• Baudelaire en musique par Léo Ferré et chanté par Jean-Louis Murat :



    Il y a 150 ans paraissait le recueil Les Fleurs du Mal. Gallimard s’associe à Scarlett et V2 Music pour publier une nouvelle édition des Fleurs du Mal (collection Poésie), avec un cahier de 8 pages comprenant des manuscrits de Baudelaire et Ferré, une nouvelle préface d’André Velter, accompagnée par l’album Charles et Léo.

    Le 1er octobre prochain, un nouvel album "Charles & Léo" sort : 12 poèmes des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, mis en musique par Léo Ferré ( sur les 22 inédits) , interprétés par Jean-Louis Murat. Ce CD de 35 minutes s'accompagne d'un DVD de trois quarts d'heure et comprend, en bonus, "Réversibilité", poème de Baudelaire qu'il avait mis en musique dans l'album "Dolorès" (1996), et "Petite" de Ferré.
    "Un jour vous en ferez quelque chose" avait dit Léo Ferré à son fils et à sa femme en leur donnant une cassette d’enregistrement de sa voix accompagnée au piano. Après ses albums 1957 et 1967, il avait à nouveau composé sur une vingtaine de poèmes des Fleurs du Mal. Le fils de Léo Ferré a choisi Jean-Lousi Murat pour chanter les compositions inédites de son père, le considérant comme l’héritier spirituel de son père. "Je ne vois pas qui d'autre aurait pu faire ça, même parmi ceux qui se proclament « fils spirituel de Léo", explique à l'AFP Mathieu Ferré, qui dirige le label "La mémoire et la mer" et continue de faire vivre l’œuvre de "l'ananar".

    Donc Jean-Louis Murat s’est attaqué aux poèmes de Baudelaire mis en musique par le grand Léo Ferré dont, à la demande de Mathieu Ferré, il prend le relai. Cela devrait permettre de relire Baudelaire, de réécouter Léo Ferré et de découvrir le talent d’un chanteur classé comme caractériel, en dehors des formats que le " music business.



    Vrai nom : Jean-Louis Bergheaud
    Nationalité : Française
    Métiers : Chanteur, Guitariste, Auteur-compositeur, Pianiste
    Genre principal : Scène française
    Naissance : 28 janvier 1954
    L’Ours Blanc, le Paysan, le Berger… Dans ses chansons, Jean-Louis Murat aime à se doter de surnoms qui sentent bon la ruralité ou la nature sauvage, particulièrement celle de son Auvergne natale.
    Site officiel : http://www.jlmurat.com/
    Pour l’écouter aller sur myspace à l’adresse :
    http://www.myspace.com/jlmurat
    Et une biographie : http://musique.ados.fr/Jean-Louis-Murat.html



    Les fleurs du Mal : 1ère édition en 1857

    La 2ème édition en 1861 est la dernière édition publiée du vivant de l'auteur. Baudelaire ajoute 32 poèmes et procède à des corrections et quelques réagencements. Ainsi, dès le fameux Au Lecteur : " Dans nos cerveaux malsains, comme un million d'helminthes, / Grouille, chante et ripaille un peuple de Démon " devient " Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de démons ".

    La dédicace de Baudelaire :

    Au Poète impeccable
    Au parfait magicien ès lettres françaises
    A mon très-cher et très-vénéré
    Maître et ami
    Théophile Gautier
    Avec les sentiments
    De la plus profonde humilité
    Je dédie
    Ces Fleurs maladives.

    Nous ignorons quels sont les poèmes mis en musique par Léo Ferré et chantés par Jean-Louis Murat dans l’album "Charles et Léo" qui sort en octobre. Nous avons choisi « Réversibilité » et deux autres poèmes parmi les plus célèbres : L’invitation au voyage et Parfum exotique.



    Réversibilité

    Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
    La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
    Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
    Qui compriment le cœur comme un papier qu'on froisse?
    Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?

    Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
    Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
    Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
    Et de nos facultés se fait le capitaine?
    Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine?

    Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
    Qui, le long des grands murs de l'hospice blafard,
    Comme des exilés, s'en vont d'un pied traînard,
    Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
    Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres?

    Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
    Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
    De lire la secrète horreur du dévouement
    Dans les yeux où longtemps burent nos yeux avides?
    Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?

    Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
    David mourant aurait demandé la santé
    Aux émanations de ton corps enchanté;
    Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières,
    Ange plein de bonheur, de joie et de lumières!



    L’invitation au voyage :

    Mon enfant, ma sœur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.
    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.
    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;
    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l'ambre,
    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    A l'âme en secret
    Sa douce langue natale.
    Là, tout n'est qu'ordre et beauté
    Luxe, calme et volupté.
    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l'humeur est vagabonde ;
    C'est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu'ils viennent du bout du monde.
    Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D'hyacinthe et d'or ;
    Le monde s'endort
    Dans une chaude lumière.
    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.
    Spleen et Idéal, LIII



    Parfum exotique

    Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
    Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
    Je vois se dérouler des rivages heureux
    Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;
    Une île paresseuse où la nature donne
    Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
    Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
    Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.
    Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
    Je vois un port rempli de voiles et de mâts
    Encor tout fatigués par la vague marine,
    Pendant que le parfum des verts tamariniers,
    Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
    Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
    Spleen et Idéal, XXII



    Bonus :

    Sites Léo ferré aux adresses cio-dessous:

    http://www.leo-ferre.com/
    http://www.leoferre.net/

    Et sur Youtube, Léo Ferré chante les poètes à l'adresse ci-dessous:

    http://fr.youtube.com/watch?v=UJjexDFbbmE



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  • Fin des expos du centenaire de la naissance de René Char le 30 septembre 2007… Hâte-toi! Hâte-toi!...



    Tu es pressé d'écrire,
    Comme si tu étais en retard sur la vie.
    S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
    Hâte-toi.
    Hâte-toi de transmettre
    Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. […/…]
    Extrait de « Commune présence » poème de René Char

    « L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. »
    aphorisme de René Char.

