.html




    L’Edition en ligne :

    Ecrire est un moyen de s'exprimer, de sortir de soi et se concevoir comme écrivain suppose de chercher à être lu, d'aller vers les autres avec ce qu'on a écrit. La finalité n'est pas le livre, mais bien le lecteur. Etre lu…. C’est sans doute la motivation d’Ugo Pandolfi en offrant gratuitement aux Internautes son prochain roman, gratifiant par la même occasion le site Corsicapolar de cette exclusivité.

    L'édition en ligne est devenue le moyen le plus simple, le plus économique et le plus efficace d'éditer et de publier un livre — et, plus généralement, tout travail intellectuel. Pour Ugo Pandolfi, édition numérique et tirage papier sont devenus complémentaires, inséparables, et certainement pas concurrents.

    Ce qui fait le lecteur est son anonymat : c'est pour une figure sans nom que l'on écrit et à lui seul qu'on s'adresse… Aujourd'hui, l'édition en ligne, grâce à ce formidable outil de diffusion qu'est I'Internet, permet d'élargir le champ des lecteurs. Toutefois il ne s’agit que d’une étape et le roman d’Ugo Pandolfi sera par la suite édité et présent lors du festival du polar corse et méditerranéen en juillet prochain comme le premier d’une nouvelle édition corse, les Editions Eolia dont la collection au titre de Nuages/ Noir s’annonce prometteuse.

    Il faut rappeler qu’Ugo Pandolfi n’en est pas à sa première publication en ligne. Après l’édition papier, il avait mis à la disposition des Internautes son précédent ouvrage " La Vendetta de Sherlock Holmes ". Cette audace n’a pas porté préjudice à son éditeur puisque le livre, succès des librairies insulaires, est maintenant introuvable. Pour son nouveau roman, il s’agit d’une édition en première ligne et donc avant l’édition papier. Cet auteur aime les challenges et a décidé d’utiliser toutes les ressources de l’informatique afin d' effacer la mer qui, pour la Corse, est un obstacle à la diffusion des publications insulaires. Ce n’est pas, sans arrière pensée philosophique qu’il a nommé le héros de son dernier roman Toussaint Desanti, en hommage à Jean-Toussaint Desanti, philosophe corse de renom. En publiant son ouvrage en ligne, Jean Crozier Pandolfi fait violence à la diffusion littéraire pour effacer la mer, celle qui sépare et engloutit. Cependant, il sait que l'édition numérique a toujours besoin du livre imprimé (et pourquoi pas même d'un marché du livre ?)

    Cette complémentarité pourrait se faire de trois façons qui ne seraient pas forcément en opposition :
    La première pourrait continuer à être le recours à l'édition traditionnelle, lui ménageant des contrats d'exclusivité qui ne remettraient pas en cause l'édition en source libre. Les Éditions de l'Éclat l'ont bien compris avec le Lyber.
    La seconde pourrait passer par un tirage à la demande du lecteur, auprès d'un imprimeur qui répondrait à la commande en ligne après avoir passé contrat avec l'éditeur du document numérique prêt pour l'impression.
    La troisième pourrait être la commande de tirages privés à un imprimeur, qui imprimerait et livrerait le document à la seule demande du lecteur.

    Quelle sera la stratégie des Editions Eolia ? Nous le saurons sans doute lorsque l’éditrice, originaire de Porto-Vecchio où elle réside, annoncera officiellement sa « ligne » éditoriale…

    Concernant l’Edition en ligne, nous avons trouvé un dossier sur le Net - Rapport de Jean-Pierre Depétris :

    Adresse : http://jdepetris.free.fr/load/rapport.html



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  • " Nous, les poètes
    nous haïssons la haine et nous faisons la guerre à la guerre. "

    La citation de Pablo Neruda est la devise de l'Odyssée du Danube, devenue celle de la paix.

    Organisée par Institut International du Théâtre Méditerranéen,  l'Odyssée est une escapade poétique qui a pris tout son sens en 2001 dans la réalité contemporaine des eaux méditerranéennes. Les artistes, saltimbanques, poètes, écrivains, politiques qui ont cru en cette entreprise se sont unis pour défendre le droit humain face aux outrances de la bêtise et de l'intolérance.



    Du 1er au 15 septembre, l’Odyssée du Danube a fait escale dans neuf villes de six pays : Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Roumanie, Bulgarie. A bord du paquebot fluvial Théodor Koërner, près de 120 personnes ont embarqué : artistes, poètes, écrivains, journalistes, politiques… La croisière a fait escales pour des chantiers artistiques, des créations, des improvisations, des universités populaires, un " Marathon de la poésie ", des ateliers qui ont réuni poètes et politiques…et, à chaque escale, des manifestations.