    Les expos du centenaire de la naissance de René Char se terminent le 30 septembre 2007…
    Hâte-toi.
    Hâte-toi d’aller à l’Isles-sur-Sorgue
    Car tu es en retard … prends les chemins de Char-roi longeant la Sorgue.
    Il te reste quelques jours jusqu’au 30 septembre prochain à la Maison René Char - L'Isle-sur-la-Sorgue -

    En 2007, centenaire de sa naissance ( le 14 juin ), René Char est redevenu l'hôte de l'hôtel de Campredon où il avait eu lui-même le projet d'installer de son vivant un Musée Bibliothèque autour de son œuvre. Précieux manuscrits prêtés par la bibliothèque Jacques Doucet, documents photographiques, éditions originales ou dédicacées, correspondances, permettront de suivre le parcours de l'homme et de l'écrivain, de remonter du texte à ces 'paysages premiers'. Parallèlement, les grands thèmes de l’œuvre trouveront dans le travail des peintres, ceux que le poète nommait ses 'alliés substantiels', ce prolongement auquel René Char était particulièrement sensible comme en témoignent manuscrits enluminés et éditions de bibliophilie ornées de gravure.



    Hôtel de Campredon
    20 rue du Docteur Tallet
    84800 L’Isle-sur-la-Sorgue
    Tél : 04 90 38 17 41
    Tarif : 6 euros, réduit : 5 euros (moins de 25 ans, seniors et adhérents Fnac), groupes 4 euros (10 personnes minimum). Gratuit pour les L’Islois, les moins de 14 ans et accès libre pour les adhérents des Amis de Campredon.

    René Char, né le 14 juin 1907 , une parole disséminée « en archipel » selon son expression dont chaque atoll est doté d'une force volcanique. « Dans le tissu du poème doit se trouver un nombre égal de tunnels dérobés, de chambres d'harmonie, ainsi que d'éléments futurs, de havres au soleil, de pistes captieuses et d'existants s'entr’appelant. Le poète est le passeur de tout cela qui forme un ordre. Et un ordre insurgé. »



    René Char a toujours aimé vivre en marge de la société. Enfant, il se lie d'amitiés avec les "matinaux" sortes de vagabonds vivant au rythme des jours et des saisons. Le 20 février 1928 paraissent ses premiers poèmes aux Editions Le Rouge et Le Noir (il aimait d'ailleurs beaucoup ce roman de Stendhal) sous le titre "Les cloches sur le coeur", poèmes écrits entre 15 et 20 ans.

    Pendant l’Occupation, René Char, sous le nom de Capitaine Alexandre, participe, les armes à la main, à la Résistance, « école de douleur et d’espérance ». Il commande le Service Action Parachutage de la zone Durance. Son QG est installé à Céreste (Alpes de Haute Provence). Le recueil qu'il en tire Feuillets d’Hypnos peut se lire comme des « notes du maquis ».

    René Char meurt d'une crise cardiaque le 19 février 1988. En mai de la même année, paraîtra un recueil posthume "L'éloge d'une soupçonnée ".

    Le Centenaire de la naissance de René Char a été marqué par plusieurs grandes manifestations ponctuées de mises en voix des textes de Char et de poésie contemporaine. Cette année festive a été lancée avec ce texte inaugural de Daniel Mesguich sur le rôle de l'acteur dans la médiation poétique...



    A propos de la lecture d’un texte par un acteur, les Propos de Daniel Mesguich ont été recueillis par Hélène Boudin, le 19 juin 2006 – site Educnet – section Théâtre. Nous vous les rapportons pour leur valeur pédagogique:



    "Pour tout texte, quel qu’il soit, au fond de l’encrier, ou de l’ordinateur, il y avait d’abord une voix. Une lecture rend la voix à la voix : ce qui est venu d’une voix retourne donc à la voix. La voix d’un autre. Aucun livre, aucun imprimeur au monde ne rendra cette voix si quelqu’un d’autre ne s’en mêle pas. Voilà ce qui justifie une lecture, ce qui en constitue le statut et l’autorisation.

    Le lecteur silencieux est seul. Bien sûr, il dialogue avec son livre, il entre dans le texte… mais ceci est insuffisant. Une lecture, grâce à la voix et, peut-être aussi, à l’apparence du lecteur/acteur, se saisit du texte, sans mise en scène, sans maquillage, sans mouvement, sans costume, sans effet de lumière particulier - une lecture suppose simplement une table, une chaise, peut-être un micro et un livre avec un lecteur qui lit - et, avec ce minimum-là qui n’est pas du théâtre, montre au lecteur un autre lecteur, autrement dit lui-même. Tout à coup le lecteur devient la mesure de toute chose. Ce qui se donne à lire n’est pas le livre mais le livre lu. C’est un pont, le livre fait la moitié du chemin, est apprivoisé. Le lecteur/acteur dans le texte, faisant corps au texte, change le goût du livre et efface une grande partie de l’intimidation de la lettre, littéralement. Se voir soi-même lire le livre ne remplace pas la lecture silencieuse et intime, mais constitue un acte très fort, d’une égale légitimité. J’imagine une société où les citoyens se liraient sans cesse des livres et où cet acte serait naturel et normal.

    Ne pas confondre lecture et théâtre.
    Aujourd’hui nous assistons à une floraison de lectures, " ça lit " de tous les côtés. Pour des raisons économiques, les lectures remplacent le théâtre : cela coûte bien moins cher d’avoir un seul acteur qui lit un livre que dix acteurs qui l’ont appris par cœur et répété deux mois, qui ont besoin de lumière, de costumes… L’inflation des lectures à laquelle nous assistons menace le théâtre... si toutefois la place respective de chacun n’est pas repensée.
    Je lis moi-même beaucoup en public, par plaisir, et parce que j’aimerais être de ceux qui, un peu comme les gens de théâtre d’avant-guerre (Cocteau, Guitry...), avaient un pied dans la littérature et un autre dans le théâtre, le cinéma ou la danse … Je trouve tout à fait normal pour moi de fréquenter autant d’écrivains que d’acteurs. Après la guerre, les arts se sont spécialisés. Peu à peu la mouvance du théâtre populaire a fermé la porte aux poètes, aux peintres. De son côté le cinéma a subi positivement, mais aussi négativement, la Nouvelle Vague : théâtre, peinture, textes, ont tendu à disparaître au cinéma.

    Lecture régressive ?
    Nous sommes en train de réinventer l’hypocrites du pré- théâtre grec. Le théâtre a commencé avec Eschyle décidant de placer non plus une seule personne devant le chœur, mais deux acteurs entrant en dialogue. Cet écart entre les hypocrites a fait naître la scène.
    Trop souvent, les lectures pratiquées aujourd’hui restent en amont du théâtre ; elles sont le signe d’une réelle régression car elles suscitent souvent une ferveur presque religieuse : l’acteur/lecteur est pris pour un pasteur, un passeur lisant La Parole. L’auteur importe peu. Ecriture et parole sont confondues : le prêtre ne parle pas, il est parlé par l’écriture. Tout à coup, la parole semble devenir pleine. Alors que la poésie doit, au contraire, nous faire suspecter la langue, nous faire entendre d’autres mondes. Sa lecture devrait provoquer un " dé-collage " de la parole et de l’écriture, un " dé-tatouage ".

    Poésie et lecture
    La poésie contemporaine appelle la lecture : les poèmes sont des voix glacées dans l’encre qui doivent être libérées du livre-objet par de la voix. La poésie est un appel, tout simplement. Même la poésie très écrite de Mallarmé se lit et se dit : il y a une voix derrière elle. Dans les textes d ’Hélène Cixous, l’indécidable (entre le féminin et le masculin par exemple) prend une large place et leur lecture suscite d’autres formes d’indécidable, de pluriels… pourtant rien ne peut échapper à la voix. Les phrases ou les vers les plus abstraits sont encore de la voix parce que la poésie suppose rythme, longues et brèves, jeu des assonances et des allitérations, ce qu’un lecteur " à l’œil ", tenant le livre à la main ne lit pas, n’entend pas.

    Lire René Char…
    René Char est dans la phrase définitive, la formule. Une formule chiffrée, à méditer. Chaque phrase est comme la première ou la dernière écrite. C’est le propre de toute écriture poétique. … Comment lire Char ?
    Dès que l’on est attentif au signifiant, même si le lecteur/acteur n’est pas assez fin, n’entend pas assez loin (il faut des oreilles de chauve-souris pour entendre la poésie), dès que ses lèvres s’appliquent à prononcer les longues, les brèves, dès que sa lecture est juteuse, en bouche, elle fonctionne. Il m’est arrivé, je l’avoue, de lire une phrase sans la comprendre sur le moment…trop tard je l’avais lue en public…Mais je l’avais prononcée le mieux possible et elle avait fait son chemin. On lit la poésie en chérissant le signifiant, la lettre même du texte, et sans imposer un écran interprétatif abusif devant le texte.
    Cela ne signifie pas pour autant lire de manière atone et neutre, car ce mode-là est déjà une interprétation… Au théâtre : le fameux espace vide de Peter Brook est toujours un décor, et quand Claude Régy demande à ses acteurs de donner le texte sans bouger, c’est aussi une mise en scène et un écran interprétatif, qui se croit léger mais qui est, en fait, bien plus lourd qu’une surcharge de mouvements ou de gesticulations…Vous aurez compris que je ne partage pas cet ascétisme, un peu " protestant " à mes yeux.
    Bref il ne faut pas maintenir une distance qui ait l’air de ne pas se mêler de la profondeur du texte. Il faut s’en mêler, avec humilité, en donnant cette impression que " c’était cette fois-ci, ce jour-là " et que " ce sera une autre fois autrement ". Si cette " dramatisation " se fait à bon escient, avec tact et doigté, avec délicatesse, alors on peut appuyer sur un mot, mais en montrant toujours à quel point c’est une intention d’acteur, comme une note de traducteur en bas de page… Un lecteur devrait toujours laisser entendre cette " note de l’acteur ".

    Sur des vers de René Char
    "L’homme fuit l’asphyxie.
    L’homme dont l’appétit hors de l’imagination se calfeutre sans finir de s’approvisionner, se délivrera par les mains, rivières soudainement grossies.
    L’homme qui s’épointe dans la prémonition, qui déboise son silence intérieur et le répartit en théâtres, ce second c’est le faiseur de pain." (René Char, Seuls demeurent, " Argument ".)
    Voilà une métaphore effilochée à l’infini jusqu’au moment où elle s’épuise … " s’épointe ", " déboise son silence intérieur et le répartit en théâtres " : la poésie-nourriture… On pourrait dire, avec Derrida, que la langue est métaphore, même quand elle croit être la plus littérale et la plus plate. Mais si Char n’avait pas été content de " s’épointe ", il n’aurait pas écrit cette phrase.

    La forme-sens poétique, ou le mot avec l’idée
    Je demande à mes élèves du Conservatoire, en travaillant Racine, d’abandonner cette idéologie lamentable qui consiste à traduire le texte d’abord avec leurs propres mots avant d’aborder les mots du poète. Ce
    " avec vos mots d’abord " n’a aucun sens : ce n’est pas le personnage d’Hermione qui compte mais l’aventure de la langue travaillée par Jean Racine. Hermione ne préexiste pas à son texte, de même, la phrase ne préexiste pas au choix de tel ou tel mot. Si je dis : " s’épointe " [Daniel Mesguich prononce lentement le mot en soulignant légèrement le " p ", le " t " et le " e " atone] alors cette phrase est autorisée. Si je la lis rapidement et sans travail [Daniel Mesguich relit le texte en l’ " avalant "] alors cette phrase n’a plus de sens et ne correspond pas à ce que le poète a écrit. C’est pour cette raison que la lecture est nécessaire, la lecture d’un acteur, qui lira avec humilité mais avec couleur et chair. Pour moi ce que Char appelle " théâtres " ce sont ses phrases. Ses aphorismes sont des théâtres.