    Le samedi 1er Décembre 2007, Richard Martin a fêté cette croisière pour la paix en invitant les abonnés du Théâtre Toursky à une soirée de poésie et de chansons clôturée par un documentaire sur l’Odyssée du Danube.


    C’est Armand Gatti qui, tout de noir vêtu, ouvrait la scène avec un long, un très long, un trop long poème contenant le pire et le meilleur ; Armand Gatti l’anar et ses mots pour résister; Armand Gatti qui pourrait vous réciter l’annuaire en deux parties en ne s’arrêtant qu’une fois pour boire un verre d’eau.



    Il a d’abord fait une entrée théâtrale en laissant choir à ses côtés, pour lui tenir compagnie, un vieux blouson de cuir noir dont il a hérité par hasard et qui aurait appartenu au Sous-commandant Marcos. " Donqui " était le surnom de Gatti au maquis. Une référence à Don Quichotte qui , selon le sous-commandant Marcos, est le " plus grand livre politique jamais écrit " ; Lequel Marcos, pour Gatti, est le lutteur à mots nus, contre les exterminateurs : "Pendant des décennies, il y avait en exergue à toutes nos expériences la phrase de Yon Sosa, venu du fond des maquis indiens guatémaltèques : "L'arme décisive du guérillero, c'est le mot". Le porte-parole charismatique des Zapatistes se réclame fréquemment de Don Quichotte et le président vénézuélien Hugo Chavez en a fait imprimer et distribuer gratuitement 1,5 million d’exemplaires.

    Pour les amateurs de polars, feu Manuel Vazquez Montalban, l’écrivain barcelonais inventeur du héros récurrent Pépé Carvalho, avait réalisé une interview du sous-commandant Marcos. En ouvrant la parenthèse, vous pouvez la consulter à l'adresse:
    http://membres.lycos.fr/jes/marcos2-fr.htm

    Nous faisons partie de ceux qui ont écouté jusqu’au bout l’hommage rendu par Armend Gatti à son grand-père… Une élégie où la mémoire met, par couches mnésiques, des couleurs sous l’œil d’une caméra imaginaire.  Au fil de son texte dont la lecture dure deux heures, Armand Gatti fait des inventaires pour ne rien oublier. Des peines , des joies, des révoltes… ne rien laisser dans l’oubli, cette deuxième mort. Heure par heure, il retrace de façon surréaliste la dernière journée de Sauveur Luzona jusqu’à " las cinco de la tarde ". Ce texte " Docks, comment Sauveur Lusona mon grand-père a fait des dokcs du port de Marseille un jardin japonais ", a été édité grâce à un collectif de libraires marseillais en 1992.



    Gatti Dante, Sauveur, alias Armand Gatti est né le 26 janvier 1924 à la maternité de l'hôpital de Monaco, fils d'Auguste Rainier, balayeur, et de Laetizia Luzona, femme de ménage. Analphabète, son père, qui mourra matraqué à mort lors d’une grève en 1941, avait appris à lire et à écrire dans les tranchées de la Grande guerre (1914-1918) et lui conte des histoires qui l’émerveillent. Quant à sa mère, qui, quelques jours avant de mourir, à quatre-vingt-trois ans, s’inscrira au Parti révolutionnaire italien, " pour faire peur aux riches ", il l’entend encore : " Tu dois être le premier en français, parce que c’est la langue des patrons, sinon tu passeras ta vie à leur essuyer le cul. " A l’un et l’autre, il rendra hommage, notamment avec un texte Ton nom est joie, qui deviendra un poème cinématographique, et une pièce, La vie imaginaire de l’éboueur Auguste Geai, jouée le 16 février 1962 , par la compagnie du Théâtre de la Cité à Villeurbanne (direction : Roger Gilbert et Roger Planchon). Mise en scène : Jacques Rosner. Principaux interprètes : Jean Bouise, André Bénichou, Isabelle Sadoyan, René Meyrand, Martin Barbaz. Reprise en mai 1964 au Théâtre de l’Odéon à Paris.
    Au sujet d’Auguste, Armand Gatti a confié à son ami Marc Kravetz : " Si j’ai écrit, c’était aussi une manière de ne pas laisser mourir le message d’Auguste, de continuer un peu ce qu’il avait été, ce qu’il avait voulu, ce qu’il avait rêvé. Parallèlement, il y a eu le désir d’utiliser la langue française comme une arme. Mais le poète, l’homme qui était porteur d’images, porteur d’idées, porteur de démesure, c’était Auguste. C’est à partir de lui que j’ai essayé de créer avec la langue française. La langue, j’avais besoin de la dévorer sous toutes ses formes, de vivre avec elle. Ce besoin est devenu plus fort que tout. Dans ce sens, la langue est devenue plus qu’une famille, plus qu’une nationalité, plus qu’un pays, elle est devenue mon existence même. Au début il fallait seulement que je sois plus fort que les Français sur leur propre terrain. C’est d’abord une histoire d’orthographe et de grammaire, puis tu te prends au jeu et cela te conduit au maquis. "