    "Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir."
    René Char, Seuls demeurent, " Partage formel "
    En poésie, le référent s’invente dans le temps même de son écriture. Le référent n’existe pas en dehors de la phrase. De manière diffuse, lointaine et assourdie, il se fait entendre, mais le mot a absorbé la réalité.
    Toute poésie est un échec, elle indique un sens ou une réalité, ailleurs, mais dit, dans le même temps, la faillite de la langue, insuffisante à nommer cet ailleurs : un ailleurs à écrire encore, mais " impossiblement ". Même les aphorismes de Char ne sont pas pleins et subissent une hémorragie : ils perdent leur sens et leur sang, leur force et leur couleur parce qu’ils voudraient aller plus loin encore : un aphorisme à la place d’un autre aphorisme qui aurait été plus fort, plus vrai, plus manifeste, plus indubitable, plus définitif. D’échec en échec, la réussite littéraire apparaît.
    La poésie se " regarde le nombril ", mais non dans un sens égocentrique banal : en se faisant, elle ne cesse d’interroger le faire. La prose a confiance dans les mots pour communiquer, prouver, convaincre. En poésie, rien de tel : les mots sont là, le lecteur doit s’en contenter et s’en saisir. Ce phénomène aussi se dit et se montre quand on lit la poésie à haute voix. Le lecteur/acteur prononce le texte comme s’il venait de trouver un message lancé à la mer et que simplement, il nous le répétait… Je trouve cette attitude assez belle : l’acteur dit à son tour, fait le porte-voix littéralement. Le livre était fermé, il l’a ouvert et rien de plus.
    "Comment m’entendez-vous ? Je parle de si loin…"(René Char, Feuillets d’Hypnos.)
    René Char écrit pour réveiller le lecteur mais en même temps il revendique l’héritage d’une malédiction poétique … Le texte rappelle la posture du poète, à sa table, conscient d’être l’artiste écrivant. Cette posture est aussi rappelée par celle du lecteur/acteur : si j’arrive devant un public et que je dis " Comment m’entendez-vous je parle de si loin ", c’est moi lecteur qui prononce cette phrase et y mets mon sens, mon interprétation et la référence au contexte précis de la lecture… le texte dit la situation.
    Au fond, les textes ne sont que les dialogues d’un scénario absent. Ce scénario est à inventer non dans une mise en scène déployée dans l’espace, non dans la tension, dans la déconstruction, non dans la contradiction des analyses, comme il faudrait le faire au théâtre, mais, pour une lecture, en indiquant simplement qu’il manque l’essentiel : la présence, le corps, la voix… c’est un semblant de corps que celui du lecteur/acteur, et c’est ce qui est beau.
    La lecture à haute voix est un révélateur de qualité de l’écriture. Paradoxalement, plus le texte est écrit, plus il se lit à voix haute, plus il est beau à dire…Les textes médiocres ne " passent pas " l’épreuve de la lecture. Il y a un accord tacite entre l’encre et la voix.
    Je me souviens avoir lu la poésie de René Char dans son pays à L’Isle-sur-la-Sorgue où j’ai longtemps eu une maison. J’étais dehors au milieu des grillons, je lisais à voix haute."



    PARUTIONS

    - Dans le privilège du soleil et du vent, pour saluer René Char, ed. La passe du vent
    Ouvrage qui réunit les textes des écrivains suivants : Patrice Bégghain, Malika Bey Durif, Roger Dextre, Syvlie FAbre G., Albane gellé, Patrick Laupin, Françoise de Luca, Samira Negrouche, Didier Pobel, Marc Rousselet, André Velter, Abdallad Zrika ; avec la contribution exceptionnelle du photographe Eric Dessert.
    160 pages - 12 euros

    - René Char, catalogue de l'exposition de la BnF.
    Catalogue illustré de près de 200 reproductions a été rédigé et préparé par Antoine Coron, directeur de la Réserve des livres rares de la BNF, qui avait déjà organisé, en 1980, en présence du poète, l'exposition " René Char : manuscrits enluminés par les peintres du XXe siècle ". Il comporte, outre la présentation et la description de 380 pièces, les textes de trois auteurs ayant bien connu Char : Dominique Fourcade, qui dirigea en 1971 le cahier de L'Herne consacré au poète, François Vezin, qui participa de 1966 à 1969 aux trois " séminaires du Thor ", et Jean-Claude Mathieu, dont la thèse sur la poésie de Char fait toujours autorité.
    Sous la direction d'Antoine Coron, Coédition Gallimard / BNF, 2007,264 pages ill. - 49 €

    - Pays de René Char, par Marie-Claude Char, Flammarion
    Un voyage dans l'intimité de la création poétique et des villes et régions qui furent particulièrement chers à René Char. La vallée de la Sorgue, Paris, Céreste et l'Alsace furent des lieux de vie et d'inspiration à l'origine de ses principaux recueils de poèmes et de courts textes (aphorismes ou poésies). L'iconographie comprend notamment des reproductions de dessins et de lettres.
    280 pages - 45 euros

    - René Char, par Paul Veyne et Laurent Greilsamer, éd. Culturesfrance
    Tout au long de sa vie, René Char a résisté. Né le 14 juin 1907, sept ans avant la Première Guerre mondiale, il est mort peu avant la chute du mur de Berlin.Cet ouvrage s'attache tant à l’œuvre poétique de René Char qu'à suivre l'itinéraire d'un homme épris de liberté.
    122 p. illustrées - 20 euros. Distribution par La Documentation Française.

    - René Char. Le géant magnétique, hors-série de Télérama
    Pour revenir longuement sur l’itinéraire personnel et poétique de celui qui inscrivait ses pas dans ceux de Rimbaud et écrivait : " Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. "
    100 p., 7,80 €.



    Bonus :

    Un site original sur le poète : René Char entre fureur et mystère.
    http://www.poesie-en-liberte.org/actualite/le-poete-de-l-annee/

    Vidéos sur Youtube aux adresses :



    http://fr.youtube.com/watch?v=YR2UNZxOyRg
    René Char , Fureur et Mystère




    http://fr.youtube.com/watch?v=uVSxJruWj8Q
    Rencontre à la Fnac à l'occasion du centenaire de la naissance de René Char. La veuve et le biographe du poète évoquent ses amitiés.






    Yahoo!

  • LIENS DE SANG, Editions L'Ecailler du Sud
    site de l'Editeur: http://www.editionslecailler.com



    Edmond Zucchelli, né en 1960, a été journaliste à Europe 1 de 1985 à 1998. Présentateur de journaux, grand reporter, puis rédacteur en chef, il a été en charge des développements numériques au sein de la rédaction d'Europe 1. En 1997, il fut le concepteur de la première plate-forme éditoriale de diffusion pluri-média en Europe.
    Directeur éditorial du portail Club Internet, puis créateur et directeur-général de France Télévisions Interactive, jusqu'en 2002, il est un expert des nouveaux médias numériques et de leurs business models. Il est professeur à Euromed Marseille.
    Nous avons trouvé trace de sa participation au 2ème forum des industries culturelles, les 27 au 29 janvier 2005 à Arles  sur le thème "Les stratégies de l’indépendance", s’interrogeant sur la question de l’indépendance et ses enjeux dans le monde de la création de contenus et, en ce qui le concerne, plus précisément sur le Numérique : menaces et opportunités.

    Edmond Zucchelli est l'auteur de deux essais : La Peste Informatique ( co-auteur : Alain Acco 1988, Calmann-Lévy) et L'Enfance Violée ( co-auteure Danielle Bongibault -1989, Calmann-Lévy). Il est aujourd'hui romancier (Les Liens du Sang, 2007, l'Ecailler).


    Présentation de "Liens de Sang" par l’Editeur :
    Diego Le Matt a plusieurs vies. Ex-membre des services actifs, ex-gitan de la banlieue nord de Marseille, ex-beaucoup de choses, Diego aujourd’hui cherche sa vérité en la personne de celle qui pourrait être sa sœur, ou l’amour de sa vie, ou les deux, et qui a été enlevée par le parrain du milieu marseillais. Dans un bistrot en bord de mer, Diego fait la connaissance de Bébert, un homme plus âgé avec qui il semble partager bien des secrets et qui semble aussi doué que lui pour l’action, le maniement des armes et le retournement des hommes... De l’action encore de l’action, qui mènera le duo jusqu’en Floride avant un dénouement marseillais explosif.



    Notre avis sur Liens de sang, paru aux Editions L'Ecailler du sud en Mai 2007:

    Liens de sang apparaît comme un polar polymorphe, un thriller sur fond de tragédie grecque… mais nous sommes à Marseille, et la tragédie grecque aura-t-elle une fin de conte de fée pour " Alice au pays des gitans " et son héros ?…
    Lorsqu’Alice demande à Diégo : "  Et c’est quoi ton métier au juste ? ", il lui répond : "  Un métier de con, où tu récupères des princesses, où tu sauves le petit Poucet, et où tu attaques des châteaux avec un cheval et un seau d’eau ". Le petit Poucet se prénomme Ludo. Le grand seigneur du château est le cruel Tracchiani , ancien époux de la vraie mère de Diégo, père d’Alice et parrain de la maffia… Alice sauve Lido des griffes de son père, Diégo sauvent Lido et Alice qui tombe amoureuse de Diégo. Mais voilà !… Diégo serait le demi-frère d’Alice et contrarie une opération criminelle dirigée par celui qui serait donc son père ne pouvant ainsi devenir son beau-père, si nos deux tourtereaux devaient aller jusqu’au mariage. Roméo et Juliette, à côté de cela, c’est une bluette. Normal ! Je vous parle d’un polar.  Alice et Diégo ne sont pas Antigone et Polynice… Il ne s’agit pas de nobles héros. Normal ! Je vous parle d’un polar qui vous offrira, en bonus, une aventure  avec une mise en scène proche de celles de Steven Spielberg sans la série « Indiana Jones »... Les effets spéciaux sont à réaliser dans votre imaginaire.
    Bien sûr, il s’agit d’une fiction et d’aucuns y trouveront l’invraisemblance d’une épopée héroïque, mais la réalité y est humaine. Les personnages sont hauts en couleur, comme le père adoptif de Diégo Le Matt, ce gitan Zacharias, inséparable de la guitare qui, avec son épouse Amina, aurait pu figurer dans un film de Tony Gatlif…
    Jean-Claude Izzo disait "Par n'importe quel bout qu'on prenne les choses, on en revient toujours au même endroit. Là où on a les pieds. dans la merde"… C’est ce que fait Diégo Le Matt en revenant à Marseille… 

    A Marseille, des gitans se sont sédentarisés parce que c’est une ville nomade… " une plaie ouverte aux flancs des continents ",  un lieu de concentration, le point de départ vers des voyages imaginaires ou réels. Comme la méditerranée rythme les jours, elle marque l’équilibre entre immobilité et mouvement, sédentarité et nomadisme. C’est la ville de l’ici et des ailleurs…

    L’un des plus grands poètes de la cité phocéenne est Louis Brauquier dont nous reproduisons le texte intitulé " Et l’ au-delà de Suez "

    Et nous leur parlerons, nous, de la vieille Europe .
    Aux hommes des pays où nous aborderons,
    Aux sages d'Orient, qui voient couler les fleuves.
    Et ce sera comme un récit de petit-fils .
    Qui reviennent enfin au berceau de leurs âges
    Par le chemin des invasions, les croisements
    Des races emmêlées au creux des grandes routes
    Et les ports, plaies ouvertes aux flancs des continents.
     
    Nous, dont le sang brûlant ne connaît que sa force
    Nous les hommes des ports,
    Nous qui avons compté les visages des races,
    Nous qui tournons les yeux
    Vers d'autres ports dont les noms sont beaux d'aventures,
    Chauds et mystérieux,
    Peut -être, cherchons-nous à travers les mâtures,
    A retrouver nos dieux.
    Qu'importe? nous dirons aux races immuables
    Ce que nous avons fait.
    Nous dirons la montée des villes, la puissance
    Assise au bord de mer.
     
    Nous dirons qu'en dix jours, de Londres ou de Marseille,
    On va jusqu'à Bagdad,
    Qu'on parle à haute voix par dessus l' Atlantique,
    Et que New York répond.
    Nous dirons que la mer entoure de ses algues,
    Les câbles sous-marins,
    Et qu'on a mis des noms de ville sur le sable,
    Jusqu'au centre africain.
     
    Et chacun vantera son port parmi les villes ;
    Tu parleras d'Anvers,
    Et toi de Gênes, toi de Liverpool et moi,
    Je leur parlerai de Marseille.
    Ils nous demanderont alors si le bonheur
    Est parmi nos conquêtes,
    Les sages méditant les préceptes antiques,
    Qui ne sont pas pastis.
    Ceci se passera dans un bazar de l'Inde
    Ou dans un café de Stamboul.
    Pourquoi, nous diront-ils, chercher, la vie est brève,
    Et Allah seul est grand.
     
    Nous ne répondrons pas, car nous, nous ne parlons plus
    La même langue,
    Adieu amis, vieillards adieu, notre vie est
    Celle du monde.
     