    Véritable légende vivante, Gatti figure dans le dictionnaire (le Petit Robert des noms propres), mais il ne reste connu que d’un cercle d’inconditionnels Dans une de ses biographies, Marc Kravetz ( tout en disant qu’il est " plus difficile de raconter Gatti que de peindre l'oiseau de Prévert"). résume sa vie ainsi :

    " Bon élève (dissipé) du petit séminaire ; résistant, condamné à mort (gracié en raison de son âge) ; déporté (évadé) ; parachutiste (médaillé) ; journaliste (couronné du Prix Albert Londres) au Parisien Libéré puis à Paris-Match, France Observateur, L'Express (ancienne formule) et Libération (l'autre, celui de la Résistance) ; cinéaste (consacré dès son premier film - L'enclos -, ignoré dès le second - L'autre Cristobal -, exilé pour le troisième - Le passage de l'Ébre -, interdit de caméra pour beaucoup d'autres - une dizaine) ; écrivain-dramaturge-metteur en scène (célèbre et célébré : La vie imaginaire de l'éboueur Auguste G., Chant public devant deux chaises électriques, V comme Vietnam, Les treize soleils de la rue Saint-Blaise, Le cheval qui se suicide par le feu, plus un nombre considérable de pièces, le tout joué un peu partout sur la planète et quelques rares fois en France) ; voyageur (Sibérie, Chine, Corée, Japon, Guatemala, Nicaragua, Costa-Rica, Allemagne, Irlande) - ici on s'en tient aux déplacements qui ont donné lieu ensuite à des reportages, livres, pièces de théâtre ou films ; écrivain public itinérant et vidéographe (en compagnie de la Tribu, du Brabant-Wallon à Montbéliard, de Ris-Orangis à l'Isle d'Abeau avec crochet par Saint-Nazaire prolongé d'une pointe en Avignon et Marseille avant un rebond à Strasbourg. " et il ajoute : " Journaliste, cinéaste, dramaturge, écrivain, poète, Gatti ne cesse de se débarrasser de ses identités comme d'autant de peaux mortes ".

    Biographie dans son intégralité à l’adresse :
    http://www.armand-gatti.org/

    Selon Armand Gatti : " Sans écriture, pas de culture, pas de dignité…. les mots sont des armes… " On ne combat pas pour être libre, mais parce qu’on l’est déjà. "



    Après Armand Gatti le magnifique, la soirée a été l’occasion de découvrir un ensemble musical : L'Orchestre International



    La Direction Musicale est confiée à Cuco PEREZ, accordéoniste, Investigateur dans la musique populaire méditerranéenne, directeur et instrumentiste, auteur de nombreux disques, avec une ample projection dans le monde maghrébin, responsable de divers concerts de musique andalouse, grand connaisseur des instruments populaires médiévaux... Chaque pays lui a soumis toutes ses idées et lui a proposé un musicien pour qu'il garantisse l'unité et la qualité musicale du concert. L'Espagne assure la production discographique du concert, la retransmission radiophonique et tout ce qui contribue à faire du concert un des grands symboles du voyage. Le concert en lui-même comprend 45 minutes consacrées aux thèmes andalous et thèmes de tradition espagnole, interprétés par les musiciens espagnols et marocains. Chaque musicien invité a proposé sa propre interprétation des thèmes donnés, avant de jouer tous ensemble.