    Ce poème est d’abord paru dans un recueil portant le même titre et publié dans la Revue Le Feu… On le trouve dans un recueil récent intitulé " Je connais des îles lointaines " ( Dernière parution en 2000 aux Editions La table ronde )..







    Bonus :

    - Interview « Le journal du Net » d’Edmond Zuchelli lorsqu’il a  pris ses fonctions de directeur général de FTVI en février 2000. Voir à l’adresse ci-dessous :
          http://www.journaldunet.com/itws/it_zucchelli2.shtml

    - Biographie de Louis Brauquier sur site « Marseillais du monde », à l’asdresse ci-dessous :
    http://www.marseillais-du-monde.org/iles_lointaines.php3



    Né le14 août 1900, Louis Brauquier passe son enfance à Saint-Mitre-les-Remparts et fait ses études au "Grand Lycée"(actuel Lycée Thiers) de Marseille. Embauché en 1918 comme commis des Douanes chez Madame Moreau, il est ensuite journaliste au Radical en 1920. Il rencontre Gabriel Audisio et participe à la fondation de la revue La Coupo, une publication d'inspiration provençale, puis rejoint Fortunio de Marcel Pagnol et Jean Ballard qui deviendra entre les deux guerres Les Cahiers du Sud. À vingt-deux ans, il est déjà le poète reconnu de Marseille et de la vie portuaire auxquels il consacre son premier recueil Et l'au-delà de Suez. Ses premiers écrits lui valent en 1923 le prix de poésie Catulle-Mendès.
    Muni d’une licence de droit, il réussi le concours du commissariat de la Marine Marchande et entre aux Messageries Maritimes, naviguant sur les lignes de Méditerranée et d'Extrême-Orient. Tour à tour en poste à Sydney, puis à Nouméa, il publie en 1931 une série de poèmes Eau douce pour navires. puis en 1932 un drame Pythéas. A partir de 1934, il réside à Alexandrie où il écrit Le Pilote. Mobilisé comme caporal dans le Génie en 1939, il devient interprète auprès de l'armée anglaise. A son retour, il publie Liberté des Mers. De 1941 à 1947, il est en poste à Shanghaï sous l'occupation japonaise, puis en 1948 à Diego-Suarez. Agent général des Messageries Maritimes de 1952 à 1955, il séjourne à Saïgon, Colombo, Sydney et Alexandrie dont il est expulsé lors de l'expédition franco-anglaise de Suez avant de repartir pour Sydney et Nouméa. Faisant valoir ses droits à la retraite, il se retire à Marseille en 1960. En 1962, le Grand Prix Littéraire de Provence lui est décerné. Il devient Membre de l'Académie Ronsard en 1963. Il publie encore Feux d'Epaves en 1970, avant d’obtenir en 1971 le Grand Prix de poésie de l'Académie française et la Grande Médaille de la ville de Marseille. Il décède le 7 septembre 1976 d'une congestion cérébrale, alors qu’il se rendait à Paris au chevet de son ami Gabriel Audisio, hospitalisé.
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  • Des mots pour jouir de Martin aux Mystères d’âmes de Martine …

    Dans " Les mots pour le dire " de Marie Cardinal- ( Editeur : LGF - Livre de Poche- 1977 -Collection : Livre de poche), la narratrice se décide à forer dans les méandres de son passé, au risque d'endurer au début des souffrances plus dévastatrices, semble-t-il, que le mal. Alors, peu à peu filtre la lumière. Celle que la conscience met à jour, réduisant l'angoisse, anémiant la névrose, acculant le silence aux mots.



    Les " mots pour le dire ", arrachés douloureusement du silence, s’épanouissent chez Martin Melkonian dans"Les mots pour jouir ", titre de son nouveau roman : Editeur : Intervalles, Publication :1/9/2007 - ISBN : 9782916355184 - 151 pages .

    L’écriture du " Minaturiste " est née des cendres. Le petit héros de papier est la plume d’un Phénix… Notre dernier article sur cet auteur remonte au 27 juin 2007 pour son ouvrage " Un petit héros de papier " et nous l’avions découvert avec l’un de ses premiers " Le Miniaturiste ".
     
    Nous disions que, au bout de notre lecture, l’écriture née des cendres du petit héros de papier apparaît bien comme celle d’un phénix à la plume flamboyante qui enlumine et rend la lecture jouissive.

              

    Martin Melkonian est l’auteur, entre autres, d’une suite autobiographique qui comprend notamment Désobéir (Seuil), Loin du Ritz (Seuil), Le camériste et autres récits (Maurice Nadeau).

    À l’heure où l’écriture de l’intime se confond souvent avec de la poussière d’alèse, il réinvente les mille éclats de désir qui sous-tendent l’écriture et partage merveilleusement dans ce texte enchanteur son immense génie des mots.

    quatrième de couverture :

    Il y a des pulsions, des sensations, des pensées, il y a des amours, il y a des voyages, il y a la pression sociale, il y a la solitude, il y a quelques nuits, des dates et des dates piquées à l'abandon dans les pages, il y a l'échange amical, il y a la tentation de juger et de s'enfermer, il y a la volonté de se transformer, il y a l'appel de la maison lointaine, de la campagne, de la mer, du Mont-Saint-Michel, il y a la mort d'une mère. Tout cela se touche sans se rejoindre, à l'image du réel où, à cause du désir qui nous meut, nous faisons chacun l'expérience du manque.
    L'écriture du journal intime ne comble évidemment pas ce manque majeur et générique. Il n'en demeure pas moins qu'elle se découvre responsable d¹une vérité restituée signe après signe. C'est un acte toujours ouvert. Un acte extime.

    Extraits/ morceaux choisis:

    Je m'éveille à quatre heures, capté par le silence et, aussitôt, m'emporte le courant d'un fleuve. Je m'imagine (ma situation géographique manque de précision) sur une barque qui tangue à peine. Bien sur, nul clapotis. C'est la voie.
    Le changement est tel que je perçois les anciennes réactions au moment où se manifestent les nouvelles, sans qu'il y ait eu, au préalable, de modification de principe du moi. le mot 'juste' flotte alors comme un drapeau dans un environnement qui se découvre au fur et à mesure que le temps s'écoule. Non pas, dans l'absolu : 'Comment être juste ? ', mais : 'Tâcher d'être juste ici, dans l'instant'.
    châpitre:18 janvier-page 34 - éditeur Intervalles - date d'édition 2007 -

    Qu'est-ce qui se joue dans la relation sexuelle ? Qu'est-ce qui joue là ? Si c'est l'enfant, il n'y a pas sa place. Dans la relation sexuelle, l'enfant intérieur aspire à la fusion. Il y aspire d'autant plus qu'il se protège de l'effarement du corps à corps.
    Eros n'abolit pas la distance entre êtres. D'une extrême proximité peut résulter une déconstruction. L'intensité de la jouissance ne dit presque rien d'un être. Elle risque, en outre, d'assommer la relation. Je préconise la distance sans toujours parvenir à la ménager. Je garantis ma force pressentie de la toute-puissance orgastique. Je récupère mon reste là où je prolifère. Au bord de la fusion, je rappelle la solitude mortelle. Je cherche à respirer malgré l'étreinte.
    chapitre : 18 Mai - page 62 - éditeur Intervalles - date d'édition : 2007



    Au moment de la sortie du dernier ouvrage de Martin Melkonian, je venais de lire un article sur le blog de Martine Rousset, auteure d’un premier recueil de nouvelles intitulé " Mystères d’âme " , Editions Fior di carta…

    L’article s’intitule " Mots et merveilles " et il commence comme suit :

    " J’ai deux mots à vous dire à propos du mot... " mot ". Trois lettres seulement et pourtant à lui seul il porte la terre entière… Omniprésence du mot même lorsqu’il n’est pas prononcé. Il est alors un geste. Le mot " geste ".
    Tout au long de notre vie, nous cherchons nos mots. A moins que ce ne soit les mots qui nous cherchent ? Ne naissons-nous pas sans mots et sans même soupçonner leur existence ? Les mots viennent ensuite. Peu à peu, ils s’insinuent. Nous balbutions des mots étrangers pour les apprivoiser. Assaillis de mots, il nous faut les apprendre pour les dispenser et pour les penser. Les uns après les autres. Mot à mot et mot pour mot.
    Les mots nous nourrissent et nous les mangeons même parfois en nous taisant. Ne rien dire. Manger ses mots. Mais dans ce cas, faut-il mâcher ses mots ? Les mots sont quelquefois des musiques lorsqu’ils s’enchaînent. Certains mots retentissent avec légèreté. Ils tintinnabulent. D’autres résonnent pesamment. Lugubrement… "
    Adresse de l’article de Martine Rousset :
    http://blog.ifrance.com/martine.rousset/post/475612-mots-et-merveilles

    Mystrères d’âmes, Edition A Fior di Carta, 20228 Barrettali , parution Juillet 2007

     

    Par ailleurs, j’ai lu le recueil de Martine Rousset, rencontrée à la journée Livres ouverts de Barrettali dans le Cap corse…

    Martine Rousset se présente et présente son ouvrage :

    Fille d'un musicien et d'une artistre peintre, je suis née en banlieue parisienne dans l’euphorie des années 60 avec les Beatles et les Rolling Stones. Transportée par quelques rayons de soleil persuasifs, je vis en Corse depuis plus de 25 ans. Tenaillée par le besoin d’écrire, j'ai longtemps oscillé entre poèmes bancals et romans inachevés pour finalement me complaire dans les histoires brèves. Puis, les hasards de la vie m’ont menée à l’idée de faire partager mes écrits. Dans Mystères d’âmes, mon premier ouvrage, se côtoient Josette et Roger, un couple dont le bonheur fait apprécier la dépression et dont la réussite donne envie d’échouer, Ernest, un centenaire qui oublia de profiter de sa vie, Mémé Angèle qui nous raconte gaiement son propre enterrement et quelques autres personnages, tous là pour nous interpeller.
    Cependant, si ce livre a été entrepris dans le bonheur, il a été achevé dans la souffrance. La quête aurait pu être une nouvelle mais elle est réellement mon histoire. Une merveilleuse histoire d’amour.

    Extrait :

    " Nous discourions ensemble des heures durant, la plupart du temps devant un feu de cheminée, chez lui ou chez moi. Nous devisions de la vie, de nos attentes, de nos craintes, de nos doutes. Parfois sérieusement, parfois submergés par des fous rires que nous étions les seuls à pouvoir comprendre tant ils partaient de rien. Nous nous cherchions sans vouloir nous trouver. Nous nous étions trouvés en nous cherchant mais sans y croire. Nous étions deux individus enclins à l’association mais peu ou pas préparés à s’associer. Nous étions amants et amis à la fois, balbutiant dans un mélange maladroit d’exaltation des sens du corps et de l’esprit sans encore parvenir à les connecter. "

    Adresse d’une vidéo FR3-Corse :
    http://www.kewego.fr/video/iLyROoaft7_y.html



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  • Le champion de boxe américaine: Christian Battesti...




    Pieds et poings déliés, un premier livre écrit par Séverine Pardini sur la carrière pugilistique de Christian Battesti, un grand champion devenu Capitaine de police en fonction à Marseille...


    ... et un insolite !