    La prestation déchaînait l’enthousiasme dans le public du théâtre Toursky. Fatos Qerimaj, c’est un peu le " Portal albanais ". Clarinettiste d’origine tzigane, il vit à Tirana en Albanie. Touria Hadraoui, Universitaire, journaliste et chanteuse marocaine pour qui …" rencontrer des musiciens d’autres horizons est une belle aventure. Ils ont tous sûrement des choses à m’apprendre et j’en ai aussi. Par ailleurs, que cet échange se fasse sur l’eau, en mouvement, m’apparaît comme très symbolique. Un mouvement, c’est toujours beau, fort et fragile


    L’orchestre International de l’Odyssée du Danube avec son métissage de musiciens porte au plus haut ce message de paix et de fraternité. Bami Jean Tsakeng le percussionniste franco-camerounais, la flûte de Pan du roumain Nucu Draghia, le cymbalon du hongrois Dezso Farkas, la voix bouleversante de la marocaine Touria Hadraoui, le vibraphone du français Cyril Cambon, le chant de l’algérien Salah Gaoua, le violon du serbe Bogdan Djukis, la clarinette de l’albanais Fatos Qerimaj, l’accordéon de l’espagnol Cuco Perez ( absent au Toursky), le violon magique du français Didier Lockwood ( absent au Toursky), les pianistes la bulgare Elizabet Luldimova et la grecque Jula Jannaki, la clarinette et le tarogalo du hongrois Daniel Racz et le guitariste italien Alessandro Nusenzo, tous ces talents ont mis leur art au service d’une humanité réconciliée. A eux tous ils expriment la diversité et l’union fraternelle entre tous les peuples de la Terre. Vous pourrez tous les connaître car ils sont déjà programmés pour la saison 2008 du Thèâtre Toursky.

    Dans notre précédent article sur la librairie le Ferry Book, nous avions évoqué la musique Klezmer avec ses musiciens que l’on appelle des fanfarons ou des klezmorim. Quand ils n’avaient pas une autre activité principale et ne jouaient qu’occasionnellement, les klezmorim étaient principalement des musiciens itinérants, d’autre part la musique klezmer a accompagné les mouvements de population des juifs d’Europe – ainsi, à l’instar de la langue yiddish, elle s'est nourrie des musiques des pays qu’elle a traversés, dans lesquels elle a aussi sans doute laissé des influences. Ces musiciens jouaient principalement dans les fêtes et cérémonies populaires. On retrouve dans la musique klezmer l'influence des musiques d'orient, tzigane et des musiques folkloriques d’Europe de l'Est.
    " Les Klezmorim, souvent accompagnés de ménestrels locaux (hongrois, russes, moldaves, ukrainiens, galiciens, etc.), ainsi que de musiciens tsiganes, diffusaient leur musique et les récits de leurs voyages à chacune de leurs étapes. Souvent amenés à jouer lors de mariages et fêtes juives, les Klezmorim furent également appelés à jouer lors de fêtes non juives. Ainsi, l'arrivée des Klezmorim était particulièrement appréciée des villageois, non seulement pour la musique, la fête et la joie qu'ils apportaient, mais aussi pour le recueil d'informations venues d'ailleurs. Cette condition leur permit d'approfondir leur connaissance des cultures musicales environnantes, à commencer par celle de leur pays d'adoption. La vitalité de la musique Klezmer réside dans le simple fait qu'elle a su sauvegarder son essence, tout en s'enrichissant des cultures environnantes. "



    Et puis, la semaine dernière , le 13ème album des Muvrini a été mis dans les bacs. Il est composé de titres anciens et de reprises de Springsteen, de Jacques Brel , des Gipsy King. L’enregistrement a eu lieu en Lorraine avec la participation de 500 choristes… Et puis il y a de nouveaux duos avec Tina Aréna, Anguum, la soprano anglaise Sarah Bightman… Dans un article de presse, Jean-François Bernardini s’est adressé aux tenants d’une corsité pure et dure en disant "  A ceux-là, je dirais que mon identité n’est pas soluble dans les duos. Mon âme encore moins. Ce qu’on a volé à la culture corse c’est le lien, l’échange et la rencontre. Réinventer ce lien, c’est notre mission. Tout sauf le ghetto, même en Corse ". Dans l’album , Tina Arena chante "  A voce rivolta " en corse et la soprano Sarah Brightman chante une chanson des Gipsy Kings.