    Le film Charlot boxeur ( The Champion, 1915) ) montrait un vagabond devenu boxeur. Pour se faire un peu d'argent, Charlot entre dans une salle d'entraînement de boxe pour se proposer comme partenaire d'entraînement d'un champion. La séquence du match de boxe des Lumières de la ville (1931) s'inspire en grande partie de ce court-métrage. Avant le combat, dans le vestiaire, le vagabond prend conscience de la violence des affrontements en voyant revenir les perdants inanimés et, lorsqu’il monte sur le ring, il tire parti de tous les moyens qui sont mis à sa disposition (l'arbitre, les cordes ...) pour éviter les coups de son adversaire...
    Après Charlot, les milieux de la boxe ont beaucoup inspiré les polars américains et le grand écran : matches truqués, gros paris, boxeurs aux allures de nervis utilisés par la pègre, comme le Rocky de Silvester Stallone… En France, Jean-luc Godart a réalisé un film plus politique : " Détective ". Dans le film " Dahlia noir " , thriller de Jim Thomson récemment adapté par Brian de Palma, Josh Hartnett joue le role de l’officier de police Dwight "Bucky" Bleicher, qui est aussi un boxeur. L’acteur avait déclaré à un journaliste : " Pour le rôle de Bucky, j'ai passé quatre mois à m'entraîner à boxer car c'est ce qui définit mon personnage en premier lieu. Le milieu de la boxe est comme une communauté un peu fermée. Ca n'a pas beaucoup changé depuis les années 40. Découvrir cette ambiance, l'état d'esprit des boxeurs, c'était très intéressant pour travailler le rôle de Bucky. Avant le moment où le film commence, il a passé tout son temps à boxer. A cette époque, pour les hommes issus d'un milieu pauvre, la boxe représentait un moyen de s'en sortir. Bucky s'est construit dans ce milieu dur. A côté de ça, j'ai rencontré quelques policiers. J'aime également conserver une certaine fraîcheur, être proche de l'improvisation. J'aime quand certaines scènes bénéficient d'une spontanéité, d'un moment magique qui n'a pas été défini par le scénario. Et bien sûr j'ai lu et relu le roman. "
    Le courage que demande la boxe est illustré par le film de Ron Howard " De l’ombre à la lumière ". Dans les années 20, aux Etats-Unis, Jim Braddock (Russell Crowe) a un bel avenir de boxeur. Il gagne tous les combats ou presque. Mais, la chance tourne vite. Blessé, il est obligé de quitter le ring. La crise économique s’étend sur tout le pays. Pour nourrir sa femme (Renée Zellwegger) et leurs trois enfants, il travaille comme docker, fréquente la soupe populaire. Ce n’est pas suffisant. Alors, il remet ses gants de boxe. A force de courage, il tente un retour alors que personne ne veut plus parier sur lui... Et gagne.



    Hors de la fiction, Chistian Battesti. comme " Bucky ", est boxeur et policier. Comme Jim Braddock, après une période d’arrêt, il est revenu à la boxe américaine (boxe pieds-poings ou tous les coups sont portés au-dessus de la ceinture) pour gagner. Dans le monde des sports de combat, le nom de Christian Battesti résonne encore comme un véritable mythe. Auréolé d’un palmarès extraordinaire : 4 titres de champion du Monde, professionnel, et 9 titres de champion d’Europe pro de boxe américaine entre 1980 et 1994. Rien pourtant ne prédestinait ce gamin de Marseille, originaire d’un petit village dans la montagne Corse, à pratiquer le full-contact et encore moins à devenir un des plus grands champions de cette discipline au jeu de jambes et à la souplesse uniques. Après avoir raccroché trois ans, il reconquiert immédiatement des titres, forçant le respect de tous. Aujourd’hui, directeur technique national de boxe américaine, ce policier de 46 ans a servi pendant sept ans au sein du GIPN de Marseille, puis du RAID, deux unités d’élite de la police nationale.

    Séverine Pardini, 30 ans, journaliste au quotidien " La Provence ", à Marseille, retrace le parcours de cet itinéraire semé d’embûches et de doutes, mais dont chaque victoire n’en est que plus symbolique et unanimement saluée par les pairs de Christian Battesti. Celui que les amateurs surnomment encore le " Corse de Marseille " a accepté de retracer ici son parcours sur les rings. Il est maintenant capitaine de police à la tête de la brigade anti-criminalité de Marseille. L’occasion, à travers la vie peu ordinaire de ce champion devenu policier, de mieux connaître ce sport.

    Pieds et poings déliés, écrit par Sèverine Pardini, ISBN 948-2-35568-005-2, Editions du polar, collection Polaris, septembre 2007. Prix indicatif : 21 €, Environ 280 pages - Christian Battesti. Au delà des idées fausses et des préjugés.



    Sèverine Pardini, avant d’être journaliste ( donc dans son cursus universitaire) a présenté un mémoire de thèse intitulé " La Corse et ses " passionaria " : des " bandites " du XIXe siècle au manifeste pour la Vie... : comment penser le lien entre les femmes et la violence en Corse ?. 2 vol., 192-128 p. - Mémoire . IEP - Grenoble 2, IEP, 2000. Rappelons que Marie-josé Cesarini-Dasso a écrit un ouvrage sur un sujet proche. Il s’agit de " L’univers criminel féminin en Corse " à la fin du XVIIIème siècle " paru aux Editions Albiana , 1996


    Site de l'éditeur: http://www.editions-du-polar.com/piedsetpoings.html





    INSOLITE...



    Le Webmaster du site Corsicapolar, Ugo Pandolfi ( auteur de la Vendetta de Sherlock Holmes ) aurait lui-même été champion le full-contact dans un autre temps et une autre vie…. Il pratique, paraît-il, toujours le grand écart !

    Sans aucun doute, l’auteur de la « Vendetta de Sherlock Holmes » est-il, comme le grand détective: grand, mince, élégant mais négligent, vivant comme un bohème, fumeur invétéré, sportif accompli, mélomane averti qui pratique le violon… et parfois le pipeau pour Ugo qui, contrairement à Sherlock, n’est pas un médiocre mangeur, mais, comme Sherlock, il ne supporte pas l’oisiveté, qui l’épuise. Il ne vit que pour son travail, qui ne le fatigue jamais : aussi pendant les moments où il ne peut travailler, il est parfois amené à se droguer (cocaïne et morphine pour Sherlock, vin de Rogliano pour Ugo), mais il en profite aussi pour compléter la culture encyclopédique nécessaire à sa profession de journaliste et écrivain…. Comme Sherlock, Ugo pratiquerait le baritsu (art martial), la boxe anglaise, l'escrime, la canne, la pêche à la ligne, le golf, la nage en mer… Tous ses sens sont très développés et il possède une extrême finesse de toucher sur le clavier de l’ordinateur. De son propre aveu, il peut passer des journées entières au lit quand il n'a pas de travail. Il n'a rien d'un lève-tôt quand rien ne l'y oblige. Mais il peut passer une nuit blanche sur son ordinateur quand cela est nécessaire. Dès qu'une affaire se présente, il se lève à l'aube, et devient infatigable, passant des jours, voire une semaine sans repos...

    Nous précisons qu'Ugo Pandolfi n'est pas un personnage imaginaire puisqu'il n'a jamais prétendu l'être…




    Rappelons toutefois une phrase de Sherlock : « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela paraisse, doit être la vérité.» (Le Signe des quatre).




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