    Finalement, la musique est bien le seul langage universel capable de rapprocher les différentes cultures sans dissoudre les identités… A écouter toutes ces polyphonies, on y gagne même un supplément d’âme… La musique n’est pas qu’une jouissance personnelle, comme la jugeait Kant.. Je préfère ne pas évoquer la pensée hégélienne sur ce sujet. Par contre, Friedrich Nietzsche avait raison : "Sans la musique, la vie serait une erreur"… Il ne s’agit pas dune musique apollinienne mais dionysiaque, propre à l’inspiration et à l’enthousiasme. De celles qui "nous ramènent à nous " ( Valery) et nous semblent familière dès la première audition. Une musique qui " exalte la meilleure part de nous-mêmes, le plus sèche, la plus libre.. " (Sartre)

    … Pas la musique dont Platon fait l’éloge. Celle-ci est décrite dans la République comme une partie essentielle de l’éducation, de pair – curieusement – avec la gymnastique. Dans les deux cas, il s’agit de communiquer à l’enfant un sens de l’ordre et de la mesure qu’il ne possède pas naturellement. On le fera donc chanter et danser selon certains rythmes et certaines tonalités, qui, la chose est notable, devront être toujours les mêmes, le modèle étant ici l’Égypte qui est censée avoir conservé, dans ses rites et ses fêtes, les mêmes musiques depuis 10 000 ans. Platon n’est pas de ceux qui apprécient la dernière chansonnette à la mode, et en général il exècre les nouveautés.
    … Pas davantage la musique d’expert, monde clos dont il faut obtenir la clef.
    … Nous parlons de la musique, " ce bruit qui pense " ( Hugo) dont on reçoit les pulsations comme des émotions, une musique qui émeut, met en mouvement, trouble l’âme et agite la chair. C’est la musique dans laquelle on se reconnaît et on reconnaît les autres, celle de la polyphonie et du chjam’é rispondi ancrées dans les traditions corses, celle des Muvrini, celle des Klezmorim, celle de l’orchestre international de l’Odyssée du Danube et de bien d’autres artistes de toutes origines et qui font de leur identité une émotion universelle.. Elle est plurielle et se partage pour s’enrichir. Elle a besoin de liberté et de nomadisme. Elle est " un art insaisissable qui ne supporte que la liberté " disait Déon. Sa vocation n’est pas de prouver une identité qui existe et ne peut se dissoudre. Sa mission va bien au delà des hymnes nationaux. Elle n’est pas que la mémoire d’un territoire mais aussi le lien entre un passé humain et l’avenir dans le Monde… Elle met les rapports humains au niveau le plus noble et le plus intime. Elle atteint des régions de l’être qu’elle est la seule à atteindre. Tout enfermement est un terrain favorisant l’obscurantisme. Il est suicidaire. La musique est un langage international : " frontières effacées sur les atlas des sons " selon l’expression de Prévert.

    " L’avenir comporte une infinité de vérités nouvelles à mettre au jour. Le monde n’est ni unique, ni fini, ni nécessaire ; la liberté fait partie de sa structure ontologique ; et de toutes les figures de l’esprit, l’art est celle qui nous enseigne le plus directement cette liberté. " Philippe Nemo – extrait d’un article paru en juin 2004 dans le "Monde de la Musique", N°288, (pp.36-46).

    Deleuze-Guattari, à propos de musique...
    Usage des ritournelles
    "C'est curieux comme la musique n'élimine pas la ritournelle médiocre ou mauvaise, ou le mauvais usage de la ritournelle, mais l'entraîne au contraire, ou s'en sert comme d'un tremplin. "Ah vous dirai-je maman...", "Elle avait une jambe de bois...", "Frère Jacques...". Ritournelle d'enfance ou d'oiseau, chant folklorique, chanson à boire, valse de Vienne, clochettes à vache, la musique se sert de tout et emporte tout. Ce n'est pas qu'un air d'enfant, d'oiseau ou de folklore, se réduise à la formule associative et fermée dont nous parlions tout à l'heure. Il faudrait plutôt montrer comment un musicien a besoin d'un premier type de ritournelle, ritournelle territoriale ou d'agencement, pour la transformer du dedans, la déterritorialiser, et produire enfin une ritournelle du second type, comme but final de la musique, ritournelle cosmique d'une machine à sons. D'un type à l'autre, Gisèle Brelet a bien posé le problème à propos de Bartok: comment, à partir des mélodies territoriales et populaires, autonomes, suffisantes, fermées sur soi comme des modes, construire un nouveau chromatisme qui les fasse communiquer, et créer ainsi des "thèmes" qui assurent un développement de la Forme ou plutôt un devenir des Forces? [...]"
    [Gilles Deleuze — Félix Guattari: Mille Plateaux. Editions de Minuit — Chapitre: "De la ritournelle" page 381.]



     
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